Lucretia eut beau tourner la bague dans tous les sens, elle ne put déterminer le vent de magie qui agitait cette tempête éthérée échancrée sur son cercle d’argent. Par ailleurs, étant donné la matière maudite qui continuait de l’indisposer alors qu’elle se penchait vers elle, la Lahmiane ne pouvait que grossièrement manipuler l’objet. Elle l’avait récupéré dans le creux de sa paume protégée par l’épais tissu de sa pèlerine, et, serrant les dents, bandant sa volonté, se contentait de donner des petits coups d’ongle pour le faire se tourner et se retourner. A la voir ainsi faire, l’on eût juré que l’anneau était incandescent, venant tout juste d’être sorti d’une forge ; la vampire tâchait de maintenir le moins de contact possible avec le bijou. Et, à défaut de connaissance, elle n’y récolta que d’infimes brûlures, bien que cuisantes, qui vinrent marquer l’un de ses doigts dont la peau avait effleuré d’un peu trop près le cercle de métal. Réprimant une grimace de circonstance, Lucretia se résigna à ranger l’objet dans l’une de ses poches, et à rentrer au campement.
L’ancienne baronne de Bratian emprunta la volée de marches en sens inverse, remontant prestement les divers degrés qui se présentaient devant elle, et sortit du tumulus. Là, dans la fraîcheur de la nuit, rien n’avait bougé, tout était resté le même. Sa monture paissait quiètement une touffe d’herbe folle dont la Drakwald disposait en profusion, n’émettant que çà et là quelques placides renâclements. Les deux lunes scintillaient toujours autant bien haut dans le ciel, dispensant leur lumière argentée sur le monde, apportant une nitescence nouvelle à la rosée dernièrement tombée. La forêt et ses tréfonds détenaient véritablement deux visages antagonistes, pouvant se révéler tour à tour aussi radieux que terribles. Ce fut dans cet espace coupé du monde, empli d’une paix bienvenue, que Lucretia, après avoir détaché sa monture de son arbre, reprit la route, sans encombre.
Toutefois, un spectacle bien différent n’allait pas tarder à l’accueillir. Alors qu’elle franchit la lisière du cercle des roulottes, fredonnant quelques airs depuis longtemps oubliés, une effervescence soudaine vint frapper le campement. Elle venait tout juste de desseller quand Dokhara et Chavo se précipitèrent au milieu des stryganis, ahanants, pliés en deux. Le jeune homme, éprouvant des difficultés à retrouver sa respiration, n’eut que le temps de laisser échapper le mot « monstre » avant que ne retentît un grondement sourd en provenance de la forêt, suivi d’une envolée frénétique d’oiseaux. Tout cela paraissait bien trop proche au goût des gitans, que la panique commençait déjà à submerger. L’on s’inquiéta d’Hedred, qui, très certainement, avait dû faire partie de l’expédition. Chavo, les mains sur les genoux, menaçant de rendre le contenu de son estomac après avoir tant couru, expliqua qu’il y était toujours. Il avait voulu éloigner le minotaure.
L’inconnu avait cette faculté particulière de faire naître dans l’esprit des gens les pires scénarii possible, ainsi qu’une part effrayant de mystère à laquelle ne pouvait se résoudre l’imagination commune. Le monstre en question avait assurément dû revêtir bien des formes dans la tête des stryganis, mais, pourtant, lorsque la menace fut clairement identifiée, ce fut comme pire encore. L’on s’écria, l’on se mit en branle, l’on chercha à mettre les enfants à l’abri dans les roulottes, le tout dans un tumulte et une cacophonie où le désordre avait pris le pas sur la raison.
Dokhara se fraya un chemin au milieu de ce chaos, cherchant à atteindre Lucretia. Celle-ci vint à sa rencontre, esquivant sans véritablement les voir toutes ces personnes qui refluaient en sens inverse, en heurtant certains sans même s’apercevoir. La Lahmiane avait déjà l’esprit empli d’une nouvelle résolution.
« Allez-vous bien ? » lui demanda-t-elle en une fois parvenue devant elle. La jeune femme paraissait mal en point, exténuée après s’être esbignée comme si sa vie en dépendait ; ce qui avait très certainement été le cas. En nage, son visage encadré de longues mèches rousses en bataille exprimait non pas l’air hagard de ceux qui viennent de frôler la mort, mais bien une vindicte et une détermination sévères. Sa vêture avait été partiellement crottée de terre et d’humus, au même titre que sa peau maculée par la boue. Et pourtant, elle rayonnait presque de cette frénésie contagieuse et inquiétante que Lucretia lui connaissait si bien. Cette dernière darda sur la baronne de Soya un regard réprobateur, que vint bientôt appuyer Marcus, à sa manière. L’ancien rescapé, ne prenant pas de gants, ordonna à la jeune femme d’aller rejoindre ses pairs dans l’une des nombreuses roulottes afin de s’y mettre à l’abri. Des paroles qui ne furent aucunement du goût de Dokhara, laquelle, à son tour, n’alla pas par quatre chemins pour expliciter sa manière de penser. Le fiel vipérin qui sortit de ses lèvres manqua de stupéfier Lucretia, laquelle retint de justesse un hoquet ébahi. Et l’instant d’après, dut se faire fureur pour ne pas éclater de rire devant l’expression abasourdie et déconfite de Marcus.
« Il n’a toutefois pas tort, Dokhara », lança-t-elle comme si de rien n’était, s’interposant de sa simple voix pour éviter que les choses n’empirassent. La Lahmiane fit une petite pause, gardant subitement son calme au milieu de toute cette agitation. La jeune femme au tempérament de feu allait-elle lui rétorquer la même chose, à elle ? Puis elle tempéra ses propos.
« Je constate que vous n’avez pas cherché à jouer les héros, et avez préféré quérir du soutien, en cela je vous remercie. Cela dit, même si, non, votre rôle n’est décemment pas celui de vous terrer avec les autres, je n’attends très certainement pas de vous des prises de risque inconsidérées. Un seul coup de sa part, et je gage que vous serez écrasée. Alors, s’il vous plaît, vous tâcherez d’éviter de charger la bête à vous seule. Ou même en ma compagnie. Je m’occuperai de cela, de moi-même. »
Elle tourna les talons, avant de réfléchir et de se retourner vers elle, ayant peur de ne pas bien avoir été comprise.
« Je veux dire, participez, mais à distance. Sans vous mettre en danger. »
Voilà qui était bien dit. Lucretia tourna de nouveau les talons… Avant de réfléchir une énième fois. Elle se remémorait les performances de la jeune femme à l’arbalète lors des séances d’entraînement avec Hans. Et elle pivota, que pour mieux ajouter :
« … Sans me tirer dessus. Ce n’est jamais agréable. »
Au tour de Lucretia que de lui dédier son plus malicieux sourire.
La Lahmiane alla ensuite voir Shana et Tsinep pour leur confier ses directives.
« Il ne sert à rien d’envoyer directement vos hommes au combat. Qu’ils me laissent le corps à corps, et se contentent de harasser la créature à distance. Inutile de risquer leur vie pour rien. »
Puis, dégainant sa lame, Lucretia se tint prête, faisant face à ces taillis d’où ne tarderait pas à sortir la bête.
Je en sais pas si le combat arrive au poste suivant, mais je charge la bête en usant d'esquive.
Stratégie, vue la taille de la bête que découvrira Lucretia, lui tourner autour pour lui cisailler les tendons des "pieds", de l'un et de l'autre, de manière à ce qu'il s'effondre et qu'il y ait juste à lui trancher la tête.
J'ai coup précis au rang max, si besoin est, pour cela, avec arme de prédilection : épée, et ma lame de Loec qui a je ne sais plus quels attributs (rapide ?)
Autrement, j'ai Sang Vif, Coriace.
Ah, et ne pas oublier littérature et linguiste, qui m'aideront pas mal dans ce combat.