Perdu dans l'espace, 999.M41.
Des murmures, des souffles de soulagement, et puis enfin, les premiers cliquètements des ceintures de sécurité. Ils avaient quittés la thermosphère, ils avaient franchis le blocus chaotique autour d’Elona et personne ne les avaient empêchés. Les derniers événements étaient irréels. Pourquoi les forces du chaos avaient-elles agit ainsi ? Pour qu’ils puissent annoncer aux mondes impériaux à proximité la chute d’Elona ? Ou était-ce autre chose ? Nul ne le savait.
Rapidement, la vie reprit dans le vaisseau. Sur les ordres du capitaine Radja, chaque survivant de ce qui avait été la bataille pour Elona, s’installa à son poste. Car dès à présent, il fallait penser à l’après. Que faire maintenant qu’ils s’étaient sorti des griffes du chaos ? Le vaisseau errait dans l’immensité spatiale sans véritable but, et surtout, sans navigateur. Une de leur principale porte de sortie s’en trouvait à moitié close. Auraient-ils l’audace de s’aventurer dans le Warp sans personne pour les guider ? A n’en point douter, c’était un pari ambitieux, mais risqué.
Leurs autres solutions étaient toutes aussi bancales. Peut-être pourraient-ils se diriger vers la planète impériale la plus proche ? Mais comment savoir combien de planètes avaient été englouties par l’aura de destruction de la flotte Iron Warriors ?
- A proximité de notre position, je vois trois planètes. Aucune ne me parait être adéquate. Une est un monde mort. Son nom, E-1D. La deuxième, E-2S est un monde sauvage principalement composé de jungles et de montagnes. Hormis la présence de rares expéditions scientifiques, aucune activité pérenne n’y est recensée. Le troisième monde, E-3MAA est un ancien monde minier. Toutes les ressources étant été exploitées, il est désormais abandonné. Cela fait près de 400 ans que ses ressources ont été épuisées. La planète habitée la plus proche n’est guère plus réjouissante. Il s’agit du monde pénal de Kastyra… Il se situe tout de même à 5 années de lumière de notre position actuelle. Que faisons-nous ? Je me tiens prête. Galate, terminé.
La voix du lieutenant Kaitlyn Galate se tut dans un grésillement de vox. Les dernières heures avait été particulièrement éprouvantes pour elle. N’ayant jamais piloté un vaisseau pouvant s’extraire de la stratosphère, la pilote de chasse avait eu des sueurs froides lors son vol au beau milieu du blocus chaotique. Mais grâce à sa volonté et son courage, elle avait brillament réussi. Maintenant qu’ils étaient à l’abri des menaces, la jeune femme pouvait expérimenter à son bon vouloir les différentes capacités du vieux vaisseau.
***
Ali Radja était perplexe. Sans cesse hanté par la présence des Iron Warriors sur ce monde, il avait du mal à se concentrer sur la situation présente. Que faire ? Tallarn était à des dizaines d’années de lumière d’ici et sans navigateur, c’était pratiquement la mort assurée. Les informations que lui avait amenées Galate, n’étaient guère plaisantes, mais il allait devoir composer avec. Pour le conseiller il avait pris soin de mettre en place un conseil avisé autour de lui. Il était certes le plus gradé dans le vaisseau, mais il était désormais clair que la hiérarchie militaire avait été dépassée par les événements sur Elona. Dans un endroit aussi confiné, l’insubordination et la suspicion pouvaient rapidement prendre le dessus sur le prestige du grade. C’est la raison pour laquelle, il avait jugé digne de le conseiller, deux soldats de leur groupe de survivants. L’adjudant-chef de la Death Korps de Krieg, Anatoli Kerzatski et la première classe d’Elona, Taille Tallgott. Le premier était un soldat aguerri par des dizaines d’années de conflit, et la deuxième avait brillée par sa perspicacité, ses intuitions et son sens du devoir. L’aura qui entourait Taille avait clairement dépassé son grade de soldat de première classe. Elle était respectée dans tout l’équipage et tous savaient qu’elle était une pièce maîtresse de leur survie. Mêmes les deux mégères, les lieutenants Galate et Djamena avaient dû s’incliner devant les capacités de Taille. Elles avaient trouvées à redire sur le choix de Radja, mais il était clair pour les autres que le capitaine n’aurait pas pu choisir une hystérique rebelle et une colérique jalouse dans son triumvirat de commandement.
- Tallarn est à près de 80 années de lumière d’ici. Krieg en est à une quarantaine. C’est pour autant dire quasiment impossible de les atteindre sans que nous récupérions un navigateur. A moins que nous croisions par miracle un navire impérial qui aurait la charité de nous donner un, je ne vois pas comment nous pourrions en obtenir un. Quand bien même nous voudrions aller sur le monde pénal de Kastyra, il nous faudrait aussi emprunter le Warp. Aurons-nous l’audace de le faire ?
- Hormis E-2S qui est possiblement habité par des scientifiques, les autres planètes sont inutiles. Je pense qu’il serait mauvais de rester ici à attendre un vaisseau impérial, sachant que la menace du chaos rôde dans cette partie de l’espace. Le vaisseau aurait tôt fait de retourner dans la nasse des hérétiques. Le warp est malheureusement la plus logique de nos solutions… A moins que vous n’ayez d’autres solutions, seconde classe ?
Le Death Korps de Krieg parlait avec un ton bourru, mais ceux qui le connaissait savait qu’il s’était exprimé de façon respectueuse. Il n’avait pas appuyé sa phrase sur le grade de Taille par moquerie ou par mépris, mais par simple rigueur militaire. Anatoli était un soldat avant d’être un citoyen de l’Imperium.