[Le Coësre] « Ce n’est pas la fin du monde. Mais tu peux la voir d’ici. »

Nuln est la seconde ville de l’Empire et du Reikland. Nuln centralise tout le commerce du sud, c’est là que convergent les voyageurs du Wissenland, du Stirland, d’Averland et des régions plus à l’est. Nuln est le siège de l’Ecole Impériale d’Artillerie, où les canons sont fondus et où les artilleurs apprennent la balistique. Ils y étudient les nombreux problèmes pratiques liés au déplacement et à la mise en œuvre des pièces d’artillerie. Grâce à leurs efforts, l’Empire bénéficie d’un vaste et efficace corps d’artillerie, de loin supérieur à tous ceux des pays frontaliers.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Le Coësre] « Ce n’est pas la fin du monde. Mais tu peux la voir d’ici. »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

31. Vorgeheim 2532.
Trois jours avant la nuit des mystères.



Depuis une décennie maintenant, Nuln avait été testée. Par la guerre, par Archaon, par les incendies, par la maladie, par les émeutes, par la défiance de son peuple contre les métiers, les aristocrates et les temples. Manipulée, saignée, et bafouée par des hommes mauvais d’obédiences malsaines, elle avait subi la mafia, les mutants, les zélotes et les créatures de la nuit, qui avaient tous lentement détruit et dépeuplé ce qui avait été la plus grande, riche et noble des cités de l’Empire de Sigmar — on avait commencé à réduire les torches de la ville, sans parvenir à les éteindre. Rien n’avait pu briser Nuln. La cité demeurait la ville-lumière.

Mais qu’importe qui gagnerait le prochain combat qui se profilait, ç’en était terminé de Nuln. Sa comtesse avait fui, ses industrialistes étaient sur la paille, ses artistes n’avaient plus de mécènes, ses artisans avaient émigré, les machines étaient cassées, les religieux n’étaient plus respectés. Trop de saignées avaient fini par rendre le corps faible et malade. Pour les hommes de mal, c’était l’ultime pillage. Pour les hommes de bien, un baroud d’honneur. Et personne ne pouvait plus savoir qui était quoi — pas même le responsable de tout ça, pas même Reinhard Faul, le Grand Coësre, qui avait tué la ville le jour même où il était monté sur le pont d’un navire en quarantaine, guidé par des cauchemars qu’il voulait faire cesser après quarante années de souffrances.




Et un matin, la grande cité avec une population trop petite, remplie d’immeubles délabrés et abandonnés, s’adonnait à ses occupations de ville fortifiée fluviale : Chacun allait et venait, sur sa barque ou dans sa fabrique, à s’occuper de ses enfants ou de son emploi. Nous étions un Marktag, un jour de marché, alors les grandes places de la ville, dont l’Emmanuelleplatz, étaient parcourues pas des étals, des stands, des charrettes qui amenaient denrées et babioles de tout acabit pour les proposer à la vente aux familles qui venaient acheter leurs nécessités pour la semaine. Chacun poursuivait son quotidien, car la routine est plus forte que l’apocalypse, et même un dragon qui depuis plusieurs jours maintenant volait dans le ciel n’empêcherait pas de devoir acheter le pain, la bière et les bougies nécessaires pour sustenter le foyer.

Et là, il y eut les premières préparations de la prochaine bataille.

Les quatre grandes portes de la ville étaient, comme d’ordinaire, grand ouvertes : des quatre points cardinaux, rive nord et rive sud du Reik, apparurent alors ce que les gens du commun détestaient voir — des uniformes. Des chevaux, des bannières, des tambours, et des rangées de soldats en uniforme, casques sur la tête, hallebardes au ciel, en carrés dressés, des hommes réduits à l’état d’automates par la force de la discipline et des corvées. Ils allaient d’un pas cadencé, arrivés tirés sur leur 31, avec des beaux habits de parade, les officiers affichant fièrement galons, cimiers et médailles sur leurs spalières, casques et cuirasses.
En deux heures, Nuln fut mise à l’heure militaire : Des officiers de l’armée serrèrent la main à des officiers de police, des arquebusiers prenaient place dans les postes de gardes et sur les remparts d’une ville qui n’avait pas été assiégée depuis des siècles, les ronds-points et les ponts furent truffés de sentinelles au garde-à-vous, et l’on ouvrait les vieilles casernes et les entrepôts à armes pour pouvoir y loger la soldatesque. Et tout se déroula vite, sans heurts, sans choc, car tout cela avait été prévu secrètement.

Au milieu de la Neuestadt, à l’hôtel de ville, arrivèrent les plus décorés et les mieux montés des officiers. Ils descendirent de leurs selles, et allèrent trouver une petite délégation d’hommes en costume qui les attendaient. Un général et des colonels serrèrent la main de monsieur le prévôt, Maximale Leistung, en déclarant que l’armée du grand-comté de Nuln se présentait à lui pour les funérailles d’honneur de feu le premier adjoint de la ville. Il y avait malheureusement trop peu de nobles dans ce carré d’honneur : les chevaliers et les sangs-bleus étaient toujours plus loyaux à la comtesse qu’à cet étrange politicien populiste, et eux aussi tenaient encore des régiments qui ne s’offraient pas si facilement à monsieur le prévôt. Un parfum de guerre civile commençait à cocoter.

Au plus profond des boyaux de Nuln, dans les égouts et les catacombes, une autre armée se préparait. Des rats en corselets de fer aiguisaient leurs tranchoirs et graissaient les fûts de leurs étranges machineries de guerre. De patte en patte, on échangeait de la poussière de malepierre, et on attachait à ses oreilles de petites boucles représentant des cloches. Thanquol et ses sbires étudiaient des cartes griffonnées dans de la peau humaine, et vérifiaient où tendre des pièges, et où l’on pourrait tendre un assaut, afin de s’emparer le plus rapidement possible de la cité.

L’université était fermée. Les magiciens des collèges consignés dans leurs locaux. Les policiers courraient dans les bas-fonds, cassaient des portes, séquestraient des gens pour les escorter jusqu’au Donjon de Fer — ce qui ressemblait à une rafle au hasard était en fait organisé par un conseil noir de serviteurs de Nurgle. On se débarrassait en quelques jours de personnes connues, de prêtres populaires dans leur quartier, de héros locaux, de syndicalistes trop influents et pas encore retournés. On préparait le terrain, on facilitait le dénouement prochain. Les touches finales.

Et alors que dans la cathédrale de Sigmar, l’archilecteur Kaslain préparait une grande messe, sous ses pieds, le hiérophante-monarque de Nuln honorait ses initiés, avec un masque de peau bouillie grotesque sur le visage, et une robe de cérémonie ressemblant à un horrible haillon. Entouré de ses vassaux les plus fanatisés, il prépara la myrrhe putride, chantant en langue noire, et vit de jeunes chevaliers s’initier au culte : d’ordinaire, instruire un initié aux mystères de Nurgle était une affaire de longue haleine, pour éviter les filatures et les traîtrises internes, mais depuis quelques semaines, les recrutements s’accéléraient drastiquement, afin de remplir les rangs de soldats parés pour la prochaine bataille.

Dans de vieilles casemates Naines abandonnées, des femmes et des enfants recouverts uniquement d’un masque en toile sur le visage, s’acharnaient à écraser des coquillages et imiter la recette que le Grand Coësre leur avait enseignée, les étapes peinturlurées à l’envi sur les murs : on préparait la saxitoxine et son mode de dispersion, on produisait des toxines qui pourraient paralyser et tuer tous les ennemis de Nurgle. Des dizaines, puis des centaines de grenades et de bidons remplis de morts étaient distribués aux chefs des sections d’assaut, chacune assignées à un quartier stratégique : Telle caserne, tel carrefour, tel bâtiment public.

Cachée dans le grenier d’un squat accueillant des dizaines de familles, une jeune femme regardait avec inquiétude, par un trou dans le mur, les policiers fouiller des maisons dans la rue en contrebas. Sur un tableau, on pouvait voir des dizaines de portraits, de photos en argentique, de coupures de journaux, liés les uns aux autres par des épingles et des fils rouges. Des noms, des lieux étaient entourés au feutre rouge, des flèches dessinées sur des plans. Et au centre de tout, on voyait le visage souriant de Maximale Leistung, sa tête entourée, en train de serrer la main à son prédécesseur lors de son inauguration il y a deux ans.
Sur une table, des fioles de poison, un fusil long du Hochland avec une lunette, un bâton de magie, des grenades, des couteaux, une étrange armure compacte faite en toile et en céramique.
Eva Seyss, l’umbramancienne, enfonça une seringue dans sa cuisse. Elle serra des dents en grognant, et alors, elle put sentir son cœur battre plus vite, et ses sens plus alertes.
Elle s’équipa, s’arma jusqu’aux dents, et se prépara à une mission-suicide pour sauver l’Empire.

Agenouillée dans la crypte des Empereurs de Nuln, une dame méditait. Livide comme un cadavre, toute vêtue de noir, Elspeth von Draken avait les yeux fermés, les genoux sur le sol froid du lieu de repos, son sablier s’écoulant devant elle. D’un calme alcyonien, elle s’était enfermée depuis deux jours maintenant en ce lieu, sans prévenir son état-major de fidèles à la comtesse, qui s’inquiétaient et s’agitaient entre eux dans le palais au-dessus, à essayer de compter leurs troupes loyalistes, leurs ordres de chevalerie alliés, à essayer d’écrire des lettres codées qu’ils savaient lues et décryptées par leurs adversaires. Chacun d’entre eux était tiraillé entre sa loyauté personnelle envers la comtesse et leur devoir, contre leur instinct de survie qui leur hurlait de trahir et d’essayer de se faire une place dans la coterie de l’un ou l’autre de leurs ennemis. Le renfort que leur avait accordé Emmanuelle von Liebwitz, un immense dragon qui couchait dans les jardins impériaux, serait-il suffisant pour garder toute une ville ?
Von Draken n’en avait aucun doute. Et alors, après deux jours entiers de réflexion, où elle était demeurée figée, sans boire, sans même respirer, elle ouvrit ses yeux. Et devant elle, le sablier commença à s’écouler en sens inverse, le sable montant vers le sommet, au lieu de l’inverse.

Et alors, Elspeth von Draken tourna la tête, et regarda l’homme qui espionnait ses rêves. L’oniromancien trop curieux. Son pire ennemi.
Elle lui offrit un sourire terrifiant. La femme n’avait plus un visage de grande dame : elle avait un crâne décharné. Elle ressemblait à Mórr.

Et elle offrit une phrase à celui qui avait mit Nuln à terre :

« Tu crois que tu as trompé la mort.
Mais c’est la mort qui t’as trompé. »


Et en sursaut, en panique et en douleur, Reinhard Faul se réveilla.

La fin est proche.

Tu gagnes :
– 400 XP grâce à tes posts
– 25 XP de prime supplémentaire de fin d’aventure
– 10 XP bonus pour avoir mit fin à la secte Slaaneshie, le Cadavre Exquis, qui aura définitivement servi à rien à part être ton punching-bag depuis le début de ton RP
– 50 XPm pour tes nombreux sorts, tes recherches magiques, et ton affrontement d’une démonette

Stock toi comme pas permis. Le prochain RP va être terriblement dur.
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