-Ahhh… Voyez-vous ça. Depuis que nous avons été bannis ici, on en a entendu des mensonges désespérés de pauvres types dans votre genre pour tenter de sauver leur peau. Mais je dois dire que le vôtre est plutôt grossier, des skaelings au service d’un thane nain ? Et que viendraient-ils faire ici, dans cet enfer paumé sans ressources ? Nous voler nos grottes ?
Ahahaha… Elle est bien bonne petit. Au moins tu nous auras fait rire. Mais trêve de bavardages, c’est presque l’heure de manger. Vous vouliez combattre, soit. Mes petits Mahlfer et Selveï vont se charger de vous. A moins que vous ne préféreriez courir ?
Hihihihi… Comme c’est drôle, regardez-les décamper à toutes jambes, eux qui jouaient les gros bras l’instant d’avant. Je le savais, rien dans le froc ces deux là.
En effet, pendant qu’il parlait et dès qu’ils comprirent que tout espoir d’effrayer les cannibales était perdu, Zack et Sven s’étaient mis à courir en direction de la falaise. Pas très loin d’eux les deux enfants du chaos, exhortés par les mutants, les poursuivaient. Ils étaient situés entre eux et le campement, de sorte qu’à moins de pouvoir les prendre de vitesse, il aurait été impossible de rebrousser chemin vers le drakkar échoué sans repasser devant eux.
C’est alors que la course-poursuite s’engagea. Qui arriverait le premier à la falaise ? Les deux fuyards, ou leurs monstrueux poursuivants ?
Pour le Tokavaleskï, la fuite se déroula pour le mieux. Sans doute poussé par la peur ou la certitude de la mort, le kislévite vola presque jusqu’à la falaise, zigzagant entre les arbres avec l’agilité d’un félin, sautant par-dessus les racines et les buissons sans que cela ne paraisse le ralentir. En une poignée de secondes, il était déjà à la falaise, un endroit abrupt et livré aux éléments, haut d’une bonne vingtaine de mètres au moins. La paroi était composée de pierre noire ou grise foncé, et n’était pas plate, mais déchiquetée. En contrebas, les flots déchaînés libéraient toute leur fureur. Une succession infinie de vagues grondantes dissimulaient les éventuels récifs et rochers que Zack savait nombreux proches des côtes de ce pays grâce aux dires des marins qu’il avait surpris deux jours plus tôt. Sauter à cet endroit serait très risqué, ce serait comme jouer sa vie au hasard avec une très faible chance de succès. Un rapide examen visuel de la côte, réalisé en un simple coup d’œil, lui indiqua cependant qu’à une petite quinzaine de mètres de là en longeant la falaise, on pouvait accéder à une zone légèrement moins haute, surélevée d’une quinzaine de mètres « seulement » par rapport au niveau de la mer, et sans rocher visible en dessous, ce qui ne voulait rien dire, la présence d’un récif ou d’un rocher sous-marin affleurant la surface restant possible sans qu’on puisse la détecter. Mais même là-bas, le risque pris serait énorme.Tests de (FOR+HAB)/2 : sprint. Ils seront opposés aux tests averses.
Zack : 2. Bonne réussite.
Sven : 11. Echec léger.
Mahlfer (enfant du chaos) : 9. Echec léger (vous avez été très chanceux sur ce coup, les enfants du chaos ont des caractéristiques changeantes à chaque round pour moi, et là il a clairement eu un jet de merde, en l’occurrence 7 avec 3D6).
Selveï (enfant du chaos) : 13. Réussite légère.
A elle seule, la chute pouvait le tuer. Qu’il heurte la falaise, poussé par une rafale de vent, ou qu’il impacte mal dans l’eau, et il risquerait la mort sur le coup. Qu’il tombe sur un rocher sous-marin ou un récif invisible depuis le haut de la falaise, et il se briserait de même. Enfin, en admettant même qu’il survive à la chute, il lui faudrait affronter une mer des Griffes démontée, où même le meilleur nageur aurait éprouvé des difficultés à se maintenir la tête hors de l’eau, et qui le pousserait contre la muraille de pierre.
Mais si sauter était ce que Zack avait initialement prévu et ce qu’il aurait sans doute fait sans se poser de question, un élément nouveau et imprévu vint se greffer à son plan. Peut-être ne changerait-il rien, peut-être au contraire modifierait-il foncièrement les projets du norse…
…Car derrière lui, Sven, qui était parti avec un petit temps de retard, ne s’en était pas aussi bien sorti que notre héros dans sa traversée de la petite bande de forêt. Le marin lui aurait emboîté le pas, n’eut été cette racine sur lequel son pied avait butté alors qu’il détalait à toute vitesse. Avec un cri de surprise, le guerrier s’étala de tout son long sur le ventre, projeté par son propre élan. Apparemment, il n’était pas blessé, mais seulement contusionné et éraflé. Mais cette chute spectaculaire lui avait fait perdre un temps précieux, et avait été saluée par une grande clameur d’allégresse de la part des dégénérés. Alors que Sven se relevait avec un juron et s’apprêtait à courir de nouveau, il s’aperçut qu’il était déjà trop tard. Le premier monstre était sur lui. S’il tentait de fuir maintenant, il lui tournerait le dos, lui offrant une cible facile. Et le second monstre n’était pas loin derrière, prêt à arriver d’une seconde à l’autre.
C’était l’hallali. La famille en furie hurlait à Mahlfer d’en finir. Sven, en posture défensive, hache à deux mains à la main, était prêt à vendre chèrement sa peau, mais ne semblait pas encore avoir renoncé à la vie. D’un cri, il tenta d’appeler à l’aide, mais le seul qui pouvait l’entendre, hormis les ennemis, n’était autre que Zack, qui était déjà plus loin, au niveau de la falaise.
-A MOI ! AU SECOURS !!!
Seul, Sven n’avait pas l’ombre d’une chance face à deux enfants du chaos. La fuite jusqu’à la falaise était encore envisageable pour lui, mais elle n’était pas certaine, et signifierait pour lui s’exposer à encaisser au moins une attaque de l’enfant du chaos nommé Mahlfer, sans compter le risque que celui-ci ne se saisisse de lui pour l’immobiliser ou ne le blesse trop grièvement pour lui permettre de fuir. Sa seule chance de survie était Zack, et il le savait.
Mais du point de vue de ce dernier, les choses étaient opposées. L’engagement au corps-à-corps de Sven, qui focalisait maintenant toute l’attention sur lui, offrait une opportunité unique de fuir. En effet, les 2 enfants semblaient converger vers le norse et la famille ne faisait momentanément plus attention au kislévite. Logiquement, en suivant la falaise, il pourrait peut-être rejoindre le drakkar, en profitant du sacrifice bien involontaire de son compagnon.