Reinhard prépara ses mouches et les envoyant vers Irmfried. Glissant hors de sa langue, traversant sa bouche, elles s’élevèrent jusqu’au tireur retranché sur une petite lucarne. Elles pénétrèrent à travers ses narines, glissèrent au fond de ses oreilles, et délivrèrent les paroles de Reinhard au fond de son crâne. Un instant, les yeux du pistolier impérial furent révulsés en arrière, puis, il souffla et reprit ses esprit.
Il mit son fusil en bandoulière, et disparut dans le labyrinthe des égouts de Nuln.
Ensuite, profitant de sa fougue et de sa haine, Reinhard envoya immédiatement un sort dans la direction de Mémé. Une affliction directement sur elle, que, étonnamment, la magus de Nurgle fut incapable de dissiper à temps. Reinhard l’entendit hurler. Et toute la magie autour de lui soudainement pulser.
« Amateur… AMATEUR ! »
Mémé réagit en utilisant exactement le même sortilège que lui avait opposé son ancien acolyte. Mais dans une version plus forte et puissante. Assez pour que les effets rebondissent sur le chevalier-démon, qui ragea dans sa carcasse faite de métal et de Dhar. Reinhard se sentit électrisé. Il sentit ses cellules éclater, des cancers se former au fond de ses organes, il sentait la pulpe de ses dents corrompues, sa gencive saignante, du mucus qui poussait derrière son crâne dans une sinusite soudaine, et ses poumons s’agglomérer pour provoquer une embolie. Il était fait de douleur et de terreur.
Lucain mania habilement son épée, tranchant les derniers Nurglings. Heureusement, il était encore intact : C’était lui qui défendait véritablement Reinhard contre les plus petits sbires du sorcier, qui à présent, sentait à quel point l’ennemi qui lui était opposé était bien, bien plus puissant que lui.
Respire, Reinhard, respire ! Je suis avec toi ! Et je ne t’abandonnerai pas !
Démolit cette vieille !
Reinhard se mit à réciter des chants en langue noire. Sous ses pieds, le sol se craquela. La pierre se mit à se fendre. Des interstices se dessinaient. Il y eut une explosion, soudaine. Et une bile jaune s’éleva dans un geyser, directement vers la plate-forme de Mémé.
Elle subit le jet de plein fouet. S’agita dans tous les sens. S’en trouva paralysée. Elle tenta de lancer un sort, mais, déstabilisée, rien ne vint.
Alors, Reinhard, gagné par une soudaine force, serrant ses dents de toutes ses forces, hurla à nouveau, synchronisé avec Furug’ath en lui. Il fit apparaître une sphère dans le creux de ses deux mains liées, qu’il expulsa au-dessus de sa tête. À nouveau, il fit mouche. Il sentait que le corps de la vieille bonne femme était soudainement frappé, électrisait, et subissait la même douleur qu’elle lui avait fait subir.
Mémé lança à nouveau un sort. Mais pas dirigé contre Reinhard. Dirigé contre les cultistes sous lui. Ceux-là qui lévitaient au-dessus du sol, ils se mirent à pulser de magie. Reinhard put voir avec horreur, comment Steiner et Heidemarie se mettaient à se contorsionner, et à hurler de souffrances.
Par miracle, c’est l’inconnu qui explosa, et dont la dépouille servit de creuser pour faire apparaître une créature plus puissante que les Nurglings de tout à l’heure : Quatre porte-pestes se jetèrent sur la pierre. Lucain, son épée dégoulinante de secrétions en tout genre, haleta, hurla, et les chargea pour leur faire le plus de dégâts possibles, et attirer leur attention toute entière sur lui plutôt que sur celui qui l’avait invoqué.
Reinhard se prépara à lancer un nouveau sort, lorsqu’il vit quelque chose se jeter d’une des grandes fenêtres en hauteur. Exercé, habile, Irmfried fit une magnifique roulade, et se retrouvait juste dans le dos de Mémé. Il fit tomber son fusil, un construit pour le tir à longue portée, alors qu’il engageait à présent une cible qui se trouvait juste devant lui. Mémé se retourna, et reçut immédiatement un tour en plein dans la clavicule. La balle traversa ses os. Pulvérisa son cou. Projeta un geyser de ce qu’il y avait à l’intérieur d’elle : Pas du sang. Pas des muscles. Pas des tissus. Rien qu’un liquide noir, opaque, comme de l’encre. Comme si elle n’était faite que d’encre.
Elle tituba. Glissa. Et, hurlante, fit un long plongeon jusque dans la fosse, où elle s’écrasa, devenant soudain fort silencieuse.
Heidemarie et Steiner s’écroulèrent par terre. Les deux se recroquevillaient, et se mettaient à vomir. Au moins, ils n’étaient plus en danger.
Reinhard courut pour observer ce qui se passait en-dessous de lui. Mémé Gâteuse était couverte de liquide noir, avait ses grands yeux bien ouverts, elle avait l’air totalement sonnée.
« Reinhaaaaard... »
Il n’y avait plus de haine dans sa voix. Plus de colère. Plus de défi.
« Reinhard... »
Elle semblait plutôt… Au bord des larmes. Perdue. Seule.
« J’étais… J’étais la préférée de Nurgle, Reinhard !
Pitié… Pitié je t’en supplie… Toutes ces années… Toutes ces années que j’ai perdu ! Ça ne peut pas être pour rien !
Toi tu as encore un nom, tu as encore une ville, tu as encore des amis… Moi je n’ai plus rien. J’ai tout donné pour Papy. »
Même ses larmes étaient faites d’encre noire. Même sa morve.
« Je t’en supplie Reinhard, laisse-toi mourir ! Tu dois bien mourir un jour, pour nourrir les asticots de Grand-père ! Moi je n’ai même plus ça à lui donner…
Je t’en supplie Reinhard ! Laisse-moi te tuer ! »