[Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Les Principautés Frontalières ou les Royaumes Renégats, ont toujours été le théâtre d’innombrables batailles, guerres, conquêtes et défaites. La plupart des habitants des Principautés s’accommodent néanmoins de la situation, dans ces contrées où le moindre manant peut devenir roi en un jour pour connaître une mort ignoble le lendemain.

Les forêts des Principautés Frontalières regorgent de gobelins des forêts, d'elfes sylvains, etc. A proximité se trouve Barak-Varr, et les célèbres Pics Sanglants, remplis d'Orques.

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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Message par Nola Al'Nysa »

Plusieurs jours après avoir retrouvé le capitaine Syrasse et les membres de l'Aslevial, je me tenais sur le balcon de Gianni, en tenue de combat, observant le soir s'étendre lentement sur la cité de Myrmidens. Les teintes chaudes du couchant embrasaient le ciel, tandis que l'horizon lointain dissimulait l'Aslevial, prête à surgir au moment opportun. J'avais revêtu mon habituelle tenue de combat et me sentais plus prête que jamais pour l'affrontement à venir. Mes bottes de cuir souples, usées par la route, mon pantalon noir moulant mes jambes puissantes et ma brassière de cuir révélant les muscles saillants de mon ventre, de mes bras et de mes épaules ainsi que mes cicatrices. Dans la lumière rougeoyante, les tatouages ornant mon bras droit prenait une teinte étrange et inquiétante. J'avais attaché mes cheveux noirs en nattes serrées sur ma tête et je savais qu'avec l'éclairage du soir, le contraste entre mon œil bleu et l'autre, blanc et barré d'une cicatrice devait être saisissant. La fine chainette d'or pendu à mon oreille refletait les rayons du soleil et contre ma poitrine, je sentais le poids du médaillon offert par Fabrice peser de manière rassurante. Mes deux sabres reposait contre la balustrade du balcon à côté de moi, attendant que j'étanche leur soif de sang et je portais à la ceinture diverses couteaux et lames. J'avais pour l'occasion troqué mon habituel pagne blanc contre un autre d'une couleur rouge terne et ce dernier flottant légèrement dans la brise chaude et lourde qui parcourait la cité.

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Au-dessous de moi, les convois de nobles serpentaient lentement vers le palais de la Bourse. Leurs lumières vacillantes trahissaient l'agitation qui régnait parmi eux, ignorant encore le destin qui les attendait. C'était là que se jouerait notre dernier acte, une pièce complexe où chaque pion était positionné avec soin.
Plus bas, dans l'ombre des ruelles, Lars et ses hommes se tenaient prêts, cachés comme des prédateurs dans l'attente de leur proie. Ils avaient passé les derniers jours à dissimulé les tonneaux de poudre chèrement acquis auprès de contrebandiers dans l’ensemble des tunnels qui serpentaient sous la vieille ville. Leur explosion résonnerait comme un coup de tonnerre, annonçant le début de notre assaut. Le vent caressait mon visage, apportant avec lui l'odeur âcre de la mer. Mon regard scrutait l'obscurité qui enveloppait la silhouette imposante du palais de la Bourse, et une détermination silencieuse s'emparait de moi. Les échos des batailles passées résonnaient dans ma mémoire, mais cette fois, la confrontation serait décisive.

La chaleur écrasante pesait sur la ville, exacerbant la tension qui électrisait l'atmosphère. Immobile sur le balcon, je sentais la moiteur s'accrocher à ma peau, chaque goutte de sueur témoignant du climat brûlant qui régnait. La rébellion grondait dans les ruelles depuis plusieurs jours, une révolte orchestrée de main de maître par Lars et ses complices. Leurs actions subtilement dosées avaient allumé la mèche, transformant la cité en une poudrière prête à exploser le moment venu. La colère populaire soufflait comme un vent ardent, attisant les flammes de la contestation. Les rues étaient désormais le théâtre d'une agitation palpable, prête à déborder à tout moment. Chaque regard échangé, chaque chuchotement conspirateur alimentait cette frénésie rebelle. Les murmures de mécontentement s'élevaient comme une symphonie discordante, tandis que les esprits s'échauffaient sous l'influence habile de ceux qui manœuvraient dans l'ombre. Les rumeurs se propageaient comme un feu vorace, dévorant l'unité fragile qui maintenait la cité sous contrôle. Les cris étouffés de la populace, autrefois réprimés, prenaient maintenant une ampleur grandissante. Chaque rue, chaque place, résonnait du mécontentement de ceux qui s'étaient longtemps tus. Dans l'ombre de la rébellion, des destinées s'entremêlaient, des alliances se forgeaient, et le destin de Myrmidens pendait en équilibre précaire. Mon souffle se mêlait à l'air brûlant, et je sentais que le point de non-retour était proche. La cité était une forge embrasée, prête à modeler sa propre destinée dans les flammes de la révolte.

Les derniers jours avaient été une cascade d'événements, un tourbillon d'actions à mener et de préparatifs à finaliser. Tout était en jeu, et chaque détail comptait. Dans un premier temps, nous avions réussi à obtenir la libération d’Alessandra dont les contacts et l’esprit pratique nous manquaient cruellement. La poudre, élément crucial de notre plan d'assaut, avait été obtenue auprès des contrebandiers en même temps que la libération de notre amie. Des négociations délicates, des accords tacites, mais au final, les tonneaux remplis de cette substance explosive étaient en notre possession.
Avec les hommes de Lars, nous avions arpenté les méandres des sous-sols dissimulés de la ville. Des passages secrets, des recoins oubliés, des labyrinthes où nous devions être à la fois prédateurs et proies. Chaque emplacement pour les bombes avait été minutieusement choisi, chaque détail du plan établi avec soin. La clé de la victoire résidait dans notre connaissance des entrailles de la cité, un avantage que nous étions prêts à exploiter.

L'heure fatidique approchait, la symphonie du chaos allait bientôt résonner dans la vieille ville de Myrmidens. Une fois que les nobles et leurs courtisans seraient réunis dans le faste du palais de la bourse, nous passerions à l’action. Gianni, l'architecte de l'ombre, avait permis à plusieurs hommes, des mercenaires de Lars et quelques matelots de l’Aslevial, d’entrer dans la vieille ville en même temps que moi, puis les avait dissimulés dans sa vaste demeure. Des alliés discrets, des lames aiguisées prêtes à découper le voile de l'ordre établi.
Notre mission était simple, approcher discrètement de la porte est de la vieille ville pour en neutraliser les gardes et ouvrir ensuite les lourds battant pour permettre à la foule en colère de s’engouffrer dans ce petit cocon de luxe au cœur de la cité puante. Le chaos allait naître de l'ombre, et la vieille ville serait le foyer de la rébellion. Les charges de poudre dissimulées un peu partout sous les remparts devraient créer un diversion importante, semant la panique chez les gardes de la ville, pour ne pas qu’ils comprennent que le danger venait d’un point précis. Dans le même temps, l’Aslevial entrerait dans le port de la cité et déchaînerait le feu de ses canons sur les navires alentour, afin que les gardes à la solde du maître de douanes, Verner Schloesing, tardent à intervenir en renfort.
Une fois que la foule serait entrée pour semer le chaos et piller les richesses accumulées par une si petite partie de la population, je comptais diriger mes comparses vers le palais de la Bourse, là où se trouvait le plus gros du trésor.

Pourtant, je ne m’attardais pas sur ces aspirations matérialistes. Mon cœur, lui, battait pour une cause plus noble. Au plus profond de moi, je songeais à Yasmina, retenue en captivité dans les ténèbres humides des geôles sous le palais de la bourse. Chaque pas que je faisais dans cette ville dangereuse, chaque goutte de sang versée, n'avait qu'un seul but : la libération de ma sœur. Les trésors étincelants de la cité pouvaient bien séduire mes alliés de fortune, mais mon regard, lui, était fixé sur une étoile solitaire, une lumière captive qui attendait son moment pour briller à nouveau. C’était là ma quête, mon fardeau, ma véritable motivation dans ce tourbillon de traîtrise et de convoitise. La cité pouvait bien brûler, les richesses pouvaient être dévorées par l'avidité de mes compagnons, mais jamais Myrmidens ne connaîtrait la paix tant que Chuji et Yasmina n’auraient pas quitté la ville et ce monde maudit.

Je fus tiré de ma rêverie par le bruit distinctif de la béquille de Gianni résonnant derrière moi. Un soupir involontaire s'échappa de mes lèvres alors que je me retournais pour faire face à l'homme qui avait tissé sa présence dans les méandres de ma destinée et dont je m'interrogeais toujours sur les motivations profondes. Il avança sur le balcon, habillé de sa tenue de bal, une parure qui tranchait avec ma tenue sombre et pratique et qui semblait presque déplacée face aux instants périlleux que nous nous apprêtions à traverser. Ses vêtements respiraient l'opulence et la classe, soulignant son statut privilégié. Une veste velours sombre épousait sa silhouette, soulignant la noblesse de son rang. Les broderies délicates qui ornaient son habit témoignaient du raffinement propre à son monde. Les éclats dorés des boutons semblaient rivaliser avec l'éclat de ses prunelles mystérieuses. Sa chemise d'une blancheur éclatante émergeait de la veste, soulignant sa prestance. Chaque détail semblait pensé, calculé pour projeter une image de grâce et de pouvoir. Ses cheveux, soigneusement coiffés, semblaient défier le vent qui caressait le balcon. Chaque mèche semblant avoir trouvé sa place dans cette chorégraphie capillaire. Sa barbe bien entretenue encadrait son visage, ajoutant une touche virile à son élégance. Ses yeux, deux énigmes noisettes, reflétaient une sagesse acquise au fil des intrigues de la vie. Même dans cette atmosphère tendue, une lueur d'assurance persistait dans son regard, comme s'il était résolu à affronter les tempêtes à mes côtés.

Gianni me dévisagea de haut en bas, son regard scrutateur parcourant chaque parcelle de ma tenue martiale. Une lueur d'appréciation dansa dans ses yeux, tandis qu'un sourire amoureux étirait ses lèvres. La contradiction entre sa tenue de bal somptueuse et ma panoplie guerrière sembla le divertir, comme si l'inattendu ajoutait une saveur particulière à la soirée qui se profilait. Il hésita un instant, puis d'un ton empreint de sincérité, il murmura : « Tu es extraordinaire, Léna. Une déesse martiale sur le chemin de la guerre. » Je lui offrit un sourire teinté de malice et répliquais, taquine : « Eh bien, tu n'es pas mal non plus » Sans attendre, je m'avançais vers lui et l'embrassais. Ses lèvres répondirent avec une douceur mêlée d'inquiétude et mes mains glissèrent naturellement dans ses cheveux, derrière sa nuque. Je pouvais sentir ses doigts courir le long de mon corps, comme s'il voulait graver dans sa mémoire le contour de mes formes une dernière fois. C'était un moment intense, empreint de désir et de tendresse, un baiser d’au revoir, qui avait le goût amer d’un baiser d’adieu. Reculant d’un pas, il me regarda avec une lueur d'appréhension dans les yeux et demanda d'une voix préoccupée : « Penses-tu que nous nous reverrons un jour ? » Je laissais échapper un rire léger, moqueur mais empreint de gentillesse. « Ferme les yeux, Gianni, et tu me verras dans tes rêves. C'est là que je t'attendrai. » Il voulut répondre mais Blaise arriva sur le balcon et toussota doucement pour faire comprendre à son maître qu’il était temps de se rendre au palais. Après avoir laissé mes lèvres s’attarder une dernière fois sur celle de ce noble si particulier, je me détournais sans un mot, laissant la lumière du soir envelopper notre adieu, aussi fugace que l'éclat d'une étoile filante dans la nuit naissante.

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« Je ne sais pas si tu es réelle, ou si ce sont les dieux qui t’ont envoyé sur cette terre pour assouvir leurs désirs, mais je ne t’oublierai jamais Léna. Tu me hanteras jusqu’à la fin de mes jours, si jamais nous ne devions pas nous revoir dans cette vie… Bonne chance » entendis-je dans mon dos tandis que le bruit de claudication s’éloignait. Après un moment de silence, je laissais un long soupir sortir de ma poitrine. J’avais entraîné tellement de personnes et de destinées dans ma quête de vengeance que cela me paraissait parfois insensé de poursuivre sur cette voie.

Levant les yeux vers le ciel rougeoyant, je m’adressais à Rigg et Kalith, les mères des amazones, gardiennes de mon peuple. Une prière muette s’échappa de mes lèvres, supplique chargée de détermination :
« Ô Rigg, ô Kalith, mères de notre lignée, accordez-moi la force de briser les chaînes qui retiennent mes sœurs, même si cela signifie sacrifier ma propre vie. Je vous en prie, éclairez ma lame et guidez mes pas dans cette sombre danse du destin.»
Le vent caressa mon visage, comme une caresse divine, ou peut-être le simple murmure de l'écho de mon appel aux oreilles des déesses.
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Re: [Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Message par Nola Al'Nysa »

À mesure que le soir tombait et que la lumière du couchant se teintait de couleurs sombres, le défilé de la noblesse des frontalières s'atténua et le flux de chaises à porteurs et autres carrosses diminua. Pour ma part, je ne bougeais pas, immobile comme l’une des nombreuses statues de marbre clair disséminées dans les jardins appartenant à Gianni, je restais figée dans la nuit naissante, figure inquiétante pour quiconque aurait levé les yeux vers moi. Mais à cette heure, il n’y avait plus personne pour se balader dans le parc et s’inquiéter de ma présence.

Avec l’arrivée de la nuit, la température redevint presque supportable. La chaleur restée étouffante mais au moins, les rayons du soleil ne venaient plus agresser la peau et bouillir des pensées déjà trop désordonnées. Regardant de mon œil unique la lune qui approchait lentement, presque paresseusement, j’eus un fin sourire mystérieux. Cette nuit, l’astre blanc allait assister à un beau spectacle. Au pied des murailles de la vieille ville, la foule était toujours massée, grondante et menaçante, mais la fatigue de cette journée étouffante semblait avoir quelque peu entamé leur entrain et apaisé leurs velléités. J’espérais intérieurement que celles-ci reviendraient dès les premières explosions, car cette masse humaine servile faisait partie intégrante de notre plan.

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Mes pensées volèrent vers Alessandra, mon alliée de circonstance et amie, qui risquait gros elle aussi pour moi ce soir, bien que je ne doutais pas que le chaos que j’allais engendrer ne manquerai pas par la suite de servir ses intérêts. Je l’avais aperçu quittant le palais de Gianni au bras de mon joli noble d’amant. Ils formaient un couple splendide ensemble et je me demandais pourquoi ce dernier perdait son temps avec une femme comme moi. Ils devaient être les deux seuls convives dans la salle de bal du palais de la bourse à ne pas profiter de la soirée. L’un comme l’autre avait connaissance de mon plan et savait donc pertinemment que dans quelques heures, la belle réception tournerait à l’émeute.

Après un dernier soupir, je m'ébrouais enfin. D’un geste vif, j’enfilais le lourd manteau de tissus sombre, dissimulant ainsi mon ventre et mes bras nus et j’en relevais la capuche sur ma tête. Puis, j’attrapais un foulard de la même teinte que je relevais sur le bas de mon visage. Puis, attrapant mes deux sabres, je me dirigeais d’un pas décidé vers l’intérieur du palais de Gianni. Il était temps de libérer les chiens enragés que j’avais fait pénétrer secrètement les entrailles de la ville et que je cachais depuis plusieurs jours maintenant dans l’atelier de peinture du nobles estropié, là où il avait passé de si nombreuses heures à dessiner les courbes de mon corps et à coucher mon image sur sa toile.

Dans l'obscurité, je m'infiltrais silencieusement dans l'atelier mal éclairé. Les odeurs de pigments et de toiles emplirent mes sens alors que mes yeux s'habituaient à la faible lueur des lampes à huile. Des ombres se dissimulaient parmi les toiles suspendues, cachées comme des prédateurs dans l'ombre, prêtes à être libérées dans la nuit. J’eus un sourire carnassier en ressentant la présence silencieuse de mes alliés qui attendaient dans l'obscurité.
« Le moment est venu » murmurais-je, une déclaration à peine audible dans le silence tendu. Mes yeux rencontrèrent ceux des mercenaires dissimulés et des regards déterminés répondirent au mien. « Nous devons ouvrir la porte de la vieille ville et libérer la fureur de la rébellion. »

Leurs silhouettes se détachèrent des recoins sombres, se levant tels des spectres prêts à hanter les rues de Myrmidens. Les armes étincelaient faiblement à la lueur des lampes à huile, prêtes à être brandies dans la nuit. « Suivez-moi » annonçais-je d'une voix ferme, mes bottes souples résonnant à peine sur le sol. Les mercenaires se glissèrent hors de l'ombre, formant une procession muette dans mon sillage. Ensemble, nous prîmes la direction de la vieille ville qui attendait d'être libérée de ses chaînes.
Dans l'obscurité complice de la nuit, j’entraînais mon groupe d’ombres le long des rues silencieuses. La cité semblait inconsciente du tumulte qui grondait dans ses entrailles. Les pas feutrés de notre petit groupe résonnaient à peine sur les pavés usés, chaque souffle, chaque frémissement du vent, amplifiés par l'attente tendue qui imprégnait l'air.

Après une progression lente et prudente, nous approchâmes enfin de la porte. Les ombres des bâtiments, moins luxueux que dans le cœur de la haute ville, mais néanmoins de belle facture, se dessinaient autour de nous, complices de notre avancée furtive. Arrivé à proximité de notre cible, je fis un discret signe à mes compagnons et tous s'arrêtèrent, attentifs au moindre danger. Puis, sans dire un mot, chacun tâcha de trouver un endroit où se cacher en attendant le signal qui, je le savais tout comme eux, ne devrait plus tarder. Tapis dans l’ombre contre la pierre tiède de la rue, j’attendais le souffle court que l’horloge de la place de la bourse ne sonne. Après cela, il ne devait plus s’écouler qu’une grosse minute pour que les murs au sud de la vieille ville ne soient soulevés par la déflagration provoquée par les barils de poudre entreposés dans leurs soubassements.

J’avais beau être dans une forme impeccable et me tenir parfaitement immobile, j’avais le souffle court à cause de l’anxiété. Je n’avais jamais supporté l’attente des combats imminents et je n’avais maintenant plus qu’une hâte, que l’affrontement démarre et que je puisse enfin laisser mon instinct animal et sauvage prendre le contrôle de mon corps, afin que mon esprit et ma conscience se retirent et n’arrêtent de me torturer. Finalement, après une attente qui me parût interminable, la cloche sonna à plusieurs reprises. Maintenant, il n’y avait plus de retour possible en arrière. L’écho de la dernière sonnerie n’était pas encore totalement dissipé dans l’air nocturne que je me redressais et, une lame au clair, m’avançais vers les gardes en fonction.

La chaleur de la journée, combinée sans doute à l’inquiétude que leur procurait la foule massée dehors ne les aida pas à détecter ma présence inopportune dans leur dos. Plus occupés à regarder vers l’extérieur et à s’essuyer le front à l’aide de morceaux de tissus détrempés, ils ne réagirent que lorsque l’un d’eux flaira enfin ma présence alors que je n’étais plus qu’à quelques pas. Comme souvent, ma tenue particulière me donna quelques secondes supplémentaires, le temps que l’homme n’analyse l’étrangeté de la situation, puis, au moment où il allait alerter ses camarades, je pris la parole : « je viens ouvrir les portes, pour que la foule dehors puisse profiter des richesses que vos maîtres gardent jalousement. Si vous partez, je pense que vous avez une chance de vous en tirer, sinon, je devrais tuer certains d'entre vous et laisser les autres s’expliquer avec les gens que vous opprimez depuis trop longtemps. »
Il y eut un silence, long et très étrange, puis celui qui semblait être le chef m’invectiva depuis le petit corps de garde accolé au mur d’enceinte : « c’est bien la première fois que je vois une pute se déguiser de la sorte. J’me demande qui nous offre un si joli petit lot les gars ! Mais je passerai dessus en premier. »

Ils éclatèrent tous d’un rire gras et répugnant, visiblement content de la bêtise de leur chef et relâchant la pression que faisait peser sur eux la situation tendue des derniers jours. Alors qu’ils riaient toujours, un bruit monstrueux nous parvint depuis l’autre côté de la vieille ville, suivit dans le même temps par un tremblement de terre. Lars et ses gars avaient réussi à faire exploser presque à la minute voulue l’énorme quantité de poudre que j’avais réussi à faire entrer grâce aux services des contrebandiers. Alors que les soldats, perplexes, semblaient se demander ce qu’il se passait, j’attaquais. L’homme devant moi, celui qui s’était aperçu de ma présence en premier n’eut pas le temps de réagir qu’une entaille profonde lui ouvrait la gorge. Il n’était même pas encore au sol que son camarade regardait avec perplexité la lame qui traversait sa poitrine. Je repoussais ce dernier du pied pour libérer mon sabre et parais de justesse l’assaut d’un troisième homme qui avait réagi plus vite que ses camarades.

J’entendis dans mon dos les pas de mes camarades qui accouraient à ma rescousse, se jetant en silence dans la mêlée. D’un geste du poignet, je fis pivoter la lame de mon adversaire direct et passé dans son dos. Je l’attrapais en passant un bras autour de son cou et m’en fis un bouclier humain pour bloquer in extremis les deux flèches destinées à ma poitrine et qui produisirent un bruit sourd en s'enfonçant dans le cuir de sa cuirasse. Je le relâchais et jetais un regard mauvais aux deux arbalétriers en train de mouliner frénétiquement pour recharger leurs armes. L’escarmouche tournait déjà à notre avantage mais tandis que les hommes à ma solde terminaient de maîtriser les quelques soldats agglutinés contre la porte, je me précipitais vers l'escalier menant à la position des deux tireurs. Je savais que s’ils étaient compétents, j’avais peu de temps pour parvenir en haut avant qu’ils n’aient réussi à réarmer leurs armes. Si j’arrivais ne serait-ce qu’une seconde trop tard, c’est un carreau au milieu du front qui risquait de m'accueillir sur le parapet. Arrivant aux dernières marches, je franchis d’un bond l’espace me séparant du premier tireur et de justesse, je déviais l’arme déjà braquée sur moi du bout de ma lame. Le carreau partit dans les ombres de la nuit sans que je ne puisse juger s’il avait touché quelqu’un ou non. En bas, devant la porte, la foule commençait à s’agiter. Tous les hommes que Lars avaient pu rassembler ces derniers jours sortaient des ruelles alentour, venant grossir les rangs de cette marée humaine menaçante en l’entraînant dans une dynamique de colère et de destruction.

Les deux arbalétriers avaient pour leur part laissé tomber leurs armes pour saisir chacun une courte épée qu’ils portaient à la taille. Debout sur le parapet face à moi, ils avançaient lentement avec la ferme intention de me prendre en tenaille. En dessous de nous, la foule ne ratait par une miette de ce combat étrange entre une jeune femme en brassière et armée de deux sabres et deux gardes à la solde des nobles qu’ils haïssaient tant. Avant que mes deux ennemis ne puissent s’organiser davantage, je passais à l’attaque. Je fouettais l’air avec l’un de mes sabres vers celui qui se tenait à l’opposé de la foule, faisant un pas de côté dans sa direction. Il para, mais son compagnon tomba dans mon piège. Pensant que mon mouvement lui donnait une ouverture pour déchirer mon flanc exposé, il se lança en avant sans plus de réflexion. De mon autre sabre, je parais son attaque et, au lieu d’essayer de le blesser, je me jetais l’épaule en avant contre sa poitrine. L’impact me coupa le souffle mais l’homme fut projeté en arrière et perdit l’équilibre avant de tomber du parapet, sur la foule en colère qui l’attendait de pied ferme quelques mètres plus bas. Avant que je ne rétablisse mon équilibre, le premier garde attaqua à son tour. Mal embarquée, je bloquais son attaque avant de lui envoyer un coup de pied dans les parties pour le repousser à une distance plus raisonnable de moi. Puis, je contre-attaquais. Quelques secondes plus tard, il s’écroula au sol, mon épée en travers de sa joue.

Jetant un regard par-dessus le muret, je vis mes hommes commencer à ouvrir les portes et je constatais avec soulagement qu’aucun signal d’alarme n’avait encore été donné. Alors que les lourds battants s’écartaient enfin pour laisser entrer la masse populaire en colère, dont les rangs ne cessaient de se grossir avec l’arrivée des badauds tirés de leur sommeil par le bruit des explosions, des tirs de canon résonnèrent dans le port. Regardant par-dessus mon épaule, je devinais l’Aslevial qui faisait pleuvoir les enfers sur les navires alentour, semant encore plus la panique dans la ville et donnant un bon prétexte aux gardes de Schloesing pour ne pas s’occuper de venir aider leurs collègues de la vieille ville avant un moment. Un sourire mauvais se dessina sur mes lèvres tandis que je regardais la foule entrer dans les allées larges et propres de la vieille ville. Des pas se firent entendre dans l’escalier à côté de moi et je vis Lars accompagné de ce qu’il considérait comme son état-major se porter à ma hauteur, Chuji sur ses talons :
- « Putain Léna, ça marche ! La ville est à nous » cria-t-il, les pupilles brillantes et dilatées.
- « La nuit est encore longue Lars, on a encore du sang à faire couler » rétorquais-je plus froidement.
- « T’aimes autant le sang que moi l’or ! C’est pour ça que t’es une vraie tarée ma belle »
- « Oui… alors si tu le veux bien, allons chercher ce que chacun de nous aime tant ! » conclus-je avec une lueur mauvaise de le regard.
J'échangeais un rapide regard entendu avec ma sœur. L'imminence des combats et la perspective de pouvoir se venger semblait avoir terminer de la guérir. Je retrouvais enfin la fierté d'une descendante de Kalith dans ses yeux et la sensation de danger qui émanait d'elle. J'espérais qu'elle réussirait à s'émanciper de ses vieux démons cette nuit et qu'elle ferait couler autant de sang de qharis que nécessaire pour sa guérison.

Alors que les rues de la ville débordait maintenant de gens en train de tout mettre à sac, je pris la direction du palais de la Bourse, Lars à mes côtés et l’ensemble de nos hommes sur les talons. Quelques petites troupes de gardes trop mal organisées essayaient parfois de s'interposer mais nous les balayions d’un revers de lame, laissant leurs corps derrière nous comme autant de petits cailloux servant à retrouver notre chemin. En moi, je sentais la puissance et la colère affluer et même si à mesure que nous progressions, la résistance se faisait plus rude, je ne doutais pas que ce soir, j’allais assouvir les vengeances que je gardais en moi depuis trop longtemps maintenant.
J’eus néanmoins une dernière pensée avant de plonger dans la folie sanglante qui prenait le contrôle de mon être pour Kidd et le capitaine Syrasse, ainsi que pour tous les marins de l’Aslevial qui jouaient très gros en attaquant seul un port de cette taille. Il fallait que le capitaine sente avec une précision extrême le moment où ils devraient fuir la bataille s’il ne voulait pas voir son navire se faire couler au milieu de la rade. Chacun connaissait les risques en s’engageant et chacun savait ce qu’il avait à faire, me dis-je pour me réconforter, avant de cloisonner mes doutes dans un coin de mon esprit.

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Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 11:49, modifié 1 fois.
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Re: [Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Message par Nola Al'Nysa »

Finalement, après de trop longues minutes, j’arrivais sur la place du palais de la Bourse. La petite troupe armée que je menais s'était vu grossir par tous les manifestants en colère qui avait suivi notre progression. Cela faisait de nous une armée très conséquente, mais je savais que ces gens, malgré leur haine de la noblesse, risquaient de fuir à la première vraie résistance ennemie et qu’il ne fallait donc pas compter sur eux de manière aveugle. Certains resteraient sûrement se battre jusqu’au bout, poussés par le désespoir, mais une grande majorité se rappellerait soudain qu’ils avaient trop à perdre pour poursuivre le combat.

Il me fallait profiter de l’effet d’adrénaline que l’ouverture des portes de la vieille ville et l’effet de groupe faisait peser sur la foule avant que la colère ne retombe et que nos alliés de circonstance retrouvent en partie la raison. Alors que je traversais d’un pas décidé la grande place, les portes du palais de la Bourse s’ouvrirent et tout un régiment de soldats en armes sortit pour se mettre en ligne devant nous. J’accélérais le pas alors que celui qui semblait être le plus gradé s’avançait au devant de ses hommes pour prendre la parole et me mis à courir, mes compagnons avec moi, avant que celui-ci n’ouvre la bouche.
« Arrêtez-vous ou nous serons contraints de… » commença l’homme juste avant que je ne le percute de plein fouet, envoyant mon épaule dans son plastron de fer. Sous l’impact, une vive douleur me traversa le bras mais je ne tins pas compte. Sans me soucier du militaire au sol, je me jetais sur la ligne de garde qui tentait de nous bloquer l’accès au palais.

La mêlée ne dura pas longtemps et très vite, les quelques soldats rescapés tournèrent les talons, fuyant en désordre et abandonnant leurs compagnons moins chanceux aux mains de la plèbe enragée. Je grimpais sur leurs talons les hautes marches de grès blanches qui menaient à l’entrée. Très vite, notre armée se dispersa dans les différents couloirs qui se présentaient à nous, mais pour ma part, je savais exactement où je devais aller. Devant nous, quelques soldats d’élites courageux semblaient toujours décidés à nous interdire l’accès à la salle de bal. Ils avaient fière allure dans leur armure dorée et malgré leur nombre affreusement réduit, ne semblaient pas manifester la moindre peur. Mes deux lames à la main, je leur fis face quelques secondes, une lueur de défi dans l'œil et je crachais au sol à leur pied pour leur exprimer mon dégoût.
« Il reste encore des chiens serviles fidèles à leurs maîtres dans ces lieux » dis-je froidement, mais aucun d’eux ne daigna me répondre. Derrière nous, la foule se massait, pressante et je sentis qu’il fallait que j’avance si je ne voulais pas casser la marche en avant de ma rébellion.

Sans plus de discussions, je me lançais à nouveau à la rencontre du danger. Étrangement, dans ce grand hall clos, notre nombre me gêna dans un premier temps et je récoltais une vilaine coupure sur l’un de mes avant-bras à cause de cela. Les citoyens encore sur la place nous poussaient en avant, ne nous permettant pas d’éviter par un pas de recul les coups que nous donnaient les gardes. Finalement, après cette blessure, je passais sous la garde de mon adversaire direct, le laissant à la merci de ceux qui me suivaient et m’attaquais son camarade qui se tenait derrière lui. L’homme était un combattant habile et je pense que dans un duel plus régulier, il m’aurait posé plus de difficultés. Cependant, j’avais plus l’habitude que lui des mêlées compliquées et des batailles désordonnées. Il n’y a pas de meilleur entraînement pour cela qu’un abordage et j’en avais fait beaucoup à bord de l’Aslevial. Il para plusieurs de mes attaques rapides avant que je ne finisse par trouver la faille dans sa garde. Quand ma lame trouve une ouverture dans sa cuirasse, je remarquais pour la première fois son visage juvénile et me fis la réflexion qu’il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi. Avant que je ne puisse pousser ma réflexion plus loin, je bloquais de justesse une attaque circulaire de l’un de ses compagnons. Celui-ci pour le coup était plus vieux et sa barbe blanche, impeccablement taillée se teinta de rouge quand mon sabre ouvrit une horrible plaie sur toute la longueur de son visage.

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Finalement, le sacrifice héroïque des gardes ne nous retint que quelques minutes. Cela suffit néanmoins à ce qu’une clameur de colère et de panique nous parvienne depuis la grande place. Le corps couvert de sueur et de sang, je regardais rapidement la blessure à mon bras en pestant intérieurement. Les soldats arrivaient déjà sur la place et bientôt, ils réussiraient à repousser les rebelles. J’échangeais un regard avec Lars qui semblait soucieux. Lui aussi avait compris que les troupes de la ville étaient déjà là et je le sentais calculer le temps qui nous restait avant d’être pris au piège. Il me fallait agir vite, car si Lars prenait peur et ordonnait une retraite à ses hommes, cela signerait la fin de ma nuit vengeresse. Sans hésiter plus longtemps, je rangeais mes deux sabres dans mon dos et attrapais à ma ceinture les bombes de fumées que j’avais acheté à prix d’or aux contrebandiers. Je fis signe à l’un des hommes de Lars qui commença à allumer plusieurs de ces projectiles pour les jeter dans le hall et former ainsi un écran de fumée. L’homme alluma également les miennes avant un briquet à amadou pendant que d’autre se positionnaient de part et d’autre de la porte donnant à la salle de bal. J’ajustais mon foulard sur ma bouche et mon nez et d’un geste de la tête, leur intimait l’ordre d’ouvrir.

La grande salle de bal était une splendeur architecturale, ornée de lustres étincelants qui réfléchissaient la lumière vive des chandelles. Les murs étaient tapissés de riches étoffes aux couleurs chatoyantes, créant une ambiance chaleureuse et opulente. Le sol en marbre poli brillait sous les pieds des danseurs. Au plafond, des fresques représentaient des scènes mythologiques et des motifs floraux, ajoutant une touche artistique à l'ensemble. La foule qui se pressait dans la salle était un mélange éclectique de petits nobles, de bourgeois fortunés et de courtisans. Les hommes arboraient des costumes somptueux, des vestes brodées et des épées accrochées à leur côté, tandis que les femmes portaient des robes luxueuses aux tissus délicats, ornées de bijoux étincelants. Des rires étouffés et des murmures de conversations emplissent l'air, accompagnés du doux son d'un orchestre qui joue une mélodie envoûtante. Les couples tourbillonnaient sur la piste de danse, créant un tableau vivant de mouvements gracieux. L'atmosphère était chargée d'excitation et de promesses, mais lorsque je m’avançais avec confiance dans l’embrasure de la porte, ma tenue de guerrière, mon corps à demi dénudée, du sang qui coulant de mon bras, animée par une détermination féroce, vers mon objectif au milieu de cette assemblée mondaine, une femme poussa un cri de terreur avant de s’évanouir, faisant s’interrompre la musique et plongeant la pièce dans une immobilité perplexe.
« Ça vous dérange si je me joins à votre petite fête ? » dis-je d’une voix railleuse dans le silence étrange qui avait saisi l’ensemble des convives. Puis, avant qu’ils ne puissent répondre, je jetais mes bombes de fumée devant moi, tirais mes deux sabres et me précipitais dans la pièce, entraînant la foule vorace derrière moi. Désireuse de piller les richesses de ces nobles, autant que d’échapper aux soldats qui arrivaient sur nos talons depuis la grande place.

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Dès cet instant, je me désolidarisais définitivement du reste du groupe, de mes amis et alliés de circonstance que j’avais entraînés dans ce carnage. J'espérais qu'ils parviendraient à leur fins, sincèrement, mais mon seul objectif était de trouver la porte menant aux sous-sols du palais. La ville autour de nous devait déjà être le théâtre d'affrontements sanglants et nombre de villa devaient être la proie des flammes et des pilleurs. Quel que soit le résultat de cette nuit rouge, je savais qu’elle marquerait à jamais les esprits et la mémoire des habitants de cette cité. Je me déplaçais habillement entre les nobles paniqués et leurs demoiselles blanches comme des spectres, tétanisées par la terreur. Un noble dans la force de l’âge tenta de m’attaquer mais son épée de parade trop lourde et le vin qu’il avait déjà consommé en trop grande quantité lui furent presque aussi fatal que mon sabre qui se planta dans ses tripes. Cela déclencha évidemment un nouveau mouvement de panique, certains nobles n’hésitant pas à piétiner leurs confrères pour se mettre hors de portée de mes lames le plus vite possible. Je repérais enfin Gianni et Alessandra, dans le fond de la salle près d’une porte de service. Chuji sur les talons, je me dirigeais vers eux en espérant que personne ne remarquerait leur petit manège.

Ils se faufilèrent dans la petite porte un peu avant que ma soeur et moi ne les rejoignions. Lorsque je pénétrais dans la pièce située derrière l’estrade principale, je la trouvais étonnement déserte si ce n’est quelques serviteurs effrayés et mes deux amis. D’un geste de mon épée, je fis signe aux pauvres employés de filer et ces derniers ne se firent pas prier, passant à bonne distance de la furie ensanglanté que j’étais, me tournant le dos pour courir qu’après avoir jugé que je ne comptais pas les poursuivre. Gianni s’avança vers moi et prit mon visage entre ses mains.
- « Léna ! Tu es blessée ?! » constata-t-il en posant ses yeux sur mon bras sanglant.
- « Ce n’est rien Gianni » dis-je en me dégageant de son étreinte « ou doit-on se rendre maintenant ? Le temps nous est compté, les soldats sont déjà sur la place. »
- « Léna… je crois que ça ne va pas être faisable… » commença Alessandra.
- « Si tu descends dans les sous-sols, tu ne sortiras jamais à temps pour échapper aux gardes Léna… contente toi déjà d’avoir réussi à ébranler l’ordre établi, nous trouverons une nouvelle opportunité pour ton amie. » poursuivit Gianni soucieux.
- « Impossible, plus rien ne pourra me faire reculer. Je préfère mourir ce soir que d’abandonner. Soit vous m’aider, soit je m’en vais immédiatement et s’il faut explorer ce putain de palais intégralement, Chuji et moi le feront. » je lançais un coup d'œil vers ma sœur qui se tenait en retrait, un masque d'impassibilité sur le visage, du sang coulant d’une plaie profonde sur son front mais le regard aussi déterminé que le mien.
Il y eut un instant de silence, puis Alessandra dans un soupir résigné s’adressa à Gianni.
- « Dis-lui Gianni, ça ne sert à rien de discuter avec elle. »
- « Mais… » commença le beau noble.
- « Dis-lui maintenant ! » s’emporta la gantière.
Abattue, ce dernier me regarda, une lueur triste dans le regard, comme s’il venait de me condamner à mort. Puis, il se décida enfin à nous expliquer le chemin à suivre.
Quand je sortis avec Chuji de la petite pièce, je découvris que la salle de bal était le théâtre d’un affrontement d’une rare intensité. On se battait partout et les combats s’étaient répandus en petites escarmouches dans tous les recoins du palais et à n’en pas douter, de la vieille ville. Je souris pour la première fois car cela pouvait me faire gagner quelques précieuses minutes.
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 11:53, modifié 2 fois.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Message par Nola Al'Nysa »

Les premières personnes que je rencontrais lors de ma descente dans les sous-sols du palais de la Bourse avec Chuji étaient des pilleurs qui s’en revenaient, les bras chargés d’objets en tout genre dont je doutais que certains aient réellement de la valeur. Les couloirs déserts s'étendaient devant moi, un dédale silencieux contrastant brusquement avec l'agitation frénétique de la bataille qui faisait rage au-dessus. Les pas feutrés de mes bottes résonnaient légèrement contre les murs de pierre, et l'obscurité omniprésente semblait dévorer chaque parcelle de lumière. Les flambeaux intermittents projetaient des ombres dansantes, créant des illusions fugaces qui dansaient au rythme de notre progression. Je sentais que cet environnement clos mettait ma compagne mal à l’aise mais nous n’avions malheureusement pas le choix. Les murmures étouffés du conflit filaient à travers les pierres, créant une symphonie discordante de chaos et de destruction.

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Un cri rompit soudain le silence assourdissant qui nous enveloppait depuis un moment. Je fis un geste pour inciter Chuji à me suivre en silence et m’approchais de la source du bruit. Le cri semblait avoir été poussé depuis une salle sur notre droite. Agrippant fermement la poignée de mes sabres, je jetais un coup d'œil dans la pièce. Un garde du palais se tenait au sol, maîtrisant un homme en lui faisant une clef d’étranglement. Les deux combattants luttaient dans un silence entrecoupé de geignements et de grognements, une confrontation mortelle et silencieuse dans la pénombre de la cellule. L’homme qui était en train d’être étranglé croisa mon regard et d’une main, il lâcha le bras de son bourreau pour la tendre vers moi dans un geste de supplication. Je restais immobile, cherchant à déterminer s’il faisait partie des nôtres ou s’il n’était qu'un pion indépendant dans cette vaste partie d’échec.

Après encore une seconde d’hésitation, je pénétrais dans la cellule et envoyais un coup de pied dans le visage du soldat. Celui-ci, surpris et sonné, lâcha sa prise sur l’homme qui se libéra sans demander son reste. Je pointais alors la pointe d’une de mes lames sur la gorge du garde qui, le dos plaqué au sol, me regardait interloqué. L’autre voulut s’enfuir mais Chuji lui barra le passage avec sa lance, le maintint en respect.
- « Je cherche une femme. On me dit qu’elle est détenue ici… »
- « Va chier salope » commença l’homme avant que je n’enfonce un peu plus ma lame dans sa pomme d’adam.
- « …son nom est Yasmina, tu sais ou je peux la trouver ? »
- « Tues-moi tout de suite, on gagnera du temps » répondit-il, son regard paniqué démentant pourtant sa bravade.
- « Je peux peut-être vous aider » intervint l’autre homme « je travaille ici depuis longtemps, j’apporte les repas aux prisonniers. » Son adversaire lui jeta un regard courroucé alors que je me retournais vers lui, sans éloigner mon épée de la gorge du garde pour autant.
- « Alors pourquoi cet homme voulait-il te tuer ? »
- « Quand j’ai compris ce qu’il se passait en haut, j’ai voulu venir libérer quelqu’un.. quelqu’un qui m’est cher. Je ne pensais pas qu’il y aurait encore des soldats de garde… »
- « Espèce de traître » rugit l’autre avant de s’étouffer avec stupeur quand je lui ouvrit la gorge sans même lui jeter un regard afin d’éviter que ses cris n’attirent d’autres militaires.
- « Conduis-nous à Yasmina » dis-je au deuxième homme en reportant la pointe de mon épée vers lui « ensuite, chacun suivra son chemin et tu pourras libérer la personne qui t’es cher ou fuir. Tu nous dois bien ça je crois ? »

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L’homme déglutit péniblement et acquiesça d’un signe de tête. Il s'apprêtait à sortir quand des pas et des cliquetis métalliques résonnèrent dans le couloirs. Il se plaqua au mur, contre moi et je sentis son souffle sur mon front tandis qu’un groupe de garde passait au pas de course juste à côté de notre cachette. Si l’un d’eux avait jeté un regard sur sa droite, il aurait forcément aperçu le corps sans vie de l’un des siens mais heureusement pour nous, ils filèrent tout droit sans regarder autour d’eux. Une fois qu’ils furent passés, je repoussais violemment l’homme toujours plaqué contre moi. Celui-ci me lança un sourire grivois puis il se faufila dans le couloir sombre. Nous n’avions pas fait beaucoup de distance quand le bruit d’un combat proche retentit, le son étouffé du conflit filant à travers les pierres, créant une symphonie discordante.
« J’crois bien que nos amis sont tombés sur vos complices » dit simplement notre guide avant de reprendre sa marche en avant. Puis il s’arrêta de nouveau et se tourna vers moi :
- « J’ai bien cru que vous alliez me laisser crever tout à l’heure ! »
- « Je peux encore corriger ça si tu continues à me faire perdre mon temps » rétorquais-je froidement en le poussant du pointu d’un sabre dans le dos.
Nous suivîmes encore deux longs couloirs puis nous tournâmes sur notre gauche. L’homme nous indiqua alors un petit corridor à une dizaine de mètres. Une source lumineuse, sûrement dû à plusieurs torches éclairée faiblement l’entrée.
« Si j’me trompe pas, votre amie est dans cette cellule. Elle est gardée en permanence » dit-il simplement. Il tourna les talons pour repartir, son devoir accompli. Je croisais le regard de Chuji et lui fit un petit signe de tête qu’elle comprit. Elle se retourna et, en quelques pas discrets, rattrapa notre guide sans qu’il ne l’entende arriver. Avant qu’il n’est le temps de comprendre ce qui lui arrivait, la pointe de la lance de ma sœur le transperça entre les omoplates pour sortir au milieu de sa poitrine. Il ne poussa pas un cri et Chuji, vigilante, accompagna la chute de son corps pour ne pas que celui-ci ne fasse de bruit et alerte les gardes.

Une fois seule avec Chuji, j’échangeais un dernier regard avec celle que j’avais libérée il y a peu de temps et qui se tenait maintenant à mes côtés pour sauver une autre membre de notre peuple. Je collais mon front transpirant au sien dont le sang coulait toujours d’une blessure et ensemble, nous prononçâmes quelques mots à l’adresse de Kalith. Ceci fait, je me redressais, prête pour l’affrontement qui ne manquerait pas d’avoir lieu d’ici peu de temps. Prenant une grande respiration, je m’élançais, Chuji sur les talons dans le petit couloir, à la rencontre de l’inconnue et du danger… avant de me stopper nette de stupeur.

La petite pièce carrée exhalait une odeur âcre, mélange de moisissure et de désespoir. Lorsque mes yeux s'ajustèrent à la pénombre, je découvris une scène cauchemardesque. Cinq soldats, impitoyables encadraient ce fils de pute de Verner Schloesing,. Son pistolet était dressé, menaçant, pointé vers la tête d'une jeune femme, dénudée et souillée par la crasse et les croûtes de sang qui en disaient long sur les tortures qu'elle avait dû endurer. Son corps frêle était une toile déchirée, marquée par la brutalité de son traitement. Des contusions dessinaient des arabesques de souffrance sur sa peau meurtrie, et ses bras portaient les stigmates d'une résistance farouche. Ses cheveux étaient emmêlés et poisseux de saleté, encadrant un visage dont la jeunesse semblait avoir été volée par la cruauté. Ses yeux, vitres éteintes reflétant une résilience inébranlable, croisèrent les miens brièvement. C'était le regard d'une survivante, le même regard que celui que j’avais lancé au capitaine Syrasse lors de ma libération, la même détermination que j’avais lu dans les yeux de Chuji quand je l’avais tiré des griffes du Sangre Azul.
- « Enfin te voilà Léna la fleur du Pavé, ou bien devrais-je dire, Maria » commença le maître des douanes avec un sourire satisfait « et en plus tu as ramené ton amie, c’est trop d’attention je ne saurai t’en remercier. »
- « Espèce d’ordure, tu sais que je détiens ton petit chien préféré ? » dis-je avec colère, non sans ressentir un profond sentiment de malaise à l’évocation de mon autre nom d'emprunt. Comment avait-il su que je m’étais faite passer pour une dénommée Maria durant ma route jusqu’à Myrmidens.
- « Tes informations ne sont pas à jour ma belle » reprit Verner Schloesing « mes hommes sont allés faire quelques emplettes chez ton amie gantière récemment. Malheureusement, elle n’était pas présente mais cela ne fait rien, nous viendront la chercher lorsqu’elle reviendra sans se douter du danger. En revanche, nous avons trouvé mon bon ami, certes un peu amoché, mais bien vivant. Il garde un mauvais souvenir de toi, Léna, ce qui me met en colère tu t’en doutes. » Il avança son arme pour qu’elle touche la tête de Yasmina dont le manque de force lui permettait à peine de rester droite. J’étais pétrifié de stupeur, je ne savais pas comment réagir. Des larmes de rage me montèrent irrésistiblement devant la situation et dans mon dos, je sentais Chuji s'agiter alors qu’elle ne comprenait pas ce qui se jouait sous ses yeux.
- « Si je me livre à toi, laissera-tu partir mes sœurs ? » demandais-je froidement.
- « Pourquoi le ferais-je ? Je vous ai toutes les trois à ma disposition ! Vous valez un sacré paquet de pognon, surtout toi mais les deux autres ne sont pas dénuée d’intérêt. »

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La colère menaçait de m’étouffer. Ces putains de qharis et leur quête de l’or. Tout ce drame n’avait lieu que pour ce foutu métal précieux. Les idées fusaient en tous sens dans mon esprit, j’essayais en vain de trouver une solution à cette situation périlleuse mais rien ne me venait. Je plongeais mon regard dans celui de Yasmina et j’y lus une détermination farouche. Elle me fit un petit sourire et je compris alors, une seconde trop tard, ses intentions. « Nooooon !! » hurlais-je en me jetant en avant. Mais déjà, consumant ses dernières forces, Yasmina se relevait d’un geste pour envoyer un coup de tête brutal dans le visage de Schloesing. Celui-ci poussa un cri et par réflexe, tira un coup de feu. Dans le même temps, j’arrivais au contact des deux premiers soldats alors que j’entendais le cri de rage de Chuj qui sautait dans la mêlée avec moi. Je vis juste le corps de Yasmina tombant au sol avant que les premiers coups d’épée ne pleuvent sur moi. Je stoppais les attaques de mes deux adversaires avant d’envoyer une feinte vers les pieds du premier. Celui-ci fit un bond en arrière et j’en profitais pour frapper à deux reprises son compagnon, sans succès. Les deux gardes revinrent à l'assaut, leurs lames miroitant dans la pénombre de la pièce. Le métal siffla dans l'air froid et humide de la petite pièce. Je savais qu’il me fallait rapidement éliminer au moins l’un des deux pour prêter main forte à Chuji qui affrontait seule les trois autres.

Le premier garde, une silhouette massive, déchaîna une série d'attaques féroces. Sa lame fendit l'air vers moi, mais je me dérobais avec une grâce féline, glissant hors de sa trajectoire mortelle. Dans une riposte fulgurante, mon sabre dansa vers lui, tranchant l'air avec une précision délibérée. Il parvint à parer, mais la force de mon attaque le fit chanceler légèrement. Pendant ce temps, le deuxième garde, plus agile, tenta une manœuvre périlleuse. Deux attaques rapides qui me forcèrent à reculer d'un pas calculé, mes sabres se mouvant en une parade habile, déviant chaque assaut avec une synchronisation millimétrée. Le premier garde passa de nouveau à l’attaque avec une vigueur renouvelée, m’envoyant une cascade d'acier. J'esquivais la première, bloquais la deuxième avec un mouvement précis de mes sabres, puis parais la troisième avec une rotation élégante de mon poignet. Ma riposte, rapide et impitoyable, le toucha au niveau de la poitrine, lui tirant un cri de douleur. Je n’eus pas le temps de savourer que j’entendis comme en écho, Chuji émettre le même genre de son. Avec horeur, je la vis reculer en boitant, une lame se retirant de sa cuisse pour attaquer à nouveau.

La danse mortelle se poursuivit, une chorégraphie sanglante où chaque coup portait l'énergie brute du combat. Mon esprit avait du mal à se canaliser mais, mes mouvements restaient fluides. Alors que je repoussais encore une fois un de mes adversaires, celui que j’avais blessé tenta un mouvement audacieux. Il se jeta en avant dans le but d’embrocher mon ventre dénudé, mais j’esquivais de justesse. Son attaque ouvrit néanmoins une longue estafilade sur mon flanc nu qui me lança douloureusement. Cependant, emporté par son élan, il ne put s'arrêter à temps et je le frappais derrière la nuque, décrochant presque sa tête de son corps. Dans le même temps, je reçus un coup de pied d’une puissance inouïe derrière le genou, ce qui me projeta au sol. Je roulais sur moi-même et évitais le coup qui, je le savais, n’allait pas manquer de suivre cette attaque et découvrit Schloesing, le nez en sang et le visage déformé par la colère. Dans son dos, je vis Chugi dans la lance venait de transpercer la gorge d’un ennemi. Malheureusement, le temps qu’elle se dégage, un autre soldat la frappa dans le dos, ouvrant une plaie béante dans toute sa largeur. Elle tituba et voulu contre-attaquer mais je n’eus pas l’occasion de voir ce que ce coup allait donner, car un violent coup de pied me frappa sous le menton, m’envoya valser. Le dos contre la pierre, je bloquais l’attaque du soldat qui voulait me clouer au sol et je fouettais l’air de ma deuxième arme pour l’obliger à reculer. Je me relevais d’un geste vif, attaquant le vieux Douanier et son homme de main avec une fureur sans égale. Je touchais le soldat à la main mais je récoltais une blessure à la poitrine. Ma brassière de cuire dévia l’attaque du douanier qui m’ouvrit l’épaule profondément. Étonnement, ce n’était pas ses blessures qui me faisaient le plus mal mais ma mâchoire après le coup de pied reçu.

Après plusieurs assauts, je touchais le genou du soldat, celui-ci trébucha et ma seconde lame l'accueillit au cou avant même qu’il n’ait pu esquisser un geste pour se relever. Je me redressais pour faire face à Schloesing et voulu l’éviter pour aller au secours de Chuji dont le sang se répandait déjà sur les dalles de pierre froide mais le vieux Douanier avait compris ma manœuvre et il me bloqua le passage. Derrière lui, la courageuse amazone se lança en avant et transperça le cœur de l’un de ses ennemis. Pourtant, avant même que celui-ci ne comprenne ce qui lui arrivait, son camarade restant enfonça son épée dans le ventre de la courageuse guerrière, jusqu’à la garde. Mes yeux rencontrèrent les siens, écarquillés de stupeur alors qu’elle lâchait son arme pour saisir le poignet du soldat. Celui-ci, usant de toutes ses forces essaya de faire remonter son épée, pliant Chuji en deux de douleur et agrandissant la taille de la plaie. Comme celle-ci lui bloquait le poignet, l’empêchant de manoeuvrer, il retira l’arme du corps de la fière amazone. Elle lui lâcha le bras et attrapa le poignard que l’homme portait à la ceinture. Au moment où celui-ci lui enfonçait une deuxième fois son épée dans les entrailles, elle planta le couteau dans son cou. Il se dévisagèrent un moment, l’homme semblant se demander comment cette furie respirait encore et Chuji lui parlant, dans la langue de notre peuple : « Je suis prête, mais toi, tu m’accompagnes. » Puis les deux s’effondrèrent au sol, dans les bras l’un de l'autre, comme deux amants cueillis par la mort. Je poussais un rugissement en attaquant Schloesing, ce dernier se reprit de sa contemplation macabre juste à temps et notre lutte continua. Mes blessures étaient plus impressionnantes que grave et très rapidement, je pris le dessus sur le vieux douanier. Je l’atteignis à plusieurs reprises, l’acculant contre le mur du fond. Enfin, je lui tranchais plusieurs doigts d’une attaque sournoise, le désarmant. Passant dans son dos, j’appuyais mon pied derrière son genou et quand il fut à genoux devant moi, je lui coupais la tête d’un mouvement de cisaille de mes deux sabres.

Son corps resta plusieurs longues secondes en équilibre précaire tandis que sa tête roulait à un petit mètre de là. Puis il s’effondra dans un geyser de sang impressionnant. Je me précipitais vers Chuji dont le corps affreusement martyrisé gisait lui aussi dans une mare de liquide rouge sombre. Sans y prêter attention, je m’agenouillais dans la flaque de sang, attrapant sa tête dans mes mains et collant mon oreille à sa bouche dont un filet rouge avait coulé également. Après avoir pris quelques instants pour calmer les battements de mon propre cœur, je dus me rendre à l’évidence, le siens ne battait plus. La courageuse Chuji était tombée, emportant avec elle trois qharis, la lance à la main, comme une digne descendante de Rigg. Les larmes coulèrent de mon unique œil valide et je restais de longue seconde à genou, serrant le corps inerte de ma sœur contre moi, ignorant son sang qui souillait ma tenue, et mon sang qui coulait de mes blessures. Soudain, un bruit étranglé me tira de ma torpeur et je me rappelais Yasmina, dont je ne savais pas le sort. Toujours au sol, celle-ci respirait péniblement. Avec un gémissement de désespoir, je me traînais jusqu’à son corps nu et je vis que la balle l’avait atteinte dans le dos. Une marre de liquide vermillon s’en échappait et la pauvre semblait s’étouffer, allongée sur le flanc, le souffle court. Je pris son visage dans mes mains et je m’assis par terre, le dos contre le mur pour poser sa tête sur mes cuisses. Je savais qu’une telle blessure était mortelle, surtout dans cette situation, il n’y avait aucune chance que je puisse la sortir du palais de la bourse, et même de la vieille ville, dans son état.

Alors que les larmes dessinaient sur ma joue un sillon au milieu de la crasse et du sang, je caressais la tête de la pauvre Yasmina, lui parlant doucement dans notre langue. Elle poussait des hoquets étranglés qui me déchiraient le coeur et j’essayais de la rassurer, en lui expliquant que son sacrifice faisait la fierté de Kalith, qu’elle était enfin bientôt libéré de ses bourreaux et que je ramènerai son corps chez nous, pour qu’elle repose en paix au milieu de la jungle. Je savais que tout comme pour Chuji, je n’aurais pas la possibilité de sortir sa dépouille d’un tel lieu et cela me consumait de douleur de devoir lui mentir, mais je sentis que petit à petit, elle s'apaisait. Après plusieurs minutes d’agonie, elle finit par pousser un dernier soupir. Je passais une main sur ses paupières, fermant à jamais ses yeux gris qui, à ma grande tristesse, n’avaient même pas eu la chance de revoir une seule fois le ciel avant qu’elle ne s’éteigne. Ensuite je me relevais et j’attrapais le corps de Chuji par les poignets pour la tirer à côté de notre sœur. Ceci fait, je fermais ses paupières à elle aussi, réussissant difficilement à croiser ce regard froid, bloqué sur une expression de douleur et de surprise. Je récupérais la cape que Schloesing portait sur ses épaules et qui ne tenait plus à rien maintenant que je lui avait tranché la tête et je la déposais délicatement par-dessus le corps encore tiède de mes deux compagnes.

La pièce était empreinte d'une pesanteur inexprimable, comme si l'ombre elle-même se condensait autour de moi. Les corps inertes de mes compagnes gisaient dans un silence morbide, les stigmates de notre échec maculant le sol. La mission, imprégnée de la volonté de Kalith, gisait en lambeaux, et avec elle, ma détermination vacillait. Une lourdeur s'installa dans ma poitrine, une douleur sourde, plus pénétrante que toute lame qui aurait pu me transpercer. Mes doigts glissèrent sur le métal froid de mes sabres, autrefois des instruments de justice, maintenant des reliques inertes. Les flammes de la dévotion qui avaient jadis embrasé mon être vacillaient, sur le point de s'éteindre.
Le désespoir, tel un venin insidieux, s'insinua dans mes pensées. J'avais cru accomplir la volonté de Kalith, porter sa justice à travers mes actes. Mais au lieu de cela, j'avais conduit mes compagnes à la mort, échoué dans ma quête de libération. Une trahison, non seulement envers mes déesses, mais aussi envers mon propre peuple. Un abîme de vide s'ouvrit en moi, engloutissant toute once d'espoir. Les rêves de libération, les promesses de justice, tout cela se dissipait comme la brume sous le regard impitoyable du soleil. Les larmes embuèrent à nouveau mes yeux, mais même elles semblaient incapables de laver le poids de l'échec qui s'abattait sur mes épaules. Le désir s'évapora, laissant derrière lui une coquille brisée. Je ne savais plus pourquoi je me battais, ni pour qui. Le goût amer de la défaite imprégnait mes pensées, et le monde qui m'entourait semblait se faner, dépouillé de toute couleur et de toute signification. Les déesses m'avaient-elles abandonnée, ou étais-je simplement une marionnette dans leur jeu cruel ? La réponse se perdait dans l'obscurité, tout comme moi.

Le sol froid semblait aspirer chaque once d'énergie qu’il me restait. Lentement, je me redressai, mes jambes portant le fardeau du désespoir qui pesait sur mes épaules. Les échos tumultueux des combats semblaient s'être estompés, ou peut-être étais-je simplement devenue sourde à leur fracas. Dans ce néant d'âme, le tumulte de la bataille semblait lointain, comme si tout, avec ma quête échouée, s'était effacé. Chaque pas vers la sortie était une agonie, et dans mon dos, les corps inanimés de mes sœurs semblaient murmurer des reproches silencieux. Pourtant, il semblait que le destin n’avait pas fini de se jouer de moi. Alors que je sortais des souterrains et que je traversais une pièce bien éclairée dont l’ensemble des meubles avaient été retourné et pillé et que dont le sol était jonché de nombreux corps, une voix que je reconnus instantanément claironna dans mon dos.
« Ainsi donc, la délicieuse Maria s’en va à nouveau sans me dire au revoir ? » demanda Fabio, un large sourire sur les lèvres. Je fis alors le lien avec les mots de Schloesing, je compris finalement comment il avait su pour mon autre nom. Fabio, ou peut-être plutôt le Duc d’Ambrandt, entretenait des relations avec le maître des douanes et son entourage. Sans la moindre émotion, je me retournais vers mon ancien amant, celui avec lequel j’avais passé si peu de temps mais dont les étreintes nocturnes avaient été si enflammées. Sans un mot, je m’avançais vers lui tandis que les gardes qui l'accompagnaient se déployaient autour de moi, arbalètes en main.
- « Tu es toujours aussi belle Maria, même si je regrette de te retrouver à chaque fois couverte de sang » poursuivit Fabio en tirant son épée et en la pointant vers moi alors que je continuais d’approcher silencieusement dans sa direction.
- « Le destin est bien clément » dis-je tout bas alors que j’arrivais à quelques pas de lui « il m’offre l’occasion d’assouvir mes désirs de vengeance dès maintenant. »
- « J’aimerai éviter de te tuer Maria, vois-tu, j’ai réellement apprécié les moments passés ensemble et j’aimerai éviter d’abîmer davantage ton si joli corps. »
- « Moi, je n’ai qu’une envie, c'est de t'emporter avec moi dans la tombe. »
Je m'arrêtais finalement car, j’étais arrivé quasiment à sa hauteur et la pointe de son épée qu’il tenait tendue devant lui s’appuyait contre le milieu de ma gorge. Par défis, j’avançais un tout petit peu plus, sentant l’arme pénétrait légèrement dans ma chair.
- « Allez Fabio, finissons-en ! Tu n’as qu’a appuyé et tu pourra retourner lécher le cul de ton maître, je suis sur que tu auras une récompense pour m'avoir tué. » dis-je en plongeant mon regard dans le siens et en écartant les mains de mon corps, d’un geste de défi.
- « Déconnes pas Maria » répondit-il crispé.

Comme il ne semblait pas vouloir aller au bout de son geste, je reculais de trois pas et dégainais une dernière fois mes deux sabres. Leur faisant faire quelques moulinets, je désignais les trois arbalétriers d’un geste de la tête :
- « C’est donc cela l’honneur chevaleresque, affronter son ennemi avec des gardiens pour être sûr que ça ne tourne pas mal ?! » demandais-je, piquante.
- « Quoi qu’il se passe, vous n’intervenez pas ! Compris ? » leur lança Fabio, piqué au vif.
Les trois soldats se regardèrent, perplexes, puis haussèrent les épaules avant d’abaisser leurs armes.
Je restais debout devant mon ancien amant, immobile, durant de un long moment. Lui ne bougeait pas non plus et les souvenirs de nos nuits torrides, de nos moments intimes, semblaient flotter entre nous, triste rappel avant le duel mortel que nous allions livrer. Finalement, sentant les forces s’échapper de mon corps par mes blessures, je décidais de rompre cette contemplation funeste et je passais à l’action. Je feintais une attaque à la taille et remontais ma lame au dernier moment vers son cou, la seconde lame attaquant le bas de ses jambes. Il sauta en arrière, esquivant les deux premières attaques, puis comme je continuais d’avancer, il dévia de justesse un nouvel assaut. J’étais plus vive et plus agile que lui et je prenais l’avantage, il ne parvenait pour le moment qu’à défendre chaque coup in-extremis. Après une résistance farouche de sa part, je trouvais une petite ouverture et ma lame pénétra dans l’espace laissé libre par sa cuirasse sous l’aisselle. Pourtant, je retins mon geste au dernier moment et nous nous immobilisâmes simultanément, mon épée à peine enfoncée dans sa chair. Son regard croisa le miens, surpris, et je lui adressais un sourire dénué de toute chaleur : « Retires-toi avec des hommes, ne m’oblige pas à te tuer Fabio… » Il fit quelque pas dans un mouvement circulaire que j’accompagnais en pivotant sur moi-même sans pour autant enlever mon arme de là ou elle était fichée.

Après ce petit moment d’observation mutuelle, il recula soudainement d’un pas et frappa vers ma cuisse. Dans un réflexe presque surhumain, je contrais l’assaut fourbe et lui envoyais un coup de pied dans le bas du ventre pour le faire reculer. Nous reprîmes notre ballet mortel, avec un rythme encore plus soutenu, les attaques se succédant en cascade et, après un mouvement audacieux, je pointais à nouveau mon arme sous sa gorge, l’immobilisant dans une position inconfortable. « Dernière chance chevalier… » murmurais-je tandis qu’il lançait un regard presque gêné vers ses hommes, toujours dans l’attente de ses ordres. Cette fois, je ne lui laissais pas l’initiative de l’attaque et je me reculais de moi-même pour reprendre ma position face à lui. Je m’étonnais d’avoir fait preuve d’autant de clémence, mais s’il refusait ma proposition, ma prochaine touche serait mortelle.
Comme je le craignais, sa fierté ou bien les ordres qu’il avait reçus ne lui permirent pas d’accepter mon offre. Avec un cri de colère, il s’élança de nouveau sur moi, se montrant plus violent, plus direct et moins calculateur. Mes deux lames me donnaient un avantage, mais je commençais à fatiguer, les combats des dernières heures ainsi que mes blessures avaient drainé l’énergie de mon corps et inexorablement, Fabio prenait le dessus. Ses coups, bien que peu précis, étaient extrêmement violents et chacune de mes parades ébranlaient tout mon corps.
Finalement, il réussit à faire couler mon sang une première fois, dessinant une longue estafilade le long de mon ventre, juste au-dessus du nombril, ce qui ne fit qu'accroître la douleur de mon autre blessure au flanc. Il n’avait aucune chance que je demande grâce, mais je commençais intérieurement à regretter de l’avoir épargné par deux fois. Comprenant que le temps jouait en sa faveur, je décidais de tenter le tout pour le tout afin d’écourter l’affrontement. Alors qu’il se portait à nouveau en avant, j’esquivais sa lame et me glissais sous son bras, ouvrant au passage une profonde blessure dans sa cuisse. Il se retourna dans un geste rapide et le bout de son épée rencontre mon visage, déclenchant un éclair de douleur dans ma joue, juste sous mon oeil blanc. Sans même prendre le temps d’évaluer la gravité de cette blessure, je frappais de nouveau au niveau de son genou. Cette zone était protégé par un morceau d’armure mais avec l’impact, il perdit l’équilibre et je me jetais sur lui. Lâchant mes sabres, j’attrapais le poignard à ma taille et bondis sur son torse avant qu’il ne se relève. Fermement campé à califourchon je tentais d’enfoncer mon arme dans ce visage jadis aimé. Fabio bloqua mon geste avec son avant bras, tandis que de son autre main, il m'envoyait des coups de poings violent dans mon flanc blessé, me tirant des gémissements plaintif à chaque impact.

La lutte se poursuivit ainsi dans un silence et une quasi-immobilité, je pesais de tout mon poids contre mon couteau pour enfin mettre un terme à cette confrontation. Désespéré, Fabio s'agrippait à mes blessures, tirant cruellement sur mes plaies déjà douloureuses. Je crachais de la salive rosie par le sang sous cet ultime effort et le visage du chevalier était rouge, les veines sur son front gonflées et congestionnées. Pourtant, inexorablement, la pointe de ma lame descendait vers sa mâchoire. Je voyais dans ses yeux la terreur et la panique, je crus même qu’il allait ordonner à ses hommes de tirer, mais il ne pouvait pas parler, la pointe de la dague pénétrant insidieusement entre ses lèvres. Finalement, comme un barrage qui rompt d’un seul coup face à la pression de l’eau, ses forces l’abandonnèrent et le poignard se planta au fond de sa bouche avec un étrange bruit de perforation. Je m’immobilisais, hoquetante et surprise, regardant ses beaux yeux grands ouverts qui se voilaient déjà imperceptiblement. Je retirais ma lame et la posais à côté de sa tête que je saisis doucement à deux mains alors qu'il agonisait, un geste d'intimité contrastant avec la violence qui venait de se dérouler. Le sang coulait de sa bouche et comme il était sur le dos, il avait du mal à l’évacuer, toussant et projetant des gouttes carmins sur le sol. Pourtant, j’approchais mes lèvres des siennes et je l’embrassais une dernière fois. Un étrange baiser langoureux mêlant la saveur métallique du sang au goût salé de la transpiration. C’était un échange émotionnel, complexe rendant hommage à la passion du passé dans cet instant où les frontières entre l’amour et la mort semblaient s’effacer, laissant la place à une connexion intense et éphémère.

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Même lorsqu'il eut rendu son dernier souffle, je ne me relevais pas tout de suite, sachant que je n’allais pas tarder à le suivre dans l'au-delà. Lorsque je me redressais, les derniers échos des combats s’étaient définitivement tus. Les trois hommes armés de leurs arbalètes se tenaient en ligne devant moi, leur visage dénué de toute expression. Les regardant sans ciller, je me campais fermement sur mes pieds, écartant les bras, je me dressais tel un défi lancé à l'inévitable. Les cordes des arbalètes claquèrent, un sinistre murmure qui scellait mon destin. Les projectiles, des traits acérés, d'une justice implacable, partirent en une danse mortelle. Les premières douleurs, aiguës et électrisantes, transpercèrent ma poitrine et mon ventre. Une morsure glacée supplémentaire, cruelle, s’ajoutant aux autres blessures de la soirée. Les plumes des flèches dansaient au rythme de mes spasmes, telle une macabre célébration orchestrée par la mort elle-même. Mes yeux ne quittaient pas ceux de mes bourreaux, fixant l'infini comme si mes pensées pouvaient s'y échapper. Les soldats, témoins de ma chute imminente, gardaient un silence respectueux. Mes genoux fléchirent mais mon regard ne faiblit pas. Chaque seconde semblait une éternité, chaque battement de cœur résonnait comme un adieu. Mes mains crispées cherchèrent en vain à saisir une réalité qui s'évaporait. Mon souffle se mua en une mélodie mourante. La douleur, telle une vague, engloutit mes sens. La froideur du métal se mêlait au rouge du sang et les ténèbres m'accueillirent, leur étreinte froide effaçant la lumière vacillante de ma vie. Et dans cet ultime soupir, je m'abandonnais à l'obscurité…

Cependant, alors que les ténèbres m'engloutissaient, une lueur mystérieuse persistait, fragile comme une étoile vacillante. Le voile entre la vie et la mort se dessinait dans une ambiguïté troublante, laissant le mystère planer comme un ultime défi à la clarté des réponses. Était-ce la fin ou le prélude d'une renaissance clandestine ? Les murmures de l'au-delà semblaient se confondre avec les derniers battements de mon cœur. Les contours de ma destinée demeuraient flous, insaisissables, comme les reflets changeants d'une mer hésitante entre la tempête et la quiétude.
Peut-être, dans l'ombre de la nuit éternelle, mes pas erraient déjà dans l'au-delà, ou peut-être, en dépit des blessures infligées par le destin, persistais-je dans un rêve silencieux, attendant le moment propice pour émerger à nouveau. L'histoire, tissée de sang et d'éclats d'acier, s'achevait-elle ici ? Ou bien n’était-ce que le début de mon combat, guerrière des ombres, entre les ténèbres du doute et la lumière incertaine de son destin.

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J’eus le temps d’une pensée fugace pour Kidd, Syrasse et le reste de l’équipage de l’Aslevial, j’espérais qu’ils avaient réussi à sortir du port de la cité à temps et qu’ils n’attendraient pas trop longtemps mon retour. Je me demandais aussi si Lars avait pu sauver sa peau et quitter le palais avant que les gardes ne matent la rébellion. Enfin, j’espérais que Gianni et Alessandra n’avaient pas été attaqués par des pillards et surtout que le beau noble qui avait tant œuvré dans l’ombre pour moi ne serait jamais mêlé, de près ou de loin aux événements de cette nuit sanglante. Je me demandais l’espace d'un instant s’ils continueraient à penser à moi et même si je leur manquerai. Pensée ridicule au vu de ma situation… J’avais choisi de vivre cette vie, la plus sauvage des vies ! C’était mon choix de poursuivre ma quête bien loin de chez nous, sur des routes que je ne connaissais pas. Le goût amer de l’inachevé emplit ma bouche à mesure que mes yeux se voilaient… J’espérais que Kalith et Rigg se montreraient clémentes et peut-être que si Sotek intercédait en ma faveur, me laisseraient-elles une nouvelle chance ?
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 11:55, modifié 2 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
Profil: FOR 11 / END 8 / HAB 9 / CHAR 8 / INT 9 / INI 8 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 9 / FOI 0 / NA 1 / PV 65
Mon histoire : ici
Quelques récits sur la vie de Nola : ici

Awards :
  • Meilleur PJ - Etoile Montante : 2022
  • Bourrin en chef : 2022 & 2023
  • Incitation aux voyages : 2023


Dessins de Nola Al'Nysa réalisés par NmForka :
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[MJ] La Fée Enchanteresse
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - Élaboration
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Re: [Nola Al'Nysa] Bien loin de chez nous

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Décompte final d'XP :

- +114XP pour tes posts depuis le dernier compte de Piero
- +25XP de prime de fin de RP
- +2 PdC de Kalith et Rigg pour avoir tout tenté pour sauver tes sœurs Amazones… Mais sans résultat.
- +2 PdC pour la Main Sanglante qui observe le sud du Vieux Monde, Khaine, pour ton attrait envers la mort.
- +1 PdC envers Mórr, le Père-Veilleur, pour ton don envers l'art (Il est aussi le Dieu des artistes !), et pour le respect que tu as montré envers les dépouilles de tes sœurs.
- +1 PdC envers 'Jack D'La Mer', Dieu mineur de Sartosa, amitiés de l'Aslevia.

Rajoutés à ta fiche. Tu es maintenant la propriété de la Fée Enchanteresse et du culte du Graal.
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