Après le temps des étreintes et du réconfort devait revenir celui du retour à la réalité, avec toutes les responsabilités qui incombaient à son nouveau rôle de chevalier du royaume. Ophélie se contenta de hocher la tête lorsqu'il commença à décrire les actions qu'il devait désormais entreprendre pour préserver la sécurité de cette petite ville, peut-être un peu perdue par l'enjeu des questions soulevées. Il lui demandait une opinion sur ce que lui, le seigneur de Derrevin, devait faire, mais Ophélie n'avait que douze ans et son visage trahit sa soudaine anxiété face aux responsabilités qu'il mettait sur ses épaules. Elle prit quelques secondes pour réfléchir, avant de répondre très timidement.
- Je ne sais pas, mon seigneur.
Elle rougit aussitôt, manifestement effrayée de décevoir Armand. Elle enchaina rapidement en bégayant un peu pour se rattraper.
- Je... je ne pense pas qu'on puisse naitre mauvais, messire. Ni qu'on puisse nous forcer à le devenir. C'est un peu niais je sais, mais... je crois seulement que le chemin du bien est difficile est arpenter, et qu'il est tentant de choisir de s'égarer sur cet attrayant bas-côté. Même... même pour les plus grands.
Elle inspira longuement, son nez faisant un vilain bruit de morve suite aux précédents épanchements. Elle fit un signe de tête vers la porte.
- Des fois j'aimerais pouvoir les rejoindre. C'est difficile d'être différente, et isolée. Mais je ne veux pas faire semblant d'être une autre pour autant. Et vous ne devriez pas non plus. Votre fils a besoin de vous, du vrai vous, pour le guider.
Un sourire timide apparut alors sur son visage.
- Je serais ravie de pouvoir aider Thecia. Elle est très gentille, et très douce. Si vous lui permettez de venir ici, je prendrais soin d'elle c'est promis.
Puis le silence. Armand et Ophélie regardèrent la porte permettant de quitter la pièce, avec une anxiété partagée.
Peut-être partagèrent-ils encore quelques instants, mais le seigneur de Derrevin ne pouvait pas se soustraire éternellement à son devoir. Il devait poser la main sur cette poignée, et quitter le sanctuaire.
Dans le couloir de l'hospice, un homme au visage familier faisait le planton. C'était le fils du forgeron, le borgne à l'oreille ébréchée avec son bâton de fer. Dès qu'il l'aperçut, l'homme lui offrit un sourire chaleureux :
- Sire Armand, quelle joie d'voir que vous vous portez comme un charme ! C'est déjà la deuxième fois qu'Ophélie vous sauve des griffes du Grand-Père, si je n'me trompe pas... j'espère que vous avez prévu de lui offrir quelque chose pour la remercier !
Il laissa éclater un petit rire, tandis que son unique oeil scrutait le visage d'Armand.
- C'est dommage qu'elle n'ait rien pu faire pour votre... changement. Mais je suppose que ce sont bien là les limites de la Mère - viendra un temps où Gilles pourra lui offrir une retraite digne afin qu'elle puisse enfin sécher ses larmes, et peut-être sourire à nouveau.
Mais j'en oublie encore les bonnes manières, pardonnez-moi - dame Alys m'a houspillée quand elle a appris que je n'me suis pas présenté à vous la dernière fois. J'suis Olivier messire, le fils d'Josset, le vieux ronchon qui tient la forge d'Derrevin. C'est moi qu'ai fabriqué vot'miséricorde, j'espère qu'elle vous a donné satisfaction !
Il fit alors un signe de tête vers la sortie.
- Vous venez ? Votre femme m'a expressément demandé que vous la rejoigniez dans votre domicile dès que vous seriez remis sur pieds et... après deux jours d'attente, mieux vaut ne pas contrarier la dame de Montagu !
Etrange personnage que ce borgne. Derrière son œil amusé et son sourire, il tenait avec fermeté son bâton, et tout son corps semblait en alerte, prêt à agir. Si sa bonne humeur et son humour étaient certainement sincères, il ne baissait pas sa garde en compagnie d'Armand. Pourtant, il avait une aura naturellement calme et assurée : il était prêt à contrer tout problème, mais ne s'inquiétait aucunement de sa capacité à gérer tous les imprévus.
Quittant l'hospice pour rejoindre la cour intérieure, Armand put remarquer qu'il avait récemment neigé puisqu'une fine couche blanche recouvrait le sol, et aussi qu'il était encore bien tôt : les premiers rayons du soleil ne franchissant que timidement les murs du temple. Pourtant, une petite foule se pressait déjà dans l'enceinte du temple de Shallya, formant trois files d'attente bien rangées pour chacune des trois petites chapelles. Alors qu'ils passaient devant, l'une des trois portes s'ouvrit, et Armand reconnut immédiatement cette grande et épaisse silhouette qui en sortie : c'était Rémon, avec un sourire jusqu'aux oreilles et les joues bien rouges, sautillant de joie en riant jusqu'à la sortie comme un enfant à qui on venait de donner des bonbons.
Le regard affuté d'Armand remarqua néanmoins un étrange détail : la main du paysan héroïque était entourée de quelques bandes de tissu desquelles s'échappaient quelques gouttelettes rouges, qui venaient s'écraser dans la neige et disparaître dans la poudreuse.
- Les bénédictions du matin, déclara le borgne en apercevant le regard curieux de son seigneur.
L'occasion pour chacun de communier avec la Protectrice et l'Enfant, partageant leur lien en buvant un peu du saint nectar nourricier. Le lait maternel est l'unique source de vie de Gilles, et dans sa générosité il la partage pour en faire don à chacun de nous.
Une ombre sembla traverser le visage du borgne, avant qu'il ne reprenne son naturel plus assuré.
- Vous n'avez pas votre place à leurs côtés. Vous êtes le Père. Vous ne partagez pas ce lien avec l'Enfant, tel que le veut l'ordre naturel des choses. Mais cela ne vous empêche pas de l'aimer, et donc par extension, de nous aimer tous. Nous sommes ainsi vos enfants, et vous nous protégerez du Mal.
Un moment étrange, surréel. Le ton du borgne était si neutre et pourtant assuré qu'il était difficile de deviner son intention. Etait-ce une menace ? L'établissement verbal d'un fait ? La formulation d'un espoir ? Une litanie récitée par cœur ?
Mais cet instant disparut aussitôt, tandis que l'homme au bâton reprit sa marche comme si de rien n'était, enjoignant Armand à quitter le temple à ses côtés.
Il était tôt, mais une bonne partie de Derrevin semblait déjà debout. Au sud, des maçons et des artisans travaillaient ensemble pour fabriquer de nouveaux logis dans la partie brûlée de la ville afin de fournir un toit aux nombreux réfugiés qui pullulaient dans la ville. Une poignée de bateaux de pêche s'éloignait de la rive pour aller chercher quelque pitance dans le Gilleau, tandis que quelques pêcheurs moins fortunés s'installaient sur les pontons aux côtés des lavandières. La forge de Josset tournait déjà à plein régime - pas étonnant en cette saison où l'on se consacrait principalement aux préparatifs de l'année prochaine, notamment en entretenant ses outils. Quelques-uns quittaient la ville pour aller couper du bois, nourrir les bêtes dans enclos extérieurs, ou réparer quelque clôture abimée. Non loin d'Armand, de nombreux enfants profitaient de la neige pour organiser des batailles en règle ; en tendant l'oreille, il remarqua que le combat opposait le camp du " valeureux seigneur Armand, protecteur des opprimés" contre celui de "la sorcière maléfique Mélaine, dévoreuse d'enfants". Une boule de neige perdue vint malheureusement siffler trop près de l'épaule du seigneur de Derrevin - le hasard voulut que ce soit la gamine tenant le rôle de la prophétesse qui en était responsable. Toute penaude et rouge de honte, elle s'approcha d'Armand et se confondit en excuses et en courbettes polies. A cette distance, le chevalier put remarquer que, dans ses cheveux ébouriffés, elle avait éparpillé des plumes d'oiseau récoltées ça et là.
Devant la maison du régisseur se tenait une unique sentinelle - celle-là même qui gardait déjà les lieux lors des précédentes visites d'Armand. La différence, c'était que la demeure de Carlomax dans laquelle Armand avait été invité, était désormais celle de l'héritier de Lyrie.
Le grand hall du rez-de-chaussée était vide - de toutes manières, s'il avait autrefois pour fonction de permettre au régisseur de s'adresser à tous les habitants, Derrevin accueillait aujorud'hui trop de réfugiés pour que tout le monde puisse tenir dans cette pièce.
Olivier amena Armand au premier étage, devant une porte qui lui était sans doutes familière, puisque c'était là qu'il avait dormi lors de sa première nuit dans ces lieux. Le borgne toqua à la porte, avant de s'annoncer :
- C'est Olivier ma dame. En compagnie d'votre époux.
Il y eut un court silence, avant que la porte ne s'ouvre et ne dévoile Jehanne de Montagu. Elle portait par-dessus sa chemise blanche en soie une longue longue cotte orange, doublée de fourrure gris-blanche. Sa tête était posée une belle coiffe nacrée ornée de fils dorés entrelacés, dissimulant de longues nattes enroulées à l'intérieur. Elle ne portait aucune bague, mais autour de son cou pendait un collier serti de diamants, et à ses oreilles deux petites perles sur des supports dorés. De son accident de cheval et de sa rencontre avec un parterre de boue ne subsistait qu'un seul souvenir - la manche gauche de sa tenue était retroussée à cause d'une attelle enserrant son poignet.
- Curieux, je ne me rappelle pourtant pas que quiconque m'ait encore offert la moindre bague ni n'ait payé de dot à mon père...
Un sourire en coin de connivence à Armand, puis sur une soudaine impulsion, elle se jeta sur lui, l'enlaçant tendrement de ses bras avant de poser doucement sa tête sur son épaule. L'étreinte dura plusieurs secondes, assez longtemps pour qu'Olivier se racle comiquement la gorge derrière eux, comme pour rappeler son existence.
- Ne vois-tu donc pas que tu gênes les retrouvailles d'un couple ? Déguerpis donc !
- Immédiatement ma dame, répondit Olivier sans se démonter le moins du monde,
mais je souhaitais tout d'abord vous remettre votre nectar du jour. Vous n'êtes pas venue au temple ce matin et la grande prêtresse, sachant combien vous étiez débordée de travail et étant très soucieuse de votre état de santé, m'a confiée une double dose rien que pour vous.
Il sortit de sa besace en cuir une petite fiole en verre pleine à ras bord de lait rose, et la remit en mains propres à l'héritière de Montagu. Cette dernière hésita une courte seconde puis réagit : elle retira ses boucles d'oreille et les offrit au fils du forgeron, avant de se saisir de la fiole, et de la glisser dans une poche dissimulée de son habit.
- Vous ne la buvez pas maintenant ? questionna le borgne dont l'unique sourcil visible se souleva.
Comme au temple, il était impossible de déterminer si dans sa phrase existait une menace sous-jacente ou si la question était parfaitement innocente. Pour un paysan, il se montrait en tout cas bien sans-gêne... mais Jehanne ne se laissa pas démonter, répondant avec effronterie :
- Je n'ai pas soif, petit cyclope. A mon plus grand regret, Armand et moi allons devoir discuter de sujets difficiles sur la manière d'offrir à Gilles un avenir radieux qui ne baigne pas dans les larmes et le sang, et je crains que le doux nectar de notre bien-aimée Protectrice ne m'inspire des idées d'activités certes plus relaxantes mais bien moins pérennes pour notre chère petite ville. Je la boirais sans fautes une fois mon devoir accompli je te l'assure.
Olivier lui rendit son sourire en coin. avant de faire une courbette polie.
- Je signalerais donc à la Protectrice que vous avez bien reçu votre bénédiction du matin, et que vous la remerciez pour sa générosité. Bonne journée ma dame. Bonne journée mon seigneur.
Elle n'attendit pas davantage son départ pour guider Armand dans l'étude, refermant la porte derrière elle. Aussitôt, elle se saisit de la fiole dans sa poche, en retira le petit bouchon de liège, huma son parfum puis plongea son doigt dans le liquide avant de le retirer et de sucer avidement les quelques gouttes déposées sur sa peau. Elle poussa alors un long soupir d'extase tandis qu'un sourire radieux apparaissait sur son visage. Ce n'est qu'après quelques secondes qu'elle revint à la réalité, refermant la fiole et la posant sur le bureau déjà bien encombré d'un capharnaüm de paperasse, avant de croiser le regard d'Armand, et comme pour répondre à ses interrogations, de lever son index comme pour lui faire la leçon :
- C'est le rôle d'une mère que de ne pas obéir à tous les caprices de son enfant. Mais ça ne veut pas dire pour autant que dois cesser d'être présente pour lui.
Un moment de gêne passa sur son visage, et elle baissa son bras.
- Pardon, c'est vrai que ce doit être difficile à comprendre pour vous. Vous ne partagez pas notre lien.
Elle laissa alors son regard parcourir le corps d'Armand de la tête aux pieds, et quand elle reprit la parole sa voix était teintée d'émotion.
- Vous... quand vous êtes revenus vous étiez... ce n'était pas beau à voir, messire. J'ai cru que c'était votre cadavre que les frères Louvières ramenaient. La Protectrice n'a rien pu faire pour vous. Et aujourd'hui vous êtes...
Elle s'approcha, et tendit la main vers le visage d'Armand, laissant ses doigts parcourir son visage lentement, comme pour vérifier qu'elle ne rêvait pas.
- C'est comme si la petite laideronne vous avait arraché en personne des jardins. Il est malheureux que sa foi envers Shallya ne laisse plus aucune place dans son cœur pour Gilles.
Elle retira sa main, et poussa un long soupir de fatigue. A bien y regarder de près, il était vrai que Jehanne semblait moins fringante que la veille : son teint était blanchâtre, et son maquillage ne dissimulait que partiellement ses cernes et le début de ses rides. Elle se retourna, puis s'assit sur la chaise faisant face au bureau, avant de se saisir de l'ouvrage dans lequel elle était apparemment en train d'écrire avant d'être dérangée.
- Vous avez réussi Armand, les frères Louvières et vous avez vaincu la prophétesse alors que tout espoir semblait perdu pour Derrevin. Vous avez prouvé aux habitants et à Gilles que vous étiez là pour eux, que vous étiez prêt à assumer votre rôle de Père. Vous nous avez tous sauvé du danger immédiat qui venait semer la ruine à nos portes. Mais... vous devez vous en douter, aller agiter votre épée et risquer la mort au combat est la partie facile du quotidien d'un seigneur. La partie la plus difficile s'annonce désormais : la politique d'Aquitanie.
Elle éclata d'un petit rire nerveux, avant d'ouvrir les bras pour montrer l'enfer de paperasserie dans laquelle elle s'était enfouie.
- Je vais vous donner un aperçu de nos problèmes actuels, j'espère que vous avez l'esprit vif de bon matin messire. Par où commencer... disons ce que vous avez raté pendant votre période de rémission. Carlomax et ses hommes sont devenus ici après leur débâcle dans le verger - seule la moitié de ses hommes a survécu. Si sa désertion et son manque de foi sont consternants, j'ai considéré qu'il serait un gâchis de perdre notre unique contact avec les Sans-Visages, aussi ont-ils tous été condamnés à faire pénitence au temple, où ils prient du matin au soir l'Enfant Divin afin d'implorer son pardon. Les frères Louvières ont également porté ici le cadavre de la prophétesse, ou tout du moins du monstre qu'elle est devenue...
Son regard se perd quelques instants, avant qu'elle ne retrouve sa concentration
- Malheureusement, le prêtre de Morr qui officiait ici par le passé a succombé de la peste, et ses cendres ont été enterrées dans son propre cimetière. Un paysan connaissait quelques techniques pour ralentir le pourrissement de son corps, mais c'est très sommaire - si on veut l'utiliser comme preuve de la déchéance de la prophétesse, nous allons devoir faire vite. Par ailleurs, nous n'avons encore aucune nouvelle de Thevot de Maisne - il faut espérer qu'il se remette de ses blessures, et surtout que malgré son éloignement avec Gilles, il reste fidèle à sa foi nouvelle. Alys est confiante, moi... un peu moins. Quoiqu'il en soit, la disparition de Mélaine va bientôt devenir sujet de discussion à la capitale, il est vital qu'on prenne de vitesse nos opposants pour apposer notre version de la vérité. Ah, et le petit sire Arnoulet apprécierait qu'on lui offre une nouvelle armure, aussi.
Un plissement de lèvres, parodie de sourire attristé.
- Les paysans manquent de vivres. La ville n'est pas prévue pour accueillir autant de bouches à nourrir, et beaucoup de familles se serrent la ceinture au quotidien, plus encore que d'habitude. Le nectar de la Protectrice leur donner une impression de satiété, mais ne les nourrit pas vraiment. Et les importations sont impossibles tant que les Maisne bloquent nos routes - tous les marchands souhaitant venir à Derrevin, Pulnoy ou Cinan sont déboutés. Il existe bien quelques chemins boueux mal surveillés pour quitter nos terres, mais elles ne sont en aucun cas empruntables par des chariots de marchandises. Quant à utiliser le fleuve... depuis que les gillites ont été surpris en train d'aider des fugitifs à nous rejoindre, le seigneur Gencien les fait chanter pour les empêcher de nous faire parvenir quoi que ce soit. Actuellement, les seuls marchands qui arrivent jusqu'à nous sont ceux en provenance de Quenelles, mais des rumeurs parlent d'une alliance en développement entre les Maisne et le Comte Hincmar, le premier ne pouvant officier chez nos voisins et le second ayant besoin d'hommes pour pallier aux récentes pertes du duché contre les peaux-vertes d'Orquemont.
Un soupir de dépit.
- Economiquement, nous sommes dans la panade. Tout ce qui appartenait à la noblesse ici a déjà été vendu ou donné pour l'effort de guerre des herrimaults dans tout le pays. Les quelques biens matériels qui subsistent ont été offerts par les habitants à Gilles pour le remercier de ses bénédictions. Nos chevaliers sont pauvres, nos paysans miséreux, nos réfugiés loqueteux. Le chateau est en ruines - des trois villages que vous dirigez, seul Cinan possède un fort modeste qui tient encore debout. Nous pourrions démonter celui de Cinan et utiliser les ressources acquises pour reconstruire ici, mais cela prendrait un temps considérable, et nos rares maçons et artisans sont déjà bien occupés à construire des logements aux réfugiés qui s'entassent déjà dans nos rues.
Elle s'affaissa dans sa chaise.
- On a également du mal à faire régner l'ordre. Le matin après la bénédiction, tout le monde collabore dans la bonne humeur, mais le soir des conflits tendent à éclater. Des querelles d'ego à celui qui servira le mieux Gilles. Des paysans qui remettent en question votre légitimité et rappellent Carlomax au pouvoir. Les herrimaults et les chevaliers tendent à en venir au poings lorsque les conflits de classe sociale réapparaissent. Des natifs en viennent à se quereller avec les réfugiés parce qu'ils ne souhaitent plus partager leur logement et leurs vivres. Des problèmes qui iront en s'apaisant naturellement lorsque Gilles grandira et prendra des forces, mais pour le moment notre petit dieu n'a pas la volonté de calmer tous les esprits à la fois. Pire que cela, cette agitation l'attriste et le fait pleurer abondamment, malgré les soins de notre Protectrice.
Elle se frotta les yeux de fatigue, avant de conclure :
- Ah, et n'oubliez pas que nous devons aussi nous marier et officialiser la naissance de notre enfant. Peut-être regrettez-vous maintenant d'avoir survécu à la prophétesse ?