L’entité ricane tel un seigneur sur son trône aux nombreuses questions de la traîtresse. Elle mérite son nom. Tom, lui, n’ose plus moufter un son. Il a peur, il est tellement terrifié que même elle le ressent. C’est agréable de voir le tourmenteur être tourmenté à son tour, oui. Le puissant démon reprend la parole comme un roi.
“-Pour l’instant, rien. C’est demain que ton sort sera scellé. Il n’y a pas de doute. Ton appréhension est naturelle, un défaut qui disparaîtra avec le temps. Mon nom ? Qui suis-je ?
Je suis le premier traître, le dernier menteur.
Pour toi, petite chenille, je suis ce qu’il y a de plus proche à la perfection.
Dans le palais du Maître, comme dans mon passé, on me nomme Cerowen Juste-Flèche.
Hmm, je comprends. Soit, je me contenterai de me défouler sur l’autre catin. Le pacte est scellé, tu es l’outil de mon amusement, elle est l’objet.“
Un pouvoir noir, aussi noir que les abysses, prend le contrôle. Elle se sent dix fois plus forte, et cent fois plus vicieuse. Sa langue grandit et s’affine, augmentant d’au moins un pied. Ses dents deviennent plus pointues, et ses doigts acérés comme des griffes de harpies. Elle ne le voit pas, mais ses yeux sont devenus horribles.
Elle frappe son amante d’un coup-de-poing terrifiant au sternum, la faisant cracher le peu d’énergie qu’elle avait encore en elle. Elle tombe à genoux, des gémissements sortent de sa gueule. La chaotique vient alors saisir ses cheveux, la tirant vers elle tandis qu’elle commence à l’embrasser brutalement. Ses dents viennent vigoureusement mordre dans la languette de la guerrière jusqu’à que le sang goutte à l’air.
Des mots dans la langue interdite, celle des démons, viennent rencontrer leurs esprits, augmentant la corruption.
Agrippée aussi par le cou, ses yeux sont presque retournés dans leurs orbites tandis que la langue désormais allongée de la sorcière vient creuser plus profondément. Elle étouffe, mais ne peut rien faire si ce n’est souffrir un enfer en silence. Après cette première démonstration de domination, elle est projetée sur le sol doux tandis que ses habits sont enlevés de force. Ensuite, une énergie noire est générée autour de la main de la magus, qui tire de son autre main la jambe de la corsaire pour la mettre sur le ventre. La main maudite vient ensuite frapper et affouiller la carcasse de la guerrière impuissante pour l’humilier. Des larmes coulent comme une fontaine sur les joues de la pauvre elfe, qui désire hurler; mais qui n’a pas de quoi le faire.
Sa peau blanchâtre et rougie, et l’état de ses temples d’Atharti ne mérite aucune mention. Mais son calvaire, aussi malsain et horrible soit-il, ne fait que commencer. Pendant plusieurs heures, dans un silence digne des agneaux, la chair possédée de Ciriloth continue à détruire l’innocente. À la ravager, encore et encore et encore. La douleur mute, évolue, et devient un plaisir. Les grimaces deviennent des sourires, les larmes froides deviennent chaudes. Rien n’arrête cette transformation, pas d’instinct, pas de bon sens, rien. Elle a vendu la liberté de son amante, en la condamnant à la vie de servitude. Au nom de l’amour ? Non, au nom du pouvoir.
La notion du temps disparaît, mais les marques, elles, restent. La victime tremble comme si elle était frigorifiée, pourtant elle est brûlante. Les draps sont humides de ses fluides qui ne cessent de les souiller. Sa respiration est intense comme jamais auparavant. Enfin, l’acte final. Avec le bout d’une lame aiguisée, elle vient dessiner la marque du Prince directement dans la peau de son alliée. Comme du bétail, son propriétaire a laissé sa signature derrière sa cuisse.
Elle sort de la chambre, et des mots incompréhensibles pour elle sont prononcés. Les cultistes se lèvent, des sourires d’animaux en rut apparaissent sur les visages. Ils se dirigent vers la carriole, s’apprêtant à s’amuser, eux aussi. Son être agissant sans demander sa permission, elle est désormais assise sur une chaise. À ses pieds, Mälaa, presque allongée sur le sol, lèche goulûment ses petons comme s’ils étaient du nectar.
- Excellence, nous sommes bénis par vous, comment vous remercier ?
"- Votre destination est différente. L’Obélisque des champions vous attend. L’avenir de ton amante en dépend. "
- Oh merci excellence, merci infiniment.
Soudainement, l’énergie s’envole littéralement vers d'autres cieux. En réalité, un bon moment est passé, preuve étant, la pauvre Ishaina n’est plus assaillie par la luxure, les hommes ayant terminé leur jeu malade. Malgré toute cette folie, ce coup de poignard dans le dos, elle n’est pas dégoûtée, non. Au contraire, une partie d’elle a adoré infliger ces supplices. Elle ne peut s’empêcher d’être excitée, de ne pas vouloir s’arrêter là. Même si le prix est criminel pour une autre…
Enfin libre de ses mouvements, elle peut se lever. La traînée du soir est dans le chariot encore en plein délire, dans un état qui a encore empiré. Ils lui ont probablement injecté de nombreuses drogues supplémentaires. Elle ira mieux, peut-être, un jour, plus tard. Le moment est passé, et le futur est présent. La cruauté est si merveilleuse, digne d’elle, personne ne peut le nier.
Désormais, une décision approche, cette sensation de changement elle aussi. Sa marque ventrale ne disparaît pas, elle luit encore. Elle va se coucher, une expression de joie glorifiée aux lèvres. Ses pensées doivent être bien sombres…
Le lendemain, ils partent vers le nord. Un choix s’offre à eux. Karazur ? Ou l’obélisque ? Lequel viendra en premier. Une décision capitale, c’est certain.