[Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

L’Empereur Karl Franz siège à Altdorf, capitale impériale depuis. Altdorf est un carrefour du savoir et son université est l’institution académique la plus respectée de tout l’Empire. Là, les seigneurs et les princes de nombreux pays viennent s’asseoir aux pieds des plus grands penseurs du Vieux Monde. Altdorf est aussi le centre du savoir magique et ses huit collèges de magie sont fort justement réputés bien au-delà du Vieux Monde. Altdorf est une ville affairée, avec un nombre important d’étrangers, de commerçants et d’aventuriers. La cour impériale elle-même engendre une activité économique florissante, qui attire toutes sortes de gens.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Petra accueillit son limogeage avec stoïcisme. Loin d’être vexée, elle se contenta de ricaner.

« Il va falloir qu’elle compte sur ta légendaire discrétion. Quel est le pire qui puisse arriver ?
Je vais faire copain-copine avec ton voiturier si vilain. Tu me raconteras en chemin. »


Après tout, Detlef l’avait invitée à dormir chez lui.
Une fois la comédienne mise dehors, de toute façon, l’Ulricain n’abusa pas trop du peu d’hospitalité que pouvait offrir la vieille magicienne. Lui aussi avait des choses à faire, et ne semblait pas trop pressé de demeurer ici. Il trouva bien vite une excuse pour ne pas avoir à déjeuner avec elle…

« Je risque de mettre du temps à trouver des gens. Et puis, si je dois faire de nombreuses fois des allers-retours…
Des nettoyeurs passeront. Vous pourrez les commander. Je me présenterai après-demain, dans la matinée, pour bien accueillir la prêtresse. »


Et alors il fit une très courte révérence bien peu appuyée, et lui aussi fut mis à la porte.

Cinq minutes plus tard, la voiture des Quatre-Saisons partait dans la nuit, et Isabelle pouvait s’effondrer de fatigue, et rattraper son mauvais sommeil.





Isabelle profita d’un sommeil lourd. Mórr ne jugea pas bon de lui offrir ni rêves, ni cauchemars pour que son inconscience soit remarquable. La nuit devint le jour sans trop de souci. Il faisait encore froid, un peu sombre dehors, mais heureusement, aujourd’hui promettait d’être une journée plus remplie que d’autres.

Après des années à ne rien faire, à commencer des projets futiles qui étaient vite abandonnés, par oubli, désintérêt ou manque de ressources, bâtir un simple serviteur de pacotille amené à faire du ménage représentait un intérêt beaucoup plus épanouissant mentalement. Elle avait un but, un budget, et un temps limite ; ce n’était peut-être pas une commande à honorer qui avait grande valeur, mais c’était déjà quelque chose qui avait mit fin à une pause bien trop longue, une situation lente de déliquescence, contrainte qu'elle était à demeurer recluse entre quatre murs au sein de ce grand manoir infesté de nuisibles.

En se réveillant grâce à une sonnerie actionnée par Tink, elle découvrit avec stupeur qu’un chaton tout blanc faisait sa toilette au milieu du salon. Alerté par le golem et les gestes de la dame de fer, le tout petit matou déguerpit en courant à toute vitesse.
Soit.

Elle prit une rapide collation en guise de petit déjeuner, posa sa couverture sur ses épaules pour se garder du temps frais, attrapa son compagnon, et lui insuffla à nouveau un peu de vie. Il était temps de reprendre là où elle s’était arrêtée hier.

L’ossature du serviteur achevée, elle passa de nombreuses heures à solidifier sa « moelle », de manière à ce que ce tas de brics et de brocs puisse rester mathématiquement debout — les petits croquis au fusain réalisés hier étaient, en ce but, fort utile. Ne lui restait plus qu’à utiliser tout le Chamon qu’elle pouvait absorber autour d’elle, afin de mouvoir de fines lamelles de vieux bronze recyclées à partir de meubles dont elle n’avait plus l’utilité. Ce fut un travail, long, et fastidieux, et pourtant tellement plus rapide que ce qu’un forgeron serait capable de faire dans la fournaise d’une manufacture… Petit à petit, la matinée devint zénith, et le zénith fut un début d’après-midi.

Il y avait quelque chose de grisant à utiliser la magie. Tous les sorciers du Vieux Monde en raffolent — la magie empreigne, et change son utilisateur, c’est bien pour ça que les mages qui ne sont pas entraînés à maîtriser leur Don sont si dangereux. Malheureusement, l’art de l’aethyr est un qui peut se révéler rapidement incontrôlable. Toute magie procède du Chaos, et même si les répurgateurs les plus fanatiques ont tort de voir l’influence des Dieux Sombres derrière chaque utilisateur des Vents, il y a une sagacité vétuste dans leurs raisonnements…
La magie est enivrante. Et elle est terrible, quand elle se retourne contre soi.

Alors qu’Isabelle manipulait encore et encore et encore Chamon, alors qu’elle retrouvait la froideur du métal, l’impassibilité de l’acier, cette endurance impavide si caractéristique des alchimistes les plus âgés, elle se sentit, en même temps, devenir malade.
Elle eut la nausée. Et des gargouillis dans le ventre. Elle se mit à se courber. Et quelque chose de terrible se produisit. Un contre-sort qui agita ses intestins et son colon.

Elle se soulagea sur elle-même, après n’avoir fait que trois ou quatre pas pour rejoindre la serre.

Elle avait beau être toute seule, sans aucun témoin pour la plaindre ou la tourner en ridicule, c’était le genre de situation terrible, tellement révélatrice de sa propre misère. Isabelle ne pouvait s’empêcher de se sentir humiliée. Il lui fallait immédiatement se laver et se changer, et donc, devoir braver l’escalier, la salle d’eau pleine de pigeons, et l’eau glacée — comme hier. Quand elle eut trouvé une nouvelle vieille robe un peu trouée et poussiéreuse, et qu’elle redescendit au rez-de-chaussée, elle ne put s’empêcher de se jeter sur le laudanum ; et voilà qu’elle se mettait à nouveau à dormir, avachie sur son fauteuil.

Son nouveau réveil fut lourd. Elle avait une immense migraine. Elle dédia le temps qui lui restait à achever une fois pour toutes ce golem, mais cette fois, sans la flamme et sans le bonheur du travail qu’elle avait eut plaisir à redécouvrir.

Mais enfin, après deux jours si durs, elle acheva son œuvre…





On était dans la soirée, quand il y eut du bruit devant chez elle. Des sabots et le grincement métallique du roulis d’un attelage. Elle regarda par le carreau cassé d’une fenêtre — pas une jolie voiture ferrée comme hier ; ce n’était qu’une simple charrette, tractée par un mulet unique. Pas de Detlef en vue. À la place, deux bonshommes et deux bonnes femmes avec des tenues fort modestes. On aurait dit des débardeurs, ou des tisserandes pour les dames. Ils regardaient partout, et discutaient entre eux comme s’ils étaient perdus. En ouvrant la porte, pourtant, c’est bien son nom qu’elle entendit, venant d’un des deux garçons qui retira son bonnet — c’était un homme qui avait la trentaine, de taille médiocre mais apparemment costaud.

« B’soir, m’dame, Brei-tennen-baque ?
M’sieur Detlef qui nous a dit qu’on d’vait vous aider à faire un p’tit peu d’nettoyage dans un coin, oué. Céti… Ici ? »

Pour l’heure, ils n’étaient pas tombés sur les deux serviteurs métalliques d’Isabelle. Mais pas sûr qu’ils réagissent bien une fois face-à-face avec eux…

Allez hop, on est demain matin. Tu as bien dormi, tu as bien mangé, tout va bien, opé-spé.

Jet de VOL pour commencer la journée : 3, large réussite. Perfect du coup, pas de malus temporaires ou d’autres trucs chiants ;

Première heure : Réveiller Tink.
Jet : 19, échec auto.
C’est casse-pied la magie, hein ?
Deuxième essai dix minutes plus tard : 5, de retour pour 24h, petit serviteur.

Au travail, assez perdu de temps comme ça. On va lancer le sort « malléabilité » pour retaper le robot aspirateur.
Il faut que tu parviennes à réussir trois jets pour achever ton projet.

Jet : 2, large réussite pour le premier

Deuxième heure : 15, échec
Troisième heure : 11, échec
Quatrième heure : 9, réussite, plus qu’un restant
Cinquième heure : 20, échec critique.
5 : Rébellion Intestinale : Vos entrailles se rebellent, portant atteinte à la propreté de vos vêtements (et à votre dignité du même coup). L’impact peut être purement roleplay ou non, au choix du MJ.

Y – E – S

+1 PdC de Nurgle.
Pas seulement parce que tu t’es faite caca dessus — je veux dire, je suis pas puéril au point de faire « caca = Nurgle lol », mais vois ça d’un œil bien plus large ; Le Seigneur des Mouches est un Dieu infect et ignoble qui se nourrit de la dégénérescence et de l’entropie. Il raffole des gens qui s’affaissent, qui tombent, qui se ramollissent. Il aime ce sentiment de honte et de gêne atroce que t’as devant une biologie sur laquelle tu n’as aucun contrôle. Quelque part, dans l’au-delà, il y a un Grand Immonde qui a ricané très fort…

Jet d’habilité : 13, échec de 5
Jet d’endurance à la drogue : 19, échec auto

Tu passes les prochaines heures à prendre ton bain, à te changer, et à prendre de la drogue pour oublier ce qui vient de se passer.

Il est 18h. Nouveau jet de magie : 16, échec
19h : 4, réussite, enfin.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle fut surprise de comprendre que Detlef n'avait pas l'intention de repasser le lendemain. Elle allait devoir, seule, accueillir les serviteurs et les diriger. A cette perspective, la vieille Breitenbach faillit défaillir, son regard confus sautant de droite à gauche, de haut en bas. Elle se tint la tête, en proie à une nouvelle migraine. Quel culot de la part de ce maudit nordique!

Bien qu'elle tenta de bredouiller quelque chose pour inciter son invité à venir avec la troupe, l'homme s'empressa de se préparer à partir. En quelques formules vagues, il balaya les presque supplications d'Isabelle et s'en fut dans la nuit.
Mais la magicienne n'avait pas le courage de se préoccuper plus longtemps et, emmitouflée, elle s'endormit.



Après un sommeil réparateur, l'alchimiste avait pris son repas, réveillé à son tour un Tink somnolent, puis s'était dirigé vers son atelier. Toujours couverte de la couverture dans laquelle elle avait si bien dormi, Isabelle se remit au travail. En ce jour, elle sentait un regain de vigueur l'alimenter. L'aethyr semblait moins capricieux et ses gestes plus précis, si bien que son oeuvre se détaillait rapidement.

Le golem, plus grand que Tink, ne dépasserait pas le mètre de haut. Tassé, son tronc était bien plus profond que haut, formant une sorte de réservoir presque au ras du sol. De petits bâtons rigides l'encadraient pour lui servir de jambes et une roue avait été installée à l'arrière pour lui permettre de garder un certain équilibre. De son torse jaillissait un gobe poussière qui regagnait le sol. Chaque côté était équipé de deux bras très fins (quatre au total donc) : l'un aboutissant sur une serpillère et l'autre sur une pince de manipulation à quatre doigts.
Au sommet de l'ensemble était installée une bouilloire rouillée rappelant une tête d'oiseau au bec étrange. Enfin, deux fentes horizontales dessinaient des yeux éternellement blasés.

A l'intérieur de la serre, le vent de Chamon dansait entre les doigts de sa manipulatrice. En quantité parfaitement dosé, il enlaçait les doigts de la magicienne pour les rendre capables de modeler le métal comme de la glaise. Isabelle s'amusait. Une pensée qu'elle n'avait pas eu depuis fort longtemps. Depuis ses premiers jours au Collège, l'apprentie avait rapidement développé une sorte de dépendance à l'encontre du vent doré, ressentant son contact métallique comme la main d'une mère affectueuse. A présent, elle retrouvait pleinement cette étreinte, alors que depuis quelques années, Isabelle n'en ressentait presque plus le toucher. Que c'était bon!

La douceur maternelle apaisait profondément la sorcière. Comme une caresse délicate, l'aethyr gardait pourtant une certaine retenue. Isabelle se languissait de cette sensation, n'ayant jamais reçu pareille affection de la part de sa mère maternelle. Elle poussa un peu plus, Chamon l'enlaçant avec toujours plus de passion, de tendresse. Mais alors que la vieille Breitenbach s'égarait dans cette osmose, elle se sentit soudain suffoquer. L'étreinte s'était changée en étaux.
Un grondement l'effraya, furieux, croissant. Lorsqu'elle comprit qu'il provenait de son propre corps, il était trop tard.

De toutes les plaies infligées aux manipulateurs imprudents de magie, celle-ci était probablement la plus crainte, sorciers de Nurgle exceptés. Se voir doter d'un bras supplémentaire? Grave mais emputable. Finir la peau recouverte de pustules? Grave mais traitable. Exploser dans une détonation d'aethyr ou finir banni dans les royaumes du chaos? Grave et fatal, mais au moins, la note finale de l'histoire avait un certain style.
Voir ses propres intestins se libérer d'un seul coup? Pas grave, mais l'impact reste éternel.

Durant toute sa carrière, Isabelle avait essuyé quelques catastrophe aethyriques accidentelles. Mais jusqu'à présent, elle pouvait se vanter d'avoir toujours évité CETTE catastrophe. Au cours des dernières décennies, il lui était déjà arrivé de se réveiller souillée. Or se libérer dans son sommeil est infiniment moins traumatisant que le faire en étant conscient.
Le pire, c'était que l'ancienne magistère n'était même pas sûre que cette calamité avait été déclenchée par une mauvaise manipulation des vents. Après tout, elle était vieille, elle était droguée, elle était décadente.

Dans un concert de plaintes, de malédictions, d'injures et de crises de nerfs magistrales, la Dame Rouillée fit sa toilette puis alla balancer sa belle robe dans les buissons, au fond du jardin. Démente de honte, elle s'envoya une lampée de laudanum et sombra rapidement. Cette fois, son sommeil fut envahis de rêves abominables. Dans un jardin immonde aux fleures pustuleuses, une silhouette boursouflée, immense, lui souriait.

Lorsque qu'elle se réveilla, l'alchimiste avait perdu tout sa vigueur de la matinée. Redevenue la silhouette fantomatique à la démarche moribonde, elle se dirigea pourtant vers son atelier. Il ne lui restait plus qu'à injecter de la vie dans son nouveau serviteur, une étape habituellement très excitante. Mais à présent, la sorcière n'avait pas l'humeur joyeuse et voyait la chose avec beaucoup d’appréhension. Redoublant de prudence, Isabelle mania le vent doré, le considérant à présent tout aussi traître et sans âme que l'avait été sa propre mère.

Coulant du bout de ses doigts, les filaments d'aethyr sa matérialisèrent pour aller s'attacher au golem. En agitant les doigts, Breitenbach l'agita de quelques spasmes avant de le redresser. Grâce à de petites plaques de métal dissimulées derrières les fentes de son visage, la créature cligna des yeux et leva la tête vers sa maîtresse. Isabelle était persuadée de déceler une certaine déception de la part du serviteur en découvrant son créateur.


« Ton nom est Reinigen. A présent, suis-moi. »

Ces paroles, la magicienne aurait aussi bien pu les penser, elles auraient eu le même effet. Mais beaucoup de mage dorés ne pouvaient s'empêcher de parler à voix hautes à leurs créatures, donnant ainsi un peu plus d'importance à leur propre travail.

A l'aide de ses deux bâtonnets, le golem traîna sa masse, faisant grincer sa roue stabilisatrice. Dans le jardin, il commença déjà à balayer le sol, provoquant ainsi une colère noire chez sa maîtresse qui ne voulait pas qu'il se salisse avant même de rentrer dans le manoir. Une fois arrivée au salon, Isabelle découvrit le cadavre de Tink, affaissé sur lui-même, une balayette à la main. Ne pouvant contrôler qu'un seul pantin à la fois, la sorcière avait inconsciemment coupé les fils de son ancien serviteur.

Ressentant une pointe de tristesse inexplicable, la vieille Breitenbach ramassa la créature et la déposa délicatement sur une étagère. Ensuite, elle claqua des doigts et le nouveau golem s'empressa de commencer son nettoyage.

Au même moment, Isabelle entendit les domestiques arriver. Elle posa un regard sur Reinigen et une terrible vérité l'accabla : les gens du bas peuple sont presque aussi stupides que cette chose à balais!


« Merde! »

Elle ne savait pas quoi faire. Un homme vaillant comme Detlef avait failli s'évanouir en découvrant Tink. Les domestiques allaient détaler de frousse! Devait-elle annuler le sort et cacher les reste de golem dans son jardin? Non, elle en avait chier pour le construire, au sens propre (ou pas) du terme. Hors de question de balancer deux jours de travail acharné à la poubelle! De plus, quatre bras supplémentaires ne seraient pas de trop.

Après s'être hâtivement recoiffée et avoir tenté de défroisser sa robe, Isabelle se dirigea vers la porte d'entrée. "Oui, ça peut marcher" se dit-elle, mais elle devait être convaincante. Elle hésita un hésitant, se précipita pour ramasser le cadavre de Tink puis retourna sur le pallier. Isabelle entrouvrit la porte et se faufila à l'extérieur pour faire face aux bouseux, son golem caché derrière son dos.


« C'est bien moi, Isabelle von Breitenbach. Ancien chef ingénieur d'Aldorf, à présent à la retraite. Avant de commencer, nous devons mettre quelques points au clair. »

Son coup de frayeur lui ayant donné un coup de boost, "l’ingénieur" s'exprimait avec son autorité d'antan. Force et affirmation, voilà comme elle devait s'y prendre. Balayer le doute des esprits inférieurs avant que la peur ne germe.

« Vous avez du pain sur la planche! Il va vous falloir laver, décrasser, réaménager, réparer même! Fort heureusement, j'ai plusieurs outils pour vous assister.

Voyez-vous, j'ai beaucoup de temps libre depuis que j'ai rendu mon tablier. J'ai donc décidé d'utiliser mes talents et de passer le reste de mes jours à fabriquer... des jouets! »


Pour illustrer ses paroles, elle dévoila lentement son ancien serviteur. Inerte, ses petits bras pendaient mollement vers le sol.

« N'est-il pas adorable? » Son propre ton lui donnait la nausée. « Un chef d'oeuvre d'ingénierie, je peux vous le dire! Actuellement, il n'a plus de carburant, mais je peux vous dire qu'il a déjà dansé devant la Cour de l'Empereur!

Pression, pistons, vapeur, ressorts, rouages, le tout minutieusement combiné pour donner une illusion de vie à cette petite chose. Mais l'affirmer serait mentir, je le crains. En réalité, le mécanisme est remontable et ne peut exécuter que les mouvements pré-enregistrés... avec une certaine dose d'adaptabilité.
Regardez, ici, on met le carburant... »


Isabelle joua ainsi la sénile pour la première fois, se faisant passer pour une vieille passionnée. Elle baratina ses invités de détails incompréhensibles mais crédibles pour faire oublier tout notion de magie à leur esprit. Ses créations n'étaient que métal et savoir faire, rien de plus.

« Aaaaaah mais je m'emporte! Vous avez du travail. Bref, vous verrez qu'à l'intérieur, il y a une autre de mes créations déjà au travail. Elle est fragile, donc ne la malmenez pas, hein! »

Sur ce, elle invita les domestiques à l'intérieur. Isabelle les présenta aux pièces à remettre en état, donnant moult informations quant à ce qu'elle attendait de leur travail. En plus de nettoyer au maximum, il fallait rendre opérationnel. Il fallait cacher les immondices quand rien ne pouvait être fait pour les faire disparaître. Ce qui semblait dangereux, sur le point de s'effondrer, serait soit solidifié, soit dégagerait.

Dans le salon, il fallait organiser un coin douillet pour lui permettre de dormir avec confort. Dans une autre pièce, une salle de bain improvisée serait aménagée avec serviettes, bassines d'eau, chaise et savon. Cuisine et toilettes seraient aussi remises au propre.

La vieille Breitenbach ordonna mentalement à Reinigen de ne pas interagir avec les humains. Elle ne voulait pas tester leur débilité et le golem était sensé n'être qu'un simple automate programmé à nettoyer cette maison. Isabelle espérait ne pas avoir à participer, mais si le nettoyage prenait du retard, alors elle serait bien obligée de mettre la main à la pâte. Bien évidemment, son argent, ses quelques objets de valeurs restant, ainsi que son précieux laudanum, avaient été mis hors de portée.


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Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le petit homme tout tassé avait fait les gros yeux devant le Tink inanimé. Mais très vite, il se mit à devenir désagréable et agiter les mains devant lui.

« Oui, oui, c’est très bien l’ancienne… C’est très bien…
Écoutez, heu, on nous a dit qu’on allait avoir un gros boulot, donc autant s’y mettre tout de suite, non ? »


Heureusement qu’Isabelle n’était pas tout à fait une sénile radoteuse. Loin d’être outré par ses histoires, voilà que le déménageur retourna à sa charrette, et lui et ses trois compagnons se saisirent de seaux et de balais, et entrèrent vite à l’intérieur.

Bien sûr, il y avait la découverte du salon à gérer. Quand bien même Detlef devait avoir dû les mettre tous en gardes, ils ne purent s’empêcher de s’arrêter en plein couloir.

« Ha. Oui. Oui oui, y a du boulot… »

Au moins, en rencontrant Reinigen en train de bosser tout seul, ils n’eurent pas une réaction outrée et violente. Les quatre dans le salon, ils observèrent le golem en train d’aspirer la poussière sous un canapé, avec des pupilles qui brillaient d’un mélange de fascination et d’inquiétude.
Finalement, c’est une des femmes qui, toute seule, mit fin à leur spectacle, tout happés qu’ils étaient par la vision de cette créature se mouvant avec automatisme.

« On aura pô l’temps de tout faire en une nuit… Ce chantier…
On va balancer c’tapis dehors et récurer le sol, d’ac ?
– Bah, dans c’cas je m’occupe des murs.
– M’dame Brei-tennen-baque ? Zavez d’autres meubles ? ‘fin genre, c’canapé là y a des traces. Si zavez d’autres trucs qui traînent on peut les changer… »


La nuit était un délai extrêmement insuffisant pour remettre tout le manoir en état. Il aurait été plus prudent de réclamer de la main d’œuvre pour trois semaines. Mais bon, c’était déjà mieux que rien ; les nettoyeurs commandés par Detlef étaient discrets et rapides, loin de perdre du temps dans des discussions, même par simple papotage. En deux temps, trois mouvements, ils avaient ravalé le tapis, balancé des seaux d’eau savonneuse partout sur le parquet pour se mettre à frotter, ramassé les journaux que n’avait cessée d’empiler Hannah pour en faire un gros tas de papier qu’ils rangèrent dans une commode. Tout ce qui était encombrant, ils allèrent le balancer dans la remise du jardin par de vifs allers-retours à deux. Le plus important, c’était de se débarrasser de ces étranges statues qu’Isabelle imaginait parfois comme causantes. Pauvre Hermaan fut forcé d’aller à la bibliothèque, où il aurait bien des livres pour s’occuper…
Comble du travail, l’une des femmes attrapa un clou, le colla dans le mur avec un marteau, et elle posa dessus le croquis datant de Pavona, où l’on pouvait voir Isabelle dans son jeune âge…

Les 3/4 du manoir étaient toujours dans une pagaille infecte. Mais au moins, l’entrée et les premières pièces où elle avait reçu ses invités ces derniers jours paraissait… Au mieux moins apocalyptique.

À l’aurore, peut-être sept heures du matin vu cette fin d’hiver, les déménageurs étaient devenus plus lents et se mettaient à bailler. Ils rassemblèrent leurs affaires, séchèrent le sol par un dernier coup de serpillière, et ils allèrent voir la propriétaire.

« On a fait c’qu’on a pu ; Hésitez pas à d’mander à m’sieur Detlef d’nous rappeler si vous voulez qu’on nettoie le reste. Mais en journée, ça s’rait possible ? »

Et une fois leur charrette partie, Isabelle se retrouvait seul avec son compagnon silencieux.





En fin de matinée, la charrette d’Ernst était de retour. Le canard de mademoiselle Merz était, comme à son habitude, ravi de perdre sa journée à amener la petite à deux heures d’Altdorf, on pouvait se demander comment il gagnait sa vie. En regardant par la fenêtre, Isabelle la voyait en train de discuter avec son voiturer pendant deux bonnes minutes, avant qu’enfin, elle ne se décida à aller jusqu’à la porte pour toquer, tandis qu’Ernst claquait ses chevaux et rebroussait chemin, ne restant pas à poireauter comme à son habitude.

Tink étant endormi, ce fut à la maîtresse de maison d’aller elle-même lui ouvrir.
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Hannah avait mit ses habits de Festag. Une élégante robe unique, toute simple, boutonnée du cou jusqu’à ses chevilles, avec quelques motifs de fleurs noires. Maquillée et les cheveux brossés, elle présentait bien sage — le genre d’habit dans lequel on voulait les jeunes filles sortant du temple de Sigmar pour la messe. Elle offrit un petit sourire à la dame avant de rentrer à l’intérieur.

« Hé bien, ils ont été efficaces vos proches.
Je vous ai racheté le Corps Céleste plutôt que le Spieler — parce que le Spieler était pas publié ce matin. Il s'est passé quelque chose.
J’ai acheté des pâtisseries aussi, vous avez déjeuné ? »


Alors qu’elle allait vers la table de la salle à manger poser ses sucreries, Isabelle put lire la une de son journal.
Elle s’attendait peut-être à lire à nouveau des banalités, de la polémique, ou des rumeurs un peu crasses.
Mais non. Le journal était différent de celui d’il y a quelques jours — il avait moins de feuillets, et il n’y avait aucun article qui ne parlait pas du sujet principal écrit en énorme, en plein milieu.
LE CORPS CÉLESTE

Angestag 29. Nachexen 2529
Quotidien Véridique Et Actuel
Édition spéciale — Quatre pages
Altdorf : 1s



UBERSREIK EST LIBRE
Les Fiefs De La Maison Von Jungfreud Saisis Par Ordre Du Prince Du Reikland !

Le Reikland tout entier a changé en un éclair.

Cette nuit même, à vingt-trois heures cinquante-cinq minutes, Sa Majesté Impériale, Karl Franz von Holswig-Schliestein, est entré dans le Volkshalle, où se réunit d’ordinaire la Diète du Reikland. Accompagné de son conseil privé, d’une dizaine d’aristocrates et de chevaliers de la Reiksgarde, ils auraient pénétré avec le président de la Diète réveillé et sorti de force de chez lui par le grand-maître Kurt Helborg, prétendument encore en pantoufles et en chemise de nuit.

C’est dans cette assemblée quasiment vide que le grand-chancelier de l’Empire, Sa Seigneurie Immanuel-Ferrand von Holswig-Schliestein, a lu une longue liste de griefs à l’encontre du Duc et Graf Sigismond von Jungfreud, maître du sud du Reikland. Le mage gris, qui est également oncle de Sa Majesté, a tour à tour accusé Sigismond de conspiration en vue de renverser l’Empire, félonie et rébellion. Les quelques soutiens de Karl Franz présents dans la Diète ont alors, en un temps express, décidé de déclarer le Duc et Graf coupable, prononçant sa mise au ban et la commise de tous ses fiefs. À minuit et deux minutes de cet Angestag même, la messe était dite.

Nous ne savons pas encore ce qui est en train de se passer à travers le Reikland. Au moment où nous écrivions ces lignes, toutes les portes d’Altdorf se trouvaient gardées par des soldats des Troupes d’État — ils étaient visiblement mobilisés, dans le secret le plus complet, depuis un certain moment maintenant. Les militaires fouillent chaque voiture, chaque charrette, n’hésitant même pas à donner des coups de lances dans le foin au cas où quelqu’un s’y trouvait camouflé.
Avec le Duc et Graf Sigismond, plus d’une vingtaine de personnes ont été également mises au ban — y comprit ses trois fils mâles. L’un d’eux, Gerhardt, résidait en ville — nous ne savons pas où il se trouve actuellement. La famille et les clients des Jungfreud sont actuellement ou bien séquestrés dans le palais Impérial, ou bien en fuite. Toute personne qui les soutiens dans leur fuite ou leur dissimulation peuvent être condamnés à des peines infamantes et corporelles, jusqu’à la mort si Sa Majesté Impériale le souhaite.

Il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences d’un tel acte. Comment va réagir la Diète, dont les coutumes ont été bafouées par tyrannie ? Comment vont réagir les Primes-États, en voyant la façon qu’a eut l’Empereur d’agir aussi rapidement, dans le secret de ses vassaux et villes-libres ? Y aura-t-il une réaction de la part des Bretonniens — et surtout du jeune Duc de Parravon, Cassyon, qui, comme vous le savez, ne cesse de mobiliser des troupes dans des démonstrations de forces le long du Col de la Dame Grise ?

Mais ce qui est certain, en tout cas, c’est que l’Empire vient de trembler.

— Calvin Kenzig, rédacteur-en-chef.



SIGISMOND VON JUNGFREUD — TRAÎTRE OU HÉROS ?
Le Graf d’Ubersreik Est Une Personnalité Complexe — Héroïque Au Temps Du Déluge, Il A Aussi Sa Part d’Ombre.

[…]


Ce n’était pas un petit événement. En lisant les journaux, Isabelle savait que Sigismond était constamment un sujet d’angoisse à Altdorf — durant la guerre contre Archaon, il avait recruté un grand nombre de bandes de mercenaires, et ne les avait jamais démobilisées, même sept ans après la bataille de Middenheim. Il contrôlait plus d’un tiers des Troupes d’État de la Province, et trouvait toujours un moyen de justifier la solde d’un aussi grand nombre de militaires : pendant un moment, c’était les Peaux-Vertes. Puis, c’était devenu les Parravonnais. Presque toutes les tensions entre lui et les chevaliers de l’autre côté des montagnes étaient de sa faute.

Il restait qu’il avait été, pendant des années, un fier soutien de Karl Franz. Lui et l’Empereur étaient à une époque amis, et frères d’armes. Il avait été partisan de faire tirer dans la foule quand Valten s’était présenté au palais en prétendant être Sigmar réincarné. Et puis, avec son influence et son argent, il était très difficile de faire passer quoi que ce soit à la Diète du Reikland sans son approbation.

Il allait forcément se défendre. Mais si Karl Franz voulait envahir Ubersreik de force, il n’aurait pas fait passer telle accusation par la Diète ; et certainement pas comme un renard, avec une telle vitesse. Le plan avait dû être fomenté de longue date. Le gardien gris et chancelier Immanuel-Ferrand avait misé très, très gros, si c’était lui qui était à l’origine de cette action.




Au moins, il y avait de la lecture pour patienter. Les articles étaient mal écrits — plein de répétitions, de fautes de grammaire et de typographie. Et pas parce que le journal était de mauvaise qualité ; parce que tout avait dû être écrit à une vitesse phénoménale. Ils avaient dû avoir tout juste le temps de gribouiller leurs nouvelles, avant d’immédiatement lancer la presse. Un article parlait de l’Université fermée ce matin, avec des soldats en bloquant les portes. On parlait d’un barrage fluvial, avec des écluses aux grilles rabattues pour empêcher les embarcations de sortir. D’un début de mouvement de panique le long des Cent Tavernes, qui avait été calmé par les sabots des chevaux venus de Castel-Reiksgarde.

Alors que Hannah préparait le thé, et répondait aux questions de sa maîtresse sur ce qu’elle avait pu voir à Altdorf (Selon elle, il y avait beaucoup de soldats, mais pas tant de panique que ça), les heures défilèrent assez rapidement.

Il n’était pas encore tout à fait le zénith, quand on entendit le roulis d’essieux de voiture. Pas une simple charrette ; cette fois, c’était quelque chose de grand. Peut-être Detlef, qui était arrivé avant-hier à l’aide d’un véhicule de la compagnie des Quatre Saisons.

Des portes claquèrent, des chevaux hennirent. Et on toqua à la porte. Hannah attrapa la vaisselle, et donna un encouragement à sa maîtresse.

« Tout va bien se passer. Vous allez la baratiner une heure ou deux puis elle repartira.
Vous me dites quand vous êtes prête. »


Une fois Isabelle sûre d’elle-même, il n’y avait plus qu’à se lancer. Et enfin achever cette semaine pour affronter le rendez-vous fatidique.

La porte du couloir s’ouvrait. La magicienne entendit quelques bribes de conversations étouffées. Puis, devant le salon où elle s’était installée, Hannah revint comme une servante serviable, accompagnée derrière elle de deux personnes — toutes deux des femmes.
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La prêtresse


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L’autre


La première personne à se présenter était une petite bonne femme : cinq pieds trois pouces, elle était la plus petite de toutes les dames dans cette pièce. Maigrelette, avec un carré de cheveux blonds, elle portait une robe de citadine toute simple et à la mode à Altdorf — rien d’extravagant du tout, sans chaîne, sans collier ou boucles d’oreilles ; elle n’avait, en fait, qu’une petite bague métallique avec, dessus, une petite aile de colombe en argent.
La seconde était bien différente. Grande, avec du maquillage, elle portait une robe qui faisait Bretonnienne — c’est-à-dire avec les bras dénudés Toute vêtue de noir, avec de longs gants qui allaient de ses doigts jusqu’à mi-bras, le plus notable chez elle était ses yeux verts.

La blonde fit un grand sourire, et un signe de tête bien appuyé à la maîtresse de maison.

« Bonjour à vous, madame Isabelle. Je me présente, je suis sœur Aure Rondet ; je suis prêtresse de Shallya, et physicienne au Grand Asile d’Altdorf.
Permettez-vous que je m’assoie ? »


Elle avait un accent qui sonnait un petit peu dans ses voyelles. En entendant son prénom, il était certain qu’elle était née en Bretonnie. Elle était fort polie et courtoise, avec son petit ton.
La dame aux cheveux noirs, elle, ne se présenta pas. Elle alla en face, dans la salle-à-manger, où Hannah l’accompagna — afin de laisser la prêtresse seule avec sa patiente.

Sœur Aure portait une serviette sous le bras. Une petite sacoche qu’elle posa sur ses genoux une fois assise sur le fauteuil. Elle déboucla la fermeture en métal, et se mit à trifouiller à l’intérieur, tout en lançant une petite plaisanterie.

« La paperasse, pas vrai ? On s’en passerait bien des fois. »

Elle trouva un parchemin qu’elle plaça sur la table-basse. Hannah revint dépasser sa tête pour poser une seule question :

« Du lait avec votre thé ?
– Non merci !
– Madame ? »

Ayant pris les commandes en boissons, elle quitta la pièce derechef. Aure éloigna sa serviette, se dressa bien dans son fauteuil, et elle se mit à parler avec une petite voix agréable.

« On m’a beaucoup parlé de vous, madame. J’avais très hâte de vous rencontrer. Vous êtes une personne fascinante — cela fait des années que presque personne n’a de nouvelles de vous, et pourtant, vous avez laissé un grand souvenir sur nombre de vos collègues !
Je me rends compte que… L’arrivée, de quelqu’un comme moi, peut mettre extrêmement mal à l’aise. Je pratique un art médical qui est, disons… Naissant. Tout neuf, tout nouveau. Et vous savez, les gens sont généralement mal à l’aise face au changement. Mais on m’a dit que vous étiez une scientifique, et une novatrice, aussi, je pense que vous pouvez me comprendre, moi, et mes expériences.
Je m’occupe des affections qui touchent l’âme, plutôt que le corps. Mais je ne suis pas exorciste — prêtresse, tout de même, une femme du culte, je peux vous bénir et vous soulager par la philosophie et la prière, mais il ne s’agit pas seulement que de ça, ici…
Il y a des blessures qui sont aussi handicapantes que d’avoir une myalgie à la cuisse, mais que l’on ne voit pas. Mon rôle, ici, est de vous soigner. Je suis ici pour vous. Je sais que c’est quelqu’un au-dessus de vous, un maître, le patriarche Balthasar Gelt, qui m’a recommandée — je ne suis pas sotte, je me dis bien que ce n’est pas de gaieté de cœur que vous me recevez dans votre demeure.
Gardez à l’esprit, pourtant, que je suis doublement assermentée, par mon métier de physicienne, et par ma vocation de prêtresse. Je suis forcée de vous servir et de vous aider, et j’ai l’obligation légale et céleste de me taire et de respecter le secret de la confession. Rien que vous ne puissiez exprimer, peu importe à quel point c’est honteux, ou difficile à dire, ne peut sortir de cette pièce et de notre conversation à deux. »


Elle avait dit tout ça d’une traître, mais pas de façon automatisée, comme si elle était une comédienne répétant un texte. Ça avait l’air très sincère.

« Ce que je vais vous proposer, aujourd’hui, c’est quelques… Exercices, ensemble. Des choses ludiques, vous allez voir — des associations de mots, des planches à observer… C’est un moyen pour moi d’appréhender votre personnalité, en y allant doucement, sans vous forcer.
Vous trouverez peut-être ça bête et inutile ! Je vous le dis, c’est un art novateur, on rédige des thèses dessus mais ce n’est pas encore bien accepté et répandu. Peut-être que ça vous dit des souvenirs, ça, non ? On m’a dit que vous rédigiez des thèses dans votre collège de magie, je ne suis pas mage, mais ça ne doit pas être si différent des universitaires, non ?
Avant que nous commencions, est-ce que vous pourriez me dire… Comment vous allez, aujourd’hui ? Comment vous sentez-vous ? Angoissée, ou détendue ? »


Jet de bullshit (Bonus : +4, c’est du bullshit de plutôt bonne qualité) : 4, très large réussite. Armand VII de Lyrie serait fier.

Tu peux te reposer, ton golem et les quatre gros bras vont faire du ménage. Mais t’attends pas à des miracles non plus. Déjà, rien que s’occuper du salon, de la cuisine et de la salle à manger, y en a pour toute la foutue nuit…

Jets de nettoyage des quatre paires de bras de Detlef : 9, 16, 10, 18. Globalement ils sont tous un peu lents, y en a un qui arrive même à ralentir les autres tellement c’est un abruti, mais vu l’ampleur du chantier ils sont quand même bien bosseurs.

Jet de nettoyage du Golem (Bien qu’il ait une HAB ridicule, je considère qu’il pratique son test sur 6) : 10, échec de 4. Il est très utile pour soulager et faire gagner du temps aux déménageurs, en allant dans les recoins et en absorbant la poussière.

Résultat : Les pièces où t’as l’habitude de vivre sont bien usées et vétustes. Les mecs peuvent pas réparer les carreaux cassés ou s’occuper des moisissures au plafond. Mais bon, au moins, y a plus de toiles d’araignées partout, de la vaisselle transformée en boîtes de Petri, ou de la merde de chat. C’est donc pas mal vu le très, très peu de temps qu’ils ont eut pour bosser…



Connaissances générales (Empire) : 7, réussite.
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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle ne s'offusqua point de la rudesse du déménageur, bien au contraire. Sa mise en scène avait fonctionné, la sorcière se félicitant de son jeu d'acteur, malgré son dégoût pour la profession. Ainsi donc, blasés d'ennui, les travailleurs n'eurent pas grand mal à ignorer le petit automate ménager, préférant s'effarer devant la taille colossale de la tâche à accomplir.

Certes, leur venue en un délai si court était une bénédiction. Pourtant, la vieille Breitenbach avait bien du mal à garder mine neutre en laisser tant d'étrangers pénétrer son domaine privé (et fétide). Un mélange de honte et de frustration l'accablait, ruinant son humeur. Bien vite, "l'ingénieur" retrouva son attitude désagréable et hautaine, balayant les remarques déplacées quant à la tenue de son manoir et pressant les artisans à s'activer sans tarder. Hommes et femmes s'exécutèrent, prenant malgré tout bien soin de ne pas trop s'approcher de la créature mécanique déjà au travail.

Une bonne heure durant, l'ancienne magistère resta là, ses trois jambes plantées au sol, à observer le déroulement des travaux. Elle mirait les intrus d'un air mauvais, surveillant leurs moindres geste et s'accordant nombreuses remarques cinglantes. Les ouvriers l'ignoraient royalement, contournant sa silhouette et s'affairant activement. L'un d'entre eux, cependant, peinait à garder le rythme, provoquant la consternation de la maîtresse de maison. Il allait mettre toute l'équipe en retard! Les remarques finirent par s'orienter exclusivement vers lui, formant un bruit de fond en accord avec les mouvements menaçant de la canne d'Isabelle.

Lorsque fatalement, le tour des statues de ferraille advint, la vieille Breitenbach ne put qu'observer, impuissante, Hermaan se débattre dans les bras de son ravisseur. Il s'en alla rejoindre les autres dans la bibliothèque, loin des regards, loin des jugements. Mais Isabelle en était persuadée : si elle tendait un peu l'oreille, elle pouvait encore entendre les protestations étouffées de son ancien collègue.

Finalement, le chantier prenant de l'ampleur, l'alchimiste se retrouva de plus en plus sur le passage, forcée de se décaler malgré ses contestations désagréables. Breitenbach se résigna donc à les laisser continuer en paix, s'en allant dans le jardin pour s'asseoir dans un fauteuil sorti plus tôt. D'humeur massacrante, elle ne pouvait se résigner à dormir ou à rentrer se réchauffer. Son beau manoir était aux mains de rustres incompétents, sans le moindre égard quant à l'histoire transportant du lieu. Emmitouflée sous une montagne de fourrures, elle enchaîna les cigarettes, tassée dans sa colère. Lorsqu'un ouvrier daignait la déranger pour lui poser une question, elle lui répondait sèchement, interdisant tout retour.

Le froid finit par prendre le dessus et, une fois de plus, la magicienne traîna son corps endolori. Quant elle retourna à l'intérieur, elle constata que son tableau avait été accroché au mur, une attention surprenante qui n'invita pourtant aucune forme de reconnaissance. Isabelle traversa le vaste vestibule pour rejoindre le double escalier qui montait à l'étage. Elle ne pouvait prendre que celui de gauche, l'autre étant dans un état de dégradation bien trop avancé pour s'y risquer. La respiration sifflant, la Dame de Fer escalada lentement, marche par marche, sa canne s'avérant d'un soutien indispensable pour ne pas dégringoler et rompre l'entièreté de ses os.

Une fois l'épreuve franchie, la sorcière décida d'explorer sa demeure, de raviver d'anciens souvenirs. Elle avait une vague notion des pièces réparties à l'étage, surtout des chambres et une salle de bain. Mais le manoir était vaste, très vaste, et les souvenirs flous confirmaient qu'il y avait bien plus à découvrir. Si elle trouvait quelque chose d'intéressant, alors l'ancienne magistère prendrait le temps de s'en soucier, de faire travailler sa mémoire rouiller.

Quand enfin elle redescendit, épuisée, Isabelle remarqua que les ouvriers l'étaient tout autant. Réunis dans le vestibule, il bâillaient grassement et attendaient qu'on les congédie. Irritée, la maîtresse de maison les força à l'accompagner dans chacune des pièces "nettoyée". Furetant chaque recoin, elle finit par commenter l'oeuvre des déménageurs.


« Un seul homme compétent aurait probablement pu faire plus en autant de temps, mais j'imagine que ça suffira. Vous trouverez la sortie? Ou faut-il que je vous l'indique? »

Considérer Breitenbach comme "de mauvaise humeur" aurait été sous-estimer terriblement son état. En vérité, beaucoup s'accumulait en elle : la fatigue, la colère, l'impuissance mais aussi, et surtout, la peur. On y était, il n'y avait plus rien à faire. La prêtresse allait arriver le lendemain et c'était tel quel qu'elle découvrirait le manoir. Avant l'arrivée des ouvriers, Isabelle pouvait encore fantasmer sur un miracle, s'imaginant sa demeure dans toute sa splendeur. Et bien non, si son état était incomparable par rapport à la veille, il le restait tout autant par rapport à vingt ans de cela.

Elle s'accorda malgré tout une longue sieste, s'endormant la mâchoire serrée. Tendue par la perspective de l'épreuve de la journée, la vieille Breitenbach se réveilla d'elle-même quelques heures plus tard. Fort heureusement d'ailleurs, car Tink, tout mort qu'il était, ne pouvait plus accomplir cette tâche.
Alors qu'elle émergeait difficilement, elle sentit quelque chose lui toucher le pied. En se redressant, les yeux mi-clos, elle repéra Reinigen, frustré de voir son balayage interrompu par la jambe de sa maîtresse. Comme foudroyée, Isabelle ouvrit grand ses yeux. La prêtresse pouvait débarquer à tout instant! Que penserait-elle de la magicienne retraitée en voyant qu'elle utilisait toujours ses talents pour des tâches aussi anodines que le nettoyage!

Immédiatement, la vieille Breitenbach se dirigea vers la serre, suivie de son naïf golem. La pauvre créature ne se doutait de rien. Une fois dans l'atelier, elle releva son visage de bouilloire vers sa maîtresse, en attente d'un ordre. Sans la moindre cérémonie, Isabelle tendit la main vers lui et ferma le point, euthanasiant ainsi le golem ménager. Elle le rangea dans un coin de la pièce et le couvrit d'un drap pour cacher son oeuvre.

Peu après, le carrosse d'Ernst se gara en face du manoir. L'alchimiste s'approcha de la porte d'entrer pour l'observer depuis la fenêtre fraichement nettoyée. Impatiente, elle l'observa converser avec son chauffeur, ce dernier buvant ses moindres paroles. C'est finalement déçu que l'homme repartit, à la surprise d'Isabelle. Elle ouvrit la porte et attendit que la servante la rejoigne.

Agitée, la vieille Breitenbach ne tenait plus en place. La prêtresse pouvait débarquer à chaque instant. Mais par Sigmar, que faisait ce balourd de Detlef?! Il n'auraient pas le temps de se concerter avant l'entretien, ce qui pourrait s'avérer catastrophique. Isabelle remarqua à peine la nouvelle tenue d'Hannah, ne l'accueillant que d'une "hmmm" sans chaleur.

Une fois de plus, le journal n'était pas le bon. Mais qu'importe! Elle n'avait pas le temps ni l'envie de lire. Pourtant, la magicienne s'y résigna sous les commentaires de la servante. S'attendant à trouver le ramassis de conneries habituelles, à simplement jeter un coups d'oeil inattentif, Isabelle se figea en lisant le titre. Avait-elle bien lu?!

La voix lointaine d'Hannah lui proposa des pâtisseries, ce à quoi Isabelle répondit distraitement, sans quitter le Corps Céleste des yeux.
« Oui oui... »

Et en effet, elle avait faim, très faim. L'estomac (et les intestins...) presque vides.

S'installant dans la salle à manger et mordant dans les sucreries sans s'arrêter de lire, la vieille Breitenbach put constater que ses yeux ne l'avaient pas trompée. Karl Franz avait rassemblé la Diète et forcé la mise au ban et la commise de tous les fiefs du Graf Sigismond von Jungfreud. L'empereur s'appropriait Ubersreik, aux mains de la dynastie von Jungfreud depuis plus de cinq siècles! C'était hallucinant!

Isabelle, depuis bien des années, ne se sentait plus concernée par la politique du Reikland, lisant le Spiegler exclusivement pour se moquer, en compagnie d'Hermaan, de sa ridicule nation. Mais aujourd'hui, l'histoire se faisait et les conséquences de cet acte impossible feraient trembler l'Empire tout entier.

Après avoir plusieurs fois relu l'article, Breitenbach releva la tête pour s'adresser à Hannah et la harceler de questions. Elle lui répondit quand elle pouvait, elle-même happée par la conversation, et les deux femmes se lancèrent dans une longue discussion sur le sujet. La magicienne en oublia son stresse, sa panique grandissante, cette distraction bienvenue dans son esprit au bord de la rupture.
Faisant une courte parenthèse, la peur resurgissant un instant, Isabelle demanda à Hannah de la maquiller. L'évènement du jour était bien trop important pour se fier à sa main sans adresse. Pendant que la servante s'affairait, la conversation continuait, l'alchimiste se faisant plusieurs fois doucement réprimander pour avoir bougé au mauvais moment. Elles parlèrent des retombées possibles, épiloguant sur ce qui allait se dérouler ensuite.

Finalement, le débat fut interrompu par le bruit d'essieux à l'extérieur. De meilleure humeur, la maîtresse de maison se leva pour se diriger vers le vestibule, accompagnée d'Hannah.


« Ah, Detlef daigne enfin arriver! C'est pas trop tôt! »

Mais en observant les silhouette sortant du carrosse, le teint déjà blanc de l'ancienne magistère frôla le transparent.

« Par Sigmar... » Murmura-t-elle.

Ce n'était pas Detlef, à moins que ce dernier n'ait subi une terrible malédiction du Dieu du Changement. Deux femmes... Elle était là... La prêtresse était arrivée...

Et Detlef qui était toujours absent!

Toute la peur étouffée pendant sa conversation avec Hannah se déchaîna d'un coup, se mutant en une terreur profonde. Jamais, de mémoire, au cours de sa vie, Isabelle n'avait eu aussi peur que maintenant. Son avenir était en jeu. Tout comme ce qu'elle avait lu dans le Corps Céleste, son histoire allait changer maintenant. A l'issu de cet entretien, son destin pouvait basculer.

Le souffle court, la vieille Breitenbach ne parvenait pas à calmer sa panique. Elle aurait pu en pleurer, mais même ses yeux semblaient paralysés. Allait-elle périr ainsi? Suffoquant fatalement avant l'évènement fatidique? Non! Toute sa vie elle avait fait face et aujourd'hui encore, la Dame de Fer affronterait l'adversaire. Mais que c'était difficile.

Les paroles de sa servante firent office de bouée de sauvetage. Douce, apaisée, Hannah libéra sa maîtresse de sa tétanie, calmant un peu l'hystérie grandissante. Sans savoir pourquoi, Isabelle lui saisit la main, la serra fort. Un point d'ancrage, une attache au bord de la falaise. Elle souffla lentement, fermant les yeux, évacuant cette tension infernale. « La Dame de Fer ne plie pas, la Dame de Fer affronte et défait, la Dame de Fer ne plie pas... » Répétait-elle cette tirade à voix haute?

Ses poumons vide, l'alchimiste continua de souffler. La main toujours calée dans celle d'Hannah, tirant toute sa vigueur de ce simple contact, Isabelle réajusta ses vêtements. Enfin, elle releva la tête, ouvrit ses yeux mi bleu, mi fer et retrouva toute sa prestance.


« Je suis prête. »

Sur ce, elle tourna les talons et s'en alla vers le salon. En lâchant la main de sa servante, elle faillit perdre pied. Mais elle retrouva son équilibre rapidement. S'installant dans son fauteuil fétiche, propre mais toujours moulé par son corps, la vieille Breitenbach tenta de se mettre à son aise. Elle croisa les jambes, les décroisa, joignit les mains, les libéra. Elle vérifia qu'aucun élément douteux ne restait en évidence : pas de flasque d'alcool, pas de fiole de laudanum égarée, rien.

Hannah accueillit les deux femmes et un court échange débuta dans l'autre pièce. La sorcière se tendit pour tenter d'en saisir la moindre bribe, en vain. Enfin, les trois femmes entrèrent dans le salon. Elles découvrirent la maîtresse de maison, droite, ferme, aussi hautaine que toujours. Cette dernière repéra immédiatement la prêtresse en l'évaluant rapidement du regard, la bague ne pouvant tromper. Simple à outrance dans ses vêtements, petite dans sa taille, son air affectueux ne trompa aucunement Isabelle. Elle se tenait devant un requin, un monstre se délectant de mordre dans les dernières parcelles de vie de ses proies.

Mais l'attention de la Dame de Fer se focalisa immédiatement après sur la dernière intruse. Sa tenue se contredisait elle-même, à la fois libérée dans sa forme et fermée dans son absence de couleur. Qui était-elle? Pourquoi faisait-elle l'affront de ne pas se présenter? Isabelle l'identifia comme la réelle menace, dissimulée derrière cette distraction qu'était la prêtresse. Etait-elle au service de la Reiksguard? Du Secret Impérial? Ou pire, était-elle un Oeil de l'Empreur?!

L'ancienne magistère misait plus sur une sorcière grise, même si elle ne ressentait aucun pouvoir magique émanant d'elle. Les membres du Collège d'Ulgu étaient passés maîtres pour dissimuler leur nature, leur appartenance ou même leur personne toute entière. Espions perfides, ils surveillaient attentivement tout ce qui touchait à la magie au sein de l'Empire et, disait-on, portaient un intérêt tout particulier au magiciens retraités... comme Isabelle. Oui, il serait terriblement logique qu'un envoyé de l'Ordre gris soit présent durant cet entretien.


« Mesdames, bienvenue dans ma demeure. Faites donc, prenez vos aises. »

Pas une once de chaleur, un regard de haut malgré sa basse position, Isabelle souhaitait déployer toute sa prestance de noble. Mais, infimement, sa voix tremblait, une goutte de sueur perlait son front, ses gestes étaient un poil exagérés. Le bras de fer avait commencé et déjà, des signes de faiblesses se manifestaient chez elle. "Pour l'amour de Véréna, reprends-toi bon sang!" s'hurla-t-elle mentalement.

Toujours sans rien dire, la femme sombre s'en alla dans le vestibule pour aller rejoindre la salle à manger. Breitenbach sentit son coeur manquer un battement : elle allait fureter dans sa maison! Offusquée, clignant les yeux de surprise, la maîtresse de maison fixa la porte où Hannah et la femme avaient disparu.


« Que fait-elle? Où vas-t-elle? » Les questions appelaient à des réponses immédiates.

Elle tenta ensuite de se détendre, observant Soeur Aure déposer sa paperasse sur la table. Faisant preuve d'éducation, la Dame de Fer se retint de s'en saisir immédiatement. Mieux valait-elle détendre l'atmosphère, éviter de provoquer une escalade, rentrer dans le jeu.


« Oh je connais bien. En tant que Grande Trésorière, j'ai failli plus d'une fois m'étouffer dedans. Puis-je? »

Si son interlocuteur le lui autorisait, Isabelle se saisirait des papiers pour les feuilleter. Elle répondit à Hannah d'une sèche affirmative, puis se rappela juste à temps d'ajouter un "merci bien". Sa lecture terminée, elle reposa la paperasse et refocalisa toute son attention sur la prêtresse. Isabelle écouta attentivement son monologue. Du baratin, une tentative grossière de l'amadouer et de lui faire baisser sa garde. Les affections touchant l'âme? Pitié enfin! Isabelle tiqua en entendant la mention de Gueule d'Or, mais ne déborda pas.

« Oui, j'admets que cet entretien ne m'est pas agréable. Enfin... Je suis prête à collaborer. »

Soeur Aure lui parla ensuite des exercices qu'elle souhaitait utiliser sur la vieille Breitenbach. Des planches à observer? Des associations de mots? La prenait-elle pour une enfant? Pour une attardée? Etait-ce une blague de très mauvais goût? Elle en était convaincue, une gignole avait passé la porte de la demeure d'Isabelle. Sentant la moutarde lui monter au nez, elle se ravisa de commenter, parvenant juste à sortir entre ses dents :

« Soit.

Ni l'un ni l'autre. Ou les deux plutôt. Je suis confiante quant à mon état, mais je ne vous connais aucunement. Une thèse bâclée peut avoir un résultat erroné, aussi je me souhaite que vous soyez compétente.

Agacée aussi, je le suis. Agacée que la femme en noir ne se soit pas présentée et s'en soit allée, sans prendre ni congé, ni autorisation, dans mon manoir.

Cela répond-il à votre question? »
Modifié en dernier par Isabelle Breitenbach le 27 sept. 2021, 14:56, modifié 1 fois.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La prêtresse eut un léger sourire lorsqu’Isabelle lui proposa de la soulager de sa paperasse. Elle hocha négativement de la tête.

« Ce sont des dossiers d’autres patients de l’asile… Je ne suis pas très organisée. Le culte de Shallya aime de plus en plus l’écrit ; La cathédrale Notre-Dame-de-Couronne craque sous les archives, il y en a partout. C’est mieux pour que nos sœurs étudiantes rédigent des thèses, et mieux pour éviter des abus.
Comme vous le savez, les femmes ne sont pas tolérées dans les universités Impériales, ni dans les écoles Bretonniennes. Il faut bien que nous nous débrouillions nous-mêmes pour étudier et mener des expériences. »


Comme preuve de bonne foi, pourtant, elle tendit bien un papier qu’Isabelle pouvait épier rapidement — c’était une sorte de lettre écrite sous la forme d’un questionnaire, commandé par une Anja Gustavson ; la révérende-mère (En réalité sa secrétaire) demandait quelques questions très précises sur la tenue de l’asile, comme la quantité de draps et de lessive en inventaire, le nombre de lits disponibles et occupés, la comptabilité de la restauration et du savon… Tout un tas de choses d’importance quand on gère un hôpital, mais pas forcément très intéressant à lire.

Le temps que la sorcière termine sa lecture, Aure eut également la possibilité de se préparer. En fredonnant un petit air, elle prenait un certain nombre de planches en bois qu’elle posait, retournées, sur le côté d’une des tables-basses. Puis, elle regarda à nouveau son hôte droit dans les yeux, tandis qu’elle lui reprenait son questionnaire des mains.

« Si elle vous agace, sachez que c’est bien réciproque. »

Il aurait été très naturel pour la prêtresse de mentir. C’était peut-être là cette vieille technique qu’on appelait grossièrement le bon sergent et le méchant sergent ; un qui est agréable, un qui ne l’est pas, mais il n’empêche que les deux sont bel et bien de mèche.
Cela ne semblait pourtant pas être le cas ici. Ou alors, ça l’était, et Aure Rondet était une excellente comédienne. Parce qu’elle jeta un regard vers l’extérieur du salon, peut-être en essayant de découvrir cette jolie dame toute noire qui devait être en train de discuter avec Hannah.

« Eva Seyss, elle s’appelle. Votre seigneur, Balthasar Gelt, me l’a imposée. Il a dit que c’était pour ma sécurité. Je n’aime pas cette façon de faire, ça m’horripile — j’ai travaillé en tant qu’aliéniste auprès d’assassins forcenés, je pense avoir un petit peu d’expérience avec des gens vraiment dangereux. Vous n’êtes pas dangereuse.
Je la laisse me servir d’épouvantail un peu loin. Mais je lui ai strictement interdit d’écouter notre conversation, ou de rechercher quoi que ce soit. Elle n’aura aucune influence sur mon diagnostic. »


Elle toussota. Et sourit à nouveau.

« Je vais commencer par vous poser une série de questions. L’objet de ces questions sera d’apprécier votre mémoire et son fonctionnement. L’on m’a dit, en effet, que c’était là le mal qui vous concernait — vous allez voir, certaines questions sont d’une simplicité enfantine, d’autres en revanche sont beaucoup plus ardues. Je vous demande de simplement répondre sérieusement à chacune, en prenant l’exercice le plus au sérieux possible.
Nous en aurons fini en maximum un quart d’heures. »


Armée d’une petite feuille de papier pour servir de notes, une tablette en liège comme support, et un bâton de fusain, elle attendit que Hannah revienne avec une théière et deux tasses. Puis, lorsque la servante ferma la porte derrière elles, les laissant totalement seules, l'aliéniste put enfin commencer.

« En quelle année sommes-nous ? »

Et si les questions étaient de cet acabit, Isabelle n’avait sérieusement rien à craindre…

« En quelle saison ? »

Parait-il que c’était le printemps. Mais vu comment Isabelle tremblait la nuit, il y avait de quoi en douter.

« En quel mois ?
Quel jour du mois ?
Quel jour de la semaine ? »


Que des questions évidentes, quand on venait de lire le journal il n’y a pas vingt minutes…

« Quel est le nom de la ville dans laquelle nous nous trouvons ? »

Question piège — elle se trouvait dans un lieu-dit, qui était en fait rattaché à la Principauté d’Altdorf. Mais enfin, si Isabelle reconnaissait bien la différence, c’est qu’elle n’était absolument pas démente.

« Quel est le nom de la province où nous sommes situés ? »

Reikland.

« Quel est le nom du dirigeant de cette province ? »

Karl-Franz. Et puis, on lui pardonnerait facilement de ne pas pouvoir réciter sa litanie de titres qui suivait — même les hérauts d’armes avaient du mal.

« À quel étage sommes-nous ? »

C’était peut-être presque insultant de se faire poser des questions pareilles. À croire qu’elle était une demeurée folle furieuse à se baver dessus.

À chaque réponse d’Isabelle — qui étaient toutes correctes — Aure Rondet se contenta de griffer une petite marque au fusain sur son papier.

« Je vais vous dire trois mots. Je voudrais que vous les répétiez un par un et que vous vous efforciez de les retenir — je vais vous les redemander bientôt.
Fauteuil.
Tulipe.
Canard. »


Elle laissa deux petites secondes à Isabelle, puis renchaîna.

« Bien. Prenez le nombre 100…
Je voudrais que vous comptiez à partir de 100, en retirant 7 à chaque fois. »


Toute sa vie, Isabelle avait fait des produits en croix, des rapports de proportions, et des tableaux. C’est quasiment naturellement qu’elle répéta à toute vitesse l’exercice :
100 – 93 – 86 – 79 – 72 – 65-

Aure sourit et l’arrêta :

« Excellent ! Ça me suffit. »

Elle murmura quelque chose, et reprit à voix haute.

« Est-ce que vous pourriez m’épeler le mot… Griffon, à l’envers. »

G-R-I-F-F-O-N
N-O-F-F-I-R-G

Là, en revanche, la chose était un peu plus compliquée. La sorcière se mit à grommeler, tandis qu’elle s’efforçait d’obéir. Et sans lui dire si elle avait réussi ou non, Aure reprit.

« Est-ce que vous pourriez m’épeler le mot… Écluse, à l’envers ? »

É-C-L-U-S-E
E-S-U-L-C-É

Elle avait-elle hésité ? Avait-elle réussi ? Elle était persuadée qu’elle avait réussi ce jeu avec brio. Alors, la prêtresse dit une simple phrase :

« Pouvez-vous me rappeler les trois mots que je vous avais donnés ? »

Fauteuil.
.
.

C’était tout.

Quels étaient les deux autres ? Ils s’étaient volatilisés. Comme un morceau d’elle-même avait décidé de fuir quelque part. Elle était proprement incapable de les redire à voix haute.

Et pourtant, Aure garda le même sourire, et passa à la suite, sans ralentir ou laisser le temps à Isabelle de se reprendre.

« Quel est le nom de cet objet ? »

Et elle leva son bâton de fusain.

« Quel est le nom de cet objet ? »

Et elle pointa sa bague à son doigt.

« Écoutez très attentivement, et répétez exactement la phrase que je vais prononcer :
Pas de mais, de si, ni de et. »

Elle bégaya. Mais à nouveau, la prêtresse refusa de s’attarder sur le succès ou l’échec de sa patiente.

« Écoutez bien et faites ce que je vous dis. »

De sa serviette, elle tira une feuille qu’elle posa sur la table, entre elle et Isabelle.

« Prenez cette feuille de papier avec la main droite »

Isabelle la prit.
Avec sa main gauche.

« Pliez-la en deux. »

Voulait-elle la plier d’une certaine façon ? Un bord sur l’autre ? De côté ? En longueur ou en largeur ? Isabelle hésita, et ses mains se mirent à trembler, et elle ne se rendit même pas compte de si elle faisait ce qu’on lui demandait.

« Et jetez-la par terre. »

Jeter ? Ou faire tomber ? Ou faire glisser ? Ou…

La feuille venait de disparaître de son champ de vision, avec un bruit de papier qui tombe. Est-ce que l’illusion était passée ? La prêtresse demeurait impassible, avec toujours ce sourire sympathique.

La prêtresse retourna sa tablette.

« Faites ce qui est écrit. »

Et en grand, il y avait indiqué :

FERMEZ LES YEUX.

Quand elle les rouvrit, la prêtresse venait de poser son bâton de fusain sur la table, ainsi qu’un papier retourné. Il y avait quelque chose d’étrange de dessiné à gauche : deux flèches superposées, l’une sur l’autre, et un espace vierge à droite.
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« Veuillez recopier le dessin, s’il vous plaît. »

Elle avait dessiné des plans. Elle avait imaginé son golem. Elle avait, non loin, la preuve indéniable, et réelle, qu’elle était capable de forcer son esprit, son âme, sa matière grise, à obéir à ses besoins et ses volontés, pour bâtir quelque chose. Elle maîtrisait l’espace, l’orientation, elle maîtrisait même la température et la magie pour forcer le métal, quelque chose de dur, à devenir malléable entre ses doigts. En ça, elle valait mieux que tous les forgerons qui étaient nés et avaient vécu à travers l’histoire de l‘Humanité.

Alors pourquoi, pourquoi par Véréna, déesse du savoir, est-ce qu’elle était incapable de dessiner deux misérables flèches droites ?

Cette fois-ci, quand elle eut terminé, l’impassible Aure Rondet affichait des émotions sur son visage. C’était terriblement fugace, mais bien présent. Elle avait eut un sourcil qui s’était surélevé, et sa bouche qui était demeurée entrouverte, comme si elle était témoin de quelque chose de surprenant. Ou choquant.

« Très bien…
Nous… Nous en avons fini. J’ai une toute dernière chose pour vous, et ensuite j’en aurai terminé pour cette courte évaluation… Nous pourrons alors discuter.
Je vais vous montrer des petites images. Des peintures. Elles vont vous paraître fort abstraites, et étranges. Très colorées, ce sont des taches d’encres qui sont censées vous inspirer… Quelque chose.
Il n’y a pas de mauvaise réponse. Je souhaite que vous me disiez, sans réfléchir, quelle est la première chose que vous croyez apercevoir dans ces planches. »
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Jet d’empathie (INT/2 ; Tu n’as pas la compétence) : 1, réussite critique, lol. T’as plein d’informations que tu devais avoir sur la prêtresse.

Jet de calcul mental : 1, réussite critique.
Jet d’attention (Malus : -2) : 7, réussite
Jet de mémoire (Malus : -4) : 13, échec
Jet de maîtrise du langage (Bonus : +4) : 12, réussite
Jet d’apraxie constructive (Malus : … -8. Il y a un bug dans la matrice, étant donné ce que tu es parvenue à faire ces derniers jours.) : 12, échec

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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Isabelle se saisit du papier, persuadée d'avoir en mains des documents officiels débordant de closes en tout genre. Elle espérait ainsi mettre le doigt sur une coquille, quelque chose qui lui permettrait de se sortir de cette situation si l'entretien se déroulait mal. Mais non, tout ce qui défilait sous ses yeux, c'était des lignes d'inventaire barbantes. Déçue, la maîtresse de maison reposa la paperasse et découvrit que la prêtresse était déjà prête.

A sa réponse franche, la vieille Breitenbach s'était attendue à une esquive de la part de son interlocutrice. Un large sourire et un changement plus ou moins subtil de sujet. "Oh, ne vous inquiétez d'elle... commençons, voulez-vous?". Une fois de plus, la magicienne faisait piètre divinatrice. La soeur se permit un instant de complicité, se dissociant de sa collègue pour admettre qu'elle n'appréciait guère plus sa présence. Une envoyée de Balthasar, pour tenir Isabelle en respect si besoin. Soeur Aure n'avait aucune raison de mettre en place ce mensonge farfelu, aussi était-ce probablement la vérité. Bien, ainsi, cette araignée maladive n'aurait pas son mot à dire après l'évaluation.


« Hmm, connaissant Gelt, ce n'est guère surprenant. »

Isabelle avait cependant relevé la remarque de la prêtresse : "elle n'était pas dangereuse". Savait-elle à qui elle s'adressait? La Dame de Fer, bordel! La femme la plus crainte du Collège Doré! Le visage empourpré, la sorcière s'imagina de quelle manière elle pourrait se débarrasser définitivement de ce petit bout de femelle. Elle pouvait lui lancer un sort de... De quoi? Sa tête en gruyère n'avait plus en répertoire que des incantations de bas étage, et aucune lui permettant de se défendre. Réveiller Tink et lui envoyer au visage? Ridicule.

Contenant à peine sa frustration, elle se mit à grincer des dents et à attaquer son verni doré. La moitié de son être voulait réparer cet affront, ici, maintenant. Se lever, s'offusquer, partir. L'autre savait pertinemment que rien ne se dégagerait de ce genre de réaction. Rien de positif en tout cas. Elle se racla malgré tout la gorge pour signifier son mécontentement, avant de se permettre une remarque plus... mesurée.


« Pas dangereuse? C'est la première fois que j'entends cela à mon sujet. Mais, si vous vous êtes déjà renseignée sur moi, vous devez déjà le savoir, n'est-ce pas? »

Aucune animosité, un ton de rigolade. Ainsi, la tension ne montait pas et la remarque ne passait pas inaperçue. Isabelle se voulait conciliante, femme expérimentée qui ne colère pas pour pareille broutille. Quel jeu d'acteur...

Ainsi, le test débuta et, dès la première question, la vieille Breitenbach fut à la fois rassurée et agacée. « Elle me prend pour une demeurée... » Pensa-t-elle. C'était frustrant, mais au moins, cela garantissait un entretien rapide et facile. Du moins si les questions de ce genre n'étaient pas trop nombreuses. Du tac au tac, elle répondit, posément, avec un sarcasme croissant. Elle la prenait pour une imbécile? Soit, Isabelle lui ferait aussi goûter à ce plat.

Pourtant, la Dame de Fer ne parvenait à se défaire de son angoisse. Il serait simple de se rassurer et de baisser sa garde, d'ouvrir une petite fenêtre dans laquelle la prêtresse pourrait s'infiltrer, tel un renard cherchant l'accès au poulailler. Elle était l'ennemie, il ne fallait jamais l'oublier. Ainsi, l'ancienne magistère restait constamment aux aguets, malgré son air désinvolte.

Plus les question défilaient et plus s'irritait la Dame de Fer. Elle s'était fait un sang d'encre pour ça? Des insomnies, un stresse constant, l'invasion d'intrus dans sa demeure, tout ça pour se voir demander si elle savait compter? C'était indigne, de Shallya et même de Tête de Plomb. « Sincèrement, Gelt? C'est comme cela que tu comptes me vaincre? Tu n'as décidément rien retenu de mon enseignement! ».

C'est à cause de ses réflexions qu'Isabelle hésita un instant pour épeler le mot "écluse". Ce n'était pas bien grave, mais il ne fallait pas se laisser distraire. « Bien tenté, petite sotte! Tu as failli m'avoir. » Mais Soeur Aure restait imperturbable, passant à la question suivante comme si la précédente n'avait jamais existé.

Enfin, elle demanda à Isabelle de ressortir les trois mots qu'elle lui avait mentionné plus tôt. Un sourire au coin de la lèvre, l'alchimiste releva le défis. Elle les avait minutieusement rangés dans un coin de sa mémoire, accessibles, dans l'attente de la question perfide. Elle saisit le premier, le sortit avec dédain, puis tendit son bras mental pour trouver le seconde. Sa main se referma sur le vide. Il n'y avait plus rien! Ni le deuxième, ni le troisième mot demandé!


« Attendez, je l'ai sur le bout de... »

Déjà, la prêtresse passait à la question suivante. Sonnée, Isabelle tenta de se reprendre, mais à grand mal. Elle sentait les fondations de son assurance trembler. Heureusement, les questions suivante étaient tout aussi stupides que les premières. « Savoure ta victoire, mégère! Je ne me ferai plus avoir! »

Une simple phrase à répéter. Isabelle n'avait entendue clairement, alors pourquoi les mots se bousculaient-ils dans sa bouche? Et cette bonne femme qui ne lui laissait aucun répit... Lui avait-elle lancé un sort? La main de Shallya s'était-elle incrustée dans son crâne pour lui sectionner les neurones?

Ne s'attendant pas à devoir utiliser ses mains, la vieille Breitenbach réagit par réflexe et remarqua trop tard qu'elle n'avait pas respecté la consigne. Soeur Aure allait si vite! La magicienne paniquait à présent, ses mains moites tentant maladroitement de plier le papier sans comprendre réellement ce qu'elle faisait. Isabelle sentait la sueur s'accumuler sur son front, pousser le maquillage déposé par la main experte d'Hannah puis le tirer vers le bas.


« Je... euh... »

C'était tout ce qu'elle pouvait sortir, incapable de réfléchir clairement. Les mots se mélangeaient dans une tornade de confusion, Isabelle ne parvenant presque plus à comprendre leur sens. Jetait-on une feuille comme on la laissait tomber? Elle ne devait pas se tromper, elle devait réussir, ne manquer aucun détail. Et c'est cette volonté de bien faire qui embourba la vieille magistère, la moindre question devant une terrible croisade pour en trouver la signification.

« Pourrions-nous... » Marmonna-t-elle.

Trop tard, elle avait déjà un panneau devant le visage. "FERMEZ LES YEUX". Comment faisait-on déjà? Isabelle avait l'impression de devoir actionner le moindre muscle manuellement. Mais quand elle réalisa la panique dans laquelle elle se noyait, clore ses paupières, s'effacer du reste du monde, lui vint naturelle.
« Pitié, qu'on ne me demande plus jamais de les ouvrir! »

Ses prières ne furent pas exaucées. Lorsqu'elle les rouvrit, un simple dessin se tenait en face d'elle. Bien, c'était simple, elle gagnerait des points là dessus. Confiante, elle se saisit du fusain, retrouvant un peu de contenance. Un trait, deux traits. Non, cela n'allait pas. Ou peut-être que si? Il ne fallait plus douter, il fallait terminer ce putain de dessin!
Quelques traits en plus, réalisés à la vas-vite, et Isabelle rendit la feuille, incapable de se résoudre à contempler le résultat. D'après la micro réaction de soeur Aure, elle avait échoué. La panique la prit de nouveau à la gorge.


« Mais enfin! Je suis allée trop vite! Rendez-moi ce maudit bout de papier! »

Mais l'exercice était terminé, la vieille Breitenbach ne pourrait pas retenter sa chance. Quelle torture infâme! Comment osait-on la tourner en dérision de la sorte?!

Il fallut une bonne dizaine de secondes à Isabelle pour reprendre contenance. Tout n'était pas perdu, il restait une dernière épreuve à accomplir. Mais cette fois, ce n'était pas une épreuve de vitesse, simplement de l'observation. Toujours irritée, la maîtresse de maison se pencha en avant pour mieux voir les tableaux défilant entre les doigts de la prêtresse.

Au premier, elle répondit immédiatement, car c'était une évidence.


« Oui, c'est une Âme Vénérée s'envolant. Elle est dotée d'ailes en forme d'engrenages. Un "ange mécanique" disons. »

Quel était donc cet étrange exercice? Le but était-il de tester sa vision? A la seconde peinture, la magicienne afficha une grimace de dégoût.

« C'est sordide, très chère. Pourquoi découperait-on un homme de la sorte? » Sentant qu'elle devait approfondir, Isabelle reprit en haussant un peu le ton. « Et bien enfin! C'est un homme déchiré en deux, de haut en bas. Voyez, son coeur reste intact au milieu. Ou ses poumons peut-être? »

C'est pour la troisième image que la maîtresse de maison cala. Elle prit plusieurs secondes pour l'observer. Isabelle avait bien un mot qui avait popé dans son esprit dès le premier regard, mais le trouvait ridicule, elle préférait continuer de chercher. Pourtant, aucun autre ne convenait, et elle finit par se résoudre à le dire.

« Un chaman... ou un druide peut-être? Je ne sais pas, j'ai l'impression de voir une haute silhouette vue partiellement du dessus. Sa robe se répand au sol comme une étoile. Regardez ces plumes blanches et noires au sommet... C'est un chapeau non? Décoré de plumes.
Un sombre personnage en tout cas, peut-être même un nécromancien. Oui c'est cela! J'en ai déjà affronté autrefois. De véritable horreurs que ces énergumènes. »


Par Véréna, pourquoi donc lui montrait-on des images d'ange mécanique, d'homme massacré et de nécromanciens? N'importe qui décèlerait les mêmes silhouettes, car après tout, elles ne bougeaient pas!
La dernière image fut plus facile à trouver, mais tout autant morbide. Peut-être la plus claire d'entre ​toutes.


« Décidément... Cherchez-vous à me faire faire des cauchemars? C'est un coccyx humain, reposant au fond de l'océan depuis longtemps déjà. Des crabes bleus, des poissons et des crevettes se sont déjà régalés de son ancien propriétaire, bien qu'il reste un peu de chair au niveau des jambes. »

Ne tenant plus, et sans prendre la peine de demander à la prêtresse si elle en serait dérangée, Isabelle équipa d'un tube de tabac son porte cigarette. D'un coup de briquet amadou, elle se sentit enfin un peu plus légère, moins tendue.

« En a-t-on terminé avec les exercices? »
Modifié en dernier par Isabelle Breitenbach le 29 sept. 2021, 05:35, modifié 1 fois.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Entre chacune des réponses d’Isabelle, la prêtresse se saisissait de sa petite tasse et buvait tranquillement son thé. Elle demeurait assez neutre à chacune des observations de la patiente — mais elle gribouillait. Sempiternellement, elle appliquait le fusain sur le papier, peut-être à rédiger quelques assassins commentaires qui condamneraient la magistère à l’opprobre la plus vile…

Et voilà qu’elle souriait à nouveau, tout gentiment.

« Nous en avons terminé. Le calvaire est fini !
Vous avez une personnalité remarquable, madame. Une vision des choses assez… Hmm… Vous avez un esprit curieux, je dirais.
Je serai ravie d’analyser avec vous tout ça — si vous le voulez, je peux vous expliquer la signification de tous ces exercices. Peut-être que ça vous ferait plaisir ? »


Elle laissa Isabelle faire un commentaire, tandis qu’elle pliait son papier et le plaçait dans sa serviette.

« J’aimerais discuter avec vous de certaines choses… Mais avant, permettriez-vous que je m'entretienne avec votre domestique ? Hannah Merz, c’est ça ?
Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas pour faire la commère dans votre dos, je vous l’assure — simplement, je connais son nom car je sais qu’elle est une personne qui a été à vos côtés durant quelques… Événements… Traumatiques. Je voudrais me renseigner sur son état à elle… »


La serviette à nouveau rebouclée, elle se remit debout et attendit l’approbation d’Isabelle ; un refus, de toute façon, serait difficile à justifier. Et même si elle s’y opposait, rien n’empêchait la sœur Rondet d’aller dans son dos poser des questions à miss Merz sitôt qu’elle serait rentrée à Altdorf. Si la Shalléenne était au parfum de son identité, elle savait certainement où elle logeait.

« Bien. J’en ai pour… Vingt minutes. »

Au moins, c’était là une qualité appréciable de la prêtresse — l’horaire qu’elle avait annoncé pour marquer la fin de son jeu avait été entièrement respecté. Le culte de Shallya est certes un culte pacifique, mais leur religion est étrangement hiérarchisée et régulée à la façon d’un régiment militaire. La discipline hospitalière, nécessaire pour gérer des malades ou des mendiants fort nombreux, avait du bon.

La prêtresse déguerpit, et alla trouver Hannah dans la salle à manger. Et voilà qu’Isabelle pouvait tranquillement ronger son frein, et patienter, qu’importe qu’elle ressente de la nervosité ou de la frustration.





Cinq minutes plus tard, une personne fit irruption dans la pièce. Sans un bruit, le parquet ne craquant même pas sous ses bottines en cuir toutes craquelées (Son choix en godasses était visiblement de moins bon goût que sa parure…), la dame en noir entra dans le petit salon. Les mains gantées liées devant elles, sans se présenter, sans s’arrêter, comme si elle était chez elle, elle se retrouva en quatre pas juste à côté du fauteuil d’Isabelle.
Et elle pointa du doigt vers le tableau accroché au fond.

« C’est lui, Bismuth ? »

Elle parlait avec une voix un peu rauque, très peu féminine. La voix d’une fumeuse de soixante ans — un peu comme la voix d’Isabelle, en fait. Sauf qu’elle avait un visage de gamine.

Elle se planta tout droit devant le croquis, croisa les bras, et siffla d’admiration.

« Vision d’artiste, ou le vrai ressemblait à ça ?
Pouah. Énorme le machin.
Allez, voyons-voir si j’ai bien révisé, du coup… »


Et elle posa son index sur l’homme barbu à chapeau, plus petit qu’elle, qui se tenait à sa gauche.

« Celui-là, c’est Yonec de Huntingfield ? », qu’elle essaya de deviner, en prononçant le nom dans un breton parfait. « Et elle, à votre droite… Lauretta Leutze.
Vous me semblez pas avoir besoin d’un fauteuil roulant, et pourtant, mon dossier me dit que vous étiez même pas présente à son enterrement. C’est quoi votre problème, sérieux ? »
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Aussi soudainement que lorsqu'elle s'était plongée dans un sérieux oppressant, soeur Aure avait regagné toute sa douceur d'avant le test. Certes, elle n'avait jamais été agressive envers Isabelle, mais la rapidité de ses questions avait mis à mal la maîtresse de maison. Rancunière, Breitenbach garda un visage fermé, ne partageant pas l'euphorie déplacée de son interlocutrice. Cela ne perturba aucunement la prêtresse, qui proposa même de partager les résultats de son évaluation.

La magicienne aurait voulu l'envoyer bouler, montrer à quel point cette science ridicule ne l'intéressait pas. Mais c'était plus fort qu'elle, il fallait savoir.


« Eh bien, vous m'avez fait subir toutes ces simagrées. J'aimerais bien, en effet, en connaître le diagnostique. »

Mais soeur Aure n'avait pas l'intention de s'étendre dessus pour l'instant. En effet, elle désirait s'entretenir avec Hannah. Isabelle ouvrit de grands yeux ronds, soufflée. Qu'on demande son avis à une simple domestique l'effarait. Peut-être oubliait-elle sa discussion de la matinée avec la jeune servante? Ou celle datant de quelques jours à peine, bien plus animée.
Cela ne lui plaisait guère. Qu'allait donc sortir cette petite peste? Allait-elle se venger de sa maîtresse? Après l'avoir escroquée pour récupérer ses couronnes?

« Pas de commérage mon oeil! Cette folle a pour unique but de trouver mon linge sale. » L'image de sa robe souillée plus tôt traversa l'esprit paniqué d'Isabelle. S'en était-elle correctement débarrassée? Oui, jetée au fond du jardin, derrière les buissons. Si la soeur allait chercher jusque là, alors peut-être devrait-elle s'infliger ses maudits tests à elle-même.

Il n'y avait pas d'échappatoire, aucune raison crédible de refuser. Les dents serrées, l'ancienne magistère opina du chef, avant de s'enfoncer dans son fauteuil. Elle observa la prêtresse partir, le regard mauvais, attaquant des ongles son accoudoir et mordillant sur son porte cigarette. Elle voulait se prendre une goutte de laudanum, mais ce serait prendre un risque considérable. Non, Isabelle devait attendre, vingt minutes.

Elle sursauta, n'ayant pas remarqué l'entrée de la seconde femme dans son salon au parquet grinçant. Toujours sans se présenter, Eva se promena, maîtresse des lieux.


« Vous autres adeptes d'Ulgu, savez aussi bien dissimuler votre aura magique que physique. Remarque, avec un accoutrement pareil, moi aussi je voudrais me faire discrète. »

Elle prit une courte bouffée de tabac avant de l'envoyer dans sa direction. En effet, elle ne ressentait aucune manifestation aethyrique émaner de cette sombre garce. Mais d'autres signes ne trompaient pas, comme sa discrétion surnaturelle ou le malaise qu'il inspirait auprès de la vieille femme.

« Gelt souhaite finalement se débarrasser de moi? C'est pour cela qu'il envoie un assassin à ma porte? »

Peu probable, le jour où la prêtresse venait faire son évaluation. Le ton d'Isabelle n'était pas sérieux, simplement taquin. Pourtant, sa main se rapprocha imperceptiblement de sa canne lorsque la sorcière grise se rapprocha d'elle. Un serpent venimeux, voilà ce qu'elle rappelait à l'ancienne magistère. Derrière ces lèvres noires se cachaient des crocs suintant de poison.

"Bismuth"... « Non, très chère. Ça, c'est du P.A.P.I.E.R. » faillit répondre la Dame de Fer, avant de comprendre. C'était donc ainsi qu'elle avait jadis appelé son golem? D'après un métal pauvre? Cette formidable créature méritait-elle pareille affiliation? Si seulement la vieille Breitenbach pouvait se rappeler un peu plus de cette oeuvre.

Isabelle resta silencieuse, craignant de stopper net l'initiative d'Eva. Savait-elle qu'en réalité, elle offrait à la maîtresse de maison les outils pour se rappeler de pans entiers de son passer? Ainsi, elle désigna de son immonde doigt l'homme barbu juste à côté de la jeune sorcière. Yonec de Huntingfield. C'était donc un bretonnien, et bel homme de surcroît. Quelqu'un de proche. Mais tous les membres du tableau ne l'avaient-ils pas été? Des amis, des vrais, pas des collègues de travail ou de simples associés.

Lauretta Leutze était morte? Maintenant que ce visage portait un nom, une pique de tristesse se planta dans le coeur d'Isabelle. L'avait-elle su? Avait-elle ignoré les funérailles? La remarque irrita profondément l'alchimiste, peut-être aussi à cause de la nouvelle qu'elle annonçait.


« Alors quoi? Vous êtes prêtresse de Morr à vos heures perdues? Mêlez-vous de ce qui vous regarde! »

L'ancienne magistère avait pris la paume de sa canne à deux mains pour donner un coup sec au sol. Rouge de colère, elle se sentait prête à plonger ses ongles dans la gorge de cette vipère. Mais la vieille Breitenbach consuma vite son carburant, retrouvant un air bougon. Du coin de la bouche, elle murmura un simple mot à voix basse, juste assez fort pour que l'intruse entende sa question.

« Comment? »

Mentalement, elle retournait tout, fouillant sans vergogne les étagères rongées par les années. Peut-être finirait-elle enfin par trouver quelque chose dans ce bordel! Mais après tout, pourquoi s'égarer dans sa propre tête, quand une autre, apparemment bien pleine, se trouvait à disposition? Il fallait juste faire un subtil mélange entre la provocation et l'indifférence, histoire que la sorcière grise ne sente pas charitable.

« Des dossiers avez-vous dit? Vraiment? Vous pensez avoir couché la vie de la Dame de Fer sur de vulgaires parchemins? Allez-y, surprenez-moi! »

Elle reposa son menton sur sa main, le porte cigarette fumant toujours entre les doigts. Elle plongeait ses yeux bleutal dans ceux de l'adepte d'Ulgu, brillant d'un air de défit.
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Eva continua d’observer le tableau, avec cet air pensif. Il lui fallut bien une minute de silence pour enfin s’en décrocher, et se décider à aller ailleurs dans la pièce ; elle se courba devant les étagères, comme si elle était à la recherche d’un bibelot.

« Votre vie n’est intéressante que jusqu’à vos trente ans — ensuite, ça devient beaucoup plus linéaire. J’ai réussi à dégoter votre memorandum sur la Tilée ; vous aviez de la chance que Feldmann était influente à cette époque. Pas certain que vos actions aient pu convenir sous une… Administration plus… Récente. »

Qu’est-ce qu’elle furetait, devant du bazar ? Au milieu d’étagères où les livres étaient manquants, vendus un par un par Hannah ?

Le temps qu’elle s’occupe de fouiner, quelques choses entraient en tête à Isabelle. Quelques souvenirs, fugaces, lointains, brouillés… C’est comme si elle avait perdu trop de détails pour reconstruire le tout, mais qu'un substrat plus profondes demeurait, ancré en elle. On peut oublier un texte, mais on oublie pas comment lire. C’était un peu la même chose ici.

Leutze était une magicienne. Comme elle. Chamon, comme elle. Robe jaune. Comme elle. Un peu plus âgée. Un peu plus laide. Douce, et amicale. Elle et Isabelle étaient… Amies. Vraiment, amies. Pas collègues, amies. Leutze était très intelligente, mais d’une intelligence différente ; Isabelle adorait découvrir les secrets de la mécanique, Leutze préférait la distillation et la transmutation. Elles se confiaient des secrets, ensemble. La remembrance d'une nuit de beuverie. Elle était capable de descendre des pintes de bières entière avant de commencer à avoir le hoquet.
Elle était morte. Dans la Principauté d’Altdorf, mais de l’autre côté — une journée en charrette, comme Hannah. On avait posté le faire-part de décès, Isabelle s’en souvenait maintenant. Quelle date ? Quand elle était bloquée dans ce manoir. Peut-être l’année dernière. Peut-être il y a cinq ans. Elle ne savait plus trop.
Elle se souvenait juste qu’elle avait jeté le faire-part au feu, et qu’elle avait été anéantie par la tristesse. Mais une tristesse telle qu’elle n’avait même pas versé de larmes. Ça avait été plus un choc, comme si on l’avait frappée avec un coup de massue.
Et ce n’était pas une expression.
Parce qu’elle se souvenait qu’en Tilée, elle portait une armure, comme une chevaleresse, et un mercenaire lui avait explosé le heaume avec un coup de bec de corbin…

« C’est une brave femme, Aure Rondet. Il y en a plein, des Shalléennes très braves. Elles veulent soigner le monde entier. Même les mutants. Même les criminels. Même les tueurs en série.
Voir des femmes comme elle, ça me… ça me met du baume au cœur. Je suis une personne très cynique, vous savez ? Mais quand vous êtes face à des gens tellement purs, ça vous secoue un peu l’âme.
J’aimerais, avoir sa bonté. Mais c’est pas mon métier. Il en faut des femmes comme Aure Rondet. Et il faut des femmes comme Eva Seyss.
Est-ce qu’il faut des femmes comme Isabelle von Breitenbach ? »


Elle alla vers le fauteuil qu’avait occupé la prêtresse précédemment, et s’installa, croisant les jambes, juste devant la maîtresse de maison.

« La prêtresse est ici pour savoir si vous êtes stable psychologiquement. Pour votre bien. Mais ce n’est pas ça, en fait, la question qui préoccupe vraiment Immanuel-Ferrand.
La question c’est… Est-ce que l’Empire peut encore se permettre de vous avoir ici, dans cet état ?
Balthasar Gelt a énormément de respect pour vous. Je le conçois. Il vous voit de la même manière qu’il perçoit ces vieilles statues d’Empereurs. On ose pas abattre des statues, c’est difficile.


Je vais vous poser la question directement, et je saurai si vous mentez :
Est-ce que Wilfried vous a recontacté ? »


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Isabelle Breitenbach
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Re: [Isabelle] « Un danger pour elle-même et pour autrui. »

Message par Isabelle Breitenbach »

Le serpent concéda que la vie d'Isabelle avait valu la peine d'être vécue... du moins jusqu'à ses trente ans. Il est vrai que c'est en tant que compagnon sorcière qu'elle avait exploré le monde et fait trembler ses régions. Et encore, à son retour, la Dame de Fer n'avait fourni qu'un rapport incomplet de ses explorations. Certains évènements avaient dû être passés sous silence et même le plus acharné des enquêteur n'aurait pas pu tout percer à jour.
Une fois le Collège Doré réintégré, Breitenbach avait encore accompli quelques exploits dont sa mémoire refusait de lui accorder le souvenir. Puis, elle avait fini par prendre un poste moins fantaisiste mais tout aussi passionnant.


« Vos enquêteurs manquent de talent. Parmi tant de choses, je vous ai aussi fourni un Patriarche Suprême, ne l'oubliez pas ma chère. Un Patriarche D.O.R.É. »

La rivalité entre les collèges était une loi immuable au cours des âges. Si, depuis la Nuit aux Mille Duels Mystiques, tous faisaient en sorte de garder des relations saines, la rancoeur resterait éternellement. Celui au sommet, le Suprême, provoquait l'amertume de ses cousins, qui attendaient patiemment le prochain duel pour faire briller son Ordre.

Eva mentionna ensuite des évènements en Tilée, qu'Isabelle tenta de se remémorer, en vain. Actuellement, son esprit s'activait sur un passé plus récent, d'une décennie maximum. S'il ne parvint pas à clairement situer le trépas de Lauretta, il fournit cependant l'échos d'un abominable sentiment. Une peine, une peine terrible de par sa soudaineté. Leutze et Breitenbach avaient vécu bien des vies ensembles, même si l'ancienne magistère ne s'en rappelait pas les détails. Pour qu'elle ait pleuré quelqu'un, intérieurement du moins, il fallait qu'on l'ait ôté d'une amitié sincère, rare.

La maîtresse de maison réalisa soudain que l'intruse fouillait dans ses affaires. Dans sa réflexion, le reste du monde n'était devenu qu'une masse floue, étouffée. Mais alors qu'elle s'apprêtait à protester, la femme se détourner des étagères pour se rapprocher, d'un pas sinueux, vers le fauteuil précédemment occupé par la prêtresse. Cette fois, son attention était entièrement dirigée vers la Dame de Fer, lui donnant la sensation d'être mise en joue par un tireur d'élite.

Enfin, les menaces commencèrent à germer. Une courte narration, une sorte de danse élégante, avant de donner un coup de dents. Décidément, Eva Seyss était bel et bien serpent! Isabelle sentit les poils de sa nuque se hérisser, mais n'en laissa rien paraître. Les deux mains reposant sur sa canne, elle faisait face. Une statue? C'était une belle comparaison. Une statue de métal froid et impassible, voilà ce qu'elle devait être.

Et soudain, le monde trembla.

La seule raison pour laquelle le masque impavide n'explosa pas en mille morceau, c'était que l'information faillit chuter dans le néant. Si inattendue, si lointaine, alors qu'Isabelle pensait encore devoir batailler pendant de nombreux mois avant de se la voir offrir par Tête de Plomb. Ainsi, elle traversa son crâne, au premier abord sans le moindre heurt, telle la lame d'un épéiste de légende. Puis, la plaie s'ouvrit, suintant d'une goutte, puis deux, puis d'un flot continu de sang.

Wilfried, son Wilfried adoré, était vivant... et en liberté!

La Dame de Fer hurla, si fort, si furieusement que les carreaux auraient pu en exploser. Pourtant, aucun son n'était sorti de sa bouche, aucun pli de son visage ne s'était accentué. Elle était enfermée dans son propre crâne, son corps aussi inanimé que les statues qu'elle se vantait d'imiter. Mais si le temps s'était stoppé pour Isabelle, celui d'Eva continuait de s'écouler alors qu'elle attendait toujours sa réponse. La magicienne batailla pour s'extraire de sa prison, tirant manettes, pressant leviers, agitant câbles dans tous les sens. Mais rien, rien du tout. Et les secondes qui continuaient de défiler...

Mais peut-être était-ce une bonne chose, peut-être ce système de défense lui permettrait de ne pas se dévoiler entièrement. Certes, sa soudaine immobilité avait certainement été remarquée, et Seyss en tirerait des conclusions. Mais après tout, Isabelle était vieille, dite sénile même. Une telle réaction à pareille bousculade pouvait tout dire : sentiment de culpabilité, peur d'être jugée. Tout, tant son visage restait de marbre.

Heureusement que Tink ou Reinigen n'étaient plus reliés à elle, sinon, les deux golems auraient probablement explosé sous la tornade psychique qui sévissait dans l'esprit de leur ancienne maîtresse.

Bien, elle avait son plan. Tout ce qui lui restait à faire, c'était putain de bouger! Mais comment? Le système était enrayé, un rouage refusait de tourner et seule une manifestation extérieure pourrait la sortir de sa paralysie.
Fort heureusement, Ranald avait choisi de se ranger du côté de la Dame de Fer. De son accessoire, où reposait un mégot presque entièrement consumé, se détacha une petite fraise qui alla s'échouer sur son index. En moins d'une seconde, Isabelle ressentit la morsure de la braise et reprit alors possession de son corps.

Elle cligna des yeux, avala sa salive accumulée, puis toussota. La magicienne reposa délicatement son sauveur dans un cendrier, puis joignit ses mains. La tempête était passée et, si son esprit était encore chaud de la nouvelle, au moins pouvait-elle le contenir en elle. D'un air malicieux, elle prit finalement la parole.


« Ainsi, mon Wilfried vous mène la vie dure? Je veux bien répondre à votre question, sincèrement, mais uniquement si vous m'en dites un peu plus à son sujet. »

Isabelle jouait un jeu dangereux, surtout si Immanuel-Ferrand en personne était impliqué. Mais si elle répondait immédiatement, il y avait de fortes chances pour que la sorcière d'ombre, satisfaite, ne décide de la planter là, sans rien dire de plus.
Isabelle Breitenbach, Voie du Sorcier des Collèges de Magie
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 10 | Int 13 | Ini 9 | Att 8* | Par 8* | Tir 9 | Foi 0 | Mag 13 | NA 1 | PV 70/70
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_isabelle_breitenbach
États :
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Compétences :
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Équipement :
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Archidoxis :
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Liste des "Sursis" :
Warfo Award 2021 du meilleur PJ - Ecriture
Warfo Award 2022 du monster Vieux Monde

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