
Cela faisait maintenant près d'une semaine et demi que Korlandin suivait le rythme de ses compagnons archers. Les plateaux herbeux du Wissenland avaient vite cédé le pas à une éternelle rocaille encore froide de l'hiver, puis, au fur et à mesure de l'avancée vers les terres ennemies, à des pics acérés et tordus, sombres, sans plus de végétation...
Une semaine et demi... ça faisait sans doute beaucoup pour un tueur nain en évitant de se battre: car ces fichus rôdeurs évitaient le combat! De loin en loin, on avait vu des mouvements d'armées peaux vertes dans les montagnes... Toutefois, les rôdeurs étaient sans doute plus sages que notre nain, car toujours, les troupes orques en vadrouille étaient bien trop nombreuses pour un petit groupe comme le leur.
Un soir, La Flèche expliqua ainsi leur stratégie à Korlandin:

-Ce qu'on veut, nous, c'est buter du "chef" maintenant... Aller affaiblir une grosse armée, c'est un coup à se faire traquer, alors on devra fuir et ce sera la galère... On sera repéré...
là, pour le moment, on est "invisible", ou presque...
C'est sûr, si le Cornu nous déniche un petit détachement massacrable, on ira... mais comme je te dis, on vise plutôt du "chef". Du "gros chef"... C'est comme ça qu'on pourra le mieux aider les gars du Wissenland: sans chefs, les orques font n'importe quoi...
Il sourit:
-Tu vas râler, Korlandin, mais le cornu a déjà buté deux généraux pendant qu'on avançait... Des flèches dans leurs têtes: C'est autant de petites armées qui se battent entre elles pour se trouver un nouveau meneur...
C'est un bon le Cornu!
Mais toi t'es pas là pour ça. Toi t'es là pour quand on se fera un vrai gros coup.
Ce ne fut pas forcément un "gros coup" qui advint le jour suivant... Mais korlandin allait quand même pouvoir participer.
Le groupe était enfin arrivé à la fin des montagnes, et une vilaines forêts s'étendait en contrebas:
Le Cornu avait repéré une sorte de petite bande de peaux vertes bien sournoise qui prenait des passages compliqués pour se rendre vers l'Empire... le même genre de passages que les vôtres, en fait...
-ça cache quelque chose, lui dit La Flèche... Et c'est des griff'Eud'Fer, des orques noirs, du vrai costaud, cette fois... Une demie douzaine... ils dorment le jour, et c'est à ce moment qu'on va les choper... Ils escortent un humain... oui, bizarre, en effet...
Même technique que la dernière fois, à peu de choses près:
Si Korlandin fut d'accord, La Flèche le mènerait à un point d'attaque à pied proche du camp ennemi, tandis que les autres s'égayeraient autour pour flécher les orques noirs par surprise... Korlandin devrait se taire lors de toute cette phase d'approche et attendre les premiers tirs avant de foncer...
Korlandin fut-il d'accord avec ce plan?