[Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022 [Terminé]

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Le Voyageur
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[Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022 [Terminé]

Message par Le Voyageur »

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Sonnstille, le Solstice d’Été.
Le jour du soleil. Tel était le nom donné communément au solstice d’été, car en ce jour le plus long de l’année, l’astre semble s’éterniser à l’horizon. C’était une date importante pour toutes les petites gens et travailleurs liés au cycle annuel du soleil et ce, dans toutes les cultures du Vieux Monde et au-delà. Les fermiers, les marins, les sorciers et les pèlerins, tous étaient concernés. Les rites de fertilité étaient également monnaie courante ce jour-là : les jeunes couples ornent leur chevelure de fleurs, dansant et chantant sur des airs honorant leurs divinités respectives. Les dieux humains Taal et Rhya, les religions paysannes locales, la divinité Elfe Isha, tous sont célébrés au Sonnstille. Les enfants nés le jour du soleil sont considérés comme bénis et sont censés donner des adultes brillants, énergiques et destinés à la grandeur.
Bienvenue au Soleil ! Célébrez Sonnstille ! Ce petit événement temporaire a pour but de fêter l'été sur Warforum JDR, le tout dans l'univers de Warhammer. C'est l'occasion pour vos personnages de célébrer l'été et le Solstice à leur façon. Humains, Elfes, Nains, Orques : qu'importe votre race, le Cirque est une zone de libre expression !

Laissez libre cours à votre expression artistique et rédactionnelle : il s'agit d'un événement purement RP. Pas de règles, pas de défis, pas de systèmes de jeu : seule votre imagination, au travers de votre plume numérique, est requise dans ce sujet saisonnier. XP à la clé, bien évidemment, à la hauteur de la qualité de vos textes.

Vous pourrez poster jusqu'à deux messages durant la période du Sonnstille. Seule condition : que vos textes aient un lien avec Sonnstille. Cela peut être du one-shot ou s'étaler sur les deux RP, une nouvelle ou un texte court (en respectant les règles de rédaction du forum, bien sûr), seul(e) ou en groupe. Faites-vous plaisir :clindoeil:

Fin de l'événement temporaire : le 7 août à 23h59

Bon amusement et bon jeu :happy:
Je ne suis qu'un voyageur
Sous le soleil et la pluie
Je ne suis qu'un voyageur
Et je retourne au pays

Je n'ai plus que mon cheval
Mon cheval et mes habits
Des habits qui me vont mal
Et je retourne au pays

J'ai couru le monde, mais ma raison
M'a dit que le monde, c'était ma maison

Je ne suis qu'un voyageur
Qui chemine dans la nuit
Et je sens battre mon coeur
Car je retourne au pays

J'ai quitté ma blonde, qui m'avait dit
Va courir le monde si c'est ça ta vie

Je ne suis qu'un voyageur
Elle ne m'a jamais écrit
Et maintenant ah j'ai peur
De retourner au pays

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Rovk Alister
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Rovk Alister »

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Trois mois par an, c’est l’été en Norsca
Parfois le temps semble un peu moins froid
Un moment où soleil vient puis s’en va

L’instant d’une grande fête de la foi
Où parent et enfant pressent le pas
S’amusant chacun dans la folle joie

Dansant tous, car Sonnstille n’attend pas
Les vivants sont autour du feu de joie
Tant la nature montre son éclat

Remerciant nos ancêtres une fois
Brûlant, leur courage tel le magma
Honorant leur esprits, l’ale on boit



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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_rovk_alister

Stats :
FOR 7 / END 8 / HAB 8 / CHAR 14 / INT 13 / INI 8 / ATT 8 / PAR 8 / TIR 8 / MAG 11 / NA 1 / PV 70/70

État temporaire :


Compétences :
• Chant (B) : Permet de gagner de l'argent en chantant. Donne un +1 pour capter l'attention de cette manière.

• Séduction (B) : +1 pour tenter de séduire.

• Torture (B) : +1 pour faire parler et avouer par la torture.

• Survie en Milieu Hostile (B) : +1 pour les tests de survie dans un tel environnement.

• Éloquence (E) : +1 pour persuader et manipuler verbalement.

• Sens de la Magie (E) : Est capable de ressentir la magie.

• Sixième Sens (B) : Peut ressentir si il est suivi ou épié par un test. Avec un +1 si intentionnel.

• Langue hermétique – Démonique (E) : Sait parler écrire et lire le démonique. (en cours d'apprentissage)

• Alphabétisation (E) : Capable de lire et d'écrire le Norsii (en cours d'apprentissage)

• Doctrine du Culte - Slaanesh (E) : Connait les coutumes et autres connaissances liées au culte de Slaanesh.

• Incantation - Domaine de Slaanesh (E) : Peut utiliser la Magie Chaotique de Slaanesh et la Magie Primaire.
Sortilèges :
• Domaine de Slaanesh
Mineurs :
-Hypnose / 6 mètres / Instantanée / Permet de calmer la cible et la rendre plus sensible aux suggestions.
-Regard du démon / Soi-même / 1D6 heures / Obtient temporairement la compétence “Vision Nocturne”.
-Voile du désir / Soi-même ou Contact/ 1D6 heures / Cache les blessures et autres impuretés et défauts visible.

Moyens:
-Fouets des extrêmes / Soi-même / 1+1D6 tours / Un fouet / Gagne deux fouets magiques, utilise le TIR et gagne le bonus de FOR x1, infligent 12+1D8, Rapide et Long. Le sorcier gagne +1 en TIR et Ambidextrie.

-Lien exotique / 36 mètres / Instantanée/1D6 tours / Fil de soie / Projectile magique, 15+2D10 qui ignore les armures non-magiques. Cible et sorcier sont reliés, permettant au sorcier de se rapprocher ultra-vite et gagne 1 ATT, +1 TIR, et +1 INI face à la cible

- Vocalise / Soi-même ou 24 mètres / 1h / Langue coupée / Modification de voix à volonté + projection à volonté à 24m, télépathique par rapport à la voix du sorcier.

Supérieurs :
- Beauté révélée/ Soi-même ou contact / Instantanée / Du maquillage de bonne qualité / File une mutation de Slaanesh à la cible, si pas consentante, fait un test d'END pour résister. Chaque MdA donne un -1 au test d'Endu.


• Domaine Primaire
Mineurs :
- Coupe-froid / Soi-même / Une heure / D'office 18 degrés Celsius autour de soi sur 1m de large. Marche pas si froid/chaleur est magique.

Moyens :
- Guérison des plaies / Soi-même ou Contact / Instantanée / Une plante médicinale / Soigne 10+1d10 PVs, une fois par jour max sur la même cible.


Équipement de combat :
• Bâton Démoniaque : 1 mains / 10+1D8 / 8 parade / "Assomante", utilisable que par les classes magiques / +1 PAR
• Dague de la Béatitude : 1 mains / 12+1d6 / 6 parade / Rapide, -1 ATT et -1 PAR si touché par la dague.

• Tenue de Cultiste : 2 protection partout sauf la tête.
Équipement divers :
- 100 sceattas d'argent
- Une grande sacoche
- Un grimoire
- Un grand pardessus
- Du parfum
- De l'hydromel
- Un sac a sapin
«Sorcier Slaaneshi pour vous servir et se servir de vous !»

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Nola Al'Nysa
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Nola Al'Nysa »

De l’extérieur, me parvenait le bruit des préparatifs pour les réjouissances de ce soir. C’était le jour du soleil, jour le plus long de l’année où l’astre doré semble ne jamais vouloir amorcer sa descente derrière la cime des arbres millénaires de la jungle et tous les villages alentours s’étaient rassemblés comme chaque année afin de prier Rigg, notre déesse et sa fille Kaltih. Dans ces temps troublés par les incursions toujours plus fréquentes de qharis arrivant de la grande flak à bord de leur géant de bois, l’événement de ce soir revêtait une importance encore plus grande que les années précédentes et je sentais l’électricité emplie d’excitation et de joie qui régnait partout autour de moi.

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Pourtant, j’étais pour ma part très calme, concentrée sur ma respiration, je tentais de faire abstraction de l’activité bourdonnante qui emplissait les lieux, sans parvenir pour autant à y être totalement hermétique. Cette année, la grande prêtresse de Rigg en personne était présente pour le Sonnstille, car un groupe de guerrières avait capturé, il y a plusieurs lunes de cela, un religieux venu du vieux monde pour apporter la parole de son dieu dans nos territoire et ce soir, l’infortuné serait offert en sacrifice à Rigg. Pour l’occasion, et pour satisfaire la prêtresse et, à travers elle, la déesse, six qharis que notre peuple avait fait prisonniers depuis plus ou moins longtemps avaient été sélectionnés pour affronter six des nôtres. Trois d'entre elles étaient des Kalims, guerrières gardiennes des temples de Rigg et des artefacts des anciens et les trois autres étaient de jeunes guerrières prometteuses que l’on souhaitait soumettre au jugement de Kalith. J’avais eu l’immense honneur d’être choisi parmi ces dernières et ce soir, devant mon peuple réunis, j’affronterais dans un duel à mort un qharis pour prouver ma valeur à mes sœurs, aux anciennes et à Rigg.

J’étais impatiente de me soumettre au jugement divin, et de faire couler le sang de l’un de nos ennemis, mais il me fallait reconnaître que l’attente me plongeait dans une certaine tension désagréable et il me tardait que l’heure de la cérémonie arrive enfin. Dehors, les préparatifs battaient leur plein dans une agitation ordonnée, sous la supervision des anciennes et des servantes de la déesse. On allumait des feux pour faire rôtir la viande, on disposait toutes sortes de fruits aux couleurs exotiques sur de grands plateaux faits de branches et de feuilles et on revêtait les tenues traditionnelles. À mon arrivée au matin, j’avais également pu observer un groupe de guerrières qui finissait d’installer une lourde pierre sacrificielle sur une estrade construite en bois d’ipé, arbre centenaire à l’écorce dure et sombre que l’on trouvait partout dans la jungle.

Alors que je regardais pensivement toute cette agitation, deux anciennes entrèrent dans la pièce, me tirant de mes réflexions. Sans un mot, elles me firent signe de les suivre et je m’exécutais, le processus rituel avait commencé. Elles commencèrent par m'emmener près de la rivière longeant le temple où devait avoir lieu la cérémonie. À cet endroit, cet affluent du fleuve Amaxon formait un large coude à l’intérieur duquel mon peuple avait choisi d’établir l’un de ses plus gros lieux de vie. Arrivant au bord de l’eau, elles me déshabillèrent avant de s’occuper de me laver, afin de me purifier avant que je ne me présente devant la déesse. Ceci étant fait, elles me ramenèrent à la maison commune où m'attendait une des servantes de Kalith. Cette dernière s’occupa alors de décorer mon corps et mon visage de peintures rituelles aux couleurs vertes, bleus et rouges afin de m’aider à trouver la force de vaincre mon ennemi et de rendre fier les miennes. Enfin, une fois les peintures sèches, on me tendit un pagne fait d’une peau de jaguar ainsi que plusieurs colliers d’os et de crocs, des bijoux faits de bois peints et de pierres colorées. Je les passais autour de mon cou, de mes poignets et de mes chevilles et j’en accrochais certains dans mes cheveux, puis, on m’apporta ma lance que j’avais passé les derniers jours à décorer de plumes d’oiseaux exotiques et on me remit une dague en silex finement aiguisé.

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Enfin, je fus prête pour la cérémonie du Sonnstille. Alors que j’attendais en compagnie des deux autres sœurs et de trois Kalims que l’heure de l’affrontement arrive, je regardais mes bras et ma poitrine couverts de symboles étranges et mystérieux, me demandant pour la première fois ce qu’il adviendrait de mon âme si je venais à être tuer dans mon duel face au qhari. Dehors, les chants battaient leurs pleins, au rythme des tambours et des cris et l’ambiance festive semblait avoir pris totalement possession des lieux. Par l’ouverture de la hutte, la matriarche du village s’avança avec à ses côtés une toute jeune servante de la déesse. La jeune fille tenait dans ses mains un bol contenant une décoction célèbre dans notre peuple appelée koka-kalim que les Kalims avaient l’habitude d’ingérer avant le combat pour se donner la force de vaincre. Je mesurais pleinement l’honneur qui m’était fait de pouvoir boire de ce breuvage et lorsqu’elle me tendit le bol à la suite de mes compagnes, je le portais à mes lèvres pour en boire une gorgée. Alors que la jeune religieuse s’éloignait, des guerrières à l’allure farouche entrèrent à leur tour, poussant devant elles un groupe d’hommes avançant docilement sous la menace de leurs gardiennes.

Ces hommes, prisonniers sur nos terres depuis plus ou moins longtemps avait le regard résigné et semblait autant épuisé que terrifié. Les guerrières saluèrent la matriarche puis, chacune leur tour, elles vinrent déposer dans notre main qui ne tenait pas de lance, la corde reliée aux poignets des prisonniers. Je fus la deuxième à qui ont remis son futur adversaire. Il s’agissait d’un homme mur, bien plus âgé que moi car, je jugeais sans certitude qu’il devait bien avoir vu au moins une trentaine de Sonstille alors que pour ma part, ce n’était que le dix-huitième. D’allure athlétique, il mesurait une bonne tête de plus que moi et l’arrête de son nez tordu ainsi que l’une de ses oreilles abîmée laissaient deviner qu’il avait déjà connu son lot d’affrontements. Il s’arrêta à un mètre de moi, visiblement un peu désorienté et je vis son regard me parcourir de haut en bas, jaugeant sûrement ses chances de survie. Il partit de mes pieds nus pour remonter le long de ma jambe, s’arrêtant une fraction de seconde sur le poignard accroché à même la peau contre ma cuisse et tenu par deux ficelles. Puis il passa sur mon pagne et remonta mon ventre et ma poitrine également nus pour finir par planter son regard dans le mien. Ses yeux étaient bleus, mais d’une couleur plus claire que les miens. Il avait les cheveux noirs, mais ses tempes commençaient à grisonner. Il portait des bottes de cuir et un pantalon en piteux état qu’il n’avait pas dû changer depuis sa capture et à l’instar des autres prisonniers, il avait été mis torse-nu. Malgré les privations, on devinait sous sa peau les restes d’une musculature bien développée et tout au fond de ses yeux brillait une lueur d’espoir et de défi. Je sentis que j’avais à faire à un guerrier chevronné et cela m’emplit de fierté à l’idée de le vaincre devant l’ensemble de mes congénères.

Imitant les Kalims, je tirais fermement sur la corde reliée à ses poignets et, d’un coup de pied sur le côté de la jambe, je le forçais à s’agenouiller devant moi. Dehors, les chants avaient cessé et le rythme des tambours s'était fait régulier et solennel. Nous sortîmes à la file indienne, chacune tirant derrière elle son adversaire du jour et nous débouchâmes sur la place principale que dominait le temple. Sur l’estrade, se tenait la grande prêtresse de Rigg, celle à travers laquelle la déesse nous parlait. Elle était nue, mais autour de ses épaules, une longue cape rouge était nouée, retombant sur son corps et se soulevant lentement au rythme du vent. D’étranges peintures, tatouages et scarifications couvraient sa peau, mais ce qui était à mon sens le plus impressionnant était le masque qu’elle portait, fait d’os et de fragments d’or, on aurait dit le visage de la mort. Des plumes rouges complétaient ce tableau terrifiant et derrière le visage squelettique, je devinais deux yeux révulsés, signe de la transe intense dans laquelle était plongée l’adoratrice de la déesse. À ses côtés, se tenaient deux jeunes servantes de Kalith, maintenant entre elles un vieillard qui devait être le prêtre du vieux monde. Il semblait terrifié, mais pourtant ne se débattait pas, comme si l’espoir avait déserté sa vieille carcasse de blasphémateur.

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Nous avancions au milieu des danseuses et des tambours, sous le regard de l’ensemble de notre peuple rassemblé pour l’occasion et je sentais la fierté gonfler ma poitrine, même si je me contentais de suivre mes sœurs, un masque impassible plaqué sur mes traits. Alors que nous arrivions au pied de l’estrade, nous disposant en ligne de long de la structure de bois, la musique cessa et un silence profond s'empara de l’assemblée. Puis, pendant que les servantes de Kalith allongeaient tant bien que mal le prêtre qhari le dos contre la pierre après l’avoir déshabillé, l’une maintenant ses poignets et l’autre ses chevilles, la grande prêtresse prit la parole. Elle appela notre peuple à ne pas se relâcher dans ses efforts pour endiguer les invasions de plus en plus nombreuses des hommes blancs venant du vieux monde, et à ne faire preuve d’aucune pitié à leur égard, puis elle implora Rigg et sa fille Kalith de nous donner la force de triompher en leurs noms de nos ennemis et d'accueillir près d’elles toutes celles qui avaient donné leur vie pour défendre notre liberté. Elle conclut sa longue litanie par une prière, puis, elle leva un poignard qu’elle semblait avoir sorti de nul part et l'abattis sur le religieux. Alors que l’homme hurlait, sentant la vie quitter son corps, elle lui ouvrit la poitrine et en arracha son cœur avant de la tendre en l’air à bout de bras, tirant la langue pour laisser le sang dégouliner sur son visage, dans sa bouche et sur son corps.

La foule à grand cris applaudit cette démonstration et toutes lancèrent des prières et des vœux en direction du ciel ou le soleil commençait à descendre vers la cime des arbres, contraste saisissant entre les couleurs oranges et chaudes de l’astre et le vert froid et paisible de la jungle, marquant le début de la fin du Sonnstile. Pour ma part, je restais stoïque, concentrée sur le combat à venir. Devant moi, à genoux, mon adversaire lançait des regards dans toutes les directions, visiblement bouleversé par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Cependant, contrairement à certains de ses compagnons dont avait hérité mes sœurs, lui se tenait bien droit, toujours fière et je sus à ce moment que la lutte serait acharnée. Le temps que je me fasse cette réflexion, notre heure était enfin arrivée. S’avançant de l’estrade, la grande prêtresse se dirigea vers nous, tandis que venue de la foule, la matriarche escortée par quelques guerrières venaient également à notre rencontre. Pendant que celle qui parlait au nom de Rigg nous bénissait, nous offrant le cœur encore chaud du prêtre à embrasser et formant un trait sanglant de son doigt au milieu de notre front, les guerrières accompagnant la matriarche de la tribue distribuaient aux qharis une lance afin qu’ils puissent lutter contre nous à armes égales, ainsi que quelques gorgées d’eau fraîche. Puis, toutes reculèrent, et les duels purent enfin commencer.

La première à combattre fut une Kalim qui laissa son adversaire agoniser, une lance plantée dans sa gorge sans avoir donné l’impression de forcer son talent. La seconde fut une jeune guerrière comme moi, qui vint elle aussi à bout de son ennemi sans difficulté. Puis ce fut une deuxième Kalim qui affronta un homme retors qui n’avait pas l’allure d’un guerrier, mais qui pourtant, lui donna du fil à retordre, lui laissant la victoire de bien mauvaise grâce et la laissant à bout de souffle. Le premier sang amazone fut versé au combat suivant ou une sœur de mon âge que je ne connaissais pas réussi à tuer son adversaire après un combat long et hargneux, mais se retrouva avec son propre poignard planté dans son flanc jusqu’à la garde. Crachant sur son adversaire gisant au sol, elle leva son poing rageur en direction de la foule pour célébrer sa victoire, mais son visage commençait déjà à prendre une teinte livide et alors qu’elle se retournait vers nous, une toux la saisit, projetant des éclats vermeils sur le sol. Elle s’avança dans notre direction pour s’aligner aux côtés des sœurs victorieuses, mais trébucha. Elle se releva, le regard hagard, l’air perplexe et fit à nouveau quelques pas avant de s’effondrer, face contre terre. Deux guerrières sortirent des rangs des spectateurs pour la saisir et l’emmener en direction de la maison des mères.

Je n’eus pas le loisir de me préoccuper plus longtemps de son sort, car l’heure de mon duel était arrivée. Je m’avançais à l’une des extrémités du rond qui avait été tracé dans le sol, délimitant la zone de combat. Sous mes pieds, je sentais la terre sableuse et chaude, ainsi que par moment, le sang poisseux qu’elle n’avait pas encore eu le temps de boire. Je me déplaçais lentement vers l’homme qui lui semblait m’attendre. Tout mon corps était gainé, prêt à l’effort et je me sentais enfin épanouie et prête. Je fis encore quelques pas très lents en direction du qhari, tenant ma lance à deux mains, puis, sans prévenir, j’avançais d’un pas et, ne gardant mon arme que dans une seule main, je fis un large mouliné en direction de l’explorateur, espérant le surprendre. L’homme réagit vivement et bloqua de la hampe de son arme mon attaque, avant de sauter pour éviter le retour de mon coup avec lequel j’espérais l’envoyer au sol. Je retentais quelques assauts, mais à chaque fois, il para ou esquiva sans se mettre en danger.

Je poussais un feulement de rage tandis que je lui tournais autour, cherchant une ouverture dans sa garde. Alors que nous nous jaugions, son œil fit un infime mouvement sur la droite, comme attiré par quelque chose et je profitais de cette opportunité pour me jeter en avant, droit sur lui. Était-ce une feinte de sa part ou avait-il simplement de bons réflexes ? Toujours est-il qu’il eut le temps de se déporter de côté pour esquiver mon attaque et me frapper du pied de sa lance derrière la tête. L’impact m’envoya rouler au sol, mais, j’enchaînais directement une roulade, ce qui me permit d’éviter la première attaque du marin. La pointe de sa lance se planta dans le sol une seconde après que je ne me sois esquivée et, sans chercher à me relever, je balayais sa jambe d’appuie d’un puissant coup de pied, le faisant tomber à genoux. Délaissant ma lance, je saisis mon couteau le long de ma jambe et me jetais en hurlant sur l’homme. Il eut juste le temps de prendre sa lance à deux mains et de la tendre devant lui à l’horizontale pour me barrer la route et me faire basculer par-dessus lui. Je tombais lourdement dans la poussière, mais lui attrapais la cheville alors qu’il se relevait, le faisant tomber à nouveau. Je me jetais sur son dos et réussi à le frapper une première fois de mon couteau au niveau du torse. Avec un cri de douleur, il me fit rouler par-dessus sa tête et l’air quitta mes poumons d’un coup lorsque je heurtais violemment le sol, me retrouvant allongé sur le dos. Il se jeta sur moi et attrapa ma main qui tenait le poignard entre les deux siennes. Il me labourait les flancs de coups de genoux, m'empêchant de récupérer ma respiration alors que je lui envoyais de puissants coups de poing dans le visage. D’un geste, il réussit à me tordre le poignet, me faisant lâcher mon arme qu’il retourna contre moi. Devinant sa manœuvre, j’eus tout juste le temps de croiser les bras au-dessus de ma poitrine, bloquant le manche du couteau. Il appuyait de tout son poids sur l’arme et je voyais inexorablement la pointe descendre vers ma poitrine nue, en direction de mon cœur. Je soufflais et grognais tant l’effort était intense. Mes jambes s’agitaient vainement dans le vide, tentant de trouver une manière de me dégager, mais l’homme était bien campé sur ses appuis et avec la sueur qui couvrait nos corps, je sentais ma peau glisser contre la sienne, gênant mes tentatives désespérées de le déloger. J’avais envie de hurler et de pleurer à la fois, comment moi, Nola, la plus prometteuse des jeunes guerrières pouvait être tuée par un misérable qhari. Comment cet homme si insignifiant pouvait-il m’ôter la vie ? La pointe de la lame pénétra ma chair et une douleur vive se fit sentir. Je sentais mes bras congestionnés qui faiblissaient alors que de l’écume se formait au coin de mes lèvres tant je forçais pour ne pas offrir ma mort à un si pitoyable humain.

Dans un dernier sursaut de survie, je frappais l’homme en plein visage de mon front, et se faisant, laissais le poignard s’enfoncer un peu plus dans ma poitrine. L’homme se redressa, portant la main à son nez cassé et je profitais de l’occasion pour me dégager. Je frappais du plat de mon pied dans son poignet, le faisant lâcher le couteau qui vola quelques mètres plus loin. Le marin se précipita en direction de sa lance qui était tombée à ses côtés tandis que je me lançais en avant pour récupérer le poignard et, un instant après, nous étions tous les deux debout, l’un en face de l’autre, comme si le combat n’avait pas encore commencé. Pourtant, nous étions à bout de souffle et nos poitrines montaient et descendaient frénétiquement tandis que nous essayions d’inspirer un peu d’air frais. Le nez de l’homme était tordu dans un angle désagréable et un flot de sang en coulait, se mêlant à sa blessure au torse tandis que pour ma part, je ressentais une vive douleur dans ma poitrine, d'où un filet de sang sombre sortait également, se mêlant aux peintures guerrières qui couvrait mon corps.

Après une dizaine de secondes d’observation, l’homme se jeta sur moi de nouveau avec une fureur renouvelée. Profitant de son allonge plus large, il enchaîna les attaques que je peinais à éviter. Au bout d’un moment, je fus trop lente à réagir et la pointe de sa lance laissa une longue estafilade sur mon flanc, me tirant un cri de douleur et me faisant trébucher. Je réussis à esquiver l’attaque suivante et profitant de son élan, je me portais à son contact et le frappais à deux reprises au niveau de l’épaule avec le poignard, l'enfonçant dans la chair et sentant le muscle se déchirer avant qu’un violent coup de coude dans la joue ne me repousse en arrière. Tenant son bras blessé, l’homme me regardait avec un regard de haine et de peur. Il semblait visiblement perdre son sang-froid, ce qui était bon signe pour moi. Je lui souris de toutes mes dents, sentant le sang couler dans ma bouche, un sourire rouge, un sourire de mort. Il repassa à l’attaque et je me penchai en arrière pour éviter son moulinet, puis, je bloquais l’attaque d’après de ma cuisse, sentant la douleur remonter dans toute ma jambe au contact du morceau de bois contre le muscle. Je fis mine de me diriger vers sa gauche, puis je revins d’un bond sur la droite et avant qu’il n’ait pu réagir, je le cinglais d’un coup au visage, lui ouvrant profondément la pommette. À bout de souffle, il passa encore à l’attaque, mais ses coups manquaient maintenant de vitesse et je l'esquivais, passant à côté de lui avant de le frapper dans le dos. Il tomba à genoux, et, marchant à pas lent et délicat, je le contournais pour me replacer face à lui. Il leva les yeux vers moi, étonné que je ne l’achève pas, mais je n’en avais pas encore fini, je voulais l’humilier et lui prouver ma supériorité. Poussé par une lueur d’espoir, il se releva péniblement et se campa tant bien que mal sur ses pieds.

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Alors qu’il redressait sa lance, j'écartais les bras, souriante, comme pour l’inviter à frapper. Il se jeta en avant, la pointe de sa lance destinée à m'embrocher sur place. Au dernier moment, je tournais sur moi-même, sentant le courant d’air de l’arme frôler ma peau et alors qu’il passait à côté de moi, je l’attrapais par le cou. Je me tenais maintenant derrière lui, serrant fermement sa gorge dans le creux de mon coude. Je posais mon pied nu derrière son genou, appuyant fermement pour le forcer à s’agenouiller. Il résista un instant, grognant et ruant, mais ma prise était trop ferme et il finit par céder. Ses deux mains griffaient mon bras qui enserrait son cou, et, à genoux derrière lui, je lui murmurais un dernier mot à l’oreille, mot qu’il ne comprit sans doute pas, avant de planter mon couteau dans sa gorge. Lorsque la lame le transperça, il cessa de se débattre, mais ses mains ne lâchèrent pas mon bras pour autant. Je retirais l’arme avec un léger chuintement et je sentis son corps se détendre contre le mien. Après quelques instants durant lesquels il poussa d'étranges petits hoquets, je le relâchais et il tomba la face dans la poussière. Je me relevais et, du bout du pied, je tournais son visage vers moi, avant de m’accroupir de nouveau à côté de sa tête, pour le transpercer du regard, l’accompagnant durant son agonie. Je voulais qu’il comprenne qu’un simple guerrier comme lui ne pouvait rien face à moi. Je voulais qu’il sache que, une fois débarrassé de leurs solides peaux grises et de leurs bâtons de tonnerre, lui et son peuple n’étaient rien face à mes sœurs et moi. Enfin, son regard se voila et je me redressais, prenant subitement conscience du monde qui m’entourait.

Épuisée, je me relevais sous les acclamations de la foule et je me dirigeais vers le bord de l’arène, laissant la place à la dernière Kalim et à son adversaire, dont le teint déjà blanc laissait peu de doute sur l’issus du combat. Je croisais le regard de la grande prêtresse qui me fit un sourire énigmatique, mais je ne réussis pas à en comprendre le sens. Au loin, le soleil n’était plus qu’une grosse boule aux teintes rouges et oranges, à moitié cachée derrière les arbres. Je me fis la réflexion que le jour le plus long de l’année avait bien failli être mon dernier et je souris à l’astre lumineux, le remerciant de sa protection.

Cette nuit-là, après avoir fait bander ma blessure à la poitrine, m’être débarrassée du mélange de sueur, de sang et de poussière qui couvrait mon corps et avoir appliquée un onguent sur ma joue, je profitais jusqu’au petit matin des réjouissances avec mes sœurs, me joignant à elles pour chanter, danser et manger et pour inspirer les fumées de feuilles de koka que nous faisions brûler avant d’en inhaler les vapeurs. C’était une belle nuit claire et sans nuages, et dans ces moments, je me prêtais à rêver à un grand destin pour moi et mon peuple, et je savais que quoi qu’il arrive, la jungle et la déesse Rigg protégeraient à jamais les amazones des dangers de l’extérieur. Comme chaque année, le Sonstille avait réservé son lot d’aventures et de surprises et je me surpris à penser déjà au prochain tandis que je m’endormais, espérant qu’il serait aussi riche en émotion que celui qui venait de s’achever.

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La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
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Franziska Schrei
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Franziska Schrei »


Attention !
Ce texte contient des scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.
En effet, il contient des séquences montrant des humains buvant de la bière tiède, et aimant cela. Nous tenons à prévenir tous nos lecteurs nains. L'enfant doit être accompagné d'un adulte avant la lecture de ce texte.

Vous avez été prévenu.


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Ce jour là, le village était en fête. On montait des échoppes diverses et variées autour de la grand place où s'entassait le bois prévu pour la grande veillée. Le soleil s’était levé tôt et il brillait dans le ciel avec une ardeur rare. Tout sous son éclat resplendissait, même l’ardoise terne et le bois rougeâtre des masures. Même les cheveux roux sanguin de Franziska rutilaient quand elle les agitait au soleil. Du bout des doigts, elle saisit deux mèches et les souleva pour contempler le soleil se reflétant dessus comme sur un métal vermeil.

Puis elle fut rappelée à l'ordre par la voix de sa mère. Sans même avoir à se retourner, la petite fille sut qu'elle devait cesser de jouer avec ses cheveux, et elle souffla, dépitée. Sa mère ne s'arrêta pas là seulement, elle insista pour vérifier elle même que Franziska n'avait pas défait les nœuds et les plis de son habit. Alors la petite fille leva les deux bras en croix et laissa la matrone tirer sur les manches de son bliaud et vérifier les ourlets. Franziska était habillée à la garçonne, son bliaud bleu et vert lui descendant seulement jusqu'aux genoux. C'était un habit relativement chic, du genre qu'on porte au Festag normalement. Le père Schrei en avait un pour chacun de ses enfants, mais la moitié des tenues avaient une coupe de vêtement pour garçon, en prévision de quand il en aurait un. Parce qu'il prévoyait d'en avoir un. En dessous, Franziska portait des braies blanches.

"Je sais que tu as l'habitude de jouer dans la forêt, alors pour une fois, reste dans la ville et essaye de ne pas salir ces vêtements. D'accord ?"

La mère de Franziska la regardait droit dans les yeux en disant ça. La fillette se contenta de hocher vigoureusement la tête sans se donner la peine de désserrer les lèvres. Sa mère n'était pas une personne à qui Franziska aimait parler de toute manière.

La femme se redressa péniblement, luttant contre le poids de son ventre, encore rond comme il était presque toujours, et d'un mouvement de la main, elle congédia Franziska, l'autorisant à aller jouer comme bon lui semblerait. Après tout, c'était jour de fête. Elle reporta son attention sur les autres enfants qu'elle auscultait un par un avant de les lâcher dans la nature. Franziska, elle, ne demanda pas son reste et partit aussitôt en courant vers le centre du village. Elle savait que si elle se dépêchait, elle pourrait piocher quelques friandises ci et là aux étals qui se déployaient sous le soleil.

Elle vit passer de gros tonneaux de bière qu'on mettait déjà en perce. Le plus grand plaisir que trouvaient les adultes au Sonnstille était de boire leurs bières bien chaudes en plein air. Franziska, en passant, repéra la silhouette de son père, en pourpoint vert et rouge, attendant impatiemment devant un tonneau qu'on apprêtait bien trop lentement à son goût. Franziska passa juste à côté de lui sans oser lui adresser un mot. Il n'avait pas encore bu aujourd'hui, ce qui ne signifiait pas forcément qu'il était dans un état plus amical que d'ordinaire.

À la place, la petite fille se dirigea vers l'étal d'un pâtissier local, où s'attroupaient déjà moult enfants qui se pressaient devant un plein étalage de bretzels. Ils brillaient comme des joyaux dans l'éclat du soleil, et Franziska ne put s'empêcher d'en saliver. Elle se glissa avec la souplesse d'une anguille entre les autres enfants, poussant ceux plus petits, s'éclipsant derrière ceux plus grands, jusqu'à arriver en première place.

"J'ai dit un par chiard ! Un seul !"

L'homme qui tenait l'étal était en tablier blanc, bien propre, mais son visage était terrifiant. Le crâne dégarni sauf quelques touffes blanches, et un œil torve dardant sous un sourcils surdimensionné, il fustigeait les enfants du regard avec une violence impressionnante et leur criait dessus d'une voix empreinte de folie. Pourtant il était un bien gentil monsieur, ce Herr Bäcker, puisqu'il leur offrait bel et bien un petit bretzel chacun, tout en faisant comme si sa générosité devait impérativement être compensée par quelque virulents éclats de voix.

"Toi là, je sais que t'en as pris un. Essaie pas d'en prendre un autre ! Je me souviens de toi ! Et toi aussi là, t'en as pris un et t'en auras pas d'autre !"

Et comme Franziska avançait sa main pour en saisir un, Bäcker tourna son œil exorbité vers elle.

"Et toi là, je t'ai vu ! Tu en prends un et tu fiche le camp, compris ?!"

Franziska hocha la tête, comme toujours, et s'éloigna avec son bretzel. Elle croqua dans sa friandise tout en embrassant du regard tout ce qui se mettait en place autour. Presque aussitôt, elle eut un vertige, et presque mal à la tête. Trop de choses se passaient, les adultes faisaient toute sorte de bêtises et les enfants couraient et jouaient en tout sens. Au centre de la grand place, on s'affairait à bouter le feu à une grande masse de bois sec, tout en maintenant à distance une bande de petits garçons quasi frénétiques qui voulaient toucher le feu. Plus loin, un barde essayait de jouer de la musique, mais ses premières notes furent si désastreuses qu'un homme se dévoua pour lui voler sa mandoline. En résultèrent deux hommes adultes en collant se courant après autour du feu naissant du Sonnstille, sous le regard incrédule des enfants. Ailleurs, la masse des villageois faisait un trou là où un petit groupe de voyageurs étrangers venait se joindre au cercle. Personne ne s'approchait à moins de six mètres d'eux. Était-ce parce qu'on aimait pas les étrangers, ou bien parce que des enfants sur la route avaient eu la bonne idée de les couvrir d'excréments porcins ? Les narines de Franziska penchaient pour la deuxième option, mais de pas beaucoup.

Elle eut le temps de froncer les sourcils, et réalisa que son bretzel était déjà terminé. Elle n'avait même pas pris le temps de le savourer, alors elle retourna benoitement vers l'étal de Bäcker, se glissa derechef parmi les enfants, et en ramassa un autre. Le même œil torve se pointa vers elle, et le pâtissier répéta exactement les mêmes paroles sans la reconnaitre.

"Je te laisse en prendre un, mais après tu reviens pas hein !"

Franziska hocha la tête. Soit il l'avait oubliée, soit il l'avait confondue avec une de ses sœurs. Exactement, comme prévu. Franziska avait toujours eu un don pour ne pas se faire remarquer en faisant une bêtise, un don qu'elle mettait toujours à profit. Elle ramassa la friandise, et retourna faire le tour de la grand place. Son regard un peu vide se coula lamentablement sur le chaos de soiffards et d'enfants agités. Ici, on avait suspendue une poupée en osier vêtue comme un Halfling, et des garçons s'évertuaient à l'éventrer à grand coups de bâton pour extirper des friandises de ses entrailles sous les encouragements de quelques filles. Franziska s'amusa quelques instants de les voir se trémousser, mais elle s'ennuya très vite. Du coin de l'œil, elle nota son père qui, assis en compagnie de la plupart des hommes du village, commençait à se remplir de bière. On leur avait installé des tables et des bancs en bois, et posés là ils procédaient à un rituel assez amusant. Les étals de boisson mettaient à disposition des visiteurs des braises chaudes entretenues par le tavernier, où les hommes laissaient chacun reposer un tison bien chaud. Quand on leur servait leurs bières, ils plongeaient le tison dedans, produisant une délicate fumée qui s'échappait de leurs chopes, puis ils dégustaient la bière mousseuse et bien chaude. Le Père Schrei buvait coup sur coup, profitant de l'occasion pour boire pour moins cher que d'ordinaire, donc plus. La fillette le scruta plus attentivement et remarqua qu'il riait. Les hommes du village discutaient ensemble de leurs voix fortes tout en sifflant doucement leurs bières, se réjouissant de tous être réunis et faisant régulièrement des commentaires sur les enfants qui jouaient.

Franziska nota attentivement l'information. Il fallait toujours noter toute information pour en faire un usage utile. Ici, son père semblait être mis de bonne humeur par l'alcool. C'était rarement le cas, et ce détail était précieux. Franziska avait appris depuis un moment combien il était vital de savoir à quels moment son géniteur ivre allait se montrer anormalement cruel ou anormalement généreux, à quels moments il allait les frapper pour un rien et à quel moment il allait parler à ses enfants comme à ses propres amis. Là où ses sœurs se contentaient de croire que leur père était irrationnel et imprévisible, Franziska mettait un point d'honneur à toujours avoir un coup d'avance.

S'ennuyant un peu, elle s'assit par terre et regarda l'immense feu danser au centre du village. Son attention fut captivée par l'épaisse fumée qui en montait loin dans les cieux. Elle se prit à s'imaginer des formes dans cette masse grise et opaque, et à rêver de silhouettes qui voleraient.

"Ça serait chouette de pouvoir flotter dans les airs comme la fumée."
se disait-elle.


Dans sa rêverie, Franziska n'entendit pas tout de suite qu'on appelait son nom, mais quand on lui donna un coup de pied, elle réagit au quart de tour, se redressant brusquement, sur ses gardes, pour voir devant elle une de ses grandes sœurs qui riait en voyant sa réaction.

"T'es marrante Franzi. Je vais pas te tuer tu sais ?

- Hm... ça c'est toi qui le dit. Et ne m'appelle pas Franzi s'il te plait.

- Oh, t'es méfiante. Tiens, prends ça au lieu de faire des histoires."

La sœur de Franziska portait à bout de bras une myriade de petites sucreries. Des dragées d'amande enrobée de miel. Elle en tendait une et une seule à sa petite sœur.

Bien sûr, Franziska saisit la sucrerie avec empressement.

"Où est-ce que t'as eu ça ?

- Et merci, non ?"

Franziska roula des yeux.

"Merciiiii...

- Bah voilà quand tu veux. Et pour tout de dire, c'est le halfling qui a rendu toutes ces surcreries.

- Ah ?

- Mais le garçon qui l'a eu a préféré tout me donner.

- Ah bon ? Mais pourquoi ?

- Ben voyons, parce que c'est un garçon."

Franziska se prit le menton, l'air de réfléchir, puis elle laissa échapper :

"Heu, je ne comprends pas la logique. Pourquoi les garçons feraient ça ?

- Bah, parce que c'est un garçon, et les garçons sont idiots. Faut le savoir Franzi.

- Tu peux pas dire ça. Les gens peuvent pas juste être idiots comme ça sans raisons. Et ne m'appelle pas Franzi, je l'ai déjà dit."

Cette fois, ce fut au tour de la grande sœur de rouler des yeux.

"Il y a des choses qu'il faudra que tu comprennes un jour Franziska. T'es fatigante. Pour la peine t'aura qu'une seule dragée tiens.

- Oh.."

Franziska baissa deux yeux dépités vers sa dragée au miel, mais finalement haussa les épaules et la mangea d'un coup. Sa sœur était repartie distribuer son trophée au reste de la famille. Une fois la sucrerie savourée jusqu'au bout, Franziska décida qu'elle n'avait au fond rien de mieux à faire ici que de s'empiffrer, puisqu'on distribuait des friandises gratuitement. C'était quelque chose qu'elle ferait sans honte. Alors, avec presque déjà un sourire machiavélique sur le visage, elle retourna pour la troisième fois vers l'étal de Bäcker. Là, elle s'apprêtait à voler une pâtisserie, quand l'homme saisit sa main.

"Hé, toi je me souviens de toi, t'en as déjà eu petite fouine !"

Franziska fut tétanisée. D'ordinaire, elle arrivait si bien à se faire oublier... mais il la prenait peut-être pour une de ses nombreuses sœurs.

"N'essaie pas de m'avoir, la petite Schrei, je te reconnais très bien. C'est pourtant pas compliqué, quand je dis un par chiard, ça veut dire un par chiard ! Espèce de halfling ! On t'apprendra à voler les friandises des autres !"

Sans demander son reste, Franziska se glissa telle l'anguille pour se dégager et partit en courant. Malgré elle, elle avait les larmes aux yeux. Pourtant, elle était bien en faute ici, mais c'était ainsi qu'elle était. Elle ne pouvait s'empêcher de toujours essayer de tricher pour obtenir plus que les autres, encore et encore, jusqu'à ce que ça lui pète à la figure.

Elle s'immobilisa au milieu de la grand place. Elle se rendit compte que son cœur battait la chamade et que ses yeux étaient humides. Bien sûr, elle allait presque pleurer, mais elle n'avait pas très envie qu'on la voie ainsi, on se douterait qu'elle avait fait quelque chose. Elle chercha une échappatoire quelconque. Levant les yeux, elle aperçut l'étal du brasseur, et en un battement de cœur elle décida d'aller chercher du réconfort vers son père.

Les hommes riaient en se racontant des anecdotes qui n'intéressaient pas la petite fille. Elle se rapprocha doucement de son paternel, qui tourna un regard brouillé vers elle. Malgré les vapeurs de l'alcool, il la reconnut, et grâce à ces même vapeurs, il lui sourit.

"Eh bien, ma petite, qu'est-ce qu'il y a ?"

Franziska se contenta de faire un geste, et son père, comprenant vaguement, la prit dans ses bras et la souleva pour l'asseoir sur ses genoux.

"Allons, tu m'as l'air triste. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux pas me dire ?"

Franziska secoua la tête, il éclata de rire.

"Très bien alors, garde tes secrets."

Plusieurs hommes à la table rirent aux éclats avant de partir sur des commentaires à propos de leurs propres enfants. Franziska resta silencieuse, observant avec grande attention tous les hommes, ses yeux gris grands ouverts savourant avec curiosité le moindre détail. Elle se sentait déjà mieux.

Tout en faisant attention à la présence de la fillette sur ses genoux, le père Schrei se refit servir une chope de bière, et voyant le regard curieux de sa fille, il lui lança avec un petit rire.

"Tu veux que je te montre comment on fait ? Attends voir."

Avec adresse, il passa son bras par dessus Franziska et récupéra son tison chaud. Franziska suivait ses gestes très attentivement tandis qu'il plongeait le tison dans sa chope. La bière émit un sifflement doux tandis qu'une légère vapeur jaunâtre en émanait. Franziska la huma avec délice, ce qui fit rire encore son géniteur.

"La vérité c'est que la bière chaude, ça réchauffe quand on a froid, et ça rafraichit quand il fait chaud comme aujourd'hui. C'est la boisson parfaite."

Il rangea le tison et leva la chope de bière. Mais il hésita en voyant le regard de Franziska toujours fixé dessus. Finalement, avec un sourire goguenard, il demanda à la fillette :

"Toi, tu veux gouter à ma bière, je me trompe ?"

Franziska prit son air le plus innocent. Tous les hommes à la table éclatèrent de rire.

"Allez, de toute façon tu seras bientôt grande et t'en boiras. Autant que tu te fasses un goût dès maintenant."

Franziska sourit. Il la laissa prendre la chope, même s'il la tenait quand même de son côté, car entre les petites mains de la fillette le récipient aurait pu lui échapper. Sous les regards amusés des autres hommes, Franziska prit une franche lampée de bière moussue et bouillonnante. Elle faillit se brûler, mais au final, savoura bien ses gorgées de boisson et grimaça en rendant la chope à son père.

"Alors, c'est pas mauvais hein ?

- C'est bon." fit la fillette avant de se lécher les babines.

"Bien. Mais je te préviens, je t'en donnerais pas plus. Et c'est juste parce que c'est le Sonnstille, d'accord ?

- D'accord.

- Allez, retourne jouer maintenant."

Franziska bondit des genoux de son père, remplie d'une nouvelle joie. Le paternel se désintéressa aussitôt d'elle, alors elle décida d'en profiter pour s'éloigner un peu du centre du village où l'agitation lui donnait le tournis à force. À chaque pas, les bruits devenaient moins fort, et elle se sentait mieux. Puis à force, elle fut sortie du village, et les bruits devenaient lointains. Là, elle prit une grande inspiration. Plus personne pour la surveiller.

Elle se tourna vers le sous bois qui entourait le village. Elle avait certes promis à sa mère de ne pas aller jouer dans la forêt, mais bon, ça n'était pas tout à fait la forêt n'est-ce pas ?
Image Le ciel presque blanc faisait resplendir la verdure. Des fleurs parfumaient le paysage de couleurs rouges et rosées. Doucement, Franziska s'abima entre les branches et les troncs d'arbre. Ici, l'été n'avait pas encore tout défiguré. Le sol était encore un peu humide proche des marais. Elle croyait même voir un semblant de brume au loin entre les branches. Ou bien était-ce sa vision qui devenait trouble ?

Elle ramassa un bâton et se mit à tâter le sol avec. Elle avait l'impression de ne plus très bien ressentir le sol avec ses pieds, comme s'ils croyaient que le sol était à un endroit alors qu'en fait il était à un autre et qu'en fait ça la faisait un peu tanguer mais elle finissait par se rattraper péniblement et ça allait, enfin presque enfin assez pour pas tomber mais enfin voilà.

Elle se frotta vigoureusement la tête d'une main. Elle avait eu l'impression que quelque chose lui touchait les cheveux. Finalement, elle s'immobilisa et regarda tout autour d'elle. Les oiseaux chantaient dans le lointain. Quelques insectes voletaient. Mais elle avait l'impression de ressentir autre chose. Elle ferma les yeux, et écarta les bras.

Ô comme elle aurait voulu pouvoir sentir tout ce que le monde avait à lui offrir. Elle savait que c'était là, qu'il se passait mille choses dans les airs, que des millions de petits glissements furtifs dans la trame même de cette forêt auraient dû attirer son attention, mais elle ne les ressentait pas, ou pas bien. C'était flou, vague, mais c'était là.

"Génial !" dit-elle à voix haute. Elle venait de ressentir un frisson, et elle était persuadée que c'était quelque chose de surnaturel qui l'avait touchée. Pourquoi aurait-elle eu la chair de poule en plein été sinon ?

Son corps se mit à trembler tout seul, mais curieusement, elle n'eut pas peur. C'était le Sonnstille, elle était persuadée que quelque chose se produisait ce jour là, que toutes les choses étaient un chouilla plus vivantes, même les choses invisibles.

"Si c'est le solstice, c'est que c'est le jour où le soleil illumine le plus le monde..." récitait-elle pour elle même. "Peut-être loin des humains, je sens son énergie. le soleil est une énergie. j'ai lu ça quelque part. Si le soleil donne de l'énergie aux plantes, il peut me donner de l'énergie, il faut et suffit que je sois comme la plante, immobile et réceptive, calme et placide."

Elle eut une quinte de toux soudaine, et sentit de la bile remonter dans son œsophage. L'effet de l'alcool, sans doute, mais à ses yeux ce fut plutôt un autre signe.

"Il y a des choses que je ne peux pas voir, mais que mon corps ressens. Si je suis comme la plante, un simple corps immobile, je capterai tout, donc son énergie. C'est cela. Je suis si intelligente des fois, ça ferait presque peur."


Et se précipitant d'un pas dansant dans l'humus, elle s'approcha des arbres et s'essaya à prendre des poses les imitant, les bras levés au dessus de la tête, les jambes droites, puis elle perdait l'équilibre, manquait de se viander sur le sol, et finalement se reprenait et courait à un autre endroit. Mais son déséquilibre l'empêchait de se planter comme l'eut fait un arbre. Elle ressentait comme des vibrations folles dans les airs, qui la déstabilisaient et lui donnaient l'impression que des couleurs inconnues se coulaient jusqu'au niveau de sa tête. Finalement, elle s'arrêta, reprit un souffle à peu près contrôlé, car elle s'était arrêtée de respirer pour pouvoir jouer à l'arbre, et réfléchissant, elle reprit :

"Je me trompe, je crois. Il y a des fl... des fl... des flux, voilà, qui courent dans le sol. C'est comme l'eau, ça circule, et c'est de ça que les arbres ont besoin. Pour être immobiles ils ont besoin du mouvement de ces flux. Pour être un arbre il faudrait que je sois plantée dans le sol et que je puisse m'abreuver de ces courants acu... ac... aqueux, voilà, qui traversent les souterrains, la terre et... etc. Mais je sens pour autant quelque chose au dessus de moi. Comme un fantôme qui m'a caressé les cheveux. Est-ce un bon signe ?"


Elle ferma les yeux, leva les bras en croix, et tourna sur elle même, jusqu'à se retrouver avec le tourni, puis elle tituba, et se rattrapa à un arbre pour ne pas tomber.

"De mes yeux fermés je vois le rou... jaune ? La lumière, c'est elle, le signe du Sonnstille, bon sang mais c'est bien sûr ! En fait, je dois me concentrer sur la lumière, c'est elle que je dois capter, et à ma manière, pas celle des arbres. Les arbres c'est entre les flux du sol et les flux de la lumière, mais moi je ne dois me concentrer que sur un seul à la fois. La lumière, qu'est-ce ? Une énergie ? Un liquide ? Un gaz ? Une fumée peut-être ?"


Elle se tint le menton en réfléchissant, puis leva une main tremblante vers le soleil et s'écria :

"je sais ! Lumière ! Bouge, du soleil jusqu'à terre. Mouvement, agitation... la lumière c'est une agitation, il faut donc bouger. C'est pour ça qu'au Sonnstille les gens s'agitent, parce qu'il y a plus de lumière. Pour ça qu'au Sonnstille les gens dansent. Parce qu'en s'agitant de manière ca... calu... calculée... ils ne font plus qu'un avec la lumière. Lumière est agitation, agitation est lumière ! Pas d'agitation fait ténèbres."


Elle leva les yeux vers la canopée reluisante, et les plissa pour s'essayer à capter sans brûler ses pupilles le moindre rayon de soleil sans en perdre le sens ou la composition.
Il lui sembla alors mieux voir se dessiner les vagues, ou peut-être ne les voyait-elle pas avec les yeux ?

Fascinée par cet éclat solaire, elle décida tout naturellement de s'en rapprocher. Pourquoi laisser les arbres lui cacher en partie ce resplendissement divin ? Franziska était persuadée que ce devait être en quelque sorte la manière dont Rhya bénissait la terre et les femmes. Elle était une femme, enfin, une fille, et il n'y avait pas de raisons que les arbres récupèrent toute la bénédiction du soleil.

Avec une détermination balbutiante, et en titubant toujours un peu, elle s'approcha d'un arbre qui lui paraissait convenir. Elle eut une pensée émue pour ses beaux habits, mais hé, elle ne les aimait pas tant que ça de toute façon, et puis elle ferait attention pour ne pas se faire gronder par sa maman.

Elle colla ses mains au tronc et chercha à tâtons les branches les plus solides sur lesquelles se hisser. Lentement, maladroitement, étape par étape et avec moult hésitations, elle se mit à grimper à l'arbre. Loin d'être experte, elle se guidait à l'instinct, mais étrangement sa peur qui aurait dû la décourager ou la déconcentrer était presque totalement inhibée. L'alcool ne lui permettait pas de songer à deux choses à la fois, et elle avait fixé sa pensée sur d'autres questions prioritaires.

Au final, elle s'arrêta, nichée dans les branches. Sa tête lui tournait, trop, trop fort. Et des vagues lui semblaient passer sur elle, vrillant ses entrailles.


Wie war das noch ? Ich weiß es nicht,


La lumière, était partout, en fait, pas seulement là où les choses étaient éclairées.

Die Augen habe ich geschlossen,

La lumière était un flux, une onde, une perturbation fusant à travers les ténèbres mais ne déplaçant aucune matière

Längst erloschen, angeschossen,



Gelangweilt oder abgedroschen ?



Ruckzuck war der Kopf ab,

Elle était un amas de particules, de matière invisible, de choses infimes et infinies

Von der ganzen weiten Welt verdrossen,



Mit ihm meine Lust vergossen,



Ratzfatz war sie abgeflossen.



Ich bin entglitten, abgestiegen,

La lumière était un fluide rapide et immaculé. Blanc, plus blanc que l'esprit humain.

Werde mich I'm Wahnsinn wiegen,



Mein Rückgrat vor Gelächter biegen



Und durch bunte Farben fliegen.



Ich bin auf Grund der Gabe für



Den Abgrund nicht gesund,



Deshalb muß ich in der Anstalt singen,

Dans la lumière était quelque chose de magique.

Lasse dort die Zelle klingen...



--Hysh--;Alles oder nichts ?



C'était terrifiant.


Hysh





Franziska s'était abimée dans un abysse de couleurs, d'éclats et de sons dont elle était à moitié consciente seulement. Quelque chose dansait devant et sous ses paupières. Une musique lui brûlait les tympans. Elle s'était endormie sur les branches.

Et s'étant endormie, elle tomba.

Son corps vrilla, elle eut un haut le cœur, et se réveilla au moment où elle chutait. Autant par chance que grâce à un réflexe inespéré, elle parvint à se rattraper sur une branche, qui plia, glissa, craqua, et finalement la laissa choir elle aussi, mais en lui épargnant une altitude trop dangereuse. la fillette s'étala dans le sol bourbeux de tout son long, geignit sous la douleur, mais se releva immédiatement. Elle était intacte, avec plus de peur que de mal, mais un peu de mal tout de même.

Franziska essaya de frotter ses vêtements pour enlever autant que possible les traces de boue, assez inquiète de la réaction qu'aurait sa maman. Elle eut à peine le temps de regarder autour d'elle pour se resituer que trois silhouettes arrivaient vers elle. Elle eut d'abord un mouvement de recul, mais reconnut trois hommes du village. C'est à se moment seulement qu'elle réalisa que le soleil avait commencé à décliner à l'horizon et que les ombres s'étiraient à des longueurs absurdes.

"Ah, ben la voilà. Dire qu'on cherchait depuis vingt minutes, et elle était perchée au dessus de notre nez.

- Tu t'es pas faite mal petite ?

- Tss, on verra après, là il faut la ramener, sinon la mère Schrei va devenir folle."


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Franziska suivit les hommes qui la recherchaient jusqu'au centre du village. Pour le début de la veillée du Sonnstille, tout le village s'était réuni autour du feu. Il ne manquait vraiment plus qu'elle. Des adolescents en couronne de fleur dansaient déjà autour de la grande flamme.

En la voyant arriver, la mère de Franziska retint un cri d'horreur.

"Franziska ! Tes habits !

- Faut pas lui en vouloir." fit un des hommes pour sa défense. "Elle a pris un peu de bière tout à l'heure, alors ça n'aurait aucun sens de la punir maintenant."

Un débat commença entre les hommes et la mère, qui fut bientôt rejointe par d'autres femmes, mais ils conclurent bien vite qu'il ne fallait pas punir d'enfants un Sonnstille. Franziska fut forcée de s'asseoir auprès de sa sororie, pour le reste de la veillée, alors qu'on récitait des cantiques à la gloire de Rhya.

Franziska ne desserrait pas les lèvres. Elle ne prononça pas un mot entre le moment où les hommes l'avaient retrouvée et la fin de la veillée. Elle ne cessa pas de fixer son regard sur les fumées du feu, et de songer à ce qu'elle avait ressenti quelques instants plut tôt. Pouvait-elle ressentir la même chose avec de la fumée ? Peut-être qu'un jour, si elle faisait assez l'effort, elle pourrait voler comme le majestueux panache qui montait vers le ciel. Il lui fallait creuser cette question.





Elle recommencerait.

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Modifié en dernier par Franziska Schrei le 06 août 2022, 22:13, modifié 1 fois.
"Le savoir, c'est le pouvoir... alors autant qu'il soit uniquement à moi !"

Franziska Schrei, Sorcière illégale
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Retnu ned Nresärg

Erhän hci hcim nov Tiehleknud

Eleiv Egat nohcs

Nesseseb dnu solthcruf

Enielk Tlew

Eid hci netsatre nnak

Hcod se tgeis

Renej Liet ni rim

Red hcim remmi retiew theiz

Geiz rim ned Gew hcan netnu

Hci essah ned Gat

Hci essah sad Thcil

Geiz rim ned Gew sni Elknud

Ow Tiekmasnie thcsrreh

Niek Legeips rüf niem Thciseg


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Lelith Dar'Khan
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Lelith Dar'Khan »

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L’île du Gibet, une île peu connue des Mers du Sud, à environ une centaine de miles des sauvages jungles de Lustrie et assez au sud pour être hors des voies maritimes empruntées par les gigantesques Arches Noires de Naggaroth. L’endroit avait la réputation d’être le dernier port libre d’honnêtes gens au sud. La réalité était toutefois bien différente. Il s’agissait ni plus ni moins que de l’un des plus infâmes repaires de malandrins, boucaniers. Ici, se côtoient pirates des Mers du Sud, assassins, charognards, mais avant tout, sac à merde. Meurtres, viols, vols y étaient omniprésents. Sauf dans la taverne Au bout du boute, considérée comme une zone neutre. Il s’agissait d’ailleurs de l’un des seuls endroits dans le Vieux Monde où l’on pouvait voir un nain et un orc boire à la même table tout en jouant aux cartes. Un impérial faisant un bras de fer avec un bretonnien, ou encore un Druchii baisant une Azur dans l’un des recoins de la taverne. Seuls chaotiques, démons et morts-vivants n’étaient pas tolérés.

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Voyez-vous, il existe deux catégories d’individus. Ceux qui ont soif de richesses et d’aventures. Et ceux qui veulent simplement génocider tout ce qui est différent. La dernière catégorie n’était donc guère bienvenue sur l’île au Gibet. Les Druchii eux, avaient un pied dans chacune des catégories susnommées, mais, en tant qu’êtres civilisés et raffinés, savaient faire la part des choses.

C’est ainsi, qu’un soir particulièrement orageux, à quelques semaines du solstice, nous retrouvons notre premier protagoniste, assis à une table de chêne, en retrait du centre de la grande salle de la taverne. gé d'une quarantaine d'années, l’homme à la barbe poivre et sel, au regard froid et au visage bardé de cicatrices, gardait les yeux rivés sur un morceau de parchemin jauni et en lambeaux. Malgré les fracas du tonnerre, la musique beaucoup trop forte, le brouhaha des conversations, le tumulte des bagarres et les gémissements des putains, l’homme ne détournait pas une seconde son attention de son précieux sésame. Bien qu’un habitué des lieux depuis deux décennies, peu d’informations avaient fuitées à son sujet. Il était capitaine d’un vaisseau de faible tonnage, mais qui avait la réputation de filer comme le vent et d’être lourdement armé. Le Poing véloce. Le navire mouillait actuellement sur le port, un équipage d’une demi-douzaine d'hommes à son bord. Notre capitaine se présentait sous le nom de Jon’son. Pour l'anecdote, il n’avait pas de nom. Sa mère était une pute. Elle était tombée enceinte après avoir couché avec un homme du Reikland qui s’appelait Jon. C’est donc avec beaucoup d’imagination qu’elle l’avait appelé Jon’son.

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Il s’agissait là des deux seules informations fiables au sujet de l’individu. Concernant les rumeurs en revanche, elles étaient légions. Toutefois, la plus intéressante était qu’il s’agissait d’un capitaine qui, chaque fois qu’il mouillait sur l’île, cherchait un équipage pour une expédition. Les expéditions qu’il entreprenait promettaient richesses au-delà de toute imagination. Toutefois, aucun des marins ne revenait jamais. Le tenancier de l’établissement, bien au courant de la situation, se taisait naturellement, son silence confortablement arrosé par l’or que Jon’son dépensait. Ce soir-là, comme tous les soirs où il fréquentait la taverne, Jon’son cherchait un équipage. Son dernier équipage. Le capitaine ne ferait assurément pas de vieux os sur les mers. Aussi songeait-il à doucement se retirer. Retourner vers des terres plus civilisés, utiliser sa fortune pour s’acheter un manoir, un titre, et marier une femme de bonne famille. Le parchemin sur lequel il avait mis la main quelques jours plus tôt lui permettrait d’enfin atteindre ce but. Mieux. Si tout se passait bien, il pourrait même s’acheter le titre de Comte Électeur.

Une ombre traversa rapidement, discrètement la foule, Jon’son leva le regard alors même qu’une jeune femme prit place sur la chaise face à lui. La peau pâle, une musculature dessinée, de longs cheveux verts, des vêtements ne laissant guère place à l’imagination. Toutefois, bien mal avisé serait celui qui prendrait la femme pour l’une des vulgaires putains de l’établissement. Cette femme était une guerrière. Féroce, qui plus est.

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-C’est l’vieux Bob qui t’envoie ?

La jeune femme hocha la tête. Le capitaine jaugea du regard son interlocutrice. Il avait bien sûr entendu des rumeurs. Mais, malgré sa longue carrière, n’avait jamais posé les yeux sur une amazone. Ce légendaire clan de femme guerrière, vivant au plus profond des jungles de la Lustrie. La beauté sauvage, l’équipement, le regard féroce de la jeune femme. Tout concordait. Toutefois, comme tous ici présents, l’amazone avait troqué sa vie de clan pour l’appât du gain, la soif de l’aventure. Le capitaine la fixa encore un moment, ni l’un, ni l’autre ne détournaient le regard, se jugeant mutuellement. Il glissa le morceau de parchemin sur la table, invitant l’amazone à le lire.

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-Je monte une expédition. J’ai besoin d’un guide.

Elle acquiesça, avant de parcourir le parchemin du regard.

-Toi avoir besoin hommes. Jungle très dangeureuse. Jour Sotek proche, devoir partir demain.




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Le vent du large rafraîchissait le visage de Lelith. L’embrun salé apportait un profond sentiment de calme à la Druchii. A l’inverse d’une Arche, tout semblait plus calme, plus sûr sur le petit trois-mâts. Elle était certes exposée sur un navire si modeste, mais au moins, elle n’était pas sous la menace constante de ses pairs. À ses côtés, une jeune amazone fixait elle aussi l’étendue azure à perte de vue.

Lelith écoutait attentivement la jeune femme parler. Une conversation interrompue la veille par une nuit de débauche avec celle qui venait de la recruter pour une expédition. Expédition ô combien dangereuse, mais la promesse de tant de richesses avait convaincu l’elfe noire. Ainsi qu’une demi-douzaine d’autres mercenaires. Sur le navire, le silence régnait, chacun se préparant au mieux qu’il le pouvait en prévision de la tâche à accomplir. Au pied du mât de misaine, un orc affûtait sa hache et son sabre tandis qu’un gobelin miaulait des paroles incompréhensibles au pied d’un chaudron dégageant une vapeur verdâtre à mesure qu’il ajoutait des champignons plus ou moins colorés. Assis avec eux, un ogre, aussi grand que puant, un boutefeu pour canon impérial aux lèvres, enfournait toutes sortes de projectiles improvisés dans l’âme du canon qu’il portait. Il raconta ce qui sembla être une blague puis lui et l’orc s'esclaffent, d’un rire gras, guttural.

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N’ayant guère l’envie de se joindre à une aussi piètre compagnie, l’elfe, profitait de la compagnie de la jeune amazone, Boa, mais surtout de ses précieux conseils. En effet, ce qui arrivait dépassait de loin les connaissances de la Druchii. D’ordinaire, le principal danger venait des habitants des villages que Lelith raidait. Là, tout ce qui l’entourait était l’ennemi. L’amazone mit en garde Lelith contre les plantes venimeuses. Les insectes mortels. L’eau empoisonnée. Malgré tout cela, le risque que la noble attrape une maladie fulgurante et mortelle était très élevé. Ainsi, toutes techniques de survie étaient bonnes à prendre.

Le voyage se poursuivit sans encombre, le navire filant au vent. La Lustrie devait être atteinte à l’aube. Ce qui laisserait au groupe cinq jours pour traverser la jungle avant le jour de Sotek. Regagnant sa cabine pour se reposer, Lelith, après avoir tué l’ennui et la solitude de la nuit dans les bras de Boa, prépara son équipement. À contrecœur, sur recommandation de l’amazone, Lelith s’équipa de son kheitan intégral, avant de préserver sa peau du plus subtil contact avec la moindre feuille de la jungle. Elle ceintura ensuite son épée, sa dague, et monta sur le pont, l’amazone armée de son arc et de sa lance sur les talons.




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La chaloupe dut faire quatre aller-retour afin de débarquer les passagers sur les plages de sable blanc, paradisiaque de la côte de Lustrie. L’ogre lui, dut nager, après qu’il fit couler la chaloupe en s’installant dedans. Alors qu’elle attendait sur à la lisière de la jungle que le groupe soit prêt à partir. Lelith observait ses compagnons. Outre l’ogre et les peaux vertes. Il y avait parmi eux un nain, tout d’acier vêtu portant une espèce de canon constitué d’une dizaine de tuyaux de fer. En plus du Capitaine, il y avait deux autres humains. Un homme blond, au sourire charmeur, vêtu élégamment de pied en cape, souriant à Lelith, qui s'en foutait royalement l’autre semblait bien plus à sa place. Grande stature, regard froid, une immense épée attachée à une sangle passant dans son dos. Il ne parlait guère, se contentant de croiser ses bras musculeux qui semblaient des plus confortables aux yeux de la druchii. Vint ensuite le capitaine, suivi de ses hommes qui portaient tout le matériel nécessaire à l’expédition. Et pour finir. Lelith ne l’ayant pas vu de suite, une espèce de nabot avec un sac beaucoup trop grand, bardé de casserole en tout genre.

-En route mauvaise troupe.

Boa prit la tête du groupe. Suivie du capitaine et de l’un de ses hommes. Un érudit semblait-il, l’homme s’efforçant de tenir à jour une carte. Vient ensuite Lelith, le reste des hommes du Poing Véloce et les mercenaires. L’ogre, répondant au doux nom de Boom, fermait la marche. La chaleur était étouffante. Après seulement quelques minutes, Lelith transpirait abondamment. Ses cheveux collaient à son visage moite. Il fallait toutefois économiser l’eau, d’après Boa, les sources potables étaient rares dans la jungle. Aussi, la Druchii serra les dents et s’efforça de suivre le pas.

La troupe marchait depuis seulement quelques heures. Bien qu’elle suggérait depuis le début de progresser silencieusement, Boa se résigna. Entre le nain qui faisait le bruit d’un coffre à outil, l’ogre qui pétait abondamment et le gobelin qui, juché sur la tête de son ami orc continuait de baragouiner des trucs inaudibles, la pauvre amazone gaspillait sa salive.
Lelith suivait toujours le pas quand, l’humain bien vêtu apparut à sa gauche, calquant son pas sur le sien.

- Bonjour ma douce amie. Me permettrez-vous ?

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Sur ces mots, il déploya une ombrelle. Le genre de truc que les bourgeoises de l’Empire portaient lorsqu’il y avait un peu de soleil. Lelith soupira. Poussant un “wtf” intérieur. Autant dire que l’ombrelle ne changea rien. La végétation dense masquait déjà la majeure partie des rayons du soleil.

- Je me nomme Phoebus. Fénélus Phoebus, à votre service ma douce amie. Puis-je vous demander ce qu’une aussi délicate et sublime jeune dame comme vous fait dans un endroit pareil ?

- Non.

Son sourire figea un instant, avant de s’afficher à nouveau, plus resplendissant encore. Ses “charmes” fonctionnaient sans doute sur les pucelles sans éducation du trou duquel il venait. Toutefois, pour la Druchii, l'absence totale de virilité, le brushing impeccable de sa longue et soyeuse chevelure blonde, le sourire éclatant, tout cela la répugnait. Un homme se devait d’être fort, brutal, dominant.

-Que j’aime lorsqu’elles me résistent. Oh ! Permettez.

Il ria. Un rire cristallin, insupportable. Lelith s’arrêta, la main sur son épée, prête à mettre les choses au clair. L’homme au nom imprononçable avait lui aussi stoppé, avant de s’éloigner de quelques pas de la piste que la troupe suivait. Il se pencha, avant de cueillir une fleur. Une magnifique fleur rouge, aux pistils dorés et aux feuilles d’un vert éclatant. Il se redressa, tout sourire, avant de présenter la fleur vers Lelith.

Tout se passa en une fraction de seconde. Il poussa un cri strident. Plus aigu encore que celui d’une jeune paysanne poursuivie par un corsaire aux viles intentions. Ce qui ressemblait à une mâchoire se referma sur lui. Une mâchoire de feuilles. Une plante. Plusieurs craquements se firent entendre, alors que le cri s’estompait. Une jambe tomba au sol. La plante se retira, se dissimulant dans la végétation.

-Ne vous éloignez pas du sentier.

Boa, l’air dépité, répéta la consigne encore une fois. Lelith haussa les épaules, fixant Boa et le Capitaine.

-Bof … il était chiant de toute façon. Et ça fait une part en moins à partager.

L’ogre et l’orc s'esclaffaient, puis, laissant derrière eux la jambe, la compagnie reprit sa route.

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Le reste de la journée, ainsi que la suivante se passèrent sans incident notable. Au troisième jour en revanche, deux des hommes du Capitaine, incluant l'érudit, moururent de la maladie. Ainsi que Boa l’avait mentionné. Cependant la chance sourit à la troupe quand ils débouchèrent sur un petit lac, au pied de cascade à la taille impressionnante. Ils firent halte pour la nuit. L’eau était potable, Boa et le deuxième humain partirent quelques heures, revenant avec une carcasse d’animal fraîchement tué. Bien cuit, il constituerait un repas de choix.

-Je m’en occupe !

Lelith sursauta, le nabot, enfin, la nabot apparut de derrière la carcasse. La Druchii avait complètement oublié sa présence. Il est vrai qu’en plus de faire deux fois sa taille, la noble ne baissait que rarement le regard. La demi-portion ouvrit son sac, sortant une paire de couteaux trop grand pour elle et entreprit de découper la carcasse.


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-Tu ajouteras ces herbes, elles ont des propriétés curatives. Mon peuple les utilise contre le mal. Pour les autres si vous voulez, le lac ici est sûr, vous pouvez vous baigner mais rester prêt du bord.

Sitôt dit, sitôt fait. Après avoir posé une sacoche bourrée d’herbe, l’amazone se dévêtit, sous le regard gêné des hommes présents, et, gardant son poignard attaché à sa jambe par une lanière de cuir, sauta à l’eau. Lelith la rejoignit bientôt, l’eau fraîche purifiant sa peau du sel et de la moiteur, rafraîchissant son corps. Le groupe profita de ces quelques heures de repos et bientôt, le soleil se coucha. Regagnant la rive, Lelith et Boa rejoignirent les autres. Les deux femmes restèrent sans voix devant le festin qui s'étalait devant leurs yeux. La halfling s’était surpassé, la table de fortune débordait de plats qui semblaient plus savoureux les uns que les autres. Le nain décida de mettre en perce le tonneau qu’il avait apporté et bientôt la bière coula à flot.

Alors que la nuit avançait, le Capitaine, Lelith et l’amazone se regroupèrent. Boa expliqua qu’ils devaient atteindre le lieu supposé dont parle le parchemin le lendemain au crépuscule. Le jour de Sotek étant le lendemain.

-Mon peuple connaitre lieu. Ça temple de très ancien habitants. Nous croire eux tous disparut depuis milliers et milliers de lunes. Mais nous devoir faire discrétion. Si eux vivre encore, eux très dangeureux.

-De qui parles-tu ?

-Hommes lézards.

Lelith se figea. Des rumeurs, d’infimes bruits étaient parvenus aux oreilles des elfes de Naggaroth à propos des jungles du sud. De nombreuses expéditions avaient disparu. Sans jamais y avoir le moindre survivant. Ainsi, ces murmures restèrent ce qu’ils étaient, de simples rumeurs. Boa confirmait désormais cela. En effet, cela était problématique. Un ennemi capable de massacrer un ost de druchii sans laisser le moindre survivant était une menace plus que sérieuse. La décision fut donc prise d’en parler aux autres membres de l'expédition afin d’en maximiser les chances de succès.




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L’obscurité qui envahissait la jungle s'effaçait doucement. A l’est, les premiers rayons du soleil perçaient les ténèbres. Sa lumière s’avançait sur la canopée, frappa le roc de la pyramide, grimpa, grimpa, puis explosa. Une lumière aveuglante, aussi intense que l’astre solaire. Le sommet de la pyramide scintillait. Fait de l’or le plus pur, agissant tel un miroir. Lelith et les autres restèrent bouche bée, quand, devant eux, une demi-douzaine d’autres toit d’or s'illuminent, certains lointains, d’autres proches.

Ils venaient de trouver les Cités d’Or. Boa désigna alors une plus petite bâtisse, à l’écart de la grande pyramide.

-Ça tombe, toujours éloigné et seul. Meilleure chance là, plus sur.

Après une heure de plus, quittant les hauteurs des contreforts des cimes d’argents, une série de montagnes entourant la sorte de vallée où s’étendaient les pyramides, le groupe arriva à l’orée de la jungle. À environ trois cent pieds, se dressait la tombe. Boa partit en éclaireur, le pas rapide et agile. Bientôt, elle fit signe aux autres de la rejoindre, pas de gardiens, pas de sentinelles. Il n’y avait là pas âme qui vive. Le groupe s’avança alors. La porte de la tombe était scellée. Le nain posa son sac tandis que les autres, enfin, ceux munis d’un cerveau, tentèrent de trouver une entrée dérobée ou un mécanisme.

Le capitaine contemplait la tombe. Il semblait subjugué par l’architecture, la beauté sauvage de l’édifice.

-C’est incroyable. Dit-il à Lelith à ses côtés. Ça a dû prendre des dizaines, que dis-je, des centaines d’années à bâtir.

"BOOOOOUM"

Le souffle de l’explosion fit se jeter à terre Lelith et le capitaine. Des fragments de roches pleuvaient, une épaisse poussière entourait l’avant de l’édifice. L’on entendit tousser, des jurons, et une Boa, visiblement fâchée qui gueulait.

-Et moi regarde, j’ai créé une porte. Ça m’a pris quoi .. Dix secondes. Onze à tout péter.

-Barrick espèce de taré ! J’ai dit qu’il fallait rester discret !

Le capitaine, Lelith et le reste du groupe se regroupèrent à l’entrée, pendant que Barrick, haussant les épaules aux engueulades de Boa remit son sac, ramassa son “arme” et pénétra dans la tombe, bientôt suivie par les autres. Au détour de quelques couloirs, ils stoppèrent.

Un tas, un énorme tas, non. Une montagne d’or se dressait devant eux. Une vaste crypte, recouverte d’or, d’argent, de pierres précieuses, certaines aussi grosses qu’un homme. Au centre, une immense statue représentait un animal. Un jaguar d’après Boa. Même Lelith, habituée aux richesses propres aux elfes, restait sans voix. Elle n’avait jamais vu autant de métal précieux. Jon’son lui avait les yeux grands ouverts, de la bave coulait à la commissure de ses lèvres. Plus d’or et d’argent que dans ses rêves les plus fous.

-Euh … ok, les gars, ramasser tout ce que vous pouvez, prenez ce qui semble avoir le plus de valeur, les pierres surtout !

Tous poussèrent un cri de joie ! C’était l’heure de la récompense.



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Désormais chargés comme des mules, les poches, les sacs, les besaces plein d’or, la troupe se pressa vers la sortie. Leur but, déposer les richesses accumulées à l’orée de la jungle où les hommes de Jon’son attendaient. Charger les caisses et retourner se remplir les poches.

Hélas, le plan tourna court. A peine eurent-ils mis le pied dehors qu’un hurlement glacial, féroce, bestial se fit entendre. Devant eux, gigantesque, un immense lézard se tenait debout, sur ses pattes antérieures, portant un gigantesque marteau. À ses côtés, une douzaine de lézards plus petits, portant de grandes crêtes rouges, armés d’épées en pierre et de bouclier d’écailles leur barraient la route.

Boa se figea, murmurant, sa voix tremblant d’une peur certaine.

-Hommes lézards … nous devoir fuir. Vite !

Un nouveau cri. La horde de petits lézards se précipita vers le groupe, parcourant la moitié de la distance les séparant en quelques secondes tandis que, derrière, le gigantesque lézard peinait à suivre la cadence. Le groupe se prépara à encaisser la charge.

"Djiiii tatatatatatatatatatatatatatatatatata"

Un bruit assourdissant retentit, les skinks furent fauchés comme des blés par des projectiles invisibles, littéralement démembrés par la pluie de plomb. Lelith tourna la tête. L’étrange canon du nain tournoyait vivement, une épaisse fumée noire s’en dégageant tandis que des flammes jaillissaient des tubes. En un instant c’était fini.

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- Courez !

Le capitaine beugla l’ordre tandis que tout le monde, la surprise passée, fonça vers le Kroxigor qui avait stoppé, l’air stupide, se grattant le museau, observant les skinks décédés.

- Tuez-le !

-YAAAAAAAAAAAAAAA !!!

Profitant d’un élan de courage insoupçonné, la demi-portion fonça, un tranchoir dans une main, une poêle à frire dans l’autre, attaquant de face le monstre.

“paf”

La poêle frappa le mollet du saurien. Plus haut point que pouvait atteindre le halfling. Le kroxigor baissa la tête, regardant un instant le petit machin.

“SPLASH !”

Il abattit son gourdin, réduisant en pulpe la cuisinière. Seule la poêle à frire, toute tordue revola jusqu’au groupe, abasourdi.

-Maïté !!! Nan !!


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Pris de rage par la mort de l’un des leurs, le groupe, dans un hurlement de rage fonça comme un seul homme. L’orc et le saurien échangèrent des coups, mais rien ne semblait pouvoir perçer son cuir. Boa sauta sur la tête de l’orc, prenant appuis pour bondir à hauteur du visage du kroxigor, lui tailladant le museau de sa lance. Elle se laissa tomber dans le dos de son adversaire. Sous le coup de la rage et de la douleur, il se retourna pour saisir l’amazone, mais se retrouva nez à museau avec Boom.

-BOOM !

L’ogre cria son nom, en concert avec son canon qui, dans un “boom” assourdissant, projeta tout un ramassis de merde rassemblé depuis le début du voyage. La déflagration et les projectiles improvisés, à une si faible distance pulvérisèrent le kroxigor, ne laissait que ses deux pattes musclées qui tombèrent lourdement au sol.

- Fuyez pauvres fous !

C’était la débandade. Ils coururent à travers le découvert jusqu’à la lisière de la jungle. Atteignant le point de rendez-vous pour se rendre compte que les lézards les avaient précédés. Les hommes de Jon’son avaient été massacrés jusqu’au dernier. Six sauriens se tenaient là, attendant le groupe. Plus petits que celui à la masse, mais bien plus grands que ceux que Barrick avait décimés. Comme un seul homme, ils avançaient vers les étrangers. Leurs armes étaient constituées de longues lances en pierre, bardées d’os et de dents tranchantes. Leurs boucliers d’écailles semblaient à même de résister aux armes les plus lourdes.


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La troupe se prépara à l’impact. C’est alors que le gobelin sauta depuis son abri relatif sur le dos de l’orc. Il se plaça devant le groupe, dans une position signifiant son intention de les protéger. Il avala le contenu d’une flasque avant de croquer un champignon. Il poussa un rugissement. Des éclairs jaillirent de son corps duquel émanait une lumière verte éclatante. Il sembla grandir de plusieurs pouces tandis qu’il invoquait les vents de magie. Le ciel se déchira, les ténèbres couvrirent la jungle. Les sauriens s'arrêtèrent. Même eux pouvaient sentir le déferlement de puissance brute qui émanait du gobelin. Dans un craquement, un gouffre perça les nuages et la forme vague d’un pied gigantesque, vert, se dessina.

-Gork !

L’orc sauta de joie, son dieu se manifestant devant ses yeux. Le pied fendit le ciel, s’abattant lourdement.

Sur le gobelin.

En l’espace d’un instant, tout fut terminé. Le ciel redevient bleu, les sauriens reprirent leur marche. Du gobelin , seul subsistait une flaque reposant au milieu d’une trace de pied géante.

-WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGH !

L’orc chargea, son kikoup et sa hache à la main, littéralement vert de rage. Il sauta dans le tas, fracassant deux sauriens presque instantanément. Le reste du groupe fonça à la suite, mais le temps qu’ils rejoignent la mêlée, c’était terminé. Les sauriens avaient tous été massacrés et l’orc, dans un dernier sourire satisfait, leva le poing au ciel “...Gor …k …”



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Ce n’était plus désormais une chasse au trésor, mais une fuite pour leur vie qu’entreprirent les survivants. Bien amoindrie, la troupe pressa le pas à travers la jungle. En moins d’une journée, ils parcoururent un bon bout du chemin du retour. Fort heureusement, les sauriens ne semblaient pas les poursuivre. Du moins, pour l’instant, il n’y avait aucun signe d’eux. Épuisés, les mercenaires durent prendre un moment de repos. Le ton monta alors que chacun exposait son point de vue sur la situation dans laquelle ils se trouvaient. Lelith, Jon’son et Boa étaient d’avis de retourner le plus vite possible au navire et de fuir. Barrick et Boom ne voulaient pas abandonner l’or. L’autre humain, lui, comme à son habitude ne disait rien.

-Sylvestre, ton avis ? J’aimerais l’entendre pour une fois.

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L’homme soupira, puis, les yeux rivés sur le sol, sortit de son mutisme.

-Nous avons profané les tombeaux de leurs Dieux. Il n’est plus question d’or ou de navire. Nous ne sortirons probablement jamais en vie de cette jungle.

Des paroles rassurantes. Devant l’absence de poursuivants, ils s’autorisèrent quelques heures de sommeil. Sylvestre, lui, monta la garde. Lelith fut la première à ouvrir les yeux. Son sommeil ne fut guère réparateur. Le soleil était déjà haut, la chaleur, accablante. L’humain posa son regard sur l'elfe, lui faisant signe de rester silencieuse autant que possible. La noble se dirigea vers lui, prenant place à ses côtés.

- Rien à signaler ?

-La jungle… Semble plus silencieuse qu’à l’habitude.

Utilisant ses yeux et oreilles d’elfe, Lelith concentra ses sens sur son environnement. Scrutant le moindre mouvement de broussaille, guettant le moindre murmure. Rien, hormis le souffle de ses compagnons. Mais il en manquait un.

- Où est le nain ?

- Parti pisser. Maintenant, que vous le dites, ça fait un moment.

-Il faut le retrouver.

Jon’son s’était glissé derrière eux. Doucement, ils réveillèrent leurs compagnons et tous, même l’ogre, se mirent en quête du nain, par groupe de deux.

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Lelith progressait furtivement aux côtés de Jon’son. Guettant le moindre signe de leur compagnon court sur patte. Bientôt, un sifflement, rythmé, comme une chanson dont je tairais les paroles. Une voix bourrue, rustre. Soupirant, le capitaine et la Druchii se dirigèrent vers l’origine du bruit. A l’orée d’une minuscule clairière, ils le trouvèrent. Ce dernier, apercevant ses compagnons d’infortune, les harangua.

Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Seul un gargouillis, alors que le sang jaillissait de sa gorge tranchée. Lelith et Jon’son figèrent. Choqué. Un instant, plus tôt, le nain était là. Et maintenant, il était au sol, se vidant de son sang. Pendant une fraction de seconde, ils le virent. Deux yeux jaune vif, brillants. Un corps musclé, taillé pour la vitesse, l’agilité. La chasse. Aussitôt, il se fondit à nouveau dans le décor, tandis que le Barrick agonisait.

-CONTAAACT !!!!

Jon’son, vif comme l’éclair s’empara des pistolets qu’il porta à la ceinture, tirant en direction de l’assaillant invisible. Une fois, deux fois… Cinq de ses pistolets gisaient déjà à terre tandis que lui et Lelith s'élançaient. Elle s’empara des grenades du nain, par réflexe. Le capitaine lui ramassa le canon de son défunt compagnon, actionnant son mécanisme. Dans un hurlement infernal, le canon cracha la mort dans la direction supposée de l’assaillant. Le duo fut rapidement rejoint par leurs compagnons. L’amazone tirant flèches après flèches, Boom vidant et rechargeant son canon aussi vite que possible. Lelith et Sylvestre lançant grenades sur grenades.

“clic clic clic”

Après un long, très long instant, le canon s’enraya, dans une gerbe d’étincelles, il rendit l’âme, désormais inopérable. Le reste du groupe cessa également de faire feu, guettant attentivement le moindre mouvement. Face à eux, sur une centaine de pieds, la jungle n’était plus. Fumée, arbres en éclats, végétation en lambeau. Une chose était certaine. La créature ne pouvait avoir survécu à cela.

La fuite vers l’avant repris, désormais chacun était sur ses gardes, surveillant le sol comme la canopée. L’allure en étant fortement réduite, mais aucun ne s’éloigna des autres de plus de quelques pas. Boa faisait de son mieux pour guider le groupe malgré la terreur qui se dessinait sur son visage. Lelith quant à elle, parvenait à garder son sang-froid. La créature était morte, elle en était certaine. Bien qu’après de longues minutes, nul cadavre ne fût retrouvé. Voyant la peur sur le visage de l’amazone, elle décida de l’interroger, alors même que le groupe progressait. Le navire n’était plus qu’à une journée de marche.

- Tu sais de quoi il s’agit, n’est-ce pas ?

-Toi avoir vu nain mourir ? Comment arriver ?

- Quelque chose d’invisible est venu, puis a disparu en un éclair, après lui avoir tranché la gorge jusqu’aux oreilles.

-Huanchi … Jungle venir et nous prendre tous.

L’amazone tremblait. S'agit-il simplement d’une légende ? D’une simple superstition ? La Druchii ne fut pas capable d’en obtenir plus. Toutefois, la peur donna des ailes à l’amazone et la progression se fit plus rapide. Malheureusement, après plusieurs lieux, Jon’son ordonna une halte. Boom était à la traîne, l’ogre vieux et gras ne pouvant tenir davantage la cadence effrénée de leur fuite. Boa leur fit clairement comprendre qu’ils ne pouvaient pas s’arrêter. Le temps n’était pas leur allié présentement, et les chances de s’en tirer vivant diminuaient d’autant que le soleil descendait paresseusement à l’horizon. Une fois la nuit tombée, ils seraient tous morts.

-Je vais rester avec lui, une fois qu’il aura repris des forces, on vous rejoindra.

Lelith et Jon’son fixaient Sylvestre. Tous trois savaient que c’était clairement un voyage sans retour. Si il restait, son sort était scellé. Sylvestre, lui de son côté se disait que ses chances étaient plus grandes. La stature et l’imposant armement de l’ogre suffirait certainement à garder un éventuel assaillant à distance. D’un commun accord, le groupe se sépara.

Le navire n’était plus qu’à quelques lieux. Débarrassés du poids mort qu’était l’ogre, Lelith, Jon’son et Boa couraient aussi vite qu’ils en étaient capables. Il était nul besoin de dire que tous trois n’avaient guère l’intention d’attendre leurs compagnons. Mais plutôt de fuir, avec le peu d’or qui leur restait encore. C’était déjà une petite fortune. Au-dessus d’eux, la canopée s'éclaircit doucement. Les rayons du soleil et la vue du ciel perçaient le couvert des arbres par endroit. Et, parfois, il était possible de distinguer l’une ou l’autre mouette. La côte était proche.



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Sylvestre avançait, lentement derrière un ogre qui se mouvait péniblement. La puanteur de ce dernier et la moiteur de la jungle rendait le tout insupportable, même pour un solide gaillard comme Sylvestre.

- Aie !! Boom piqué !

L’ogre sauta sur place, surpris, il laissa tomber son canon qui se fracassa sur son pied gauche. Il poussa alors un cri de douleur puis s’arrêta soudainement, immobile. Il leva sa main jusqu’à son visage, tout en fixant, en louchant, la fléchette plantée entre ses deux yeux.

-Ça faire bobo …Quoi …

Il tomba lourdement sur le dos, une écume blanchâtre, moussante coula abondamment de sa bouche grande ouverte, puis il fut pris de spasme musculaire extrême, tout se corps se contorsionnant dans des mouvements qu’il était certainement incapable de faire en temps normal. Sylvestre, sans demander son reste, prit ses jambes à son cou. Dans la précipitation, il chuta une demi-lieue plus loin, se tordant la cheville au passage. Désormais, dans l’impossibilité de courir, l’homme sentait sa fin approcher. Toutefois, il mourrait comme il a vécu, en combattant. Il se traîna encore sur quelques centaines de pieds, son assaillant jouant visiblement avec lui, savourant l’odeur du gibier terrorisé. Sylvestre, tant bien que mal, arriva à traverser un tronc d’arbre, surplombant un précipice. Il soupira. Il implora son dieu de lui venir en aide alors qu’il se dressa, perdu, seul au milieu de ce pont de fortune.



__________




“Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!”

Jon’son stoppa sa course un moment, tendant l’oreille. Les filles, elles continuèrent, distançant désormais le capitaine. Nul doute, ils n’étaient plus que trois. Le capitaine reprit sa course, mais une violente douleur au mollet droit le coupa dans son élan. Il tomba à terre. Une flèche de bambou, de deux pieds de long, avait transpercé sa jambe de part en part. Hurlant de douleur, il rampa, tentant de fuir les lieux avec l’énergie du désespoir. Son manoir, son titre, il était hors de question que cela lui échappe. Il avait pillé, volé, tué, trahi trop fort pour en arriver là. L’humain sentit une puissante poigne le saisir à la nuque, le soulevant du sol avec aisance. Son assaillant se matérialisa. Monstrueux, difforme, aux yeux désynchronisés, sans cesse en mouvement, guettant chaque coin et recoin. Ce que Jon’son prit pour un rictus sembla se dessiner sur les lèvres de l’horrible créature. Une vive douleur saisit le capitaine alors que la créature venait de planter un poignard en os de deux pieds dans son entrejambe, puis remontait doucement, éviscérant Jon’son lentement. Il fixa le saurien qui lui ôtait doucement la vie. Un détail attira toutefois son regard. Attaché à l’une des ceintures de corde végétale du Skink, les têtes de tous ses mercenaires pendaient, arrachées violemment à leur dépouille, la colonne encore fixée à la base du cou. La lame remonta jusqu'à la nuque de Jon’son et, de deux coups d’une précision chirurgicale, le saurien décapita l’humain, gardant la tête tandis que le reste de son corps, éventré, chuta lourdement au sol. Il resterait là, jusqu’à ce que les bêtes sauvages de la jungle ne s’en repaissent.

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__________




Enfin, l’air pur, salé du large se faisait sentir. Le bruit des vagues et, enfin, la mer. La vaste étendue azure s’étendant à perte de vue. Par une chance inouïe, le bateau n’était qu’à une centaine de pieds de là. La chaloupe ayant coulé, sans prendre le temps de réfléchir, Lelith et Boa se jettent à l’eau, nageant en toute hâte jusqu’à la sécurité relative du navire. Une fois à bord, les deux derniers hommes de l’équipage, restés là pour garder le bâtiment, questionnèrent presque immédiatement l’elfe et l’amazone. Ne tolérant guère son ton, Lelith s’apprêtait à l’occire quand quelqu’un, ou plutôt quelque chose s’en chargea pour elle. Un poignard traversa l’homme de part en part, le soulevant du pont, avant de l’envoyer par-dessus bord. L’agresseur se matérialisa, face à Lelith. Boa tenta de l’attaquer avec sa lance, profitant d’être derrière lui, mais, grâce à ses yeux, il dévia aisément l’attaque, attrapant la jeune femme par la gorge et la précipitant contre le mât central avec force. Fatiguée de fuir, la noble dégaina son épée, prête à défendre chèrement sa vie. Elle esquiva la première attaque du saurien, malgré sa vivacité. Le bougre étant sacrément plus rapide que les skinks rencontrés précédemment. Elle esquiva la seconde attaque, para la troisième, et parvint à blesser son adversaire d’une attaque de taille, entaillant la cuisse de la bête. Il poussa un cri guttural, chargeant à nouveau l'elfe. Son épée manqua, mais son poing trouva le chemin du plastron de Lelith. Le coupa lui coupa le souffle, la soulevant du sol. Elle retomba lourdement, toussant, crachant un filet de sang. La main du saurien se redressa autour de sa gorge, la levant doucement vers lui. Le même rictus mauvais se dessina tandis que son poignard approchait le bas-ventre de Lelith.

L’elfe fut plus rapide. Elle s’empara de sa dague dissimulée, qu’elle planta dans l’oeil gauche du saurien. Il poussa un cri de douleur et relâcha l’elfe. Il arracha la dague de fer noir de sa blessure, la jetant dans l’océan, avant de se tourner vers l’elfe qui gisait au sol. Elle n’était plus là. Il fit volte face. La druchii avait rampée quelques pieds plus loin, à l’abri. Alors qu’il s’avançait d’un pas lourd vers elle. Un cri, provenant de sa gauche le héla. Il tourna la tête, son œil gauche désormais crevé.

“BOOOM !”

Le Skink explosa, son cadavre désarticulé projeter une vingtaine de pieds plus loin par la déflagration. Un sang violacé avait abondamment recouvert le pont, les voiles et Lelith. Boa, aidée par le dernier membre d’équipage en vie, avait profité que Lelith détourne l’attention du monstre pour charger l’un des canons et s’en servir contre. La Druchii soupira. Le calvaire était enfin terminé. De l'expédition, il ne restait plus qu’elle et Boa. Du trésor, quelques pierres précieuses. L’amazone aida Lelith à se relever, souriante. Elle semblait reconnaissante envers l’elfe. Inconsciemment, sans doute, la Druchii avait permis à la jeune humaine de garder le contrôle de ses émotions, et de mener les survivants sur la bonne piste.

La noble montra la flaque de sang violet au sol, désigna ensuite le marin survivant, lui jurant que s'il ne les menait pas à bon port à partir de maintenant, il serait le prochain. Aidée par Boa, l’elfe rejoignit la cabine du capitaine, afin de jeter un œil sur ses blessures et, évidemment, de profiter abondamment de toutes les commodités du lieu en compagnie de l’amazone.

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Lelith Dar'Khan, Noble de Har Ganeth
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Yan Xishan
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Yan Xishan »

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Yan Xishan avait été, en tant que l’un des seigneurs de guerres des plaines, convié à assister aux festivités de la théocratie de Sainte Sarah Lénor. En tant que première puissance des plaines, il avait à se soumettre à l’invitation aux festivités. Il faisait mauvais de refuser la grâce de l’hégémon régional. Surtout après que les orgueilleux dirigeants de la cité libre de Maharta lui aient refusés tribut, pour mieux se retrouver enchaînés par ses armées.
Comme d’autres plénipotentiaires, il eut à se plier à un sempiternel rituel d’honneur à son Dieu-Homme. Comme d’autres, il eu à courber l’échine, feindre la vénération de son culte qui n’était rien d’autre qu’une manière détourner pour la cultiste d’obtenir leurs dévotions envers sa propre personne…. Puisse elle noyer dans son vomi.

Puis les génuflexions publiques furent terminées.

Néanmoins, contrairement aux autres célébrations du solstice d’été, cette année était différente. La grande église dans laquelle ils allaient devoir rester debout dans le froid, à écouter des chants ennuyeux et des mauvais musiciens, la thaumaturge autoproclamée avait fait changer les lieux.
C’était beaucoup moins austère. Des braseros avaient été installés, réchauffant les lieux. Une odeur d’épices et de parfum flottait dans l’air. De nombreux bancs avaient été installés, tournés dans la même direction, vers le milieu du transept. De curieuses structures surélevées se trouvaient un peu partout, sur lesquelles on avait posé des coussins.

Yan Xishan trouvait étrange que l’on ait installé de la literie dans un lieu de culte, mais la patronne était de toute façon un peu dérangée, comme le prouvait les statues d’hommes nus ou semi-nus au sexe uniquement dissimulé par des peaux, au dehors du lieu.
Une estrade de sculptures…. Provocantes, et d’un autel agrémenté de représentations disons diverses et très expressives, complétait le tableau. Par ailleurs, des nombreuses alcôves sombres s’ouvraient sur les côtés, dont l’intimité était dissimulée par de lourdes tentures pourpres.
Les ‘’invités’’ se regardaient les uns les autres avec des visages de curiosité ou d’étonnement.
Du côté de la nef se tenaient plusieurs personnes dotées de cagoules de cuir, n’inspirant guère confiance.
Yan Xishan regretta alors d’avoir laissé ses armes à l’entré. Il eut sans doute été prudent de dissimuler un couteau dans sa botte, ou quelque aiguille à cheveux dans sa coiffure.
Haussant les épaules, il parti s’installer sur un banc pour observer de loin tout ce cirque, avec à ses côtés son guide. Chaque invité était accompagné d’une ou un serviteur, afin d’aider aux ‘’échanges culturels et fraternels’’ comme disait l’autre, en vérité pour mieux les surveiller. C’était la même histoire chaque année. Quiconque d’étranger venait dans les cités tenues par la fanatique était immédiatement reconnu comme xéno, car les indigènes avaient pour loi de tous porter en permanence un genre de babiole sur leur atour. Il changeait chaque année, ce qui rendait l’imitation difficile. Son guide en avait un. Une espèce de carré de cuivre, percé d’un quartz rose. C’était bien différent des plaquettes en bois qui étaient imposées aux sujets des territoires qu’il avait conqui.

Un gong fut actionné. Silence immédiat. Tous les invités qui s’étaient mis à chuchoter se taisirent. Puis un mouvement à l’arrière salle trahit le déplacement grand homme affublé d’une toge violette et une étrange coiffe conique. Il s’avança jusqu’à l’estrade centrale et salua silencieusement la foule. De son banc, il pu constater que l’individu était vieux, sec et défraîchi. Pas le genre à sauter sur les toits ou monter à cheval pour courser la paysanne.
Un taré dans ce genre là s’était pris un proche sur le crâne une fois. Il en était mort. Bien fait pour sa gueule.
Le prêtre, thaumaturge ou anachorète ou peu importe son titre ronflant et ambigu issu du lexique incompréhensible du monde religieux, prit alors la parole pour s’exprimer en des termes ennueyux et inintelligibles à quiconque n’ayant pas fait trois ans d’études théologiques. C’est à dire à peu près tous les spectateurs. Il était question de la recherche de soit, l’amour du prochain, l’univers, les soupirs du Néant, la recette du gâteau bourratif, de fautes avouées à moitié pardonnées, les tentacules de la tentation de Twi Ter. Il parla aussi de personnages importants dans l’histoire de leur secte, comme Cato le Bien Membré, Nihilia l’insoumise ou Triturus le Libéré, à qui cette fête du solstice était apparemment dédiée.
Vingt minutes à écouter ce prêchi-prêcha en essayant de ne pas s’endormir tant à la fois à cause du discours que de l’étrange odeur dans l’air.
L’assistance était assez calme, détendue, ponctuant parfois les déclarations du prêtre par avec une onomatopée ou quelques applaudissements. Enfin ça c’était surtout du fait des guides et quelques invités assez polis pour les imiter. À chaque couplet, une jolie brune derrière le prêtre agitait un petit tambourin qui faisait un son cristallin. Yan Xishan en conclu que sa fonction servait à empêcher les spectateurs de roupiller.

Le gong sonna une seconde fois. Cette fois ci un murmure s’empara de la salle puisqu’une silhouette se profilait depuis l’arrière du temple. C’était une femme au déhanché hypnotique et légèrement vêtue. C’est là que son esprit à moitié embrumé se réveilla pour lui faire remarquer qu’il s’agissait de la ‘’Sainte’’ Sarah Lénor. Celle ci agitait un curieux encensoir avec des poudres incandescentes. Cette femme aux cheveux de feux rejoignit sur l’estrade le prêtre décrépi qui les transformait en somnambules depuis un moment, en laissant derrière elle un nuage jaune et puissant, dont le parfum lui était inconnu. C’était juste comme sucré.
Sa robe était cintrée et ornée de replis satinés, éblouissante et aussi déconcertante par la manière dont elle était ajournée, puisqu’on pouvait distinguer sa chair sous des angles multiples. Par ailleurs, plutôt que ses pieds nus usuels, elle portait des bottes de cuir à talons pointus, ce qui était très étrange dans le contexte religieux, ne la rendant que plus fantasmatique aux yeux de l’ordinaire. Il sentait une légère chaleur s’emparer de lui.

Était ce la même personne qui avait fait battre à mort des catins trop lentes à cesser leur activité dans les murs de sa capitale ?

Comme plus un bruit ne venait se réverbérer au plafond pour être renvoyé par les amphores acoustiques, elle débuta un discours d’une voix claire et autoritaire.

Soyez les maîtres de vos destins, mes fidèles amis, car ceci est votre place ! Voyez jusqu’au fond de vous même dans le grand sanctuaire d’Atharti ! Ne laissez personne vous juger, sortez de vos rêves, affrontez vos envies, délivrez vous de vos secrets ! Rejoignez-nous enfin dans le grand Partage de nos âmes !
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Du reste du ‘’festival’’, le seigneur de guerre n’avait qu’un souvenir très partiel. Il se souvenait s’être retrouvé dans un lit, avec son guide, ou bien était-ce quelqu’un d’autre. Puis une troisième personne, il n’aurait su dire qui, les avait rejoint dans leurs ébats. Puis sa tête avait servie de siège à quelqu’un s’étant assis dessus pour le reste du temps. Après ça, plus rien en tête sinon qu’une histoire de gâteau ?

C’était un bien étrange solstice qu’il avait passé là.
Si un est supérieur à d'autres, alors il doit protéger ceux lui étant inférieur. Et si un est inférieur, alors il doit uniquement s'acquitter de sa tâche diligemment. Le rang ne fait pas l'individu, mais les individus font leur rang.
Ceux qui changent selon leur rang sont de petits hommes. A l'inverse, ceux qui s'acquittent de leur tâche - qu'elle soit aisée ou difficile - diligemment, peu importe leur rang, sont ceux qui sont nommés "nobles". Pour parvenir à un but, il n'y a pas une méthode mais plus de dix.
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Thalysandre »

Image Le jour le plus long, le plus chaud, le plus grand, le plus ensoleillé d'Ulthuan. À son zénith, le soleil illuminait l'île continent avec une force inégalée, faisant tout resplendir dans une nitescence ambrée. L'astre à son Zénith, en cette année là, révélait une civilisation elle même à son zénith. Les vents de magie coulaient avec calme et splendeur dans un Ulthuan en paix. La lumière d'Asuryan bénissait ses enfants, et les elfes célébraient chacun à leur manière. On n'avait pas besoin d'une tradition précise pour se forcer à se réjouir en ce beau jour, alors chacun s'y prenait de sa manière. Avelorn se recueillait dans la vénération d'Isha, Chrace s'amusait dans des concours physiques et de chasses, Naggarythe organisait des joutes entre nobles qui s'amusaient de démontrer leur supériorité martiale tout au long du jour le plus interminable de l'année.

Partout on célébrait Asuryan. Tous ses temples, de Tor Anlec jusqu'aux rives illuminées d'Eataine, les elfes se pressaient dans les temples du père céleste pour se recueillir ou célébrer. Quelques rites personnels leur permettaient de communier avec leur dieu en ce jour béni.

La joie des elfes prenait des ampleurs ésotériques, et il n'était pas un temple où la ferveur religieuse, ainsi peut-être qu'un certain opportunisme n'avait encouragé le clergé à offrir quelques impressionnantes représentations. Partout, des spectacles éclatants et brulants de foi ravivaient les yeux de milliers d'elfes, beaucoup venus simplement pour voir des prodiges, danses chants et démonstrations magiques et divines de sons et de lumières.
Image
Mais dans chaque ville aussi, à côté des grands rassemblements de ces temples immaculés, quelques temples mineurs accueillaient des foules bien plus modestes, en quantité comme en qualité. Ils étaient un certain nombre à sacrifier pour Mathlaan, maitre des océans, d'autres à Kurnous ou encore Ellenill pour obtenir la protection de dieux plus spécifiques. Dans des recoins infiniment plus sombres et déserts encore, on trouvait ces petits temples dévoués aux dieux elfiques mineurs, ceux qu'on avait que peu de bonnes raisons d'honorer, mais que les elfes respectaient suffisamment pour que quelques fidèles opiniâtres s'en viennent à eux plutôt que vers les temples de dieux plus communs. À Tor Anlec justement, dans un recoin oublié au détour d'une ruelle plutôt sombre, une structure de pierre rougeoyante se dressait comme un dard incandescent. Elle était belle, cette demeure dédiée à Addaioth, mais si humble, noyée qu'elle était dans une civilisation infiniment florissante et prospère.
Image Addaioth était un petit dieu sans doute oublé, autant pour de bonnes que de mauvaises raisons. Il n'était pas un dieu bienfaisant, pas un dieu dont il ferait bon d'attirer l'attention, ou même la protection. C'était un dieu sombre, mais son cœur brulait, il brulait d'un feu incandescent et éternel. Addaioth était le dieu du feu. Colérique. Violent. Incontrôlable, même par et pour lui même. Une divinité de l'ombre, capricieuse, destructrice, fière, et dangereuse. C'était néanmoins un dieu elfique comme les autres. Il était l'incarnation d'une facette de la personnalité et des valeurs des elfes. Et surtout, pour un dieu aussi sombre, il était ardent, ignescent, et presque éblouissant à sa manière.

Image Alors en ce jour où le soleil brûlait plus intensément que nulle autre, le faible nombre des fidèles d'Addaioth à Tor Anlec s'était réuni pour procéder à divers rituels pour rendre hommage au dieu qu'ils respectaient personnellement le plus.

Des prêtres et prêtresses en robes rouge sombre plutôt simples, brodées en doré de la rune d'Addaioth, allumèrent d'abord un grand brasero dans l'obscurité moite du temple à demi enterré. On se croyait presque sous l'abysse d'un volcan, écarté des lumières extérieures par d'épais murs de pierre. La rougeur intense du feu crevait les ténèbres avec une ardeur redoublée par l'antipéristase. Les fidèles admiraient la chose avec un recueillement douteux.

Les clercs portaient de grands cierges allumés avec lesquels ils allumèrent un à un de petits braseros accrochés aux murs. Cependant, quelques novices exécutaient de vagues pas de danse autour de la grande flamme centrale. Puis d'un coup, on fit tomber des rideaux, et les rayons du soleil, tels de minces filins concentrés dans les petits vitraux, convergèrent avec force vers le centre de la salle, l'éclairant au même coup, laissant voir flotter de petits grains de poussière dans chaque coin de la pièce.

Quelques mains s'entrechoquèrent dans des applaudissements étouffés, comme les prêtres saluaient, très satisfaits de leur humble spectacle. Les elfes présents devaient être une grosse trentaine... en comptant les clercs. Le public civil était varié, mais presque tous étaient des jeunes soldats excités, avec quelques anciens très solennels. Tous étaient intéressés par la valeur intrinsèque et philosophique du dieu Addaioth, et voyaient ses défauts comme des qualités mal comprises. Une fascination lancinante les poussait à célébrer ce culte avec la même ardeur que d'autres elfes avaient pour les cultes d'Asuryan ou Isha exactement au même moment. Ils étaient innocents dans cette vénération cependant. Il y avait une sorte de camaraderie qui s'était formée au sein de la petite communauté et ils étaient heureux de se réunir et de se serrer les coudes pour pour célébrer leurs rites modestes.

Parmi eux se trouvait un jeune soldat, à peine revenu de campagne et encore tout frais, la mine à peine déformée par les quelques heurts subis au delà des mers. C'était Thalysandre.
Image Il avait fait exprès de gâcher sa permission pour revenir à temps pour le rituel du temple d'Addaioth, et il repartirait dès le lendemain pour les colonies combattre au nom de son prince, mais pour l'heure il se réjouissait surtout d'être ici, dans la chaleur réconfortante du temple d'Addaioth. Ses parents lui avaient bien dit, et l'avaient férocement tancé à ce sujet, que faire des sacrifices à Addaioth et dépenser une part de sa solde en don pour ce temple quand il devrait se préparer à retourner au combat était une mauvaise idée. "Tu ferais bien mieux de te rendre de ce pas au temple de Khaine et de donner des offrandes au dieu à la main sanglante. Quand j'avais ton âge, je m'y rendais tous les jours pour prier et me recueillir !" lui avait clamé son père. "Un guerrier doit prier le dieu de la guerre ! Tu ne peux t'en sortir sans sa protection sur le champs de bataille !" lui avait ressassé sa mère.

Alors Thalysandre avait aussi fait un petit don au temple de Khaine, juste pour les faire taire. Tant pis s'il ne pourrait plus s'acheter de quoi manger pour les prochains deux mois. Il tenait absolument à assister aux oraisons du temple d'Addaioth et à y faire lui même un sacrifice.

Justement, après avoir remercié la "foule", un prêtre se tourna vers Thalysandre avec un sourire tendre.

"Il est heureux que nous puissions compter sur nos fidèles. Alors, montre nous les offrandes que tu as apporté Thalysandre.

- Tout de suite."

Thalysandre souriait comme un idiot. Il eut presque le souffle coupé tant il était excité.

"Alors, j'ai ici une bouteille de vin Limpa...

- Très bien.

- Et deux volailles à sacrifier. Enfin, vous savez...

- Oui oui, on m'a dit. C'est une très bonne idée que tu as eue."

El prêtre s'adressa à l'assistance.

"À Addaioth, nous allons offrir ce vin divin, ainsi que le corps et le sang d'un animal. Pour que le sacrifice soit d'autant plus spectaculaire et digne de lui, nous ne tuerons pas nous même le coq, mais laisserons deux oiseaux s'entretuer. Ainsi, une démonstration de force et de vigueur symbolique se produira devant l'autel en ce jour de solstice, pour le seul plaisir du dieu du feu."

Quelques murmures d'assentiment tiède se firent entendre. Un vieil elfe hurla que c'était scandaleux et que de son temps on aurait fait se battre deux elfes, mais un jeune le fit taire en lui signifiant que dans un pays en paix c'était hélas trop compliqué.



Dans l'arène, l'animal fait face à son supérieur. Je scrute le bec de mon adversaire. Son plumage roux tâcheté, empreint de petites tâches me ferait presque pouffer derrière mon plumage éclatant déployé en véritable forêt de neige. Je suis Druch'Lakh, un fier coq pur sang de la race des nengwëumbas, coqs blancs de chrace, race la plus noble et distinguée qui soit£. Comment cet être inférieur ose-t-il jeter vers moi ces regards fielleux ? Il me craint, oui, et ile planifie son attaque. Avec dédain, je tourne la tête, mais mon œil latéral ne peux que mieux le scruter de la sorte. Je le jauge, et intérieurement me gausse de ce rejeton de bas étage. Et il ose me défier ? Très bien.

Dans un sursaut vif, le voilà qui bondit. je vois son plumage roux clair se gonfler en une fraction de seconde et ses ailes se déploient avec une fureur diabolique. Je pressens son mouvement, et une hésitation étreint mon cœur. D'un mouvement, j'esquive. La masse de plumes branlante et furieuse file et passe juste à côté de moi, ses serres ne mordant que du vide. Nos regards se croisent, et je regrette de suite mon esquive qui m'a fait paraitre lâche devant une race inférieure.

Je ne lui laisse pas le temps de me railler, je plonge sur lui, bec en avant, cherchant à tout prix à lui frapper le flanc avec assez de force pour balayer les doutes qui pourraient s'emparer du public. Je suis un nengwëumbas, rien ne saurait me vaincre, et surtout pas un coq inférieur dont le panache bleu sombre n'a pas même l'éclat de mes excréments ! Mais, horrible coup du sort, le faquin voir venir mon assaut et contre d'un coup de bec qui nous laisse tous deux aussi sonnés l'un que l'autre.

J'essaye de reprendre l'ascendant aussitôt, sans attendre, alors que mon adversaire lui tourne encore en rond pour essayer de reprendre ses esprits. Mes ailes me portent jusqu'à lui, mais je le manque, et je piaille de rage et de frustration. Chacun reprend sa position, recule les pattes arrières et se prépare à s'envoler. Nous sommes tous deux aussi débordants de haine que d'anxiété. Un doute m'assaille, mais je le chasse aussitôt. Il ne sera pas dit que le grand Druch'Lakh connaitra la peur.

Il s'envole en premier, je l'imite aussitôt. Nos deux silhouettes se croisent dans les airs en un déchirement de plumes et de griffes. Je retombe, blessé. Du sang goutte sur mopn plumage immaculé, rouge sur blanc, éclatant et terrifiant. Mon adversaire reprend sa posture, sans aucun panache et aucune fierté. Il est concentré. Il a peur de moi, alors que je me tords sous la douleur pour reprendre ma posture de dignité. Cette fois, ma rage n'a plus de limites. Dans mon champs de vision, une immense ombre orangée brûle et m'aveugle, mais je me concentre sur l'ennemi avec une force de détermination sans égale.

Mon mouvement me parait se découper, prendre une éternité, pourtant, je m'envole à une vitesse foudroyante. L'ennemi n'est pas en reste, il s'envole et fait front, devant moi, mais je pousse, et ma force domine. Je ne le griffe pas, non, ma force est plus grande que cela.

Je saisis l'adversaire par le poitrail et le plaque en avant. Nos deux corps se posent avec un choc sur le rebord métallique de quelque chose d'immense. Perché là, sur le corps de mon ennemi, je le vois essayer de se redresser avec panique. Sa crête a plongé dans une ombre orange... une flamme ! Un feu brûle, et ronge mon adversaire qui pousse avec une force que j'ai peine à maitriser pour se libérer. Pas de pitié, et pas de pardon pour toit, forban ! Mes yeux s'injectent de sang et de fiel, et j'assène coup sur coup mes coups de bec les plus dévastateurs. La chaleur me fait peur, la flamme inquiète mon esprit, mais la soif de sang, la colère et mon orgueil blessé sont maintenant seuls à dicter mes gestes, mon corps n'obéit qu'à eux. Je frappe. Mon adversaire veut hurler ! Ses plumes prennent feu, les miennes se calcinent. Je frappe jusqu'à sentir le goût du sang, je frappe jusqu'à ce que la t^te carbonisée et asphyxiée de mon ennemi ne soit plus agitée que de soubresauts erratiques, et, comme un démon, je m'envole en sens inverse, m'enfuyant, oui, m'enfuyant loin de cette flamme dévorante. je tombe, me roule au sol dans mon sang, et dans un effort frénétique de guerrier, je lève ma gorge déployée et je chante ma victoire !

Image


Thalysandre repartit, tout souriant, avec le coq vainqueur sous le bras. La soirée se terminait, les elfes se faisaient la bise pour se dire au revoir, et une fois sur le chemin du retour, le jeune soldat contempla la bête féroce qui se remuait dans sa cage.

"C'est que les coqs peuvent vraiment être féroces. Je me demande si je pourrais à nouveau le faire combattre celui là ?"

Ce serait si distrayant. L'air heureux, il prit la direction de son logement tout en notant dans sa tête que la race des nengwëumbas était vraisemblablement la meilleure pour des coqs de combat. Enfin, du moins jusqu'à preuve du contraire. Il s'en souviendrait encore dans quelques décennies, ou siècles.
Thalysandre, Maitre d'arme
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Aia Malékith, aralta condolva !

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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Goraxul »

Extrait du Liber Malefic
Rituel de Sonnstille

Chaque année, depuis des millénaires, la tradition appelle au rituel impie de l'offrande divine pour l'éternel Chaos immatériel. La légende raconte que si le sacrifice n'est pas offert, les dieux se retrouveront et il sera impossible de communiquer avec eux toute une année durant. Malgré la distance qui les sépare de l'Œil de la tempête, cette cérémonie ne doit jamais être oubliée par quelconque fidèle des dieux des ténèbres. Que ce soit un haut cultiste de Norsca ou le jeune orphelin malade de Nuln, tous doivent une dévotion éternelle au terrible soleil et à son épouvantable chaleur cuisante.


Les cultistes devront passer la semaine précédente à récolter les vivres et outils nécessaires pour la journée.


9 Écriture sacrée diverse

8 Prisonniers ennemis

7 Bêtes vivantes infectées de la rage

6 Jeunes enfants sous l'âge de la floraison


Ces offrandes destinées à l'immaeterum ne devaient en aucun cas être nettoyées, étudiées, abîmées, purifiées ou abusées. Transporter avec la plus grande des attentions au centre d'une plaine.


Au rayon du midi, un bûcher devra être érigé et alimenté de rondin et de paille. Un nouveau rond de feux devra être produit, car réutiliser un ancien site portera malheur et apportera son lot de complication.


Commencer la cuisson du dîner avec 3 des enfants les plus gras et moins raides et les bêtes sauvages. Un bouillit est recommandé pour agrémenter la journée des cris et supplications de la viande. Mais tout autre arrangement de viande cuite, crue ou frétillante est acceptable.


Une fois les braises bien ardentes, une lecture simultanée des 9 textes devra être faites par les cultistes. Les mots devront se mélanger pour n'offrir qu'une cacophonie auditive avec les hurlements qui devraient déjà être entamés et les lamentations des survivants.


Lorsque le dernier mot de la dernière phrase du dernier texte sera prononcé, les 8 prisonniers devront être scalpés, écorchés et puis finalement décapités. Les corps seront disposés dans les flammes, les peaux éventuellement tannées et remises au champion du clan en guise d'honneur et les crânes pieutés autour de Sonnstille aux 8 points cardinaux. Celui du plus haut gradé observant vers l'Oeil.


Les 3 jeunes enfants devront prendre les premières bouchées du repas. Pour que la cérémonie continue, le repas doit être consommé.


Finalement, le cultiste en chef devra annoncer le repas comme tel : "Les dieux nous offrent une riche moisson cette année, mangez !"

Toutes les personnes présentes devront répondre ainsi : "GLOIRE GLOIRE GLOIRE" et manger.


Avant le coucher du soleil, les présents devront marcher sur le brasier afin de prouver leur dévotion en récitant l'hymne suivant : "Je ne crains ni Dieux ni homme."


Au coucher du soleil, ce qui reste des enfants devra être offert aux flammes.

"GLOIRE GLOIRE GLOIRE"
Gloire! Gloire! Gloire!


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Goraxul , Élu du Chaos Universel

Fiche Wiki

FOR 10 / END 11 / HAB 7 / CHAR 11 / INT 10 / INI 11 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 8
MAG 0 / NA 2 / PV 80/80
Compétence
  • Ambidexterie : Utilisation sans malus de deux armes à la fois
  • Arme de prédilection : Hache Chaotique/b] : Bonus +1 ATT pour hache, -1 ATT et PAR pour autre arme 1d3 tours
  • Autorité : Bonus de 1 pour interraction avec militaire
  • Chasse : Bonus de 1 lors de tentative de chasse
  • Coriace : Réduction de -1d3 dégats lors d'une attaque contre lui (minimum de 1 dégats)
  • Coup Puissant : Bonus de 1d3 dégats lors d'une attaque
  • Langue Noir : Permer de parler et de comprendre la langue des monstruosité du Chaos
  • Parade : La valeur de parade des armes et bouclier est doublée
  • Résistance Accrue : Bonus de 1 sur tout ses jets d'endurances
  • Sang Froid : Ne subit pas de malus en cas de situations stressantes
  • Sixième sens : Bonus de 1 lors qu'il se sent traqué pour découvrir la source
  • Survie en milieux hostile : Bonus de 1 lors de tentative de survie en milieux dangereux.

Expérience
  • XP 0/625


Armement
  • 2 x Hache Chaotique : 18+1d8 ; 8(16) PAR ; Percutante : 2 jet de dégât, garder le meilleur. Manier deux haches chaotiques en même temps permet de faire deux attaques.
  • Bouclier du chaos : 6+1d6 ; 16(32) PAR ; Déstabilisant : +2 à tout test visant à pousser/renverser ou à résister. Bouclier : relance automatique de la première parade ratée au cours d'un round.
  • L'Éventreuse : 30+1d10 ; 12(24) PAR ; Percutante [2 jet de dégât, garder le meilleur], Épuisante [-1 aux attribut par tour pendant 5 tour, max -4] Lente [+2 en PAR et en HAB pour défendre contre l'Arme]


Armure
  • Harnois du cultiste de Khorne : 10 points de protection partout sauf la tête.
  • Camail : 6 points de protection sur la tête ; Protection de maille à laquelle peut s'ajouter un casque.
  • Casque Noir : 14 points de protection sur la tête ; -1 INI et ATT, -2 HAB


Mutation 1/8
  • Peau écailleuse : Armure naturelle de 4 sur le bras droit.


Argent
  • Couronne : 8
  • Pistole : 0


RP

Kill List
  • 8 x Skavens
  • 2 x Disques de Tzeentch
  • 2 x Soldats Kislev
  • 1 x Homme-bête
  • 1 x Champion de Khorne mort-vivant
  • 1 x Goraxul miroir
  • 1 x Goblin

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Armand de Lyrie
Warfo Award 2021 du Maître Orateur
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Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Armand de Lyrie »

Heure de Paix : Fête Bretonnienne, concomitante au solstice d’été, commémorant l’unification officielle du royaume de Bretonnie.
Les querelles de voisinage sont réglées et achevées ce jour, en même temps que l’on fête l’amitié retrouvée entre communautés par des banquets et des bombances solennelles.
Les-dites querelles peuvent être éteintes par des duels à mort.




2524.
Guaniar, village des montagnes des Irranas.
Duché de Gasconnie/Royaume de Novareno (Territoire contesté).





Sous mon corps, le cheval accélère. Il déploie son galop, élève ses pattes, baisse son encolure. Un cheval qui fonce avec toute sa force, ce n’est plus vraiment un coureur — c’est une créature volante. Lui et moi ne faisons plus qu’un ; lorsque ses sabots battent le sol, je sens la vibration remonter le long de ses cuissots, et venir faire trembler mes cuisses, résonner dans le cœur, trembler dans les oreilles. Je me baisse sur lui, voûte mon dos pour que le vent souffle le long de mon corps — je l’entends siffler dans mes oreilles, je le sens filer dans mes cheveux forcés en arrière. Si mon cheval tombait maintenant, je mourrais en me rompant le cou.

« SUR MOI ! SUR MOI ! SUR MOI ! »

Le chef du conroi hurle comme un demeuré, parce qu’il doit se faire entendre des cavaliers les plus éloignés de lui. Il a une lourde responsabilité sur ses épaules : c’est lui qui nous guide. Les chevaliers de Bretonnie fonctionnent à l’instinct, nous partageons tous les mêmes tactiques éprouvées sur les lices de tournois auxquelles nous participons depuis que nous sommes sortis de l’enfance. Un de nous entraîne tous les autres, ouvre le chemin, est imité par des cavaliers qui forment une herse, puis qui le plus naturellement du monde, entraînent leurs montures pour former une file. Et on gagne en vitesse, on devient une sorte de projectile, d’énorme flèche de chair à pleine vitesse, simplement guidée par d’infimes mouvements sur les rênes ou les éperons.

On charge. On charge. Je tente de trouver ma respiration, quand bien même c’est mon cheval qui fait le plus gros effort. On l’entend hennir, racler ses nasaux alors qu’il souffre pour garder le rythme. Il y a un chevalier devant moi, un derrière. Si un seul d’entre nous renâcle, c’est le carambolage.

On remonte le sentier de terre. On coupe à travers le champ en jachère. On fonce vers des feux de camp, tentes, des chapiteaux, et on atteint un lac de montagne où des gens sont en train de se baigner. On va tout droit vers eux. Les pauvres campeurs lèvent la tête. On va leur rentrer dedans. Alors certains crient, prennent leurs affaires, des mères attrapent leurs enfants en bas âge, s’enfuient à toute vitesse. Certains dégainent des armes — c’est ceux qui ont le plus d’honneur. Beaucoup, paniqués, foncent vers le lac pour se jeter dedans tout habillés.

Allez.
Je serre la mâchoire. Notre chef est devenu fou. Il n’a toujours pas sifflé l’ordre, et il est hors de question de prendre l’initiative.
On fonce.
Allez, allez crie.
Je hurle à travers mes dents grinçantes. L’accident se rapproche. On va percuter quelque chose. Une charrette, un tas de bois. Un gamin qui a pas eu le temps de courir.

« DEXTRE DEXTRE DEXTRE ! »

En même temps, tous les chevaliers du conroi, moi compris, nous tirons de toutes nos forces sur notre main droite. On force la tête de notre cheval à basculer en arrière. On lui foudroie le flanc d’un coup d’étrier. Les chevaux hurlent, crient de douleur — ils freinent en enfonçant leurs sabots dans le sol. Ils tournent de côté, soulevant des cailloux et des mottes de terre. Ils forment un immense nuage de poussière, qui s’élève dans le ciel, poussé par la chaleur caniculaire de l’été — le sol est si sec que l’herbe est brune.

Dix secondes plus tard, nous sommes tous à l’arrêt, alors que le nuage envahit le camp. Tous les pauvres campeurs se retrouvent dessous. Ils toussent, ils pleurent, les enfants hurlent.
Et puis, les diestros arrivent. Certains quasi-nus, certains sans bottes, beaucoup dégoulinants d’eau. Ils foncent vers nous en faisant des bras d’honneur, en offrant des doigts, en courant aller chercher leurs ceintures avec leurs sabres et leurs pistolets — et ils nous inculquent un cours de linguistique :

« CABRÓNES !
– HIJO DE BASTENGO !
– FOLLADORES !
– MORICÓN ! »


Nous sommes essoufflés, et pourtant hilares. On s’esclaffe tous, alors qu’on leur rend les quolibets :

« Truandeaux !
– Buvez pas la tasse, surtout !
Cotcotcot, codeeet !
– On est chez nous ! »


Je ris si fort que j’en avale ma morve. Je pose une main près de ma bouche, alors que je trouve moi aussi une violence à déclamer :

« Dis à ta gueuse que je peux lui faire faire un tour !

– Cocus ! »

Les bonnes choses ont une fin. Le chef de conroi siffle, alors, on frappe tous des étriers et on se tire à pleine vitesse, cette fois en ligne horizontale. On remonte la butte, en laissant les pauvres Estaliens se démerder avec leur poussière.
Il nous faut trois bonnes minutes de trop pour retourner côté Bretonnie. Là-bas, les pages et les valets nous attendent. Sitôt arrivés, on saute de nos selles et on laisse les gens d’écurie se démerder pour abreuver nos chevaux qu’on félicite de belles tapes sur le dos. Et après, c’est entre nous qu’on s’auto-congratule, en s’entre-poussant et en se passant des bouteilles à siffler.
Comme d’habitude, les solstices d’été promettent d’être joyeux.



Mon nom est Armand de Lyrie, j’ai seize ans, et je suis un chevalier de Bretonnie. Cela va faire trois années maintenant que mon père, un puissant comte d’Aquitanie, a frappé mon épaule avec son épée, et m’a envoyé sur les routes de Bretonnie, m’arrachant à ma mère et à ma patrie. Je suis actuellement un page, c’est-à-dire que je suis au service de quelqu’un d’autre — un guerrier ami de mon paternel, qui s’appelle Quentyn de Beauziac. Je m’occupe de sa bannière, de son cheval, je lui porte à boire, et en échange, il m’apprend à me battre, à monter à cheval, à lire et à bien étudier l’histoire de notre patrie. On a beaucoup voyagé ensemble, de tournoi en tournoi, de contrée en contrée. Fut un temps, l’errance était dangereuse pour les preux chevaliers ; mais la Bretonnie est un pays sûr et bon, et d’Aquitanie jusqu’à Brionne, le seul danger que nous avons rencontré, c’étaient des lances d’arçons au cours de joutes courtoises, et des lames émoussées sur des ponts où l’on tenait un pas d’armes.

Aujourd’hui, nous sommes en Gasconnie. C’est la dernière frontière, et un pays fort différent. Ici, il n’y a pas de grands palais, mais des châteaux rugueux et solides. Pas de grands champs de froment ou de vignes, mais d’immenses pâturages montagnards servant aux bergers. On craint les peaux-vertes, assez pour que nous ayons croisé beaucoup d’hommes d’armes qui refusaient tous les duels qu’on pouvait leur lancer — non pas qu’ils étaient lâches, mais parce qu’ils jugeaient qu’ils avaient plus urgent que de ferrailler avec deux voyageurs venus d’Aquitanie.
C’est une province très belle, la Gasconnie, du moins pour ses immenses paysages sauvages, ses landes, ses passes… Mais ce n’est pas ici qu’on fera une belle fête amusante. C’est en fait un endroit bien ennuyant. J’aurais aimé que nous allions voir un peu les Orques de plus près, mais Beauziac a refusé — il a le devoir de me garder en vie.

Alors que nous nous préparions à repartir vers Quenelles, le solstice d’été approchait. C’est un jour, une fois l’an, où les libations deviennent un devoir religieux. Ce qui est la norme en Aquitanie est l’exception chez les Gasconnais, et j’étais curieux de voir comment ils fêtent la Terre et son époux en ce jour béni. Alors nous sommes partis vers l’ouest, et les contrées d’Estalie.
Selon notre guide, nous sommes déjà entrés dans ces royaumes basanés. Je n’ai pourtant vu ni muraille, ni borne, ni barrière marquant l’un et l’autre pays ; visiblement, il y a des bergers qui transhument leurs bêtes chaque saison d’une frontière à la suivante, des deux côtés, alors verrouiller les deux pays n’est pas acceptable pour ces gueux. Ils se considèrent comme des voisins, non comme des étrangers. Ils partagent l’eau, la forêt et même les temples — sur le chemin y a deux jours, j’ai prié dans une jolie église de Shallya minuscule, abandonnée sur la route, où il y avait des cadeaux de tapisseries aux versets rédigés dans la langue des Estaliens. Quand on partage le même ciel, c’est facile de considérer tout le monde comme son frère.

Tout n’est pas rose, pourtant. On crèche dans un village-relais qui s’appelle Gagnière — ou Guaniar, dans leur langue. C’est un hameau de bergers, perdu dans la forêt, entouré d’arbres, bien en hauteur. Il est plein en hiver, mais vide en été ; c’est un refuge pour fuir la neige qui barre tous les sentiers. Il n’appartient à aucun seigneur, et même aucun prêtre — les oratoires de ce trou sont maintenus par des moines de passage. Quand quelqu’un y rend l’âme, les bergers vont chercher un Mórrien à un ou deux jours de marche d’ici, à Fort-Pujol. Autant dire que par là, c’est enclavé.
Il faut être fou, pour vivre ce genre de vie. Je suppose qu’ils sont utiles, parce que faut bien avoir de la laine pour fabriquer du drap. Les Dieux ont choisi à la naissance qui fera quoi, alors ils ne doivent pas triste. Les habitants de Gagnière n’avaient pas l’air tristes, en tout cas.

Leur petit village de quelques dizaines d’habitants l’été s’est grandi de centaines, alors que toutes les familles de bergers des montagnes se sont dirigés dessus pour célébrer le solstice — et des gens de bourgades plus éloignées encore ont été attirés par le bouche-à-l’oreille et la rumeur ; ceux qui fêtent le mieux Rhya, c’est encore ceux qui vivent comme les pratiquants de Rhya. Le cadre champêtre et montagnard, ça aide à mettre en humeur. Quentyn et moi avons ramené une demi-douzaine de bouteilles, achetées à Brionne ; et nous ne sommes pas les seuls à être venus avec de l’alcool.

Et puis il y a les Estaliens. Ils sont eux aussi descendus des Irranas ou remontés du golfe. On les taquines, on les embêtes, c’est bon enfant — parce qu’il faudrait pas qu’ils oublient comment ils sont redevables de la Bretonnie…
« Pour notre meneur de conroi : Huzzah !
HUZZAAAAAAH »

Le garçon qui a mené la charge face aux Estaliens est soulevé par deux d’entre eux nous. Il rit, colle des tapes sur l’épaules. C’est un brave homme ; Lucain, il s’appelle, et c’est un chevalier du coin, de ce duché même. C’était son idée, alors qu’il est sur ses terres — le héros de la journée.

On est en train de se raconter des anecdotes, de faire trinquer nos bouteilles, quand derrière nous, le grand frère de Lucain arrive au pas de course. Les deux frangins ont une différence d’âge absolument énorme — c’est ce qui arrive, quand des épouses meurent en couchent et que leurs veufs se remarient avec des jeunettes. Alors que Lucain a la bonne tête d’un garçon, son frère a une moustache qui commence déjà à blanchir, et un crâne qui se dégarnit. Derrière lui, il y a mon mentor à moi ; Quentyn de Beauziac fait sa tête morne habituelle, de vieux con. C’est ça qui se passe, en vrai — les vieux tombent sur les jeunes.

« J’espère que je vous dérange pas ?! On s’amuse bien ici ?! raille le frérot à Lucain, en désignant du doigt le meneur.
– …sire Longin, merci de vous en soucier ! Mais votre ton me fait dire qu’il y aurait un souci ? Répond un Lucain essoufflé, alors qu’il est redéposé au sol par ses camarades.
– Aujourd’hui est un jour saint et sacré — un d’union et d’amitié ! Râle un Longin hurlant, incapable de garder un peu de sarcasme plus longtemps. Que gagnez-vous à provoquer nos voisins ?! »

Parce que je me mêle de ce qui me regarde pas, je fais un pas en avant, une semi-révérence, dégage ma gorge pour attirer l’attention de ce semi-chauve moustachu. Quentyn me foudroie du regard, l’air de me dire « Ta gueule » juste avec les orbes qui lui servent d’yeux.

« Pardonnez-moi, monseigneur, mais votre frère souhaitait simplement taquiner. Je ne pense pas les Estaliens si sensibles et émotifs qu’ils doivent y déceler la moindre provocation.
Et vous non plus, d’ailleurs. »


Si vous n’avez pas compris, je viens juste de le traiter de fiotte.

Il a parfaitement compris. Car voilà que Longin fait un pas en avant. Puis un deuxième. Puis un troisième. C’est là que je me rends compte que c’est un chevalier Gasconnais — qu’il fait une tête de plus que moi, qu’il a des bras qui font la taille de mes cuisses, et qu’il a des marques de cicatrices sur le cou et les poignets, les seules parties de sa peau qui sont nues. Je continue de lui offrir un sourire d’enculé, pourtant, ne craignant même pas qu’il me file un coup de boule pour me faire taire ;
Moi aussi, j’ai un singe prêt à me défendre dans son dos.

« Les Estaliens sont nos frères d’armes, damoiseau. Ils nous renseignent et nous prêtent main-forte à chaque incursion de peaux-vertes, et nous leur rendons cet honneur. On provoque pas des gens qui saignent et meurent à nos côtés.
Vous comprendriez bien assez cela, si vous aviez profité de votre venue dans mon pays pour tirer l’épée contre les orques. »


Il vient de me traiter de lâche. En guise de réponse, je lui présente simplement mes gencives en étirant mes lèvres.

« Des gens de tout le bailliage sont venus ici pour s’amuser et passer un bon moment. Si vous deviez réitérer de telles… Cavalcades, j’en prendrai acte.
Comportez-vous en bons garçons. M’obligez pas à vous corriger. »


Il s’éloigne aussitôt, en étant suivi derrière lui de valets d’armes et de gros gueux en tout genre venus assister à notre retour par curiosité.
Ce vieux con a bien ruiné la fête. On sait plus trop quoi dire, alors qu’on attire les regards de veaux de tout un tas de bergers. L’un d’eux passe un moment à m’observer. Je frappe le sol avec ma botte pour jeter de la terre dans sa direction.

« Qu’est-ce que tu regardes, gueux ?! »

Il s’en va. Je me tourne et m’approche de Lucain.

« Il a pas le sens de l’humour, ton frère !
– Non. Non en effet. Mais il a raison, je pense… On en a peut-être fait trop, non ?
– T-t-t, ne le laisse pas t’influencer ! Raille un autre chevalier dans son dos. Il fait le fier, mais il est juste gangrené par la précaution.
Ce soir, de toute façon, ça sera une grande fête, oui — on me dit qu’il y aura des prêtresses de Rhya, sorties de la forêt ; les plus belles femmes qui existent au monde, si l’on excepte les Fées. Il faudra bien que les Estaliens comprennent qu’elles sont à nous, de toute manière. À moins que ton frangin n’aime avoir les cornes ? »

Ce chevalier, c’est un bellâtre — blond, joues creuses, belle voix douce, le genre à faire rêver la paysanne. Il s’appelle Berchaire, et il vient de la ville de Brionne. Ses arguments sont imparables.

« À quelle race appartiennent ces servantes de Rhya, de toute manière ? Est ou ouest des Irranas ? Demande un chevalier curieux de notre conversation.
– Quelle question, je réponds en grimaçant. Elles appartiennent à ceux qui les raviront.
– Nos ancêtres Bretonni ont obtenu leurs femmes en les arrachant à leurs familles, ajoute Berchaire. C’est pour cela que notre royaume est si grand. Les femmes rêvent qu’on les attrape et on les entraîne avec nous, autrement, elles seraient restées cachées dans les maisons de leurs pères.
– Tout de même, si c’est des prêtresses… Ce peut pas être bien…
– Les interdits sont faits pour être transgressés, Thierry ! C’est ça qui sépare l’homme libre, de l’esclave. »

Et ayant dit ça, j’ouvre grand les bras avec emphase, pour désigner des paysans en train de charger des bûches qui serviront à faire les feux de ce soir.




Alors que nous discutons des dames, un valet arrive en courant :

« Estaliens ! Les Estaliens ! »

Oh ! Un grand sourire se dessine sur tout nos visages, tandis que Lucain bondit en sifflant le rassemblement :

« Sur moi ! Sur moi ! »

Ces imbéciles de Diestros sont venus se venger ! Ça va être de la baston ! On charge pour se mettre en ligne, au bout de notre butte. On y va sans épées, même si certains de nous ont l’intelligence de prendre des bâtons. Comme à la mêlée.

Une petite bande de cavaliers arrivent. Les Estaliens se sont rhabillés. Ils arrivent avec leurs doublets trempés, leurs élégants chapeaux sur la tête, et leurs moustaches. C’est un grand type à la jolie voix chantante, qui arrête la cavalcade, lève la main, et nous hèle en hurlant pour se faire entendre :

« Signore, nous croulons sous la bonne chaire, mais il y a si peu de bonnes bouteilles de l'autre côté du plan d'eau, nous permettez-vous d'échanger quelques bons procédés ? »

Nous restons là, sur place, dans notre ligne. Certains d’entre-nous ricanons. D’autres observent d’un air patibulaire.
Ils mentent pas ; ils portent avec eux de la bouffe.
Ils sont sérieux ? On les a humiliés et ils viennent… Nous amener à manger ?

Lucain a pas l’air trop sûr. Il se tourne vers moi, et me fait un geste de la tête.

« T’en penses quoi, Aquitanie ? »

Je souris alors que je trouve parfaitement quoi répondre.

« Je crains les Tylosi, même quand ils portent des cadeaux. — Ovide.

– Heuu… Bechaire tord ses lèvres comme si j’avais dit une chose gênante. C’est de Virgile…
– Peu importe, c’est pareil.
– Pas du tout. Faut pas citer des auteurs si tu les connais pas. Sauf si t’es un cuistre. »

Comment ce sale petit con de Brionnois ose ? Je grince des dents, fronce des sourcils.

« Et je peux savoir ce que- »

Je me fais pousser dans le dos. Quentyn de Beauziac est là. Dans sa main gauche, il a deux bouteilles. Dans sa main droite, deux autres. Notre vinasse prévue pour ce soir. Le vieux paladin grincheux grogne à l’intention de Lucain :

« Invitez les Estaliens, monseigneur.
– Pourquoi ?
– Parce que si vous ne faites pas ça, votre frère va vous obliger à présenter des excuses ce soir. Et je suis certain que vous en êtes incapable.
Je suis fatigué et il est hors de question que je passe la nuit entière à faire des duels d’honneur. »


Quentyn me file une bouteille, que j’attrape. Lucain me regarde, puis mon mentor. Puis finalement il soupire. Il s’avance, avec un grand sourire, et crie en retour :

« Soyez les bienvenus, mes frères ! Entrez dans notre camp pour boire notre vin — nous vous offrons l’hospitalité ! »

Et juste comme ça, on arrête de faire les matamores de tournoi. Ma bouteille en main, je m’avance tout droit vers le cavalier de tête. C’est une jolie bibine de vin que j’ai — un joli alcool, même si ça ne vaut pas la bouteille que j’aie ramenée, une eau-de-vie de pommes flambée de très grand prix, ça, je me la réserve pour courtiser une servante de Rhya quand je la verrai ce soir.

Le cavalier de tête est vraiment un bel homme. Cheveux noirs, yeux noirs, il a ce bon air racé d’Estalien. Je lui fais un grand sourire alors que je lui jette la bouteille en l’air ; il l’attrape au vol par réflexe.

« Tu parles bretonni ? »

Vu que c’est lui qui s’est exprimé tout à l’heure, la réponse est évidemment oui. Mais ça m’étonne.

« Moi c’est Armand de Lyrie. »

Et je lève ma patte pour qu’il la serre.
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Piero Orsone
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Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: [Mini-event] Sonnstille, le Solstice d’Été 2022

Message par Piero Orsone »

"Et glou ! Et glou ! Et glou ! Hourrah !"
Un godet de plus envoyé par le fond. Il se cogne le torse et lâche un rot à faire rougir un ogre. Les montagnards brassent de la bière épaisse et forte pour mieux accepter la rareté des vignes dans la région. Et si elle racle un peu, elle passe bien au final.
Les locaux sont un peu indisposés par la petite bande. Il faut dire qu'une dizaine de jeunes nobles aux moustaches longues et aux braies en feu, ça rajoute un peu d'épices pour les fêtes d'été. Ils sont effrontés, tapageurs, querelleurs et toujours affamés. Ils sont le bras armé de l'Estalie et sa plus grosse épine entre deux orteils. Ils sont des Hidalgos. Et depuis quelque temps, Piero Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz est l'un d'eux. Il s'en accommode très bien. Ils chevauchent à travers les champs pour frapper les brigands qui écument la contrée depuis le dernier conflit. On parle de guerre au Nord. Beaucoup s'y rendent en quête perpétuelle de gloire, très peu en reviendront.

Mais à ce moment-là, il n'y a que les compadres, les filles, le solstice, l'alcool et le jambon. Michele Martinez de Rioja s'en coupe d'ailleurs d'énormes tranches avec sa lame. Pas de terres, un titre risible, ils sont puinés, fils d'anoblis ou parfois même, d'excellents combattants que leurs seigneurs ont récompensés. Leurs chevaux sont attachés à l'ombre des grands chênes blancs. C'est la journée la plus longue de l'année, on est déjà le soir et pourtant le soleil est haut. Des centaines de personnes sont venus pour les célébrations. Paysans, bergers, forestiers, villageois des petites bourgades des piémonts et des contreforts qui sont artisans, marchands ou autres. D'autres bandes d'Hidalgos aussi. On mange, on boit, on court à cheval, un gamin sur la croupe de sa monture pour l'amuser. Il y a même un point d'eau où les Audacieux se rafraichissent en incitant les jeunes filles du bourg à les rejoindre. Le chapeauté à la cape rouge est sur le bord, à conter fleurette à une fileuse de laine, le bras autour de ses épaules tâchées de son.

Mais il n'y a pas que des Estaliens à ces festivités. Les Gasconniens aussi viennent aux réjouissances. Piero les aime bien. Ils sont bagarreurs envers les orques, font de la bonne cochonnaille et ont moins de ces étranges complexes qu'ont les autres Bretonniens. Piero aime bien les Bretonniens, mais ils sont parfois durs à saisir. Pompeux. Alambiqués. Et si les Tiléens et les Estaliens accordent une importance capitale à votre lieu de naissance, c'est bien votre statut qui préoccupe les Enfants de la Dame du Lac. Mais en parlant de Bretonniens. Une cavalcade résonne comme le tonnerre. Il plisse le regard. Ces fous sont à pleine vitesse ! Et en armure ! Mais quelle bande d'ahuris.
Les gens courent comme des poules sans tête, des hommes préparent leurs armes. D'horribles souvenirs lui remontent. Quand le Tercio avait mangé une charge à l'arrière. Un soir de Solstice, mais pourquoi...

« DEXTRE DEXTRE DEXTRE ! »


Ils pilent à enflammer l'herbe avec les fers de leurs canassons. Un nuage de poussière vient se coller sur les visages et les corps trempés d'eau, de bière ou de sueur. Collante, sèche. Amère. Ils rient. On les injurie de toutes les insultes de Novareno et d'ailleurs. Les scélérats ! Ils rient toujours. Avant de rendre les insultes et de filer. Mais Piero a une idée.

"De Rioja ! Montoro ! Fernandez ! Gerardo ! Harnachez les chevaux, rassemblez les autres ! On part s'amuser."

C'est ainsi que des cavaliers s'élancent, armés, ramenant avec eux un saugrenu compagnon : Les jarrets entiers de porcs. On remonte jusqu'à la butte des Bretonniens.
"Signore, nous croulons sous la bonne chaire, mais il y a si peu de bonnes bouteilles de l'autre côté du plan d'eau, nous permettez vous d'échanger quelques bons procédés ?"

Piero regarde le jeunot qui se ramène. Fin, châtain, espiègle. Le genre de gosse qu'il aurait pu être dans une autre vie. Pourtant, il est chevalier. Un sang bleu, un bretonnien. Il le regarde tout en descendant de cheval, laissant un de leurs gueux s'en occuper. C'était bien l'un des petits malins sur leurs canassons. Le jeune chevalier lui tend la main. Il l'empoigne fermement.

"Piero Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz. De Novosso. Mais tu peux m'appeller Pierre Sauveur. Tu n'as pas l'accent des Gascons, de quel duché viens-tu ? "

Armand lui fit un grand sourire, visiblement impressionné. "En effet. Je viens d'Aquitanie, la terre du compagnon Frédémond. As-tu des origines Bretonniennes, Piero ?" il avait un très mauvais accent, mais il faisait l'effort de prétendre parler Estalien.
"La Lignée de mon père vient de Montfort en effet."
"Un chevalier ?"
"Frédéric de Rivesauves mais cela remonte à bien loin. C'est un beau pays l'Aquitanie ? Leur vin est réputé." Parlons sérieusement, parlons picole.
"Le plus beau du monde. Mais je suis sûr que tous les types que vous rencontrez disent ça de chez eux !
Vous êtes loin de Montfort - baroudeur, je suppose ?"
Avec un grand sourire. Un vrai sourire espiègle. C'est là que l'Estalien voyait la jeunesse dans ce bout d'homme en armure.
"Je suis loin d'un peu partout, nous sommes à Novareno après tout. Je suis un Hidalgo oui. Et vous un errant d'Aquitanie. Très loin aussi."
"Non, pas tant que ça. C'est à trois jets de pierre d'ici. Je vous y inviterais, même s'il n'y a pas tant d'aventure à y trouver - pour le plaisir de nos paysans.
Et si on goûtait ce vin ?"

"Avec plaisir, pour les deux propositions."

Ils s'assirent, la bouteille au creux du bras, pour l'ouvrir. Deux godets en corne et un morceau de jambon. Le plop sonore du vin que l'on ouvre, le merveilleux son du sang de la terre s'écoulant dans leurs verres. C'était l'été dans les Irranas.
"À quoi vous buvez, tiens ?"
"À nos chevaux, à nos Femmes, et à ceux qui les montent !"

Armand rigola avant de trinquer avec joie. Ils descendirent quelques gorgées de vin avant que le chevalier n'ajoute tout goguenard :
"Vous avez déjà le cheval, je vois."
"Et quelques femmes aussi, mais pas de celles à qui on rend hommage. Et toi Armand, une Dame dans la vie ?"
"Mais quel Estalien - on rend hommage à toutes les femmes dans la vie, elles le méritent toute", il lança avec plaisanterie. "J'ai... J'ai une amie, oui. Mais pas vraiment en fait. Enfin, elle est restée au pays, alors... ça ne compte pas vraiment, non ?"[/color] Le Bretonnien s'arrêta soudain de sourire. Il demandait sérieusement.
"Alors toi tu n'as pas dû rencontrer la Duchesse Maria-Isadora Henriquez de Sanche, Dame de Los Cabos, Princesse de Nerja et de la Sierra Miramar, troisième du Nom, pour penser ainsi." Il rigola puis regarda solennellement le jeune chevalier. "On laisse tous quelqu'un au pays lorsqu'on est sur les routes. Mais ça nous permet d'y repenser de temps en temps. Et tant que tu ne brises aucun engagement... Ce soir, je compte bien honorer la terre-mère comme il se doit."

"J'honorerai Rhya avec joie. Même si je t'avoue être un hypocrite - ça m'écœurerait qu'elle honore Taal. C'est compliqué d'aimer les femmes."

"Pour les Hommes comme nous, il est compliqué d'aimer les femmes. Et douloureux pour elles de nous aimer. Mais j'ai été méchant envers la Duchesse. Elle m'a tout de même offert ceci." Il attrapa le sabre de son fourreau et le présenta à Armand. "C'est votre truc ça les Dames qui offrent des épées."

Armand de Lyrie lui attrapa le sabre des mains, et l'observa. "En quel honneur ? Fait d'armes ?"
"Une souillure que la Ruine avait portée jusqu'aux jardins de Los Cabos. Je m'en suis débarrassé."
"Hmpf. En voilà une anecdote que vous devez me raconter en détail." Il tira sa propre épée, et lui donna. "Mon père qui me l'a donnée. Je crains ne pas avoir une belle aventure à vous offrir - mes ancêtres avaient plus de valeur que moi."
"Tous les hommes du Sud pensent ainsi. Nous honorons nos pères, leurs pères, les châteaux qu'ils ont fait bâtir, les Déesses qui les ont guidé." Il but un trait de vin avant d'inspecter la Lame. "Votre père doit beaucoup vous aimer."

Pour une fois, Armand se tut et ne répondit pas au tac-au-tac. Il réfléchit un long moment. "Il m'a dégagé de chez moi. Il m'a forcé à partir loin de lui et errer sur les routes. Et pourtant, oui, il l'a fait parce qu'il m'aime. Marrant les histoires de paternel, hein ?". Ce faisant, Armand rangea le sabre Estalien dans son fourreau, en le faisant tenir tant bien que mal. "On se rendra nos armes une fois le jour revenu dans le calendrier - une bonne raison de le passer ensemble, non ?"
"Cela me va. Et pour l'Anecdote... Attendez que je la raconte aux jeunes femmes. Elles adorent l'entendre pour mieux me prêter leur fourreau par la suite."
"Je veux bien voir ça, tiens. Et au pire, vous me servirez de faire-valoir..."
"Vous avez de belles histoires à conter aux prêtresses ?" Il lampa à nouveau le vin.
"Je pense. Enfin, si elles aiment les anecdotes licencieuses. J'ai pas tant d'aventures à raconter, malheureusement - je n'ai pas eu le plaisir de vivre à travers le monde comme vous."
"Tant que vous ne vivez pas au travers des autres. Soyez-vous, Armand de Lyrie, toujours vous."
Il sourit un peu. "De n'importe qui d'autre, j'aurais pris cette phrase pour une platitude. Mais ça semble vous toucher."
"Celui qui est toujours sur les routes à vite fait de se perdre. Vous êtes jeunes, le monde est devant vous. Et une fois la soirée passée, qui sait ce que le Destin réserve pour chacun de nous."
"Et pourtant on est hors du temps aujourd'hui - c'est un jour où on devrait faire des choses qu'on pourra oublier, pas où on essaye d'avoir des leçons à retenir, non ?"
"Bien raison." Piero se redressa, s'étira avant de regarder le camp tout autour. "Et qu'est-ce que l'on pourrait faire d'inoubliable immédiatement ?"
"Erff. Je suis trop sobre pour répondre à ce genre de question."
Il regarda de partout avant de poser ses yeux clairs sur la ceinture de l'Hidalgo. Puis avant que ce dernier ne puisse suggérer des idées : "Cette chose, là... C'est... Un pistolet ?"
"Et bien... Oui." Il attrapa l'arme à poudre et la présenta au Bretonnien.
"Vous permettez que je... Touche ?" Demanda-t-il avec un ton hésitant, quasi inquiet.

L'Estalien opina du chef, amusé par la décontenance des chevaliers face à quelque chose d'aussi... Élémentaire à ses yeux. La soirée s'annonçait prometteuse.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
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"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

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