Les heures de souffrance indicible devinrent jours puis semaines. Le corps humain luttant désespérément dans un combat perdu d’avance, rongé, absorbé, transformé par le Don. Un prix bien léger pour la malédiction de l’immortalité. Émergeant peu à peu des ombres l’homme n’était plus, ne restait que le vampire, seigneur sombre des arts obscurs et des nuits ensorcelées. Velkhoran renaissait. Et il avait faim. S’abreuvant du liquide carmin offert en grande quantité par les services de Panderion et par ceux, bien involontaires, d’infortunés pris par les serviteurs sans vie et par le nécromant, le nouveau-né pouvait sentir son esprit s’affûter, son troisième œil s’ouvrir de plus en plus et son corps se décharner. La peau devint similaire aux parchemins qu’il étudiait lorsque sa soif s’apaisait.* Mais il n’était pas idiot, aussi vaste que cette bibliothèque pouvait être, son maître n’y gardait certainement pas ses ouvrages les plus intéressants, oui, cette chose, son père, le privait de ce qui lui revenait de droit, la puissance. À la fin du second mois, ses pensées s’éclaircirent enfin, libérées de cette drogue entêtante qu’était le sang pour les vampires.
Le temps n’était pas vraiment perceptible au-delà des lourds murs de pierre. Aveugles, froids au toucher, même si le nouveau vampire ne pouvait s’en rendre compte, ils suintaient d’une constante humidité, endommageant lentement les ouvrages, parchemins et grimoires de la salle. À chaque fois que l’on se saisissait d’un de ces tomes anciens et usés un nuage de poussière s’élevait, voilant temporairement les torches les plus proches. Quant aux livres en eux mêmes, force était de constater que tous n’étaient pas fait de papier ou de parchemin. D’antiques textes en des langues plus anciennes que l’Empire de Sigmar couraient sur des feuilles de plantes inconnues, d’autres exsudaient un mal ancien, à l’état pur, de sang sur la peau, des listes de bâtons et de points sur de la terre cuite. Il y avait même quelques plaques d’acier marquées de runes, mais quant à leur provenance, il n’y avait là que peu d’indices.
Panderion interrompit une fois de plus l’étude de l’apprenti, sans fanfare ni trompette, semblant simplement surgir des ombres* :
-« Ton étude progresse-t-elle Rorric ? Le Maître attend beaucoup de tes travaux. Nous partirons ce soir au crépuscule, il est temps que tu apprennes quelques bases pratique »