Le retour du cruel Boris étant à présent imminent, les tentatives de Zack pour nouer des liens avec d’avantage de ses camarades en seraient d’autant facilitées qu’il avait prouvé à maintes reprises qu’il ne craignait pas leur tortionnaire. Qui plus était, il était parvenu à faire rentrer des outils dans la cabane à l’insu des gardes, et à se ménager une ouverture indétectable pour surveiller ces derniers. Il semblait donc être le recours le plus sûr pour quiconque voudrait tenter sa chance et s’évader…
Hélas malgré les tentatives de Zack et les circonstances favorables dont il bénéficiait, cela ne suffit pas à vaincre la réticence de la plupart des esclaves, ceux qui avaient jusqu’ici toujours refusé de le suivre. Ces derniers avaient sûrement trop peur de prendre des risques. Seuls quelques hommes, les plus déterminés ainsi que certains proches de Börg étaient réellement prêts à se lier d’amitié avec lui au point d’être prêts à le suivre. Les autres, qui étaient une majorité, étaient de bons camarades. Ils ne lui étaient pas hostiles, mais ils étaient plus distants avec lui, leur relation restait une pure relation « professionnelle » d’esclave à esclave. En fait, ceux qu’il avait identifiés comme étant résignés à leur sort, soit 14 esclaves sur 30 (Zack non compté), étaient les plus fermés. Cela se comprenait bien car ils avaient fini par accepter leur esclavage, par abandonner tout espoir de liberté, si toutefois ils en avaient eu un jour. Pour ceux là, se lier avec un homme comme Zack, un perturbateur qui bousculait leur routine et projetait de s’enfuir ne leur convenait pas. Le reste était partagé entre ceux qui avaient la rage dans leurs yeux, au nombre de sept, et ceux qui n’avaient pas renoncé à tout espoir de changer pour une vie meilleure et de redevenir libre, au nombre de neuf. Ceux qui n’aspiraient plus qu’à la vengeance pourraient éventuellement suivre Zack s’il tentait quelque chose, mais ils n’aspiraient pas à son amitié. Restait ceux qui avaient de l’espoir, parmi lesquels on retrouvait Börg et ses compagnons. Ces derniers, pour certains d’entre eux, avaient réellement envie de mieux connaître celui qu’ils connaissaient sous le nom de Tarik Volovskayev et de nouer des relations avec lui. D’autres ne recherchaient pas sa compagnie, car telle n’était pas leur nature ou parce que tout simplement ils n’avaient pas d’affinités particulières avec l’ex-noble.Test d’INT : 13. Raté, mais là intervention du MJ, car j’estime qu’après tout ce temps passé à tenter d’apprendre, tu mérites d’avoir une réussite sur 3.
Tu parviens donc à saisir quelques mots simples et utiles du norse, mais tu n’as pas encore ni les compétences grammaticales (conjugaison ou formation d’une phrase, ni les mots de liaison à part ceux donnés explicitement plus bas. En gros tu ne peux aligner que des mots et non des phrases/verbes conjugués). Grosso-modo, tu n’auras qu’à me contacter par MP ou CB si tu n’es pas sûr de ce que peux dire. Quelques exemples (non exhaustifs) de ce que tu peux dire :
Faim / manger / boire / soif / mal / peur / je suis (=yeger)/ et toi (=one dou) / esclave / maître / fouet / dormir / terre / chaîne / chant / maison, etc…
Pour plus de simplicité, il te suffira de préciser ce que tu veux dire en norse dans le texte, pas besoin de traduire et d’inventer une langue.
Test de CHA avec bonus de +5 pour circonstances très favorables : 19. Echec quand même. Pas de chance.
Test de perception (INI -4 pour la difficulté extrême) : 2 Réussite.
Au final, seuls quatre hommes en plus de Börg s’étaient réellement rapprochés du Tokavaleskï. Raska, un norse grand et costaud à la longue chevelure et barbe blonde. Il arborait sur la poitrine des tatouages tribaux et des cicatrices. Nul doute qu’il avait été membre d’un clan de guerriers avant d’être pris en esclavage. Bon compagnon, celui-ci était jovial et endurant, mais il ne paraissait pas très intelligent, ce dont il était conscient. En conséquence, il laissait souvent les autres décider à sa place, se contenant de suivre ses amis. Hull était quand à lui un homme brun et imberbe de petite stature, à la voix aiguë. Il n’avait aucun signe distinctif et rien ne laissait deviner comment il en était arrivé là pour Zack, qui ne pouvait ni demander, ni même espérer comprendre son histoire tant que sa maîtrise du norse ne serait pas meilleure. Il donnait souvent son avis sur tout les sujets, mais au final semblait suivre Börg. Jöppart, le troisième larron, était un norse roux de taille moyenne nerveux et excité. Il avait une courte barbe et des cheveux très longs. Il n’y avait pas besoin de le comprendre pour voir qu’il débordait d’énergie et d’enthousiasme, à tel point qu’il fallait que les autres le calment. Le dernier d’entre eux, un nommé Lors, était un pour sa part un homme de moyenne taille chauve et imberbe, qui parlait très peu. Il était le seul qui n’était pas un ami de Börg à l’origine, mais s’était quand même rapproché de Zack en lui montrant de la sympathie à défaut de le comprendre ou de beaucoup parler. Il semblait suivre partout le kislévite, mais restait en général muet.
Si les tentatives de socialisation de Zack avait dans l’ensemble été un échec puisque seuls ceux qui étaient déjà proches de lui souhaitaient réellement renforcer leurs liens, les journées d’apprentissage du norse commençaient à payer. Les chants aidaient beaucoup, ainsi que les tentatives de conversation à grands renforts de signes. Au final, il parvint à retenir quelques mots courants et utiles. Son vocabulaire ne comptait guère qu’une cinquantaine de ces mots, et toute notion de phrase lui était encore totalement inaccessible, à l’exception notable de la formule « je suis », « yeger » en norse et du mot de liaison « et » « one » en norse. S’il persévérait dans cette direction, cependant, nul doute qu’il en apprendrait plus sur le norse.
Alors que la nuit tombait et que tous les esclaves étaient rentrés dans leurs cabanes, comme d’habitude, Zack put constater qu’après une dernière vérification par Marco de la bonne fermeture des portes de sa cabane et de celles des fouetteurs, ils étaient seuls. Le lendemain, néanmoins, serait le jour du retour de Boris. Mais avant que Zack n’ait pu prendre une initiative quelconque, il entendit par l’interstice entre les rondins qu’il avait fabriqué un très léger bruit inhabituel. Normalement, après le départ de Marco à la nuit tombante, plus personne ne venait dans le champ situé devant les cabanes. Ce qui alerta le kislévite fut un bruit atténué par la distance et les murs de bois semblable à celui d’un bout de bois frappant fortement contre une pierre au dehors. En regardant par l’interstice, l’ex-noble pu voir une silhouette noire se détacher dans la nuit. La luminosité était faible, car le ciel était très nuageux et que la pluie n’allait pas tarder à tomber. Mais malgré tout, Zack put reconnaître Boris. Celui-ci marchait avec une difficulté évidente, il boitait, l’une des jambes dans une attelle, et portait un bâton pour l’aider à marcher. Malgré une souffrance évidente, le cruel chef des fouetteurs avait pris la peine de sortir de sa chambre et de son repos la veille de sa reprise de fonction. De plus, il se retournait souvent avec suspicion, comme s’il voulait s’assurer qu’il n’était pas suivi. Arrivé au milieu du champ, à deux cent mètres de la cabane environ et à l’extrême limite du champ de vision de Zack, il sembla attendre nerveusement. Après seulement quelques minutes, d’autres silhouettes indistinctes le rejoignirent. Mais il faisait trop sombre et le Tokavaleskï était trop loin pour les identifier ou même les compter. Une chose était certaine : la discussion entre Boris et ses mystérieux interlocuteurs ne s’éternisa pas. Après une ou deux minutes seulement, Boris fut même poussé au sol par une des silhouettes qui s’éloignèrent ensuite vers la forêt et disparurent dans les ombres.
La suite des évènements encore plus étrange. Le blessé se relevé et se dépêcha de revenir vers les cabanes des esclaves et le village. Mais au lieu de simplement passer devant la cabane de Zack comme il l’aurait fait s’il avait voulu rentrer chez les Grouchenko, il s’approcha droit sur la cabane, et se pencha sur le mur, à quelques centimètres de l’endroit où le kislévite avait agrandi l’interstice pour lui permettre de regarder. Pourtant, il était presque impossible que Boris ait pu apercevoir d’aussi loin la fente, dans une telle obscurité. Et en effet il ne semblait pas connaître l’existence d’une telle ouverture, puisqu’il se retourna pour vérifier une nouvelle fois que personne ne pouvait le voir, avant de sortir de sa poche une petite scie avec laquelle il commença à pratiquer une ouverture entre deux rondins. Après une ou deux minutes de travail, cette ouverture faisait un centimètre de haut sur quatre de large. Ce que Zack vit ensuite était tout bonnement surprenant : Boris sortit de sa poche un trousseau de clefs et le fit passer non sans difficulté à travers l’ouverture qu’il avait pratiqué. Puis il s’enfuit vers le village le plus rapidement possible. Entre le moment où il était arrivé dans le champ et le moment où il était reparti, dix minutes à peine s’étaient écoulées, pendant lesquelles il ignorait avoir été vu.
A l’intérieur de la cabane des esclaves, seules restaient pour preuves de son passage la fente pratiquée et les clefs qui étaient tombées aux pieds de Zack et de ses compagnons. Tous les esclaves, sauf Zack, n’avaient pas pu voir tout cela et ignoraient donc qui avait fait passer les clefs dans la cabane. Ils étaient restés bouche bée. Maintenant, ils ne savaient plus que faire.
Le premier, Börg prit la parole en s’adressant à Zack et en lui tendant les clefs qu’il avait ramassées. Ce dernier ne comprit que quelques mots des paroles du norses :
-… Clefs… Chaînes… Portes … Maison Grouchenko… Nourriture...
Mais les gestes qu’il faisait étaient sans équivoques. Il mima le fait de se libérer avec les clefs puis d’ouvrir la porte et de fuir après avoir volé de la nourriture… Tous les regards étaient tournés vers Zack à présent. Certains plein d'espoir, d'autres remplis de désir de vengeance, d'autres encore terrifiés ou incrédules.