Précédemment...
Le soleil vient de se lever sur la grande cité et capitale de Bretonnie: Couronne. A l'intérieur d'une des dizaines d'auberges qui constellaient la ville, dans une simple chambre ne payant pas de mine, Martin de Mavignon finit de se préparer et de ranger son équipement.
Il faut dire qu'il en avait fait du chemin, depuis son expédition dans ces cryptes du Pays Perdu. Voulant rentrer dans son pays natal, il était d'abord retourné à Marienbourg, prenant ainsi un bateau depuis le plus grand port du Vieux Monde, direction L'Anguille : le plus grand port de Bretonnie. Toutefois, le chevalier vétéran ne s'attarda pas en ces lieux et commença à emprunter la route vers le sud. Même si ultimement, sa destination finale était connue de lui seul, le sieur de Mavignon avait jugé bon de faire étape dans la cité abritant la cour du Roy.
Mais si Martin était né et avait grandit dans le pays, le fait de passer beaucoup de temps à l'étranger lui avait fait un peu perdre de vue les habitudes caractéristiques de la nation de Gilles le Breton. En effet, dés l'approche de la capitale, on pouvait constater que, contrairement au bourgades et métropoles impériales, les villes de Bretonnie n'avaient tout simplement pas de faubourgs. Seuls d'immenses champs de blé, d'orge et d'avoine entouraient les imposants murs de Couronne. Nobles comme manants préférant s'abriter derrière la sécurité des murailles, quitte à s'entasser et vivre les uns sur les autres. Par conséquent, ce qui était pourtant la capitale du pays avait plus un air de gigantesque château, contenant une ville ramassée sur elle-même et ne pouvant s'agrandir, tout simplement par manque de volonté.
Ainsi, la veille, quand le gentilhomme gasconnais était passé par les portes pour pénétrer dans la cité, il avait pût remarquer que chaque point d'entrée était un véritable donjon à lui seul: la porte étant constituée d'une double herse et d'un double corps de garde arborant de nombreuses meurtrières, certaines étant verticales et très étroites, d'autres étant horizontales mais plus larges. Le tout étant flanqué de quatre grandes tours, au murs desquelles flottaient fièrement au vent les bannières représentant les armoiries du Roy. Au sommet de chaque donjon se trouvait une large plateforme sur laquelle trônait un trébuchet. Une chose était sûre: on ne lésinait clairement pas sur les fortifications et les défenses ici!
Une fois bel et bien entré dans la ville, Martin de Mavignon put également constater que les citadins de Couronne avaient....conservés des habitudes bien campagnardes.
C'est ainsi que les réflexes du chevalier, pourtant aguerris, furent mis à rude épreuve. Car en effet, progresser dans les rues de Couronne, ce n'était pas la même chose qu'arpenter les allées et avenues des cités impériales. Tout en évoluant au milieu d'une foule hétéroclite, bruyante et plutôt dense, il trébucha plusieurs fois sur des poules qui crapahutaient librement dans les rues; il manqua même de se faire renverser par un porc qui courait dans sa direction, afin de rejoindre ses congénères se vautrant dans une flaque de boue au coin de la rue, sous l'œil du roturier qui les gardait, assis sur une bûche. Le tout au beau milieu de maisons faites de bois, de torchis et aux toits en chaume. Le sieur de Mavignon se redressa pour éviter de tomber au sol, uniquement pour sentir de l'herbe sur ses cheveux: il avait touché une botte de foin. Il se retourna et remarqua alors que tout un groupe de paysans portait des bottes, des ballots de foin et de blé, sur leur dos ou leur tête, ils s'en allaient les vendre au marché hebdomadaire.
Un peu plus tard, le chevalier dut même s'écarter in extremis sur le côté pour éviter de se faire piétiner par tout un troupeau de chevaux évoluant en pleine rue; ces derniers étant guidés par leur éleveur, lui aussi à cheval, qui tantôt leur sifflait dessus, tantôt les fouettait avec une longue lanière en cuir, afin de les rabattre pour qu'ils n'encombrent pas trop la circulation. Et dire que lui, Martin de Mavignon: représentant d'une ancienne et noble famille de Gasconnie, était obligé de marcher à pied dans tout ça....
Toutefois ces petits moments d'agitation s'estompèrent, Martin s'accoutumant petit à petit à son environnement. Il continua de progresser vers le centre-ville, où les masures en bois et en terre sèche cédaient désormais la place à des maisons, voire des hôtels particuliers faits en pierre, en marbre et aux toits d'ardoise, les rues étaient désormais aussi pavées et de plus en plus entretenues au fur et à mesure que l'on se rapprochait de la place centrale et du palais royal. C'est dans cette zone là que le gentilhomme gasconnais trouva une auberge tout à fait respectable et loua une chambrée pour la nuit. Ainsi se passa sa première journée à Couronne.
Et en ce deuxième jour qui commence à peine, le chevalier vétéran compte bien faire montre de sa bravoure et de ses précédentes péripéties afin de se faire adouber, et devenir ainsi un chevalier accompli, un chevalier du royaume. En cela, se rendre au palais royal pourrait être une bonne idée, certes, Martin n'étant même pas officiellement chevalier adoubé, les chances d'obtenir une audience avec le Roy Louen Cœur de Lion étaient infimes pour ne pas dire inexistantes. Mais le palais est également le lieu de rendez-vous des ducs et autres aristocrates de haut rang, venant rendre des comptes à leur suzerain tous les ans....
Toutefois, il ne faut pas également oublier que Couronne abrite de nombreuses échoppes et boutiques en tout genre. Si Martin compte s'acheter de l'équipement, que ce soit des armes, des armures, ou encore d'autre matériels, il est certainement au bon endroit. Mais qui sait, peut-être que passer dans la capitale n'est qu'une étape pour notre sieur de Mavignon. Il est possible de quitter la ville dés aujourd'hui pour continuer d'éventuelles pérégrinations vers le sud, voire aller jusque dans sa Gasconnie natale....qui sait ce que le chevalier peut bien avoir comme projet en tête....
Dans tous les cas, ses intentions ne tarderaient pas à se concrétiser. [