[Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

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La passerelle toute entière du navire tremblait. Les murs du vaisseau semblaient pulser, se rétracter, dans d’horribles bruits de grésillements métalliques. La voix torturée d’un servitor lobotomisé répétait en boucle les mêmes avertissements, qui tombaient dans l’oreille du seul sourd encore présent à bord, dans une tentative désespérée et inconsciente de sauver l’équipage constitué d’un seul homme :


« Alerte. Alerte. Danger critique. Dépressurisation. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage.
Alerte. Alerte. Danger critique. Dépressurisation. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage. »



Une sirène hurlait. Sous la pression, enfin, un tuyau décida de rompre après des millénaires de service et d’entretien : la conduite décida de rendre l’âme et d’exploser, libérant un gaz brûlant avec la violence du sang qui quitterait une artère sectionnée. Et toujours les mêmes cris métalliques. Et toujours le même tremblement du moteur dont l’Esprit de la Machine rendait toute l’âme pour continuer l’effort.
Ce navire était un palais, au sens premier du terme. Partout sur la passerelle, on voyait des œuvres d’arts, des artefacts de civilisations disparues, et un immense tableau représentant un grand capitaine en beau costume au sourire insolent : le gaz frotta l’huile sur toile, qui se mit alors à se consumer avec une étincelle. En quelques instants, il y eut le feu sur la passerelle.
Le cogitator central hurla une autre alarme. Utilisant les bribes d’intelligences que lui permettait la programmation des technoprêtres du culte-Mechanicus, il tenta d’ouvrir des dissipateurs qui priveraient la passerelle toute entière d’oxygène afin d’empêcher les flammes d’avaler tout le poste de commandement — un avertissement encore plus terrifiant que les autres résonna à travers les porte-vox qui souffraient pour communiquer les dernières octaves dont le système audio était capable.

« INCENDIE. RETRAIT D’OXYGÈNE ENCLENCHÉ. PRENEZ IMMÉDIATEMENT UN RESPIRATEUR OU ACCEPTEZ LA PAIX DE L’EMPEREUR.
*bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzt*
INCENDIE. RETRAIT D’OXYGÈNE ENCLENCHÉ. PRENEZ IMMÉDIATEMENT UN RESPIRATEUR OU ACCEPTEZ LA PAIX DE L’EMPEREUR. »



Le seul homme à bord décida enfin de réagir. Avachi sur l’immense fauteuil qui trônait tout au-dessus de la passerelle, de là où il pouvait diriger le gouvernail (En réalité c’était plutôt fait pour le pilote en contrebas, mais il suffit d’une petite manipulation sur le cogitator pour transférer les commandes…), il tenta de se lever, tituba, s’affala contre l’accoudoir, et culbuta une bouteille d’amasec vide par terre. Avec ce qui lui restait d’oxygène, et alors qu’il avait plus d’éthanol que d’O² dans le sang, il attrapa un des respirateurs qui était tombé du plafond, le fixa sur son visage, et maintenant, accroché à une des barres de la passerelle, il tremblait, à peine debout.
Ses yeux observaient son poste de commandement vide d’équipage. Ses oreilles bourdonnaient à cause du hurlement des sirènes et des avertissements des systèmes d’urgence. Ses yeux observaient l’incendie, la coque qui cédait, l’espace qui allait envahir son vaisseau. Son héritage. Son temple.
La raison de sa peine.
Il voulait faire souffrir ce vaisseau tout entier, comme il avait fait souffrir les propriétaires.

Il détourna le regard, pour le plonger droit devant lui : par-delà la grande baie d’observation des officiers supérieurs. Il voyait le vide de l’espace. L’horreur du noir du secteur Calixis. Et tout au milieu, un soleil qu’il décida de regarder droit devant, quand bien même il savait que c’était se brûler la rétine d’une façon indicible et indolore.

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Il serra fort la rambarde, fort à s’en faire mal aux phalanges. Il respirait difficilement, et pas qu’à cause de l’air en train de se raréfier. Sa peau brûlait, mais pas qu’à cause des flammes en train de dévorer la passerelle.

Et toujours, toujours ses oreilles sonnaient.

« Alerte. Alerte. Danger critique. Dépressurisation. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage.
Alerte. Alerte. Danger critique. Dépressurisation. Décrochage. Décrochage. Décrochage. Décrochage. »

« INCENDIE. RETRAIT D’OXYGÈNE ENCLENCHÉ. PRENEZ IMMÉDIATEMENT UN RESPIRATEUR OU ACCEPTEZ LA PAIX DE L’EMPEREUR.
*bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzt*
INCENDIE. RETRAIT D’OXYGÈNE ENCLENCHÉ. PRENEZ IMMÉDIATEMENT UN RESPIRATEUR OU ACCEPTEZ LA PAIX DE L’EMPEREUR. »


« Je t’en supplie ! Ne fais pas ça ! »



En une milliseconde, il passa du brûlant au glacé. Le dos tout entier du capitaine se couvrit de chair de poule. Il se retourna à nouveau, il regardait son passé en train de se consumer. Il avait ouvert grand les bras, quand bien même son ébriété menaçait de le faire chuter.

Mais elle n’était pas là.

Et pourtant il l’entendait encore implorer. Implorer avec sa voix pleine de larme. Sa voix pleine de sanglots. Sa voix pleine de morve. Il l’entendait en boucle, encore, encore…

« POUR L’AMOUR DE L’EMPEREUR ! NON ! PAS ELLE ! PAS EEELLEEE ! »


Il avait voyagé jusqu’au bout de la galaxie. Quitté à jamais la lumière divine. Eut la réponse à des questions que les mortels ne devraient jamais poser. Il avait tenu entre ses mains le pouvoir suprême. Vu des dizaines de milliers d’hommes en uniforme se tenir au garde-à-vous devant lui. Mettre ses ennemis à genoux, les entendre quémander merci — et le leur refuser. Et leur faire payer au centuple les souffrances qu’ils avaient infligées à des innocents. Il avait gratté son âme, et corrompu sa chair. Il avait trahit tout ce qu’il avait été. Et serait jamais.

Et pourtant il l’entendait encore. Et il l’entendait éternellement.

« NE LUI FAITES PAS DE MAL ! NOOOOOON ! »



Il ouvrit les yeux. Le soleil noir était devenu énormissime. La baie d’observation était en train de se couvrir d’impacts et de fissures. La voix du servitor, maintenant, était devenu implorante, et même hésitante — comme si cet être lobotomisé lui-même avait retrouvé son âme pour implorer son maître de faire demi-tour.

Et à l’intérieur, alors que ses yeux brûlaient, et qu’il commençait à devenir aveugle, il voyait tout ce qu’il voulait voir.

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Alors, il poussa à fond sur la manivelle qui commandait le moteur d’urgence. Et il tua ce qui restait de vie dans cet antique vaisseau, pour l’envoyer au fond du soleil.

Et alors que son corps tout entier se mettait à s’embraser, il hurla à s’en arracher les cordes vocales, un dernier cri pour pousser son corps dans ses derniers retranchements, et sacrifier ultimement sa vie en même temps qu’il avait sacrifié tout le reste.



Et Fiat Lux.



Dark Heresy.


Prologue : Le tranchant des ténèbres.




Pensée du Jour :
L’espoir est le premier pas sur le chemin de la déception.



815.M41.
Quelque part dans les Marches de Markayn, secteur Calixis.



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Le vaisseau voyageait dans le noir de l’espace. Cela faisait un moment qu’ils avaient quitté la petite planète de Fedrid, un monde-mortel particulièrement ignoble et dangereux dont les sujets de l’Empereur avaient l’interdiction de s’approcher sans une licence signée par les services du Sire-Secteur à Scintilla, ce que le capitaine possédait bien évidemment. Cette planète verdoyante était une jungle et un bourbier terribles, rempli de créatures toutes plus létales les unes que les autres — mais les nobles de Scintilla l’adoraient justement pour ça. Ils s’organisaient parfois des expéditions, débarquant dans des villages tribaux où vivaient quelques solides humains habitués à survivre dans cette nature hostile, pour aller faire de la chasse au vrai prédateur, ou bien pour trouver des bêtes à ramener dans les zoos des ruches de leur planète à eux. Un bon moyen de risquer leurs vies, et de gaspiller les importantes ressources de l’Imperium, simplement par plaisir de l’adrénaline. Les nobles étaient des gens incroyables.


Le-dit vaisseau s’appelait « l’Indomptable Ravel », c’était une très élégante frégate impériale, de classe Tempête de Feu pourrait même vous dire Kryptaestrex Mora, le « jeune » technographe du culte Mechanicus. Un navire d’escorte léger, une classe de vaisseau récente et connue seulement dans le Segmentum Obscurus dont ils faisaient partie — il n’y avait seulement 25000 membres d’équipages sur ce navire, et il n’était long que de 1,8 kilomètres, autant dire, pas le plus impressionnant vaisseau du monde par ses dimensions. Mais il était magnifique tout de même — flamboyant, couvert de dorures et de travées, une cathédrale spatiale scintillante, faite pour attirer l’œil. C’était un enfer de luxe tapageur, pour respecter la dignité de son illustre propriétaire : la libre-marchande Madame Hippolyte de Selleniz.
Étrange espèce que les libres-marchands. Des capitaines de vaisseaux possédant des Lettres de Marque, qui leur donnaient tous les droits pour voyager à travers les étoiles, cartographier les systèmes perdus, négocier et commercer avec des civilisations égarées — et même, paraissait-il, des populations Xenos. Personne d’autre qu’eux n’avait plus de libertés dans la totalité de l’Imperium, et tout dans le navire montrait leur richesse et leur prestance, même quand on était confié dans les quartiers des officiers subalternes et du personnel administratif : il y avait là, en plein milieu du vaisseau, des fontaines à eau en marbre blanc, des statues en or massif, des tableaux qui représentaient des estampes bizarrement assez simples et archaïques… Tout était bizarre. Surtout pour des personnes qui n’étaient pas du tout confrontés à une telle façon de vivre.


Et d’ailleurs, quatre personnes se tenaient debout au milieu d’un magnifique préau, grand comme une cour, bâti au centre de ce vaisseau. Quatre étranges silhouettes, assises sur un banc aux fauteuils de cuir, à regarder bêtement devant eux, sur l’immense mur en bois d’œuvre, une de ces estampes.
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L’un d’entre eux ne ressemblait plus tellement à un homme. Il en avait encore les jambes et les bras, il en avait encore la moitié du visage, celle qui n’était pas recouverte d’un masque de fer, mais sous son épaisse robe rouge qui camouflait tout son corps, on ne pouvait qu’essayer de deviner avec suspicion ce qui était encore de la chair, et ce qui n’était plus que du métal.


« Kryptaestrex Mora. Il vient de la flotte locale des Explorateurs. Les Thuliens. Des gens extrêmement compétents. Et curieux.
– Trop curieux. Ils aiment mettre leurs yeux un peu partout…
– Il a beaucoup d’expérience ?
– Suffisamment. Il sait s’y faire en beaucoup de choses. Cryptographie. Technomaîtrise…
– ...Xénotechnologie.
– Un dilettante. Il n’a pas encore l’esprit corrompu, son magos me l’a assuré.
– C’est ce qu’ils disaient de Malygris.
– Vous aurez besoin d’un esprit comme le sien pour cette mission. Meritech a laissé de grandes séquelles. Et puis… Il manque de relations. Sacrifiable. »


Un autre était un étrange jeune homme, grand, fin, qui avait un visage très beau, mais aussi particulièrement dérangeant : il n’avait ni cheveux sur la tête, ni barbe sur les joues, ni même sourcils sur les yeux.

« Enkidu. Récemment assermenté. Il fait partie de la discipline des biomanciens. Ses pouvoirs commencent tout juste à se révéler.

– Malfien. Ces gens-là sont dégoûtants.
– Non, Malfien d’immigration ! Laissez quelqu’un survivre un an sur cette putain de planète, vous savez qu’il peut affronter le warp.
– Je ne sais pas… Je me sens mal à l’aise d’avoir un psyker dans mon équipe, moi-même n’étant pas douée de ces pouvoirs…
– Il va falloir apprendre, très chère. Il faut craindre le sorcier, oui, mais il faut également combattre le mal par le mal. Voyez également le bon côté des choses : il est suffisamment faible que s’il se révélait être un danger, vous pourriez le liquider vous-mêmes. »


Une femme avait le visage d’une vie qui avait trop vécu. Elle aussi était chauve, et pour aujourd’hui, elle ne portait pas la magnifique perruque blanche qu’aimaient porter ses sœurs. Son plastron carapace attirait les regards : il était rempli de fleurs-de-lys, et de litanies gravées en haut-gothique sur le revêtement de céramite. Pourtant, le cœur en-dessous avait été jugé défaillant et corruptible par ses sœurs. Et par leur faute et leur haine, c’était d’ailleurs devenu vrai.

« Magdalena Séphone. Sœur de bataille de l’Ordre du Calice d’Ébène. Chambre-militante de l’Ordo Hereticus. Elle est une vraie vétérane de guerre ! Le mal ne lui fait pas peur. Elle combattra ardemment à vos côtés.
Ex-sœur. Les chiennes folles qui servent de rebuts aux Sororitas ne font jamais de bons agents. Soit elles sont tellement désespérées de revenir dans le troupeau qu’elles en deviennent suicidaires, soit elles sont tellement paumées qu’elles servent de nids à emmerdes.
– Quelle était la raison de son excommunication ?
– Confidentiel. Mais nous sommes l’Inquisition, nous savons tout : Elle a été accusée par ses sœurs de sorcellerie.
– Une semi-psyker en plus, bordel…
– Les Sororitas voient des mutations et de la sorcellerie partout. Mais elle est une arme que vous pourrez utiliser entre vos mains, Astrid. »


Enfin, le dernier était un étrange gaillard. Grand, plus grand que tous, et costaud comme un bœuf. Il se tenait tout droit sur son fauteuil, les mains sur les genoux, avec le dressage que lui avait imposé la Garde Impériale. Les trophées qu’il gardait sur lui mettaient mal à l’aise les officiers qui passaient par là, et ne pouvaient s’empêcher de le regarder.

« Theonus Wullis. 1er régiment de chasseurs de Phyrr. C’est un monde récemment incorporé dans l’Imperium, on peut remercier les missionnaires mendicantins. Violents, certes, encore semi-païens, indéniablement… Mais des serviteurs loyaux et zélés du Dieu-Empereur ? Au-delà de tout soupçon.
– Nous sommes l’Inquisition, nous devons toujours soupçonner. Déjà qu’on parle d’une bande de chiens-fous, il faudrait aussi rajouter le sanguinaire. Nous ne l’avons pas proprement interrogé. J’ai déjà eu affaire à des païens convertis ; qui sait si le Chaos ou le Xénos n’a pas laissé sa marque sur lui ?
– Quelle a été sa motivation à s’engager ?
– Servir l’Empereur, tout simplement. Il a servi dans une garde ecclésiarcale, les mendicantins n’en disent que du bien.
– Les mendicantins disent du bien de tout le monde. Ils verraient Abaddon qu’ils chercheraient un moyen de le convertir.
– Tout barbare qu’il est, il sera un agent à la mesure de votre mission. »


Les quatre se connaissaient à peine. Voilà quelques semaines qu’ils traînaient ensemble. Tous savaient pourquoi ils étaient là. Des intrus sur cet immense vaisseau-marchand. Il était un secret de polichinelle pour tout l’équipage qu’ils avaient une terrible obédience. Personne ne leur parlait, mais tout le monde les regardait en chiens de faïences.

Ils étaient des acolytes de la Très Sainte Inquisition. Les serviteurs d’une femme qui avait le pouvoir de vie et de mort sur tous les sujets de l’Imperium, et tous ses mondes, et tous ses secteurs. La crainte qu’ils inspirassent n’égalait que la crainte qu’eux-mêmes purent ressentir envers leur mission.

« Ils sont loin d’être idéaux… Mais ils serviront.
– Parce que vous les ferez servir.
– Vous partez pour le secteur Neustralien dès que possible.
– La libre-marchande a affaires sur ces planètes, ce sera une bonne couverture.
– C’est votre première mission en solitaire, Skane. Mais tout le Conclave vous fait confiance. Toute la Cabale d’ailleurs.
– …Surtout parce qu’on ne nous a pas laissé le choix.
– Je ne décevrai pas, messeigneurs. »



Et maintenant, les quatre se tenaient sur ce putain de banc depuis… Vingt minutes, avant. Normalement, dans ce préau, il y avait toujours du bruit, des discussions d’officiers en pause, du brouhaha, des rires, des plaisanteries, des potins.
Mais là, il n’y avait qu’un énorme silence, dont ils étaient la raison. On leur avait demandé d’attendre là, parce que leur maîtresse devait voir la capitaine du vaisseau. Alors on les avait fait attendre bêtement, assis.

Pourtant, quelqu’un osa braver le malaise. C’était, à en juger par l’uniforme, une simple sous-officière — une quartier-maître quelconque. Très jeune, petite, elle ne devait pas avoir plus de dix-huit années terrestres. Un œil cybernétique avait remplacé celui gauche, et elle avait le teint pâle et la lueur dans le regard encore valide des nés hors-monde. Probablement la fille d’un couple d’officiers, qui travaillait déjà auprès de ses parents. Avec un petit sourire poli, elle s’arrêta devant eux, et, les mains dans le dos, leur parla avec une petite voix incertaine :

« Ces messieurs-dames désirent-ils quelques rafraîchissements ? Le capitaine en a encore pour un moment. »

Cela allait être un de ces moments chiants à passer, où ils devaient faire mine de s’entendre, voire, chose incroyable, de faire connaissance.
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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Reinhard Faul »

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Enkidu, Psyker assermenté.


Je suis assis au bout du banc. Mon visage n’affiche pas grand-chose, mais la raideur de ma posture trahit une certaine nervosité. On est dans l’Inquisition, ça y est. J’ai très envie de bien faire, mais je ne suis pas sûr de savoir comment. Je ne suis pas très fort, ni très intelligent, et surtout j’ai la tare des Psykers qui me rend moins fiable qu’un autre. Sur Malfi j’avais réussi à trouver une certaine paix avec moi-même sur ce sujet – principalement en évitant d’y penser - mais maintenant que je suis dans des effluves puissants d’encens, à voir la volonté de l’Empereur-Dieu incarnée dans chaque objet, chaque parole, la pression est plus importante.
Bien sûr, je n’ai pas le melon non plus, je sais très bien que je ne suis personne, que mon existence n’est pas indispensable et qu’on me tuerait dans la seconde si ça pouvait aider un tant soit peu l’Inquisitrice dans sa mission (et dans l’état d’esprit où je me trouve, je me dis que ça inclus jusqu’à se servir de mon cadavre encore tiède pour bloquer les courants d’air en dessous de la porte de sa chambre). C’est pas mourir qui m’inquiète, c’est… les autres alternatives. Je sais qu’on peut rencontrer beaucoup « d’alternatives » dans l’Inquisition, des alternatives que j’ai déjà beaucoup de mal à contenir simplement en me levant le matin.

Je me force à respirer plus lentement, à souffler par le nez, et à utiliser des techniques mentales que j’ai appris lors de mon séjour à la Scholastica Psykana. Visualiser une grande lumière blanche dans ma poitrine, ne pas écouter les voix, pensées positives…

Enfin ça serait bien plus facile à faire si j’arrêtais d’éternuer à cause de la putain d’odeur d’encens que refoulent les autres gugus.

Il y a un grand type, c’est évident qu’il vient d’une planète d’arriéré. Je sais que c’est pas gentil de dire ça, et je sais pas exactement pourquoi, mais il m’agace beaucoup, ce mongol. Je l’imagine crier comme un primitif et sauter partout la première fois qu’il a vu un Serviteur… sans doute parce que j’ai eu la même réaction. Comme devant les salles de bains, les véhicules motorisés, la nourriture, le panorama, la couleur du ciel, l’espace, tout ce qui existe en dehors de ma planète natale… sauf que pour moi c’est différent. Je viens de la planète avec les usines d’écrou de 12 ! De la technologie ! L’Empereur-Dieu a besoin d’écrous, les missionnaires l’ont dit. Donc je viens pas d’un endroit de bouseux, mais le sauvage oui, et je me sens beaucoup mieux en envisageant les choses sous cet angle. Putain d’abruti avec son arbre en pot, il nous fait tous passer pour des cons.

La femme ? Depuis que je l’ai rencontrée, je sais que je l’ai déjà vu quelque part. Ça a mis du temps à me revenir. En fait, elle est déjà venue sur Malfi, dans l’office où j’étais affecté. Pas beaucoup de souvenirs d’elle, elle était souriante et sympathique, ce qui m’a marqué parce que les Soeurs me regardent en général comme si elles m’avaient marché dessus du pied gauche. Depuis qu’on est tous sur le vaisseau d’ailleurs, je l’aie vu bavarder facilement avec tout un tas de gens, et j’ai espionné ça avec une jalousie douloureuse d’enfant choisi en dernier pour former les équipes d’Attrape-Ecrou… bref. Parlons d’autre chose.
Je sais déjà que c’est une membre des Sororitas qui a cherché à modifier son visage…. Et qu’elle est partie sans payer. Pour le premier élément, je n’oserais pas demander pourquoi, j’imagine qu’il y avait une raison parfaitement valide et respectable. Le second… bah, à l’époque ça ne m’avait pas trop préoccupé, je nageais dans le fric, et je suis pas le genre à entretenir une rancune pour une bête histoire d’argent. Bon maintenant c’est différent, parce que quand je suis parti, une fois payé les factures, les pénalités d’annulation, les petites dettes… bah la situation est pas glorieuse du coup, point de vue finance. Je commence à rouler des cigarettes neuves avec les mégots des anciens. J’ai repris les vieilles robes de l’Adeptus que je portais à la sortie de la Scholastica Psykana, et ce genre de chose de personne pauvre. J’ai claqué tout ce qu’il me restait pour des balles de pistolet. Mais pourquoi j’aurais mis de l’argent de côté ? Peu d’individus dans l’Impérium ont le luxe de penser à mettre de côté pour ses vieux jours. Ça impliquerait déjà de penser à l’avenir, un exercice très déprimant dans certaines situations (quand on est en train d’attendre une Inquisitrice, par exemple). Enfin il faudrait que je trouve une façon habile et diplomatique de récupérer mon fric, mais ça attendra plus tard.

Le dernier ? Il est plus problématique, lui.

Bon, pour expliquer pourquoi, je vais devoir poser un peu de contexte. Donc ça fait trois semaines que je suis arrivé sur le vaisseau, avec quasiment rien à faire et tout perdu parce que c’est la première fois que je vais sur une frégate impériale appartenant à une libre-marchande. On m’a montré les chapelles (toujours un bon endroit à fréquenter), ma chambre (une cellule avec un lit de camp et un tabouret), et… pas grand-chose d’autre. Deux trois bobos à soigner, où les personnes impliquées m’ont regardé avec méfiance durant toute l’opération. C’était plus facile sur Malfi, les gens me connaissaient assez pour baisser leur garde… ici tout est à refaire, et c’est fatigant. Je peux pas leur en vouloir de se méfier, surtout dans l’Inquisition où ils ont forcément croisé des collègues Psyker qui savent pas se tenir, qui deviennent fous, qui explosent, ou pire, qui laissent les… alternatives gagner. Du coup quand tu portes les mêmes fringues que le prédécesseur qui s’est mis à avoir la tête qui tourne à 360°, qui se masturbe avec n’importe quoi avant de virer passerelle du Warp, c’est pas facile. Je suis plutôt en colère contre les collègues. Il y en a qui ont pas de force mentale. Mais bref, qu’est-ce que je disais ?
Oui donc peut-être que je me suis enfoncé dans des comportements légèrement antisociaux, comme espionner. Par exemple. Pas le centre de commandement et les gens très important, évidemment, mais je savais que d’autres acolytes avaient été pris en même temps que moi.

Et j’ai vu le techno-prêtre sortir un objet dans sa chambre, un objet qui avait un aspect… bidulier. Xéno. Je saurais pas en dire plus, c’est loin de mes compétences, mais sur ma planète natale, même un enfant du fin fond de la brousse qui en est encore aux apprentissages basiques – marcher, parler, faire les trois huit à l’usine d’écrou locale – sait qu’on ne fricote pas avec les aliens. On avait pour consigne, si ils venaient, de tout faire pour les repousser ou se suicider le cas échéant. Mais peut-être que c’est pas un bidulier Xéno impie et que je passerais pour un Wullis en en parlant ? Je suis bien embêté, sur Malfi j’aurais su à qui poser des questions, j’avais d’autres Psykers sous la main. Ici je suis tout inhibé par la présence de l’Inquisition et le faste d’un vaisseau de libre-marchand. Pas plus tard qu’hier j’ai failli pisser dans un vase de grande valeur, je veux vraiment pas faire le Wullis de service. Le Mechanicus se rend parfois sur des chemins mystérieux pour nous. Je m’occuperais de ça plus tard.

Une jeune hors-monde vient enfin s’adresser à nous, après ce qui m’a semblé des heures de silence embarrassé et d’observation méfiante. Mauvaise nouvelle : la réunion des grands pontes va durer encore longtemps. Je m’en formalise pas non plus parce que j’ai l’habitude d’être posé dans un coin comme une plante en pot jusqu’à ce qu’on ait besoin de moi, comme beaucoup des sujets de l’Impérium je pense. Du coup après avoir marmonné un bonjour embarrassé comme le petit nouveau de l’école je demande d’un ton méfiant :

« Il y a de la tisane s’il vous plaît ? Si c’est pas embêtant. »

Je ne bois pas les boissons d’adulte qui énervent (café), et si j’aime bien l’alcool c’est en quantité raisonnable après le travail. On veut pas d’un Psyker dans un état de conscience altéré hein ? La Scholastica Psykana nous apprend que pour rester le plus stable possible, des bonnes nuits de sommeil, une routine saine, une alimentation équilibrée, c’est la base. J’ai toujours vu ceux qui se mettaient tsoin tsoin comme de belles lavettes. C’est pas si dur d’avoir une colonne vertébrale.

Je regarde les trois autres avec de gros yeux, comme un inconnu coincé avec plein d’autres inconnus. Si il n’y avait que la Soeur, ça irait, mais je me méfie beaucoup des deux autres. Machin va commander de l’huile de moteur, et Wullis… cet abruti d’arriéré va sans doute réclamer du lait de chèvre sorti du pis ou un truc comme ça. Moi c’est ce que j’ai fait la première fois que je suis sorti de… de là où ils emmènent les Psyker. Con comme il est il va faire ça, c’est sûr.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Diederick von Bildhofen
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Diederick von Bildhofen »

Image La grande peinture au mur était super belle. Elle représentait une colonne de bonhommes menés par deux cavaliers dans un paysage idyllique, un futur où l'hiver éternel prendrait enfin fin, avec l'éradication totale et complète de Ceux de la Glace, tel que les druides le déclaraient. C'était bien beau. Puis les couleurs ça rendait bien, même si ça manquait un peu de sang et qu'il n'y avait pas d'arbres sacrés sur l'image.
En parlant de sacrifices, il faudra d’ailleurs arroser l’empereur-dieu. Ça fait une rotation depuis la dernière fois qu’il a eu droit à de l’eau. J’espère qu’il va continuer de grandir au point où je pourrais enfin tailler un visage sur son tronc. Quoique ce serait sans doute mieux s’il y avait un druide pour faire ça. C’est une grande tâche sacrée que cela. En suis-je seulement digne ? Ô impitoyable dieu-empereur, puisses tu observer ton serviteur se couvrir de gloire à ton service et t’apporter nombre de têtes et litres de sang pour étancher ta soif, que tes volontés soient faites et que tu nous protèges du malin qui se terre dans le warp.

Mon recueillement devant l’arbre sacré en pot terminé, je me relevait pour regagner ma place sur le banc, et la compagnie de mes collègues, eux aussi sélectionnés pour mourir au service de l’empereur-dieu. Car ils étaient devenus des hommes liges d’une de ses plus grandes serviteurs : l’inquisitrice Skane. Le bruissement des feuilles de l’arbre sacré me chuchotaient même que c’était l’empereur-dieu qui agissait à travers elle.

À mes côtés, lesdits collègues étaient une étrange collection. Il y avait le chaman pas normal et ni ordonné par les druides déjà. Hors de question que ce sorcier puisse lire mon âme et la voler, d’où le fait que chaque fois que j’étais en sa compagnie, je portais mon masque sacré en os, crâne d’un singe géant des glaces. L’os et les rites accomplis lors du sacrifice me protégeaient de ses noirs pouvoirs. Mais sinon il était marrant à écouter parler de ses écrous. Dommage qu’il s’empoisonne et tout le monde autour de lui avec son poison en fumée. Les mendi-catins avaient été très claire là-dessus : le tabac, c’est poison qui affaiblit les serviteurs de l’empereur, les tue et renforce l’ennemi. Rien ne valait mieux que le chanvre donc. Ça c’était très bien, puis ça permettait aussi d’avoir des révélations sacrées dans les cercles de chamans.
Mais je suis sûr que si je parvient à le convaincre de se recueillir devant l’empereur-dieu, il pourra abandonner ce pêché. Et peut être même que sa sorcellerie lui permettrait de mieux entendre le dieu-empereur à travers le bruit des feuilles de l’arbre sacré ?

Sinon dans l’équipe, il y a cette bonne sœur Magdalène. Je me souviens d’elle et sa congrégation de filles de l’empereur. Elles étaient bien belles et meurtrières, faisant couler à flots le sang des ennemis du dieu-empereur. Dommage qu’elles soient déjà mariées à celui ci. Sinon il aurait essayé d’en voler une. Leurs enfants auraient fait régner la mort et la destruction sur les ennemis des Anciens Dieux. Mais sœur Magdalène avait prit un sacré coup de vieux. Ça et le fait qu’il avait hésité pendant plusieurs jours avant de lui demander si elle était vraiment celle qu’elle était. Il y avait des morceaux de son corps qui avaient changés.
Mais en tout cas elle était une bonne addition à leur expédition. Avec une pareille tueuse à ses côtés, je me sentait en sécurité, quoique l’empereur-dieu l’envoi combattre à l’avenir. Bientôt je pourrai retourner combattre l’ennemi et offrir son sang au dieu-empereur.

Enfin, il y avait le dernier membre du groupe. Un homme-machine du culte des rouages et écrous. Lui il le reconnaissait comme son nez au milieu de la figure. Il avait fait partie d’une expédition de ce culte sur sa planète natale pour dérober une précieuse relique des Anciens Dieux de la forêt. Et ces étranges hommes de fer avaient été violemment boutés hors monde et leurs corps anathèmes offerts aux Anciens Dieux. Sauf que le spécimen sous ses yeux, lui, était parvenu à s’enfuir. Alors le fait que je me retrouve à son côté pour servir le dieu-empereur était un bol difficile à boire. Mais nous servions tous le même maître alors… peut être était il temps d’allumer le calumet de la paix et enterrer la hache de guerre ?


C’est sur cette réflexion qu’un petit morceau de viande palote nous a adressé la parole pour nous proposer de nous sustenter.

Malgré son teint maladif et son œil pas de viande, je décida de me montrer courtois. La lecture du manuel d’infanterie, la prière et l’entretien de mon équipement ne peuvent me permettre de passer le temps que jusqu’à une certaine limite.

Avisant le bonhomme de fer, je décida donc d’entamer les pourparlers de paix. Non sans brièvement relever mon masque d’os pour ne pas trop effrayer la petite.


Merci mademoiselle. Un pain pour moi. Et une pincée de sel, pour le goût. Puis un petit pichet de vin pour boire s’il vous plaît. Ou de bière. Ou de l’eau sinon. C’est….


Je cherchais le bon mot. Comment disait on déjà pour se montrer polit chez les hommes de l’espace ? Urbain ? Gentil ? Courtois ? Oui, ça devait être ça.


… courtois de votre part, fini-je de ma voix chaude, avec un sourire et en remettant son masque. C’eut sans doute eut été du plus bon effet je n’avait pas sur le visage mon masque d’os, mais celui ci étant comme une seconde peau pour moi qu’il m'arrivait d’oublier de le retirer par moments lorsqu’en compagnie peu au fait des us et coutumes de Phyrr.


Une fois que le pain serait arrivé, j’escomptais bien briser celui ci pour en offrir à mes compagnons, de même qu’une gorgée de liquide. Par ce moyen, nous serions désormais placés sous les lois de l’hospitalité. Un premier pas vers une collaboration fructueuse entre loyaux serviteurs du dieu-empereur.
Modifié en dernier par Diederick von Bildhofen le 19 janv. 2024, 10:57, modifié 1 fois.
Le savoir c'est le pouvoir. Et savoir quand le garder, le cacher, le partager, cela est la véritable épreuve de ceux le détenant.

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Valindra
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Valindra »

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Magdela Sephone, Soeur de Bataille
L’aube s’est levée sur un nouveau jour. C’est du moins ce que présume l’électronique, car de jour et de nuit nous n’avons point vraiment dans le vide spatial, et seules les horloges et les interfaces numériques donnent le rythme calendaire à bord de l’Indomptable Ravel, notre vaisseau de plaisance.
Un sursaut explosif me fit éclore dans le monde réel et jaillir hors de mes draps de coton. Une sévère quinte de toux m’ayant prise au dépourvu, je crachai mes poumons en gémissant et tâtonnant autour de moi du bout des doigts, à la recherche d’une aide.
C’est ainsi tous les matins, je me lève en nage, suffoquante, expulsant de ma gorge ce trop-plein de défauts, laissant résonner le couloir vide d’un écho de souffrance. En faisant valser coussins et peaux épaisses dans un orchestre de poils et de plume au milieu des murs métalliques, je me suis extirpée du lit puis ma main la plus proche s’est jetée sur la table de chevet. J’ai attrapé le masque qui trônait là, translucide, avec sa sangle blanche et son plastique durci, immobile comme un visage autoritaire, patient, patient comme l’était la Mère Supérieure.
De l’autre côté du tuyau qui le liait au tube de recharge j’ai actionné le piston pour faire pression et pousser le gaz oxygénant contenu à l’intérieur. Un sifflement a murmuré l’efficacité du processus à travers la buse, et j’ai empli mes poumons d’un air artificiel, un peu vicié aussi, faute d’acheter du bas de gamme. La toux s’est calmée. Le traitement n’est pas obligatoire, m’a-t-on dit… mais il me fait du bien. En ôtant le masque, j’ai regardé autour de moi.

Personne. J’étais seule, comme d’habitude.

Le matin s’étalait devant moi comme autant d’heures libres où je pouvais flâner à ma guise, et j’aurais bien profité d’un peu de repos supplémentaire si je ne m’interdisais la paresse. Alors j’ai songé à ce que je pouvais faire pour optimiser le temps qui m’était encore alloué dans cette cathédrale volante, pour remplir ces heures perdues, pour ne pas tomber dans le péché. Je me suis dit que je pouvais mettre la main à la pâte, et j’ai donc décidé de préparer des biscuits aux amandes et aux pépites de chocolat pour le simple plaisir d’offrir, tout simplement, un peu comme on donne ses bénédictions, comme quand on prie pour autrui, par bonté d’âme, par charité pure. J’ai trouvé tout ce qu’il fallait dans mes placards : un gros pot contenant de la farine, un autre avec du sel, un autre avec de la poudre d’amandes, un autre encore avec des pépites de chocolat, un autre encore avec du sucre… puis, parfaitement alignés, dans une formation aussi rectiligne que des soldats, les sachets de levure chimique. J’ai pris des œufs puis j’ai consulté ma tablette numérique, reposant dans un socle relié par un bras de levier mobile directement incrusté dans les murs.
Le plus difficile pour moi, c’est de lire les quantités. Je déteste les nombres. Alors j’ai des techniques personnelles. D’abord, sur mon fichier de synthèse, aucun nombre n’est écrit en langage mathématique. Ils sont rédigés, oui, en lettres latines. Je ne verse pas 250g de farine. Je verse deux cent cinquante grammes de farine. Le pichet dans lequel je dose les ingrédients est quant à lui uniquement gradué par des traits, et je sais à quoi chacun d’entre eux correspond. Pour deux cent cinquante grammes, je dois compter cinq traits qui représentent tous cinquante grammes. Avec le temps, j’ai même appris par cœur ces indicateurs, alors il m’arrive souvent de me reposer sur le visuel. J’estime la quantité. Je gère l’équilibre. Je devine. Car sinon…

… sinon je compte, et cela m’obsède.

J’ai lancé une série sur la tablette MX… MX quelque chose. L’histoire d’une veuve qui tombe amoureuse d’une machine. Un truc sur la pansexualité. Manquerait plus qu’on invente une histoire sur l’amour entre un Xeno et un humain, tiens. Les célébrations auraient un petit côté sportif, à n’en point douter, et je peine à croire que Notre Père donnerait sa bénédiction.
J’ai continué la recette en même temps. L’amour, on ne peut pas se contenter de le regarder sur les écrans, il faut le vivre, le traduire en actes et en paroles, en prières, en écoute, en confesse. Les Saints nous gardent qu’il se digitalise, la Foi permet qu’il se perpétue avec ses vraies valeurs. J’ai d’abord mélangé tout ce qui était sec. La farine, le sel, le sucre, la levure. J’ai rajouté un peu de beurre, et puis j’ai lentement intégré le lait.
J’adore les sachets de levure. Souvent, il faut un sachet, rien de plus. Il n’y a pas à doser. Je déchire et je verse. Je ne compte pas. J’exécute. Exécuter, ça me plaît. Lorsque je réfléchis trop…
… je deviens pensive, et je me souviens.

J’ai continué la pâtisserie. Je n’ai point de robot mixeur, d’unité de cuisson automatique, de drone de cuisine. Point de Thermomixus Antikus de Malfi. J’ai de l’huile de coude et j’aime l’exercice. J’ai fouetté la pâte avec ardeur dans un premier temps, puis j’ai assoupli le mouvement. Je suis devenue délicate. Et puis, catastrophe.

Les pépites de chocolat.

J’ai versé les pépites de chocolat. Et j’ignore pourquoi mais ce fut plus fort que moi : je me suis demandé combien il y en avait. J’en avais fait tomber des dizaines, peut-être cent. J’étais parfaitement incapable de l’estimer sinon dans de très larges fourchettes ; mais ce n’est point de fourchette qu’on parle dans le monde de la pâtisserie. Il faut être précis. Il faut être précis.
Quel coup de Trafalgar. J’ai retiré tous les grains. Mais je vous en prie, prêtez-vous à l’exercice une seconde, deux secondes, trois secondes… et voyez comme c’est complexe, d’enlever toutes les pépites de chocolat dans une pâte. Cela m’a pris un bon quart d’heure. Je les ai tous alignées, et puis. Et puis j’ai compté.
J’ai compté, putain de Dieu-Empereur. Et mince, j’ai poussé le sermon en plus. J’ai compté, j’ai compté, j’ai compté… les petites, les grosses, les pépites parfaitement rondes, les difformes, difformes comme mon petit Rex, et les baveuses aussi, celles qui faisaient couler de la pâte autour d’elles. Je les ai toutes aimées. J’ai observé leurs formes et je leur ai expliqué qu’elles étaient toutes différentes, mais que cela les rendait singulières, et que je les aimais pour ça.
Après ça, je les ai toutes replacées dans la pâte et je me suis lavé les mains. Trois fois je me suis lavé les ongles, les phalanges distales, médianes, proximales, les paumes, les métacarpes, le dos des mains, les poignets, pour être sûr de ne plus avoir un seul petit grain de farine, plus une seule petite tâche de pâte. J’ai tout mis au four, j’ai demandé à Nox… non, j’ai demandé à Alexus de lancer la cuisson, à cent quatre-vingts degrés celsius aux normes de Terra, et je suis allé prendre ma douche.
Froide, la douche, bien sûr. L’eau a coulé sur mon corps. Le pommeau était tellement vieux qu’il projetait des filets comme des lasers, à me transpercer la peau. Je me suis lavé tout entière. J’ai lavé mon crâne, les oreilles, à l’intérieur des oreilles, les arcades sourcilières, les pommettes, j’ai fermé les yeux pour nettoyer les paupières, les lèvres, la bouche, le long de ma mâchoire, bref… j’ai bien gratté, sans omettre le moindre détail.
Mais je n’ai pas vu l’heure, et les biscuits ont un peu cramé. En tirant la porte du four par sa hanse noire, je me suis maudite d’être aussi niaise, aussi gauche, aussi nulle, aussi… seule.

J’ai encore déraillé, en somme. Je crois que je suis folle.

* * *

« Je… »

Il était difficile de trouver le point d’accroche pour briser le silence entre nous quatre. Pour ainsi dire, j’avais une affection pour chacun de ces êtres, mais je me sentais extrêmement mal à l’aise. J’étais endettée auprès de deux de ces… personnes. Ou de ces trucs qui ressemblent à des personnes.

« Je… hum… »

Parfois le silence vaut mieux que de vaines paroles, alors j’ai tenté de conserver le silence. J’ai lorgné le tableau qui était devant nous. Je vivais une sensation d’horreur. J’étais prise du désir de le faire… mais je me l’interdisais. Peut-être le dialogue pourrait-il me sortir de cette impasse, mais le point d’accroche, hélas, ne venait point.
Je pouvais parler du Dieu-Empereur, et de la Foi. Malheureusement compte tenu de ma situation ce sujet était glissant.
Je pouvais parler du beau temps, mais dans l’espace il est toujours égal, constant, perpétué par ce long fleuve noir.
Je pouvais parler des planètes que j’avais côtoyé, mais encore une fois c’était peut-être invoquer une curiosité poussée de la part de mes compagnons, et de cette curiosité je ne voulais point.
Je pouvais parler… non, je ne pouvais pas parler cuisine avec eux, ni tricot. Ils n’avaient pas vraiment le profil de la nourricière.
Heureusement, la damoiselle me sauva de cette impasse.

« Un petit rafraîchissement, oui, volontiers. »

Mes yeux ont regardé à droite, puis à gauche.
Et c’est alors qu’ils ont commencé à parler. D’abord Enkidu, mon petit Kiki, mon grand Dudu. Je me suis toujours interrogée sur cet énergumène. Autrefois, j’avais eu l’insigne honneur de passer sur le billard sous sa diligence et ses drones soigneurs se sont bien occupés de moi. Entre deux histoires d’écrous de douze ce brave monsieur a bien failli me rendre folle avec toutes ses normes chiffrées, mais force est de constater qu’il m’a refait un beau visage et un dentier splendide. Le seul petit bémol dans notre histoire vient de ce bout de papier qu’on appelle facture, et qu’on pourrait même appeler fracture tellement l’incident aurait pu briser notre… amitié ?
La f(r)acture en question était élevée, plus que je ne pouvais me le permettre, d’autant plus qu’à cette époque l’argent partait vite. Dans des choses qui ne valaient guère la peine que j’y consentisse pareilles sommes, certes, mais le passé appartient au passé n’est-ce pas ?
Enkidu n’ose pas me parler d’argent. J’ignore pourquoi, mais je crois être arrivée à une conclusion toute faite qui s’appuie sur ce qu’il donne à voir, tout simplement. Autrefois, le psyker paraissait appartenir à catégorie socio-professionnelle supérieure, un des bébés riches du Dieu-Empereur, un enfant-roi. Mais depuis que je fréquente ce vaisseau j’ai l’impression de croiser une sorte de mendiant. J’ai même failli lui donner mon repas l’autre jour, mais je ne me suis pas permis cet impair. Où est donc passé l’ancien Dudu ?

Tandis que Wullis prenait la parole, j’ai commencé à poser mes doigts fourchus sur la fermeture éclair de mon petit sac, et je l’ai dézippé pour sortir un tupperware. En appuyant sur le bouton poussoir, j’ai désactivé le mécanisme et la boîte s’est ouverte toute seule. Il s’en est dégagé un parfum un peu humide, un peu glacé, chimique. Le gaz avait maintenu les biscuits à température ambiante.
J’ai commencé par en proposer un à Dudu ; on commence toujours par les plus démunis bien sûr. Wullis quant à lui demandait un breuvage un peu plus corsé.

« Je boirai bien un peu de vin aussi, tant qu’à faire. Voulez-vous des biscuits, en attendant ? Ils sont frais de ce matin. Ils parfumés à l’amande avec des pépites de chocolat. Il y en a beaucoup, des pépites de chocolat, vous savez ? »

Il y en avait cent trente-huit, des pépites de chocolat. Enkidu piocha sa part.

« Wullis, une gourmandise ? »

Ô mon beau Wullis, mon grand gaillard, mon sauveur. Jadis, alors que je combattais encore avec les Sœurs, on nous avait envoyé combattre l’ennemi côte à côte. Une vraie tuerie, une ordalie sanguinaire comme semblaient les convoiter ces farouches barbares. Nous avions été surprises du décousu de la bataille, car à côté de nos rangs académiques se tenaient des hordes anarchiques de butors qui avaient foncé avant les ordres. Les corps avaient voltigé au-dessus d’eux, ils avaient avancé vaille-que-vaille, sans prévoir aucun mouvement de retraite, sans établir de plan, sans peur, surtout. Sans peur. Ils n’arrêtaient pas de dire qu’ils offraient des corps au Dieu-Empereur, quoique leurs traditions étaient un tantinet étrange.
Wullis m’avait sauvé la vie, néanmoins. C’était mon héros. Je n’étais pas bien sûr qu’il sache lire, qu’il ait étudié les textes sacrés, qu’il se soit essayé à correspondre autrement que par la parole… mais Wullis était brave, beau, puissant. Il honorait le Dieu-Empereur à sa manière. On avait besoin de gibier de ce genre auprès de nous, et le savoir dans notre équipe me mettait dans un certain émoi.

Deux de mes compagnons ne m’avaient fait que du bien, donc. Pour le troisième, c’était un peu différent, mais c’était quand même pour mon petit Rex. Au couvent, on nous avait appris des choses sur l’autisme et je trouvais à Rex beaucoup de traits similaires à cette pathologie. Le bon Dieu-Empereur l’avait néanmoins pris sous sa coupe, à travers la voix d’Astrid, alors je me disais que c’était pour un bien. Il était touchant à sa manière, mon petit Rex. Tellement connecté et déconnecté à la fois. Tellement sensible et insensible à la fois. Tellement… tellement Rex, tout simplement. Il racontait, par le fait d’exister, comme le Dieu-Empereur était gourmand de diversité, d’originalité, de multiplicité.

N'étions-nous pas à cet égard ses plus fidèles représentants ?
Ne sachant comment aborder ce nébuleux homme-machine, j’ai eu l’idée de lui livrer un secret ; comme s’il n’en connaissait pas assez, des secrets sur moi. Après un sourire d'une grise lueur, je lui ai révélé ce que j'avais fait durant toute cette attente : j'avais compté.

« Il y a quatre-vingt-un protagonistes sur cette toile. J’ai hésité entre ça et les branches. »

Vous comprenez pourquoi je déteste les nombres ?
Valindra | Haut-Ælfe, Voie du noble
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États Temporaires
*


Compétences
• Acuité visuelle (B)
• Acuité auditive (B)
• Arme de prédilection - Lance (B)
• Monte (A)
• Diplomatie (B)
• Chant (B)

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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Reinhard Faul »

C’est pas facile d’avoir l’air sérieux quand on est en train de mâcher un biscuit, alors je prends le temps de finir ma bouchée avant de siffler entre mes dents :

« Arrêtez de parler comme des cinglés ! L’Inquisitrice va vous entendre ! C’est pas votre tableau ! »

Puis je jette un coup d’œil nerveux autour de moi pour repérer qui ou quoi pourrait nous espionner, avant d’arrêter ça aussi parce que ça pourrait se voir. Je ne veux pas avoir l’air d’un inutile ou d’un traître, d’un tiède à la cause ou d’un trouillard. Acolyte de l’Inquisition, c’est plutôt bas dans l’échelle social et on peut tous disparaître en un éclair. Je me mets à ronger l’ongle de mon pouce tout en réfléchissant. Il faut juste se tenir tranquille, ces messieurs-dames sauront très bien nous expliquer ce qu’on a besoin de savoir… la curiosité aussi est très dangereuse. J’imagine que le tableau appartient à la libre-marchande et je n’ai pas besoin d’en savoir plus.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
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Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


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Helveticus Matix
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Helveticus Matix »

Pour une meilleure lisibilité des dialogues de Mora, Je vous conseille fortement de télécharger et d'installer la police utilisée : http://www.fontpalace.com/font-details/Binary+CHR+BRK/
Ça prend moins d'une minute! :)
_L’intelligence est la compréhension de la connaissance_
==+== Quatrième Loi Universelle ==+==

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Je ne comprends rien. Cela fait cinq jours, huit heures, cinquante-trois minutes et six secondes que j'ai posé mon pied sur ce vaisseau, et alors que la Motrice continue de tourner, mon esprit s'enfonce toujours un peu plus dans un abysse de perplexité.
Mes auspexs et autres capteurs tournent à plein régime, dévorant un maximum de données pour tenter d'en digérer quelque chose. Mais plus je collecte, moins je comprends. Les us et coutumes de tous ces gens me sont totalement étrangers, malgré la concordance lointaine de notre Foi.

Il y a tant d'incohérences, tant d'artifices sans la moindre forme de sens. Pourquoi - par la Rouille, pourquoi?! - utilisent-ils des couverts si raffinés pour se sustenter? Pourquoi dorment-ils dans des lits si mous?
J'ai posé cette question à un membre de l'équipage au détour d'un couloir, il a utilisé le terme "douillet". Même après avoir recherché la signification de ce mot, son concept m'échappe. Au sein de l'Arche Omega -X2487-, je n'ai connu qu'un seul type de lit. Pas de draps, pas de couette, juste le chaud contact du métal froid et la protection de l'Omnimessie pour m'enlacer.

Ce vaisseau, une frégate impériale de classe Tempête de Feu intitulée « l’Indomptable Ravel », est peut-être le mystère le plus opaque à mes yeux. Sous l'optique de mes scanners, je découvre toujours plus de ressources inutiles, de décorations non pas à la gloire de notre Foi, mais à la vanité de ceux qui ont dépensé tellement de leur énergie pour les réaliser. Des peintures étranges, des dorures fines et détaillées, des sculptures taillées dans des minéraux ou des métaux rares. Combien de portraits ai-je pu observer ici? Ils ne sont que la représentation pure de la vanité.
Je ne prétends pas rester insensible à ces formes d'art, mais cela non plus, je ne le comprends pas. Au sein du Culte, le métal bien travaillé et la représentation de la Gloire du Dieu-Machine est l'exclusive expression de nos plumes. Que ce soit par le biais de chants binaires, de gravures représentant des cérémonies ou des champs de bataille - ou bien les deux en même temps, de textes méticuleusement rédigés, d'ornements crânes cerclés d'un rouage, tous font honneur à Sa Volonté. La productivité est notre art le plus abouti.

Et pourtant, je pose un œil sur mon bras gauche. Mon Vrai bras, pas celui de chair et de sang. Cette prothèse date de mes tout débuts en tant que jeune adepte. Enivré par cette promotion qui m'avait sauvé la vie, je décidais alors de m'offrir pleinement à l'étreinte de la machine. Quitte à sacrifier ma chair. Je me souviens encore de cette immense presse hydraulique qui chantait si harmonieusement son labeur. Je me souviens d'avoir rapproché mon bras, lentement, cérémoniellement. La machine m'appelait, son chant m'envoûtait. «SCHLICK KLONG PSHHHHH BORM - SCHLICK KLONG PSHHHHH BORM - SCHLICK KLONG PSHHHHH...»

Le BORM n'était même pas parvenu à mes oreilles. Mon corps entier s'était tordu sous le choc. Depuis ma naissance, la douleur est une alliée qui ne m'a jamais quitté, avec qui j'ai appris à vivre, à cajoler. Mais cette souffrance-là n'était pas mon alliée, elle me voulait le plus grand mal. J'ai hurlé, j'ai pleuré, j'ai supplié, j'ai maudit ma bêtise, puis je me suis évanoui. Aujourd'hui encore, ma chair s'agite toujours dans les tréfonds du mécanisme de la presse.

À mon réveil, mon Vrai bras se tenait à la place de l'ancien. Je n'ai d'abord ressenti aucun bonheur en voyant ce membre sélectionné à la va-vite, disproportionné par rapport au reste de mon corps. Prothèse de médiocre qualité, elle a un nombre très limité de capteurs qui ne transmettent la sensation du toucher qu'en chiffres abrupts. Son adresse est toute relative, l'information provenant de mes cogitateurs ayant un bref décalage avant que le geste demandé ne soit exécuté. Elle s'agite régulièrement de spasmes parasites qui, malgré mes efforts, ne disparaissent jamais vraiment.
Et surtout... elle me fait tellement mal! Exécution de _Protocole B-22 : // QUARANTAINE ÉMOTIONNELLE ........... Exécutée // ==+== GLOIRE À L'OMNIMESSIE ==+==

Je m'égare et je blasphème. Ce qui ne souffre n'est pas en vie. Je ne peux que me réjouir que cette agonie me soit offerte par Son toucher.

Ce n'est pas pour revisiter le passé que je contemple ma magnifique prothèse, mais pour envisager le futur. Les gravures qui la recouvrent sont une de mes plus grandes fiertés. N'est-ce pas contraire aux principes de mon ordre? Je me convaincs souvent qu'elles représentent mon dévouement à l'Omnimessie, et pourtant elles retracent ma vie, la mienne. Elles me détachent du Tout et me rendent Un. Les zones encore vierges du métal usé n'attendent qu'à être comblées par la suite de mes aventures.
Je pense... j'espère que cette petite entorse ne l'Offense pas, car je ne saurais m'en passer.

Ainsi, cette profusion d'apparat qui alourdit ce pauvre vaisseau a attisé ma curiosité. J'ai déjà vu des choses similaires lors de mes explorations d'épaves à la dérive, mais l'obscurité ambiante, la dégradation et mon désintérêt certain pour ces détails ne m'y a jamais fait prêter attention. Se pourrait-il que, pour les propriétaires de la frégate, ils soient semblables à ce que je ressens vis-à-vis des gravures de mon Vrai bras?
N'est-ce pas terriblement triste?

***

Le confort n'a jamais été une préoccupation pour mes pairs. Et pourtant, j'en suis actuellement totalement dépourvu. Mon postérieur ne parvient pas à trouver de position adéquate sur la mollesse du banc qui le retient. Je me sens observé, étudié et terriblement seul. Si le châtiment de mon ordre est juste, j'ai encore du mal à le digérer. M'éloigner de l'Arche pour m'affecter si loin de mon foyer me semble toujours terriblement cruel. Heureusement, Echo et Strepitus, mes deux servocrânes d'argument, lévitent à mes côtés. Leur présence me rassure.

Sans réellement savoir pourquoi, j'ai réduit mes émanations d'encens au minimum pour éviter qu'un brouillard ne se forme. Cela me semblait... plus adapté? Pareil pour le vrombissement de mon Saint Générateur et de mes autres systèmes, je tente de les étouffer autant que possible.
Ce changement dans la pérennité de mes circuits me fait un peu tourner la tête, mais je le supporte.

Si le banc n'est qu'un détail, mes voisins, eux, sont la véritable source de mon angoisse. Je n'ai jamais passé autant de temps - sept minutes, quarante-et-une secondes - à pareille proximité d'êtres aussi radicalement différents que moi.
Leur identité est plus troublante encore.


Nom et/ou Prénom : // Magdela Sephone
Sexe/Genre : // Féminin
Âge : // 40 ans
Taille : // 1m65
Masse : // 55kg
Couleur de peau : // Pâle
Couleur des yeux : // Bleu Clair
Couleur des cheveux : // -

Une Sœur de Bataille. J'ai déjà lu plusieurs textes à leur propos. Ce sont des combattantes d'une furieuse efficacité. Leur dévotion envers la Foi est totale et cela aurait pu me rassurer. Mais non. Car une simple collecte d'informations m'informe que ce n'est pas une Sœur de Bataille qui se tient devant moi, mais une excommuniée. Qu'elle respire encore est une aberration qui témoigne du laxisme effarant de l'Imperium.
Je creuse un peu plus. De surprise, j'ai un mouvement de recul. La raison de son excommunication me révulse au plus haut point. Si je suis capable de trouver cette information, c'est qu'elle est connue des membres de l'inquisition. Inutile donc de la signaler, mais le malaise reste bien présent.

Malgré tout, je reste curieux. Ainsi, je creuse encore, scannant discrètement la tablette de données en sa possession. L'Information est mon droit et tout cela me semble parfaitement naturel. La data m'enivre et je trouve... oh par l'Omnimessie, je trouve!


GRZZZZT

Le hoquet de surprise m'a échappé. Je sens un liquide froid couler sur ma chair malade et me rétracte immédiatement. L'information récupérée est stockée dans une banque reculée de données et j'applique une purge sur mes systèmes pour calmer mon esprit.
Magdela me fait peur à présent.


Nom et/ou Prénom : // Enkidu
Sexe/Genre : // Masculin
Âge : // 28 ans
Taille : // 1m80
Masse : // 78 kg
Couleur de peau : // Très Pâle
Couleur des yeux : // Vert Clair
Couleur des cheveux : // -

Pour lui aussi, les apparences sont trompeuses. Terriblement trompeuses. J'ai repéré ce Corrompu peu après mon arrivée. J'étais alors en train... d'étudier quelque chose. Quelque chose que je cache à mes propres systèmes protocolaires. Quelque chose qui me révulse... mais qui me fascine tellement! Je pensais être si prudent, si discret... et pourtant.
En plein milieu de mes "recherches", j'ai senti mes cogitateurs s'affoler et mes banques de données fourmiller de parasites. D'un coup d'auspex, j'ai repéré l'intrus, mais il était déjà trop tard.
Personne ne doit savoir. Personne! Je n'ose pas le confronter sur le sujet, car j'espère que son esprit inculte n'a pas compris ce qu'il a vu. Mais au fond de moi-même, je sais qu'il sait.

Dois-je le détruire? Ses pouvoirs me révulsent au plus haut point et je sais que sa perte serait bénéfique à l'Impérium tout entier. Mais quand on traite de l'Immaterium, il y a tant d'inconnues, de paramètres aléatoires. J'ai déjà tué, à maintes reprises, lors de mes explorations. Mais jamais directement. Je ne pense pas que cela me poserait le moindre problème cependant, il suffirait de convertir un 1 en 0.
Echo, étant chargé de soutenir et d'approfondir mes arguments, reste très silencieux sur le sujet. Strepitus, son opposé, chargé de prendre le contrepied, a pleins d'arguments. La logique m'impose donc d'attendre.
Enkidu m'angoisse.


Nom et/ou Prénom : // Wullis Theonus
Sexe/Genre : // Masculin
Âge : // 30 ans
Taille : // 1m80
Masse : // - kg [analyse erronée]
Couleur de peau : // Pâle
Couleur des yeux : // Noire
Couleur des cheveux : // Brune

Ce masque, cette tenue... je n'ai même pas besoin de fouiller dans mes banques de données pour reconnaître ce misérable énergumène. Mon respirateur émet un sifflement et mon œil encore organique se fronce de colère. Un sauvage! Un sauvage qui a provoqué des pertes au sein du Mechanicus, au sein de MA flotte. Des saintes machines, des adeptes aux implants inestimables, tombés sous les coups de ces arriérés. Nous n'avons même pas pu récupérer les restes!
Nouvelle purge de mes systèmes, je sens malgré tout la haine couver au fond de moi. Étouffée, mais bien présente.
Les croyances païennes de cet hérétique me rajoutent une couche de mépris à son égard. Quel que soit l'objectif de notre mission à venir, la destruction de cet individu en fera aussi partie. Pour venger l'Honneur de l'Omnimessie.
Wullis me révulse plus que tout sur ce vaisseau.


Par le Dieu-Machine, comment la Force Motrice a-t-elle pu me diriger ici, en compagnie de ces terribles énergumènes?

En y réfléchissant, la présence de Wullis était un fait très troublant. Je calcule la probabilité que cette ancienne et regrettable connaissance se trouve actuellement à mes côtés à 0.0000000000000001³ pourcent. Ce ne peut être l'unique fruit du hasard.


Image
// Affirmatif : _probabilité dérisoire_ / _sa prise en compte est un gaspillage de ressources_ /_à définir comme [INEXISTANT]

Image
// Négatif : _probabilité infime, mais existante_/_ignorer une probabilité est indigne du membre du Culte_/_à définir comme [PEU PROBABLE MAIS EXISTANT]



Je n'ai aucune réponse à apporter sur le sujet pour l'instant. Je l'archive donc.





Une humaine neuve s'approche de nous. Elle propose des "rafraîchissements". Une fois de plus, je ne comprends pas. On ne m'a jamais proposé ce genre de choses et ma température corporelle est optimale. Les autres répondent et j'analyse leur requête. La femelle neuve nous propose de nous hydrater et offre même un choix! Une fois de plus, ce langage si nébuleux m'effare. Tant d'informations sont laissées à l'appréciation du destinataire. Ces paroles si lentes à prononcer disent si peu.

< Cette unité n'est pas adaptée à votre proposition._ De plus, cette unité a pris son concentré nutritionnel il y a trois heures, vingt-six minutes et cinquante-neuf secondes._ >

Ma voix détonne tellement avec celle des autres. L'entendre me fait du bien, car j'ai choisi minutieusement sa tonalité. Monotone, dépourvue des immondes accentuations prononcées par les gorges organiques. Sa sonorité métallique et artificielle me rappelle le chant des usines de l'Arche. Grave, elle résonne au sein du vaste préau, marquant ma présence au sein de ce bâtiment qui m'est étranger.

C'est au tour de l'excommuniée de s'adresser à moi. J'aurais préféré que l'on me laisse tranquille, mais, si j'hésite à l'ignorer, il me semble que cela pourrait avoir des répercussions désagréables. De plus, Magdela me fait peur.
Elle parle de l'immense tableau qui se trouve devant nous. Elle a compté chaque protagoniste présent. Pourquoi avoir omis les branches et le reste? Impossible à dire, mais cette conversation me plait un peu. Je pose un rapide coup d'œil sur la toile.


< Deux mille neuf cent cinq._ >

Un flottement éternel s'installe. Pourtant, mes cogitateurs m'indiquent qu'il n'a duré que trois secondes et un centième.

< Cette unité a compté deux mille neuf cent cinq branches sur la toile._ Deux mille cent quatre-vingt-quatorze branches des arbres garnis et sept cent onze branches des arbres dénudés._ >

Magdela me fait un peu moins peur.

Mais notre intéressante conversation est mise à bas par le Corrompu. La voix d'Endiku a eu une tonalité qui ne plait pas, différente de lorsqu'il a pris la parole un peu plus tôt. Je ne comprends pas. Est-ce de la colère? En langage binaire ou hexamatique, un individu applique toujours une affirmation pour signifier la réprimande, l'irritation, l'impatience. Comment suis-je censé interpréter les humeurs avec pareil défaut de dialect?
Je préfère ne rien répliquer. J'ai peur d'attirer un peu plus l'attention. Cette culture m'est encore trop étrangère pour me lancer de plein front dans un débat. Et puis, si la créature de l'immatérium décidait de se focaliser sur moi, ne risquerait-il pas alors d'exposer mes "études"?
Autant en rester là.

Mais une chose est sûre, Enkidu m'angoisse encore un peu plus.
Modifié en dernier par Helveticus Matix le 18 janv. 2024, 23:04, modifié 1 fois.
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

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L’intervention du psyker ramena vite le silence dans le préau — et cela semblait bien salvateur, puisque la pauvre hors-monde s’était tenue poliment dans sa posture militaire pendant les échanges entre les acolytes. Ayant écouté les requêtes de chacun, elle fit crisser les semelles de ses bottes de sous-officière parfaitement cirées pour prendre congé, avant de revenir, quelques minutes plus tard, accompagnées d’un servitor qui traînait derrière lui un petit chariot de service contenant les-dits rafraîchissements.

La créature lobotomisée avait de quoi mettre mal à l’aise ceux qui n’étaient pas habitués à leur présence. On aurait dit un être humain normal, avec de la chair, et un visage ridé — mais ses yeux étaient rouges, sa bouche et son nez avaient été remplacés par des câblages, et ses bras étaient des sortes de grosses pinces faites pour adroitement bouger le chariot et servir à mettre des petits sucres dans le thé : on aurait dit un engin ménager géant, et le fait que le servitor portait un uniforme de valet, complet avec la perruque blanche sur la tête, ne faisait qu’encore plus faire froid dans le dos.
Surtout pour Wullis, qui n’était pas vraiment habitué à voir ce genre de choses. On lui avait dit que la Servitude Perpétuelle était une peine commune dans l’Imperium, une très bonne chose, une chance pour les criminels de se racheter une conduite et de servir à nouveau leur partie et leur divin monarque. Mais en voir un de près le mettait toujours mal à l’aise. Le Garde Impérial semi-sauvage fut forcé de prendre la tangente, s’éloigner un peu plus dans la pièce alors qu’il devenait tout pâle et sentait de la sueur sur ses mains.



Finalement, au terme d’une longue attente aussi ennuyante que gênante, il y eut enfin du mouvement. Les grandes portes du préau s’ouvrirent, grâce à un système automatique, et les cosmomarins en faction se dressèrent soudain au garde-à-vous tandis qu’un petit groupe, accompagné d’un servocrâne et d’un chérubin volant tous les deux en l’air, commença à descendre les immenses marches en marbre pour atteindre la fontaine et son eau cristalline. Le petit angelot mécanique, fait à partir d’un fœtus-cloné né dans un tube à essai, virevoltait de ses ailes aviaires en jouant d’une petite harpe électrique, tandis que le crâne estampillé d’une grande rosette inquisitoriale gravée avait un œil qui clignotait, comme s’il était en train de traiter quelques données.

Les quatre personnes qui marchaient étaient clairement supérieurs aux autres citoyens de l’Empire, car tout dans leur costume et dans leur prestance les rattachait à l’élite servant l’Empereur-Dieu.
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Astrid Skane, Ordo Hereticus, tranchait pas mal avec son air de d’habitude. Les acolytes ne pouvaient pas se souvenir de l’avoir déjà vu comme portant autre chose que sa grosse armure carapace d’arbitrator — mais le luxe enivrant d’un vaisseau de libre-marchand devait l’avoir atteinte elle aussi, et elle portait à la place un joli costume de soie brodée. Non pas que cela change vraiment sa démarche : elle serrait des dents, et allait d’un pas cadence, poings fermés, tandis qu’elle parlait avec la personne à côté d’elle dans une conversation ininterrompue.

« Je suis bien consciente du risque que nous prenons — moi aussi je suis sur ce vaisseau, et je sais ce que nous risquons. Je ne vous ferais pas cette requête si je n’étais pas absolument certaine de sa nécessité. »

Ton ferme, acerbe, virulent. Elle maquillait très mal des mots diplomates dans un fiel éjecté de ses cordes vocales. Cela fit rire jaune sa camarade à ses côtés.
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Madame Hippolyte de Selleniz. Libre-marchande, et capitaine de l’Indomptable Ravel. Héritière d’une dynastie pluri-millénaire, dont la Lettre de Marque avait été signé par le Primarque Rogal Dorn en personne (L’un des fils de l’Empereur !), elle possédait des pouvoirs terriblement importants, ayant l’autorisation d’explorer des systèmes solaires perdus, d’utiliser de la technologie impie, et même de négocier avec hérétiques, mutants et xénos. Elle était aux antipodes du travail inquisitorial, et pourrait bien aisément susciter le mépris des serviteurs dogmatiques de l’Imperium.
Mais ce n’est comme si quiconque avait le pouvoir de s’y opposer. Après tout, ce vaisseau était rempli d’œuvres d’art, de produits de luxes, et il y avait une fontaine à eau de source en marbre juste dans un des quartiers de plaisir des officiers. Il y avait riche, et il y avait riche comme un libre-marchand.

« Requête ! Depuis quand l’Inquisition me présente-t-elle des requêtes ? C’est un ordre que vous êtes en train de me donner, Skane, et vous n’êtes vraiment pas douée pour faire croire que vous me caressez dans le sens du poil.
Mais je dois encore refuser. Toute urgence qu’il y a à Neustralia, ça ne justifie pas de risquer d’avoir mon vaisseau arraché en deux par le warp. On arrivera à destination en temps voulu, si l’Empereur le veut. »

La troisième personne s’immisça dans le dialogue, mains dans le dos, restant derrière le duo de dames, et lançant à la volée une phrase qui semblait n’être destinée à personne :

« Peut-être la capitaine préfère-t-elle qu’on présente notre requête plus franchement ? »
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Caius Sixtan Luvarn. Interrogateur. Une sorte de presque-inquisiteur, mais pas encore tout à fait. Psyker assermenté. Originaire du monde de Kulth, secteur Calixis, qui d’ailleurs n’était pas très loin de là où le vaisseau se trouvait. Le plus bizarre, c’est que cet étrange bonhomme antipathique n’appartenait pas à l’Ordo Hereticus, chargé de traquer les hérétiques, les mutants et les sorcières : c’était un agent de l’Ordo Xenos, spécialisé dans l’étude, la surveillance, et l’extermination des aliens. Que faisait-il donc ici ? Ça, ce n’était pas aux acolytes de le savoir.

En tout cas, sa menace bien peu camouflée eut le mérite de hérisser Selleniz, qui se tourna pour le regarder droit dans les yeux.

« Pressé de se faire avaler l’âme par un démon, psyker ?

– Accuser un membre de l’Inquisition de quoi que ce soit est un peu incongru, n’est-ce pas ? Fit Skane avec un fier sourire.
– Quand deux personnes insiste pour que je lance mon vaisseau à travers une tempête warp je les juge ou fêlés, ou inconscients, ou corrompus. Vous préférez quel adjectif ?
Contraints, capitaine. Nous sommes contraints par les événements. Vous avez un excellent navigateur, d’après mes informations. Et ne me regardez pas dans les yeux en prétendant que vous n’avez jamais voyagé alors que le warp était agité — si le pot-de-vin était suffisant, vous voyageriez à travers l’Œil de la Terreur lui-même. »

Une tempête warp. Enkidu n’était pas un navigateur, mais il savait à quel point ce genre de nouvelle faisait froid dans le dos — aucun voyage à travers les étoiles était de tout repos, mais parfois, le voile d’immatériel s’agitait, de l’énergie pulsait en des endroits localisés, et il arrivait que par instants, le warp devienne plus puissant, plus agité… Jusqu’à obscurcir la Lumière de l’Empereur depuis Terra, l’Astronomican. Dans ce genre de cas, les navires volaient perdus dans la dimension de l’horreur, guidés uniquement par tous les talents du troisième œil d’un navigateur au bord de la folie, et par la volonté de l’Empereur… Même si le navire n’était pas oblitéré, ou envahi de démons prêts à souiller les corps et les âmes de l’équipage, il y avait toujours le risque d’être vomi dans un autre secteur imprévu, ou même d’être rejeté très en retard ou même en avance — il y avait quantité de mythes et de racontars de vaisseaux qui émergeaient du warp dix siècles plus tard, alors que pour les matelots, le voyage n’avait duré que quelques heures.
En cas de tempêtes importantes, les capitaines avaient l’intelligence de juste rester à quai et d’attendre que la tempête se calme pour ensuite braver le voyage. L’insistance des deux inquisiteurs était difficilement compréhensible — quelle urgence les attendaient vraiment ?

Visiblement, les acolytes n’étaient pas mêlés à la conversation. Silencieusement dans leur coin, dressés debout au garde-à-vous, ils pouvaient entendre leurs chefs parler. Mais toutes craintes et hésitations qu’ils pouvaient avoir, pour l’heure ils devaient les taire.

« Vous dites ça avec tellement de mépris dans la voix, inquisitrice ! Et pourtant si vous commenciez à mettre un peu de pommade, les coups seraient plus plaisants, minauda la capitaine en penchant un peu la tête.
– Marius Hax doit toujours renégocier la dîme de Neustralia, répondit Caius Luvarn, toujours dans le dos des dames, sans les regarder, comme s’il n’était qu’un diablotin soufflant une idée. Nous avons de l’influence dans le Palais de la Lumière. Avoir l’Inquisition en tant qu’allié dans de telles épreuves fiscales, ça peut être utile pour faire la richesse d’une planète… Ou sa ruine.
– Avec les personnes comme vous, je préfère la cravache que la carotte. Ne faites pas comme si vous me rendiez une faveur : il est tout autant vital pour vous de rejoindre votre planète dare-dare, libre-marchande.
Amenez-nous là-bas en un seul morceau, et vous aurez la gratitude de l’Inquisition. Échouez, et toutes ces considérations ne seront plus un problème pour nous de toutes manières. Mais refuser de braver la tempête n’est pas une option pour vous, même sans la menace de mon organisation.

– Et c’est être généreux, vu de qui nous parlons… »

Le sourire de la libre-marchande était figé. Selleniz ne devait pas être le genre de femme qui avait grandi avec l’habitude qu’on lui dise « non ». Elle trifouilla l’étrange collier à son cou, avant de pouffer du nez.

« Vous comptez, j’espère, récompenser mon navigateur ? L’immensité de ce que vous allez lui demander risque de lui coûter beaucoup. Puis à nous tous. »

C’est alors que la quatrième personne du groupe réagit enfin. Elle était un peu cachée derrière, tant par les corps des discuteurs, que par son épaisse robe rouge qui le couvrait entièrement de pied en cap. Mais à présent, il fit un lourd pas qui sonnait comme un… Un gonflement. Comme un outil pneumatique.
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La moitié du visage de cet homme était fait de métal. L’autre moitié était faite d’une chair torturée, aux lèvres couturées. Il portait clairement les oripeaux et les sceaux de l’Adeptus Mechanicus — le rouage était estampillé sur sa ceinture, sur sa robe, sur la partie de son front encore faite de peau. Ses mains avaient été remplacées par de grandes aiguilles aussi longues, que fines et qu’aiguisées.
Mora savait que ce coreligionnaire était un magos, un chercheur méritant le respect des adeptes plus jeunes et plus novices. Et plus que tout, il apparaissait clairement que celui-là appartenait à l’ordre des Genetors — l’une des sections gouvernantes du culte, ils étaient chargés de l’étude de la chair, des tissus vivants, des réalités biologiques et génétiques de la connaissance. Une anomalie, une frange « bizarre » pour le Mechanicus, ils n’en étaient pour autant pas moins immensément puissants.

Avec une voix parfaitement humaine, mesurée et doucereuse, mélodieuse et jolie même, mais qui ne semblait pas venir de sa propre bouge (Ses lèvres suturées ne bougeaient pas…), il décida de se faire entendre :

« Accomplir son service est une récompense en soi, noble et altière madame. Mais nous connaissons les velléités des agents de la Navis Nobilitae… De même que l’importance d’honorer l’hospitalité de nos hôtes. Si vous remplissez ce service, nous demeurerons vos obligés.
– En voilà un qui sait parler aux dames ! Vous auriez pu commencer par là.
– Notre mission sur vos terres est capitale et nous permettra à tous de sauvegarder l’Imperium, et la prospérité et le bonheur d’un tel système s’aligne sur nos nécessités présentes. Pour l’amour de l’Omnimessie, aiderez-vous nous ? »

La libre-marchande fit un clin d’œil au Magos Biologis, avant de continuer sa route. Les quatre passèrent devant les acolytes au garde-à-vous, sans même les regarder, et ils les laissèrent planter là.

Puis suivirent, à bien dix bons mètres de distance, une foule de serviteurs autres : des officiers de marine en uniforme, des valets déguisés en pingouins mauves, deux jeunes technaugures tout implantés, une astropathe aveugle se dirigeant avec son bâton… Tout l’entourage divers et varié d’une libre-marchande et d’inquisiteurs. Certains, les acolytes les connaissaient, mais la majorité étaient des visages et des noms inconnus, flottant dans un coin de leur esprit.

Mais l’un d’eux se détacha du groupe, pour aller enfin daigner donner des ordres au quatuor qui avait été forcé d’attendre là depuis des temps maintenant immémoriaux.
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Adjudant-chef Rorich Peyrilhac, 13e régiment du génie de combat, gendarmerie Malfienne ! (Il disait toujours ça d’un ton vif et incisif, souvent ponctué d’un « Chef ! » quand il s’adressait à un supérieur hiérarchique). Garde Impérial des bottes de combat jusqu’au béret à plumes, il était originaire de la planète Malfi, un enfant de la classe moyenne, c’est-à-dire des contremaîtres qui terrorisent les ouvriers dans les manufactorias de cette planète-ruche ô combien décadente. Grand, musclé, avec un œil bionique dans l’orbite droit, tout chez lui respirait le militaire de carrière.
Séphone avait déjà accompagné beaucoup d’hommes de cette trempe à la guerre. Oui, il faisait bien sous-off qui avait vu de grandes horreurs, et qui s’était renfermé dans une discipline de fer pour réussir à y survivre.


« Acolytes ! Vous avez un briefing de prévu ! En marche avec moi, dare-dare. »

Rorich lui n’avait pas pris la peine de s’habiller pour se fondre dans le décor : il était en uniforme complet, avec armure pare-éclat et fusil à plasma en bandoulière. On aurait dit qu’il était prêt à se bagarrer à tout instant, ou alors il rentrait d’un entraînement ? Difficile à dire. En tout cas, il faisait tâche au milieu de l’entourage de la libre-marchande qui emboutait le pas.

L’adjudant-chef, en revanche, pris un autre virage. Et après quelques pas, les acolytes se retrouvaient sur une passerelle maintenant familière de l’immense vaisseau…

Dans l’Imperium, les navires n’étaient pas que des véhicules : ils étaient des villes volantes. Plus de vingt mille personnes vivaient ici, pour beaucoup, notamment dans la chiourme des bas-étages, ce vaisseau avait été le seul environnement qu’ils avaient connu. On trouvait dans ce navire une maternité, une école d’apprentissage, une clinique pour les vieux matelots qui vivaient leurs derniers jours à la retraite. Il était composé de clans, aux traditions qui s’étaient forgées depuis les siècles que ce vaisseau existait. L’immensité de sa solide construction était mélangée à l’exotisme de sa population. Rejoindre un navire spatial, c’était être rapidement fasciné par la vie que l’on pouvait y mener.

Tout était grand, tout était démesuré, on lorgnait par-dessus une rambarde en métal, et on voyait une chute vertigineuse de dizaines de mètres pour découvrir en contrebas des technaugures en procession, avec de l’encens et des bougies. Au contraire, que l’on regarde tout en haut, et on voyait une immense grue manipulée par des ouvriers soulever des caisses de cargo grandes comme des fourgons. Et puis, partout, des Aquilas de métal, et des statues de pierre représentant des héros ou des personnages allégoriques.

Rorich s’arrêta sur un monte-charge. Il appuya sur un bouton, et alors l’esprit de la machine abaissa le niveau. Ils descendaient. Ils quittaient le niveau des officiers, pour atteindre celui des sous-officiers, et s’arrêter juste au-dessus de l’immense soute où vivait la plèbe. Le décor changeait du tout au tout. Arrivés à leur destination, ils se retrouvèrent dans un lieu froid, sombre, claustrophobique, humide et métallique…

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Des matelots étaient en train de bosser. On entendait le grésillement ô combien bruyant, encore plus avec l’écho des tuyaux, d’une scie en train de découper du métal, tandis que des éclairs orange virevoltaient sous son attaque. Le mal d’oreilles donnait envie de se remplir les tympans avec ses doigts, mais enfin, l’adjudant-chef semblait visiblement savoir où aller…


Puis, quelque chose de soudain se produis. À leur gauche, un jeune ouvrier, peut-être trop affaibli ou trop fatigué, tomba du tabouret sur lequel il était debout : alors qu’il retenait un gros morceau de conduite, celle-ci allait s’effondrer. On entendit des dizaines de chocs métalliques, et des cris, tandis que l’adjudant-chef bondit dans un pur instinct et automatisme exercé — il se rua net vers les ouvriers, pour retenir l’ouvrage du gamin et empêcher une grosse machine suspendue au plafond de tomber au sol.

« C’est quoi ce bordel ?! »

D’autres ouvriers arrêtaient leur travail pour eux aussi charger vers l’ouvrage pour soulager Rorich, et maintenant, c’était à six qu’ils gardaient le gros sarcophage de métal suspendu en l’air. L’un des matelots, plus débrouillard que les autres, s’arma d’un chalumeau et d’une visière, et s’attela à vite rattraper le travail, tandis que le gamin au sol rampait dans un coin en pleurant : visiblement, il s’était foulé une cheville.

« Qui est le responsable ici ?! » hurla Rorich tout en continuant d’aider les matelots.
« Pardonnez-nous, Garde ! » répondit du tac-au-tac le plus vieux des ouvriers, un gars tout fin et tout petit, avec plus de rides que de gras, son bleu de travail couvert de cambouis. « On sait pas c’qui se passe depuis l’début d’not’ boulot, y’a qu’des accidents tout l’temps ! »

Ses mots furent prophétiques. Car juste derrière les acolytes, on entendit à nouveau une scie métallique bouger. Se retournant, les quatre virent alors, tout droit sur la passerelle, à vingt mètres d’eux, un serviteur de travail lever son bras couvert des dents d’une terrible machine. Un ouvrier en train de les gérer recula, eut le pied qui s’attrapa dans un câblage négligemment posé au sol…
…Et alors, le servitor planta dans un mouvement trop vif pour ne pas être volontaire la scie circulaire en plein dans le poitrail de l’ouvrier.

Il y eut un hurlement, strident et aigu, qui perça les tympans de tout le monde. La scie découpa peau, chair, tendons, jusqu’à l’os, dans une pluie sanguinolente. Le pauvre garçon de travail s’effondra au sol, alors que le servitor continua son assaut.

« HUS, NOOON ! »

Une femme se rua vers le servitor. Mais alors un deuxième s’activa lui aussi : un servitor armé d’un laser pour la soudure leva son bras, suivi la trajectoire de l’ouvrière, qui s’arrêta net, et fit un pas de côté, ne croyant probablement pas que la suite fut possible…

…Le canon laser du servitor tira une rafale. Quatre éclairs jaillirent du canon dans des claquements électriques. Deux des faisceaux de lumière traversèrent de part en part l’ouvrière, l’un au ventre, l’autre à la gorge, si bien qu’elle s’effondrât en crachant du sang avant de convulser sur le sol dans des spasmes involontaires, déjà condamnée à mort.

Il y eut une panique absolue parmi les ouvriers. Certains d’entre eux lâchèrent la machine, et s’enfuirent en courant — les plus courageux, sachant le désastre qui menaçait, restaient sur place pour bien la maintenir, et celui avec le chalumeau continuait son travail à toute vitesse, imperturbable.
Comme si ce n’était pas évident, Rorich, occupé à aider les travailleurs, aboya ses ordres à son équipe :

« ABATTEZ-MOI CES SERVITORS, MAINTENANT ! »




Mora — Connaissances générales (Mechanicus) : Passé
Enkidu — Connaissances interdites (Warp) : Passé

Wullis — Test de peur : échec. Inconfort important — ton personnage recule immédiatement et décide de se faire tout petit.

Vigilance de Wullis : échec, rien de spécial de détecté

Séphone — Connaissances générales (Guerre) : Échec
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Reinhard Faul
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Reinhard Faul »

Comme j’avais prévu, Wullis s’est mis à faire le mongol dès qu’il a vu un Servitor. C’est rigolo ce grand costaud qui recule de terreur devant un crâne avec une perruque. Je profite de cette menue distraction en sirotant ma tisane jusqu’à ce que les gens importants arrivent et qu’on doive tous se mettre debout le dos droit en les écoutant parler. Ils ne nous accordent pas un regard et discutent entre eux.

On a tous déjà joué cette scène-là durant nos vies, parfois pendant des heures. J’ai développé tout une technique pour me gratter le nez sur mon épaule sans que ça se voit. Sinon je fais basculer mon poids d’une jambe sur l’autre pour retarder le moment où j’ai mal au dos. Après avoir fait le tour de tout mon champ d’action, en général je débranche mon cerveau et je rêvasse d’une époque où la vie était plus agréable.
Pas cette fois-ci néanmoins.

Déjà parce qu’en plus de la libre-marchande et de l’Inquisitrice, il y a le Psyker. Un interrogateur de l’Ordre Xenos. Il a un rang assez haut pour participer à la conversation avec les grandes personnes, ce que je trouve inspirant pour mon cas personnel. Bon d’accord les deux autres ne lui parlent pas très poliment, mais ça sert à rien de rêver trop haut. En tout cas je serais pas là, en bas, en train de porter des vêtements dont les coutures rendent l’âme, coincé avec un type qui parle aux arbres et des zinzins qui comptent des trucs.
Ensuite parce que leur sujet de conversation est… troublant. Alors j’écoute. Il me faut du temps pour réaliser l’énormité de ce qu’ils négocient.
Ils veulent traverser une tempête du Warp.

La seule concession de faiblesse que je fais au bordel d’émotions qui me traversent le crâne, c’est d’élargir les yeux de terreur. Je serre les mâchoires et je garde le regard fixé droit devant sur un point non spécifique du mur. J’ai appris à garder mes états-âme pour moi sur Malfi, les nobles adorent jouer avec les gens qui sont dégoûtés ou mal à l’aise - heureusement ils ont l’intelligence émotionnelle d’un nouveau né dans le coma, alors ils se rendent pas compte quand leur interlocuteur fait la tronche, et le sarcasme leur passe toujours au-dessus de la tête. Là je ne suis certainement pas en position de m’indigner et de supplier qu’on ne traverse pas. Déjà j’étais très heureux, en tant qu’Acolyte de l’Inquisition, de ne pas avoir à faire mes voyages dans le Warp menotté dans une cellule avec un type qui me tient en joue. Pour venir ici, c’était la première fois que j’avais le droit de m’asseoir dans la chapelle avec les autres et j’ai trouvé ça super. Mais une tempête ?

Le reste de la conversation s’est déroulée, la libre-marchande a eu l’air de capituler et moi je suis en train de passer les étapes du deuil à toute vitesse, pour finir sur une acceptation morose de mon destin. Un sous-off est venu nous chercher et j’ai suivi tout le monde dans les profondeurs du bateau. Là on est immobile dans un monte-charge que je ressens comme particulièrement lent. Encore du silence, mais c’est la fanfare dans ma tête. Les protestations de la libre-marchande à l’idée de traverser un Warp agité sonnent encore à mes oreilles. Mes collègues ne doivent pas savoir ce que ça implique. Ça me chiffonne, j’aimerais être prévenu à leur place. Par contre, j’aime pas beaucoup parler de ça. Si on m’interrogeait avec insistance, j’aurais peut-être admis avec répugnance savoir ce qu’est le Warp, et encore. Et j’arrive pas à comprendre pourquoi l’Inquisitrice voudrait faire un truc aussi con, je vois aucune raison valable de prendre un risque aussi grand. Après plusieurs minutes de tourment intérieur, je finis par dire avec l’air de ne pas y toucher :

« Dooooonc… on va aller dans le… »

Il me faut un peu d’élan pour sortir le mot. Je peux dire des phrases comme « oh, on a fait une traversée du Warp pour venir ici », parce que c’est inoffensif et que même un garde de l’Imperium pourrait la dire. Aborder le fait que je puisse avoir une sensibilité différente au phénomène, c’est différent. Mais le techno-prêtre profite de mon bégaiement pour inclure une petite remarque :

« …Immaterium. Vous devriez vous y sentir à votre aise. »

Je ne réponds rien, mais j’encaisse en silence et dans la douleur cette vanne bien méritée. Je l’ai traité de cinglé après tout. Mais ça fait quand même mal de taper en plein dans le point faible comme ça. Je brûle de honte, et ça se voit bien quand je rougis à cause de mon absence de pilosité, mais je poursuis mes explications quand même :

« … le warp. Mais il est agité. Ça veut dire que le Navigateur, il verra pas le… il verra pas tout. »

J’ajoute cette dernière remarque pour mes collègues, en guise d’explication. Un peu mince, j’admets, mais j’ai peur d’en dire plus, puis je ne veux pas parler de la Lumière. Je L’ai vue lors de mon Assermentation, et c’est une expérience trop intime. En plus je crois pas que j’ai le droit. Je ne sais pas ce qu’on dit aux gens normaux sur le sujet. Et soit dit en passant c’est très difficile de faire preuve de charisme et de talent pédagogique quand un techno-prêtre vient de vous traiter de monstre du Warp. Moi aussi j’ai des sentiments.

« Il doit y avoir un truc très urgent de l’autre côté. C’est dangereux. »

Là je ne cache même plus mon espoir que Rorich ait le pouvoir de faire « mais oui ! On est vraiment bête de ne pas y avoir pensé ! » et qu’on fasse tous demi-tour et qu’il dissuade l’Inquisitrice (qui m’a l’air quand même bien jeune) de faire un truc aussi con. Je vois rien qui pourrait être assez urgent pour aller dans le Warp en aveugle.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Helveticus Matix
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Lien fiche wiki : warforum40k/wiki/index.php/Fiche_Helveticus_Matix
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Helveticus Matix »

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Un servitor vient apporter les "rafraichissements" pour mes nouveaux collègues. J'ai côtoyé de ces créatures depuis mon plus jeune âge, c'est même l'une de ces machines qui m'a éduquée. Pourtant, j'ai toujours un sentiment dérangeant lorsque je me trouve à proximité de l'une d'entre elles. Ce sont des pénitences sur pattes. Un témoignage omniprésent au sein du Mechanicus que, la moindre entrave, la moindre erreur, peut provoquer le pire des châtiments.

Certains de mes anciens camarades les plus zélés ne s'offusquaient pas à la perspective de finir ainsi, les considérant comme les agents les plus purs de l'Omnimessie. J'aimerais bien être de leur avis, mais j'entends les parasites. Il faut tendre l'oreille pour capter ces données volatiles, mais elles sont bel et bien là. Que sont-elles exactement? De simples conflits mathématiques entre le cerveau décérébré et les cogitateurs? N'ayant plus la moindre forme de volonté ou de conscience de soi-même, la fusion entre la machine et la matière grise pourrait apporter quelques originalités.
Des échos? Des restes de souvenirs sans cohérence qui se cacheraient dans le système?
Ou pire : la preuve que, derrière tous ces câbles, toutes ces lobotomies, il y a toujours un fragment de conscience refaisant occasionnellement surface sans jamais pouvoir s'exprimer de manière compréhensible.

Et quand bien même? Ils devraient se sentir comblés de pouvoir ressentir pleinement le contact du Dieu Machine. Ils n'ont plus à réfléchir, juste à servir sans avoir à fournir le moindre effort mental. Tout leur est accordé. Je me répète cela souvent.
Malgré tout, j'écoute toujours les parasites. Ils semblent si... si tristes.

Je sens mes protocoles de quarantaine s'agiter. Aussi, je décide de ne plus méditer là-dessus. Pendant que les autres se sustentent, je les observe, très attentivement. Leur bouche, leurs lèvres, le mouvement de leur glotte, le bruit de leur déglutition. Puis je m'imagine ces substances se répandre en eux, se digérer sous l'effort de tout un système organique défectueux.
Il y a tant de surplus dans cette nourriture et dans ces boissons, des éléments qui ne pourront être intégrés à l'organisme et qui devront donc être expulsées de manière écœurante. La chair est faible et le système digestif est un des meilleurs exemples pour exprimer la prise de pouvoir de la chair sur la volonté. Dans quelques heures, tous devront passer un temps non négligeable dans des stations de vidange... dans des toilettes.

Pour ma part, un simple port au niveau de mon torse me permet d'injecter des cellules nutritionnelles parfaitement dosées. Une fois par semaine, je dois simplement vider un petit compartiment qui contient quelques déchets. Ils seront recyclés pour intégrer une nouvelle cellule. Pas de gaspillage.
Si la mort de mes intestins datent de quelques années après mon intégration à la prêtrise - je me souviens encore de ces séances de vidange aux toilettes - je n'ai aucun souvenir d'avoir un jour eu une mâchoire fonctionnelle.
Au sein de l'Arche, l'air est à peine traité pour évacuer les émanations toxiques des usines et autres machines en constant travail. Pour que nous puissions passer notre cinquième anniversaire, un respirateur est intégré à chacun. Le mien, de très médiocre qualité, incapacitait totalement ma bouche, m'obligeant à ingérer une pâte nutritionnelle immonde par le biais d'une seringue. Puis, on m'a doté, bien des années après de cette fabuleuse machinerie qui comble une partie de mon visage.

L'ouverture d'immenses portes nous faisant face me tire de mes réflexions. Je saisis alors ma canne de ma main mécanique pour qu'elle m'aide à me lever. Mes collègues font tous de même, nos corps se dressant d'un seul homme. Nous sommes bien différents, mais il semble que le respect de la hiérarchie est une cause commune.
Les personnages les plus éminents de la frégate s'avancent vers nous, en pleine conversation. Je me sens un peu intimidé, car je n'ai connu qu'une seule hiérarchie au cours de ma vie. L'Arche est immense, si bien que je ne puis prétendre en avoir exploré qu'une infime partie ou côtoyé un centième de ses habitants, mais les hautes personnalités de mon secteur sont connues et, en un sens, presque familières. Ici, je me sens dans un autre univers, sans la moindre attache pour évaluer mes nouveaux supérieurs. Leur place au sein du vaisseau est si importante, et présentement, ils s'approchent de moi, de ma misérable personne.

Immédiatement, je repère la forme si distinctive d'un technoprêtre de haut rang, mais il est caché par le reste de la troupe. Je sens mon esprit s'apaiser. L'Omnimessie a envoyé un Magos pour me guider dans ma pénitence. Quelle formidable preuve de clémence!
En attendant de pouvoir l'étudier plus en détails, je me concentre sur la conversation en cours.

Mon sang se glace, mon bras mécanique se met à trembler légèrement. Même Echo et Strepitus frétillent sous l'influence de ma détresse. Les membres de l'inquisition sont-ils vraiment en train de tenter convaincre la capitaine de franchir l'Immaterium en pleine tempête?! Ce serait du pur délire!
J'ai déjà fait le Grand Saut. À maintes reprises. Et chacune de ces expériences reste gravée dans mes cogitateurs. Ces forces étranges ont un don, même au sein du champ Geller, de parasiter ou de corrompre tout flux de données.
Mais comment anticiper leurs effets lors d'une tempête de l'Absurde?! De prime, aux côtés d'un équipage dont la rigueur et le talent ne peuvent que s'affamer de celles du Culte de Mars?! Avec des bombes telles que Enkidu à bord?!

Heureusement, Madame Hippolyte de Selleniz ne partage pas la folie de ses interlocuteurs. Elle est catégorique, il faudrait attendre. Du moins, c'était mon analyse jusqu'à ce que le personnage envers qui j'avais tant d'attentes ne donne son expertise. Je peux l'observer clairement à présent. C'est un Magos, mais de la caste la moins orthodoxe du Mechanicus. Un Genetor, un dément qui, se voyant offrir le don de la connaissance de la Machine, a préféré se tourner vers l'étude de la chair.
Je ne m'identifie en rien auprès de ces énergumènes, mais je respecte et comprends leur importance. Nous luttons quotidiennement contre la faiblesse de notre organisme et il serait stupide de ne pas comprendre notre adversaire. Moi-même, j'éprouve une certaine fascination pour leur travail et leur dévotion. Car leur esprit appartient pleinement au Dieu Machine et leur expertise reste capitale au bon fonctionnement de l'Ordre.

Le Magos, qui semble beaucoup plus versé dans l'art conversationnel que moi, trouve les arguments pour convaincre la capitaine. Je théorise que cet individu est beaucoup moins amical et bienpensant qu'il n'y paraît. Même le timbre de sa voix, malgré son manque de vox organique, est méticuleusement travaillé pour traiter avec des membres extérieurs du Culte. Il se fait passer pour ce qu'il n'est pas : l'un des leurs.

Ainsi, nous courrons à notre perte, de la plus terrible des manières. Je sens une colère monter en moi alors que la troupe nous dépasse, mais j'intériorise mes sentiments, comme toujours. Mon bras se calme et je range mes préoccupations dans un coin de mes cogitateurs.
L'escorte arrive ensuite à notre hauteur et l'un de ses membres s'en détache pour nous hurler des ordres.
Chez cet individu, rien ne se démarque de ses camarades de chair, hormis un détail important, subjuguant. Une carabine à plasma, la Salive du Dieu Machine! C'est une relique des âges anciens!

J'entends à peines les ordres de l'Adjudant-Chef, mais je le suis de toute façon, fasciné par ce bijou de technologie qu'il tient en bandoulière. À mes côtés - trop à mon goût - le corrompu commence une phrase qu'il ne termine pas. Comme s'il venait de déconnecter son vox par erreur. J'ai déjà remarqué ce genre de comportement, au détour de conversations captées de membres de l'équipage. Cette langue m'est déjà frustrante par sa lourdeur et son inefficacité, mais si en plus, il est commun d'en oublier les termes en pleine conversation... c'est juste navrant.

Je n'ai aucun mal à simuler, à partir du contexte et de la nature de l'individu, la fin de sa phrase. Continuer la conversation avec lui ne m'enchante guère, mais il est temps pour moi de m'intégrer à l'équipe. J'ai aidé plus tôt l'excommuniée avec ses cruelles lacunes de comptage, je vais maintenant aider Enkidu avec ses mots. C'est toujours mieux que d'avoir à discuter avec le sauvage, qui semble avoir changé de comportement depuis l'arrivée des "rafraichissement".


< …Immaterium. Vous devriez vous y sentir à votre aise._ >

J'ai rajouté ma petite analyse pour arrondir les bords. Ces êtres parlent souvent pour ne rien dire, donc autant agir comme eux. J'ai bien fait, car ma phrase fait mouche. Son expression se fige et son teint pâle rougit sous une soudaine montée sanguine. Cela peut signifier plusieurs choses, je crois, mais ce doit être positif dans cette situation. Il ne continue pas sur le sujet, probablement, car ma remarque a bien résumé la situation. Le sujet est clos.

Pourtant, la simple prononciation de ce premier mot refait émerger mes angoisses. J'ai l'impression de détériorer mon vox à la moindre mention de l'Anomalie.

Peut-être suis-je allé trop loin, parce que le corrompu embraye sur autre chose. Il théorise que, sous les perturbations de la tempête, le navigator sera aveuglé. Que veut-il dire par là? Que nous ne serons plus observés? Que nous pourrons faire comme bon nous semble sans risque de représailles? Est-ce une menace? Je ne savais pas que le rôle des navigator, en plus de diriger le bâtiment dans l'Immaterium, était de surveiller tout l'équipage. Cette information me parait erronée, mais je sauvegarde tout de même la potentielle provocation.

Ne pouvant s'arrêter d'exposer des faits évidents, le corrompu continue de paraphraser sur le sujet du Saut. Je n'aime pas ce sujet, mais partager nos troubles me permet d'apaiser mes cogitateurs. Cela signifie que je ne suis le seul à connaître au sein d'une population de déments.


< Cette unité valide vos remarques, bien qu'elle ne s'affilie pas au terme utilisé. Ces unités préfèrent les termes suivants : Immaterium, Grand Ailleurs, Anomalie, Absurde, Plein-Vide, Vide-Plein, Anti-Matrice et bien d'autres._ >

< Cette unité est tentée de diagnostiquer une probabilité de survie pour cette entreprise. Mais par la nature même de l'Anti-Matrice, tout résultat serait erroné._ >
Image
Helveticus Matix, Voie du Technoprêtre
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 9 | Int 10 (11) | Ini 8 | Att 8 | Par 8 | Tir 10 | Foi | Psy | NA 1 | PV 70/70
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Diederick von Bildhofen
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Re: [Dark Heresy] Le tranchant des ténèbres

Message par Diederick von Bildhofen »

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Lorsque sœur Magdela proposa ses délicieux biscuits aux amandes et pépites de chocolat, ce fut avec plaisir que j’acceptai la si gentille occasion de se sustenter d’une portion contre un peu de pain et une gorgée de vain. Nous étions désormais protégés par les lois de l’hospitalité, et les dieux frapperaient de leur courroux ceux rompant ce serment ! Hourra ! Par contre c’était avec suspicion que je regardais les deux autres bonhommes qui avaient refusés de se prêter au rituel. Avaient ils l’intention de me poignarder dans le dos, et craignaient trop les Anciens Dieux de la forêt pour se rendre coupable de la violation des lois de l’hospitalité ? Qu’ils prennent garde, car en refusant la protection de celles ci, rien ne les protégeait non plus de ma violence….

Mais alors que je m’empiffrai de biscuits aux amandes et si délicieuses pépites de chocolat, voilà que sœur Magdela se mis à parler du tableau et du nombre de personnages dessus. Peut être que c’était une invitation à parler entre nous par le biais de cet objet d’art ? Mais à part l’art religieux lié aux Anciens Dieux de la forêt, il n’y avait pas grand-chose sur Phyrr… des peintures rupestres dans les antres des druides, des bosquets d’arbres sacrés… le haut-roi avait dans son siège, Tombe-Hiver, des tapisseries des exploits de ses ancêtres. Théonus le loup affamé, qui passa au fil de l’épée les côtes du pays des envahisseurs de l’Est et enleva leur princesse pour la marier à son benjamin ; Brionus le serpent de mer, qui avait découvert des îles lointaines où il offrit aux locaux des bourgeons d’arbres sacrés, afin que les Anciens Dieux de la forêt puissent porter leur regard même sur ces lointains rivages ; ou encore Janus, qui offrit le fer et le feu aux pirates et esclavagistes des Trois-Soeurs, passant au fil de l’épée tous leurs habitants pour noyer dans des tonneaux de leur sang leurs capitaines et marchands. De bien grands exploits.
Mais en général partager ce genre de grandes sagas avec un public non averti finissait avec des regards étranges de la part de mes interlocuteurs. Peut être pour une autre fois. Mieux vaut en dire le moins possible.


Ça manque d’arbres sacrés, dans le paysage. Où sont ils, avec leurs feuilles rouges, leurs tronc pâles et leurs visages sculptés ? Quelle est l’histoire racontée ici ?


Mais c’est là que je remarqua du coin de l’œil qu’un servitor approchait de nous. Et par les dieux qu’est ce que ces horreurs me fichaient la chaire de poule. C’était pas naturel ça. Puis ça ressemblait affreusement à de l’esclavage, même si les machins étaient morts. Ou pas tout à fait ? C’était jamais très clair. Des morts qui n’étaient pas morts et bougeaient, animés d’une force inconnue…. Ça ressemblait beaucoup trop aux horreurs des contes liés à la Longue Nuit et à Ceux de la Glace… je prit donc soin de me lever, arme à la main et de m’éloigner à grandes enjambées de ce machin effrayant. Par l’empereur, même un orgyn en pleine frénésie eut été moins effrayant que ces saloperies.

Une fois l’horreur technologique éloignée, je finit par rejoindre à nouveau le groupe, essuyant la sueur froide qui s’était mise à suinter de mon front. Les instants suivants furent pesants, personne ne l’ouvrant. On s’emmerdait. Jusqu’à ce que déboule de nulle part la patronne. Astrid Skane.

Abandonnant immédiatement ce que je faisais sur l’instant, je m’emparais de mon fusil laser, me relevait et me mettait au garde à vous en position régimentaire, conformément à l’article 32.18 du manuel d’infanterie du fantassin impérial. Les yeux droits devants, la position ferme, je restais dans celle ci comme à l’instruction, en écoutant à peine ce dont parlaient la clientèle de la cheffe. Ça parlait transport. C’est tout ce qu’il saisit.

Enfin, le dernier membre du groupe de l’inquisitrice s’intéressa à eux. L’Adjudant-chef Rorich Peyrilhac. Toujours au garde à vous, Wullis lui emboîta le pas. L’endroit où ils étaient menés était déjà plus familier que l’espèce d’antichambre où moi et mes collègues passaient une quantité de temps qui pourrait être consacrée à autre chose. Comme faire du sport. De l’entraînement. Relire le manuel du parfait fantassin impérial. Prier les Anciens Dieux de la forêt. Puis l’adjudant nous mena à un monte charge qui nous délivra dans une partie encore peut explorée du vaisseau. Ici c’était sombre… la soute. Là où vivaient et travaillaient les plus infortunés.

Sur le chemin, le sorcier s’était pondu de quelques réflexions que je n’écoutais que d’une oreille distraite.

L’empereur protège, me contentais-je de répondre. Ça m’en faisait bouger une sans toucher l’autre. Son dessein Lui est propre. Et nous exécutons sa volonté.

Puis un accident semble se produire, un ouvrier lâchant prise, sa charge menaçant de l’écraser…. Jusqu’à ce que l’adjudant Rorich se précipite à temps pour empêcher l’accident de prendre une tournure sanglante.

C’est là que les chose commencèrent à prendre une tournure malsaine. Certainement l’influence maligne de Ceux de la Glace.

Avant que l’adjudant n’ait prononcé leurs ordres, j’avais déjà sorti mon fusil laser. Retirant le mécanisme de sécurité, je me mis à arroser l’abomination au laser lorsque l’adjudant donna l’ordre d’ouvrir le feu. Au pas cadencé je comptais bien amocher cette saloperie de quelques tirs, avant de remettre mon arme au dos et charger le tueur, hache à la main.


Son courroux est mon laser !
Le savoir c'est le pouvoir. Et savoir quand le garder, le cacher, le partager, cela est la véritable épreuve de ceux le détenant.

Diederick Maria Reichenbach Bruno "Ruichen" von Bildhofen, Voie de l'étude de la connaissance
Profil: For 8 | End 8 | Hab 8 | Cha 10 | Int 10 | Ini 8 | Att 8 | Par | Tir 8 | Mag | NA 1 | PV 60/60

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« Alors que tu défiais le couvre-feu, tu découvres une vertu trop zélée. »

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