[Ahmès] La Porte des Esclaves

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

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S’enfuir en courant à toute vitesse. Et pourquoi pas ? Les Elfes qui survivent sont souvent ceux qui courent. Mais bloqué dans une ruelle avec trois personnes, ça n’offre pas beaucoup de chances de s’en sortir.

Kandroth avait fini de s’étirer. Et quand bien même il était puissant, il était loin d’être une brute tout à fait sans cervelle ; ses coups étaient adroits, précis, et vifs. Il était bien plus rapide, et même bien plus agile qu’Ahmès. Le déjouer allait demander une concentration maximale… Et un soupçon de chance.

Tout se joua en à peine trois secondes, qui décomposaient trois mouvements bruts.

Kandroth donna un revers à droite — mais c’était une feinte. Elle faillit prendre Ahmès au dépourvu, quand il vit soudain la gauche du capitaine décrocher vers sa mâchoire. Mais par miracle, l’assassin pivota sur lui-même, glissa sur le sol mouillé, et parvint à donner une toute petite impulsion derrière le genou de son adversaire.

Le gros balourd ne fut pas projeté au sol ; mais il culbuta bien dans un de ses sbires. Le temps qu’il se tourne, Ahmès était déjà en train de sprinter comme s’il avait Khaine à l’arrière-train.

« Oh merde-
-Rattrapez-le ! »


Un carreau d’arbalète siffla juste à droite d’Ahmès, avant de s’éclater au sol et se briser en cinq petits morceaux : on avait essayé de lui tirer dans la rotule.

L’assassin entendit plus qu’il ne vit la soldatesque à ses trousses. Il pouvait entendre un sifflet, tandis que, sous l’averse, il quittait la ruelle étroite et débouchait en plein sur une grande avenue toute droite et fréquentée. Un tas d’esclaves de toutes les races portant des affaires, ou de corsaires torchés assis sur des bancs, tournaient leurs regards vers lui.

Et Kandroth hurla si fort que tout le monde pouvait l’entendre :

« AU NOM DU DRACHAU !
ARRÊTEEEEZ-LE ! »


En voilà, une sommation impérieuse. Il venait de prononcer le nom du prince de la ville. Ahmès s’était fourré dans une belle mouise en une nuit.

Personne parmi les badauds ne tenta de s’interposer. Les serfs comme les Elfes libres s’écartaient sur le passage d’un Ahmès, qui devait courir à toute vitesse en plein sur l’avenue à travers la foule. Plutôt que de faire une ligne droite, il tenta de zigzaguer, en dépassant une charrette remplie à ras-bord de matériel. Pari gagnant : il vit un carreau se planter juste sur ses yeux en plein dans l’essieu du véhicule, ce qui eut le mérite de faire sursauter l’humain qui tenait l’attelage, qui se mit à gueuler en reikspiel.
Kandroth avait visiblement la gâchette facile…

« STOOOOP !
REVIENS-LA BOORDEEEL ! »


Problème : le gros balourd était exceptionnellement rapide pour un tas de muscles et de graisses. Il pouvait l’entendre gueuler en plein dans son oreille gauche — le Délice que lui avait servi cette sale raclure de Fellheart l’essoufflait, il ne pouvait pas compter sur ses guibolles trop molles.

Il vit une jambe tenter de décrocher sur lui. Une petite impulsion, et il entendit Kandroth trébucher tout seul, et dire un seul mot :

« Merde »

avant de s’effondrer dans un tas de poubelles.

Une main lui attrapa le manteau et le tira contre lui. On tentait de l’agripper. Comme un animal fou, Ahmès lui donna un coup de coude, et virevolta tout droit, lui laissant son vêtement auquel il tenait tant.

Il sprintait comme un fou, tandis qu’un énième carreau vola en l’air pour simplement percuter quelque chose sans faire le moindre dégât.

Et Kandroth ne lâchait rien. Il avait beau s’être effondré dans les détritus, il s’était relevé tout droit, l’avait rattrapé en cinq secondes, et voilà qu’il tentait à nouveau de le faire chuter par une prise aux hanches.

Ahmès ne s’en sortirait pas dans cette grosse avenue bondée. Il tourna à toute vitesse dans une ruelle, passa dans une travée étroite, et tenta de les semer au milieu d’un dédale urbain.

Gauche, droite, gauche, gauche…

« LE LÂCHEZ PAS ! »

Ahmès déboucha dans un jardin. Il glissa alors sur des marches mouillées, glissa par terre, et roula-boula en manquant de se faire une entorse à la cheville.

Il était au milieu d’une sorte d’arrière-cour de grand bâtiment. Et il était tombé juste aux pieds d’une grande dame toute bien habillée, avec une longue robe rouge échancrée qui lui arrivait aux mollets.
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« Mais qu’est-ce que… ? 
– Là ! Il est parti par-là ! »

Le grand bâtiment avait une porte extérieure ouverte. Il y avait une gouttière pour escalader sur les toits. C’était une voie sans issue, mais il était fort pour s’en créer, des issues.
Souci : les trois enfoirés ne manquaient pas de souffle, et ils seraient là dans une poignée de secondes à peine.

Et la grande dame juste devant lui, pipe à tabac à la main, cimeterre accrochée à la ceinture malgré sa parure impeccable, le regardait tout droit avec des yeux écarquillés, la bouche entrouverte.

« Heu…
T’as besoin d’aide… ? »

Voilà ce qu’on va faire :
Comme toute fuite, il y a un test d’INI à faire. Comme tu essayes de passer à travers Kandroth, il aura lui aussi droit à un jet, de telle sorte qu’il y aura un duel avec lui.
Si c’est une réussite élevée (+4 degrés de réussite), Kandroth sera bousculé dans l’arbalétrier, et tu auras droit à un round complet pour t’enfuir et courir à toute vitesse.

Jet d’initiative de ta part : 3, réussite de 4.
Jet d’initiative de Kandroth : 8, réussite de 4.

Tu réussis ton jet, donc, aucune attaque d’opportunité de la part du capitaine et tu parviens à t’enfuir. Mais l’arbalétrier va se tourner et tirer.

Jet (Malus distance : 8m) : 12, échec. Tu sens le carreau siffler à ton oreille, mais tu t’enfuis et prends 16m d’avance le temps qu’ils réagissent.

Règle de la course :
Tout le monde a droit de courir 30m par round. Je lance un jet d’INI à chaque round : chaque degré de succès rajoute 1m. Chaque degré d’échec en retire 1.
Tu m’as indiqué vouloir zizaguer. Je te retire donc -2 à ton INI de base. Et t’es drogué. Donc -2 INI de plus.
Parce que je suis jôntil, je vais dire que tes doubles compétences de déplacement urbains t’annulent un des deux malus. Normalement ça s’applique pas à de la fuite mais je fais tout qu’est-ce que je veux.
Tu roules donc, en tout, sur 7.

Zéééé partiiii.

Ahmès : 13, échec de 6, 24m.

Kandroth : 7, réussite de 5, 35m.

Sbire 1 : 7, réussite de 2, 32m

Sbire 2 : 6, réussite de 3, 33m.


Nouveau round.

Ahmès : 18, échec de 11, 19m

Kandroth : 13, échec de 1, 29m

Sbire 1 : 14, échec de 5, 25m

Sbire 2 : 4, réussite de 5, 35m.

Kandroth et Sbire 2 te rattrapent.

Kandroth tente un génial croche-patte :
19. Il rate complètement et se gamelle par terre.

Sbire 2 tente de tirer ton manteau : 5, pas mal.
Tu tentes d’esquiver : 6. C’est hyper chaud, mais tu laisses tomber ton manteau et y se gamelle aussi.

Nouveau round.

Ahmès : 13, échec de 6, 24m.

Kandroth : Perd 16m automatiquement. 2, réussite de 10 ; il fait 24m.Les jambes d’aciers de ce type.
Sbire 1 : 19. Faut-y aller molo sur les burgers frère. 20m.

Sbire 2 : Perd 16m automatiquement. 12, échec de 4, 10m.

Sbire 1 tente de te clouer à l’arbalète : 13, non, il fera rien.

Kandroth a eut beau se gameler comme une merde, il est à nouveau à ton contact et re-tente un croche-patte : 16, hé non hé non.

Nouveau round.

Ahmès : 20, échec critique. Tu te prends les pieds dans quelque chose en tournant dans une ruelle et t’écrase à terre, course stoppée.

Kandroth : 8, le type a les crocs. Il a les putains de croc.

Sbire 1 : 9, en forme en forme.

Sbire 2 : 8, han génial.

Dans trois secondes, ils seront tous les trois sur toi et t’auras aucune chance de t’en sortir. Think fast, think fast.
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LA PORTE DES ESCLAVES


Kandroth arma son bras droit, mais ce fut son gauche qui partît. Eveillant à temps ses réflexes, Ahmès baissa la tête, pivota comme s’il s’enroulait autour de Kandroth et passa dans son dos en le laissant en plein déséquilibre, son poids l’entraînant vers l’arbalétrier. Le style de la manticore était propice aux réflexes et il ne s’y était pas trompé. Autrefois, quand ses bottes labouraient encore la glaise noire des Terres Brisées, ce style lui avait permis d’échapper à la mort promise que lui susurrait le cimeterre d’un corsaire druchii. Il n’avait alors qu’une trentaine d’années au plus. Aujourd’hui encore, ce style complexe reposant sur l’esquive continuait de mettre de la distance entre Khaine et lui. Les enseignements de son Maître portaient leurs fruits.

Il courut à toute allure à travers une ville qu’il ne connaissait pas encore tout à fait. Ses jambes l’entraînèrent au plus loin mais il fit attention à ne pas avoir une trajectoire trop linéaire afin d’éviter les carreaux d’arbalète. Il savait combien ces pointes sifflantes pouvaient être décisives. Si elles ne le tuaient pas, il était assuré qu’elles l’empêcheraient de trouver assez de souffle pour continuer de prendre de la distance…

… ce qu’il ne parvenait pas à faire. Plus les secondes passaient, et plus son souffle se raccourcissait, au moins autant que l’écart qu’il y avait entre eux et lui. Son cœur palpitait et il crut presque pouvoir entendre ses pulsations à l’intérieur de ses tympans, tant ce tambourinement était lourd. Endurant, il l’était habituellement mais depuis qu’il avait avalé ce poison de Délice, ses forces étaient diminuées.

Il courut. Plusieurs fois, les carreaux chantèrent autour de sa tête puis brisèrent l’écorce de quelque chose, sans qu’il ne s’attarde à savoir quoi. En pleine foule, il s’enfonça en glissant à travers un labyrinthe de visages qui ne lui évoquèrent rien, sinon autant d’ennemis potentiels.

Il fonça. Ses jambes continuaient de cavaler mais celles de ses poursuivants ne s’épuisaient pas plus. Son souffle était si large qu’il avalait l’air en quantité astronomique, si bien qu’il crut ses poumons capables de faire exploser sa cage thoracique. Son sang tourbillonnait comme les eaux furieuses de la Mer Bouillante. Les veines de ses tempes étaient gonflées et battaient avec fureur, dévoilant leur position en jaillissant de sous la peau, noires comme des pattes d’araignées : plus grosses elles étaient, plus intensément pouvaient-elles débiter. Le sang devait circuler en abondance, le plus vite possible, le plus largement possible.

Un carrefour, un autre, une ruelle, un coude, une allée, une autre ruelle. Chaque d’œil derrière lui le fit tantôt espérer, tantôt déglutir : l’émotion de la crainte se mêlait intimement à celle de l’espoir dans une odieuse symphonie d’adrénaline. Pas un mot ne sortit de ses lèvres desséchées tandis qu’il cavalait comme un gibier pisté par une meute de loups. Rien que de l’écume de bave à chaque coin de bouche, juste ce qu’il faut pour fluidifier son souffle afin qu’il ne suffoque pas.

Mais il fallut, finalement, qu’il glisse.

Il dévala les marches humides avec le dos, puis l’épaule, puis la tête, alouette. Une formidable série de roulades fit le divin spectacle d’une dame ici présente, surprise, interdite. Sa prestation le flanqua par terre, étendu sur le dos, pile au moment où il n’avait plus de veste ; chose qu’il avait sacrifié durant sa course pour fuir les mains avides de ses poursuivants. Il sentît l’eau sale souiller sa colonne vertébrale, inonder sa peau déjà ruisselante de sueur d’une crasse tellurique. Des grains et des gerbes de terre peignaient son corps, contrastant avec le diamant qui fumait sa pipe.

Elle l’observa comme il lui jetait des yeux fous. Son teint était parfaitement gris, ses cheveux aux brins d’or tombaient sur des épaules fines portant une tête des plus ravissantes. Surtout, ses yeux brillaient comme deux ambres résineuses, aussi claires que celles de l’assassin. Ils n’avaient pas le même vécu, mais ils avaient le même regard.

« Empêchez-les de m’emmener et vous ne le regretterez pas. »

Il n’y avait pas beaucoup d’alternative. Après pareille chute, la gouttière était une fausse promesse ; il avait appris à en escalader, mais il n’irait pas plus vite qu’un carreau d’arbalète et la chute ne pouvait que lui être fatale. Cette druchii était sa seule solution à présent. Alors qu’il entendît leurs pas tambouriner le sol à son approche, il se tourna vers eux, bras en l’air.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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Compétences
  • Combat
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    • Acrobatie de combat (A)
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    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La grande Elfe regarda Ahmès tout droit.
Elle posa la pipe à sa bouche, et tira une grosse latte dessus. Elle avait l’air de peser le pour et le contre. Voir les avantages et les défauts. Concilier les inconvénients et les gains possibles. Débattre intérieurement de ce qui serait juste et dangereux…

…En somme, elle faisait bien mariner l’assassin qui n’avait littéralement plus qu’une poignée de secondes avant d’être fracassé par trois types au souffle interminable.

Finalement, la Druchii haussa des épaules, et leva la main pour désigner une benne à ordure accolée au bâtiment.

Ahmès ne réfléchit pas. Il courut à toute vitesse, et s’élança en plein dedans. Visiblement, à la cantine du bâtiment, on avait mangé du poisson au dîner.

À la seconde même où il se planquait au milieu des gratins de morue, Kandroth et ses trois sbires glissèrent dans l’allée, pivotaient adroitement comme trois danseurs fort athlétiques, et, rechargeant leurs arbalètes pour les deux sbires sans nom, cimeterre à la main pour le capitaine, les trois déboulaient avec les muscles et les armes suffisantes pour désosser quelqu’un.

Les trois paires d’yeux observent la jolie Elfe. La jolie Elfe penche un tout petit peu la tête vers la porte de derrière ouverte.

Les trois chargent vers l’intérieur, comme des fous furieux.

« Au nom du Drachau ! »

Kandroth entre. Un arbalétrier entre.
Le dernier s’arrête sur le pas de la porte.

Il fait un pas en arrière. Regarde tout droit en fronçant des sourcils. Un peu essoufflé, il se gratte la tempe.

« Huh. »

Mais finalement, il agite la tête, et lui aussi s’élance.


Le temps presse. Ahmès sort de sa cachette. Il a perdu de sa superbe. L’assassin se retrouve avec un point de côté, titube, a des mouches devant les yeux, les mains qui tremblent, et son cœur lui fait mal dans sa poitrine. Il n’a plus son manteau, et ses beaux vêtements de noble qui coûtent très cher sont maintenant maculés d’urine, de jus de déchets, et de rognures de fruit qui ont commencé à se composter.

La grande Elfe commence par le regarder des pieds à la tête, puis à l’inverse, hoche lentement la tête de haut en bas.

« Pu, taiiiiin, d’merde.
Je me plaignais de l’ambiance de ma soirée mais alors toi t’es poissard. Rappelle-moi de jamais t’inviter. »


Et nonchalamment, elle continuait de fumer sa pipe, restant bien plantée devant la sortie de l’allée, tandis qu’on entendait des bruits de bris de céramique et des cris dans le bâtiment juste à côté.
Jet de dissimulation d’Ahmès, sur INI (J’aurais retenu HAB si seulement tu n’avais pas une demi-action pour agir) (Bonus : +2, aide de Vateci.) : 12, échec de 1

Jet d’observation des trois types, sur INT (Malus : -2, aide de Vateci) :
Kandroth : 12, échec de 5
Sbire 1 : 7, échec de 1
Sbire 2 : 6, réussite de justesse.

Kandroth et le sbire 1 se jettent à l’intérieur. Le sbire 2, juste avant de passer la porte, recule. Est-ce qu’il a déliré, ou…


Intervention de Khaine. -5 PdC retirés pour faire que le sbire ne te remarque pas instantanément.

Jet de dissimulation d’Ahmès (No bonus, no malus) : 10. Échec de 1.
Sbire 2 (Bonus : Prends son temps, +2) : 15. Hé non.
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Ahmès
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


Au moment où le capot de la benne se referma sur lui, Ahmès s’enfonça dans les ténèbres. Eclairé dans la dangerosité de la situation, il n’hésita pas à farfouiller dans ce dégueulis d’immondices pour s’enfoncer dans les déchets purulents de cette cachette, maison de la souillure, refuse de la putrescence. Enfoncer ses membres dans ces cartons et ces détritus empestant la mort et la maladie était semblable au sentiment de se laisser engloutir dans l’estomac de Nurgle, de fondre dans les sucs gastriques de l’horreur et d’imaginer son corps suinter de pus à chaque endroit.

Si déshonorante fut la méthode, si efficace devint-elle. Les trois poursuivants s’enfoncèrent, sur indication de la grande druchii, dans le bâtiment et dévalisèrent celui-ci dans l’espoir de mettre la main sur l’apprenti. Ahmès pria son dieu que nul ne le trouve et ne le débusque.

Finalement, lorsque le bruit s’estompa, il attendît quelques secondes. Il avait entendu le cliquetis des arbalètes rechargées. Il n’avait pas ignoré le hurlement de Kandroth.
Ces secondes écoulées, il releva très lentement le clapet. Ses yeux rapidement balayèrent la zone, profitant d’un très court interstice à peine visible pour s’assurer que nul ne décèle sa manœuvre. Personne, à part ce beau joyau qui venait de lui donner un très court répit.

Il ouvrit la benne en se débarrassant de quelques résidus de poiscaille qui lui donnèrent un parfum particulièrement nauséabond. Et alors que la sainte salvatrice lui indiquait le désarroi qu’il venait de causer, alors qu’elle lui barrait la route en lui faisant le sermon de cet embarrassement, il lui rendit un sourire espiègle et sauvage.

« Poissard, vous dîtes ? »

Dans les yeux d’Ahmès brillait une lueur d’or, semblable à celle qu’on trouvait dans ceux de la fumeuse de havane. L’espace d’une seconde, il figea ses prunelles pour acheter l’intérêt de la consternée ; il l’invita à se perdre dans un moment onirique, à se baigner dans cette tension secrète.
L’assassin était sauvage, libre, imprévisible. Sale et puant, au demeurant. Il n’avait sûrement ni le prestige ni le chic des nobliaux de Karond Kar, mais il possédait un air rebelle, un instinct de désobéissance et de fureur de vivre.
Cet animal était poursuivi et on criait au Drachau. C’est qu’il devait être spécial.

« Ne peut être poissard celui qui... croise la route d’une si belle créature de Khaine. »

Les mots qu’il décida de prononcer ne trompèrent sans doute pas la consternée. Il s’en dégagea une volonté de séduire et dans le même temps, chaque syllabe dévoila une sorte de cupidité. Chacun de ses pas glissèrent avec souplesse sur le sol alors qu’il s’approchait d’elle, comme un poison au goût sucré. Il titubait. Il respirait avec difficulté, tout affaibli qu’il était. Le Délice faisait encore tourner le monde autour de lui. Mais il avait toujours la force d’essayer de puiser dans le pouvoir des mots pour s’en tirer à bon compte ; même si en réalité, le verbe l’avait toujours desservi jusqu’à présent.

« L’assassin que je suis po-ssède… une dette envers vous… désormais. Je jure sur le Faiseur de Veuve que je m’en acquitter-ais… Hélas je dois fuir ces gueux, et m’effacer comme u-un soupir. Mais je vous reviendrais comme un murmure. »

Il révéla son statut sans chercher à la tromper, comme s’il profanait un secret. Lui offrirait-elle la liberté qu’il venait de lui demander ?
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  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
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    • Déplacement silencieux (B)
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La jolie Elfe tira une nouvelle latte. Elle semblait prendre son temps, se délecter de laisser son pauvre garçon mariner alors qu’on pouvait entendre les ordres aboyés par Kandroth, étouffés dans le bâtiment juste adjacent.
Il révéla sa profession. Est-ce qu’elle y croyait ? Pas sûr qu’on imaginait facilement un assassin de Khaine puant et poursuivi comme une petite frappe par des gros costauds. Mais d’un autre côté… Qui serait assez demeuré pour oser mentir sur tel sujet ? On ne se revendique pas facilement du Dieu le plus important de Naggaroth…

Finalement, Vateci pouffa de rire.

« Alors sache que tu t’es endetté auprès de la contre-maîtresse Vateci, fille de la maison Tullaris.
Donne-moi ton nom, et file. »




Le chemin de retour à l’appartement ne fut pas du tout évident. Ahmès devait marcher en titubant, sous une pluie torrentielle, sans son manteau pour le recouvrir. Il remontait une grande avenue remplie de monde ; on le sifflait. On lui demandait s’il était perdu avec un ton rigolard. Il se tapait quelques moqueries et des rires hilares. S’il s’était retourné, peut-être qu’on aurait cherché à l’emmerder…
Puant, grouillant, drogué et affaibli, l’assassin de Khaine découvrait la fange de Karond Kar. Mais au moins, il était en vie, et pas séquestré.

Il retrouva au bout d’une heure au moins la ruelle. Masthel avait laissé ses satanés pièges ; il ne parviendrait pas à les outrepasser dans cet état. Alors, il alla s’avachir sur le perron de l’atelier de tanneur qui était fermé en cette nuit, et il décida de fermer les yeux pour piquer un petit somme.

Quand il rouvrit ses paupières, c’était à cause d’un coup dans sa cheville. Il sursauta, attrapa son poignard, mais se résigna vite en voyant le maître tout droit devant lui. L’enfant chéri de Khaine avait une sale tête ; il était maculé de sang, des pieds à la tête, il lui en restait encore sur sa trogne. À sa ceinture, il lui manquait des traits d’arbalètes et des pots en céramique à fumée.
Visiblement, il avait été très occupé.

« Ahmès. T’as une sale gueule.
Lève-toi. »


Il s’agenouilla à moitié, et offrit sa main pour que son élève tape dedans et soit soulevé. Et c’est ensemble qu’ils remontèrent les marches de l’appartement.

Il faisait quasiment nuit noire à l’intérieur. Masthel esquiva ses trappes, et colla son garçon contre un mur. Trente secondes plus tard, Cyssa faisait éruption dans la pièce à vivre en portant une chandelle. Elle était en train de dormir, à voir sa robe de chambre et ses pieds nus.

« Très chère, maintenant que vous êtes debout ; Préparez-moi de l’eau chaude, et occupez-vous de nos vêtements, je vous prie.
– … Autre chose ?
– Oui. Un thé s’il vous plaît, j’en ai acheté, boîte en fer blanc au-dessus de l’évier.
Merci. »


« Je vous prie », « Merci ». Masthel était un bon gentilhomme envers une esclave doublée d’une Asur. Pas tellement le moment pour Ahmès de le faire remarquer à son maître.
Il était en train de se déshabiller. Il balança son manteau boueux, ensanglanté et trempé dans l’entrée, déboucla sa ceinture et ses bretelles couverts d’étuis et de fourreaux pour ses armes, et laissa son arbalète à une main débandée contre le comptoir. Il s’approcha de la table de la cuisine, et en même temps que Cyssa s’occupait de lui fournir de l’eau, il lui prit des mains les bougies en suif pour ramener un peu de lumière dans la pièce.

L’Asur passa devant le jeune homme affaibli juste pour fermer la porte d’entrée derrière lui.

« Viens par ici, Ahmès. »

Masthel lui posa un tabouret par terre. Quand le garçon fut à sa portée, il se saisit de son doublet gonflé par la pluie, et le força à s’asseoir.
Il lui attrapa les mandibules, et lui fit ouvrir la bouche. Il approcha son nez, et renifla son haleine.

Il lâcha Ahmès, et lui donna une énorme rouste avec la paume de sa main, qui endolorit sa nuque.

« Tu m’as déçu ce soir mon garçon. Si j’avais su que je t’aurais retrouvé dans une telle situation…
Je n’aurais pas dû te laisser tout seul. J’ai eu tort de te laisser commander. »


Cyssa posa un bol d’eau — de la froide pour l’instant — sur la table. Masthel la remercia d’un sourire et d’un geste de la tête, et trempa ses mains dedans pour les laver.

« Déshabille-toi. Je vais te purger.
En attendant, explique-moi bien clairement tout ce qui s’est passé. T’es ensuqué et tu vas te mettre à bégayer et mélanger des choses — je te gifle à chaque fois que ça arrive, ne t’inquiète pas. »
Jet de séduction d’Ahmès : 16, sacré gros échec.
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

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LA PORTE DES ESCLAVES


« Thallan. Headturner, pour mes employeurs. »

Et d’un mouvement, il fila comme s’il était aspiré par l’inconnu.

La pluie battait comme des tambours d’orchestre, criblant le pavé d’une nuée froide qui martela dard-dard chaque centimètre de Karond Kar. Sous ce spectre humide et inhospitalier, à moitié nu, chancelant, le corps fustigé par le froid mordant et par les stigmates de son affrontement, Ahmès avançait, le vague à l ‘âme, la honte sur chaque centimètre de sa peau. A tel point qu’il aurait aimé pouvoir arracher ce visage, changer de squelette, s’oublier dans un nouveau nom, une nouvelle renommée, un nouveau soi. Par Khaine, la vie ne lui avait fait aucun cadeau. L’apprenti courait de défaites en défaites, de déboires en déboires, et finirait un jour ou l’autre dans la débâcle, au rythme que prenaient les choses. Le sentiment insidieux de l’échec grossissait à l’intérieur de lui comme un parasite qui gonflait en pompant sur son cœur, et qui prenait de plus en plus d’espace le temps passant, cédant à l’espoir et la vigueur une maigre portion de l’habitacle. Trop maigre pour le nourrir.

Ahmès connaissait la honte, la défaite, l’inimitié en tous lieux, le malheur, tout ce qui avait à attrait à la douleur, le mal-être, le goût du chagrin et l’amertume du désespoir. Si précis tentait-il d’être, si sérieux s’évertuait-il à rester, si ascétique se voulut-il, il n’y arrivait pas. Il était la risée des assassins. Il était la honte de Khaine.

Et Masthel était toujours celui qui ramassait ce déchet du peuple noir.

« Tu ne seras qui tu dois être que lorsque celui que tu as été ne sera plus. Tu ne seras qui tu dois être que lorsque celui que tu as été ne sera plus. Tu ne seras qui tu dois être… »

Seuls lui restaient ces préceptes, ces croyances notoires qui ne prenaient sens qu’en ces moments particuliers de désastre, d’affliction profonde et de désorientation. Perdu dans les artères glaçantes de Karond Kar, Ahmès chercha la route dans ce qu’il avait appris : la foi, l’oubli de soi et la vénération de son culte mortuaire.

Le hasard, mélangé à un peu d’habitude, le conduisit jusqu’à cet appartement qui lui fut naguère gagé par Trathil Alethi. Il savait les pièges, il savait la manigance de son maître, mais il n’ignorait pas son état et s’il avait les qualités athlétiques pour les défaire en temps normal, il ne se trouva pas assez courageux pour se nourrir de sa force intérieure afin d’esquiver la mort qui le guetterait à chaque pas s’il osait rentrer. Il observa le mur, il guetta la porte qui le séparait d’un repos tranquille, puis attendît un peu. Las, il se résigna. Son corps tituba, le Délice lui fit tourner la tête et puis il posa sa main sur la rambarde de l’escalier, songea un instant à la mer qu’il avait prise pour aller en Bretonnie, et enfin il s’abandonna à sa faiblesse, se coucha comme un animal blessé et attendit son sort.

Le temps passa.

Bientôt les coups de botte de son maître le réveillèrent et sans qu’il n’y mette vraiment du sien, Ahmès se laissa entraîner vers l’intérieur. Ô la pièce était chaude, ô l’air était sec, ô l’atmosphère était douce ; loin, loin les cauchemars du dehors. Mais le plaisir de retrouver le confort ne dura qu’un court instant. Posé sur un tabouret, il découvrit le visage ensanglanté de Masthel. Il n’était pas émotif pour un denier, mais à voir les stigmates de la mort qui empestait sur lui, l’apprenti sût qu’il avait eu âpre combat.
Mais Masthel était revenu entier, puissant, prestigieux ; là où lui s’était couvert de honte.

Il l’interrogea. Ahmès l’observa un instant. Masthel était comme un père pour lui mais cette vue du sang ruisselant sur lui rappelait à quel point le mentor était un prédateur meurtrier. De quoi décontenancer l’apprenti. L’œil vague, Ahmès tenta de trouver des issues autour de lui. La rêve maquilla un instant l’orbe dorée de sa prunelle.

Une énorme baffe le ramena à la réalité. Masthel exigeait des réponses.

« J-je… »

Une autre baffe, aussi violente que la précédente, l’invita à s’expliquer de façon clair et limpide.

« Je voulais voir Lhunara Lucari. Je voulais voir Skaris Fellheart. Et je les ai vu. Je les ai rencontrés avec une autre qui s’est invitée à notre table, chez Malsydrior. Au Bréa que vous m’avez montré, Maître. R-Rayth… »

Une nouvelle baffe pour lui apprendre à ne plus écorcher un seul nom. Masthel le guettait. Le moindre écart était interdit.

« Rayth. Des Uroxis. Nous avons joué. Une partie de poker. Skaris, le cadet de Lokhir, n’est qu’un avorton. Un abruti qui profite du prestige de son aîné et qui dilapide sa fortune. Rayth est une dirigeante, une cheffe-née. Elle a une poigne de fer. Elle sait faire taire quiconque l’incommode, qu’il s’agisse de Skaris ou de Lhunara. Quant à elle, c’est u-une… »

Vlan ! La paume de Masthel fit un nouveau passage, criblant la joue endolorie de son apprenti. L’erreur n’était pas permise.

« C’est une sombretrait. Elle bosse directement pour le Drachau, avec quelques gueux à sa botte. Des rustres comme on n’aime pas en croiser. C’est à cause d’eux que je me retrouve dans cette situation, Maître. Lhunara m’a p-piégé. »

Vlan ! Une autre encore. Ahmès ne sut, à cet instant, si c’était à cause de son erreur ou d’un défaut d’articulation. Dans tous les cas, la honte le couvrait de la tête aux pieds. Un sanglot perla de son œil humide et ses dents se serrèrent alors qu’il renvoyait un air farouche à son maître.

« JE VEUX ME VENGER ! PUTAIN ! JE LUI FERAIS PAYER A CETTE PUTE ! JE VEUX POURRIR SON EXISTENCE, JE VEUX BOUFFER SES ENFANTS ET VOMIR SUR SON CADAVRE ! JE VEUX QU’ELLE ME CRAIGNE, MAÎTRE, OOOOH OUI, JE VEUX QU’ELLE CHIALE ENCORE ET ENCORE ET ENCORE PENDANT QUE JE LA CREVERAIS DE MA DAGUE ! JE LE JURE ! JAMAIS ILS N’OUBLIERONT, JAMAIS ! JAMAIS ILS N’OUBLIERONT CE QUE JE LEUR FERAIS ! »

Les yeux injectés de sang, le sicaire fit monter la tension d'un coup dans la pièce, se libérant d'une frénésie trop longtemps retenue.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Masthel avait cette capacité à faire plusieurs choses à la fois. Tandis qu’Ahmès déballait le récit de sa soirée, son maître était en train de trafiquer à côté — il n’était ni distrait, ni inattentif, puisqu’à chaque fois que le jeune assassin se mettait à s’affaisser de côté, ou bien qu’il s’égarait, une vive claque derrière la nuque lui réinitialisait la mémoire.
Mais le temps que l’assassin parle, Masthel bossait. Il avait sorti un bécher, et commencé un petit feu d’huile incandescente grâce à un briquet en silex. Il sortait des ingrédients, un petit flacon, et sembla préparer quelque chose.

Ce qui le déconcentra de sa tâche, ce fut quand Ahmès décida de devenir fou. Alors, l’assassin pivota, fronça des sourcils, et défia le jeune homme en le regardant droit dans les yeux.

Mais il ne dit rien.

Il préféra se retourner au-dessus d’un plan de travail que le précédent locataire n’avait pas chipé, et acheva sa préparation.

Il s’approcha du tabouret, donna un petit coup de talon derrière le tibia d’Ahmès pour lui faire écarter les jambes, posa un doigt au-dessus du menton, et lui fit ouvrir la bouche de force, avant de lui faire avaler sa mixture.
Elle avait un goût immonde, et une texture pâteuse. Et tout de suite après, Masthel fit rouler le flacon sur le bois de la table, attrapa une gamelle en étain, et la posa à la volée sur les genoux de l’apprenti.

Un émétique, voilà ce que Masthel lui avait fait boire. Il faut dire que le mot « purger » est sans trop d’équivoques…

De la gerbe remua dans le ventre du garçon, et il ne fallut que quelques minutes avant qu’il ne sente tout le contenu de son repas remonter le long de son œsophage. Et le voilà qui se mit à dégueuler du vomi brun-orangé au fond de la gamelle, en courbant son corps pour soulager les contractions de son ventre.

L’Asur revint avec une cruche fumante, remplie d’eau chaude. Elle observa Ahmès un petit instant, mais le maître l’intima de l’ignorer avec un mouvement de la main.

« Posez cela ici, jeune fille, et merci encore.
– À part le thé et vos vêtements, autre chose ?
– Ce sera déjà beaucoup.
Vous désirez grignoter quelque chose ? J’ai très faim, je vais préparer du lard et des œufs. Et un bouillon pour lui-même.

– Oh ? Heu… Oui, ça serait bon. »

Masthel attendit qu’Ahmès termine trois gros dégueulis dont la quantité se réduisait petit à petit. Puis, il attrapa un torchon, sécha les lèvres du jeune homme comme s’il était un grand bébé, lui reprit sa gamelle débordante, et lui déboutonna son doublet.
Il le mit torse-nu, tendit le tissu gorgé d’eau à l’Asur qui déguerpissait avec, puis le recouvrit d’un linge sec et qui sentait le savon.

« T’es un putain d’abruti mon garçon. C’est pour ça que t’es toujours un initié. Et pour ça que je pense que tu deviendras peut-être jamais un vrai assassin. »

La phrase était tellement froide, et tellement dure. Et pourtant, Masthel n’avait pas dit ça d’un ton cruel. Juste de manière factuelle, monotone. Et même, un peu, agacée. En tout cas, il se frotta les deux comme s’il avait une migraine.

« Je suis sûr qu’à tes yeux je suis une mauviette, à préparer mon gratin de poisson, à vivre comme un vieillard sénile, à te sécher comme si j’étais ta mère-poule.
Et pourtant, ce soir, en écoutant tes ordres, j’ai pris la vie de treize personnes. J’en ai égorgés, j’ai planté des carreaux d’arbalètes dans leurs têtes, j’ai riposté avec ma lame pour briser des hanches et perforer des clavicules. Et maintenant, je suis de retour, et je vais tranquillement déguster un thé et me rouler sous une couverture pour roupiller.
Toi, tu vas passer la nuit à dégueuler, puis la semaine à te rouler en boule de douleur, et tout ce que tu trouves à me dire, pour résumer ta soirée, c’est… Hurler des insultes dignes d’un Corsaire des bas-fonds ? »


Il attrapa la gamelle de gerbe, poussa le volet d’une des fenêtres, et jeta le tout dans la rue depuis l’étage.

« Qui tu es et ce que tu désires n’a aucune importance. Notre profession n’est pas faite pour ceux qui désirent se venger. Si tu dois tuer Lhunara, ça ne peut pas être avec haine, avec rancœur ou rage. Khaine aime le meurtre pour ce qu’il est, lui-même, pur et simple.
Parfois on fait souffrir nos victimes. Parce que le client l’a demandé, ou parce que les toxines ont cet effet. Mais ce n’est jamais parce que nous sommes des créatures sadiques. On tue car on a versé la dîme à Khaine, et c’est là toute la récompense que nous tirons du crime. »


Il posa ses fesses sur la table, et regarda à nouveau Ahmès tout droit.

« Est-ce que tu t’entends parler ? Lhunara m’a piégé. Est-ce que c’est de sa faute ?
C’est le jeu. Tu as choisi de t’approcher d’elle. Tu as choisi d’y aller seul. Tu as mis ta couverture en danger. Ce n’est pas Lhunara qui t’as piégé, c’est toi qui t’es fait piéger.
Mais tu ne te remets pas en question. J’entends de la colère vaine et ivre, et tellement, mais alors, tellement futile… Je n’entends aucun regret de ta part. Tu ne reconnais aucune faute.
Que vas-tu dire à ton employeur, maintenant ? Comment tu vas justifier cet échec lamentable à dame Alethi ? Tu vas lui dire que tu souhaites vomir sur le cadavre de Lhunara Lucari à elle aussi ?
Tu es incapable de retenir une leçon. Il y a toujours que toi, toi et tes putains de désirs égoïstes. Toi tout seul, tu ne penses jamais à ce qu’il y a au-dessus de toi. Tu ne penses jamais aux autres, en te mettant à leur place. Tu ne t’élèves jamais. Tu ne vois jamais au-delà de tes yeux. »


Et là, sa voix devint plus grave, pour dire une ultime chose.

« C’est comme la petite esclave dont tu étais tombé amoureux.
Tu m’en veux de l’avoir tuée. En vérité, c’est toi qui as causé sa mort.
Tu comprends ? J’avais besoin de te donner une leçon, que visiblement, tu n’as toujours pas comprise. »
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


Beeeeeuuaaaaargh !

Le Délice était sans doute l’une des pires erreurs de sa vie. Comme si les cadeaux de Slaanesh étaient un poison pour tous les dévots de Khaine. Sa défaite et sa honte avaient engendré la haine, une colère si profonde qu’il lui fut impossible, en l’état, de l’éteindre. Chaque fois qu’il régurgita après avoir avalé le remède émétique, il voulut injurier Lhunara, Skaris et même Malsydrior. Seul son Maître ne pouvait le décevoir. Ses erreurs le ramenaient toujours à cette même conclusion : la personne la plus fiable qu’il possédait dans sa vie était aussi celle qu’il décevait le plus, et qui en même temps lui faisait le plus de mal.

L’héritage de Masthel était quelque chose de particulier. Le lien qui l’unissait à ses disciples était rempli de douleur, de déception, d’admiration, de haine et d’amour. C’était un foutoir de sentiments, une cohorte d’émotions anarchiques qui se bousculaient sans cesse ; et sans doute que l’affection qu’il portait à ses apprentis était, elle-même, remplie de tendresses paradoxales.

Masthel le savait. Il faisait partie des légendes chez les assassins. C’était une égérie pour ses apprentis. Il pouvait voir, dans le reflet qui était le sien quand il regardait dans leurs yeux, toute la vénération qu’ils lui vouaient. Mais tel que ses paroles le révélaient, le Maître ne se contentait pas d’être admiré ou admirable. Ses crimes ne servaient pas à assouvir sa soif de prestige. Il travaillait pour Khaine. Il se vouait à lui. C’est ce qu’il avait, depuis toujours, tenté d’inculquer à son élève.

Mais Ahmès était loin d’égaler son prédécesseur, précisément parce qu’il était rempli de défauts. Des traces d’imperfection qui le rendaient angoissé parfois, avare souvent. Ce disciple n’était pas lisse. Aucun ne l’était. Hélas, les pêchés du sicaire en initiation étaient bien trop nombreux et trop lourds pour être tolérables.
Ahmès n’évoluait pas. Il ne se corrigeait pas. Il devenait plus fort, plus incisif, mais restait trop émotif, trop colérique, trop présomptueux, trop imprudent, trop vengeur, trop curieux, trop gourmand. Autant de choses qu’il fallait effacer.
Autant de choses qui ne s’effaçaient pas.

Il écouta son procès. Il ne fut pas insensible aux mots de son Maître. A l’inverse, il resta admiratif. Masthel frappait juste. Masthel avait toujours raison. Il lui fit comprendre à quel point son apprenti avait été décevant. A quel point son apprenti avait toujours été décevant.
Ahmès bascula sa tête en arrière. Il médita sur ce qui venait de lui être asséné. Il résista même à la mention douloureuse de son ancienne amante, à ce coup de poignard sentimental que venait de lui enfoncer son maître en ravivant des souvenirs qu’il avait tenté d’enfouir dans l’oubli mais qui refaisaient surface, toujours.

Il était en échec. Toute sa vie était un échec. Lamentable, il eut l’impression, en jetant sa tête vers l’arrière, d’avoir tendu sa gorge au maître assassin. Il savait ce que voulait dire l’échec, pour les gens de son métier. Khaine reprenait toujours ce qui lui appartenait. Le tueur était un jour tué. C’était à se demander comment il avait pu vivre jusque-là.

Comment un être aussi misérable pouvait-il encore poursuivre un tel périple ?

Il ne comprit pas. Il sût ce que son Maître tentait de lui expliquer. Il comprit à quel point il était décevant.
Ce qu’il ne comprit pas, c’est pourquoi il était encore de ce monde.
Il ne méritait pas de vivre.
Avec langueur, il repencha sa tête et ses yeux, bien bas, observèrent le parquet. Des mouches s’agitaient devant ses yeux : des chimères qui s’invitaient dans son champ visuel pour papillonner et lui faire savoir qu’il était dans le trouble.

« Je pourrais tenter de me justifier, Maître. Mais cet échec est impardonnable. »

Il bascula son visage sur le côté. Il refusait de regarder Masthel en face. Il y avait dans son cœur trop de honte.

« Impardonnable… »

Sa bouche était ouverte, laissant paraître deux courtes canines. Son haleine était nauséabonde et son humeur, maussade. Devant la réalité de son échec, il ne pouvait avoir ce masque imperturbable qu’il aimait porter d’ordinaire : cette fierté mal placée avait été mise en lambeaux par les paroles incisives du mentor. Il n’avait plus d’estime pour lui-même. S’il y avait eu un miroir, il aurait refusé d’observer son reflet.
Résigné, médiocre, il sonda le vide.

« Je vous prie d’excuser mon attitude et ma faiblesse. Mais je vous conjure aussi de refuser ces excuses.
Je vous conjure de refuser ma faiblesse. Je vous conjure de refuser mes erreurs.
Le moment le plus risqué, dans la vie d’une harpie, est son premier envol. Comme elles, j’ai voulu aller trop haut, trop vite. Peut-être ma cible était-elle trop difficile à atteindre. Lhunara n’est pas n’importe qui. J’ai cru en moi. J’ai cru en ce que vous m’avez enseigné. J’ai échoué. Je me suis écrasé comme un oisillon. Si je n’avais eu un Maître tel que vous, je serais mort.
Je refuse cet échec, Maître. Je refuse d’être ce que je suis. Je refuse d’être votre honte.
Seule une sanction digne de ce nom m’apprendra à ne plus commettre ce genre d’impair.
Humblement, je vous demande de choisir quelle sera ma punition. Et si ce doit être la mort, je l’accepte. »


Il bascula de nouveau sa tête, tenta maladroitement de se redresser mais bien mal à l’aise, il ne put qu’à peine se rééquilibrer. Stoïque, il fit claquer sa langue contre son palais.

« Je suis vôtre. »
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Ahmès avait à peine fini son laïus, que Masthel se mit à éclater de rire. Pas un rire narquois, machiavélique, méchant ; un rire sincère, et foutrement amusé.
Le vieil assassin attrapa le jeune dans ses bras, et l’enlaça très fort contre lui. Il le serra, et lui fit un bisou sur la joue.
Il se redressa, et lui pinça la fossette, en ricanant :

« Enfin, Ahmès, enfin ! Si tu savais comment je rêvais que tu me dises tout ça !
Allez, allez — c’est pas grave, mon beau garçon. Oui, t’as merdé, tu t’es humilié tout seul, tu t’es chié dessus ; mais tu restes mon grand et beau jeune homme.
On va rattraper tout ça. Mais je te l’ai dit — pas de haine, pas de rancœur. Pense en assassin. Élève-toi. »


Et juste comme ça, Masthel passa soudain à autre chose :
La préparation d’une collation.

« Déshabille-toi totalement, va te réchauffer dans ta couche par terre, et je vais t’apporter du bouillon. Tu risques de passer quelques jours à devoir te reposer, mais on va trouver une solution.
Va, va. Papa s’occupe de tout. »



Il fallut bien une bonne heure au tuteur pour préparer à manger. Un temps qu’Ahmès pouvait mettre à comater fiévreusement dans son sac de couchage, tremblant à la fois de chaud et de froid alors qu’il était en plein sevrage mi-alcool mi-psychotrope. Les sons semblaient résonner dans ses oreilles, et il avait un terrible mal de crâne ; il avait l’impression que les deux autres locataires de la maison étaient ailleurs, alors qu’ils discutaient gentiment tous les deux à part.
Ahmès n’avait aucune idée de par quel mauvais sortilège son vieux s’en était sorti, mais apparemment, la petite Asur se sentait un peu plus à l’aise en la compagnie d’un égorgeur fidèle au Dieu Khaine. En tout cas, Masthel demeurait un impeccable gentleman en sa compagnie, et c’était avec diligence qu’elle s’occupait de remplir son rôle de domestique — en allant laver et faire sécher les fringues du garçon, par exemple.

Finalement, Masthel revint dans le salon, grogna un peu en s’agenouillant, et posa juste sous le nez de son élève un bol fumant d’une bonne odeur de poulet. Un liquide brun, pas très ragoûtant, mais qui sentait très bon — et aurait bon goût également — à boire. L’assiette que Masthel posait sur ses genoux avait plus de corps ; œufs et lard fumé. Assis en tailleur, par terre, il commença à taillader dans le jaune avec son couteau, et la bouche pleine, fit signe à l’Asur de les rejoindre.

« Venez, Cyssa, venez !
Prenez un peu de pain en passant s’il vous plaît — ah et de l’eau, mince, j’ai oublié la carafe d’eau, je suis sot !

– J’arrive, j’amène tout ça. »

Et la jeune fille arriva avec tout sous le bras. Elle s’assit elle à la table, et non directement les fesses sur le sol.

« Tu n’as probablement pas la tête à ça, mais il va quand même falloir que tu m’expliques plus en détail ce que tu comptes faire maintenant, et ce que tu as pu découvrir.
Il est étonnant de découvrir Skaris en la compagnie de Lhunara, Le scénario s’épaissit…
Qui sait quelle réaction les Lucari vont avoir, dès demain matin ? Ils vont te traquer. Et si Lhunara est la contre-maîtresse du Drachau en personne, elle risque de pouvoir appeler de nombreux mercenaires pour se faire entendre.
Ton employeur ne va pas être content. Pas du tout. »


En entendant ça, Cyssa fit quelque chose d’inhabituel, et peu recommandé pour une Haute-Elfe esclave à Naggaroth ;
Elle ouvrit sa bouche.

« Il serait peut-être intelligent d’informer Trathil Alethi-Fellheart… Elle craint son frère, et lui risque de se mettre en danger, s’il n’est pas au courant.
Dame Trathil n’apprécierait pas qu’on lui cache quoi que ce soit. »

Jet de tristitude d’Ahmès : 2, large réussite
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


La réaction de son maître lui réchauffa le cœur, confirmant ce jeu de pendule sentimentale qui officiait entre eux depuis bien longtemps ; plusieurs dizaines d’années, en vérité. Depuis que l’éphèbe avait quitté les temples pour se former auprès d’un mentor et découvrir les arcanes secrètes et interdites des assassins.
Dolent, misérable, l’éhonté apprenti partît s’allonger dans son couchage et ferma les yeux tandis que son père spirituel et sa servante s’attardaient à concocter de quoi le remettre d’aplomb. Alors que la paupière du sicaire glissait sur le film humide de son globe oculaire, les pensées et les souvenirs se mélangèrent et l’assaillirent.

Il revit la colère froide de Rayth, les yeux perçants de Lhunara, les doigts grossiers de Kandroth, le sourire espiègle de Skaris, et tout cela dansa dans un méli-mélo onirique qui l’accabla de vertiges et de craintes supposées. Une série de flash le remettant face à Lokhir, Trathil, son maître et ceux qu’il avait connu avant lui, le plongèrent dans un état de torpeur alternant entre des moments délicats et d’autres bien plus anxiogènes. Troublé dans son sommeil, il se lova en position fœtale en tentant d’aller chercher plus de chaleur dans son couchage. Un espoir vain. Le froid ne venait pas du dehors. Il était à l’intérieur de ses veines.

Masthel revint à son chevet et la chaleur fumante d’un bouillon de poulet le tira de ses mauvaises pensées. Ahmès se redressa un peu, juste de quoi mettre son corps à l’équerre pour pouvoir avaler ce qu’il y avait dans ce bol en bois de Châtaigner. Quelque chose de rudimentaire mais pas moins efficace, car tout ce que Masthel touchait des doigts se transformait en or.

Les narines de l’apprenti gonflèrent après les premières gorgées et une goutte perla à la commissure de ses yeux, au moment où il réprima un bâillement. Ses iris d’or se posèrent tour à tour sur son maître et sur l’esclave, et les mots qu’ils eurent pour lui ne le laissèrent pas de marbre. Force était de reconnaître son échec. Mais par ruissellement avec cette défaite se tendaient des forces obscures : celles du danger, de la vengeance. Surpris de voir Cyssa ainsi donner son avis, l’elfe noir avisa de considérer l’importance que cette intervention avait pour elle. Il ne faisait nul doute qu’elle cherchait à protéger quelqu’un : elle, les deux assassins, Skaris ou sa maîtresse. Soit. C’était un conseil judicieux qu’il ne laissa pas de côté.

« Il y a toujours des leçons à tirer de ses erreurs et s’il est vrai que je me suis trop avancé avec cette invitation, j’ai pu néanmoins découvrir certaines choses : Lhunara est l’amante de Skaris. Ou plutôt l’inverse. »

Sa voix ne fit remous, ni exagération. Il n’avait plus la force de mettre de l’émotion dans ses paroles, si bien qu’il se contenta de parler. Avec un timbre toujours linéaire, il guetta la réaction de Cyssa.

« Lhunara est une aussi une subordonnée directe du Drachau. Plusieurs hypothèses peuvent être émises mais l’esclave a dit quelque chose d’important : Trathil craint Skaris. Pour le moment, ce n’est qu’un saoulard encore immature. Pourtant, il reste une concurrence sérieuse, surtout si par aventure il décidait de s’unir à une Sombretrait qui bénéficierait des faveurs directes du Drachau. Un mariage puissant et dangereux qui ne profiterait certainement pas à Trathil. C’est comme ça que se tissent les liens de la noblesse : avec des histoires de cul.
Mais ce n’est pas tout. Maître, vous voulez la vérité. Alors je vais vous la dire. »


Il posa le bol et remonta ses jambes. Il donna l’impression de vouloir se rééquilibrer. Il ne s’en rendît pas compte sur l’instant, mais son corps prenait une posture qui lui permettrait de lutter ou fuir en fonction des circonstances.
Tout menu et tout affaibli qu’il était, il regarda Masthel avec crainte en rentrant son menton dans ses épaules.

« J’ai raconté des mensonges. J’ai tenté de faire croire à ces nobliaux qu’un assassin venait à Karond Kar pour y chercher une cible précise. J’avais pour intention de faire naître la crainte en eux. Maître, vous auriez dû voir ce qu’il y avait dans ce taudis. Les Druchiis s’affaiblissent. Ils se livrent au plaisir et ne paraissent plus craindre la mort. J’ai trouvé une corsaire tellement ivre morte qu’elle ne tenait presque plus debout. Je l’ai tué, puis je l’ai décapité pour la punir de cette effronterie : notre race ne saurait tolérer des êtres médiocres capables de croire qu’ils n’ont plus à craindre nos dagues.
Dans le mensonge que j’ai prononcé à la table de jeu, j’ai raconté à quel point cet assassin était capable des pires atrocités. Dans les faits, j’ai explicitement prévenu qu’il s’annonçait en décapitant quelqu’un, puis qu’il s’en prenait aux biens ou aux subordonnés de sa cible, avant de la laisser se confondre dans la peur. »


Le discours ne tarderait pas à prendre sens.

« Maître, si vous me dîtes que vous avez tué treize personnes associées aux Lucari, Lhunara ne va pas tarder à faire le rapprochement. Elle sait que quelqu’un veut attenter à ses jours puisque je lui ai dit : j’ai voulu gagner son amitié en lui faisant croire que je cherchais à la protéger, mais je l’ai fait pour mieux la poignarder dans le dos. Je savais que vous réussiriez ce que je vous avais demandé. »

C’était une méthode perverse, particulièrement insidieuse, mais bien connue des assassins. Gagner la confiance de sa cible était une façon particulière de se rapprocher au plus près d’elle. Et plus la tourmente de la victime était grande, plus le besoin qu’elle avait de se sentir proche de quelqu’un capable de la protéger se faisait sentir : c’était à ce moment privilégier que l’assassin pouvait se présenter avec un petit verre de réconfort, par exemple.
Un verre rempli de poison, évidemment.

Mais le discours du sicaire ne révélait pas que ça. Ahmès avait utilisé son maître en sachant très bien que ce dernier réussirait sa mission. Stratégiquement, il avait placé le mentor sur la dimension la plus complexe de la mission et il avait espéré s’en servir pour augmenter l’impact de ses mots, afin de faciliter son rapprochement avec la Lucari. Mais il avait échoué.
Il avait cruellement échoué.

« Treize personnes, ce n’est pas rien. C’est une démonstration de force que nul ne peut ignorer. Lhunara doit être en train de réaliser qu’un assassin redoutable a jeté son dévolu sur elle. La peur va s’emparer de son esprit. Elle a malheureusement perdu le seul être qui pouvait lui venir en aide : moi. Elle n’est pas aussi dupe que je l’espérais. Elle comptait me mettre aux fers pour me faire cracher le morceau. Son cœur est difficile à prendre.
Alors oui, ses hommes vont éplucher chaque ruelle de cette ville. Elle risque au demeurant de se barricader. »


En l’état, la situation était problématique. Ahmès, pourtant, ne tarissait pas d’idées.

« Cyssa, j’irais voir votre maîtresse pour l’aviser de cette situation. J’ai cependant une mission pour toi.
Je veux que tu répandes des rumeurs parmi les esclaves. Attends un peu que les hommes de Lhunara patrouillent dans Karond Kar : un ou deux jours, tout au plus. La plèbe ne tardera pas à le remarquer. Puis raconte à quel point Lhunara a ridiculisé Rayth Uroxis, et comment elle se croit supérieure à cette dernière, au point que ses troupes se pavanent dans toute la ville au nez et à la barbe de l’Uroxis. Rayth est colérique. Je veux qu’elle entre dans une rage folle. Ne te gêne pas pour glisser aux esclaves des Uroxis à quel point Lhunara est un meilleur parti, raison pour laquelle elle possède les faveurs du Drachau. Nous allons protéger ta maîtresse en tournant le conflit vers Rayth. Son honneur bafoué, elle ne tardera pas à vouloir laver cet affront. Qui sait si ce n’est pas Rayth qui égorgera elle-même Lhunara ? »


Il tourna sa tête vers Masthel.

« Maître, si vous le permettez, je souhaiterais que vous restiez en retrait. Je ne dois plus compter sur vous pour m’en sortir. A la rigueur, si vous avez du temps à tuer, je ne suis pas contre quelques poisons. »

Il inclina sa tête.

« J’espère que ce projet vous semble convenable, ô maitre. Le poisson sortira la tête de l'eau : c'est à ce moment que nous lancerons nos filets. »
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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