[Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Cette cité bretonnienne est également connue sous le nom de Cité des Damnés. Au cours des quinze cents dernières années, Moussillon s’est transformée d’un petit hameau en une vaste et sordide cité. Elle est bâtie dans un endroit particulièrement hostile des rives de la rivière Grismerie. Chaque printemps, les crues balayent les bidonvilles et submergent les rues sous plus de trente centimètres d’une eau fangeuse. Le froid et l’humidité envahissent les moindres fissures : le bois pourrit et se rompt, les pierres s’effritent et les champignons recouvrent tout. Plus de la moitié des maisons de la ville sont vides, témoignage de l’épidémie de choléra d’il y a deux siècles. La ville ne s’est jamais remise de cette hécatombe et est réputée pour être la plus miséreuse de toutes les cités bretonniennes.

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[MJ] Le Naufrageur
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[Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

La valeur d'un homme n'est pas supérieure à la valeur de ses ambitions - Marc-Aurèle, Empereur.



Une dernière chope se vide, un dernier rire s’échappe, une dernière fois la porte se claque. Un peu de fumée humide vient s’engouffrer dans la grande salle, ou du moins, la principale. Des crasses, des déchets alimentaires ou non, de la poussière et des petits ossements viennent décorer le sol et les tables de l’établissement. Le foyer enflammé brûle encore, éclairant la pièce avec comme soutien quelques bougies disséminées dans la pièce. Il reste encore quelques tonneaux de bière, mais l’heure a avancé plus vite que prévu ce soir. Derrière le comptoir, une petite réserve de viande séchée et de poisson frais de la semaine vient parfumer l’endroit d’une forte odeur. Enfin, presque aussi forte que l’odeur de sueur et de suie qui habite et habitera à jamais ce domaine. Cette porcherie se doit de n’être que temporairement aussi adapté aux truies et cochons. La Sirène Chanteuse se doit de garder sa réputation de trou à rats, et non pas d’obtenir celle d’un trou à puces.
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C’est pourquoi une paire de bras doit désormais s’atteler d’une tâche ingrate mais néanmoins nécessaire, le nettoyage. Une ? Non, Morgane Leblé est accompagnée par une autre employée ici, une amie, Madeleine Sans-nom. Elle n’a qu’un prénom, c’est suffisant. C’est une jeune femme, qui vient de débuter sa vingtaine. Une crinière de fauve aussi rousse qu’une Albionnaise arbore son crâne, tandis que sa taille la rapproche plus de l’halfeline. Plutôt charnue, elle ne manque de rien à première vue, si ce n’est d’adresse. Sa tenue révélatrice, partiellement déchirée et recousue en même temps, montre une peau blanche et plutôt intacte. Son visage est simple, plutôt joli en vérité, très joli quand on connaît les femmes Moussillonaises. Elle porte des bijoux en cuivre, collier, boucles d’oreilles, brassards et autres coquetteries communes du pauvre. Madeleine n’a jamais eu trop à se plaindre. Hélas, aussi agréable soit-elle, elle souffre de quelques légers problèmes. L’alcool, oui, mais surtout… Si l’intelligence la pourchasse, elle parvient toujours à garder un train d’avance.

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C’est dans le calme habituel que les deux agrippent des seaux soit remplis d’eau salée, soit vide ainsi que des balais et des brosses. Elles frottent, nettoient avec vigueur et un rythme presque endiablé la taverne. Il faut à tout prix que cela soit fait correctement… pour leur propre bien. Malgré l’habitude de cette tâche presque quotidienne à en enlever, des taches, Morgane ralentit un peu et à du mal à ne pas perdre de temps inutilement. Heureusement, la rouquine n’est pas aussi faible, elle éjecte les crasses à grands coups et nettoie comme un tourbillon le bordel environnant. Grâce à elle, elles ont même un peu de temps d’avance. Une bonne chose pour souffler un coup. Elles rangent le matériel dans les placards, et attendent tranquillement en discutant. Après avoir échangé les politesses habituelles et les compliments à la noix, elles terminent de réinstaller les bancs et tables correctement.

-.... en plus ils sont pas foutu de réparer l’pont, c’t’une vraie horreur de v’nir du trou à cabanes. En plus maintenant y’a d’nouveau des plaintes que y’a plus de place près du cimetière, putain d’clodos, y servent à rien. Mais bon, eux y viennent pas cramer un toit car y’a eu une caisse d’moins. Y chauffent vite aux docks, les hommes.

Pas t’mentir, j’crois qu’c’est ma semaine, ouais. Enfin, si tout s’passe bien hé, je compte pas m’faire claquer l’cul toute ma vie. C’pourrait être pire, oui, comme Anne je pourrais me faire remplir le-


Soudain, la porte s’ouvre en grand, et un homme grand entre dans la pièce. Aussi chauve qu’un chat sans poil, et aussi sympathique qu’un sanglier, animal dont il partage l’odeur, il entre. Sa lourde tenue pseudo-décorée ne cache qu’avec difficulté le petit monticule de gras sur son ventre. Armé à la ceinture, avec une lourde bourse à ses côtés, l’individu s’approche des deux femmes désormais interrompues. Yves le brochet marche de son pas lourd. Son regard, vidé de joie et d’humanité, parcourt la taverne. Un petit sourire de coin, aussi faible que sa gratitude, s’échappe de son visage cruel et dégarni.

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Sa voix rauque, froide mais faible, rattrape les deux travailleuses.

- Elle est assez propre comme ça. Vous pouvez remonter après, normalement les filles de nuit se chargeront du reste. Madeleine ?

- Ouais ?

- Voici ta paye, tu bossais aussi depuis le début de la semaine ?

- Pas le premier jour.

- Hm, ça te fait donc six pièces de moins.

Il agrippe la bourse, et en sort moult piécettes en cuivre après un certain nombre, il en remet cinq dans le sac à peine réduit de sa circonférence bedonnante. L’employée vient donc attraper sa monnaie. Elle repart vers sa chambre, fatiguée après une longue journée de labeur. Les orbites marron du patron se tournent alors vers mademoiselle Leblé.

- Pour toi, Morgane, ton argent va directement dans ta réduction de dette. Il te reste encore une année et deux mois, plus ou moins. Tu y es presque, hehe. D’ailleurs, bonne nouvelle pour toi. Tu changes de chambre, désormais, tu es dans le couloir de gauche, à côté d’Anne. Un client de dernière minute, donc tu bouges tes affaires. Sauf si tu veux finir comme Anne, toi qui vois.

Maintenant dégage le plancher.


L’ordre est clair, elle s’exécute donc, qu’elle ait quelque chose à dire ou non importe peu aux yeux du chef. Yves est un homme véreux et cruel, le sort d’Anne n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Anne est une jeune fille, plus jeune que la sorcière. Suite à un accident, elle a détruit partiellement l’établissement avant que le feu ne soit éteint. Yves après l’avoir tabassé au sang, l’a pardonné. Désormais, elle doit accomplir le travail le plus ingrat qui soit, et ce, pendant encore longtemps… C’est une jeune femme, brune aux yeux de la même couleur que ses cheveux. Son regard est dépressif, une conséquence de sa punition.

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Chaque jour, ou plutôt chaque soir, elle doit vendre son corps sans en tirer le moindre profit. Les marins de Moussillon lui rendent donc visite plus de fois qu’on ne peut le mentionner. Un destin horrible, cruel, en vérité, un exemple. Un exemple de ce qui attend chaque hommes et femmes qui font preuve de faiblesse dans cette ville maudite. Elle va donc chercher ses affaires, et s’installe dans sa nouvelle chambre. Il y a moins de place, mais le lit est plus confortable. Elle compte donc s’endormir après peut-être quelques habitudes de sa part. Son sommeil est rythmé par les bruits effrénés venant de la pièce d'à côté, qui sont parfois suivis de sanglots en attente. La nuit va être longue…

La nuit passe, et elle se réveille plus fatiguée que prévu. Elle s’habille, puis se prépare pour sa journée. Aujourd’hui, elle ne travaille pas. Ça implique donc de la liberté, une chose rare, presque hebdomadaire dans son travail non rémunéré. Elle peut étudier son grimoire, oui, cet ouvrage interdit au cuir noir, aux symboles ésotériques et impies. La connaissance enfermée dedans pourrait être sa solution, sa liberté, son salut, oui. Habituellement, cette idée est l’un de ses refuges, seulement… elle rencontre constamment un problème. Elle n’arrive pas à lire les étranges écrits sur la surface de ce maudit bouquin. Ce n’est pas du Bretonnien, et encore moins du Classique. Elle remarque cependant que parfois, en se concentrant vraiment fort, certaines pages lui paraissent… accessibles. Surtout les notes de l’ancien propriétaire de l’ouvrage. Après tout, qu’est-ce qu’elle a à perdre ? Ce n’est qu’un livre…

Quoi qu’il en soit, elle entend un bruit venant d’en bas, et d’en dehors en même temps. Elle regarde par la fenêtre, et voit Madeleine, habillée d’une cape avec capuchon, qui part et ferme la porte derrière elle. Étrange, elle n’a même pas de panier pour faire les courses… C’est bien la première fois que la démonologue nécromancienne en herbe la voit agir ainsi. Mais qu’est-ce qui se passe. La femme aux cheveux de feu regarde autour d’elle, comme suspicieuse, avant de commencer à partir vers le centre de la ville-basse.
Test d’END(+4) de Morgane : 13, échec de 1. Pas génial ton nettoyage
Pareil pour Madeleine : 2, réussite automatique. Elle maitrise.
En total, (-1+8)7 degrés de réussite, c’est pas mal du tout.

Test de ??? de ??? : 17, conséquence/effet inconnu.
Test de Perception(+2) de Morgane : 5, réussite large.
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Morgane Leblé
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

Chaque jour, sourire devient de plus en plus un calvaire, chaque jour, la façade qu'elle s'est construite est plus difficile à entretenir, le masque s'effrite. Les faux-semblants vont finir par tomber, la vérité qui s'en suit n'est pas belle à voir, car la vérité, c'est qu'elle réclame vengeance. Retenue prisonnière, elle n'aime pas son travail quotidien pour une maigre pitance, sans parler des clients qui ne la respectent pas. Elle raccompagne le dernier client jusqu'à la porte, trop saoul pour marcher seul, elle s'assure qu'il ne casse rien à l'intérieur, quant à l'extérieur, ce n'est pas son soucis. Elle ferme la porte derrière lui et souffle, elle se sent libérée, délivrée. Son cœur, comme suspendu, se remet en marche. Elle frotte et discute, elle se plaint et rigole. Mais surtout, elle discute et rigole pour faire passer le goût amer qui reste en travers de sa gorge. Morgane se montre très intriguée avec Madeleine, elle se rapproche de la serveuse et marmonne à son oreille pour être discrète.

- C'est ta semaine ? Tu comptes pas moisir ici ? Tu veux dire que t'as un plan pour sortir de cet enfer ?

Quand elle entend la clinche de la porte s'abaisser, elle termine son murmure en demandant à Madeleine de lui parler de ses idées pour ne pas moisir dans cette taverne pourrie. Puis, elle s'éloigne et salue son patron en continuant un peu à frotter quelques chopes pour finir, histoire que tout sois impeccable. Elle l'écoute parler avec Madeleine, puis elle l'écoute la traiter encore comme une moins que rien, comme une vulgaire insecte. Mais il va voir ce qu'il va voir. C'est son jour de chance ? Elle change de chambre ? C'est ça. Demain, il en profitera pour dire que la chambre est plus luxueuse et que sa dette augmente en conséquence. Elle hoche la tête et monte les escaliers pour dégager ses affaires.

Dans une petite valise, elle rassemble trois robes, son nécessaire de toilette, son grimoire et quelques babioles accumulées avec le temps. Trois fois rien et rien fois trois, ça fait toujours rien. Elle soulève sa valise sans difficulté malgré ses bras faibles, le petit coffre ne pèse pas plus qu'une plume. Dans son autre chambre, le grimoire reste dans la valise tandis qu'elle range ses robes et son nécessaire dans une petite armoire. Elle se couche sur son lit et se laisse rebondir sur un vieux matelas. À chaque fois qu'elle bouge, l'armature grince. Elle sent que c'est un peu humide au niveau de ses fesses et se décale pour voir ce que c'est. À sa mine dégoûtée, on devine qu'elle n'était pas assise sur une tache d'eau. Y'a même pas d'eau dans cette chambre merdique, elle se frotte la main sur sa robe en dépit d'avoir mieux. Elle retourne le matelas de l'autre côté, secoue les draps et les tournent également. Comme une parodie de son existence, elle a beau avoir retourné tout le bousin, ce n'est pas mieux qu'avant. S'estime t'elle heureuse que ce n'est pas pire. Après s'être déshabillée, elle se couche, sans toutefois trouver le sommeil. Ça tape dans la chambre d'à côté, en imaginant la souffrance d'Anne, elle ne peut pas fermer l'œil. Elle roule sur son matelas, se cache les oreilles sous son coussin, met ses doigts dans ses oreilles pour les boucher, elle chantonne une berceuse qui lui vient de sa mère. Elle finit par s'écrouler de fatigue après plus d'une heure.

Au petit matin, elle décide de suivre Madeleine, certaine qu'elle cache quelque chose. Pour ne pas se faire remarquer, elle se prend un petit panier qu'elle porte à bout de bras et déclare. Elle est fatiguée et pas vraiment de bonne humeur, dans sa tête l'idée de tuer son patron ne cesse pas de la hanter comme un fantôme qui la suit partout.

- Je vais faire les courses !

Discrètement, elle piste la femme aux cheveux roux. Morgane est habillée d'une longue robe noire très légère, mais ample. Par-dessus, elle porte un petit manteau blanc et ses cheveux sont couverts par un foulard gris. Elle marche d'étale en étale, faisant semblant de regarder les marchandises du jour sur les quais.
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[MJ] Le Naufrageur
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Elle se déplace comme une ombre, ou plutôt pierre, balancée par les vagues de côtes en côtes. Les articles sur les étals n’attirent pas son attention, les escargots, mollusques et poissons, on s’y habitue. La démarche de la rousse est plutôt rapide, mais n’est néanmoins pas précipitée. Elle n’est pas en panique ou en désarroi, au contraire. Elle semble… déterminée. De temps en temps elle regarde à sa gauche puis à sa droite. N’ayant pas le choix, Morgane doit emboîter le pas pour ne pas perdre de vue son amie. Il faut dire que ce n’est pas particulièrement facile. La boue la tire vers le bas tandis que les passants obstruent son chemin. Poivrots, marins, manants aussi pauvres que laids et autres rebuts du monde sont partout par ici. Les visages des plus locaux sont souvent déformés, que ce soit par leur mocheté naturelle, ou d’autres facteurs qui eux le sont moins.

Les habitations alentour sont plus que de simples tentes. Elles sont en bois et en torchis pour la plupart. Enfin, quand elles ne sont pas effondrées et en ruine, ou simplement abandonnées, parfois, des têtes dépassent des fenêtres. Observant comme des vautours ceux qui déambulent devant eux, les Moussillonais s’occupent quand ils ne travaillent pas. Ces locaux sont parmi les mieux lotis, car ils sont logés dans leur propre maison. Souvent une grande famille ou deux, certes, mais c’est à eux. La démonologue en herbe remarque même une jeune femme avec trois bras en train de recoudre une paire de braies avec une impressionnante dextérité. Elle a eu de la chance, elle… Pas le temps de s’attarder sur les curiosités locales, sa filature doit continuer.
Une rue typique de Moussillon (sans les gens dedans)
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Au vu de la direction générale que prend la serveuse, il n’y a aucun doute, elle se dirige vers l’une des portes qui sépare Tonneaux-ville de la ville basse. En effet, nombreux sont les gueux qui s’agglutinent aux entrées des enceintes de la ville. Plus on s’en rapproche, plus on remarque des cadavres pendus, crucifiés pour certains, aux murs. Tout le monde n’est pas le bienvenu à Moussillon. Au détour d’un carrefour, la rouquine vient s’exfiltrer d’un grand pas. Surprise par cet excès d'ardeur, la sorcière s’approche aussi. Elle tourne à son tour, quand soudain, une main vient saisir par le col l’espionne. Une lame rouillée mais cependant pointue d’une dague se cale sous sa gorge, avant de se baisser presque aussitôt. Il s’agit de sa camarade de travail, particulièrement fâchée.

- Putain Morgane tu fais chier ! Attendre c’t’était point possible pour toi ?

Elle relâche la jeune femme avant de ranger son arme dans un petit fourreau à sa ceinture. Ses yeux s’assurent qu’aucune surprise ne viendra l’embêter, enfin, aucune autre. Elle croise les bras et tapote le sol avec son pied tandis qu’elle cloue presque Leblé du regard.

- Y fallait vraiment qu’tu t’mêles de tout hein ? Espèce de pie. Urgh, tant pis, t’vas pas me lâcher hein ? Bon, écoute bien, vraiment bien, car là c’te journée m’importe beaucoup-beaucoup.

T’avais d’viné hier, je compte pas continuer à bosser pour c’te fils de pute d’Yves. Mais y me faut un nouveau labeur, c’est pour ça que chuis là. J’veux bien qu’tu restes, mais t’as pas intérêt à me pourrir c’t’opportunité !

Bon, allez, viens, c’est juste derrière là porte qu’y m’attend.


D’un petit geste manuel, elle invite son interlocutrice à la rejoindre. Elles arrivent donc au palier d’une petite bâtisse en bois. En ouvrant la portière, une cour intérieure se révèle. Par précaution, l’une des deux femmes ferme derrière après-avoir regardé une dernière fois le chemin. Aucun intrus n’a osé les filer, enfin, si, mais soit. Une ombre les attend au beau milieu de cette allée cachée des regards indiscrets, un homme. Ni particulièrement grand, ni spécialement large, l’individu est cependant plutôt bien habillé. Sa tenue est aussi propre que sa peau, tachée uniquement de tatouages sur ses mains. Il porte une moustache fine et taillée, ainsi qu’un rasage qui date de hier. Ses cheveux marron longs sont lisses, uniquement dus au gras dedans. Une petite paire de lunettes est au milieu de son nez. Son visage est plutôt allongé, et il n’a pas encore de rides. Ses yeux châtaigne sont en amande, lui donnant presque l’air d’un renard. À ses pieds, un tonneau posé sur le flanc. Il dévisage les deux Bretonniennes, avant de parler d’une voix portée plus par son pif, que par sa gorge.
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- Je pensais que c’était évident que tu devais venir seule, alors pourquoi est-ce que ce n’est pas le cas ?

Euh, bah, Moussillon c’est dangereux, à deux c’est mieux. Puis t’avais pas dit que j’devais pas avoir d’escorte !

Soit, soit. Je peux savoir au moins à qui je m’adresse j’espère ? À moins que ton “”escorte”” ne soit secrète aussi.

Elle s’appelle Morgane, c’t’une amie.

Hm, et bien, je suppose que je me dois de me présenter aussi. “”Morgane””, je suis Neuville-le-Couart.

Je pense qu’il est inutile de tourner plus que cela autour du pot, enfin, du tonneau.

J’offre un poste, un emploi, oui. Je t’en avais déjà parlé avant, Madeleine, mais c’est désormais confirmé.


Je, c’est, c’est fabuleux, qu’est-ce que j’dois faire ?

Pour l’instant, rien. Je connais déjà votre expérience en tant que boniche, je n’ai pas de soucis à me faire pour ça. Je viendrais vous chercher dans deux jours, faite en sorte d’être prête à mon arrivée.

Comme perdu dans ses pensées, Neuville regarde le sol. Il se frotte les yeux avant de replacer sa paire de lunettes. Il fait un signe poli de la main, pour indiquer qu’elles peuvent désormais partir. Il tourne la tête, puis son corps pour regarder quelque chose derrière lui. À sa ceinture, une énorme bourse pend comme un fruit trop mûr. Un petit trou dedans reflète une couleur, de l’or. Un homme qui possède sur lui une telle quantité de richesse n’est certainement pas n’importe qui…. et pourtant…. le Couart n’a pas l’air d’être un grand homme. Il n’est clairement pas de sang bleu. Cependant, sa tenue et sa posture révèlent quelque chose qui est familier, la servitude. On dit que les serviteurs sont les petits miroirs de leur maître. Si un serviteur est aussi bien habillé et bien menu économiquement… on ne peut que faire appel à l’imagination pour deviner son maître. Le binoclard est probablement un Valet, mais de qui ? Perdue dans sa réflexion, la jeune femme remarque que plutôt que partir, la future servante est encore là. Elle agrippe les pans de sa robe et se mord le coin des lèvres, sa voix ose alors sortir.

- J’ai une question, m’sieur Neuville. Est-ce que, vous auriez pas b’soin d’une seconde boniche ?

Ah, je comprends mieux la présence de votre amie. Vous recherchez donc du travail, Morgane ? Et bien, je n’ai pas besoin actuellement d’une seconde paire de main pour nettoyer et entretenir, non.

Ayez du cœur !

Cependant, si Madeleine me laissait terminer… et bien, je crois que je peux peut-être faire quelque chose pour vous, enfin, surtout pour moi à vrai dire.

Mademoiselle Morgane, j’ai une question pour vous.

Qu’est-ce que vous êtes prête à faire, à accomplir, pour ne plus dormir dans la boue ?


Les yeux de Neuville-le-Couart s'illuminent partiellement. Ils ne sont pas vicieux ou chafouins, non. Il est incroyablement sérieux. Sa voix n’est plus nasale, elle s’est éclaircie pour l’occasion. Parfois, il suffit d’une simple question…
Test d’HAB(+1) de Morgane : 20, échec critique. Bon, ça commence très mal :mrgreen:
Test d’INT(+6 à cause de ton échec critique) de Madeleine : 7, large réussite.
Bon bah elle te crame complètement, et elle te confronte.

Test d’INT(+0) de Morgane : 2, réussite automatique. Ainsi que 8 degrés de réussite. Très bien, information entière ajoutée.
Test de ??? de ??? : Résultat caché.
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Morgane Leblé
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

Elle prend soin d'esquiver les passants pour ne pas s'attirer des ennuis et être retardée, nonobstant son attention, plus le temps passe et plus la sorcière baisse sa garde, plus elle se montre imprudente. En peu de temps, Madeleine la découvre et la menace avec un couteau. Morgane ravale sa salive, une perle de sueur coule sur sa tempe à cause du stress, elle lève les bras et répète comme un mantra une supplication.

- Ne me tue pas, ne me tue pas, ne me tue pas...

Quand finalement la rousse la relâche, Morgane pose ses pieds sur le sol et souffle longuement jusqu'à vider ses poumons de tout le stress qu'elle avait emmagasiné, puis elle inspire la joie d'être encore en vie pour profiter de l'air nauséabond des quais.

- J'suis une petite pie plus maline que tu ne le crois. Je sais être utile !

La sorcière a l'air d'être une jeune femme innocente et naïve à qui la vie n'a encore rien prit de valeur, c'est pourtant tout l'inverse, car la vie lui a pris tout ce qu'elle possède. Le tunnel semble si long que la lumière lui apparaît très ténue. Au fond d'elle, elle espère que Madeleine prépare quelque chose de bien, elle espère encore pouvoir se tirer de ce bourbier sans se salir les mains, sans devenir un monstre, en conservant un semblant d'innocence. Toucher à la mort est une chose, toucher à la vie en est une autre. Si la solution de Madelaine s'avère être une impasse, alors le sang d'Yves tâcherait bientôt les presque innocentes mains blanches de la sorcière, résolue à arracher sa liberté à tout prix. Aussi, elle compte bien sauver Anne de son triste sort.

- F'faut aider Anne aussi ! On ne peut pas la laisser avec Yves, on ne peut pas, c'est inhumain, tu comprends ? C'est vraiment ce qu'on veut être ? S'en sortir par tous les moyens quitte à devenir des gourgandines ? Il y a une éthique à conserver, tu ne crois pas ?

On peut sentir toute la résolution de Morgane dans ses paroles. Son choix est fait. Les choses vont changer à partir d'aujourd'hui. La sorcière entre en passant derrière Madelaine, elle referme la première porte derrière elle et regarde les alentours. L'endroit semble abandonné ? Est-ce une sorte d'entrepôt ou plutôt des habitations ? En-tout-cas, son investigation ne va pas plus loin, car elle finit par rejoindre la serveuse dans la cour intérieure de la bâtisse. La sorcière se fait toute petite et ne pipe pas un mot sans qu'on ne le lui demande. Elle hoche la tête à la question du Valet et se présente après avoir fait une courbette révérencieuse.

- J'j'aide à la taverne. Je- je- je s'sers les bières, bégaye-t-elle.

Une vraie froussarde qui perd sa langue. En même temps, elle n'est pas rassurée par la présence de Madeleine et l'homme au tonneau lui fait un peu peur, car elle ne le connaît pas. La situation a l'air peu légale et c'est le genre d'endroit où deux jeunes femmes comme elles peuvent bien vite disparaître. Alors que Neuville confirme l'emploi de Madeleine, Morgane se met à sourire et sautille de joie, elle s'exclame.

- C'est génial Madelaine ! T'es prise !

Cependant et malgré cette courte victoire, un goût amer reste au travers de la gorge, une réflexion importante qui titille son cerveau. Pourquoi tout ça ? Toutes ces dispositions secrètes pour un travail de boniche, n'est-ce pas un peu suspect ? Y'a vraiment b'soin de se retrouver dans un vieux boui-boui pour engager une femme à tout faire ? Morgane n'arrive pas à faire confiance à Neuville et elle se montre manifestement méfiante.

- J'aimerais vous poser quelques questions avant, pour éclaircir quelques mystères m'sieur Neuville. J'discute avec vous, car j'vois que vous êtes Valet ou quelque chose comme ça, on est fait un peu du même bois vous et moi.

Elle prend une grande respiration et se lance.

- J'dois dire que je trouve suspect de se réunir dans un endroit pareil pour engager une boniche à votre maître. Et puis ce tonneau, il contient quoi ? La situation n'est pas claire et je n'aime pas m'engager dans une situation qui me mène vers quelque part dont je ne connais pas l'arrivée, vous voyez ? Vous savez, moi, j'suis prête à rien pour plus dormir dans la fange. Je m'en fou de dormir dans la boue, car ce que je veux, c'est être libre. J'veux pas remplacer un maître par un autre.

Elle racle sa gorge et sourit malicieusement, presque avec narquois, comme si un étrange mal l'habitait soudainement.

- Pour répondre à votre questions, disons simplement que j'suis très ouverte d'esprit et j'aime pas trop me poser des interdits. Je prendrai ma décision quand je saurai ce qu'il faut faire et ce à quoi ça mène. Autrement, je préfère ne pas conclure de marché, veuillez excuser ma prudence M'sieur Neuville. Une dernière chose, y'a une autre fille, Anne. Elle est maltraitée et violée, je peux pas la laisser derrière. Je peux la prendre avec moi ?
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

L’homme aux lunettes est surpris, peut-être même décontenancé par le bagou inattendu de la serveuse aux cheveux noirs. Ce n’est pas le seul à vrai dire, Madeleine écarquille grand ses orbites, la bouche un rien béante. Elle se gratte un peu la tête, ne sachant pas quoi faire de plus pour soutenir sa camarade. Alors elle se tait, et baisse les yeux. Neuville, lui, relève le tonneau sur une de ses surfaces planes et tapote ses mains. Il sourit et acquiesce de la tête, comme satisfait par quelque chose de particulier. Il s’appuie sur la barrique et regarde amicalement la sorcière.

- Et bien, mademoiselle, vous avez plus de verve et de réflexion que votre modeste apparence laisse présumer. Je m’excuse de vous avoir jugé trop rapidement.

Pour l’endroit, c’est très simple. J’ai dû le racheter récemment, et je suis en train de faire un état des lieux. Bien sûr, ça prend du temps, c’est pourquoi j’ai invité Madeleine à me rejoindre ici, afin d’éviter un aller-retour supplémentaire. Oui, ce n’est pas très palpitant, je sais.

Pour ce qui est du tonneau…


Il dégaine un petit burin qu’il utilise pour forcer le couvercle de celui-ci? Une odeur plutôt mauvaise et forte vient attaquer les narines de tout le monde. Une substance visqueuse et brune est contenue. De la cire animale, en grande quantité. Il referme le tonnelet et pose le burin dessus.

- Je refuse catégoriquement d’avoir comme environnement un bois en mauvais état, c’est pourquoi je compte polir et poncer l’endroit. Ça risque de me prendre du temps, mais c’est nécessaire. C’est à tomber malade, l’humidité et les moisissures, ça me débecte.

Je digresse, mes excuses. Votre méfiance est une preuve d’intelligence et de sagesse, je ne vous en veux donc pas. Cependant, de ce que j’entends, je peux vous certifier qu’il s’agit d’un véritable emploi. Vous serez donc payée, et si un problème venait à apparaître, vous pourrez démissionner. Bien sûr, je ne le recommande pas au vu de la région. Si j’étais venu chercher des esclaves, je ne serais pas ici et vous non plus.

Je suis… intrigué, oui. Vous dites que vous vous moquez de dormir dans la boue, et je trouve cela très dommage. Je pense que vous méritez d’être plus qu’une simple mendiante dans la rue à manger des cailloux.

Cependant je suis particulièrement heureux d’entendre que vous êtes prête à faire les choses, même si c’est… rejeté par la société. Tant mieux, après tout, on ne fait pas une bonne omelette si on a peur de casser des œufs.

Malgré votre manque de scrupule, vous désirez quand même aider quelqu’un. Une main de velours dans un gant de fer, ça me plaît. C’est exactement ce qu’il me faut.

Cependant, je ne peux pas mentionner avec précision la nature de la tâche, une question de sécurité, oui. J’ai besoin d’aide pour accomplir des tâches qui sont risquées, oui. Le genre qui peut mal tourner. Ce n’est pas non plus quelque chose d’extrêmement dangereux. N’exagérons rien. Madeleine ?


Oui m’sieur ?

Je te congédie, laisse nous.

Euh, d’accord, prends soin d’toi Morgane.

Sur ces mots, la rousse prend la poudre d’escampette et s’en va immédiatement après une petite révérence de la tête. Alors qu’elle repart, le Valet commence à allumer des lampes accrochées contre les murs. La lumière révèle alors ce qui était caché par les ombres. Un petit préau protège une grande table rectangulaire en bois. Dessus, des documents nombreux et variés, ainsi qu’une carte en peau animale. Dessus, tracé à l’encre, Moussillon, la ville maudite est représentée d’un point de vue aérien. Ce genre de bien coûte une fortune, simplement par sa rareté. De plus, la plupart des papiers sont écrits et signés correctement. C’est une véritable base d'opérations. Le Couart se tient entre elle et la table, il range plusieurs papiers dans une boîte et se tourne alors vers la démonologue nécromancienne en herbe.

- J’ai besoin d’un, ou d’une, agent sur le terrain. J’ai besoin d’information, oui, mais surtout, je nécessite que certaines tâches soient accomplies. Bien sûr, ces activités touchent souvent la ligne qui sépare le légal, de ce qui ne l’est pas.

Au vu de votre lumière intérieure, je vais déjà répondre à la prochaine question. Pourquoi ? Une très bonne question. Ces tâches sont accomplies au nom de quelque chose de juste, de digne et de nécessaire. Et je peux mettre ma main à couper et le jurer haut et fort, cet effort va bénéficier le peuple de cette terre. Les détails me sont interdit, mais voilà.

Bien sûr, quand il y a des gagnants, il y a des perdants. Ceux qui vont perdre, beaucoup, ce sont les responsables d’un grand mal qui empoisonne cette ville. La racaille, les grands voyous et manants qui sucent le jus du fruit comme des vers dans une pomme.

C’est donc dangereux. Enfin, ça peut le devenir si les choses se passent mal.

Je crois fermement qu’un travail mérite salaire, et qu’un travail dangereux mérite un salaire à la valeur de ce qu’il apporte. C’est pourquoi j’ai une offre.

Le salaire sera conséquent, quarante sous par mois. Soit deux écus d’or ou quatre cent quatre-vingt deniers. C’est plus que généreux, mais je pense que ça le vaut bien. De plus, vous pourrez loger dans une des pièces de la bâtisse sans frais. Je ne fournis pas la nourriture cependant.

Si vous acceptez de travailler pour moi, je peux essayer de régler le problème de votre, hmm, amie, Anne. Son sort est regrettable, oui. Le choix est le vôtre, Morgane.


Neuville-le-Couart tend la main, ses tatouages apparents et un petit sourire aux lèvres. Il semble cependant très professionnel, comme avant. C’est probablement le genre d’homme qui vit pour travailler et non pas l’inverse.
Test de CHA(+0) de Morgane : 1, réussite critique. Effectivement tu fais mouche et pas qu’un peu.
Test d’INT(+0) de Morgane : 4, large réussite.
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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Morgane Leblé
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

En écoutant les réponses de Neuville à ses nombreuses questions, Morgane se montre froide et inquistrice, à la recherche d'indices ou d'incohérences dans son discours, elle réfléchit comme une spectatrice sévère qui cherche à démasquer les illusions du prestidigitateur sur la scène. Mais la sorcière se montre curieuse envers la proposition de l'homme, mais elle connaît déjà sa réponse, mais se comporte avec surprise, et intérêt au fur et à mesure du discours, pour lui donner l'impression de ne pas perdre son temps à convaincre quelqu'un de déjà convaincu.

- Vous me surestimez monsieur, lui assure t'elle.

Elle a envie de surjouer, d'ajouter qu'elle n'est qu'une fille de taverne, une petite idiote qui ne veut pas de problème, mais cela revient à faire du sarcasme et à implicitement lui avouer qu'elle est plus que ce qu'elle prétend être. Personne ne doit savoir la vérité sur ce qu'elle est, dans le but de conserver son secret et de ne pas attirer l'attention, elle préfère en dire le moins possible.

- Excusez-moi, mais vous êtes dérangés par l'humidité et les moisissures à Moussilon ? Je veux dire, m'sieur, c'est un port, il n'y a que ça ici, de l'humidité et de la moisissure.

Bien qu'elle ne soit pas plus étonnée que ça par l'aversion de Neuville, cela ne fait que confirmer sa provenance d'un milieu aisé, peut-être même ne vient-il pas de Moussilon, mais alors pourquoi cet intérêt pour la ville et pour une petite serveuse, comme Madeleine, venue de nulle part ? Depuis quand un noble ou un bourgeois se préoccupe-t-il des petites gens d'une pareille ville maudite ?

- Vous ne pouvez préciser la nature exacte de la tâche ? Souligne t'elle en fronçant ses sourcils, intriguée et dérangée par cette affirmation qu'elle répète pour le souligner.

Malgré tout, Morgane ne fait toujours pas confiance à Neuville, au contraire, plus la conversation avance, plus les questions deviennent nombreuses, ce qui n'est pas de bon augure au goût de la sorcière. Elle n'aime pas les questions, elle préfère les réponses.

- Prends soin de toi Madeleine et fait attention à toi en rentrant d'accord, les rues sont effrayantes pendant la nuit, grimace t'elle.

Morgane adresse un véritable sourire à la serveuse, elle est vraiment inquiétée par la sécurité et le bien-être de son amie. Tandis que la rousse s'en va, Morgane se tourne vers le préau et se penche au-dessus de la carte de la ville en étant ravie de prendre un petit bain de lumière dans un océan d'obscurité.

- C'est quand même mieux comme ça, dit-elle.

Elle n'apprécie pas trop le Couart, mais elle doit bien avouer que sa proposition est tentante. Un boulot pas trop dangereux et plutôt bien payé, ça pourrait l'aider à se remettre sur les rails et à payer ses dettes envers Yves. Tandis que l'homme tend sa main pour conclure un accord, Morgane reste encore un peu évasive, elle ne cache pas son hésitation au Couart. Après quelques très longues secondes à s'observer dans le blanc des yeux, elle finit par acquiescer.

- Je peux le faire et je veux bien le faire.

Elle hoche la tête et lui serre la main avec énergie et détermination, elle se montre d'ailleurs assez professionnelle, plutôt sûre d'elle dans son engagement envers lui.

- Quelle est la suite m'sieur ? Si mon énergie et mon ambition ne vous dérangent pas, j'aimerai commencer le plus tôt possible et ne pas attendre demain. De toute façon, les petits boulots à la limite du légal s'accomplissent plus volontiers durant la nuit, n'est-ce pas ? Au pire, je peux sûrement aider à nettoyer cette maison pour en faire une vraie base, non ?

En premier lieu, Morgane veut satisfaire sa curiosité à propos du Couart et du travail qu'il offre, mais aussi parce que son esprit fonctionne mieux la nuit et que le sommeil porte conseil. Elle préfère déjà savoir ce qu'elle doit faire dès ce soir pour se laisser la nuit à réfléchir sur la façon de procéder. Cerise sur le gâteau, tous les employeurs aiment quand leurs travailleurs montrent de l'entrain et de l'impatience pour travailler, c'est une façon de bien lécher les bottes du Couart et de se faire apprécier par lui.
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Le valet offre fermement sa poigne sans pour autant être désagréable avec sa nouvelle employée. Son sourire, autrefois petit et discret, et désormais grand, révélant ainsi ses dents légèrement jaunies mais néanmoins complètes. Il repousse ses lunettes en haut de son nez, et se fait un petit signe de la tête, invitant l’ancienne tavernière à ses côtés. Il marche quelques pas au milieu de la cour intérieure, avant d’arriver devant une épaisse porte en bois menant vers l’intérieur de la bâtisse.

« Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi. Autrefois, je vous l’aurais bien dit la tête haute, sûre de moi. Mais cette ville ne connaît pas la loi, enfin, pas depuis la Tragédie. »

Il ne fait aucun doute de ce qu’est la tragédie que mentionne Neuville, pas un seul Bretonnien n’ignore ce qui est arrivé à Moussillon. Trois ans de siège, une peste mortelle, une malédiction sur la terre elle-même. Le Duc Maldred et sa femme ont beau être morts tous les deux, leur ombre planent encore sur la région comme un vautour autour d’une carcasse. Une ville, autrefois un joyau de la grandeur Bretonnienne, n’est plus qu’un murmure glacial dans l’histoire. Plus de deux siècles se sont écoulés depuis.

« Je ne crois pas dans la Loi du plus fort, qui en réalité n’est qu’une tyrannie déguisée en droit absolu. Je crois dans la loi du juste. Mais qui l’est ? Je ne peux en être certains, mais ce n’est certainement pas des esclavagistes, trafiquants d'opiacés, racketteurs et autres parasites qui emplissent cette terre ! »

Il lève le poing, avant d’ouvrir la porte avec une clé particulièrement simpliste. Derrière, une petite pièce, peu éclairée par deux fenêtres. Un lit simple, mais néanmoins fait d’un vrai matelas, couverture et oreiller. Une petite table de nuit avec un compartiment est à ses côtés. Au sol, un tapis de paille bruni et séché est présent pour débarrasser les chaussures de la crasse. Le sol est en bois, et contrairement à une bonne de la ville, n’est pas rongé par la mousse, vermoulu, troué, ou les trois en même temps. En face du lit, un coffre sans serrure, plus proche de la malle que du coffre-fort, et un divise-pièce, pour se changer à l'abri des regards indiscrets. La vitre, bien que propre de l’intérieur, est particulièrement salie de l’autre côté. Un choix souvent volontaire quand il n’y a pas de volet, afin de ne pas voir la laideur de l’extérieur. En parlant de voir la laideur, un miroir, craquelé, est sur un meuble adapté à droite de la chambre. Une petite bassine, quelques petits pots, et un grand pot de chambre s’y trouvent, formant un ensemble particulièrement ingénieux.
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C’est une véritable chambre de boniche, oui, mais en comparaison au misérable placard de la taverne, c’est du grand luxe. Plus spacieux, bien plus propre, et bien écarté des docks, ce qui implique plus de calme, cette chambre est le véritable trésor de l’emploi offert par Le-Couart.

« Voilà, grande et confortable, et surtout, tranquille à souhait. Je ne peux pas offrir mieux ou pire comme logement, il n’y a que deux chambres ici. Pour la nourriture, il faudra vous débrouiller toute seule, mais je suis certain que ce ne sera pas un problème. Vous pouvez emménager ici dès que possible.

Je laisse la clé sur la table de nuit, elle ouvre aussi la porte d’entrée de la cour intérieure. Attention à ne pas la perdre, je ne connais qu’un seul orfèvre qui en fabrique, et je préfère tomber malade que de le revoir…
»

Il frotte ses yeux, sa mine délavée par son imagination. Il fait un petit signe poli de la main; pour s’excuser de son expression plus que discutable.

« Pour la suite, et bien, c’est compliqué. Suivez-moi. Oh, je dois préciser cependant que je suis à cheval sur la procédure. Un comportement sain, implique des relations saines. »

Ils repartent dans la cour intérieure, sous l’arche où sont entreposés les documents divers et variés en la possession du maître des lieux.

« Vous pouvez commencer à prendre l’une des brosses, et cirer les murs intérieurs. Normalement, avec un bon rythme, en une seule journée, nous n’aurons plus aucun risque de voir la structure s’affaiblir. Je vais m’occuper de ranger les documents à leur place. Id est dicere, dans mon bureau, qui est aussi mon habitat. Vous aurez les détails une fois que tout cela sera… en place. »

Ses mots sont ses ordres, et ils sont bien clairs. S’armant d’une brosse aux poils durs, ainsi que d’autant de cire que d’huile de coude, Morgane Leblé se met à frotter les planches avec vigueur. De haut en bas, elle enlève la saleté, tout en protégeant la façade des futures intempéries grâce à une armure brune et visqueuse, qui s’imprègne à jamais dedans. Cet effort la fait un peu suer, mais rien qui ne puisse l'impressionner. Elle a déjà dû faire bien pire, oh oui, Yves s’en est assuré personnellement à maintes reprises. Les heures passent, et avant même que le soleil ne commence à se coucher, la sorcière a déjà fini sa tâche. Elle entend parfois son patron grommeler, il ne fait guère de doute que le rangement s’avère plus complexe que prévu. Plusieurs fois, dans un seau cerclé de fer, il jette des déchets en dehors de la cour intérieure, sur la rue. Suite à un avis éclairé de Neuville, elle part chercher ses affaires dans son ancien logement.

Sur la route, alors que l’après-midi bat de toute son intense activité dans la ville, elle rejoint la Sirène Chanteuse. À cette heure-ci, bien peu de monde s’y trouve. Les marins sont encore aux nombreux docks, et les autres locaux travaillent, enfin, si on peut appeler des magouilles pareilles comme étant des travaux. Elle monte à l’étage, et rentre dans la pièce moisie qui lui servait de nid. Faisant ses affaires, elle entend quelques bruits venant de la pièce d'à côté. Après plusieurs secondes de silence, des sanglots viennent le briser. Avant même que la démonologue n’ait eu le temps de faire quoi que ce soit, des lourdes bottes résonnent de l’escalier d’en face. Yves…

Ne pouvant le confronter ainsi, elle descend les escaliers, sa malle à la main. Ici, la Sirène ne chante pas, elle pleure. Sur trois jeunes femmes, deux ont réussi à s’échapper des griffes du Brochet. La magicienne espère peut-être un peu, qu’un jour, les trois seront libres. Elle retourne à la ville-basse, près de la frontière de Tonneaux-ville. Elle rentre à la base, et range tranquillement ses affaires. L’après-midi est presque entièrement entamé, la lumière se raréfie petit à petit, et les nuages gris deviennent noirs. L’ambiance ténébreuse est adaptée à un travail qui ne veut point être éclairé. Le binoclard et la brûlée se retrouvent enfin, et discutent, devant la carte.
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La légende ainsi que de nombreuses annotations sont entièrement illisibles, de par leur écriture en Classique, mais aussi de l’utilisation d’acronymes mystérieux.

« Bien, Morgane, je crois qu’il est sincèrement temps d’expliquer votre première tâche. Un gang sévit depuis quelques années dans la ville. Cruels au point de débecter leur comparses, ce sont les Écorcheurs. »

Ce n’est pas la première fois que la femme aux cheveux noirs entend ce nom, et elle est désormais certaine que ce n’est pas la dernière fois. Comme toutes les bandes criminelles, ils infestent la ville à la recherche de marchands à “protéger” en échange de coquette somme. Les marchands se trouvant au port, ils sont juste derrière. Elle n’a jamais vu la raison qui leur vaut leur nom, une bonne chose, d’après Madeleine. Les crochets qu’ils portent sont de mauvais augures…

« Ces satanés marauds sont une véritable plaie béante autant pour la population que pour les projets à venir. Il faut donc les affaiblir, retirer la pustule afin de réduire l’infection. Le problème étant, retirer une pustule ne retire pas les autres, qui reviennent à la charge peu après. Je vais être plus claire.

J’ai besoin de savoir où se trouve leur cache principale. Leur stock, leur réserve, leur inventaire en somme. Ils ont gardé, comme les autres bandes, le secret de sa localisation. C’est là que vous intervenez, Morgane.

Obtenez toutes les informations que vous pouvez. Espionner leurs lieux de rencontre, écoutez les bruits de couloirs des docks, partez en chasse de la flèche à mon arc, l’information.

Je suis conscient de la taverne qu’ils occupent habituellement, la Chaîne de Chêne. Cependant, leur cache principale ne peut pas s’y trouver, pas assez de cargaison qui y rentre. Bien sûr, ils rodent tout le temps au port, ainsi qu’aux docks.

Ces différents endroits me semblent être des bonnes pistes. Nul ne doit savoir pour notre mission, est-ce clair ? Bien. La question étant, par où voulez-vous commencer ? Des idées, des méthodes préférées ? Je préconise d’être flexible et de s’adapter, mais peut-être qu’une ligne de conduite claire vous est plus adaptée ?
»

Il secoue un peu sa main, de plus en plus lentement, invitant son espionne à émettre une opinion, complexe ou non.
Test d’END(+4) de Morgane : 5, large réussite.
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par Morgane Leblé »

La sorcière rentre dans la chambre sans s'aventurer plus loin que le palier de la porte. Elle croise ses bras sur son ventre et prend quelques secondes pour observer les différents meubles, mais surtout pour constater la propreté des lieux sans aller chercher la petite bête dans les recoins de la pièce. Après avoir examiné les meubles et la propreté de sa chambre, elle fait un hochement de tête en direction du Couard.

- Possédez-vous un double des clefs de cette chambre ou bien cette clef, dit-elle en empoignant la clef sur la table de chevet, est-elle le seul exemplaire ? Cela me rassurerait que vous ne possédiez pas un double des clefs de ma chambre.

Bien sûr Morgane s'inquiéte pour sa sécurité et préfère ne pas s'endormir dans une chambre dans laquelle un homme qu'elle ne connaît pas a accès, toutefois cette inquiètude ne vient qu'en seconde position, car ce qui lui importe encore plus c'est cette tranquilité soulignée par le Couard, Morgane veut être certaine que le Couard ne soit jamais prit par l'envie de fouiller sa chambre et par mégarde découvrir ses activités sorcières. Par une sorte de précaution excessive et paranoïaque, elle s'assure donc une deuxième fois auprès du Couard qu'il ait bien compris son besoin d'intimité.

- Comme vous pouvez le constater depuis le début de notre rencontre, je suis excessivement prudente.

Le mal est partout et les ennemis d'une sorcière sont nombreux en Bretonnie, elle ne l'ignore pas, ayant vécu cachée par ses parents dans une forêt, toujours alertée par ceux-ci sur les dangers du monde extérieur, elle a été éduquée dans un environnement qui a toujours su cultiver cette paranoïa chez elle, Morgane n'a jamais connu autre chose que de s'imaginer que son voisin veut lui planter un coup de couteau dans les reins. Malgré quelques réflexions pénétrantes, un calme apparant, on ressent avec facilité tout son côté anxieux. Malgré tout, cela ne l'a pas empêchée d'être assez naïve en arrivant à Moussilon, mais on ne l'y reprendra plus !

- Votre bureau est la seconde chambre dont vous avez parlé plus tôt, demande t'elle au Couard, intriguée.

Morgane se demande quel travait peut-il bien produire pour purger la cité, à quoi peut bien lui servir son bureau ? Comment occupe t'il ses journées ? Elle se pose tout un tas de question et ne lui fait confiance qu'en surface, elle n'arrive pas à avaler que quelqu'un soit vraiment intéréssé par le fait de purger la cité de ses criminels, elle continue de penser qu'il cache des choses et ne dévoile pas son véritable objectif. Ironique venant de la sorcière qui s'assure deux minutes plus tôt d'avoir toute son intimité pour pratiquer ses secrets en toute tranquilité. Soudainement, Morgane se prit à philosopher quelques instants avec le Couard.

- Je ne suis pas forcément d'accord avec vous, je ne comprends pas grand chose, mais pour avoir déjà réfléchit au sujet, le droit du plus fort n'est-il pas le plus juste et le plus naturel qui soit Monsieur le Couard ? N'est-il pas injuste de punir les plus forts pour avoir exercé leurs forces sur les plus faibles ? Punissez-vous l'ours pour avoir mangé la biche ? La justice humaine est une affreuse création contre-nature qui protège la faiblesse contre la supériorité de la force. Si un arbre à la puissance de pousser plus haut que les autres, on ne devrait pas le couper pour le rabaisser au niveau de ceux qu'il surpasse.

Elle s'arrête un instant, sort de la pièce de la chambre et ferme la porte à clef derrière elle, elle marche quelques instants et continue.

- Maintenant, que j'y pense, votre justice est-elle vraiment si différente de celle des truands que vous exécrez ? Vous vous apprêtez à entrer en guerre contre eux pour les exterminer, vous allez imposer votre force aux autres, si vous êtes plus forts, vous gagnez et vous imposez votre justice aux perdants. Voilà la réalité de ce monde.

Elle sourit et croise ses mains devant sa taille, puis elle répond à sa propre question, toujours en s'adressant au Couard.

- La différence, ce sont les fondements et les principes qui sont à l'origine de votre justice, ne trouvez-vous pas ? Il se trouve d'ailleurs que j'ai un peu de mal à croire que ce qui fonde votre désir de détruire les truands de la ville soit la justice elle-même. Je parie que c'est plutôt une affaire de vengeance.

Elle passe ensuite une partie de sa nuit à brosser les murs de la bâtisse et à nettoyer le plancher pour rendre l'endroit un peu plus vivable. Elle exécute la mission avec brio, il faut dire que Morgane est une habituée du travail domestique, les serpillières et les brosses n'ont plus de secrets pour elle. Avant de retrouver Neuville pour parler de sa mission, la sorcière s'enferme quelques instants, pour pas plus de vingt minutes se dit-elle, dans sa chambre et se couche pour faire une courte sieste, histoire de se reposer un peu après tout ce chantier. À cause de la fatigue, Morgane ne se réveille pas comme escomptée et passe une agréable nuit enveloppée dans des draps et couchée sur un matelas bien plus confortable que ce qu'elle connaissait à la Sirène. Le lendemain matin, elle reprend le travail auprès du Couard pour récurer l'établissement et faire briller le bois comme du sous-neuf. Elle fait une pause sur le temps de midi et s'arrête au marché pour manger quelque chose avec quelques économies qu'elle avait sur le côté. Enfin, au milieu de l'après-midi, elle rentre à la Sirène, évite son ancien employeur, récupère ses affaires et range sa chambre. Elle place ses sous-vêtements à l'intérieur de la table de nuit, ses robes dans l'armoire et son grimoire magique dans le coffre de rangement de la chambre. Pour l'instant, elle ne possède que le strict nécessaire. Elle trouvera une meilleure cachette à son grimoire plus tard, pense t'elle, avant de rejoindre le Couard pour parler de sa mission.

- Hé bien votre flèche va se rendre aux Docks et à la taverne pour laisser traîner ses oreilles là où elle ne doit pas. Il ne vous faut pas l'information dès aujourd'hui, n'est-ce pas ? J'ai le temps d'aller fureter et de tâter le terrain ?

Morgane souhaite faire une promenade sur les Docks, prendre son petit panier, sa petite bourse, regarder les comptoirs des pêcheurs et leurs poissons du jour, s'arrêter devant un très beau poisson un peu plus longtemps alors que quelques hommes discutent de ce qui l'intéresse un peu plus loin, faire une pause dans un recoin du port pour observer les allers et les venues des marchandises qui arrivent à Moussilon, pour terminer sa journée à la Taverne et boire une petite bière au Chaîne de Chêne.
Morgane Leblé, Voie du sorcier illégal
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Re: [Morgane Leblé] La sorcière et le crapaud

Message par [MJ] Le Naufrageur »

Malgré la rhétorique aiguisée de la jeune femme, son interlocuteur ne daigne pas y répondre. Bien trop occupé à penser à la suite, il ignore mademoiselle Leblé et reprend la suite. Cependant, son attention sur sa flèche, autrefois bien légère, est désormais en cette fin de journée, totale. Bien que cela ne soit point possible, il semble goûter avec ses oreilles les mots. La simplicité de la proposition de Morgane, lui fait acquiescer lentement, mais sûrement de la tête. Il approuve sans aucun doute cette méthode classique, qu’est de faire balader ses oreilles là où les mots sont échangés le plus, en public. Il sourit presque, avant de se raviser sur cette expression supplémentaire.

« Très bien, ne vous mettez pas en péril, et il est probable que cela sera réciproque pour la mission. »

D’un geste poli, il indique par sa paume la sortie du bâtiment. Tournant les talons, il se penche littéralement sur sa paperasse, et sur sa carte. Depuis la dernière fois, celle-ci est désormais annotée d’un bout de parchemin, posé dessus. Malgré le plissement de ses yeux, l’ombre de Neuville cache ce qui est écrit sur le papelard. Rien d’important, probablement…

Sans attendre plus longtemps, la jeune dame part faire sa promenade. Si elle était autre part qu’au Moussillon, cela aurait été une promenade de santé. Pas ici, non. Car la santé, c’est bien ce qui manque à cette ville, à ce Duché, peut-être même à ce pays tout entier. L’air extérieur, humide, donne l’impression de salir les poumons de ceux qui le respirent trop. La laideur des individus qui marchent dans les rues, sont à l’image de tout ici. Tout ? Non, quelques exceptions, comme Morgane, Madeleine, Anne, et quelques autres qui arpentent cette cité. Cependant, plus on s’approche des docks, plus la majorité des citadins ne souffrent que d’une forme de comorbidité généralisée. Enfin arrivée, panier en main, elle se trouve devant les nombreuses constructions en bois posées sur l’ancienne pierre. Ces arches et ponts débouchent tous sur la Grismerie.

Ce fleuve, est détruit. Seul ce mot peut convoyer la mort, l’infection, le cumul de détritus d’ordures et parfois de cadavres, qui s'écoulent lentement. Sa couleur aquatique lui semble venir de son nom, ou peut-être est-ce l’inverse. Malgré que ce cours d’eau des damnés est ainsi, il reste néanmoins le seul réel espace portuaire naturel de la ville. Des dizaines de navires, grands, petits, peints ou pas, sont accostés. Les hommes de la mer y sont nombreux, et les marchands tout autant. Colporteurs et camelots, propriétaires à riches succursales, artisans et parfois prétendus artistes, tout le monde trouve son compte, tout le monde.
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Vagabondant d’étalages en étalages, la sorcière remarque aussi les gangs. Composés principalement de jeunes, ils marchent et s'assurent que les uns ne dépassent pas les limites imposées par le sang coulé précédemment. Ainsi, chacun de ses groupes de vauriens à des guets, des gardes, des racketteurs et des coupes-bourses. Comme des prédateurs sur leur territoire, ils veillent au grain. Enfin, surtout si ce qui passe est intéressant. Une pauvre jeune femme, n’a aucune valeur à leur yeux. Habillés de guenilles, d’armes improvisées, de tatouages et de beaucoup de témérité, ils avancent entre les chemins de bois et de boue.

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Par réflexe, et par prudence, Morgane Leblé regarde discrètement autour d’elle. Les gens sont nombreux sur ce plancher, un peu trop d’ailleurs. En face d’elle, sur le quai Est, une dizaine de ces criminels arrivent, des intentions malignes dans leurs yeux. Derrière, à l’Ouest, une autre bande similaire, fait de même. Un piège en étau. D’autres, comme elle, sont assez malin pour reculer et partir vers les maisons. Certains ne le sont pas autant. Des mains viennent se poser sur des épaules, tandis que d’autres viennent gentiment saisir des biens intéressants. En fonction de la réponse, un barrage de coups cruels et vicieux vient s'abattre sur les malheureux qui résistent. En regardant attentivement, ses criminels ont tous un point commun, ils arborent sur leurs habits, des crochets.

Reprenant sa route, la Bretonnienne passe à côté, mais pas si près que cela, d’un de ses groupes de flibustiers terrestre. Elle parvient cependant à entendre une phrase que l’un prononce à un de ses camarades, en train d’écraser les noix d’un homme à terre.

« Allez, s’pèce de branque, faut bien remplir la cuve héhé. »

Sur cette étrange remarque, elle continue sa route. Cependant, à part quelques ragots aussi inutiles qu’ennuyants, ses oreilles baladeuses ne captent rien de plus en lien avec sa tâche. Tant pis. Sans s’en rendre compte, le temps à filé et la nuit se rapproche petit à petit. La fin de journée s’annonce, et la damoiselle en guenilles se rend dans une taverne. Cependant, pas n’importe quelle taverne. La Chaîne du Chêne, grand bâtiment miteux, est au coin de la rue du charpentier. À l’intérieur, beaucoup de monde a déjà entamé la soirée, et au vu de certains, depuis le matin précédent. Au vu de l’épaisseur des murs, il devrait y faire froid car il n’y a pas de cheminée ici. Cependant, quand on est sous l’aile d’un dragon, il fait chaud, très chaud.

Une dame grande et large d’épaule, au bandana rouge et à la pipe fumante, se balade entre les tables. Plateau armé à la main, tatouage de cœur au bras, hachoir à la ceinture, elle est bien différente des employées et anciennes employées de la Sirène Chanteuse. Le crâne infantile portant une bougie sur son épaule est très clair sur le genre de femme qu’elle est.

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Ici, une pinte de bière coûte quatre deniers. Un prix élevé au Moussillon, surtout pour la qualité médiocre des boissons. Elle revient avec une pinte pleine pour Morgane, assise sur un des trois comptoirs. Le goût est horrible, mais alcoolisé. Ils ne coupent pas la bière ici, tant mieux. Malgré l’arrière goût aussi rude qu’un caillou, c’est buvable. Pas mal.

« T’inquiètes pas, tu t’y feras. »

Surprise, elle tourne la tête et à sa droite, un homme est lui aussi assis, une pinte posée devant lui. Grand, son chapeau tricorne à deux plumes y ajoute un peu plus de taille. Une longue mais point épaisse barbe descend de son menton. L'œil marron, et le sourcil épais, un détail vient instantanément capter l’attention de l’espionne. Quand il tourne la tête, il révèle que presque la moitié de son visage, tout le flanc droit de celui-ci, est brûlé. Son air est terrifiant, ses traits étant déformés, et similaire à un morceau de viande mal cuit. Sur son épaule, un oiseau exotique rose à la queue pourpre regarde autour de lui, avant de lui aussi fixer ses orbites bien ouvertes vers la sorcière. Aux habits marins, et bien entretenu, c’est probablement un loup de mer.
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Il tapote sa joue, et sourit littéralement à moitié l’autre brulée.

« Le plus dur, c’est quand on dort sur le flanc. Tu as eu de la chance. Ton minois a été presque épargné. Moi je suis juste heureux de pas être mort. Je te la fais courte. Attaque de bateau, je défonce la porte de la chambre du capitaine. Ce salopard avait un canon chargé juste devant. Il tire, j’esquive, le souffle de la poudre me crame. À ça de me prendre un boulet de douze livres.

Et toi ?
»

Sa voix est granuleuse, et dure. Il est calme, et pourtant semble en colère, naturellement en colère. C’est étrange. Il regarde la jeune femme, et bois une gorgée de plus en attendant la réponse, sans pour autant détourner ses yeux. L’animal glousse.

Test d’INT(+2) de Morgane : 19, échec automatique. Tu n’as pas réussi à lire ce qui était écrit sur le parchemin.
Test d’INI(+1 car Bas Fond) : 5, réussite avec de la marge. Tu parviens à ne pas être prise lors de la rafle.
Test de VOL(+4) de Morgane : 18, échec. L’homme te fais peur, tu n’es pas sereine.
-4 sous de cuivre pour la bière, et oui, on tient les comptes ici.

Allez, c'est le moment d'être... ce que tu veux :mrgreen:
Pour les fous qui désirent me rendre visite aux récifs.

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