Le vieux ranger hocha la tête d'un air satisfait, scrutant les alentours tout en marchant. Une main à là ceinture, il semblait prêt à dégainer ses haches de lancer à tout instant malgré la discussion en cours et l'atmosphère paisible de ce début d'après-midi. Il répondit à la question de Thorik avec franchise et bonne humeur, appréciant visiblement qu'un nain "de l'intérieur" daigne s'informer sur un nain "de l'extérieur", car ces derniers étaient souvent très mal considérés par leur pairs.
- "Oh moi tu sais, ça fait un bail que j'arpente le flanc d'ces montagnes. Je peux pas te dire quand j'ai commencé, mais pour sûr t'étais pas né ! Tu vois l'problème c'est que les autres nains nous comparent à ces lopettes d'elfes parce qu’on vit à l'extérieur et qu'on opère en terrain forestier la plupart du temps en utilisant des armes de tir. Mais sans nous, plus d'un bastion nain serait tombé sous les coups des orques, pour sûr ! En fait notre boulot c'est d'pister les forces ennemies, de surveiller les cols et les passes, les points stratégiques quoi. Dès qu'l'un d'ces peaux-vertes pointe l'bout d'son nez, on signale son approche aux guetteurs des Kazad, c'qui permet d'organiser la défense, voir la contre attaque ! Et généralement, une fois les forteresses prévenues d'l'approche ennemie, on se regroupe en troupes d'une vingtaine à une quarantaine d'montagnards et on harcèle les envahisseurs. Ca déstabilise l'attaque et parfois ça coupe leurs voies d'approvisionnement. En parlant d'ça, des fois notre boulot c'est aussi d'apporter du ravitaillement aux forts dont les accès souterrains sont bloqués pour d'quelconques raisons, comme aujourd'hui par exemple. Et puis l'vrai problème avec le Kazad Urkbavak c'est qu'on a pas d'nouvelles d'eux depuis trois semaines. Depuis que la route souterraine est bouchée quoi ... D'ailleurs ça m'r'appelle cette fois où ..."
Et ainsi, le sergent Grom ne s'arrêta plus de parler pendant tout le trajet. C'était un vétéran, et comme tous les vétérans il n'était jamais à cours d'anecdotes. Et il n'aimait rien plus que de raconter tout ce qu'il savait, d'autant plus quand un étranger semblait s’intéresser à la vie en plein air qu'il avait choisit. Il monopolisa donc la parole pendant des heures, mais en restant toujours vigilant. Malgré ses airs de vieux conteur, il n'en restait pas moins un soldat aguerri, et en cas d'alerte Thorak était certain que Grom Poingd'Acier serai le premier les armes à la main.
Devant eux, le convoi de ravitaillement continuait d'avancer à bonne allure, longeant les crêtes et les chemins rocheux bordés d'arbres et de buissons, tandis que sous eux se dévoilaient les beautés des montagnes. De vastes vallées couronnées de forêts de pins et de cours d'eaux s'insinuaient entre les monts aux pics enneigés. Au loin, les nains pouvaient facilement observer des hardes de chamois escalader les amas rocheux avec une agilité surprenante, tandis que dans le val un troupeau de cervidés paissait paisiblement. Ca et là, des rapaces planaient dans le ciel, à la recherche de proies au sol. De temps en temps retentissait le sifflement caractéristique des marmottes qui résonnait entre les parois rocheuses, tandis qu'aux côtés du convoi, le bourdonnement des abeilles et le piaillement des oiseaux offraient une ambiance champêtre et décontractée. C'est dans ce décor idyllique que la caravane de vivres avançait, néanmoins gardée par une troupe vigilante, le capitaine Boltar Drum en tête.
- "Tiens, les deux pipelettes, allez donc chercher du bois pour les feux. Avec les bêtes qui peuvent traîner par ici, c'est mieux de les garder allumés pour la nuit."