Réponse laconique de Lorenzo Lupo Borgio dit le Casse-muraille à la question "Pourquoi nous battons nous ?"
Le soleil s'était levé à l'est il y a une bonne heure. Par delà les champs, les vignobles et les vergers. D'ici l'on ne pouvait voir les imposantes Appucinis. Il n'y avait que les plaines de Miragliano, le ventre nourricier d'une cité égaré dans les méandres des marécages. Et entre les hameaux, les garnisons et les palais d'été des dynastes de l'opulente cité aux milles canaux, il y avait l'aumônerie myrmidéenne. Ici, les initiés du culte le plus puissant au sud des Voutes étaient formés pour devenir les prêtres qui corrigeraient les injustices, combattraient les ennemis de l'Humanité et réuniraient les Tylosis sous l'égide de la Fille au bouclier. Autant dire qu'ils avaient bien du travail.
À l'Ouest s'étendait le marécage le plus infâme et redouté du vieux monde. Ses miasmes, ses nuées de rongeurs et de parasites qui vous harcelaient sitôt le premier pied enfoncé dans la vase. D'une certaine façon le temple et ses habitants étaient un rempart entre les étendues mornes et envasées et la Principauté.
Dès l'aube, l'escadrille se levait, d'un seul bloc. De marbre. On faisait sa toilette, on s'armait, et vêtus d'une robe blanche et un des nombreux volumes de l'art de la guerre sous le bras, on quittait les dortoirs. Toujours par cinq. Sous l'égide d'une prêtresse. Celle-ci les attendait en dehors, près des ruines d'antiques ailes de l'immense sanctuaire.
C'était Giorgia Campanella Melone. Érudite, guerrière, pieuse, en somme la parfaite petite myrmidéenne. Allant de temple en temple au fil des années, luttant pour l'honneur en toute circonstance. Ayant acquis des codes vestimentaires des plus... Excentriques à écouter certaines des plus anciennes voix au chapitre.
Aux côtés de Danae il y avait ses quatres compagnons, elle était le premier aigle, la coordinatrice du groupe et la plus proche d'atteindre la prêtrise. Ils étaient plus jeunes. L'unique garçon du groupe se nommait Paolo Monachello. Dix-sept printemps, cheveux blonds cendrés attachés en un long catogan comme si il compensait son lien indirecte avec la Mère de la Nation. Mariangela, fille de maraîchers qui était robuste et arborait des boucles noires. Son regard pétillant n'avait pas été terni par les années à alterner méditation et entrainement martial. Laura, orpheline comme Danaé, une jeune femme assez taiseuse, renfermée. La peste avait laissé son empreinte sur tous. D'une façon ou d'une autre.
Claudia Alfonso était l'initiée de la plus haute extraction. Ses parents étaient parmi les patriciens qui avaient les mains plongés dans la politique de la ville. Cette grande et belle brune avait un coté parfois pimbêche mais on se devait de rester souder. Tel était l'apprentissage chez les dévots de Myrmidia.
De sa voix ferme de préceptrice, Giorgia demanda aux jeunes gens rassemblés ici au garde-à-vous :
-Escadrille. Repos. Je vous ai rassemblé ici car il n'est plus le temps pour la méditation ni la lecture. Il est l'heure de mettre vos compétences martiales à l'épreuve. Toutefois, la Sainte recommandait toujours de nourrir l'esprit en toutes circonstances. Danaé. Peux tu me dire pourquoi cette partie du temple est-elle abandonnée ? Nous en avons parlé récemment.