Il marchait seul dans les couloirs pavés de la cité, équipé de pied en cap et portant son barda sur le dos. Dum'Zaraz solidement attaché à la ceinture, engoncé dans sa cotte de maille et serrant contre lui la lanière de son sac de cuir, Thorak marchait en direction de la porte Sud, éclairé par les flambeaux et les braseros installés tout le long de la voie. En chemin, il croisa de nombreux citoyens, des marchands, des soldats de la garnisons. Certains de ces derniers murmuraient à son approche, visiblement au courant de la tragédie qui s'était déroulée il y a déjà six mois. Mais le nain brisé ignorait tout ce qui l'entourait. Le martèlement des forges qui résonnait contre les voûtes de pierre, les bruits de bottes sur le sol pavés et les conversations n'arrivaient pas à son esprit. Il marchait, le regard rivé devant lui, ne pensant à rien d'autre qu'à quitter Karaz-a-Karak le plus vite possible.
Il serra dans sa main le parchemin roulé que lui avait confié le capitaine de la garnison avant qu'il ne quitte son affectation. Il le déroula et le lu une nouvelle fois, comme pour s'assurer qu'au delà de ces mots, une nouvelle vie se dessinait pour lui.
Thorak soupira et roula à nouveau le parchemin. Lui, rejoindre un détachement de rangers ? Ces pseudo-guerriers qui servaient à la surface ? Enfin ... C'était peut être là l'occasion de changer de vie, en effet. La guerre à l'extérieur ne pouvait être la même que dans les tunnels ... C'est sur ce genre de considération que Thorak arriva aux immenses portes de la forteresse. Grandes ouvertes, elles étaient soutenues par des chaînes et un système d'engrenages qui permettaient de les fermer rapidement à la moindre alerte. Par cette entrée transitait une longue file de chariots dans les équipages étaient principalement humains et nain, bien que Thorak cru apercevoir une troupe de halflings. La lumière estivale entrait sans retenue par cette ouverture béante, éclairant le vaste hall. Les charettes étaient arrêtées en une longue file, le temps que les propriétaires expliquent la raison de leur venue aux nombreux gardes présents à l'entrée. Thorak souffla un coup, puis se dirigea vers l'extérieur sans regarder en arrière, quittant définitivement Karaz-a-Karak, du moins l'espérait-il.A l'attention du Ranger-Capitaine Ghorim Tanalor,
Le porteur de cette lettre se nomme Thorak Grim'Azul. Il a servit dans les armées du Haut-Roi pendant plusieurs décennies, s'étant fait remarquer dans de nombreux combats, et plus particulièrement dans ceux ayant eut lieu dans les tunnels d'Ungdrin Ankor. Il a également servit dans la Garde de Karaz-a-Karak sous mes ordres. Ainsi je peux témoigner de sa volonté, de son courage et de sa force. L'engagé Thorak fût l'un des meilleurs éléments de mon escadron, et c'est pourquoi je vous le recommande aujourd'hui et personnellement, suite à sa demande de changer d'affectation. En espérant que vous saurez utiliser au mieux ses talents,
Respect, force et honneur,
Arkam Brom, Capitaine de la Garde
L'air frais des montagne emplit ses poumons tandis que la brise venait caresser sa peau. Au loin serpentait la route pavée qui menait à la forteresse, et qui se lovait entre les montagnes et les vallées couvertes de pins à perte de vue. D'un univers sombre, chaud et fermé, Thorak passait à un nouveau monde, éclairé, frais et complètement ouvert. Ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à la clarté de l'astre diurne, mais bientôt il se remit de ses émotions et se mit à remonter la file de chariots en sens inverse, à la recherche du détachement de rangers. Il les aperçu à l'écart de toute agitation, près d'une chicane qui gardait une petite route de montagne s'éloignant vers l'Ouest, à une centaine de mètre de l'entrée principale. La troupe semblait composée d'une vingtaine de nains qui chargeaient des caisses et des tonnelets sur huit robustes poney des montagnes. Quelques mètres plus loin, deux autres nains observaient les préparatifs et l'un d'eux donnait quelques ordres par moment. Voilà probablement la troupe que Thorak devait rejoindre.