[Darn] Nous irons jusqu'aux Îles du Dragon!

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Au mercenaire avisé on conseillera l'Empire. Au mercenaire moral on conseillera la Bretonnie. Au mercenaire avide on conseillera Marienburg. Et à tout le reste on conseillera la Tilée.

Par là Darn s'était orienté après quelques déconvenues dans l'Empire. Il était en recherche d'un travail, comme tous les ogres bagarreurs et aventuriers qui parcouraient le Vieux Monde, et même le Nouveau. Les gens de son espèce étaient légions dans les pays du Sud, toujours prêts à monnayer leurs bras contre de l'or sonnant et trébuchant ainsi que la promesse de quenottes à retirer à des imprudents.
De village en village, de bouche à oreille il avait été envoyé à Luccini, belle cité entre toute en Tilée. C'était de là que, disait-on, partirait une expédition magnifique en direction des mythiques Terres de l'Orient, là où les diamants coulaient dans les ruisseaux et l'or pleuvait du ciel! Un riche et puissant général mercenaire, un certain Vasco de Maga, organisait une expédition de peuplement à l'autre bout du monde. Mais pour ça il avait besoin de soldats, de beaucoup de soldats, afin de barrer la route aux mille dangers de la traversée maritime ainsi que des problèmes locaux.

Ainsi Darn en était arrivé à la grande ville tiléenne, ancienne cité elfique récupérée par les humains qui en avaient fait un lieu reluisant et plein de vie. Des navires arrivaient à toute heure du jour et de la nuit, des temples orgueilleux et vastes dépassaient les habitations serrées des pauvres et des murailles impressionnantes hérissées de canons et gardées par les porte-lames les plus doués entouraient les masures. Un vaste camp de tentes s'était établi sous le couvert du mur occidental. Les styles se mélangeaient: ruraux et sales, propres et rangés, tribaux même! Un berger proche le lui confirma: il s'agissait là du camp de l'expédition, baptisée "La Mission de Luccini". S'il voulait se faire recruter c'était là qu'il devait aller.

Le dédale était à la mesure de l'événement. On y trouvait de tout et surtout de tout le monde: racaille de basse-fosse venue s'embarquer pour se faire oublier, jeunes gens de tout horizon en quête d'aventures palpitantes, mercenaire vétérans tentant un dernier coup avant la retraite, géographes et érudits désireux d'étendre les connaissances des Hommes, prêtres et religieux servant d'aumôniers et toutes les nuances de ces catégories. Un coin était même réservé aux cuisines où un cuisiner halfing flanqué de seconds humains préparait la soupe du soir. Quelques ogres engagés guettaient d'ailleurs la réserve avec un œil gourmand, zieutant surtout les larges jambons qui pendaient aux ficelles.
Pour s'engager, rien de plus simple: il fallait aller voir le Maître des Finances et signer le document qu'il donnerait. Qu'est-ce que disait le document? Personne n'en avait la moindre idée car lire c'était bon pour les elfes...

Un post d'intro court mais comme ça je te laisse développer autour!

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Qu’elle honte. Se faire chasser de la capitale impériale à cause d'un, soi-disant, travail mal fait. Oui, ça dernière mission avait tourné au désastre, mais il avait quand même accompli les objectifs qu'ont lui avait donner. Un contrebandier qui possédait un entrepôt sur les quais devait, depuis longtemps, une importante somme d’argent à d’importants criminels et ses dites personnes avaient embauché l'ogre pour un travail facile, couvrir les arrières d'un petit génie de la pyrotechnique en éliminant les gardes payés par le propriétaire pour surveiller l’entrepôt durant la nuit et en s’assurant que les rues aux alentours étaient vide pendant que son acolyte mettait le feu aux marchandise, mais personne n’avait prévenu les deux free-lances que, cachée sous des sacs grains, était stockée une demi-douzaine de tonneaux de poudre noire. Ainsi, Darn dut fuir la ville agitée par le chaos causé par l’explosion, recherché par les criminels qui tenaient à leur agent pyromane qui était maintenant en train de rôtir dans la fournaise et par les gardes qui avaient était informé par des témoins de la présence d'un ogre sur les lieux.
Il avait besoin de se faire oublier quelques temps et c'est dans cette optique qu’il partit pour une région qu'il n’avait encore jamais exploré et qui avait la réputation d’être un paradis pour les personnes qui voulaient disparaître, la Tilée.

Bien que le voyage fût long, elle était d’une tranquillité inhabituelle, le fait d’être une créature de presque 3 mètres pour plus de 300 kilos de muscles et de graisse a tendance à dissuader les bandits et les pillards les plus braves. Durand sa découverte de ses nouvelles contrées, il entendit parler d’une expédition en préparation vers les territoires peu connue du sud, une opportunité pour toutes les personnes aillant soif d’aventure, de combat et de richesse. Il n’en fallu pas plus pour convaincre le mangeur-d’homme de trouver cette expédition et c’est avec une énergie décuplée qu’il partit vers la cité nommé Luccini.

À son arrivé, il fut impressionné par la taille de la cité et par la hauteur de ses plus grands temples. Même Altdorf, la « plus grande ville humaine du monde », paraîtrait petite et sale à côté de Luccini.
Darn interrogea des bergers du coin pour leur demander ou trouver l’expédition et ce fut en suivant les indications qu’il trouva un vaste campement aux pieds des remparts. La variété de personne entassé en ce lieu étonna l’ogre, ce n’était pas la première fois qu’il voyait une armée, mais habituellement elles n’étaient pas constituées exclusivement de mercenaire. Les forces impériales, bretonniennes, naines et même ogres avaient une certaine uniformité, là, chacun avait un équipement, des armes et des vêtements différents. Aucune ressemblance à part pour les prêtres et les jeunes recrues qui furent dotées d’un équipement offert à leur engagement dans l’expédition.

Notre héros se balada dans le camp pendant une petite heure, observant un peu tout le monde et il s’amusait à essayer de deviner qui venait d’où en regardant leurs vêtements ou en les écoutants parler. Bien qu’il n’y avait pratiquement que des humains, il put apercevoir quelques nains ici et là, quelques ogres dont il ne put déterminer de quel clan ils venaient et le plus surprenant, un halfing qui jouait le rôle de chef cuisinier. Son passage prêt des tentes des cuisines lui ouvrit l’appétit, la faute aux délicieuses odeurs qui s’en dégageaient, mais il n'était pas encore l’heure de la graille.
Au détour d’une tente noire richement stylisé de dessin cousu de fil doré, Darn interpella une jeune femme rousse habillée d’une armure en cuir très légère qui était en train de nettoyer une rapière donc le manche était décoré d’une pierre rouge sang.

Et gamine ! Dis-moi ou y faut aller pour signer !

La belle rousse lui jeta un regard glacial, puis, après un instant d’hésitation, elle lui décrit le chemin jusqu’à la tente du Maitre des Finances, tente qui ne fût pas difficile à trouver, car elle était plus imposante que toutes les autres et une queue de volontaire de toutes âges attendait devant l’entrée. La vue de cette file exaspéra le colosse, l’attente semblait longue et il risquerait de rater la soupe du soir. Cette pensée l’énerva et le poussa à empêcher cette tragédie, c’est avec une certaine désinvolture qu’il bouscula les gens qui attendait et qu’il se mit à la tête de la queu. Il y eu bien des protestations et des jurons à son encontre, mais il s’en fichait royalement.
Après quelques minutes d’attente, un jeune homme à peine sorti de l’enfance sorti de la tente, le sourire aux lèvres, c’est alors qu’une voix venant de l’intérieur se fit entendre

Au suivant !

Darn entra à l’intérieur. Trois hommes l’attendaient à l’intérieur, deux gardes en arme et en armure, visiblement des militaires de carrière qui avait acquis une certaine expérience du combat, et un homme maigre habillé de vêtement sombre, mais d’une qualité exquise.

Salut les gars. J'suis Darn l'Grossier. J'viens pour participer à vot'e p'tite saut'rie. J’ai juste trois questions ! Un : est-s'que c’est bien payé ? Deux : est-s'que j’aurai droit d'prendre c'que j'veux sur tout c'que j'trouv'rai ou tuerai en premier ? Et trois : est-s'que la bouffe et la bière s'rons bonne ?

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Le fonctionnaire privé leva des yeux petits comme des billes vers l'ogre qui lui faisait face, l'air le moins impressionné du monde; sans doute était-il habitué à recevoir des ogres depuis le temps qu'il exerçait dans le métier. Les gardes étaient moins enthousiastes et restaient à proximité de leurs armes, déterminés à réagir en cas de pépin. On ne rigolait d'ailleurs pas avec ces gars là: les visages travaillés, les poitrines musclées par le combat, des armures et des lames de bonne qualité… Ils n'étaient pas de ces freluquets malingres qu'on pouvait gifler à loisir jusqu'à ce que la morve leur coule du nez. Le maître du trésor parlait comme un serpent, chaque parole crachant du poison par toute sa bouche.

-"Je vois. Hé bien vous saurez, maître Darn, que la paie ne dépendra que de vous. Le principe est bien simple: nous allons à l'Île du Dragon établir un avant-poste de colonisation, tout butin trouvé sur le chemin ainsi que sur place reviendra à l'armée. Le Général et son état-major toucheront évidemment une petite part et auront le contrôle de la colonie, c'est bien normal."

Sa main continuait à écrire sur du parchemin, comme si elle était animée d'une volonté propre. L'homme était sans doute plus qu'habitué à son métier. Toujours sur le même ton mi-narratif, mi-pédagogue il continua:

-"Cela répond d'ailleurs en partie à votre deuxième question. Si vous trouvez des armures ou des armes: gardez-les, grand bien vous en fasse. Si vous trouvez de l'or ou des joyaux il vous sera demandé de les ramener au campement pour qu'ils soient ajoutés au trésor des mercenaires. Pour la nourriture nous avons réservé un stock spécial pour… Nos troupes ogres. Sachez d'ailleurs qu'il y aura probablement des expéditions à terre pour se ravitailler durant le voyage, si vous voulez manger exotique..."

Ce petit air pince-sans-rire allait à merveille avec son crâne partiellement dégarni et ses doigts presque crochus. Bureaucrate qualifié lui tendit un papier sur lequel était écrit un charabia incompréhensible pour un ogre illettré. Sans cérémonie le papelard fût posé sous la trogne de Darn, accompagné d'une plume d'oie encrée.

-"C'est le papier d'engagement. Vous signez si ça vous plait, si vous savez pas signer vous faites une croix, si vous savez pas ce qu'est une crois vous mettez juste la pointe de la plume sur le parchemin et c'est tout. Ensuite Mario vous conduira dans le quartier ogre du campement. Une vingtaine de vos congénères sont déjà là..."

Il lança un regret contrit vers un mercenaire d'âge mur qui devait être le dénommé Mario. Celui-ci présentait une grande moustache noire, une armure de plates complètes et de nombreuses traces de dents dessus. Darn put aisément dire que les morsures tenaient plus de la blague potache que de la véritable tentative de meurtre mais il ne semblait pas que l'humain ait su capter l'humour subtil de ces actes.

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Le ton du petit homme déplaisait énormément à Darn. Il avait déjà arraché à coup de dent un bras ou une jambe pour moins que ça, mais c’était mal vue ,chez les humains, de mettre une baffe à son employeur durant le premier entretien, il se contentât donc de faire une grimace frustrée.

Il prit le papier que lui tendait le bureaucrate et commença à le lire. Bon, en réalité notre héros potelé ne saurait même pas écrire son nom, mais il aime avoir l'air plus intelligent qu'il n'en a l'air et pour faire croire qu’il savait lire il utilisait une botte secrète que lui avait enseigné un autre ogre, chercher et compter toute les lettres D dans un contrat. Cet exercice était épuisant mentalement, mais elle avait l’avantage d’étonner la plupart de ses employeurs.
Après avoir fait semblant de lire les gribouillis qu'il avait sous les yeux, il prit la plume qu'on lui tendait et écrivit ce qu’il prenait pour la lettre D et profita que l’encre n’était pas encore sèche pour ajouter sa touche personnelle, la trace de son pouce, avant de rendre plume et papier au bonhomme tout maigre. Après une rapide inspection de la signature, le Maître des Finances fit un signe de tête au garde nommé Mario. Ce dernier invita l’ogre à le suivre hors de la tente.

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Le dénommé Marco était un de ces loubards routiers qu'on pouvait croiser partout dans les pays du Sud et dans l'Empire. Svelte, musclé, le faciès ravagé par les maladies vénériennes et les coups reçus il affichait en permanence une expression de chagrin perplexe même quand il riait ou faisait ses blagues. Sa tenue était tout ce qu'il y avait d'honorable et on sentait bien qu'il était un porte-lame privilégié de l'expédition: casque en métal à haut rond avec comme deux cornes partant de l'avant et l'arrière, armure de plaques complète, une belle épée d'acier et un bouclier assorti, un petit fanion sur le torse et une bouteille d'alcool fort à la ceinture. En chemin il se montra bien peut bavard mais s'ouvrit en arrivant au camp des ogres.

-"C'est là que tu vas dormir jusqu'à ce qu'on parte dans quatre jours. Je vois que t'as pas masse d'équipement pour te pieuter, aussi tu te trouveras une tente, il doit rester d'la place. J'le redis: départ dans quatre jours au petit matin, rendez-vous directement devant la muraille de Luccini, on vous fera embarquer petit à petit. On a en a pour plusieurs semaines si ce n'est des mois de voyage alors essaye de te faire des copains pour que ça passe plus vite. Ah au fait le délégué du camp ogre c'est Rousbif "Le Fort", tu le reconnaitras facilement il a constamment un perroquet-gnoblard sur ses épaules. Ah et j'allais oublier: votre camp a sa propre cuisine, inutile d'aller fouiner dans les râteliers des autres, vu? Allez, bon séjour."

Et c'était quelque chose que ce camp ogre! Un amas de tentes qui furent sans doute un temps belles mais qui avaient mal toléré l'épreuve du temps ainsi que ses occupants! Des détritus trainaient partout ainsi que des choses moins ragoûtantes, des morceaux de viande diverses jonchaient le sol, dégageant une odeur putride qui devait faire sentir les ogres comme chez eux. Les lourdauds se promenaient à l'intérieur, jouant à des jeux aussi variés que peu subtiles avec des ossements en guise de dés. Au milieu de ce raffut, près d'un feu de joie et assis sur cinq chaises, un énorme membre du Gros Peuple pariait une somme folle en or à un jeu de cartes avec un autre congénère qui utilisait un troupeau de gnoblards pour se tenir assis, en saisissant de temps en temps un pour le manger et se calmer les nerfs. Le premier de ces deux êtres devait être le fameux Rousbif: énorme (sans doute une petite tonne), aux vêtements rouges et jaunes criards dans un style sartosien, un bandeau sur l'œil et une main en crochet de boucher, il affichait une mine joviale et réjouie. Un gobelinoïde peinturluré de façon à ressembler à un oiseau regardait son jeu depuis son épaule, glissant des conseils à l'oreille de son attentif maître. L'adversaire n'était pas beaucoup plus mince mais affichait un style absolument différent. Bien loin d'avoir l'apparence pirate de son compère il était dans un assortiment d'armures que Darn n'avait jamais vu: l'acier était tout noir, avec des dessins exquis et stylisés ainsi que des pics hérissés ça et là. Une lourde hallebarde d'une qualité incroyable et de couleur violette était posée à ses pieds, comportant bon nombre de longues chevelures soyeuses allant du blond au brun attachées à sa hampe.

Quelques autres ogres regardaient patiemment la lutte fratricide qui se jouait mais ce fût Rousbif qui eut le dernier mot: il montra sa main à son adversaire: carré d'as! Ainsi on le vit poser ses pattes immondes dans le tas d'or posé devant lui pour humer tout ce bon or qu'il venait de gagner… Qu'allait faire Darn à présent? Se promener quelque peu ou interrompre ce vétéran dans un moment de liesse?

Tu peux faire parler ou bouger quelques PNJs si tu veux, à l'exception de Rousbif et de son adversaire qui m'intéressent pour la suite du scénario!

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Le trajet jusqu’au camp ogre se fit dans le silence. Le guide ne semblait pas être quelqu’un de loquace, mais peut-être étais-ce dû au fait qu’il était en train de mener un ogre pour qu’il s’installe avec les siens. L’armure de Marco témoignait de l’affection que devais lui porter les gros-gens, mais les humains tiennent beaucoup à leurs petites affaires et ils n'appréciaient guère que quelqu’un leurs abimes. Si les ogres semblaient l’apprécier, lui n’avait pas l’air de les porter dans son cœur, c’est ce que supposait Darn.

Arrivé au camp des ogres, Darn se senti immédiatement comme chez lui. Cet air embaumant la nourriture gâtée et les excréments, les grossièretés qui volaient d’un ogre à l’autre, tout cela lui rappela ses terres natales, tout ce qu’il manquait, c’était un vent fort et glacé venant du nord.

Le mangeur-d’homme écouta Marco, puis il remercia le vétéran en posant sa main sur l’une des épaulières de son guide et en tordit légèrement le métal, pas asse pour blesser l’humain, mais suffisamment pour laisser une emprunte qui serai difficile à enlever et il le quitta en lâchant un petit rire satisfait. Darn entra dans le campement ogre et observa un peu chacun des siens qu’il croisait, cherchant le dénommé Rousbif. Il finit par le trouver, jouant aux cartes avec un autre ogre. Le premier était impressionnant par sa masse et son look original, tendit que le deuxième l’était plus par son armure et son arme qui étaient d’une conception et d’une qualité exceptionnelle et semblait très bien entretenue, chose des plus inhabituelle chez le gros-peuple.
Notre large héros s’avança vers le cercle des curieux qui observaient le duel, s’y trouvant une place en bousculant certains de ses congénères et c’est en étant entre deux d’entre eux que Darn se rendis compte à quel point il était maigre en comparaison de la plupart des individues qui l’entourait, surtout comparé aux deux joueurs, il se juras de corriger cela au plus vite pour ne pas paraitre faible aux yeux de ses nouveaux camarades. Il laissa la partie de cartes se déroulait et attendis que Rousbif termine de jubiler de sa nouvelle prise pour s’avancer d’un pas vers lui.

Salut ! Ont m'a dit qu's’était toi l'patron dans l'coin, j'viens d'signer pour l’expédition et ont m’a envoyé ici pour m’installer en attendant l'départ. J'suis Darn l'Grossier, du clan Gueule-de-Givre.

Darn salua comme il était coutume de le faire en saluant un supérieur dans son clan, ainsi que cher les clans voisins du sien. Il referma ses deux poings gantés qu’il leva jusqu’à la hauteur de son visage avant de les faire s’entrechoquer pour poser son front dessus. Cette manière de saluer, emprunté à la nation Cathayenne qui se trouve non loin, montrait ainsi que l’on était prêt à se battre et à obéir aux ordres de son chef. Il rebaissa ensuite ses poings et regarda en direction du « pirate », un sourire fier aux lèvres.

Ça fait un bail qu'j'n’ai pas vue d'frère d'la Gueule et j'dois dire qu'après avoir passé du temps avec ses abrutis parfumé d'l’empire et ses bestioles râleuse qu'sont les nains ça fait du bien d'voir et d'sentir d'vrais guerriers. J’ai qu’une envie : arriver à destination et écraser et dévorer tout s'qu’on pourra croiser là-bas !

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Le nez toujours perdu dans ses montagnes d'or qu'il avait du mal à faire tenir dans une énorme besace, le dénommé Rousbif ne prêta au départ pas tellement attention à ce nouveau qui venait le saluer. Heureusement le métal brillant fût bientôt caché dans le lourd sac et le pirate put se tourner entièrement à la discussion avec Darn. Ne lui renvoyant pas son salut en raison de sa supériorité hiérarchique évidente il se contenta de lui mettre une main paternelle sur l'épaule.

-"Ravi p'tit gars. Yep c'est moi l'tyran ici, Rousbif Le Marsouin, Mâche-Frère, Poing de Pierre, Croque-Requin, Cul-De-Corail. C'Marco qui t'a ramené hein? J'l'ai vu du coin de l'œil tout à l'heure, un sacré gaillard ce type, pour un humain hein. Mais j'suis content de ton enthousiasme p'tit, on veut tous la même chose ici! Allez suis-moi on va te chercher une piaule."

Son gnoblard-perroquet semblait s'impatienter de la lenteur de la journée, il piaffait sans cesse à propos d'un gâteau, ce qui entraina pour lui une claque dans la bouche.

-"Coco il est comme ça, toujours à réclamer des gâteaux. Les gnoblards faut vraiment les dresser, j'te jure. J'crois que c'est l'approche du départ qui l'énerve. Heureusement dans pas longtemps on s'ra parti..."

Le campement n'était pas très grand et devait abriter environ une vingtaine d'individus répartis dans environ quatorze tentes aux teintes chamarrées. Non pas que ces détails de calcul intéressent un ogre qui, de toute façon, ne savait souvent pas compter jusque là. Un nombre indéfini de gobelinoïdes à gros nez se promenaient entre les jambes des gros-gens, transportant des caillasses brillantes, de la viande pour leurs maîtres ou des effets personnels ayant appartenus à d'autres mercenaires et qui étaient maintenant leur propriété. Dans un coin du camp d'ailleurs un mercenaire humain fort remonté expliquait son point de vue sur le vol d'un bijou à un ogre qui semblait hésiter entre boulotter l'imprudent ou le gnoblard. Heureusement tout finit bien quand le semi-géant dévoila toutes ses énormes dents à l'homme qui préféra battre en retraite. En effet chez les ogres faire un grand sourire n'était pas synonyme de contentement ou de joie mais plutôt d'avertissement consistant à montrer à l'interlocuteur le sort qui l'attendait s'il ne changeait pas immédiatement de ton. Les ogres étaient très souvent stupides (au moins du point de vue humain) mais niveau communication corporelle ils faisaient partie des meilleurs.

Finalement Rousbif et Darn s'arrêtèrent devant une grande tente dont la toile était rapiécée à un bon paquet d'endroits. Elle était assez large pour trois occupants et effectivement elle présentait trois couchettes. Une était visiblement occupée (mais son occupant absent) au vu des draps défaits et aplatis et les deux autres étaient libres. Quelques morceaux de viande parsemaient le sol et une vieille casserole était présente en fond, à côté de quelques affaires de voyage desquelles dépassait un saucisson sec.

-"Voilà, ici t'es chez toi. Tu peux prendre les draps, c't'offert par l'expédition. Par contre maintenant va falloir qu'on discute de gros à gros, j'suis sérieux. Ici, c'moi le plus fort alors j'ai fait ces règles: tu m'manques pas de respect, ni à Coco, ça c'est simple. Ensuite tu butes pas un poto mercenaire s'il t'a pas attaqué en premier. Si j'apprends qu'tu boulottes les copains j'te jure que je t'arrache la tête et je t'en suce l'intérieur, vu? A part ça t'obéis aux ordres qu'on t'donne et tu vas pas insulter les officiers, tu les reconnaîtras c'est ceux qui ont plein d'couleurs partout.

Bon j'vais pas t'effrayer plus qu'ça hein! Tant que t'as tout ça en tête on sera copain et y'aura à grailler à du butin pour tout le monde! J'te laisse te promener dans le camp, la soupe est servie d'vant le feu auquel t'es venu me chercher. Normalement au coucher du soleil les bouchers humains arrivent. Amuse toi bien petiot et fais toi des copains, ça t'sauvera la vie j'te le dis."

Le Grand Dévoreur attendit que Darn lui renvoie son salut pour repartir à ses occupations, sans doute jouer aux cartes et motiver les troupes, laissant notre héros libre de vagabonder.

[Darn le Grossier]

Darn aimait bien son nouveau chef. Pas de règles compliquées, pas obligé de rester poli, pas de prise de tête, un tel style de vie en communauté lui avait manqué. Il remercia et salua son supérieur comme il se devait et il commença à s’installer. Il commençait par enlever les quelques morceaux de viandes qui trainaient sur la paillasse qu’il s’était choisi en les posant à côté du lit aux draps défait, il sortit de son sac sa vieille bannière ork qu’il installa par-dessus les draps en guise de décoration et il s’allongea, cela faisait plusieurs semaines qu’il marchait, ne s’arrêtant que pour se ravitailler ou pour dormir, il n’allait donc pas dire non à un peu de détente. Il en profita pour réfléchir au voyage à venir, l’homme maigre lui avait dit qu’il y aurait suffisamment à manger et que la flotte pourrait se ravitailler en chemin, mais il n’avait pas fait mention d’alcool. Les armées du vieux monde n’avaient que très rarement de boissons alcoolisées pour ses soldats, sauf les armées naines qui ne pouvaient même pas se déplacer sans une généreuse ration de bière, et l’idée de devoir passer plusieurs mois sans une seule goûte de tord-boyaux lui donnait des tremblements. C’était donc décidé, il profiterait de la journée de demain pour faire un tour en ville et trouver un marchand qui aurait suffisamment de bière pour tenir le voyage, il en profiterait également pour acheter un peu de nourriture, notamment de la charcuterie bien salé et de la tome forte. Rapidement, toute cette réflexion sur la nourriture fit monter la bave aux lèvres du mangeur-d’homme, il décida donc d’arrêter de rêvasser et de se lever pour reconnaître un peu les environs.
Le camp de manquait pas d’activité, des gnoblards circulaient ici et là, furetant et transportant diverses trouvailles qu’ils rapportaient à leur maître pendant que des ogres vaquaient à leurs occupations comme manger, jouer à des jeux de cartes ou d’osselet, discutaient avec leurs camarades ou bien se querellaient pour divers raisons. Darn se balada un moment entre les tentes, saluant les ogres qui le regardait passer et il allait se présenter à certains d’entre eux. Il sympathisa avec deux de ses camarades, Bouz le Boumeur et Tag Grosse-Baffe, le premier était un crache-plomb habillé de la tête au pied d’une sorte de côte de maille faite à partir de plaque de taille et de métaux divers attaché les uns aux autres avec du fil de fer et des cordelettes et don seul le visage recouvert de résidus de poudre et de traces d’anciennes brûlures était visible, le deuxième mesurait deux têtes de moins que Darn, mais compensait sa petite tailles par un ventre plus large que la moyenne, il était équipé de poings ogres dans les qu’elles étaient incrusté des dents de toutes tailles et de toutes forme, il avait également un pantalon en cuir rembourré de couleur marron et avait un gilet en laine sans manche dans lequel était cousu des morceaux de bouclier Estalien très coloré et il portait à la taille une lourde hache qui devait être manié à deux mains par son ancien propriétaire. Ils discutèrent quelques heures ensemble, s’échangeant leurs prouesses martiales et dégustatrices, parlant des lieux qu’ils avaient visités et de leurs vie passé dans les Montagnes-des-Larmes, puis Darn les saluas pour continuer sa balade, n’hésitant pas à s’éloigner un peu du campement ogre pour voir d’un peu plus prêt ses camarades humains et nains, mais il retourna rapidement auprès des siens lorsqu’il vit que le soleil ne mettrait plus longtemps avant de se coucher.

Arrivé au feu de camp, il s’installa dans un coin un peu à l’écart, observants ses frères qui étaient en train de se rassembler, il regardait également les gnoblards qui, eux aussi, se rassemblaient pour la bouffe qui n’allait pas tarder. Il n’avait jamais eu de gnoblard, il trouvait ses petites créatures insupportables, elles étaient toujours en train de râler, de quémander ou elles cherchaient à voler quelque chose, mais il devait bien admettre que, bien dressé, ses bestioles pouvaient se montrer très utiles, il était en train de se demander s'il n’était pas temps pour lui d’avoir son propre gnoblard, mais il lui faudrait en trouver un sans propriétaire ou un ogre qui accepterai de se débarrasser de son compagnon, chose pas facile loin de ses montagnes natale. Les pensées du Grossier furent interrompues pas des bruits provenant de l’assemblait ogre, les bouchers humains étaient en train d’approcher.

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Une véritable cohorte de "bouchers humains" arrivait depuis les cuisines du campement, sans doute située bien au centre de la ville de tentes, directement vers le brasier autour duquel les ogres s'étaient assis. En réalité il ne s'agissait pas de bouchers à proprement parler mais simplement de cuisiniers transportant de lourdes victuailles et des marmites pleines de ragoût. Aucun protocole particulier n'était respecté à une exception près: Rousbif, en tant qu'ogre le plus gros, recevait sa large écuelle (qui tenait plutôt du seau) en premier. Ensuite c'était un véritable concours de supplications des gros-gens envers les cuisiniers pour être servis à sa suite et ainsi sustenter leur faim dévorante. Quelques gnoblards mal avisés couraient entre les jambes des humains, espérant ainsi les faire tomber et récupérer quelques bouts de nourriture fraîche à laper au sol. Ils réussirent à un ou deux endroits mais le plus souvent récoltaient juste un bon coup de pied en pleine figure ce qui les envoyait valser sous les rires gras des présents.

Le repas n'était pas fameux mais de toute façon ce n'était pas comme si les ogres étaient de fins gourmets avec des goûts précis: tant que ça ressemblait à de la nourriture, et surtout à de la viande, ça passait. Aussi le campement se remplit-il de bruits de bouche écoeurants alors que les cuisiniers rebroussaient chemin, rendus malades par la puanteur du lieu.
A côté de Darn s'étaient assis Tag Grosse-Baffe et l'ogre en belle armure qui avait perdu son or contre Rousbif. Ce dernier paraissait d'ailleurs toujours vexé par la perte de son or, et il était aisé de le comprendre. Il mangeait en silence, engueulant un gnoblard de temps à autre et caressant en permanence la hampe de sa belle hallebarde. A d'autres endroits du feu le repas s'achevait déjà et on commençait à raconter des histoires, souvent les siennes et probablement avec de larges part d'embellissement voire d'imagination pure et simple. Ce procédé était très courant chez les ogres et de toute façon personne n'y prêtait vraiment attention. En fin de soirée, après une paire de pintes de mauvaise bière et de grosse rigolade à droite et à gauche le fameux ogre en armure, devenu plus jovial, donna un petit coup de poing dans le bide Darn, sans doute pour le provoquer gentiment.

-"Hé bah alors maigrichon, on s'fait un régime? T'as déjà fait des voyages loin toi ou t'es resté sur l'plancher des humains?""

Il ponctua sa phrase d'un gros rire gras et attendait visiblement une réponse, sans doute essayait-il de faire connaissance.

[Darn le Grossier]

Le feu vert fut donné au moment où Rousbif s’éloigna des cuisiniers humains. Darn eu bien du mal à se frayer un chemin jusqu’aux marmites, non pas qu’il y avait de la violence, mais tout le monde cherchaient à être servi en premier en bousculant ses camarades. Darn fini par avoir sa part et il alla s’installer dans un coin tranquille, s’assaillant sur le sol et adossant son dos contre une tente don les cordes et le tissu souffraient d’être tendu par une telle masse, il fut très vite rejoint par Tag et l’ogre à hallebarde accompagné par une petite troupe de gnoblard qui gémissaient et suppliaient les deux ogres de les nourrir et ils mangèraient ensemble. Le repas fût bref, bien qu’il fut interrompu quelques fois par une distribution de claque aux gnoblards chapardeur un peu trop brave et les bruits de mastication laissèrent place à des discussions et à des rires bruyants, le fait de finir le repas sur une peinte de bière rassura Darn sur l’expédition, puis l’ogre en noir donna un coup de point amical dans un bourrelet qui dépassait de la plaque ventrale du mangeur-d’homme en lançant une vanne, manquant de renverser la pinte de bière de Darn, ainsi que la sienne.

J'travail trop et n'mange pas asse haha. Et on n'mange pas autant qu’ici chez moi, j’ai dû garder l’habitude d'me rationner.

Ses quelques mots lui rappelèrent sa jeunesse, faisant remonter les souvenirs des longs mois de privation durant l’hiver, de mauvais souvenirs qu’il s’empressa de chasser avant de poursuivre.

Depuis mon arrivée dans l'coin j'ne m'suis pas beaucoup éloigné d'l’ouest d'l’empire et du nord d'la bretonnie. Y a juste une fois ou deux ou j'suis allé travailler dans les principautés frontalières et chez les nains des montagnes du bord du monde et des montagnes grise, ceux là n'm’aiment pas beaucoup. Et toi ? T'as l’air d’avoir beaucoup bougé. Qui t'as m'nacé pour avoir un si beau matos ?

Darn appuya ses propos en montrant l’arme et l’armure de son camarade avec l’une de ses mains ganté et recouvert de ragoût en prenant soin de ne pas la toucher, craignant les foudres de l’ogre en noir s’il les salissaient.