L’île du Gibet, une île peu connue des Mers du Sud, à environ une centaine de miles des sauvages jungles de Lustrie et assez au sud pour être hors des voies maritimes empruntées par les gigantesques Arches Noires de Naggaroth. L’endroit avait la réputation d’être le dernier port libre d’honnêtes gens au sud. La réalité était toutefois bien différente. Il s’agissait ni plus ni moins que de l’un des plus infâmes repaires de malandrins, boucaniers. Ici, se côtoient pirates des Mers du Sud, assassins, charognards, mais avant tout, sac à merde. Meurtres, viols, vols y étaient omniprésents. Sauf dans la taverne
Au bout du boute, considérée comme une zone neutre. Il s’agissait d’ailleurs de l’un des seuls endroits dans le Vieux Monde où l’on pouvait voir un nain et un orc boire à la même table tout en jouant aux cartes. Un impérial faisant un bras de fer avec un bretonnien, ou encore un Druchii baisant une Azur dans l’un des recoins de la taverne. Seuls chaotiques, démons et morts-vivants n’étaient pas tolérés.
Voyez-vous, il existe deux catégories d’individus. Ceux qui ont soif de richesses et d’aventures. Et ceux qui veulent simplement génocider tout ce qui est différent. La dernière catégorie n’était donc guère bienvenue sur l’île au Gibet. Les Druchii eux, avaient un pied dans chacune des catégories susnommées, mais, en tant qu’êtres civilisés et raffinés, savaient faire la part des choses.
C’est ainsi, qu’un soir particulièrement orageux, à quelques semaines du solstice, nous retrouvons notre premier protagoniste, assis à une table de chêne, en retrait du centre de la grande salle de la taverne. gé d'une quarantaine d'années, l’homme à la barbe poivre et sel, au regard froid et au visage bardé de cicatrices, gardait les yeux rivés sur un morceau de parchemin jauni et en lambeaux. Malgré les fracas du tonnerre, la musique beaucoup trop forte, le brouhaha des conversations, le tumulte des bagarres et les gémissements des putains, l’homme ne détournait pas une seconde son attention de son précieux sésame. Bien qu’un habitué des lieux depuis deux décennies, peu d’informations avaient fuitées à son sujet. Il était capitaine d’un vaisseau de faible tonnage, mais qui avait la réputation de filer comme le vent et d’être lourdement armé. Le Poing véloce. Le navire mouillait actuellement sur le port, un équipage d’une demi-douzaine d'hommes à son bord. Notre capitaine se présentait sous le nom de Jon’son. Pour l'anecdote, il n’avait pas de nom. Sa mère était une pute. Elle était tombée enceinte après avoir couché avec un homme du Reikland qui s’appelait Jon. C’est donc avec beaucoup d’imagination qu’elle l’avait appelé Jon’son.
Il s’agissait là des deux seules informations fiables au sujet de l’individu. Concernant les rumeurs en revanche, elles étaient légions. Toutefois, la plus intéressante était qu’il s’agissait d’un capitaine qui, chaque fois qu’il mouillait sur l’île, cherchait un équipage pour une expédition. Les expéditions qu’il entreprenait promettaient richesses au-delà de toute imagination. Toutefois, aucun des marins ne revenait jamais. Le tenancier de l’établissement, bien au courant de la situation, se taisait naturellement, son silence confortablement arrosé par l’or que Jon’son dépensait. Ce soir-là, comme tous les soirs où il fréquentait la taverne, Jon’son cherchait un équipage. Son dernier équipage. Le capitaine ne ferait assurément pas de vieux os sur les mers. Aussi songeait-il à doucement se retirer. Retourner vers des terres plus civilisés, utiliser sa fortune pour s’acheter un manoir, un titre, et marier une femme de bonne famille. Le parchemin sur lequel il avait mis la main quelques jours plus tôt lui permettrait d’enfin atteindre ce but. Mieux. Si tout se passait bien, il pourrait même s’acheter le titre de Comte Électeur.
Une ombre traversa rapidement, discrètement la foule, Jon’son leva le regard alors même qu’une jeune femme prit place sur la chaise face à lui. La peau pâle, une musculature dessinée, de longs cheveux verts, des vêtements ne laissant guère place à l’imagination. Toutefois, bien mal avisé serait celui qui prendrait la femme pour l’une des vulgaires putains de l’établissement. Cette femme était une guerrière. Féroce, qui plus est.
-C’est l’vieux Bob qui t’envoie ?
La jeune femme hocha la tête. Le capitaine jaugea du regard son interlocutrice. Il avait bien sûr entendu des rumeurs. Mais, malgré sa longue carrière, n’avait jamais posé les yeux sur une amazone. Ce légendaire clan de femme guerrière, vivant au plus profond des jungles de la Lustrie. La beauté sauvage, l’équipement, le regard féroce de la jeune femme. Tout concordait. Toutefois, comme tous ici présents, l’amazone avait troqué sa vie de clan pour l’appât du gain, la soif de l’aventure. Le capitaine la fixa encore un moment, ni l’un, ni l’autre ne détournaient le regard, se jugeant mutuellement. Il glissa le morceau de parchemin sur la table, invitant l’amazone à le lire.
-Je monte une expédition. J’ai besoin d’un guide.
Elle acquiesça, avant de parcourir le parchemin du regard.
-Toi avoir besoin hommes. Jungle très dangeureuse. Jour Sotek proche, devoir partir demain.
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Le vent du large rafraîchissait le visage de Lelith. L’embrun salé apportait un profond sentiment de calme à la Druchii. A l’inverse d’une Arche, tout semblait plus calme, plus sûr sur le petit trois-mâts. Elle était certes exposée sur un navire si modeste, mais au moins, elle n’était pas sous la menace constante de ses pairs. À ses côtés, une jeune amazone fixait elle aussi l’étendue azure à perte de vue.
Lelith écoutait attentivement la jeune femme parler. Une conversation interrompue la veille par une nuit de débauche avec celle qui venait de la recruter pour une expédition. Expédition ô combien dangereuse, mais la promesse de tant de richesses avait convaincu l’elfe noire. Ainsi qu’une demi-douzaine d’autres mercenaires. Sur le navire, le silence régnait, chacun se préparant au mieux qu’il le pouvait en prévision de la tâche à accomplir. Au pied du mât de misaine, un orc affûtait sa hache et son sabre tandis qu’un gobelin miaulait des paroles incompréhensibles au pied d’un chaudron dégageant une vapeur verdâtre à mesure qu’il ajoutait des champignons plus ou moins colorés. Assis avec eux, un ogre, aussi grand que puant, un boutefeu pour canon impérial aux lèvres, enfournait toutes sortes de projectiles improvisés dans l’âme du canon qu’il portait. Il raconta ce qui sembla être une blague puis lui et l’orc s'esclaffent, d’un rire gras, guttural.
N’ayant guère l’envie de se joindre à une aussi piètre compagnie, l’elfe, profitait de la compagnie de la jeune amazone, Boa, mais surtout de ses précieux conseils. En effet, ce qui arrivait dépassait de loin les connaissances de la Druchii. D’ordinaire, le principal danger venait des habitants des villages que Lelith raidait. Là, tout ce qui l’entourait était l’ennemi. L’amazone mit en garde Lelith contre les plantes venimeuses. Les insectes mortels. L’eau empoisonnée. Malgré tout cela, le risque que la noble attrape une maladie fulgurante et mortelle était très élevé. Ainsi, toutes techniques de survie étaient bonnes à prendre.
Le voyage se poursuivit sans encombre, le navire filant au vent. La Lustrie devait être atteinte à l’aube. Ce qui laisserait au groupe cinq jours pour traverser la jungle avant le jour de Sotek. Regagnant sa cabine pour se reposer, Lelith, après avoir tué l’ennui et la solitude de la nuit dans les bras de Boa, prépara son équipement. À contrecœur, sur recommandation de l’amazone, Lelith s’équipa de son kheitan intégral, avant de préserver sa peau du plus subtil contact avec la moindre feuille de la jungle. Elle ceintura ensuite son épée, sa dague, et monta sur le pont, l’amazone armée de son arc et de sa lance sur les talons.
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La chaloupe dut faire quatre aller-retour afin de débarquer les passagers sur les plages de sable blanc, paradisiaque de la côte de Lustrie. L’ogre lui, dut nager, après qu’il fit couler la chaloupe en s’installant dedans. Alors qu’elle attendait sur à la lisière de la jungle que le groupe soit prêt à partir. Lelith observait ses compagnons. Outre l’ogre et les peaux vertes. Il y avait parmi eux un nain, tout d’acier vêtu portant une espèce de canon constitué d’une dizaine de tuyaux de fer. En plus du Capitaine, il y avait deux autres humains. Un homme blond, au sourire charmeur, vêtu élégamment de pied en cape, souriant à Lelith, qui s'en foutait royalement l’autre semblait bien plus à sa place. Grande stature, regard froid, une immense épée attachée à une sangle passant dans son dos. Il ne parlait guère, se contentant de croiser ses bras musculeux qui semblaient des plus confortables aux yeux de la druchii. Vint ensuite le capitaine, suivi de ses hommes qui portaient tout le matériel nécessaire à l’expédition. Et pour finir. Lelith ne l’ayant pas vu de suite, une espèce de nabot avec un sac beaucoup trop grand, bardé de casserole en tout genre.
-En route mauvaise troupe.
Boa prit la tête du groupe. Suivie du capitaine et de l’un de ses hommes. Un érudit semblait-il, l’homme s’efforçant de tenir à jour une carte. Vient ensuite Lelith, le reste des hommes du Poing Véloce et les mercenaires. L’ogre, répondant au doux nom de Boom, fermait la marche. La chaleur était étouffante. Après seulement quelques minutes, Lelith transpirait abondamment. Ses cheveux collaient à son visage moite. Il fallait toutefois économiser l’eau, d’après Boa, les sources potables étaient rares dans la jungle. Aussi, la Druchii serra les dents et s’efforça de suivre le pas.
La troupe marchait depuis seulement quelques heures. Bien qu’elle suggérait depuis le début de progresser silencieusement, Boa se résigna. Entre le nain qui faisait le bruit d’un coffre à outil, l’ogre qui pétait abondamment et le gobelin qui, juché sur la tête de son ami orc continuait de baragouiner des trucs inaudibles, la pauvre amazone gaspillait sa salive.
Lelith suivait toujours le pas quand, l’humain bien vêtu apparut à sa gauche, calquant son pas sur le sien.
- Bonjour ma douce amie. Me permettrez-vous ?
Sur ces mots, il déploya une ombrelle. Le genre de truc que les bourgeoises de l’Empire portaient lorsqu’il y avait un peu de soleil. Lelith soupira. Poussant un “wtf” intérieur. Autant dire que l’ombrelle ne changea rien. La végétation dense masquait déjà la majeure partie des rayons du soleil.
- Je me nomme Phoebus. Fénélus Phoebus, à votre service ma douce amie. Puis-je vous demander ce qu’une aussi délicate et sublime jeune dame comme vous fait dans un endroit pareil ?
- Non.
Son sourire figea un instant, avant de s’afficher à nouveau, plus resplendissant encore. Ses “charmes” fonctionnaient sans doute sur les pucelles sans éducation du trou duquel il venait. Toutefois, pour la Druchii, l'absence totale de virilité, le brushing impeccable de sa longue et soyeuse chevelure blonde, le sourire éclatant, tout cela la répugnait. Un homme se devait d’être fort, brutal, dominant.
-Que j’aime lorsqu’elles me résistent. Oh ! Permettez.
Il ria. Un rire cristallin, insupportable. Lelith s’arrêta, la main sur son épée, prête à mettre les choses au clair. L’homme au nom imprononçable avait lui aussi stoppé, avant de s’éloigner de quelques pas de la piste que la troupe suivait. Il se pencha, avant de cueillir une fleur. Une magnifique fleur rouge, aux pistils dorés et aux feuilles d’un vert éclatant. Il se redressa, tout sourire, avant de présenter la fleur vers Lelith.
Tout se passa en une fraction de seconde. Il poussa un cri strident. Plus aigu encore que celui d’une jeune paysanne poursuivie par un corsaire aux viles intentions. Ce qui ressemblait à une mâchoire se referma sur lui. Une mâchoire de feuilles. Une plante. Plusieurs craquements se firent entendre, alors que le cri s’estompait. Une jambe tomba au sol. La plante se retira, se dissimulant dans la végétation.
-Ne vous éloignez pas du sentier.
Boa, l’air dépité, répéta la consigne encore une fois. Lelith haussa les épaules, fixant Boa et le Capitaine.
-Bof … il était chiant de toute façon. Et ça fait une part en moins à partager.
L’ogre et l’orc s'esclaffaient, puis, laissant derrière eux la jambe, la compagnie reprit sa route.
Le reste de la journée, ainsi que la suivante se passèrent sans incident notable. Au troisième jour en revanche, deux des hommes du Capitaine, incluant l'érudit, moururent de la maladie. Ainsi que Boa l’avait mentionné. Cependant la chance sourit à la troupe quand ils débouchèrent sur un petit lac, au pied de cascade à la taille impressionnante. Ils firent halte pour la nuit. L’eau était potable, Boa et le deuxième humain partirent quelques heures, revenant avec une carcasse d’animal fraîchement tué. Bien cuit, il constituerait un repas de choix.
-Je m’en occupe !
Lelith sursauta, le nabot, enfin, la nabot apparut de derrière la carcasse. La Druchii avait complètement oublié sa présence. Il est vrai qu’en plus de faire deux fois sa taille, la noble ne baissait que rarement le regard. La demi-portion ouvrit son sac, sortant une paire de couteaux trop grand pour elle et entreprit de découper la carcasse.
-Tu ajouteras ces herbes, elles ont des propriétés curatives. Mon peuple les utilise contre le mal. Pour les autres si vous voulez, le lac ici est sûr, vous pouvez vous baigner mais rester prêt du bord.
Sitôt dit, sitôt fait. Après avoir posé une sacoche bourrée d’herbe, l’amazone se dévêtit, sous le regard gêné des hommes présents, et, gardant son poignard attaché à sa jambe par une lanière de cuir, sauta à l’eau. Lelith la rejoignit bientôt, l’eau fraîche purifiant sa peau du sel et de la moiteur, rafraîchissant son corps. Le groupe profita de ces quelques heures de repos et bientôt, le soleil se coucha. Regagnant la rive, Lelith et Boa rejoignirent les autres. Les deux femmes restèrent sans voix devant le festin qui s'étalait devant leurs yeux. La halfling s’était surpassé, la table de fortune débordait de plats qui semblaient plus savoureux les uns que les autres. Le nain décida de mettre en perce le tonneau qu’il avait apporté et bientôt la bière coula à flot.
Alors que la nuit avançait, le Capitaine, Lelith et l’amazone se regroupèrent. Boa expliqua qu’ils devaient atteindre le lieu supposé dont parle le parchemin le lendemain au crépuscule. Le jour de Sotek étant le lendemain.
-Mon peuple connaitre lieu. Ça temple de très ancien habitants. Nous croire eux tous disparut depuis milliers et milliers de lunes. Mais nous devoir faire discrétion. Si eux vivre encore, eux très dangeureux.
-De qui parles-tu ?
-Hommes lézards.
Lelith se figea. Des rumeurs, d’infimes bruits étaient parvenus aux oreilles des elfes de Naggaroth à propos des jungles du sud. De nombreuses expéditions avaient disparu. Sans jamais y avoir le moindre survivant. Ainsi, ces murmures restèrent ce qu’ils étaient, de simples rumeurs. Boa confirmait désormais cela. En effet, cela était problématique. Un ennemi capable de massacrer un ost de druchii sans laisser le moindre survivant était une menace plus que sérieuse. La décision fut donc prise d’en parler aux autres membres de l'expédition afin d’en maximiser les chances de succès.
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L’obscurité qui envahissait la jungle s'effaçait doucement. A l’est, les premiers rayons du soleil perçaient les ténèbres. Sa lumière s’avançait sur la canopée, frappa le roc de la pyramide, grimpa, grimpa, puis explosa. Une lumière aveuglante, aussi intense que l’astre solaire. Le sommet de la pyramide scintillait. Fait de l’or le plus pur, agissant tel un miroir. Lelith et les autres restèrent bouche bée, quand, devant eux, une demi-douzaine d’autres toit d’or s'illuminent, certains lointains, d’autres proches.
Ils venaient de trouver les Cités d’Or. Boa désigna alors une plus petite bâtisse, à l’écart de la grande pyramide.
-Ça tombe, toujours éloigné et seul. Meilleure chance là, plus sur.
Après une heure de plus, quittant les hauteurs des contreforts des cimes d’argents, une série de montagnes entourant la sorte de vallée où s’étendaient les pyramides, le groupe arriva à l’orée de la jungle. À environ trois cent pieds, se dressait la tombe. Boa partit en éclaireur, le pas rapide et agile. Bientôt, elle fit signe aux autres de la rejoindre, pas de gardiens, pas de sentinelles. Il n’y avait là pas âme qui vive. Le groupe s’avança alors. La porte de la tombe était scellée. Le nain posa son sac tandis que les autres, enfin, ceux munis d’un cerveau, tentèrent de trouver une entrée dérobée ou un mécanisme.
Le capitaine contemplait la tombe. Il semblait subjugué par l’architecture, la beauté sauvage de l’édifice.
-C’est incroyable. Dit-il à Lelith à ses côtés. Ça a dû prendre des dizaines, que dis-je, des centaines d’années à bâtir.
"BOOOOOUM"
Le souffle de l’explosion fit se jeter à terre Lelith et le capitaine. Des fragments de roches pleuvaient, une épaisse poussière entourait l’avant de l’édifice. L’on entendit tousser, des jurons, et une Boa, visiblement fâchée qui gueulait.
-Et moi regarde, j’ai créé une porte. Ça m’a pris quoi .. Dix secondes. Onze à tout péter.
-Barrick espèce de taré ! J’ai dit qu’il fallait rester discret !
Le capitaine, Lelith et le reste du groupe se regroupèrent à l’entrée, pendant que Barrick, haussant les épaules aux engueulades de Boa remit son sac, ramassa son “arme” et pénétra dans la tombe, bientôt suivie par les autres. Au détour de quelques couloirs, ils stoppèrent.
Un tas, un énorme tas, non. Une montagne d’or se dressait devant eux. Une vaste crypte, recouverte d’or, d’argent, de pierres précieuses, certaines aussi grosses qu’un homme. Au centre, une immense statue représentait un animal. Un jaguar d’après Boa. Même Lelith, habituée aux richesses propres aux elfes, restait sans voix. Elle n’avait jamais vu autant de métal précieux. Jon’son lui avait les yeux grands ouverts, de la bave coulait à la commissure de ses lèvres. Plus d’or et d’argent que dans ses rêves les plus fous.
-Euh … ok, les gars, ramasser tout ce que vous pouvez, prenez ce qui semble avoir le plus de valeur, les pierres surtout !
Tous poussèrent un cri de joie ! C’était l’heure de la récompense.
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Désormais chargés comme des mules, les poches, les sacs, les besaces plein d’or, la troupe se pressa vers la sortie. Leur but, déposer les richesses accumulées à l’orée de la jungle où les hommes de Jon’son attendaient. Charger les caisses et retourner se remplir les poches.
Hélas, le plan tourna court. A peine eurent-ils mis le pied dehors qu’un hurlement glacial, féroce, bestial se fit entendre. Devant eux, gigantesque, un immense lézard se tenait debout, sur ses pattes antérieures, portant un gigantesque marteau. À ses côtés, une douzaine de lézards plus petits, portant de grandes crêtes rouges, armés d’épées en pierre et de bouclier d’écailles leur barraient la route.
Boa se figea, murmurant, sa voix tremblant d’une peur certaine.
-Hommes lézards … nous devoir fuir. Vite !
Un nouveau cri. La horde de petits lézards se précipita vers le groupe, parcourant la moitié de la distance les séparant en quelques secondes tandis que, derrière, le gigantesque lézard peinait à suivre la cadence. Le groupe se prépara à encaisser la charge.
"Djiiii tatatatatatatatatatatatatatatatatata"
Un bruit assourdissant retentit, les skinks furent fauchés comme des blés par des projectiles invisibles, littéralement démembrés par la pluie de plomb. Lelith tourna la tête. L’étrange canon du nain tournoyait vivement, une épaisse fumée noire s’en dégageant tandis que des flammes jaillissaient des tubes. En un instant c’était fini.
- Courez !
Le capitaine beugla l’ordre tandis que tout le monde, la surprise passée, fonça vers le Kroxigor qui avait stoppé, l’air stupide, se grattant le museau, observant les skinks décédés.
- Tuez-le !
-YAAAAAAAAAAAAAAA !!!
Profitant d’un élan de courage insoupçonné, la demi-portion fonça, un tranchoir dans une main, une poêle à frire dans l’autre, attaquant de face le monstre.
“paf”
La poêle frappa le mollet du saurien. Plus haut point que pouvait atteindre le halfling. Le kroxigor baissa la tête, regardant un instant le petit machin.
“SPLASH !”
Il abattit son gourdin, réduisant en pulpe la cuisinière. Seule la poêle à frire, toute tordue revola jusqu’au groupe, abasourdi.
-Maïté !!! Nan !!
Pris de rage par la mort de l’un des leurs, le groupe, dans un hurlement de rage fonça comme un seul homme. L’orc et le saurien échangèrent des coups, mais rien ne semblait pouvoir perçer son cuir. Boa sauta sur la tête de l’orc, prenant appuis pour bondir à hauteur du visage du kroxigor, lui tailladant le museau de sa lance. Elle se laissa tomber dans le dos de son adversaire. Sous le coup de la rage et de la douleur, il se retourna pour saisir l’amazone, mais se retrouva nez à museau avec Boom.
-BOOM !
L’ogre cria son nom, en concert avec son canon qui, dans un “boom” assourdissant, projeta tout un ramassis de merde rassemblé depuis le début du voyage. La déflagration et les projectiles improvisés, à une si faible distance pulvérisèrent le kroxigor, ne laissait que ses deux pattes musclées qui tombèrent lourdement au sol.
- Fuyez pauvres fous !
C’était la débandade. Ils coururent à travers le découvert jusqu’à la lisière de la jungle. Atteignant le point de rendez-vous pour se rendre compte que les lézards les avaient précédés. Les hommes de Jon’son avaient été massacrés jusqu’au dernier. Six sauriens se tenaient là, attendant le groupe. Plus petits que celui à la masse, mais bien plus grands que ceux que Barrick avait décimés. Comme un seul homme, ils avançaient vers les étrangers. Leurs armes étaient constituées de longues lances en pierre, bardées d’os et de dents tranchantes. Leurs boucliers d’écailles semblaient à même de résister aux armes les plus lourdes.
La troupe se prépara à l’impact. C’est alors que le gobelin sauta depuis son abri relatif sur le dos de l’orc. Il se plaça devant le groupe, dans une position signifiant son intention de les protéger. Il avala le contenu d’une flasque avant de croquer un champignon. Il poussa un rugissement. Des éclairs jaillirent de son corps duquel émanait une lumière verte éclatante. Il sembla grandir de plusieurs pouces tandis qu’il invoquait les vents de magie. Le ciel se déchira, les ténèbres couvrirent la jungle. Les sauriens s'arrêtèrent. Même eux pouvaient sentir le déferlement de puissance brute qui émanait du gobelin. Dans un craquement, un gouffre perça les nuages et la forme vague d’un pied gigantesque, vert, se dessina.
-Gork !
L’orc sauta de joie, son dieu se manifestant devant ses yeux. Le pied fendit le ciel, s’abattant lourdement.
Sur le gobelin.
En l’espace d’un instant, tout fut terminé. Le ciel redevient bleu, les sauriens reprirent leur marche. Du gobelin , seul subsistait une flaque reposant au milieu d’une trace de pied géante.
-WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGH !
L’orc chargea, son kikoup et sa hache à la main, littéralement vert de rage. Il sauta dans le tas, fracassant deux sauriens presque instantanément. Le reste du groupe fonça à la suite, mais le temps qu’ils rejoignent la mêlée, c’était terminé. Les sauriens avaient tous été massacrés et l’orc, dans un dernier sourire satisfait, leva le poing au ciel “...Gor …k …”
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Ce n’était plus désormais une chasse au trésor, mais une fuite pour leur vie qu’entreprirent les survivants. Bien amoindrie, la troupe pressa le pas à travers la jungle. En moins d’une journée, ils parcoururent un bon bout du chemin du retour. Fort heureusement, les sauriens ne semblaient pas les poursuivre. Du moins, pour l’instant, il n’y avait aucun signe d’eux. Épuisés, les mercenaires durent prendre un moment de repos. Le ton monta alors que chacun exposait son point de vue sur la situation dans laquelle ils se trouvaient. Lelith, Jon’son et Boa étaient d’avis de retourner le plus vite possible au navire et de fuir. Barrick et Boom ne voulaient pas abandonner l’or. L’autre humain, lui, comme à son habitude ne disait rien.
-Sylvestre, ton avis ? J’aimerais l’entendre pour une fois.
L’homme soupira, puis, les yeux rivés sur le sol, sortit de son mutisme.
-Nous avons profané les tombeaux de leurs Dieux. Il n’est plus question d’or ou de navire. Nous ne sortirons probablement jamais en vie de cette jungle.
Des paroles rassurantes. Devant l’absence de poursuivants, ils s’autorisèrent quelques heures de sommeil. Sylvestre, lui, monta la garde. Lelith fut la première à ouvrir les yeux. Son sommeil ne fut guère réparateur. Le soleil était déjà haut, la chaleur, accablante. L’humain posa son regard sur l'elfe, lui faisant signe de rester silencieuse autant que possible. La noble se dirigea vers lui, prenant place à ses côtés.
- Rien à signaler ?
-La jungle… Semble plus silencieuse qu’à l’habitude.
Utilisant ses yeux et oreilles d’elfe, Lelith concentra ses sens sur son environnement. Scrutant le moindre mouvement de broussaille, guettant le moindre murmure. Rien, hormis le souffle de ses compagnons. Mais il en manquait un.
- Où est le nain ?
- Parti pisser. Maintenant, que vous le dites, ça fait un moment.
-Il faut le retrouver.
Jon’son s’était glissé derrière eux. Doucement, ils réveillèrent leurs compagnons et tous, même l’ogre, se mirent en quête du nain, par groupe de deux.
Lelith progressait furtivement aux côtés de Jon’son. Guettant le moindre signe de leur compagnon court sur patte. Bientôt, un sifflement, rythmé, comme une chanson dont je tairais les paroles. Une voix bourrue, rustre. Soupirant, le capitaine et la Druchii se dirigèrent vers l’origine du bruit. A l’orée d’une minuscule clairière, ils le trouvèrent. Ce dernier, apercevant ses compagnons d’infortune, les harangua.
Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Seul un gargouillis, alors que le sang jaillissait de sa gorge tranchée. Lelith et Jon’son figèrent. Choqué. Un instant, plus tôt, le nain était là. Et maintenant, il était au sol, se vidant de son sang. Pendant une fraction de seconde, ils le virent. Deux yeux jaune vif, brillants. Un corps musclé, taillé pour la vitesse, l’agilité. La chasse. Aussitôt, il se fondit à nouveau dans le décor, tandis que le Barrick agonisait.
-CONTAAACT !!!!
Jon’son, vif comme l’éclair s’empara des pistolets qu’il porta à la ceinture, tirant en direction de l’assaillant invisible. Une fois, deux fois… Cinq de ses pistolets gisaient déjà à terre tandis que lui et Lelith s'élançaient. Elle s’empara des grenades du nain, par réflexe. Le capitaine lui ramassa le canon de son défunt compagnon, actionnant son mécanisme. Dans un hurlement infernal, le canon cracha la mort dans la direction supposée de l’assaillant. Le duo fut rapidement rejoint par leurs compagnons. L’amazone tirant flèches après flèches, Boom vidant et rechargeant son canon aussi vite que possible. Lelith et Sylvestre lançant grenades sur grenades.
“clic clic clic”
Après un long, très long instant, le canon s’enraya, dans une gerbe d’étincelles, il rendit l’âme, désormais inopérable. Le reste du groupe cessa également de faire feu, guettant attentivement le moindre mouvement. Face à eux, sur une centaine de pieds, la jungle n’était plus. Fumée, arbres en éclats, végétation en lambeau. Une chose était certaine. La créature ne pouvait avoir survécu à cela.
La fuite vers l’avant repris, désormais chacun était sur ses gardes, surveillant le sol comme la canopée. L’allure en étant fortement réduite, mais aucun ne s’éloigna des autres de plus de quelques pas. Boa faisait de son mieux pour guider le groupe malgré la terreur qui se dessinait sur son visage. Lelith quant à elle, parvenait à garder son sang-froid. La créature était morte, elle en était certaine. Bien qu’après de longues minutes, nul cadavre ne fût retrouvé. Voyant la peur sur le visage de l’amazone, elle décida de l’interroger, alors même que le groupe progressait. Le navire n’était plus qu’à une journée de marche.
- Tu sais de quoi il s’agit, n’est-ce pas ?
-Toi avoir vu nain mourir ? Comment arriver ?
- Quelque chose d’invisible est venu, puis a disparu en un éclair, après lui avoir tranché la gorge jusqu’aux oreilles.
-Huanchi … Jungle venir et nous prendre tous.
L’amazone tremblait. S'agit-il simplement d’une légende ? D’une simple superstition ? La Druchii ne fut pas capable d’en obtenir plus. Toutefois, la peur donna des ailes à l’amazone et la progression se fit plus rapide. Malheureusement, après plusieurs lieux, Jon’son ordonna une halte. Boom était à la traîne, l’ogre vieux et gras ne pouvant tenir davantage la cadence effrénée de leur fuite. Boa leur fit clairement comprendre qu’ils ne pouvaient pas s’arrêter. Le temps n’était pas leur allié présentement, et les chances de s’en tirer vivant diminuaient d’autant que le soleil descendait paresseusement à l’horizon. Une fois la nuit tombée, ils seraient tous morts.
-Je vais rester avec lui, une fois qu’il aura repris des forces, on vous rejoindra.
Lelith et Jon’son fixaient Sylvestre. Tous trois savaient que c’était clairement un voyage sans retour. Si il restait, son sort était scellé. Sylvestre, lui de son côté se disait que ses chances étaient plus grandes. La stature et l’imposant armement de l’ogre suffirait certainement à garder un éventuel assaillant à distance. D’un commun accord, le groupe se sépara.
Le navire n’était plus qu’à quelques lieux. Débarrassés du poids mort qu’était l’ogre, Lelith, Jon’son et Boa couraient aussi vite qu’ils en étaient capables. Il était nul besoin de dire que tous trois n’avaient guère l’intention d’attendre leurs compagnons. Mais plutôt de fuir, avec le peu d’or qui leur restait encore. C’était déjà une petite fortune. Au-dessus d’eux, la canopée s'éclaircit doucement. Les rayons du soleil et la vue du ciel perçaient le couvert des arbres par endroit. Et, parfois, il était possible de distinguer l’une ou l’autre mouette. La côte était proche.
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Sylvestre avançait, lentement derrière un ogre qui se mouvait péniblement. La puanteur de ce dernier et la moiteur de la jungle rendait le tout insupportable, même pour un solide gaillard comme Sylvestre.
- Aie !! Boom piqué !
L’ogre sauta sur place, surpris, il laissa tomber son canon qui se fracassa sur son pied gauche. Il poussa alors un cri de douleur puis s’arrêta soudainement, immobile. Il leva sa main jusqu’à son visage, tout en fixant, en louchant, la fléchette plantée entre ses deux yeux.
-Ça faire bobo …Quoi …
Il tomba lourdement sur le dos, une écume blanchâtre, moussante coula abondamment de sa bouche grande ouverte, puis il fut pris de spasme musculaire extrême, tout se corps se contorsionnant dans des mouvements qu’il était certainement incapable de faire en temps normal. Sylvestre, sans demander son reste, prit ses jambes à son cou. Dans la précipitation, il chuta une demi-lieue plus loin, se tordant la cheville au passage. Désormais, dans l’impossibilité de courir, l’homme sentait sa fin approcher. Toutefois, il mourrait comme il a vécu, en combattant. Il se traîna encore sur quelques centaines de pieds, son assaillant jouant visiblement avec lui, savourant l’odeur du gibier terrorisé. Sylvestre, tant bien que mal, arriva à traverser un tronc d’arbre, surplombant un précipice. Il soupira. Il implora son dieu de lui venir en aide alors qu’il se dressa, perdu, seul au milieu de ce pont de fortune.
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“Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!!”
Jon’son stoppa sa course un moment, tendant l’oreille. Les filles, elles continuèrent, distançant désormais le capitaine. Nul doute, ils n’étaient plus que trois. Le capitaine reprit sa course, mais une violente douleur au mollet droit le coupa dans son élan. Il tomba à terre. Une flèche de bambou, de deux pieds de long, avait transpercé sa jambe de part en part. Hurlant de douleur, il rampa, tentant de fuir les lieux avec l’énergie du désespoir. Son manoir, son titre, il était hors de question que cela lui échappe. Il avait pillé, volé, tué, trahi trop fort pour en arriver là. L’humain sentit une puissante poigne le saisir à la nuque, le soulevant du sol avec aisance. Son assaillant se matérialisa. Monstrueux, difforme, aux yeux désynchronisés, sans cesse en mouvement, guettant chaque coin et recoin. Ce que Jon’son prit pour un rictus sembla se dessiner sur les lèvres de l’horrible créature. Une vive douleur saisit le capitaine alors que la créature venait de planter un poignard en os de deux pieds dans son entrejambe, puis remontait doucement, éviscérant Jon’son lentement. Il fixa le saurien qui lui ôtait doucement la vie. Un détail attira toutefois son regard. Attaché à l’une des ceintures de corde végétale du Skink, les têtes de tous ses mercenaires pendaient, arrachées violemment à leur dépouille, la colonne encore fixée à la base du cou. La lame remonta jusqu'à la nuque de Jon’son et, de deux coups d’une précision chirurgicale, le saurien décapita l’humain, gardant la tête tandis que le reste de son corps, éventré, chuta lourdement au sol. Il resterait là, jusqu’à ce que les bêtes sauvages de la jungle ne s’en repaissent.
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Enfin, l’air pur, salé du large se faisait sentir. Le bruit des vagues et, enfin, la mer. La vaste étendue azure s’étendant à perte de vue. Par une chance inouïe, le bateau n’était qu’à une centaine de pieds de là. La chaloupe ayant coulé, sans prendre le temps de réfléchir, Lelith et Boa se jettent à l’eau, nageant en toute hâte jusqu’à la sécurité relative du navire. Une fois à bord, les deux derniers hommes de l’équipage, restés là pour garder le bâtiment, questionnèrent presque immédiatement l’elfe et l’amazone. Ne tolérant guère son ton, Lelith s’apprêtait à l’occire quand quelqu’un, ou plutôt quelque chose s’en chargea pour elle. Un poignard traversa l’homme de part en part, le soulevant du pont, avant de l’envoyer par-dessus bord. L’agresseur se matérialisa, face à Lelith. Boa tenta de l’attaquer avec sa lance, profitant d’être derrière lui, mais, grâce à ses yeux, il dévia aisément l’attaque, attrapant la jeune femme par la gorge et la précipitant contre le mât central avec force. Fatiguée de fuir, la noble dégaina son épée, prête à défendre chèrement sa vie. Elle esquiva la première attaque du saurien, malgré sa vivacité. Le bougre étant sacrément plus rapide que les skinks rencontrés précédemment. Elle esquiva la seconde attaque, para la troisième, et parvint à blesser son adversaire d’une attaque de taille, entaillant la cuisse de la bête. Il poussa un cri guttural, chargeant à nouveau l'elfe. Son épée manqua, mais son poing trouva le chemin du plastron de Lelith. Le coupa lui coupa le souffle, la soulevant du sol. Elle retomba lourdement, toussant, crachant un filet de sang. La main du saurien se redressa autour de sa gorge, la levant doucement vers lui. Le même rictus mauvais se dessina tandis que son poignard approchait le bas-ventre de Lelith.
L’elfe fut plus rapide. Elle s’empara de sa dague dissimulée, qu’elle planta dans l’oeil gauche du saurien. Il poussa un cri de douleur et relâcha l’elfe. Il arracha la dague de fer noir de sa blessure, la jetant dans l’océan, avant de se tourner vers l’elfe qui gisait au sol. Elle n’était plus là. Il fit volte face. La druchii avait rampée quelques pieds plus loin, à l’abri. Alors qu’il s’avançait d’un pas lourd vers elle. Un cri, provenant de sa gauche le héla. Il tourna la tête, son œil gauche désormais crevé.
“BOOOM !”
Le Skink explosa, son cadavre désarticulé projeter une vingtaine de pieds plus loin par la déflagration. Un sang violacé avait abondamment recouvert le pont, les voiles et Lelith. Boa, aidée par le dernier membre d’équipage en vie, avait profité que Lelith détourne l’attention du monstre pour charger l’un des canons et s’en servir contre. La Druchii soupira. Le calvaire était enfin terminé. De l'expédition, il ne restait plus qu’elle et Boa. Du trésor, quelques pierres précieuses. L’amazone aida Lelith à se relever, souriante. Elle semblait reconnaissante envers l’elfe. Inconsciemment, sans doute, la Druchii avait permis à la jeune humaine de garder le contrôle de ses émotions, et de mener les survivants sur la bonne piste.
La noble montra la flaque de sang violet au sol, désigna ensuite le marin survivant, lui jurant que s'il ne les menait pas à bon port à partir de maintenant, il serait le prochain. Aidée par Boa, l’elfe rejoignit la cabine du capitaine, afin de jeter un œil sur ses blessures et, évidemment, de profiter abondamment de toutes les commodités du lieu en compagnie de l’amazone.