Informations générales sur le personnage :

Nom et Prénom: Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev
Age: 23 ans
Sexe: Féminin
Race: Humain (Norse)
Carrière: Voie du Forban
Lieu/ville de départ: Sartrosa
Fréquence de jeu: Moyenne
MJ: [MJ] Grand Duc


Nom de la ligne FOR END HAB CHAR INT INI ATT PAR TIR NA PV
Profil de départ (+4 PC initiaux) 8 8 9 8 8 8 9 8 10 1 60/60
Profil actuel 8 8 9 8 8 8 9 8 10 1 60/60
Améliorations restantes à acquérir pour level up (déjà acquis/à acquérir) 0/1-0/1---0/10/10/1-0/5


XP disponible: 0




Description physique :

Contrastant avec sa superbe chevelure flamboyante, la peau claire de Dazhia n’en ressort que mieux. Quelques taches de rousseur parsèment son nez et ses pommettes ainsi que l’intégralité de son corps, rappelant inlassablement l’écarlate de ses cheveux. Fière de sa longue chevelure, la jeune femme l’entretient d’ailleurs avec soin. Pourtant, en général et pour un aspect plus pragmatique, elle se contente de la tresser sur toute sa longueur. Vous ne verrez jamais plus de quelques mèches rebelles s’échapper de ses cheveux tressés soigneusement.

Bien qu’ayant les traits relativement fins, la mâchoire prononcée et l’angle de ses pommettes offrent plus de dureté à ce visage que la jeune femme ne le voudrait. En effet, des années de vie précaire et de conditions rudes ont effacé toute trace de douceur sur ce visage. On peut également remarquer une légère dissymétrie dans son visage qui ne manque pas finalement de charme. Sans apprêt, il révèle une certaine force lui conférant une beauté pour le moins inhabituelle et plutôt sauvage. Le plus surprenant dans celui-ci reste néanmoins ses yeux d’un bleu liquide, aussi clair qu’un ciel d’hiver. Ils ont l’éclat de l’acier chauffé à blanc. Animés de reflets joueurs, ces derniers semblent toujours en mouvement, incapables de se poser. Ils brûlent d'une vivacité et d'une férocité déconcertante.

La taille souple, Dazhia ressemble à ces roseaux qui plient mais jamais ne cèdent. Soumise à un entraînement physique éprouvant et régulier, Dazhia a développé une silhouette sèche et anguleuse à l’endurance surprenante. Sa démarche reste cependant leste et agile.

Parfois, elle maquille ses yeux de marques noires rappelant quelques formes tribales. La jeune femme les arbore généralement pour impressionner ses adversaires à la manière de peintures de guerre. Elle les a utilisées pour la première fois, sous conseil d’un compagnon mercenaire lors d’une bataille de la campagne de Cleverek. L’idée était d’impressionner les adversaires et de donner des airs davantage sauvages et farouches à cette femme guerrière. Depuis il lui arrive encore de les arborer pour quelques occasions. Il s’agit à ses yeux de coup de bluff, une mauvaise blague qui avait eu son effet à l’époque. Ainsi, Dazhia se pare de ces peintures de guerre dans le but d’effrayer ses adversaires mais également afin de mettre en scène une aura terrible et imposante. Allons-bon, quelques artifices ne sont malvenus lorsqu’il vous faut mener au combat une meute de féroces guerriers lorsque vous n’êtes qu’une femme.

Dazhia possède plusieurs tatouages formant des entrelacs, semblables à des runes, parcourant son flanc gauche depuis son épaule jusqu'à sa cuisse. Ils représentent pour la plupart son appartenance au Jarl gouvernant ses terres natales. Ce sont là les ultimes vestiges de son enfance et des liens qui la lient encore à sa défunte mère. D'autres entrelacs sont venus s'ajouter aux couleurs du Jarl au fil des années. Ils relatent ses voyages et les expériences vécues. On peut en remarquer une cicatrice plutôt discrète sous la lèvre inférieure qui se meut avec ses sourires, leur donnant certainement plus de férocité qu'elle ne le souhaiterait. Il s’agit d’un souvenir d’un combat peu reluisant qu'elle ne préfère pas évoquer. A dire vrai, le temps n’a guère épargné le corps de la jeune femme. En y regardant de plus près, vous distinguerez une multitude de cicatrices parsemant ce corps. Ses mains d’ailleurs sont à l’image de ces années de labeur et de voyage. Le maniement de l’arc et des armes de poing ont formé d’épaisses cales à certains endroits. Ses phalanges se révèlent irrégulières et quelques peu marquées. Les jointures de ses mains sont quant à elle abîmées et semblent avoir été marquées par plus de coups portés que ses attitudes calmes ne voudraient le faire croire.

Vous l’aurez compris, Dazhia est une jeune femme qui passe difficilement inaperçue. Sa chevelure rousse, ses yeux d’un bleu perçant, sa silhouette svelte et élancée ne font pas d’elle une femme ordinaire. Jouant sur ces contrastes, elle s’habille de façon relativement sobre. En effet, Dazhia ne raffole pas des tenues affriolantes, complexes ou particulièrement colorées.

Pragmatique par-dessus tout, elle opte toujours pour une tenue simple. Proche de la nature et recherchant toujours une certaine discrétion, la jeune femme se munit de très peu d’effets afin de pouvoir se mouvoir aisément et en silence.

Son armure est composée principalement de cuir et de tissus épais. Elle se compose d’une spallière à son bras d’arc, de canons d’avant-bras, d’un pourpoint corseté, de bottes épaisses, d’un protège-doigts pour sa main de corde et d’une épaisse pièce de cuir formant une jupe et protégeant le haut de ses jambes. Ajoutez à cela un pantalon en toile souple et une lourde cape dont le col est bordé de fourrure. Et lorsqu’elle ne revêt pas de vêtement de bataille, elle se contente d’une tunique élimée s’arrêtant à mi-cuisse retenue par une large ceinture et d’un pantalon en toile. La tunique revêt quelques ornements au niveau des revers qui font échos aux gravures de la ceinture. Cette tenue de voyage semble particulièrement usée. A contrario, l’ensemble de son armure paraît relativement récent. Pourtant en y regardant de plus près, on y devine des traces de combat plutôt récentes. Et pour affronter la rudesse de la mer, Dazhia se munie d'une lourde cape en laine dont le col et la capuche sont bordés de fourrure. La cape est retenue par un fermoir métallique formant deux têtes de loup.

Bien que pragmatique et refusant le superflu, Dazhia ne se pare que d’une seule frivolité : vous apercevrez de temps à autre des tresses apparaître dans sa flamboyante chevelure. Lorsqu’elle est propre et coiffée…

L’arme principale de la jeune chasseuse demeure un arc de chasse en if. Ce dernier est d’excellente facture bien que dépourvu de tout ornement. C’est une arme fonctionnelle à laquelle elle associe un carquois ayant une grande contenance. Ce dernier comprend quelques gravures. Elle le porte en travers des omoplates. A dire vrai, il ne sert qu’au transport de ses flèches. Lorsqu’elle décoche des flèches, Dazhia s’en empare de plusieurs dans sa main d’arc.

En général, elle s’arrange pour ne jamais engager le combat à une portée trop courte. Si cela est le cas, elle se défend alors avec deux dagues à lame courbe. Elle les porte en bas des reins, à l’horizontal. A cela ajoutez également un poignard qu’elle dissimule généralement dans une manche ou une botte. Enfin, comptez un couteau de chasse purement fonctionnel qui a davantage découpé des peaux de gibier que de la chair véritablement fraîche.

Lorsqu’elle voyage, Dazhia ne se sépare pas d’une sacoche contenant le nécessaire de survie ainsi que des outils lui permettant d’entretenir ses armes (huile et pierre d’affûtage).

Description psychologique :

« Dazhia est comme un feu que l'on allume : tout dépend de ce qu'on lui donne et de ce qu'elle a en face d'elle. Discrète mais chaleureuse si l'on se montre poli et courtois avec elle, elle explose dès lors qu'elle se sent insultée, ou au contraire, stimulée ou intéressée. »

A dire vrai, Dazhia est dans une phase de remise en doute. Depuis qu’elle a rejoint la piraterie, elle se retrouve face à des situations inédites qui lui demandent d’adapter ses attitudes et son comportement. Ainsi, autrefois désinvolte et tête-brûlée, elle apprend à s’assagir et à se tempérer. Il lui faut désormais agir avec plus de circonspection et choisir soigneusement ses mots. L’époque d’une adolescence sulfureuse et d’un tempérament ombrageux est désormais révolue. Notre guerrière apprend dès à présent la tempérance.

Désormais, elle s'efforce d’observer et d’analyser les situations mais souvent au prix de quelques grincements de dents lorsque certaines situations ne sont pas pour lui plaire. A présent plus observatrice, Dazhia possède une fine capacité d’analyse et de déduction qu'elle apprend à mettre en exergue. Depuis quelques temps, elle s'efforce donc d'agir avec recul afin de se détacher des situations pour en tirer le meilleur parti. C'est un exercice nouveau pour elle et requérant une certaine concentration et beaucoup de maîtrise de soi; un exercice où sa patience est souvent mise à rude épreuve. Par ailleurs, dotée d'une grande curiosité du fait de ses voyages, elle reste avide d'apprendre de quiconque aura des choses à lui enseigner.

La plupart du temps, cependant, elle se contente de se montrer distante voire quelque peu désinvolte. Ses regards sont souvent froids et vous scrutent sans la moindre gêne. Il est bien difficile en revanche de deviner les pensées qui s’y dessinent derrière. Elle a appris à les garder pour elle. Ainsi, elle se montre relativement taciturne d'ordinaire.

Gagner sa confiance et son estime se révèle une tâche bien difficile : bien qu’agissant généralement selon ses intuitions, Dazhia juge davantage par les faits que les paroles. Méfiante au possible, la jeune femme accorde sa confiance difficilement et, à ses yeux, les actes auront souvent plus de poids que de vaines paroles.

Avec son entourage, en revanche, elle s’ouvre davantage et ses paroles prennent alors des tournants sarcastiques et incisifs. Ses remarques peuvent s’avérer parfois aussi acérées que ses lames. Lorsqu'on s'aventure à l'énerver, Dazhia fera alors preuve d'un véritable talent pour le sarcasme et le cynisme, appuyée d'un grand sens de la répartie; ourdissant bien souvent des menaces qu'elle met pourtant rarement à exécution. Elle pourra alors se montrer tranchante et particulièrement désagréable envers celui qui l'aura agacée. Croyez-moi, elle saura lui mener la vie dure.

D’un caractère flamboyant, elle pourra également faire preuve d’une entreprise déconcertante pour obtenir ce qu’elle souhaite. Elle se refuse pourtant généralement d’employer ses charmes féminins pour servir ses desseins. Dazhia ne laisse pas pour autant entendre qu’elle est prude ou frigide. Non, loin de là. C’est une âme indépendante et libre, simplement. D’un tempérament vif, elle saura finalement deviner comment vous faire ployer et obtenir ce qu’elle souhaite. Et surtout, gare à celui qui viendra se placer en travers de ses volontés.

Lorsqu’il est nécessaire, elle sera également capable de trancher dans une situation et de prendre la décision la plus efficace même si celle-ci réclame un certain détachement et une froideur. Combattante née, elle ne reculera devant rien si elle doit servir ses desseins. Dazhia est prête à de nombreux sacrifices pour parvenir à ses fins et servir ses valeurs. Même si elle n’en n’a qu’à peine conscience, c’est une meneuse née qui sera capable de fédérer des hommes et de prendre les décisions adéquates même si celles-ci s’avèrent dures à prendre. L’exercice du pouvoir exige parfois une certaine mesure d’inhumanité.

Si Dazhia ne montre au premier abord qu’une personnalité froide, méfiante et plutôt farouche, elle nourrit un grand sens du devoir et de la justice. Ainsi, détrompez-vous quant à ses attitudes distantes et détachées, il s'agit là d'une image qu'elle cherche à créer et préserver. Son sens de l’engagement n’est donc plus à remettre en doute. Elle sera prête à se sacrifier sans condition pour défendre l’honneur ou la vie d’une personne à laquelle elle est attachée. Au point qu’elle pourrait parfois manquer de discernement dans ce genre de situations. Il lui est alors très difficile de revenir sur les décisions prises et encore moins de reconnaître ses erreurs. En somme, ne vous attachez guère à l'image que la jeune femme cherche à dégager. Sous ses airs calmes et tempérés se consume un feu dévorant et impitoyable. Prenez donc garde à ne pas vous attirer les foudres de la demoiselle : lorsque ses proches sont mis en danger, elle sait se montrer d’une férocité implacable envers ceux qui ont éveillé son courroux.

De plus, dans les situations de tension, Dazhia a développé un tic gênant : elle sort un de ses couteaux dont ne sait où et se met à jouer avec ou à se curer les ongles. Lorsqu'elle est contrariée, ses mâchoires ont également tendance à se crisper de façon assez visible et plutôt menaçante. Il s'agit là souvent d'un signe avant-coureur de son courroux. Ainsi, un proche ou un fin observateur saura alors faire profil bas afin de ne pas attiser davantage la colère de la jeune femme.

Globalement, malgré ses airs farouches et relativement terribles, Dazhia se révèle à présent un personnage plutôt cérébral au tempérament volontairement calme et posé. Cependant, lorsque certaines causes l’emportent sur d’autres, elle oublie alors toute tempérance et saura montrer autant d’agressivité dans ses mots que dans ses gestes. Une sauvage que le temps aura appris à discipliner en somme.

Alignement : Neutre

Historique du personnage :

Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev, carnets de voyages.

Un carnet à la reliure abîmée, parsemé de feuilles volantes, de notes à demi effacées et de quelques croquis. Ses chroniques, l'ultime vestige de ses souvenirs quand sa mémoire lui joue des siennes. Elle était autrefois une guerrière vaillante. Aujourd'hui, elle se replonge dans ses écrits, nostalgique. Le temps a fait son office. Ce carnet constituera certainement les seules traces de son passage sur ces terres.

Rien ne me destinait à ce train de vie. Née dans un village modeste norse du nom d’Ulferth d’un père guerrier et d’une mère chandelière, j’aspirais sans nul doute à une vie paisible au sein de ce village. Il n’en fut rien pourtant. Et si mes pas m’y ont ramené, ce fut après un bien long détour.

Je me souviens d’un enfant d’un an mon aîné. Nous ne fûmes jamais réellement proches mais nos géniteurs l’étaient. Si j’évoque le nom de Gunnolf Valkorson, c’est simplement pour que vous l’ancriez bien en tête. Vous le verrez revenir, pour sûr. Et je n’aime pas vraiment me répéter. Il nous arrivait donc de jouer occasionnellement ensemble. Très occasionnellement. Je ne garde qu’un souvenir vague de ces années.

Un train de vie calme et paisible n’ancre guère les mémoires, vous le reconnaîtrez. Il est curieux de reconnaître chez l’homme cette propension à ne retenir que le pire, le plus agité et ce qui amène inlassablement au chaos.

Ainsi donc je ne m’appesantirai pas davantage sur ces années. Il n’y a rien d’intéressant pour vous là-dedans.

Ce que vous devez savoir, l’essentiel, tient en quelques lignes. Mon père était un fléau de guerre. Le genre d’homme qu’on aime avoir à ses côtés mais jamais en face de soi dans un affrontement. Un homme loyal pour sa patrie et les siens mais d’une férocité sans égale. Petite, je l’ai toujours trouvé impressionnant, effrayant même. Pourtant à notre égard, il n’était qu’une sorte de géant bourru tentant maladroitement de nous témoigner de l’affection. Avec notre mère, c’était encore bien différent. Il nourrissait pour elle une dévotion d’un ordre presque malsain. Elle représentait le phare dans la tempête qu’était sa vie. Il n’était que combat, un amas de chair et de nerf. En sa présence, il s’apaisait. Elle était ce qui maintenait la cohésion dans notre foyer pour le moins atypique. Nous vivions légèrement en marge du reste du village. Mon père n’était pas âme à se mêler aux sédentaires du coin. Son seul véritable ami résidait dans le patriarche de la famille Valkorson.

A l’aube de ma dixième année, alors que mon père était parti guerroyer quelques semaines, ma mère Evdokiya fut emportée par un mal d’hiver. Mon frère tomba malade lui aussi mais n’y succomba pas. Mon père ne découvrit le sort de son épouse qu’à son retour. La disparition de ma mère fut une période difficile pour nous tous. Si la mort est une entité acceptée et berçant notre quotidien, elle n’en reste pas moins abstraite lorsqu’on ne l’a jamais véritablement contemplé. Qui plus est pour un enfant. Je commençais tout juste à réaliser le caractère éphémère de la vie. Cette confrontation avec la mort me faisait soudainement réaliser la vulgaire tragédie de nos vies. Nous nous agitons, gesticulons et nous nous obstinons à refuser de voir l’unique évidence de notre existence : la mort.

L’hiver fut rude et emporta plus d’âmes dans le village que nous voudrions le croire. Les mois s’égrenaient et la douleur de mon père mettait sans doute davantage de temps à s’estomper que la nôtre. Il était reparti, empli d’une rage sans nom. A nulle autre pareille. Nous n’eûmes pas de nouvelles de lui pendant près d’un an. Au début, mon frère et moi priment en charge le foyer délaissé en bénéficiant de la générosité des autres villageois. Mais la charité n’est pas éternelle, surtout lorsqu’on vit pauvrement. Ce fut notre famille maternelle, vivant dans un village voisin qui finit par nous prendre en charge. D’abord, une vieille tante venait nous rendre visite plusieurs fois par semaine, souvent accompagnée d’un cousin de notre âge. Puis nous séjournions de temps à autre chez eux. Petit à petit, notre foyer se construisait ailleurs, hors des lieux hantés par les souvenirs de notre mère.

Mais notre père en décida autrement. Je ne sais quelles rumeurs lui parvinrent, leur nature ou leur teneur. Il débarqua un soir que nous séjournions chez notre vieille tante. Je me souviens de ses allures dépenaillées et féroces. Une véritable furie. Nous étions à l’étage, terrés avec nos cousins, trop effrayés par les éclats de voix. Une heure plus tard, nous quittions définitivement la maison, emmenée par un amas de nerfs à vifs. Je me souviens des cris indistincts de notre tante, trop effondrée à l’idée de nous laisser partir avec notre géniteur.

Il ne lui laissa pas le temps de se remettre de ses émotions et de réclamer notre garde. Loin de là. Nous quittâmes le village en catimini, à peine chargés pour ne plus jamais y revenir. Je dois bien avouer qu’à cette époque-là, durant quelques jours au moins, mon père m’effrayait. Je n’y voyais qu’un guerrier sans cœur, empli de haine et de rage. Mais je n’en montrais rien. Je me contentai d’être docile et de faire courageusement face à ses élans de colère. Je me devais de montrer l’exemple à mon frère. J’étais l’aînée.

Je ne le réalisai que bien plus tard mais, tandis que mon père reprenait une vie de guerrier vagabond, pour nous débutait désormais une véritable quête initiatique.

Alors que nous traversions nos terres d’origine pour des plaines plus vastes et inconnues, notre père se mit en charge de notre éducation. Une accalmie s’était formée dans le tempérament ombrageux du guerrier narcotique. La cruauté du décès de ma mère en avait fait un homme plus dur et sévère cependant. Si son entraînement se révéla pénible et sans concession, je n’ai pas douté un instant de l’affection que nous portait notre père. Il nous préparait, simplement, à la dure réalité de cette existence. Mon père prétendait vouloir former des guerriers capables de se protéger et de défendre leurs proches.

Bien que de deux ans mon cadet, mon frère se révéla très rapidement très bon guerrier. Sa musculature se développait à une vitesse impressionnante et il ne tarda pas à se forger une carrure de soldat. Quant à moi, plus menue mais plus vive, je me révélai douée pour le combat avec des armes de poing. Je portais également quelques inclinaisons pour la traque et la chasse. Mes sens de l’observation et de l’analyse me permettaient de pister du gibier efficacement. Pour remplacer le travail fastidieux et incertain de la lance, mon père m’offrit alors mon premier arc. Je révélai alors de véritables aptitudes à l’archerie. Avec le temps, j’appris à fabriquer et entretenir mes propres flèches ainsi qu’à poser des pièges simples comme des collets.

Quant à nos voyages, nous vivions chichement et parfois certains jours s’avéraient plus difficiles que d’autres. Globalement, nous n’avons jamais connu la grande misère ou la famine. Nos maigres talents de chasseur nous permettait de nous nourrir ou à défaut de faire un peu de monnaie. Pendant les périodes mortes, les hivers, nous séjournions plus longtemps dans les cités du coin. On trouvait toujours du travail. Il passait par de la découpe de bois, divers travaux manuels ou des services de protection ou de garde. Globalement, la plupart des métiers que mon père effectuait se tournait cependant vers le combat et la protection.

A dix-sept ans, je constituais une chasseuse plutôt douée et je parvenais à épauler mon père et mon père dans notre survie quotidienne. Nous vivions chichement, au grès des voyages, mais nous ne nous plaignions jamais. Bien que sans attache, nous n’éprouvions jamais le besoin de revenir sur nos années passées au sein d’Ulferth. Nous avions tant à faire. Les paysages défilaient sous nos pas, des peuples si différents venaient à notre rencontrer. Je n’ai jamais eu autant l’impression d’apprendre que lors de ces voyages.

Evidemment, n’imaginez guère un voyage bucolique parsemée de leçons gratifiantes et d’histoires épiques. La nature humaine est versatile. Elle est capable de créations d’une grande beauté comme des pires horreurs. Voyager vous ouvre l’esprit bien efficace. Elle vous apprend à voir et surtout à ne pas juger trop promptement. Si certains actes vous révoltent, taisez-vous, observez et apprenez. Alors seulement, quand il vous semblera détenir un semblant de réponse, alors vous pourrez construire un avis. Mais gardez-le pour vous, surtout. On n’en a que faire de toute façon.

Et puis moi aussi je me mis à grandir. J’arborai peu à peu la silhouette et les atours d’une femme. Je ne pense pas être particulièrement séduisante. J’ai vu ce que les femmes pouvaient receler d’atours, d’élégance et de beauté. Je n’appartiens pas à ce genre-là. Mais, déjà ma chevelure rousse attirait les regards. Je ne passais guère inaperçue pour une jeune fille voyageant et vivant de façon vagabonde. J’étais jeune encore, et bien naïve. Il ne me venait pas à l’esprit que mon attirance pouvait à la fois constituer une arme et une faille. Et puis les surveillances de mon frère et de mon père conjuguées n’étaient pas de trop pour me protéger des regards avides.

L’hiver de mes quatorze ans, nous avons fait une longue halte à Erengrad. L’hiver s’annonçait rude et mon père refusait que nous reprenions la route. Or, par chance pour nous, il se trouvait que le seigneur de la cité recrutait. Il faisait appel à des mercenaires pour renforcer son propre ban. L’occasion semblait idéale pour mon père. Nous ne fûmes bien entendu pas logés au château. Mon père nous trouva cependant un logement chez un aubergiste, usurier à ses heures perdues, ainsi que des services à lui rendre pour amortir les frais de logement. Ainsi, mon frère et moi rendions service à la hauteur de nos moyens. Le commerçant s’étant pris d’affection pour nous et se montrant plus généreux qu’il ne voulait le croire, il se mit en tête de nous apprendre à lire puis à écrire. Mon père approuvait les actes du commerçant même s’il semblait rester distant à son sujet. A dire vrai, mon père avait fini par contracter plus de dettes qu’il ne l’aurait souhaité. La solde de mercenaire ne suffisait guère à nourrir et héberger trois têtes. L’aubergiste tolérait nos présences, sous prétexte que mon frère et moi lui rendions plutôt service, mais il ne tarda pas à demander à mon père d’autres menus travaux. Egalement prêteur sur gage, l’aubergiste comptait sur mon père pour l’aider à régler quelques récoltes parfois pénibles avec certains de ses clients. Ainsi, nous restâmes finalement bien plus longtemps qu’escompté. Au profit de mon frère et moi qui continuions notre apprentissage. Nous ne sommes jamais restés aussi longtemps à un même endroit depuis notre départ d’Ulferth. Près de deux ans se sont écoulés à Erengrad.

Cependant cette halte ne pouvait guère plus durer. Ainsi, lorsqu’un nouveau printemps offrit ses prémices et que mon père eut remboursé ses dernières dettes, nous reprîmes la route. J’annonçai donc mes seize ans et j’avais appris à lire correctement et les prémices de l’écriture. Pour cette dernière, malheureusement, il me faudra plusieurs années de pratique pour en parvenir au résultat que vous lisez actuellement. Tout n’est pas inné, hein.

Nous voyagions seuls la plupart du temps. Il nous arrivait parfois d’accompagner parfois des voyageurs rencontrés sur le chemin ; plus rarement des caravanes marchandes. Lorsque mon père nous jugea assez âgés, il finit par nous orienter vers une voie qu’il connaissait bien : la guerre. Ainsi, lors de ma dix-septième année, nous rentrâmes dans une compagnie mercenaire. Mon père y servait en tant que guerrier, rattaché à une phalange d’infanterie tandis que mon frère, encore jeune et inexpérimenté, fut dans un premier temps aide-de-camp et porte-épée. Quant à moi, je servais à peu près le même rôle bien que l’on m’attribua à la division d’archerie. A dire vrai, les archers étaient plutôt rares et sans doute recherchés. Je savais tirer à l’arc, c’était plus que suffisant. De plus, sous prétexte que je savais dépecer du gibier, on me colla dans les pattes du médecin de la compagnie. Rebouteux qui ressemblaient d’ailleurs davantage à un barbier ou un boucher. !

Vous l’aurez compris, la vie au sein d’une compagnie de mercenaire réservait son lot d’horreurs en tous genres. Nous étions jeunes, mon frère et moi, mais il n’était pas rare de voir s’engager des hommes de notre âge pour autant. Mon père, quant à lui, semblait baigner dans son élément. Et si je le soupçonnais seulement à l’époque, notre nouvelle vie me confirmait ses penchants pour tout un tas de narcotiques. Ces derniers semblaient effacer toute lueur de jugement, de doute ou de peur; n’en faisant qu’une bête avide de combat. Lorsqu’une bataille prenait fin, on le revoyait hagard, le regard dans le vide. Il était couturé de blessures et de plaies sanguinolentes. Seule une rage de vivre sans nom le maintenait encore debout. Il lui fallait des jours pour s’en remettre. Il semblait alors las et nous contemplait d’un regard vide.

Bien entendu, notre existence au sein de la compagnie ne se résumait pas qu’à des batailles sanglantes. Au contraire, c’était des faits rares qui jugeaient la nouvelle graine et nous aguerrissait davantage. Peu de vétérans de la compagnie pouvaient se targuer d’avoir participé à plusieurs grandes batailles. Il fallait non seulement vivre vieux mais aussi ne pas mourir sur le premier champ de bataille. En général, le boulot de la compagnie résidait dans la protection de convoi et parfois de villes ou encore sur la neutralisation de bandits des grands chemins à la demande d’un seigneur du coin. Bref, rien ne parfaitement reposant. Soyez-en sûr, cependant, les dernières onces d’innocence disparurent au sein de cette compagnie mercenaire.

Les femmes étaient rares dans de telles troupes mais point inexistantes. Par contre, fallait voir comment la vie les avait amochées. Il ne restait plus une once de douceur ou de féminité dans leurs allures fières et droites. Elles tenaient tête à un homme sans ciller et les faisaient même parfois douter de leur propre virilité. Elles devaient se montrer non seulement fortes mais aussi futées. Gagner le respect d’un tas d’hommes à la morale douteuse et la virilité exacerbée n’est pas une mince affaire. Mais je n’étais guère proche d’aucune d’entre elle, aussi rares soient-elles. Elles étaient plutôt solitaires et pas du genre à prendre sous leur aile une jeune fille encore trop verte, encore trop attirante. Je me contentai de les observer et de les respecter. Mais je crois que je n’avais pas vraiment envie de devenir l’une d’elles.

Ainsi donc, dans un premier temps, j’apprenais à faire profil bas et à me rendre utile. Je me contentai de remplir mon rôle et de gagner l’estime de mes pairs. J’étais plutôt bonne archère, c’était un bon début. Assister le médecin de la compagnie aidait également. Et puis, je me pris d’amitié pour le porte-étendard de la compagnie mercenaire. Nous avions à peu près le même âge. C’était un type honnête à l’humour vif et bien trempé. Nous parlions de nos enfances respectives, de nos terres natales. Nous n’avions pas grand-chose en commun mais l’on s’entendait pas mal. C’était un gars qui m’avait rapidement acceptée, faisant fi de mon sexe. Il était encore jeune, je pense, et pas assez perclus de préjugés.

D’ailleurs, c’est lui qui m’apprit à me servir de couteaux. Jusque-là, quand ça bardait et que mon arc ne servait plus à grand-chose, je me contentai de dégainer une épée et de me montrer plus vive que mes adversaires. Mes notions d’escrime étaient rudimentaires mais plus élaborées que la plupart des gars que j’affrontai. J’étais vive et déterminée, je comptais davantage sur la surprise de mes adversaires que sur mes réels talents d’escrimeuse. Il s'agissait essentiellement d'esquiver et de savoir contre-attaquer lorsque l'adversaire découvrait une faiblesse. Rentrer dans sa garde et le saisir par surprise, ne pas lui laisser le temps de reprendre le dessus par la force ou la technique. J'étais vive et agile, assez pour parer adroitement si nécessaire, esquiver la plupart du temps et contre-attaquer au bon moment. Mon allonge me permettait de tenir mes adversaires à distance, assez pour les observer et rentrer dans leur propre garde au moment opportun. Je ne portais pas spécialement sur l'offensive donc. Je m'arrangeais cependant pour ne pas laisser un combat durer. Mes avantages étaient la vitesse et la surprise, non la force et l'endurance. Plus tôt mon adversaire était mis en déroute et plus grandes étaient mes chances de survie. Je ne peux donc me vanter d'être une escrimeuse hors-pair. Je possède une technique plutôt rudimentaire. Je compte davantage sur ma lecture des combats et une bonne pincée de fourberie. Venir à bout de l'adversaire rapidement. Ne pas lui laisser le temps de construire son jeu.

Ainsi donc Jaëlh m’apprit à me servir des armes de poing. C’était une spécialité dont il pouvait se vanter, faisant danser les lames entre ses mains. Un talent qu’on ne pouvait soupçonner à un porte-étendard, sans doute plus habitué au maniement de la lance qu’autre chose. Mais le passé de Jaëlh recelait plus de tourments qu’il ne le laissait entendre. Nous étions amis, c’était suffisant. Et il m’apprit assez pour que je puisse dérouiller un homme à l’aide d’un poignard sans grande difficulté. Élément qui se révélait fort utile lorsque les adversaires parvenaient à rentrer dans ma propre garde et effacer tous les avantages de mon allonge. Je n'avais plus qu'à dégainer rapidement un poignard et à le ficher entre les côtes du malheureux. C'est là une technique qui demande beaucoup d'entraînement soit dit en passant. Il faut parvenir à insérer la lame directement entre les cotes, sans les toucher et à l'enfoncer droit au cœur. Croyez-moi, c'est un coup qui rate souvent. Mais cela ne veut pas dire qu'il est inefficace pour autant, disons juste que la mort n'en est que plus longue pour la victime. Ainsi, le plus simple reste encore d'éventrer le gars avant qu'il n'ait le temps de retrouver de l'aplomb, de lui trancher nettement la carotide ou encore de faire en sorte que son bras d'arme ne soit plus utilisable. Tout cela je l'ai appris au contact de Jaëlh, avec plus ou moins d'efficacité.

Les années passèrent. Mon frère se révélait un guerrier féroce, marchant directement sur les traces de notre géniteur et se tailla une solide réputation de fantassin. Muni d’une hache de guerre, il faisait autant de dégâts que deux cavaliers montés. Mon père, lui, vieillissait mais n’en laissait rien paraître. Son expérience des combats était un atout terriblement puissant. Face à un adversaire plus jeune, plus vif ou plus puissant, il se montrait plus retors et coriace encore. Quant à moi, je me débrouillais. Mon caractère se forgeait peu à peu et j’apprenais à cadrer d’emblée les situations qui ne me plaisaient guère. Je fixais des limites claires et ne me laissais pas démonter. Mes talents au combat n’étaient plus non plus à prouver. J’avais gagné l’estime des mercenaires.

Marcher et voyager avec cette compagnie étaient plutôt plaisant. J’apprenais un tas de chansons guerrières ainsi que d'autres mélodies plus grivoises. D'ailleurs si vous vous demandez d’où je tiens mes manières parfois peu plaisantes et ma langue acérée, vous le découvrez par ces lignes.

Passons maintenant à un épisode au sein de cette compagnie qui joua un rôle important dans cette histoire : la campagne de Cleverek. Notre compagnie eu l’opportunité de servir un seigneur lors de celle-ci afin de renflouer ses propres armées régulières. Ainsi donc, le sort et l'appât du gain scellèrent le destin de la compagnie mercenaire. Et tout le long que dura cette campagne, pas une seule fois je revenais sur nos motivations. Le seigneur payait, nous obéissions.

Guerroyer était tout de même autrement moins réjouissant. Si à l’époque je n’avais guère les tripes accrochées, certaines batailles se chargèrent de rectifier le tir. Etre archer en temps de guerre, croyez-moi, c’est pas une si mince affaire. Les arcs de guerre mesurent environ votre taille, il vous faut presque vous ployer en deux pour le bander. Les flèches sont également très longues. Mais une fois que vous en encochez une, les gaillards en face ne font pas les fiers à bras. On ne parle pas cette fois-ci de trouver le défaut dans la cuirasse pour égratigner votre camarade. Non là la flèche se charge de transpercer chair et métal sans distinction. Au final, pour être archer en tant de guerre, il vous faut savoir bander un arc et tirer à la volée pendant des heures. Pour le reste, il s’agit de transformer le ban adverse en hérisson.

Pour moi, les journées se terminaient donc lorsqu’il n’y avait plus de cible en face ou plus de flèche à tirer. Ou quand votre bras d’arc tremble trop pour que vous puissiez viser et que votre bras de corde ne soit qu’une loque pendue à votre épaule. Dans ce cas alors, on vous accorde un peu de répit. Et bien entendu, si vous êtes mort, on n’a plus besoin de vous non plus. Ainsi prend tout son sens la dure loi de vivre ou mourir. Et croyez-moi, j’ai tué mon lot d’hommes. J’ai aussi écopé de mon lot de blessures en tout genre. Mais aucune au ventre, grands dieux, aucune qui vous garde en vie assez longtemps pour vous voir pourrir et sentir la charogne pendant des semaines avant que vous mourriez lamentablement. J’ai eu de la chance, somme toute.

Je me souviens des nuits de bataille, lorsqu’on vous accordait du repos. Je me souviens de cette angoisse qui tenait le ventre à vous empêcher de dormir. Mais on était tellement exténués. La journée du lendemain amènerait son lot de morts. Il fallait dormir. Alors je rejoignais le royaume des rêves, l’angoisse au ventre. Serais-je encore là demain ? Combien d’atrocités commises pendant mon sommeil ? Verrais-je en me réveillant le corps refroidi de mon compagnon d’arme de la veille ? Je me souviens également des longues journées de marche, nous rapprochant fatalement des batailles à venir. Mais le pire, je crois, c’étaient les retraites. Lorsqu’on devait avaler des lieues sans jamais se retourner, de peur de voir la lame de votre adversaire vous mordre les talons. On sentait presque son souffle insipide dans notre nuque.

Vous l’aurez compris. Si je n’avais pas le cœur accroché à l’époque, si je manquais encore d’amertume et de sarcasme, s’en était désormais terminé.

Fort heureusement, notre compagnie de mercenaires, fortes d’un millier d’hommes lors de son engagement, n’avait rejoint la campagne de Cleverek qu’à la moitié de celle-ci. A son terme, notre compagnie s’enorgueillissait d'une centaine d'hommes tout au plus. Certains avaient déserté, beaucoup étaient morts, tout simplement. Mais je crois que le ban que nous avions soutenu avait perdu bien plus d’hommes en proportion. C’est moche une guerre. Ça n’a rien de reluisant ou de beau. Les lendemains de bataille représentaient l’apogée de la nature humaine. Un tas de chair tuméfié ou putréfié, un amas de gémissements et de morts.

La fin de cette campagne signa également le terme de notre engagement au sein de la compagnie. Je n’avais de toute façon plus le cœur à me battre de cette manière. Pendant plusieurs mois, je traînais avec moi mon lot de souvenirs douloureux et d’images cauchemardesques. Je ne laissais cependant pas de place aux remords pour s'installer. Nous nous étions simplement placés du côté du parti qui payait, du parti qui avait remporté la guerre. Nous n'en demandions guère plus. Je ne peux vraiment le certifier mais je crois que mon frère partageait également ces sentiments. Nous n’avons jamais réellement pris l’occasion pour en parler, ni pendant la campagne, ni après. Une espèce d’accord tacite s’était tissée entre nous. Quant à notre père, il était la raison même de notre départ de la compagnie. Gravement blessé, il ne pouvait plus supporter de longue journée de marche. D’ordinaire si résistant, il ne revenait pas de ses blessures et celles-ci continuaient de l’affaiblir. Nos adieux à la compagnie furent plus difficiles que je n’osais le croire. Nous avions partagé pas mal avec ces mercenaires. Ils nous avaient vus grandir, prendre du poil de la bête, et ils nous voyaient désormais partir. C’était un peu comme quitter sa famille, je pense.

Nous ne reprîmes donc pas la route à la fin de notre engagement. Forts d’économies dont on ne savait plus quoi faire, récoltées lors de notre service dans la compagnie, nous pouvions séjourner un moment au même endroit. A dire vrai, mon père en avait rudement besoin. Il lui fallut près de trois mois pour se remettre complètement de ses blessures et un mois de plus pour retrouver une condition physique suffisante. Les combats semblaient cependant encore loin devant lui. Nous reprîmes simplement la route, bien décidés à ne pas s’enraciner au même endroit.

Mais à mesure que les lieux défilaient sous nos pas, mon père semblait s’affaiblir. Nous chassions seuls, mon frère et moi, tandis que mon père se maudissait pour sa faiblesse. Je pense simplement qu’il commençait à ressentir enfin les prémices de la vieillesse. Les combats et les narcotiques n’avaient guère arrangés sont esprit qui, peu à peu, se délitait. Nous mires un certain temps à nous en rendre compte mais, lentement, nous réalisions que la mémoire de notre père défaillait. Il ne se souvenait parfois plus d’endroits où nous nous étions rendus des années plus tôt. Ses souvenirs semblaient flous, il peinait de plus en plus à les rassembler. Nous assistions à la lente déchéance d’un homme de guerre.

Nos pas nous menèrent non loin de nos terres natales. Assez près pour que l’on puisse entendre des rumeurs de siège et de batailles, d’une guerre en pleine effervescence. Nous n’y attachions au début qu’un intérêt vague, bien plus préoccupés par les jours à venir. Le duché où nous nous étions installés s’était quant à lui lancé dans une grande campagne de chasse pour éliminer le gibier devenu nuisible. Il s’agissait donc de réduire considérablement la population de cerfs et de sangliers du coin. Mon frère s’était porté volontaire en tant que piqueur et pisteur. Mon père l’avait aidé un moment mais avait fini par s’arrêter, exténué et affaibli. Mon frère nommait cette campagne sa grande-chasse. Il s’était lié d’amitié avec plusieurs soldats accompagnant les battues. Je crois qu’il avait fini par trouver sa place même s’il ne le reconnaissait qu’à demi. Bien que les femmes ne fussent pas vues d’un bon œil lors de ces chasses, je trouvais ma place en tant qu’archère ; me faisant suffisamment discrète et efficace pour que l’on m’y offrit une place et une solde.

Cependant, les mois s’écoulaient et les rumeurs devenaient persistantes. Les batailles des terres voisines faisaient retentir de terribles échos. Le duché où nous nous étions installés parlait lui aussi d’y prendre part. Apparemment les combats s’étiraient jusqu’aux terres qui nous avait vu naître. Mon père ignorait la plupart des rumeurs, rétorquant simplement qu’il n’avait plus sa place là-bas. Mon frère, lui, semblait plus hésitant. Nos souvenirs d’Ulferth et de ses alentours étaient confus et lointains. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’y songer. Ces rumeurs ne me laissaient pas indifférente. J’éprouvais peu à peu le besoin de m’y rendre, d’apprendre et de voir par mes propres yeux, ce qu’étaient devenues nos terres.

Et puis, il me faut bien l’avouer, je ne trouvais pas ma place. Mon frère semblait s’être fait à cette nouvelle vie sédentaire. Ils s’étaient trouvé des compagnons, une place dans laquelle s’installer. Moi j’étais trop sauvage et indisciplinée pour répondre aux schémas que l’on attendait des femmes là-bas. Je n’avais rien de commun et je sentais la méfiance et les doutes que je soulevais à mon passage. Plus le temps passait et plus je ressentais le besoin de quitter ces lieux.

Ainsi, alors que les batailles touchaient à leur terme, je décidai de quitter mon frère et mon père pour me rendre aux abords d’Ulferth. Evidemment, ce fut percluse de remords et de regrets que je les quittai. Alors, pour la première fois, je goûtai aux plaisirs de voyager seule. Pour la première fois, j’expérimentai l’indépendance et la liberté.

« Cher frère,

J’espère que tu as eu l’occasion de pratiquer la lecture pendant toutes ces années. Sinon tu devrais trouver sans trop de difficulté un homme pouvant te lire cette lettre parmi tes amis dans la garde. Beaucoup sont lettrés à ce que j’ai compris. Tu ne reconnaîtras pas mon écriture par cette lettre. Je n'ai pour l'instant ni le temps ni la capacité d'écrire aussi longtemps. Je te promets, par la suite, d'écrire moi-même les prochaines lettres que tu recevras. Et je n'aime pas vraiment que d'autres sachent ce que j'ai à te raconter.

Voilà donc plusieurs mois que nous nous sommes quittés. Je profite d’une accalmie pour te décrire les périples qui me sont arrivés depuis. Mes pas et le hasard ont fini par me ramener sur nos terres d’origine. Je n’étais qu’à quelques lieues d’Ulferth, lorsque j’appris qu’il avait été pillé suite au siège d’une grande cité voisine. Encore désorientée et à la recherche d’un but dans cet existence, je décidai d’y retourner. Mes souvenirs refluèrent alors lentement mais toujours de façon aussi abstraite. Je me souvins des jeux avec les autres enfants du village. Je me souvins du foyer aussi, et de mère. Mais il semblait que je contemplai ces souvenirs à travers une vitre sale et embuée, comme s’ils ne m’appartenaient plus réellement. Tant d’années ont passé. Il ne reste plus rien maintenant. Plus rien pour nous raccrocher à ce passé qui semble si lointain. Je ne crois pas que tu aurais aimé voir cela.

Ulferth n’était que ruines et désolation. Pourtant, au sein même de ces vestiges, s’évertuait une âme obstinée : Gunnolf Valkorson. Tu dois te souvenir de ce nom. Il est né une année avant moi. Nous jouions parfois ensemble. C’était le fils d’un ami de père. Gunnolf donc s’était plongé dans la construction d’un navire avec le bois des maisons en ruine du village en vue de quitter la Norsca.

Nous retrouvailles furent pour le moins brumeuses. Sans doute parce que nous avions trop bu ce soir-là. Mais je me souviens de la nostalgie qui nous assaillait tandis que nous revenions sur nos enfances respectives. Nous nous étions quittés plus d’une dizaine d’années auparavant. Nos existences avaient divergé, forcément, mais avec beaucoup de surprise nous nous trouvions davantage de points communs que l’inverse.

Une amitié se tissa rapidement entre nous deux. Intéressée par les desseins de Gunnolf que je te relaterais dans une autre lettre si tu le souhaites. Celle-ci est déjà bien assez longue.

Il y a un mois jour pour jour, nous prîmes la mer avec un équipage sur la Meute, le nom de ce bateau nouvellement construit, direction Sartrosa. On raconte que n’importe quel équipage peut faire fortune sur cette île. Figure-toi que je suis devenue l’Alpha féminin de la Meute. Cette appellation te fera certainement sourire. Elle signifie que je suis devenue l’égal de Gunnolf, capitaine et chef de la Meute. Je l’épaule à hauteur de mes capacités. L’amitié que nous avons nouée m’a certes aidée pour parvenir à ce poste mais les hommes ont confiance en mes capacités. A moi de ne pas les décevoir.

J’essayerais de t’écrire souvent. D’ici-là remet-toi à la lecture et surtout à l’écriture. J’attends de tes nouvelles avec hâte. Ta grande-chasse a dû prendre fin à présent, que comptes-tu faire ? Il me semblait que tu briguais un poste dans la garde du duché aux dernières nouvelles. Comment va père ? Mes pensées vont vers vous.

Fraternellement, Dazhia Evdokiyadoch Aisenyev »




Compétences :

Natation : Votre personnage sait nager et bénéficie d'un bonus de +1 lors de toute action en milieu aquatique. (Le MJ peut tenir compte de certaines conditions et appliquer des modificateurs aux tests)

Résistance à l'alcool : Votre personnage est particulièrement résistant et robuste. Il peut ajouter un bonus de +1 sur tous ses tests d'endurance. Cette compétence peut faire l’objet d’une ou plusieurs spécialisations parmi les suivantes : à la chaleur, à l’alcool, à la fatigue, au froid, aux drogues, à la torture.

Adresse au tir : Votre personnage se révèle être particulièrement adroit au tir avec un arc et gagne un bonus de +1 à tous les tests de tir avec des armes de ce type.

Ambidextrie : Votre personnage peut utiliser ses deux mains avec la même habileté et dextérité et ceci sans subir de malus lors des tests. En ce sens, il ne subira aucun désavantage lorsqu'il, pour une raison ou une autre, combattra ou tentera une opération quelconque avec l'une ou l'autre de ses mains. De plus il ne subit pas le malus prévu pour la relance d'attaque ratée lors d'un combat avec deux armes.

Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde (Bretonnien, Tiléen, Estalien, etc.,) si bien entendu il comprend ce langage (pour cela, il devra posséder la compétence «langue étrangère» pour ce langage. A l'inverse, s'il ne possède que la compétence «langue étrangère» il le comprendra, le parlera mais ne sera ni capable de le lire ni de l'écrire). Dans le RP, pour des raisons purement pratiques on considère que l'occidental est le langage partagé par toutes les races, mais dans certaines situations, le MJ pourra tenir compte de ces différences de langage.

Chirurgie : Votre personnage détient les connaissances médicales requises pour “raccommoder” des blessures ou réduire des fractures. Il connait également les critères de risque d'infection et sait les éviter. S'il possède le matériel nécessaire, sur un test de chirurgie réussi, son diagnostic est pertinent et il peut pratiquer un geste médical adéquat. (Bien entendu, le MJ peut imposer des modificateurs appropriés si votre personnage essaye d'opérer sans l'équipement ou les commodités nécessaires et dans des circonstances ne s'y prêtant pas : lors d'un combat, dans l’obscurité, sous l'action du stress etc.,)




Inventaires et biens du personnage:

Bourse: 5 Couronnes d'or


Inventaire
Arc long 28+1d8 dégâts Précis, Malus de -2 TIR tous les 30 mètres
Veste de cuir 5 pts de protection Torse, dos et bras
Daguex2 12+1d6 dégâts, 6 Par Peut être utilisée comme arme de jet.
Poignard 12+1d6 dégâts, 6 Par Peut être utilisé comme arme de jet.
Outils de médecin
Boîte d'amadou
Dés en os pipés
Couteau de chasse
Flasque (alcool fort)
Pierre à aiguiser



Parcours

Quêtes accomplies

-

Classes acquises

Carrière et classe en cours d'apprentissage

Carrière : Voie du Forban
Classe actuelle : Marin

Dévotion religieuse

Dieu Points de dévotions disponibles Points de dévotions dépensés
Ursun 20 0

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