[Sarah Lénor] Le lion vêtu de la peau de l'âne

[[MJ] Kriegsherr]

Après une bonne nuit de repos, qui ne fut pas troublée par quoi que ce soit, Sarah Lénor se réveilla très en forme et prête pour une nouvelle journée d'expédition et d'aventure au service de Sigmar. La petite fille n'avait pas fui, elle semblait au contraire fonder ses espoirs sur la réussite de la religieuse. La sigmarite savait qu'elle aurait probablement du pain sur la planche avec cette affaire qu'elle avait apprise la veille. En revanche, le frère Johan, lui, semblait encore fatigué et diminué, comme s'il était malade, mais il ne renonça pas pour si peu à repartir et à faire son travail. Bientôt, lorsqu'il eut appris de quoi il en retournait, il décida qu'il fallait se mettre en route sans tarder, et prit juste le temps de petit déjeuner avant de prendre la route, accompagné de son apprentie et précédé de leur petite guide. Dès qu'ils eurent quittés l'enceinte de l'auberge fortifiée, le frère Wolfenberg sembla tout de suite aller beaucoup mieux, ce qui, d'après lui, était une chance car ils auraient besoin de toutes leurs capacités pour résoudre le cas qui s'annonçait épineux. Sur le chemin, il s'entretint à voix basse avec sa compagnone, de manière à ne pas être entendu de la fillette. Il chuchota :

- Tu es bien consciente, j'imagine, que si la mère de cette enfant s'est volontairement livrée au mal, ou encore si nous ne sommes pas assez forts pour contrôler ou chasser le démon qui l'habite, nous n'auront pas d'autres choix que de la faire disparaître... Pour la sécurité de tous. C'est triste, je te l'accorde, mais il faut que tu saches que parfois on ne peut rien faire d'autre. Surtout que si cette femme est une prostituée, il y a de fortes chances qu'elle ait cédée aux tentation du prince du chaos.
Ah, oui, et aussi... Crois en mon expérience, si les villageois de ce hameau découvrent ce qu'il est advenu de la mère de cette fille, ils vont vouloir la brûler vive. Il nous faut donc nous hâter si nous voulons avoir une chance d'arriver à temps pour voir ce qu'on peut faire pour elle, si tant est qu'on puisse faire quelque chose, évidemment.

En disant cela, le frère avait accéléré la marche, et il attendit l'approbation et les possibles remarques de son apprentie : pensait-elle comme lui ?

[Sarah Lénor]

Le réveil fût moins difficile que ce que Sarah avait pensé en partant au lit la veille. D'habitude il fallait les vociférations d'un prêtre en furie pour parvenir à la tirer de ses matelats. Avec un sourire, elle se remémora le jour où son supérieur lui avait avoué qu'il pensait qu'il serait sans doute plus simple de vaincre une horde de cultistes de Khorne que de lui apprendre à se lever tôt! Malgré tout, elle arriva au petit-déjeuner en forme, sa toilette avait été faite rapidement, tout allait bien dans le meilleur des mondes. A l'exception de Père Johan qui avait mauvaise mine, mais sans avait-il attrapé froid durant la journée d'hier...

Au sortir de l'auberge il allait mieux, c'était étrange, sans doute l'air pur lui faisait-il du bien? Oui, c'était sans doute ça! Après cette petite réflexion elle écouta avec une pointe de tristesse le monologue de Père Johan. On lui avait parlé de ce genre de situation au Temple, c'était un cas commun, alliant la crainte d'un échec aux superstitions des paysans. En tout cas, lors de la messe qu'ils dirigeraient ensuite, il faudrait être explicatif sur le sujet... A la fin du discours, elle prit la parole à voix basse, en trottinant un peu pour être à la hauteur de son maître.

-Je sais parfaitement le danger que représente cette femme. Je sais aussi que si nous ne la sauvons pas... Mais nous la sauvrons, je l'ai promis à cette enfant. Et Sigmar nous accompagne, n'est-ce pas?
Et si elle a succombée à un des Dieux de plein grés... Que ferons-nous de la petite? Nous ne pourrons pas la laisser dans son village, elle serait tuée!

Comme toujours, elle faisait preuve de plus de tendresse que de sévérité, c'était dans sa nature finalement. Elle espérait tout de même arriver à destination rapidement, ça allait sans doute être sa première confrontation contre le Mal. La jeune fille était inquiète, mais pressée de s'y frotter!

[[MJ] Kriegsherr]

La petite fille avait dit que son village n'était pas trop loin de l'auberge fortifiée où elle était arrivée, mais tout était relatif, surtout sur des routes forestières. En effet, après plusieurs heures de marche à une bonne allure sur la grande route principale, la fillette les guida sur un petit chemin de terre mal entretenu, creusé d'ornières et de nids-de-poule, juste assez large pour permettre à une charrette de taille moyenne d'y circuler. Des arbres sombres et serrés encadraient des deux côtés la chaussée, et apparemment, ils n'avaient pas été taillés depuis un bon bout de temps. Le frère Johan, pour passer le temps, expliqua à son apprentie que les hameaux de ce genre étaient nombreux dans l'Empire, et que leurs habitants y vivaient très isolés du reste du monde, ne sortant généralement qu'une fois par an, à la fin de l'automne, pour vendre les fruits de leur année de labeur à la bourgade la plus proche. Les gens qui vivaient de la sorte, à entendre la description du frère Wolfenberg, étaient souvent peu sociables, voire inamicaux, parfois même hostiles avec les rares étrangers. Ils avaient pour la plupart des coutumes bien particulières et étaient rustres, colériques et austères. Il faudrait veiller à ne pas les offenser, car ils pouvaient s'emporter pour un rien, et tout ce qui dérangeait leurs habitudes immuables était mal vu par eux. Pour s'intégrer dans leur communauté et y être accepté, le nouvel arrivant devait y vivre pendant des années, parfois des décennies. Toutefois, ils n'étaient dans la plupart des cas pas dangereux. De plus, les attaques fréquentes de toutes sortes de créatures, et surtout des hommes-bêtes, rendaient la quasi-totalité de ces "colonies" éphémères, et bien des histoires circulent au sujets de villages ayant déjà été entièrement rasés des dizaines de fois en plusieurs siècles, que des aventureux un peu fous tentaient toujours de reconstruire...

En l'occurence, alors que l'enfant leur signalait qu'ils approchaient, au moment même où le groupe put enfin appercevoir devant eux une dizaine de masures, Sarah vit un attrouppement d'où s'élèvait un raffut cacophonique, au milieu du village. A en juger par le nombre de personnes présentes et le peu d'habitations, tout les habitants devaient être réunis là. Mais ils étaient encore trop loin pour voir ce qu'ils faisaient ni pourquoi ils étaient réunis et criaient de la sorte sur la petite et unique place du hameau. Johan semblait avoir son idée là-dessus puisqu'il prit un air consterné et s'adressa à Sarah :

-Par Sigmar, non ! Si c'est ce que je crois, nous arrivons à un moment délicat, et il va falloir la jouer fine si nous voulons avoir une chance de la sauver...

Puis il se précipita vers la cohue en ajoutant pour la petite :

-Tout va bien, on s'occupe de tout. Rentre chez toi et attend nous-y.

Et effectivement il s'agissait bien de ce que craignait Johan : en s'approchant, Sarah Lénor put voir que les gens, hommes, femmes, vieillards et enfants, au nombre d'une bonne vingtaine en tout, s'étaient réunis en cercle autour de deux d'entre eux, un barbu bourru d'une cinquantaine d'années et un homme plus jeune d'une vingtaine de printemps qui semblait tout excité. Ils tenaient fermement et exhibaient à la foule une femme, pieds et poings liés derrière le dos, un sac sur la tête, qui hurlait et s'agitait comme une démente, tandis que le barbu haranguait la foule, couvrant de sa voix grave les cris suraigus de sa captive :

-...Et je vous l'avais bien dit, moi, que cette putain apporterait le démon dans notre village ! Je vous l'avais dit, qu'elle allait corrompre nos fils et avilir nos filles et nos femmes ! Il aurait fallu depuis longtemps la chasser, ou mieux, la purifier par les flammes, car c'est aujourd'hui la seule solution : brûlons ce démon !

Et tous répétaient en hurlant cette sentence, ainsi que des insultes. Evidemment, quand bien même quelqu'un aurait été contre, ils ne pouvaient pas le dire. Les hommes auraient été accusés d'avoir loué ses services (ce que bon nombre d'entre eux avaient dû faire, et étaient maintenant trop heureux de pouvoir faire disparaître leur secret), quand aux femmes, elles haïssaient toutes cette femme qui les faisaient cocues. Quand aux enfants, leurs avis étaient ceux de leurs parents...

Une chose était sûre, comme le présageait le frère Johan, les ecclésiastiques allaient avoir fort à faire pour parvenir à empêcher les villageois de lyncher l'accusée.

[Sarah Lénor]

Sur le chemin du village, le Père Wolfenberg expliquait point après point ce qu'étaient ces petits bourgs isolés et la manière d'y vivre des gens. Sarah écoutait sagement les instructions de son professeur, elle se savait originaire d'un de ces mêmes hameaux, même si elle ne s'en rappellait plus très bien depuis tout ce temps.

Il apparaissait que ces braves gens n'aimaient pas particulièrement les étrangers. Sur ce point, la jeune fille se félicita d'être une religieuse, la crainte et le respect qu'inspirait Sigmar à la population lui garantirait sans doute d'être bien reçue, comme ce fût le cas à l'auberge! Une nouvelle perspective arriva à son esprit: ce village serait peut-être le lieu où elle ferait sa première véritable messe! En tant que participante, parce qu'elle avait dû faire une messe par jour durant près de quinze ans durant son apprentissage...

Une fois arrivée sur la place du village, tout se passa très vite, Johan se précipita vers un attroupement de gens furieux qui comptaient brûler la possédée. Une réaction digne d'un répurgateur. Mais elle n'allait pas laisser faire ça alors qu'elle pouvait aider, c'aurait été indigne d'une prêtresse comme elle, un vrai blasphème envers Sigmar. Les religieux allaient sauver cette pauvre femme puis ramener ces paysans sur la voie du Salut.

Son maitre s'était précipité vers la foule, mais serait-ce suffisant? Au temple, on lui avait appris que la fermeté était la meilleure des choses pour calmer les ardeurs. Choisissant de suivre ce conseil, Sarah s'empara de son marteau de guerre, elle comptait s'en servir comme symbole d'autorité. L'initiée espérait juste que celà n'allait pas froisser Johan Wolfenberg, il lui en cuirait dans ce cas...
Avec toute la force que lui donnait sa constitution, elle hurla.

-SILENCE! Tous!

Après avoir attendu quelques instants que des gens s'intéressent à elle, la jeune femme enchaîna.

-Je suis Sarah Lénor, et voici mon supérieur, frère Johan Wolfenberg. Elle désigna du doigt le dit-homme. Nous sommes ici pour régler le problème de ce village, nous pensons le démon à l'oeuvre!

Avec une pointe de regret, Sarah se rendit compte de l'insolence dont elle avait fait preuve. Mais pire, elle venait de parler de démons à des paysans. Elle avait beau être relativement naive, l'exorciste se rendait bien compte qu'elle venait de gaffer.

[[MJ] Kriegsherr]

Test de charisme : 4. Réussi.

Tandis que le frère Wolfenberg tentait vainement de se frayer un chemin à travers la petite masse de gens, pour atteindre le centre de la place où se trouvaient les deux hommes et la « possédée », Sarah réussit parfaitement à capter l’attention de toute la foule, au point que tous se retournèrent dans sa direction, sauf les trois personnes au centre, déjà tournées vers elle. Son aspect frêle, qui contrastait avec son arme lourde, combiné à ses habits de religieuse, provoquèrent l’étonnement des uns et des autres, et lui permit d’obtenir le silence. Tous attendaient que cette drôle de gamine parle. Il n’y eut aucune réaction dans l’assemblée quand elle se présenta, elle et son maître, le tirant par ailleurs d’affaire, car il était aux prises avec deux hommes de forte carrure qui n’avaient pas appréciés d’être bousculés. Dès qu’ils surent qui il était, ils le relâchèrent en s’excusant à voix basse.
Mais dès que le mot « démon » fut prononcé, ce fut l’explosion dans la foule, tous criaient et parlaient fort, et, malgré les tentatives du frère Wolfenberg pour reprendre le contrôle et la parole, nul ne l’écouta. Sarah elle-même fut ignorée, tandis que fusaient des slogans fanatiques comme :

-A MORT ! AU BUCHER LA DEMONE !! BRULEZ-LA !

Il s’en fallut de peu que la foule ne se précipite sur la mère et ne la démembre en la tirant de toutes parts. En fait, ce furent les deux hommes forts du village, qui devaient être les « chefs » ici, qui ramenèrent le calme en hurlant plus fort que les autres, avant que le plus âgé ne continue son discours.

-ECOUTEZ MOI TOUS ! ECOUTEZ TOUS ! Bien, maintenant que ces répurgateurs nous ont confirmés que cette sale pute était bien une créature du chaos, le doute n’est plus permis, et l’inaction serait un grave blasphème envers Sigmar. Purifions cette souillon par le feu, et réduisons ses os en cendres, avant de les offrir aux répurgateurs pour qu’ils les fassent disparaître à jamais de cette terre que la démone a osé souiller de sa présence !

Evidemment, tous hurlèrent leur approbation en réponse, et on alla chercher du bois et de la poix végétale, tandis que l’on emmenait, dans la cacophonie haineuse la plus totale, la condamnée vers une place un peu à l’extérieur du village, un lieu lugubre, jouxtant les bois et un petit cimetière d’une douzaine de tombes. Il y avait là un pilori et un poteau de tortures. C’est à ce dernier que l’on commença à attacher la jeune mère. Frère Johan s’agitait comme un diable pour qu’on l’écoute et qu’on le laisse parler devant tous, mais il renonça rapidement. Se tournant vers Sarah, il lui dit avec un air hagard et un ton qui frisait l’extinction de voix, à force d’avoir trop crié pour essayer de se faire entendre :

-Je n’en peux plus, ils ne m’écoutent pas, je… Je ne peux pas les arrêter. Tu es touchée par Sigmar, jeune Sarah Lénor, tu as un don rare d’éloquence. Si quelqu’un peu faire quelque chose, c’est toi. Si tu parviens à capter de nouveau leur attention, ils t’écouteront.

Effectivement, la jeune apprentie avait déclenché un phénomène totalement hors de contrôle qui avait rapidement dégénéré et menaçait maintenant plus que directement la vie de la condamnée en prononçant le mot "démon". Dans quelques instants, les villageois partis chercher la poix et le bois reviendraient et l'exécution commencerait, si elle ne parvenait pas à les en empêcher rapidement. Mais que faire, puisque personne ne l'écoutait quand elle essayait de crier. Peut-être aurait-elle une chance si elle parvenait à se frayer un chemin dans la foule excitée, jusqu'à l'estrade ou se tenaient les deux hommes entourant la prostitutée attachée au poteau... En tous cas, il fallait faire très vite, car déjà, les gens jetaient des pierres, des motes de terre ou des excréments sur la possédée.

[Sarah Lénor]

Le doute n'était plus possible, parler de démon à ces villageois avait été la pire erreur de sa courte vie. Comment avait-elle pu penser qu'ils allaient l'écouter et rester calmement à ne rien faire pendant qu'elle s'occupait de la malheureuse? Le pire était la tête que tirait Wolfenberg, il semblait si mal...

-"Je n’en peux plus, ils ne m’écoutent pas, je… Je ne peux pas les arrêter. Tu es touchée par Sigmar, jeune Sarah Lénor, tu as un don rare d’éloquence. Si quelqu’un peu faire quelque chose, c’est toi. Si tu parviens à capter de nouveau leur attention, ils t’écouteront."

La jeune initiée s'arrêta un instant pour jauger les paroles de son professeur. Il venait de dire qu'elle était touchée par Sigmar? Elle n'en croyait pas ses oreilles. Peut-être était-elle destinée à devenir une héroine de la lutte contre le Chaos? Désormais, hors de question de décevoir Johan! C'était son devoir de vaincre le Mal.
Prenant son courage à deux mains, elle lança une dernière phrase avant de se jeter dans la foule pour la traverser.

-"A la Grâce de Sigmar!"

Elle poussa un par un les badauds qui se trouvaient devant elle pour finalement se retrouver comme par magie sur l'estrade. En face des deux hommes vociférant. Pour faire silence elle frappa d'un grand coup de marteau le bois de la plateforme, laissant un petit trou dedans. Une fois que tout s'était tue elle commenca une nouvelle allocution.

-"Citoyens! Ne laissons pas la colère et la haine prendre le pas sur notre jugement. Il est des enfants de Sigmar qui peuvent être sauvés, et c'est pour ça que je suis devant vous aujourd'hui. Sigmar sait que la jeune femme que vous voulez brûler n'a pas invoqué les démons, mais en a été victime! Frère Wolfenberg et moi sommes là pour la délivrer de l'emprise du mal. Et il n'est nul besoin de la brûler pour celà! Laissez nous faire et nous la sauverons!"

Une fois ses mots bien transmis elle se retourna vers la victime dont elle entreprit de découvrir la tête pour tenter de comprendre quel démon s'en prenait à elle. Elle gardait cependant un oeil dans son dos, elle craignait qu'un de ces fous ne tentent de s'en prendre à elle.

J'utilise démonologie pour tenter de comprendre ce qu'il lui arrive et sixième sens pour me protéger des villageois!

[[MJ] Kriegsherr]

Une remarque sans importance, mais qui peut être utile à connaitre : On ne peut pas choisir d' "utiliser" la compétence "sixième sens", elle est toujours présente, c'est ce que j'appelle personnellement une compétence "passive" (comme par exemple "arme de prédilection", "chance", "résistance accrue", etc...). C'est à dire qu'à l'inverse d'une compétence "active", tu n'as besoin de marquer que tu l'utilises pour qu'elle s'applique, elle est censée le faire automatiquement. (Cependant, et surtout si le MJ est distrait [comme moi], il peut être bon de rappeller parfois qu'on la possède. A l'inverse, d'autres MJ qui frôlent l'excellence de par leur perfectionnisme [comme Déistra, entre autres, par exemple], n'ont pas besoin que l'on leur rappellent et pensent toujours à appliquer, chapeau à eux)

Test de charisme : 11. Raté.

Si les villageois laissèrent la jeune femme monter sans problèmes sur l'estrade, et qu'ils écoutèrent son intervention, ils la laissèrent agir, vociférer et parler non sans continuer de préparer le bûcher et de finir d'attacher leur prisonnière. Lorsqu'elle eut terminée sa petite explication ayant pour objet de convaincre les excités avides de "sacrifice purificateur" qu'il valait mieux laisser faire les professionnels de l'exorcisme sigmarite au lieu de brûler, et de ce qui pouvait être l'origine du mal, elle fut vivement prise à partie devant la foule par le plus âgé des deux hommes aussi sur l'estrade, celui qui jusqu'à présent avait monopolisé la parole et semblait être le chef des habitants du hameau, en même temps que l'un des plus virulents et le plus agressifs d'entre eux, le jeune n'étant probablement qu'un fils quelconque d'une des famille du village, ou peut-être même le fils du "chef", un suiveur qui servait de gros bras, mais qui ne semblait pas désapprouver les "purifications violentes". Bien évidemment, il semblait pour l'instant hors de question que quiconque dans l'assemblée ne s'en prenne physiquement aux deux ecclésiastiques, mais il était certain que le discours réaliste et peu violent de Sarah Lénor n'avait pas trouvé d'échos très positif dans la foule, qui souhaitait très majoritairement l'éxécution de la possédée.
Un murmure parcourut néanmoins "le public" pendant quelques secondes de flottement, certains pensant qu'en fin de compte il était peut-être plus judicieux d'écouter les clercs. Cette légère ombre de commencement d'hésitation potentielle ne dura cependant pas, car présentant l'effet que pourrait avoir la sigmarite si elle continuait à parler, le chef voulut s'opposer à elle verbalement, en une joute où serait arbitre la foule, pour lui prouver à la fois qu'ici c'était lui le chef, que le village n'avait pas besoin d'étrangers, qu'ils savaient y faire pour acceuillir les démons, et qu'ici on n'était pas des femmelettes sensibles et qu'on traitait les monstres comme ils le méritaient. L'enjeu de ce duel ne serait donc autre que la vie de la jeune mère, dont, de plus, rien ne prouvait qu'elle n'avait pas volontairement invoqué le mal.
La partie allait être serrée, car le chef se révélait être quand même relativement intelligent et fin pour un habitant d'un tel trou perdu, tout du moins : ses arguments frappaient juste. D'autant que celui-ci avait déjà en main plusieurs avantages décisifs : tout d'abord, il était du village, et respecté et écouté en tant qu'"autorité locale civile et religieuse", ses paroles auraient donc du poids. Ensuite, il connaissait bien les villageois, ses voisins, ses amis, et savait comment leur parler pour qu'ils l'écoutent. Enfin, l'abritre n'était pas neutre, puisqu'un bon nombre, sinon la quasi-totalité des hommes et femmes présents, avaient soit intérêt à voir morte une femme qui en savait un peu trop sur leurs infidélités, soit à éliminer ou se venger d'une rivale qui les avaient faites cocues ou risquaient de le faire si on la laissait vivre, soit souhaitaient tout simplement voir un "spectacle" sanglant, comme c'était hélas bien trop souvent le cas en ces temps troublés. Ce à quoi il fallait rajouter qu'il était un homme et Sarah une femme, ce qui pouvait jouer devant un tel jury partial.

-Allons, n'écoutons pas cette étrangère ! Elle nous a avouée elle-même que le démon était en cette femelle impie. Mais elle ignore tout de qui est réellement cette garce ! Elle a volontairement offert son âme au démons, comme elle offrait volontairement son corps aux gens assez faibles pour accepter. Sa noirceur n'a d'égale que sa corruption, tout est pourri en elle, comme du bois pourri et rongé aux vers, il n'y a pas de repentir ou de sauvetage possible pour elle, de même que l'on ne peut restaurer une poutre de bois dans un tel état. Une seule solution est envisageable, je vous le dis, la solution des forts, mais que cette naïve none cloîtrée et sainte ne peut pas concevoir. Il faut purifier par le feu, avant que la plaie ne gangrène ! Il n'y a pas d'autre option.


Une telle tirade s'attira immédiatement les applaudissements et les cris d'approbation de tous sans exception, sauf de Johan Wolfenberg, bien sûr. Au même moment, ceux qui étaient partis chercher l'huile et les torches revinrent. Il faudrait que Sarah se montre extrêmement convainquante si elle voulait espérer pouvoir sauver la situation, car cela semblait très très mal engagé, au mieux...

[Sarah Lénor]

Pas de soucis, mais je te le rappellerai de temps en temps! ^^

Touchée par Sigmar, peut-être... Mais Sigmar avait parfois un sens de l'humour bizarre! Sa petite allocution n'avait pas eu la moindre répercussion sur le public, pire, ce vieux qui devait être le chef en avait profité pour remotiver ses concitoyens, et il l'avait traité de nonne naïve! Un outrage intolérable. Il avait de la chance qu'elle ne soit qu'initée, fût-elle un peu plus gradée qu'elle l'aurait expiée à coup de maillet.
Et pour ne rien arranger du tout d'autres habitants arrivaient avec huile et torche. Génial. Juste de quoi vous mettre la pression avant un nouveau discours, pile ce qu'il fallait. Faisant tourner la boite à musique qui lui servait de tête, l'initée réfléchie aussi vite que possible à une réponse ordonnée, cohérente et surtout: convaincante. Quand la réponse lui arriva, elle bénit Sigmar de la révélation!

-"C'est bien là qu'on voit que vous ne savez rien des démons! Que croyez-vous réussir en brûlant cette pauvre femme? Chasser le démon en elle? Ridicule! Si vous la brûlez le démon ne sera pas chassé! Il sortira juste du corps pour quelques temps, mais il finira par revenir! Seuls les prêtres peuvent chasser définitivement ces abominations. Vous, avec vos torches et votre huile, vous ne ferez qu'empirer la situation. Vous n'êtes pas des répurgateurs, vous ne savez pas ce que vous faites!"

Sarah était remontée comme elle ne l'avait pas été depuis des années, en fait elle était plus en colère qu'elle ne l'avait jamais été. Tout les paysans étaient-ils comme ça? Parce que si c'était le cas, le clergé avait du soucis à se faire! Toujours avec un ton coléreux, elle continua.

-"Mais pire que tout: comment pouvez-vous sincèrement penser que cette pauvresse a volontairement appellée le démon en elle? Si elle l'avait fait, vous auriez en face de vous un monstre difforme et dangereux, qui vous anéantirait en quelques minutes. Si la transformation ne s'est pas faite, c'est que cette femme est une victime et non une hérétique."

Son envie de hurler semblait prendre le dessus, elle tremblait de tout ses membres en tentant de se contrôler. Ces villageois avaient raison sur un point: un démon ne venait presque jamais tout seul, ils étaient généralement invoqués par des cultes. Et si c'était le cas ici?

-"Je vais vous dire ma pensée profonde. Un démon ne vient quasiment jamais de lui-même. Il attend d'être appellé par un cultiste hérétique souhaitant une récompense. Et je crois bien que c'est arrivé içi. Oui, citoyens de l'Empire. Je vous le dis. Peut-être un hérétique se trouve-t-il parmi vous, et cette pauvre femme est sa victime!"

[[MJ] Kriegsherr]

Test de charisme : 3. Bonne réussite.

Et bien que la tâche de parler après le "spirituelle" ne fut pas aisée, la très jeune initiée Sarah Lénor s'en chargea sans hésiter, afin d'accomplir ce qu'elle croyait juste. Mais il n'était pas sûr pour autant que le simple fait d'oser prendre la parole et de développer une contre-argumentation plus ou moins fournie et de lâcher à la foule quelques nouvelles informations encore incertaines allaient suffire à convaincre cette bande fanatisée et dont beaucoup avaient intérêt à ne pas l'écouter. Pourtant, tout n'était pas si noir : la "rusticité", la simplicité d'esprit de la plupart des villageois attroupés jouaient fortement en faveur d'une habile et instruite démagogue, d'autant que celle-ci était peut-être finalement réellement placée sous l'égide de son dieu Sigmar.
Toujours est-il que son discours fit, une fois encore, sensation auprès de son public. Elle avait le don pour trouver le moyen de communiquer aux habitants ce qu'elle voulait leur faire entendre, mais on voyait aussi qu'elle n'était encore que novice, car à la différence d'un tribun expérimenté, elle n'avait pas encore la capacité de mesurer la portée de ses propos, et à chaque fois l'effet escompté allait trop loin, au delà même du résultat escompté, se révélait relativement incontrôlable, et donc potentiellement dangereux.
En fait, cette fois encore, après le court instant de silence de mort qui suivit les derniers mots de l'ecclésiastique, pendant lequel tout le monde regarda son voisin avec horreur et suspicion, les réactions ne se firent guère plus attendre, et elles étaient pour la plupart violentes. La tirade avait déclenché des comportements basiques plus dictés par la peur d'une entité mystique mal cernée, l'instinct de préservation et la superstition. De plus, il était clair que les vieilles querelles familiales, courantes dans ces petits hameaux isolés, avaient déjà miné le terrain bien en amont et que les passions se déchaîneraient en tous les cas. Et ce fut en effet ce qui se passa très vite, à un regard jugé suspicieux, les gens répondaient au quart de tour par des insultes, qui elles-mêmes envenimaient la situation et très bientôt on en vint aux mains et ce fut le désordre le plus total.
Nul ne pouvait contrôler, freiner ou enrayer la situation, même si quelques uns s'y essayèrent malgré tout, comme le frère Johan Wolfenberg et le "vieux chef" qui avait parlé avant Sarah et se tenait à côté d'elle sur l'estrade. Leurs tentatives furent des échecs plus que lamentables : non seulement presque personne n'entendait leurs injonctions, mais de plus leurs gestes de séparation des combattants et leurs hurlements d'appel à la raison et au calme déclenchèrent des ripostes hostiles, et bientôt eux aussi furent pris dans la bagarre qui s'était généralisée, où même les enfants et les vieillards se battaient entre eux. Le seul point positif de cette situation était que l'attention de l'ensemble des villageois avait été totalement détournée de celle qu'ils voulaient brûler. Tous ceux qui étaient sur l'estrade en étaient descendus pour rejoindre le combat au pied de celle-ci. S'il était certain que quoi qu'elle fasse, Sarah n'arriverait pas à rétablir le calme ou à se faire entendre, elle avait toutefois le champs totalement libre pour ce qui concernait la jeune mère attachée à son poteau d'exécution qui continuait à hurler des atrocités et à se démener comme une démone contre ses liens. Avec des précautions, l'initiée arriverait peut-être à la détacher du bûcher et à l'emmener de force dans une maison environnante. En tous cas, elle ne devrait compter sur personne d'autre qu'elle-même pour agir, car son supérieur échangeait des coups avec n'importe quel paysan en se roulant sur le sol...

NB : il faut imaginer une bagarre à la combat de village [frais/pas frais] d'Astérix et Obélix, sauf que là les gens se blessent, encore qu'ils ne risquent à priori pas la mort.

[Sarah Lénor]

Sans doute y-avait-t-il des leçons à tirer de cette expérience. La première était qu'elle devait apprendre à contrôler ses pulsions agressives, la seconde était que les discours pouvaient se montrer dangereux si la personne qui les disait n'avait pas conscience du potentiel destructeur de ses mots.
Trop tard, la situation avait dégénérée, plus moyen de faire machine arrière maintenant, tout le monde se battait, Johan était en train de marteler un paysan quelconque, il ne restait plus qu'elle sur l'estrade, elle et la possédée.

En voyant le comportement de cette dernière, Sarah se jura de ne pas la détacher dans cet état, elle risquerait d'être agressive et très dangereuse. La solution la plus simple était de conjurer Sigmar de lui apporter son aide en bloquant le démon. On lui avait appris que ça fonctionnait si le dévot y mettait suffisament de foi et que la victime n'était pas totalement sous le joug de l'impie. Se concentrant, elle posa les deux mains sur le corps de la victime avant de prononcer les paroles d'une voix déterminée.

-"Sigmar, notre Père, vient en aide à ta servante.
Le démon est parmi nous, voulant corrompre tes enfants,
Je demande ta bénédiction dans ce que je veux accomplir.
Car nous savons que tu nous protèges tous.
Nous sommes ta descendance, remplie de foi en toi.

Aujourd'hui le Marteau me vient m'accorder sa force.
Vil monstre, sors du corps de cette pauvresse
Et permet moi ainsi de la sauver de tes griffes!
Pour la plus grande gloire de la divinité.
Et la destruction des Dieux mécréants!"

Se rappeller d'une prière n'était pas chose facile, aussi dût-elle un peu improviser par moment. Elle avait mis ses croyances dans cet acte. En ouvrant les yeux elle espéra voir la possédée assomée par la divine lumière, car seule cette situation premettrait à Sarah de la délivrer...

J'utile 10 PdCs (ou plus ou moins, c'est toi qui voit) pour assommer le démon qui possède son corps. Si il l'est, je la détache et l'emmène autre part, si il ne l'est pas je tente de l'assommer physiquement à coup de marteau.