[Maria] L'Estrella

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Les chances que j’eusse obtenu une partie pour rien, pour simplement faire passer le temps, avaient été des plus faibles, et pour cause ; cette règle-là ne fut pas retenue. Au fond, je ne pouvais lui en vouloir, car moi-même me dégoutais-je quelque peu à l’énonciation de cette maigre proposition. Lorsque vous jouiez aux cartes ou aux dés, ce n’était jamais pour rien. Je ne connaissais rien de meilleur que de voir les dés rouler ou les cartes s’abattre, amenant ou éloignant avec eux leurs lots de gains. Jouer pour rien, c’était tout simplement chiant. Jouer pour quelque chose, en revanche, vous donnait du baume au cœur, une extase, une appréhension. Il n’y avait que lors de tels paris que vous vous accrochiez à ce sort que vous réservait ce geste lent et souple qui jetterait les dés. L’espace d’un instant, et plus rien n’avait de sens, plus rien n’existait, si ce n’était ces minuscules cubes en bois que l’on balançait avec ferveur et respect, et qui s’entrechoquaient dans de petits claquements feutrés sur une table de bois. Et lorsqu’ils s’immobilisaient définitivement, le contraste était saisissant, le tableau, parfait. Après une attente interminable où les yeux s’exorbitaient lentement, où l’on se mordait les lèvres, et où l’on crispait les doigts sur le rebord de la table, une mine s’étirait soudainement en un sourire de satisfaction immense lorsque l’autre plongeait vers des abîmes de déception et une rage sans limite. Car, vraiment, que l’on perdît ou que l’on gagnât, à chaque fois, l’on y mettait du sien. Peu importait la race, la nation, ou notre rôle en tant que marin ; le jeu nous rapprochait. Ouais, même avec ces couillons-là qui nous dévoraient du regard. Sale histoire.

Aussi s’était-il mis juste devant moi, son visage uniquement séparé du mien par les barreaux qui me claquemuraient de leur rouille, pour me morguer au visage. Par la barbe de ma mère, son visage était si proche de moi, qu’il m’eût suffit d’un petit coup bien sec pour lui crever un œil ou lui enfoncer la glotte. Mais bien, suffisait que je me merde, et c’était terminé pour nos espoirs de liberté.
Si fait, les gains n’étaient pas autres que les mêmes rations auxquelles ils avaient droit si l’on gagnait, pour nous, et, pour eux, le droit de se saisir de nos nibards à pleines mains si l’on perdait. Entre autre. Eh bien, le choix était vite fait. Il était évident que je rêvais, plutôt que de pain sec, de vieux salmigondis avariés, d’une macédoine sans saveur, et d’une olla-podrida àlakon. J’aurais clairement tout misé pour ça. Qu’ils aillent se faire foutre. Je m’en battais les mamelles comme pas deux de leurs conneries gustatives, et je n’étais définitivement pas assez affamée pour tirer la tronche devant du pain si sec que je devais le tremper dans la flotte pour qu’il fût mangeable. Mais bon. Il m’en chalait moins de pouvoir en faire venir un, voire les deux, dans la cage, et de les matraquer jusqu’à ce que mort s’en suivre. Par ailleurs, ils avaient l’air des plus imbriques, les deux bougres. Ça ne devrait pas être trop difficile. Et j’allais enfin pouvoir savoir où ils avaient pu foutre mes affaires personnelles.

«Vale. On se fait quoi, un poker d’as ? A moi les vieux ragoûts et les raclures de fond de chaudrons, et aux oubliettes le vieux pain. T’as pas la moindre chance, mon gars. Tu es débil », finis-je par lui lâcher lentement, avec morgue, condescendance, et en le regardant droit dans les yeux. Il était impossible de savoir si j’avais véritablement parlé en estalien ou dans notre langue commune. Mais ce qui était certain, c’était que, dans les deux langues, ma phrase avait un sens, sens qui n’était aucunement pour le gratifier. Je reculai dans ma cage avec un petit sourire malsain et suffisant, attendant qu’il s’en allât chercher mes dés.

Un poker aux dés, ainsi ? Genre on jette les dés, on check les résultats, et on retient les dés que l’on veut garder tout en rejetant les autres dés, puis on assemble ce que l’on avait retenu avec ce que l’on obtient alors avec ces nouveaux jets. Et les combinaisons du poker s’appliquent pareillement (sauf que l’on peut donc avoir cinq dés identiques en plus).
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 09 janv. 2016, 01:43, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

Les huit prisonniers qui étaient dans la dernière cellule étaient définitivement pirates et définitivement vieux. Ainsi étaient faits les gens de la plèbe, à prendre les choses comme elles venaient et à s'abîmer au fond de leur condition. Je n'avais rien contre cette attitude ; elle manquait simplement de la noblesse qui fait des individus les meneurs qu'ils sont.
Je ramenais derrière ma nuque une natte tressée qui s'était égarée sur mon épaule, étudiant avec neutralité le deuxième geôlier. Manifestement éméché celui-ci nous regardait, ma compagne de cellule et moi, avec insistance. Il semblait adresser une prière silencieuse à Myrmidia pour que l’autre femme perde la partie de dés face à son ami.
La frustration qui m'habitait se fit plus pressante, inondant chacune des fibres de mon être. Je pouvais la sentir à la manière d'un nouveau sang, plus lucide et plus ardent.

Je m'emmurais dans un mutisme un peu sombre, songeant à ma famille. Mon frère et mon père ; unique pilier de mon existence, seule chose qui pouvait donner assez de cœur pour venir se lancer dans un périple forcené, presque aveugle, en quête de chimères. Ma moue se teinta de dérision.
Je levais la tête lorsque le marinero énonçait les enjeux de la future partie de dés. Ma partenaire de malheur semblait avoir réussi à le convaincre. Intéressant.

Je me portais à leur hauteur en m'armant d'un sourire modéré.


- Pourquoi ne pas ajouter un peu d’alcool à cette partie de dés ? A chaque manche perdue, il faut boire un verre de ce délicieux breuvage, m’amusai-je en montrant du doigt la bouteille en verre épais qui reposait sur la table. D’ailleurs votre compagnon semble déjà avoir commencé sans même attendre que la partie débute.

On ne savait jamais. La tentation pouvait être forte pour un miséreux, d’autant plus qu’il se penserait beaucoup plus résistant à l’alcool que deux pauvres femmes. Mais il fallait toujours se méfier des femmes norses, au vu de l’état de son compagnon je tenais beaucoup mieux l’alcool que ces goujats. Si à cela on ajoutait mes dés en os pipés, les marineros n’auraient aucune chance face à nous. D’autant plus que l’autre femme pirate semblait avoir une verve extrêmement acerbe qui pourrait nous sortir de ce calvaire.
Si l'alcool s'invite à cette partie de dés, je possède la compétence Résistance à l'alcool.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 09 janv. 2016, 12:28, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, Pirate Norse
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Le marinero hocha la tête, affichant un sourire sordide.

- "Ouais, on va faire ça ... Pedro, toma el vino." lança-t-il à son collègue. "Je vais aller chercher plus de dés."

Sous les yeux des autres prisonniers, le garde traversa l'espace qui séparaient les cellules pour se rendre au fond de la cale, là où était entassés des coffres et des sacs de toile. Il ouvrit l'une des caisses et se mit à fouiller dedans en maugréant, et Dazhia pu apercevoir un bout de son arc dans le bordel que le soldat remuait. Pendant ce temps, "Pedro" empoignait la bonbonne de vin et s'approchait de la cage des jeunes femmes, un grand sourire en travers de son visage barbu et encrassé.

- "Hola, chicas ..." dit-il en leur adressant un clin d’œil aviné.

L'autre marinero revint avec les dés de Maria, qu'il ajouta aux siens. Il en avait cinq en tout, assez pour jouer, et s'agenouilla face à la cage, rapidement imité par son collègue. Derrière eux, les autres prisonniers s'étaient levés -même les tiléens- pour les regarder jouer.

- "Par les burnes de Manann, nous on peut pas toucher à la bibine ?" lança l'un des vieux dans la cellule d'Elias "Trois-Doigts".

- "Toi, callate, on je te fais fouetter sur le pont." lui rétorqua le garde sans même le regarder.

Pedro passa la bouteille de vin aux filles à travers les barreaux en essayant de leur caresser les mains au passage, l’œil lubrique.
Test d'End (+1) de Maria : 20, échec critique.

Test d'End (+1) de Dazhia : 12, échec.

Test de Marinero 1 (+1) : 9, réussi.

Test de Pedro (+2) : 8, réussi.
La piquette dont s'abreuvaient les gardes depuis plusieurs heures déjà était extrêmement forte, beaucoup plus qu'on ne pouvait s'y attendre d'un simple vin rouge. Le tord-boyaux brûlait la gorge et réchauffait les tripes, et les jeunes femmes sentirent rapidement les vapeurs de l'alcool leur faire tanguer l'esprit, à elles qui n'avaient mangé que du pain rassis depuis la veille. Les marineros, quant à eux, semblaient s’accommoder de cette boisson infecte, et continuaient d'en prendre de grandes lampées.

Vint le moment de jeter les dés, sous les regards envieux ou curieux des autres prisonniers. Maria se lança en première, et obtint un double 5, un 4, un 3 et un 2. Elle décida de garder sa paire et de relancer les trois autres dés qui lui donnèrent une paire de 1 et un troisième 5.


- "Myrmidia mia !" s'exclama le garde aux clés, les yeux rivés sur les dés. "En voilà une qu'à déjà sucé Ranald." dit-il en saisissant les dés tandis que Pedro ricanait bêtement.

Le marineros secoua les dés dans sa main en lançant un regard qui se voulait mystérieux aux jeunes femmes, puis les laisser rouler sur les planches en bois. Il obtint exactement le même résultat que Maria lors de son premier lancer et, comme elle, garda son double 5 et relança les trois autres en adressant un clin d’œil à la pirate. Il obtint un 6, un 4 et un 3, et poussa un grognement mécontent en faisant rouler les dés jusqu'à Dazhia.

Ce fut au tour de la norse de jouer, et son premier jet fut le bon : un triple 3 et une paire de 6. Le garde aux clés pesta dans sa langue natale face aux résultats des filles. Ce fut au tour de Pedro de jouer, qui était visiblement de plus en plus ivre. Il obtint une paire de 2, une paire de 4 et un 1. Il resta interdit quelques secondes puis ramassa la paire de 2 et le 1. La tension monta d'un cran dans la cale, où tous les yeux étaient rivés sur cette main calleuse et sur les dés qu'elle renfermait. Pedro rota puis fit rouler les dés : paire de 4 et un 6. Il emportait la partie grâce à ce carré.

Les deux marineros poussèrent une exclamation et celui aux clés se releva en portant la main vers son col pour saisir le trousseau tandis que Pedro, excité, défaisait déjà son ceinturon.

- "Allez les filles, au travail. Par contre je vous avise ... au moindre geste brusque, je vous tranche la gor..."

Mais avant qu'il ne finisse sa phrase, des pas retentirent sur le pont supérieur et dans les escaliers. Les gardes se figèrent un instant puis ramassèrent les dés, les dissimulèrent dans leurs chausses et se dépêchèrent d'aller poser la bouteille sur la table avant de se tenir côte à côte, droits comme des "i" et légèrement chancelants à cause de l'alcool, dans une posture vaguement militaire.

A peine une seconde plus tard, des soldats descendaient dans la cale, accompagnant une longue file de prisonniers enchaînés. Les soldats étaient probablement d'autres marineros, car ils avaient le même air et la même tenue que les deux qui gardaient les cellules. Leur officier, lui, portait son morion sur la tête, une cuirasse en fer, des manches bouffantes brunes et des bottes cirées. Les deux gardes le saluèrent gauchement et ils échangèrent en estalien, trop vite pour que les jeunes femmes puissent comprendre.

Les nouveaux prisonniers étaient visiblement arabéens, et avaient certainement été transférés sur l'Estrella au même titre que les autres. La plupart étaient torse nu et tous étaient marqués par de magnifiques tatouages, de véritables œuvres d'arts tracées à l'encre noire sur leur peau cuivrée où les arabesques s'entrelaçaient et se jetaient dans des vagues stylisées dont la signification ne devait être connue que d'eux seuls. On leur retira leurs fers uns à uns et ils furent parqués dans la grande cage qui jouxtait celle des femmes pirates et qui faisait face à celle d'Elias "Trois-Doigts" et de ses hommes. Ils devaient être une dizaine, tout au plus, et restaient silencieux ou discutaient à voix basse dans leur langue natale, incompréhensible pour le reste des personnes présentes.

L'officier des marineros fit signe aux gardes de regagner leur poste et passa d'un pas lent entre les cages, faisant claquer ses bottes cirées contre les planches en fixant les prisonniers. Sa barbe était impeccablement taillée, et une longue rapière pendait à sa ceinture. Il avait des gants en peau fine et croisait les mains derrière le dos en relevant le menton. Il fit quelques allers-retours puis s'arrêta devant la cage des femmes.

Image
- "Bienvenido a bordo della Estrella." lança-t-il aux prisonniers sans cesser de fixer Maria et Dazhia. "Vous êtes du gibier de potence et votre destinée était de vous balancer au bout d'une corde à l'entrée du port de Magritta. Mais la fortune vous a souri. Maintenant que nous sommes au complet, nous allons mettre le cap vers les Sud. Là-bas, vous aurez la chance de démarrer une nouvelle vie ... une vie utile et laborieuse, à l'inverse de celle que vous serviez jusqu'à aujourd'hui. Estimez vous heureux, perros, et gardez bien à l'esprit qu'à la moindre agitation, vous finirez à la mer. Je vous souhaite une bonne traversée."

Et sur ses mots, il s'engouffra dans l'escalier pour remonter vers les ponts supérieurs, suivi par son escorte. Pedro et son collègue attendirent que les bruits de pas s'éloignent pour pousser un soupir de soulagement. Leurs regards se portèrent sur les prisonnières.

- "Alors, on en était où ?"
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

C’était bien vrai, cela. S’il manquait une chose, après le jeu de dés et la répugnante compagnie que nous proposaient les deux compères, c’était de l’alcool, de quoi vous requinquer comme il le fallait. Lorsque ma compagne de cellule se porta à ma hauteur pour proposer d’épicer un peu la future partie qui s’annonçait, il n’y en eut pas un pour la rabrouer, et tout le monde l’approuva. Tant et si bien que même ceux qui ne participaient pas à notre petite fête reconnurent notre bonne fortune ; pour un pirate, un bon tord-boyau n’était jamais superficiel. A eux de chouiner dans leurs cages, à eux de se faire enguirlander par les marineros, lesquels arguèrent que, s’ils continuaient de la sorte, ils n’allaient pas tarder à tâter de la douce morsure du fouet. Ah, ça, les deux bougres se complaisaient dans l’usage de leurs privilèges.

Si fait, le vin fut avancé, et, mieux encore, le petit plan que j’avais ourdi fonctionna à merveille ; un des types nous laissa plantées là deux secondes, s’en allant chercher des dés supplémentaires. Nous le suivîmes assurément du regard, pour mieux le voir s’enfoncer dans les recoins reculés qu’offrait la cale, là où tout un bordel de paniers, de coffres et de sacs de toile avaient été entreposés. J’eus beau tendre l’œil, je ne vis rien de très convaincant. Choquée et déçue, je le vis revenir sans rien avoir découvert de nouveau ; ce n’était pas mes affaires que j’avais pu entr’apercevoir, mais je gardai un semblant d’espoir ; eu égard à tout ce foutoir, si mes possessions avaient été transférées quelque part, je ne voyais pas où elles eussent pu être ailleurs.

L’on nous fait passer la bouteille à travers les barreaux, et, pour faire bonne impression, alors que, contrairement à ce qu’avait énoncé ma partenaire, personne n’avait encore perdu la moindre manche, je bus tout de même.

«Dégage, t’as pas encore gagné », fis-je en chassant une main inquisitrice.

Une bonne rasade, et me voilà repartie. Quoique. Je fus en réalité surprise du degré d’alcool que pouvait contenir ce truc, et je compris tout de suite mieux l’allure incertaine dudit Pedro. Lui qui carburait à ce tord-boyau depuis que nous étions dans la cage, il ne devait plus être très frais. Pour ma part, si le breuvage me réchauffa le corps, avec grand plaisir, il le fit un peu trop bien, et je tentai tant bien que mal de dissimuler mon étonnement de circonstance derrière des raclements de gorge assez traitres. Je filai la bouteille à ma vis-à-vis, qui but à son tour, et la bouteille s’échangea diligemment de mains en mains. Le jeu pouvait commencer.

J’entrai en lice, directement, m’emparant des dés pour les jeter avec grand soin dans l’espace qui m’était réservé, de façon à ce que tous pussent voir. Je claquai la langue d’un air satisfait, obtenant déjà une paire de cinq. Je pouvais allégrement espérer un petit brelan, ce qui n’était pas mal du tout, en soi. Et ce fut encore mieux que cela. Après ma dernière relance, ayant conservé ma paire ce cinq, les dés s’arrêtèrent dans la paille à moitié moisie pour former un full de cinq par les un.

«Arharharh. Beaucoup trop facile, ce jeu !, m’exclamai-je avec conviction, déjà victorieuse. Te lo dije. »

C’était vraiment concluant, et, avec une telle main, j’étais presque sûre d’avoir déjà gagné la partie. Annoncer par la suite un full par les six, ou un carré, quel qu’il fût, et le bougre aurait été des mieux astrés. J’ignorai avec superbe les quolibets des deux marineros, tout aussi choqués et déçus, et je refilai à présent les dés à l’un d’entre eux. Il obtint une foutue paire de cinq, lui aussi. Je fronçai des sourcils, tiquant, là où il eut l’air fort satisfait. Il les reprit en main, nous offrant au passage un petit clin d’œil qui se voulait tout aussi condescendant que l’air que j’avais pu arborer, et les lâcha. Que dalle ; il conservait sa maigre paire de cinq. Allez, tiens, mange, songeai-je pour moi-même. Les dés roulèrent jusqu’au troisième joueur, ma camarade prisonnière.

Direct, elle, elle avait clairement pas le temps. Un full de trois par les six, en-dessous de ma main, mais, quand même, elle avait eu le mérite –la chance, de le faire en une seule et unique fois. Et c’était moi qui avais sucé Ranald, vraiment ? Parfait, tout cela. C’était bien mal barré pour nos deux compères qui pourraient aller se branler l’un l’autre dans leurs couchettes.

Les bouffées de chaleur qui me lançaient avec douceur l’esprit se firent plus fortes, plus imposantes. Je me sentais bien, un peu trop bien même. Putain, fallait croire que, si, en fait, j’en avais rudement besoin, de leurs repas, et que le pain rassis ne me faisait clairement pas du bien. Sans déconner, quelques jours sans manger, et j’étais devenue un p’tit pain, là où je pouvais, auparavant, faire crouler sous la boisson tous ces hâbleurs qui se la pétaient, ès qualité d’homme ? Je le ressentais bien, à présent, mon estomac vide, et plus encore l’alcool qui m’irriguait le sang d’une douce torpeur. Ouais, j’avais bien envie de balancer çà et là des conneries, de m’emporter pour un rien, mais je me faisais fureur pour conserver la tête froide. Pas de connerie, ma belle. Il ne fallait montrer aucune faiblesse, aucun signe qui pouvait trahir ma légèreté de conscience, la petite euphorie qui s’emparait peu à peu de moi. Contrairement à ce que je pouvais être d’ordinaire, je serai calme et sereine ; la force tranquille. Et mes yeux tombèrent sur le dernier carré de Pedro.

«D’où tu sors un carré, toi ? Putain de cocu. ET TA FEMME, ELLE A PAS SUCE RANALD, ELLE AUSSI ??! »

Je ne savais pas si c’était dû à l’effet de l’alcool, mais j’étais hors de moi. En fait, j’étais pratiquement sûre que ça n’avait rien à avoir. Toutes ces pensées que j’avais émises en parlant du Jeu en général, elles venaient de se concrétiser là, maintenant, à cet instant même. L’on vivait le jeu, on le vénérait. Et je mettais tellement de conviction dans mes parties que, eh bien, tout simplement, j’en devenais mauvaise joueuse, et que perdre me faisait rager plus que toute autre chose. Leurs exclamations de joie furent étouffées par mon ire, mais je pus toutefois entendre leurs dires, et bien vérifier qu’ils étaient prêts à mettre la main à la patte. C’est ça, tente donc de me trancher la gorge, et je t’arracherai la carotide de mes dents. J’enrageai, tout bonnement, comme une lionne en cage. Mais tout cela s’estompa bientôt, chassé par un évènement perturbateur.

Sur le tillac, de nouveaux pas furent audibles, bien plus marqués que ceux que l’on entendait depuis un petit moment, pas qui s’engouffrèrent dans ce qui devait être un escalier. Et de ces pas, il y en avait une pelleté. Les deux marineros, eux, rangèrent leurs cliques et leurs claques après être devenus aussi immobiles que des statues de pierre, cachèrent les dés dans leurs chausses, et se tinrent droits de concorde, dans un semblant de posture militaire. Moi, je la fermai tout autant, curieuse de voir ce qui allait débouler d’un instant à l’autre. Je pris bien soin de tout noter.

Car, j’avais beau être un peu bourrée, bien malgré moi, je n’étais pas assez imbriaque pour ramper au sol et me mettre à dégueuler partout, quand bien même avais-je coutume de gueuler que soirée vomie, c’était soirée réussie. Je n’avais pas non plus oublié ou j’étais, et que tout indice pourrait se révéler crucial par la suite. Ne m’étais-je pas interrogée sur le nombre de marineros que pouvait accueillir ce navire ? S’ils n’étaient pas là au complet, possiblement, j’en avais déjà un bel aperçu. Tous les marineros qui descendirent dans la cale, je pris bien soin de les compter. Ils baratinèrent un instant dans leur langue natale, le doux, chaud et rassurant estalien, avant d’amener leur lot d’esclaves, comme nous l’étions justement. Par les couilles de Mannan, l’Estrella avait de tout pour devenir un véritable carrefour, à la croisée des civilisations, et cela plus encore que ne l’était la mer sur laquelle elle voguait. Il y avait vraiment de tout, à présent. Des estaliens, des tilées, des pirates, et maintenant, des arabéens ! Allez, c’est la méga teuf ! Je ne savais pas même dire ce qu’il manquait, si ce n’était, peut-être, des gens de l’Empire ou des bretonniens, bien que j’en fusse à moitié descendante.

C’était presque parfait, dans un sens. Si jamais nous parvenions à nous libérer de nos barreaux, tous autant que nous étions, et c’en serait terminé de l’équipage de l’Estrella. M’était avis que nous aurions assurément des pertes, mais qu’importait. N’avais-je pas aperçu le bras et la corde d’un arc, là-bas au bout, dans le foutoir de sacs ? Il pouvait bien s’y dissimuler un petit arsenal, que ce fussent des épées, des lances, des hachettes. Tant que cela était à même de perforer les armures de nos romantiques marineros qui nous contaient fleurette depuis un bon moment déjà. Ouais, conserver autant de prisonniers dans la cale, je trouvais cela bien dangereux. Mais tant mieux, tant mieux.

Il fallait également noter la présence de leur officier, un type qui ne semblait pas vraiment être de la même trempe que le restant de ses hommes, et c’était tout à son honneur. Plutôt que d’avoir l’air négligé et crade, il avait l’air fier et bien soigneux de sa personne. Les bottes cirées, des gans recouvrant ses mains, une peau légèrement hâlée, et, surtout, une fine barbichette impeccablement taillée. L’archétype de l’estalien en personne.
Avec ce même air fier qui ne semblait craindre personne, il effectua quelques va-et-vient devant nos cages, nous observant en silence. Comme s’il tentait d’évaluer notre valeur et nos capacités. Puis ce fut devant la nôtre qu’il s’arrêta, que pour nous balancer au visage la teneur de sa sentence, laquelle ne dérivait pas trop de ce que nous avaient conté les deux bougres qui nous tenaient compagnie. Je me tus, bien sagement. Ce n’était pas le moment de faire du raffut, même si j’en avais toujours autant l’envie. Mais bon, il y avait trop d’hommes armés dans les environs. Et aucun carré n’avait été tiré.

Son hypocrite galanterie ayant été exprimée, il fit demi-tour, et ainsi le suivirent ses hommes. Ne demeuraient plus, dans la pièce, que mon ancien équipage, les trois tiléens, les arabéens, et ma compagne et moi-même. Et Pedro et Pepito, lesquels se firent un plaisir de nous rappeler leur présence. Je me reculai au fond de ma cage, faussement résignée.

«Ta mère. Et apporte la bibine, que je sente quand même quelque chose. »
Je compte donc les marineros à mesure qu’ils défilent dans la cale.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 janv. 2016, 23:52, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

- " Estimez vous heureux, perros, et gardez bien à l'esprit qu'à la moindre agitation, vous finirez à la mer. Je vous souhaite une bonne traversée."

Une ire sourde de courroux dévorait mes entrailles alors que je forçais mes yeux à rester imperturbables tandis qu'ils se laissaient caresser par le regard alangui du dénommé Pedro. Ce dernier n’attendait qu’une seule chose : voir le commandant des marineros quitter la cale afin de goûter aux fruits de sa victoire. Une ombre furieuse déforma brièvement mes traits, avant qu'ils ne reprennent leur impassibilité coutumière. Un sentiment de malaise vint faire frémir mon échine. Je devais me sortir rapidement de cette galère ou sinon les deux marineros n’hésiteraient pas abuser de leurs gains. Je détournai la tête, dardant mes prunelles aussi claires qu’un ciel d’hiver dans les iris du commandant assombries par son morion.

- Que les sultans vous paient ou non ne changera rien au fait que vous servez les mauvais maîtres, au sens le plus strict du terme…
Comme il est pratique de se réfugier derrière l’ordre établi. Comme il est pratique de se cacher derrière la force, pour s'arroger un certain "bon droit", une justesse facile de notre démarche...


J'observais mes mains, avec un mélange d'intrigue mêlée d'accablement. Malgré le métier des armes qui avait fini par les rendre calleuses, elles avaient conservé une finesse de doigts qu'on aurait jugée plus appropriée à la plume qu'à l'épée.

- Etant la prisonnière, je suis celle qui est en tort, n'est-ce pas ? Ne disposant pas du pouvoir, je ne saurai vous convaincre de quoi que ce soit ? Si vous donnez cette confiance aveugle aux puissants, c'est que vous ne valez guère mieux qu'un mouton destiné à suivre le berger, grinçai-je des dents, et dès lors j'ai effectivement tort d'attendre quoi que ce soit de votre part.

Ces mots me blessaient moi-même, instillant de cruelles vérités dans ma chair. J'étais obligée d'avouer que j'empruntais généralement le même raisonnement que celui que je dénonçais à l'instant : l'autorité, la noblesse, ne saurait faillir.

- Gagnez vos piécettes et gardez la conscience tranquille, c'est une chose assez facile pour qu'à peu près tout le monde sur cette terre en soit capable. Mais lorsque vous aurez découvert quel incendie vous aurez contribué à répandre, et lorsque vous vous y brûlerez avec les innocents de ce navire, souvenez-vous des paroles de la prisonnière qui a tenté de lutter contre, lui délivrant un sourire aussi éclatant que mauvais. C'était cette sorte de rictus, mêlé de défi et de raillerie, qui semblait vouloir clamer : "Viens, viens donc jouer avec-moi si tu t'estimes à la hauteur, mais prends garde à ne pas miser trop haut"...

Je faisais effectivement partie de ces individus survoltés ou passionnés... à moins que ce ne fût simplement une part d'obscurité... ne pouvant pas s'empêcher de rechercher le conflit, la friction, d'une manière parfois violente. Presque... mauvaise.
Je ne savais pas qui il était, mais peut-être que ces paroles le toucheraient plus que d'autres, car quelque chose me disait qu'une Estalien se vendant comme mercenaire pour des sultans devait bien porter quelques ténèbres en lui ; et je venais de lui signaler que ceux qu'il servait aujourd'hui étaient les véritables maîtres de cette obscurité douloureuse, que tout individu possède à divers degrés dans les tréfonds de son âme ; ceux qui sont généralement sensibles, à vif, et qu'on n'aime jamais trop se rappeler. De plus, le fait que je parlais des sultans aussi ouvertement pourrait faire s’abattre le courroux du commandant sur les deux marineros, qui avaient trop parlés aux captives. Dans tous les cas, je devais quitter cet endroit ou je passerai à la casserole…

Désolée de ne pas prendre en compte la dernière partie de ton message, Grand Duc, mais je voulais tenter une dernière action avant de me retrouver entre les mains des marineros.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 janv. 2016, 13:22, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, Pirate Norse
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

L'officier écouta Dazhia sans broncher, en la fixant droit dans les yeux, ses mains gantées nouées dans le dos. Lorsqu'elle eu terminé sa tirade, il se contenta d'un sourire et remonta avec ses homme.

Vous avez compté 10 soldats en plus de l'officier et des deux gardes.
Le garde aux clés se retourna vers Pedro avec une lueur excitée dans le regard.

- "Controla que nadie viene." lui lança-t-il.

Pedro sembla protester d'une voix basse et engourdie par la boisson, mais l'autre lui lança quelques mots trop rapidement pour que les jeunes femmes puissent en saisir le sens, et il obtempéra finalement. Celui aux clés se dirigea vers la cage des filles en les regardant l'une et l'autre après avoir saisi la bouteille de tord--boyaux sur la table. Il la passa à travers les barreaux et la posa sur le sol de la cage, puis porta une main à son cou pour en sortir le trousseau.

- "Vamos, chicas. On va faire tout doux, accuerdo ? Pas de geste brusque ou ça va mal tourner pour vous." dit-il en insérant la clé dans la serrure avant de la tourner avec un petit grincement. "Chacune son tour. La rousse là, toi d'abord." lança-t-il à Dazhia en la dévorant du regard, visiblement de plus en plus émoustillé. Il jeta ensuite une œillade à la Sire. "Toi, tu restes là et t'attends ton tour. Doucement ... voilà."

Et il entrebâilla la porte de la cage tandis que Pedro faisait le guet au niveau de l'escalier, ne pouvant s'empêcher de regarder les femmes de temps à autre, tendu. Tous les autres prisonniers s'étaient relevés et regardaient la scène en silence, attentifs. Les gardes, visiblement ivres, prenaient d'énormes risques et l'atmosphère de la cale se fit plus pesante. S'ils se faisaient attraper par un autre membre de l'équipage, ils étaient cuits et seraient certainement exécutés, mais les jeunes femmes resteraient dans leur cage et viendraient sous peu grossir les rangs d'un quelconque harem. Mais qui sait ce qu'ils ferraient si les Maria et Dazhia profitaient de cette occasion pour tenter de retrouver la liberté ?

Je rappelle qu'ils sont équipés d'un pourpoint en cuir, d'un couteau à la ceinture, et que leurs casques/armes sont posés du côté de la table.

Dazhia poste en premier
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »

- " Chacune son tour. La rousse là, toi d'abord."

Je devais me concentrer sur quelque chose : quel était le meilleur moyen d'atteindre cet homme ? Comment préparer la voie jusqu'à son abattage ? Comment placer les jalons qui amèneraient son cou à portée du fil acéré de sa propre lame qui pendait à sa ceinture ? Dans ce genre de cas, devinai-je, plusieurs cartes pouvaient être jouées mais au bout d'un moment, il faudrait bien décider d'en utiliser une en particulier.
Une voie pour l'approcher. Une voie pour le mettre en confiance. Une voie pour le détruire.

La carte de la servitude, évidemment. C'était celle que je jouais depuis que j'étais gamine. Celle qu'on avait enfoncé dans ma chair et dans mon sang, à grands coups de discipline autant que d'abnégation à peine commençais-je à rêver. Je me rappelais fugacement les journées passées à me tenir dehors dans le froid meurtrier, priant pour être à bout de mes forces au plus vite et m'effondrer dans la neige pour qu'on vienne me chercher, plutôt que de braver les éléments chaque fois plus longtemps - prolongeant d'autant mon calvaire.

Oui, je pouvais supporter maintes choses, même faire semblant de prendre du plaisir. Si cela pouvait me permettre de quitter cette cale sordide...


- Mon corps vous appartient, énonçai-je en m'inclinant légèrement. Sans l’effet euphorisant de l’alcool cela aurait pu être beaucoup plus difficile à prononcer ces quelques mots.

J’avançais en territoire inconnu, n’ayant nullement l’idée d’où cela allait bien pouvoir me mener. Mais je me faisais la farouche promesse de piéger la bête, et une fois fait, elle connaîtrait le goût amer du repentir ! Je jetai rapidement un coup d’œil à ma compagne de cellule pour voir ce qu’elle faisait. Le marinero l’avait bien prévenue, elle serait la suivante sur la liste.

Je m'avançais sur l’Estalien qui avait stoppé son avancée pour refermer légèrement la porte de la cellule, lui délivrant un sourire éclatant. Parvenue à sa hauteur, je me plaquai juste contre son corps protégé par un pourpoint en cuir, si bien que mes cuisses à peines vêtues en épousèrent ses formes.


- J’espère bien que tu vas enlever cet horrible pourpoint. J’ai pas envie que tout ce cuir meurtrisse le bas de mon dos…

On m'avait toujours dit à demi-mots que j'étais la même femme en amour et au combat. Que j'étais toute aussi mordante, toute aussi difficile à approcher et toute aussi prompte à blesser. En cet instant, une personne qui m'eût connue sous ce jour aurait hésité à dire si j'affrontais ou tentais le marinero.
C'était très exactement le genre d'illusions que je souhaitais lui laisser...
Si ce dernier décidait d’ôter son pourpoint cela me laisserait le champ libre pour lui dérober son couteau et lui trancher la gorge aussi sec.

Si le marinero ne veut pas enlever son pourpoint, je commence à lui ôter moi-même en espérant que cela l’incite à terminer lui-même.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 14 janv. 2016, 12:21, modifié 1 fois.
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Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, Pirate Norse
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La Sire
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Si je n’avais pas daigné répondre à l’officier estalien qui s’était présenté à nous, gageant que cela ne servirait strictement à rien, tel ne fut pas le cas de ma compagne. Celle-ci, montant sur ses grands chevaux, se lança dans une tirade que j’aurais qualifiée d’ingénue. Elle n’était qu’une prisonnière, comme nous l’étions tous, et s’adressait à un homme qui avait dû en voir des centaines passer devant ses yeux. Chacun de ces hommes ou femmes enchaînés avaient certainement exprimé leur ressentiment à un moment ou à un autre sans que cela ne fît absolument rien changer, et je ne voyais pas en quoi quelques paroles sur les maîtres et ceux qui les servaient, sur le fait de se complaire dans une certaine facilité, la conscience et l’argent l’amèneraient subitement à regretter son geste et ses actions, à lui demander pardon et à se plonger dans la rédemption de son âme. J’avais beau être un brin imbriaque, je ne pouvais m’empêcher de la considérer d’un drôle de regard en coin. La philosophie et la place de l’être humain au sein de ces derniers, je m’en tamponnais le coquillard avec une babouche. Les navires, la marine, les vagues, les manœuvres, les voiles, les jeux, la boisson et l’argent, ça, ça me parlait, et j’avais appris à vivre sans vergogne ni scrupule, avait une certaine nonchalance à l’égard de mes pairs qui m’avait valu le surnom que je pouvais porter aujourd’hui. Après, à chacun de se démerder pour se trouver son propre oseille. Au fond, je pouvais comprendre les négriers et les marchands d’esclaves. C’était un moyen facile de se faire de l’argent, plus encore lorsque l’on pourchassait des criminels et des hors-la-loi. En revanche, j’avais plus de mal avec le fait que ce fût moi que l’on désigna comme telle. Je ne savais pas. Je chérissais plus que tout ma liberté et me battrai jusqu’à la mort pour la conserver. Mais était-ce un principe fondamental de ma personnalité, ou bien serai-je prête à mettre en cage à mon tour ces estaliens ? En fin de compte, la réponse m’apparut comme étant aussi claire que de l’eau de roche ; j’étais tout aussi adepte du œil pour œil, dent pour dent, et n’hésiterai aucunement à faire travailler ces fils de pute jusqu’à la mort si j’en avais le pouvoir.

Sur ces palabres, l’officier se fendit d’un petit sourire avant de remonter sur le tillac, lui et ses dix autres hommes. Il n’avait rien ajouté. Peut-être n’avait-il pas tout compris –comme moi, ce que ma vis-à-vis voulait tant lui dire. Ou bien préférait-il ne pas argumenter avec celle qui croyait que les estaliens étaient au service des arabéens. Moi-même, je n’y croyais pas, et, si jamais j’avais eu des marchandises à vendre, esclaves comme autres possessions, je les aurais vendues au plus offrant, qu’il fût estalien, tiléen, ou arabéen. Non, ce n’était pas une histoire de maître et de sujets. Simplement de commerce.

Mais les choses sérieuses commençaient. Le type dont on ne connaissait toujours pas le nom se tourna en direction de son compère Pedro, lui intimant de veiller à ce que personne ne vînt les déranger. Se postant devant la porte, l’estalien fit le guet tandis que l’autre, répondant à ma demande, s’empara de la bouteille de bibine pour la poser de l’autre côté des barreaux. Je m’en saisis, observai les deux hommes avec un dégoût ostentatoire, l’un après l’autre, et fit mine de me coller une belle rasade, tête basculée en arrière, avant de me remettre droite tout en poussant un beau hoquet, comme atteinte par la violence de l’alcool. Je singeai de tituber, toujours affalée contre les barreaux du fond de la cage, laissant le bougre pénétrer dans notre geôle. A ce niveau-là, tout le monde nous regardaient, sans pudeur ni décence, juste pour pouvoir se rincer l’œil devant ce qui ne serait pas autre qu’un viol. Les chiens. Pedro numéro deux choisit ma compagne en première, me demandant bien de demeurer sage. Je répondis par une mauvaise grimace à demi-cachée par bouteille dont le goulot vint de nouveau heurter mes lèvres, lesquelles ne se desserrèrent pourtant pas. Pas question de m’enivrer davantage.

A l’image des autres prisonniers, j’avais tout autant le regard rivé sur cette scène qui se déroulait à quelques pieds de ma position, mais certainement pas pour les mêmes raisons. J’observai mon homologue déclarer qu’elle ne résisterait aucunement, et que l’homme pouvait faire d’elle ce que bon lui semblait. Elle avança lentement avec l’expression d’une ancelette plaquée sur le visage, tournant autour du marinero, non sans un certain charme, pour aller refermer la porte de la cellule. En cas de pépin, l’autre mettrait un peu plus de temps à arriver ; c’était toujours ça. Puis elle se colla contre son corps, l’enlaçant de tout son être comme ses mains s’apposaient sur les pans fermés de son pourpoint. Meurtrir le bas de son dos… J’imaginai un instant la scène, un peu brouillée, et j’esquissai un petit sourire ironique. Bha, à chacun ses préférences et ses positions, hein. Moi, qu’il retirât son pourpoint ou non, cela ne changeait pas grand-chose. Un coup de bouteille à moitié plein sur le dos ne causait pas trop de dégâts. En revanche, si le coup était porté à la tête, il y avait des chances pour qu’il s’effondrât. J’espérais que ma compagne aurait assez d’intelligence pour le mettre dos à moi, afin qu’il ne me vît pas venir, ce qui faciliterait sans aucun doute mon attaque. A elle de récupérer la dague par la suite. Moi, j’étais sur le qui-vive, feintant toujours de m’en foutre royalement, ruminant de sombre pensée en attendant mon tour.
Difficile à développer davantage vu que je ne sais pas ce qu’il va se passer par la suite, mais j’attends le bon moment pour tenter d’assommer l’homme avec la bouteille.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 14 janv. 2016, 14:32, modifié 1 fois.
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La Sire - Maria Lucini, voie du Forban.
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Char de Dazhia : 1, réussite critique.
Le garde sourit tandis que la rouquine se nouait à lui. Il recula lentement en gardant la porte ouverte d'une main, caressant les fesses de la jeune femme de l'autre.

- "Doucement, bella, doucement. Tu es bien pressée." dit-il en ricanant, sans empêcher Dazhia de délacer son gilet.

Sous les yeux attentifs des autres prisonniers -qui ne faisaient aucun bruit- le garde se retourna lentement, empoté par la jeune femme et l'alcool, pour ressortir de la cellule. Pendant ce temps, Pedro continuait de monter la garde près de l'escalier, jetant des coups d’œils tendus vers les cages.
Il est donc dos au fond de la cage, et il est en train de sortir en enlaçant Dazhia
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Re: [Maria et Dahzia] L'Estrella

Message par La Sire »

Elle s’en sortait très bien ; l’homme ne la repoussa aucunement, captivé qu’il était par le visage charmeur et ensorcelant de la jeune femme. Si j’avais su ce qu’elle avait pensé de moi quelques instants plus tôt, en parlant de ma personne comme une femme qui usait de son corps pour parvenir à ses fins là où elle, en général, préférait ne pas agir de la sorte pour suivre la voie des armes, clairement, je ne l’aurais pas manquée. Mais qu’importait, au final ; je n’en n’avais pas conscience, et tout ce petit stratagème se déroulait fort bien. Ou presque. Car voilà qu’ils reculèrent tous les deux, s’avançant inexorablement vers la porte. Sans déconner, il ne pouvait pas faire ça dans la cage, tant qu’à faire, ou bien étais-je une présence présentement nuisible à sa future affaire ? Comment diable pourrai-je lui matraquer la gueule s’il avait déjà en tête de s’esbigner de là pour aller se la taper sur la table ? Je me demandai s’il ne fallait pas que j’agisse maintenant, sur l’instant, avant qu’il ne fût trop tard. Le pire eût été que je me retrouvasse enchristée dans cette foutue geôle, bouteille à la main, arme potentielle, et qu’il fermât la porte à clef derrière lui. Là, c’eût été le comble, le pactole que ni moi, ni ma compagne, m’était avis, ne souhaitions rencontrer. J’eusse été impuissante derrière ces barreaux àlakon pendant qu’elle se ferait joyeusement trousser sur la table. Certes, elle pourrait toujours tenter quelque chose, mais bon. Un deux contre deux valait bien mieux qu’une seule personne esseulée contre deux adversaires.

Pedro le second ne semblait point embarrassé par l’idée de perdre sa tunique, et ma compagne lui délaça le pourpoint comme il se fallait. La poignée de la dague que l’homme portait à sa ceinture en vint presque à scintiller, encore plus à ne portée qu’elle ne l’avait jamais été. L’on ne pouvait jamais savoir, mais la robustesse, ou à tout le moins la résistance du cuir, demeurait capable de vous empêcher la prise d’un manche se trouvant sous son couvert. Et pendant que vous vous escrimiez à atteindre l’arme, un coup de poing ou de coude était tout à fait susceptible de vous mettre à terre. Là, un rapide et brusque geste, et la lame changerait immédiatement de propriétaire, surtout si l’on considérait les airs un peu hésitants et légers de l’homme. La prisonnière chercherait assurément la dague comme moi je viserai la tête. Il fallait que nous agissions de concorde si nous voulions voir nos chances couronnées de succès. Pendant ce temps-là, Pedro le vrai, lui, veillait inlassablement à ce que personne ne vînt troubler les ébats de son compagnon. Il m’ennuyait tout de même, avec sa manie incessante de balancer çà et là de petits coups d’œil dans ma direction, comme si la pauvre pirate que j’étais, qui n’était pas en train de faire autre chose que de s’assommer d’alcool, pouvait représenter le moindre danger. Par les couilles de Manann, il était abruti d’alcool, plus encore que je ne l’étais, et il pensait encore à tout ça ? Il voulait vraiment nous baiser, celui-là. Je pouvais le comprendre, ouais, mais quand même.

Bon, je n’avais pas le choix. Alors même que les deux tourtereaux s’apprêtaient à passer la porte et à sortir de la geôle, j’attendis le dernier moment, là où Pedro arrêta justement de me regarder, pour bondir sur son comparse et tenter de lui péter la tronche à coup de bouteille. Il avait l’air tout concentré sur la jeune femme, aucunement dans une situation de combat. Fait chier ; je pouvais quand même espérer le toucher, non ?!
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 15 janv. 2016, 04:13, modifié 1 fois.
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