[Rovk] La myrrhe et le miel

Alors que Rovk reculait comme un poltron, la Démonette continua à le suivre des yeux. Il était difficile de percevoir la moindre expression sur ce qui lui servait de visage, tant sa face était étrange à regarder — c’était une… Une peau, ou du moins une imitation de peau, qui avait une espèce d’aspect lisse, fin, sans le moindre sillon. Elle (Car il fallait bien lui attribuer un genre, et sa poitrine plutôt large constituait un caractère sexuel qui semblait l’accrocher au monde féminin, à moins qu’il ne s’agisse d’une énième tromperie du Prince) se releva élégamment, en prenant appui sur ses grosses pinces de crabes avec lesquelles elle se propulsa en l’air, presque en faisant la roue. Ses beaux yeux, qui étaient en fait plutôt une fente éclairée par une lueur dorée, continuèrent d’observer le petit Rovk un long moment.

Ella reprit donc :

« Deukire’Treln. Eksi’ni nuh ak’herlen-
– Ella Grimsdóttir ! », cria la démonette en croisant ses bras. « Ella Grimsdóttir, Ella Grimsdóttir, Ella Grimsdóttir ! Moi aussi je connais ton nom, soupirante ! Moi aussi je peux le répéter ! »

Deukire tortura ses lèvres. Les bomba. Comme pour imiter une moue. Comme si le démon souhaitait singer une expression faciale humaine, mais de manière si surjouée que ça paraissait peu naturel.
Ella, elle, se vêtit d’un beau sourire. Elle haussa ses épaules nues, comme seule réponse à la Démonette.

« Cesse donc de parler la Langue Noire, je te prie ; Tu la parles fort mal ! Et je pense que tu l’utilises pour que tes camarades auprès de toi ne puissent pas trop nous comprendre.
C’est… Fort impoli, Ella Grimsdóttir. »

Ella voûta son dos, dans une sorte de courte révérence. Et maintenant, elle parla d’un ton mielleux, hypocrite, et fort servile.

« Je t’assure que seule la courtoisie me guide, aimée du Prince… Et je n’oserais jamais te faire perdre ton temps, ou prétendre pouvoir te manipuler à ma guise…
– Ah oui ? C’est fort aimable de ta part — pourrais-tu me le prouver en effaçant une petite rune gravée du sol avec tes orteils ? Juste un tout petit bout de signe, ça me suffira.
– Aimée du Prince, tu sais que ce n’est jamais aussi facile que ça.
– Non, évidemment. Jamais. »

Alors qu’elle parlait, la démonette marchait dans sa cage, comme si l’immobilisme la mettait mal à l’aise. Elle n’arrêtait pas de faire le tour de l’octogramme, dans le sens horaire, puis inverse, en regardant le sel, les bougies, en élevant son bras pour sentir les limites du tracé qui pulsait de dhar. On aurait dit qu’elle cherchait une faille, une brèche dans laquelle s’engouffrer dans l’espoir de s’échapper.
Ella fit mine de ne pas remarquer, et continua les pourparlers :

« Aimée du Prince, je n’ai que peu de moyens, mais avant de t’appeler, malgré le peu de choses dont je dispose, j’ai bien pris soin de t’offrir un sacrifice, sans rien te demander en échange. Et je me suis faite belle pour toi — ne suis-je pas désirable à tes yeux ? Ne sais-tu pas que j’ai déjà achevés de nombreux pactes avec tes sœurs ? »

Deukire’Treln hocha la tête dans tous les sens. La démonette pencha le visage de côté. Observa une Ella nue et peinte, qui élevait ses bras pour bien montrer son corps.

« Hm-hm. En effet… Tu as témoigné d’un certain… Respect. Et il est vrai que ta silhouette est très agréable à contempler. C’est pour cela que je ne te châtierai pas en tentant de te tuer et t’emporter chez moi tout de suite…
…Mais je ne te promets pas d’accomplir quoi que ce soit pour toi. Pas tout de suite.
– Évidemment. Mais tu nous écouteras ?
– Je t’écouterai. »

La démonette s’assit en tailleur sur le sol. Et puis, elle s’avachit sur le dos, en croisant ses jambes, en relevant son torse, comme si elle prenait la pose pour un peintre.

« Je t’ai invoqué dans ce cercle afin de t’offrir un grand spectacle, pour toi et pour ta troupe ; Un service qui débutera et s’achèvera durant une soirée seulement, au cours de laquelle tu pourras danser et ravir de nombreuses personnes d’un village Norse…
– Oh, Ella, Ella, Ella… Tu sais que je ne dis jamais non à un beau massacre bien abrupt et soudain ; mais ce n’est pas une faveur que tu me fais là. Tu souhaites me voir danser car cela te sert. Donc, tu y as un intérêt.
Il va falloir m’offrir quelque chose, pour m’intéresser moi. »

La démonette se roula sur le ventre. Croisa ses pinces et posa son menton entre elles. Ses grosses pattes animales s’agitaient dans l’air derrière elle. Et elle dévora du regard la völva.

« J’ai besoin de ton assistance car à mes côtés se tient mon neveu par la mère ; je dois l’amener au Monolithe où toi et moi nous sommes déjà rencontrées. Mais il me faut des hommes, et du matériel pour aller jusque là-bas…
Le village de Maskaur s’est refusé à m’offrir l’aide que j’ai réclamée pour solder une dette. Ils me serviront donc d’exemples et je les tondrai. Avec ton aide.
– Et à toi les jeunes hommes vigoureux, la myrrhe, et le miel. Et moi, j’ai le droit à quoi dans tout ça ?
– Une nuit de folie.
– Chaque instant qui passe dans l’éternité absolue des Royaumes du Chaos est une nuit de folie — si la nuit existait dans le Sérail. Tu sais que ce n’est pas suffisant pour m’exciter, quand bien même tu t’es grimée pour le plaisir de mes yeux. »

Tove fit un pas en avant, pour se rapprocher d’Ella. Elle aussi fit une petite révérence.

« Je te présente mes hommages, Aimée du Prince… Je pense que nous pouvons t’offrir beaucoup en échange d’une simple nuit… Je peux te gager de jolies âmes, dès ce soir, pour te ravir — et plus tard, lorsque nous serons retournés au Monolithe, nous en sacrifierons beaucoup plus. Il n’y a qu’à trouver un chiffre qui te convient. »

Deukire’Treln éclata de rire. Elle se redressa tout droit, alors qu’elle détaillait la mutante.

« Toi ?! Me gager quoi que ce soit ?!
Je connais ton nom également ! Toi, tu as essayé de faire un pacte avec un Prince Démon ! Regarde tout ce qu’il t’a offert en représailles de l’avoir dérangé ! Il est vrai que c’est très amusant, de te voir te démener avec cet amas de chair, mais si tu continues à me parler, prend garde à ce que je n’abrège pas ton existence en te transformant en Enfant du Chaos ! »

Tove devint toute blanche. Elle fit un pas en arrière et n’osa plus rien dire.

Alors, la Démonette s’intéressa à Rovk. Elle se rapprocha tout, tout au bord de l’octogramme, et se pencha sur ses genoux pour mettre sa tête a peu près à sa hauteur.

« Ella a dit que tu étais son neveu ?
C’est… C’est très intéressant. Neveu de sang, et pas adoptif, en plus de cela… Oui… Et tu as même été béni… Si intéressant… Le Chaos aime les avunculats… C’est une relation très privilégiée, et sous-estimée : les gens ne pensent qu’aux pères et aux mères, jamais aux tantes et aux oncles, et pourtant ils sont si importants dans les trames de l’Au-Delà…
Tu es tout silencieux. Ce n’est pas très courtois. Même sacrément insultant ! Mais je te pardonne — tu as de la chance, tu m’intéresses un peu.
Ne souhaites-tu pas t’approcher pour que nous discutions ? Ce n’est pas comme si je pouvais te mordre !
Pas tant que les runes tiennent en place, du moins… »

Elle posa ses deux genoux à terre, et tapota sur sa cuisse du bout d’une pince, comme pour faire signe à Rovk de venir s’asseoir dessus. C’était impossible, mais il pouvait au moins s’approcher d’elle, en restant bien derrière le tracé…

« Donc tout ça… Tout cet octogramme, cette cérémonie… C’est pour toi ? Ta tante t’aimes donc beaucoup !
Allons, allons, allons… N’es-tu pas heureux de me voir ? Ne suis-je pas magnifique ? Viens tout me dire, jeune homme. Quel est ton nom ? Quel âge as-tu ? Que fais-tu ici ? Que veux-tu ? Comment puis-je te guider ? Est-ce que tu sais faire quelque chose de tes mains ?
Allez, parle ! Je veux tout savoir ! Ne sais-tu pas tout ce que je peux faire pour toi ? Je suis sûr que la nuit tu jalouses ta tante… Tu dois la haïr, pas vrai ? Oh je sais que tout au fond de toi tu la hais… Tu voudrais lui ressembler ? Je peux te faire pousser des seins, et arrondir tes hanches, si c’est ce que tu veux. Je peux t’offrir une jolie dague, comme celle qu’elle porte ! J’ai plein de cadeaux à te donner, il suffit juste de me dire ce que ton petit cœur veut ! »

Message par **Rovk Alister** » 27 janv. 2021, 20:32

Rovk riait, il riait au fond de lui, cette situation était absurde, le seul qui pouvait la faire avancer, c’était lui, et c’était le seul qui ne voulait pas trop y participer, la bonne blague, Slaanesh doit rire de sa farce, et elle est bien bonne. « Bon, il semblerait qu’il faille que je me mouille, il semblerait qu’un ton mielleux soit la meilleure méthode, bon bah c’est parti pour lécher les… ‘’pieds’’ ? Meh, ca reste mieux que ceux de Tove. » Pensa Rovk

Et alors Rovk va s’avancer d’un pas léger mais soutenu, tout en faisant attention à ne rien renversé, puis il va se rapprocher de la Daemonette avec un sourire un peu gêné mais sincère. Il était plutôt amusé par la situation, il va s’asseoir en tailleur juste devant l’Octagramme, à une dizaine de centimètres du visage de la Daemonette. Il sentait l’odeur de la Daemonette, sucrée, mais douce, très douce… Une odeur à rendre fou la plupart des hommes, mais Rovk n’est pas la plupart des hommes.

- Je suis terriblement désolé de mon comportement Aimée du Prince, j’ai perdu mes moyens, je n’avais jamais vu une créature aussi magnifique, sublime, aussi parfaite que vous. Je me présente devant vous, Aimée du Prince. Mon nom est Rovk, Rovk Alister, j’ai passé mon dix-neuvième hiver il y a quelques mois. Commença Rovk avec entrain, ma foi un sacré entretien pour notre jeune Slaaneshi.

- Ce que je fais ici ? Ce que je fais ici, c’est d’accomplir un désir de vengeance, un désir partagé par ma tante ici présente, et Tove, et moi.
-Ce que je veux, bien Aimée du Prince, c’est de devenir plus puissant, plus compétent, plus doué.
Pour résumer tout ce que je désire aller plus loin, encore et toujours. Continua Rovk avec une honnêteté irréprochable, et surtout, un ton extrêmement mielleux. Il regarde la Daemonette droit dans les yeux, comme s'il était plus que captivé, un regard réservé aux amoureux et autres formes de perversions tant appréciées par les Slaaneshis.

- Me guider, mais vers où ? Pour mes mains, je connais des rudiments de magie, de bonnes bases de torture, et une très bonne connaissance des massages. Tant de propositions alléchantes Aimée du Prince, tant de possibilités. Mais entre nous et les arbres, ce que je veux, c’est voir ce village là-bas, être ravi de vos divins talents, entendre les plaisirs infinis à travers l’air, et sentir le désir jusque dans mes os. Je vous l’assure, Aimée du Prince, si je n’étais pas sérieux, je n’aurais pas offert mon sang pour espérer entendre votre douce voix. Ajouta Rovk, il passait sa main sur l’une de ses coupures, laissant le sang couler sur son doigt, puis il va lever son bras pour laisser le sang couler dans sa bouche, gouttes après gouttes. Un nectar divin, un pur plaisir, le genre de plaisir qui donne très envie au Daemonettes.

- Bien sûr, Aimée du Prince, la question reste, qu’est-ce que je peux vous offrir en échange ? Mon sang ? Bien trop limité. Des âmes ? Là, on discute de manière plus drôle et sérieuse.
En plus de cette magnifique nuit, qui avec votre aide deviendrait encore plus précieuse, je pourrais offrir des âmes bien entendu, mais qui sait, si nous parvenons à trouver un accord, je ferai peut-être appel à vous dans le futur. Et si vous m’époustouflez encore plus que maintenant, peut-être que je pourrais vous offrir ce que vous désirez le plus de moi, mais ça, bien entendu, ce serait à rediscuter dans le futur.
La vraie question étant : Qu’est-ce que vous voulez de plus de ce que je vous propose déjà pour cette douce nuitée ? Rovk sourit, un sourire non pas malicieux, mais emplis de bonheur. Il semblait presque à l’aise, dans son élément. Mais la vérité derrière le masque est bien trompeuse. « Allez, me demande pas mon âme, les âmes des connards de Maskaur, autant que tu veux, mais pas la mienne, celle de Tove à la rigueur. » Pensa Rovk de manière TRÈS stressé, il avait peur de tout perdre, peur justifiée.
Rovk va regarder la Daemonette et va s’approcher au maximum syndical pour éviter de faire une connerie, puis il va murmurer à la Daemonette en s’assurant que seul elle entende ses prochaines paroles.

- Oui, je suis jaloux de ma tante, mais seulement jaloux de ses nombreuses connaissances et pouvoir, le reste, comme son hystérie et ses faiblesses ne m’intéressent pas, mais peut-être est-ce votre cas…
Renchéris Rovk avec un clin d’œil et un grand sourire. Leur deux visages étaient si proches qu’ils pouvaient sentir le souffle chaud de l’un et l’autre. Mais Rovk n’en avait pas fini. Il va continuer à murmurer avec la Daemonette.

- De ce fait, Chère Deukire’Treln, pardonnez-moi si j’écorche votre nom aussi bien que vous venez d’écorcher cet esclave, comprenez bien que je suis très sérieux, alors maintenant dites-moi, est-ce que vous voulez participer à ce bal avec moi ? Termina Rovk avec un petit mouvement des mains.

Rovk attendait sa réponse avec impatience, souriant, s’appuyant de son bras avec sa paume sur son menton dans sa position en tailleur, dénudé, ses yeux brillants de lumière mauve. Le silence régnait en maître. Il regardait avec des grands yeux la Daemonette, est-ce qu’elle va accepter sa proposition ? Ou va-telle en demander beaucoup plus ?
La tension est palpable. Que Slaanesh aide notre apprenti Sorcier, il en a bien besoin.

La Démonette plissa ses lèvres. Découvrit ses dents effilées, des incisives jusqu’aux molaires. Les fentes qui lui servaient d’yeux luisaient d’une couleur toute différente : presque verdâtre. Elle observa Rovk tout droit, et alors qu’il avait fini de parler, elle ne répondit que par une sentence laconique :

« Tu pourrais m’offrir ton âme à toi. »

Elle se releva bien debout. Pencha un peu la tête de côté. Et elle gardait toujours ce sourire fort narquois, pour mieux narguer Rovk.

« Ou du moins tu pourrais la gager. La placer dans la balance, comme une sûreté… ça serait la preuve que tu es très sérieux, et que ce qui sort de ta gueule ne sont pas que quelques paroles sans force. »

Ella leva sa main. Elle s’immisça dans leur négociation, interrompant le négoce de la démonette :

« Nous pouvons te promettre une âme à la hauteur de la sienne.
– Ah oui ? Ce n’est pas une promesse qu’on fait à la légère, surtout si tu la promets cette nuit.
– Je peux te promettre l’âme d’un Jarl Norse. L’âme d’un homme-lige du Roi des Baersonlings. Je peux l’offrir à l’éternité, et te l’accorder à toi entière en échange de ton service. »

La démonette pétilla de joie à cette annonce. Son visage tout entier se détendit, les traits de son visage s’adoucirent, et elle répéta, presque en gloussant, le titre de celui qui était ainsi offert :

« Un Jarl Norse ?! Un grand homme, bien mûr et bien fort ?
– Un Jarl Norse, qui descend d’une longue lignée de housecarles. Un qui est parvenu à hériter de son domaine par l’assassinat de son père, et qui aujourd’hui, se prépare à offrir son service à un grand monarque du continent. »

La Démonette leva une patte. Tournoya sur elle-même. Chancela de gauche, à droite, tout sourire. Mais après un instant de réflexion, elle sembla soudain… Hésitante.

« C’est une grande promesse que tu me fais là… Grande… Et, je ne peux pas mentir, alléchante étant donné le peu que tu demandes en échange…
Cependant… Cependant.
Cependant je te connais, Ella. Tu es maline. Trop maline pour ton bien. Tout ça… Tout ce que je vois autour de moi… Je note l’urgence. Et le désespoir. Et jusque-là, tu as plutôt tenté de me charmer, non de me supplier. »

Ella lui sourit en retour, un petit rictus plissé sur le côté.

« Tu voudrais que je me mette à genoux en faisant ma voix apitoyée ? »

La Démonette éclata d'un rire sincère : la plaisanterie avait fait mouche.

« C'est dommage, même quand tu fais ça pour faire fantasmer tes amants, ça sonne faux. Non. Ce n’est pas de toi que je veux ça.
C’est de lui. »

Elle pointa Rovk du bout de sa pince. Ignora vite la völva pour se rapprocher du jeune cultiste. Elle recommença alors à un peu se pencher pour être à sa hauteur.

« Oublions ta vilaine tante… Elle est douée, mais trop joueuse. Toujours à tout manipuler pour que tout tourne autour de son propre monde…
Oui, elle est intelligente. Cet octogramme, elle l’a bien dessiné… Mais n’est-ce pas toi qui t’es sacrifié pour ? Je sens ta chair tout autour du sel. Tu obéis à ses ordres, mais qu’a-t-elle sacrifié pour toi ?
Moi, je te propose de te sacrifier… Pour toi-même. »

Elle se redressa, en posant une de ses pinces sur sa hanche. Et avec beaucoup d’emphase, sa voix toujours aussi douce, elle commença à psalmodier, le plus naturellement du monde, comme si elle avait depuis longtemps répété le discours en avance :

« Rovk Alister, vivant depuis dix-neuf saisons ; Donne-moi le nom de ton père, et donne-moi le nom de ta mère. Je te propose… Un Pacte. Une alliance maudite avec l’Au-Delà. Je t’offre mon service, moi, une Ballerine du Prince, et celui de mes cinq sœurs qui me suivront sitôt que ta tante aura ouvert un passage pour me faire danser autour d’elle.
Tu auras ce service jusqu’au lever du soleil. J’obéirai au moindre de tes caprices. J’écouterai chacun de tes ordres, sans faillir à aucun. Mais en échange, avant que le soleil ne se lève, tu devras m’avoir offert l’âme nue et vivante d’un Jarl Norse, comme l’a décrit Ella ; Autrement, c’est ton âme à toi que j’avalerai et emporterai avec moi pour la torturer pour l’éternité.
Et comme nous nous découvrons tous les deux… Je te rajouterai même un présent dans le marché. Un petit cadeau, rien que pour toi. Une bénédiction qui te suivra à jamais, et qui t’aiderai à te souvenir de moi… Presque gratuitement. Je ne demande rien de plus pour cela, qu’une âme. La tienne, ou celle promise.
Donne ton consentement. Mets-toi à terre en me suppliant. Et nous serons immédiatement liés. »

Message par **Rovk Alister** » 01 févr. 2021, 11:06

Un Pacte, le mot résonnait dans la tête de Rovk, plus fort qu’un chœur d’un millier de Norses en furie. « Ouais, bon, si ça se passe mal, c’est pour mon cul, si ça se passe bien, c’est pour mon cul de manière positive. » Pensa Rovk.

Cependant, une sensation vint piquer Rovk, cette sensation plus que connue, c’est le désir, le désir de parvenir à vaincre ce village, à le réduire en miette, à capturer le Jarl, à récupérer ce dont ils auront besoin pour le trajet. Au final, le désir de parvenir à quelque chose de grandiose. Qui peut se vanter de faire un pacte avec des Démons en ayant une chance de s’en sortir plus ou moins intact ?

Alors Rovk va se mettre à quatre pattes, le dos bien courbé, une position qu’il maîtrise grâce à l’éducation d’Ella. La tête bien penchée, Rovk va commencer à sceller son sort en se prononçant.

Oh Bien-Aimée, vous qui resplendissez à travers la nuit, moi, Rovk Alister, fils de Tobjörn et Kristina Alister, je t’implore d’accepter notre alliance. Que Slaanesh en soi témoin en cette maudite nuitée, j’accepte ces merveilleux termes de notre Pacte et j’en suis honoré. Et je suis encore plus béni de savoir qu’une splendeur aussi parfaite que vous daigne m’accorder sa bénédiction à travers une bénédiction. Alors je vous en supplie, Bien-Aimée, que notre pacte commence.

Rovk prononça ses mots avec vigueur, d’une voix convaincue. L’hésitation n’avait pas sa place dans le discours du jeune Norse, il était déjà si loin, hors de question de s’arrêter là. La voie était claire, le chemin tracé, il ne reste plus qu’à l’emprunter.

« Je me demande bien quel plaisir réserve la Bien-Aimée au Jarl, j’ai hâte de voir ce petit con apprendre la vie, de plus, je pourrais même ordonner la capture de sa sœur, on va bien s’amuser ! » Monologua Rovk, ricanent intérieurement.

Cependant, Rovk eu un léger doute, pendant une fraction de seconde, il crut que le cadeau de la Bien-Aimée n’était pas vraiment un cadeau, plus une forme de laisse pour animal de compagnie.
Voir même pire, peut-être serait-ce un piège pour tenter de lui infliger la même mutation que Tove.
Non, impossible, vu sa réaction par rapport à Tove, ça ne pouvait pas être ça. Peut-être serait-ce une dague comme sa tante comme la Démone l’avait suggérée juste avant ? Qui sait, peut-être que notre Slaaneshi favori aura une magnifique surprise…

La démonette leva ses pinces en l’air. Elle se retourna, et s’éloigna au centre de l’octogramme, affichant son dos nu aux cultistes. Elle se mit alors à tirer sa langue, et à psalmodier quelque chose en Langue Noire. Sa manière de la parler, n’avait aucune mesure avec celle d’Ella… Il fallait certainement avoir sa même bouche, ses cordes vocales formées de magie, pour être capable de communiquer de la même manière qu’elle.

Quelque chose sembla… Bouger dans l’octogramme. Pulser. Le cadavre du petit thrall se mit à se liquéfier. Ses yeux crevés se transformaient en poudre. Ses os se désagrégèrent. Et le fin voile de fumée qui obscurcissait déjà la vision des cultistes se transforma en une brume véritablement épaisse.
La voix de la démonette prit un écho. Elle semblait lointaine. Réverbérée à travers des coteaux d’un quelconque massif.
C’était une voix d’outre-tombe, qui soudain devint beaucoup plus grave. Beaucoup plus masculine.

La voix répéta une phrase monocorde, comme une sentence prononcée par un juge. Ce n’était plus la voix de la démonette. C’était la voix de quelqu’un d’autre.
Quelqu’un d’autre qui prit la peine de traduire en Norse, avec une espèce d’accent venant d’un pays que Rovk ne connaissait pas.

« Rovk Tobjörnsson.
Ton âme est gagée.
Que tu échoues ou que tu gagnes,
Je recouvrerai ma créance. »

Ella la völva s’avança de l’octogramme. Elle leva ses mains en l’air. Hurla une phrase en démonique, et, soudain, brisa le cercle de sel d’un coup de son pied nu.
La fumée vola dans un retour physique. C’était comme si le sel avait été une barrière physique, une vitre qui volait en éclat. Elle envahit l’environnement. Recouvra Rovk, si bien qu’il se mit à tousser. Il observa à droite, à gauche, et tout n’était plus que cette fumée violette. Il ne voyait ni Tove, ni Ella, ni les lueurs des bougies au sol, tout juste la tourbe à ses pieds.
Il entendit des rires. Des rires aquilins, et stridents.
Il sentait des odeurs de pâtisseries cuites. D’épices débarquées sur de grands drakkars.
Et il entendit de la musique.
Et un hurlement. Un hurlement de douleur, couplé avec le cri métallique d’une scie découpant du bois. Ou découpant un os.

« Tu es à moi. »

La fumée se dissipa. Rovk découvrit Tove à genoux, la tête contre le sol, tandis que sa tante agitait ses mains devant elle. Ses bras étaient recouverts de cordelettes scintillantes, toutes constituées de magie noire. Avec adresse, elle les faisait s’enrouler lentement le long de ses avants-bras, et tissait la réalité autour de l’octogramme.
C’était comme si le cercle brisé s’était transformé en puits. Un puits d’où sortaient de nouvelles créatures. Comme Deukire’Treln, c’étaient des corps graciles, entre l’abominable et le merveilleux, insultant la pudeur par des poitrines gangrenées de mutations, des mélanges d’abdomens taillés et de lourdes poitrines, un mélange chaotique de mâles et de femelles.
Elles dansaient en cercles, alors qu’elles sortaient du puits de magie les unes après les autres. Au bout de la sixième, Ella s’effondra à terre, et cracha de la salive au sol. Elle était visiblement essoufflée.

Deukire’Treln s’approcha d’elle, et s’assit sur son dos. Elle croisa les jambes et fit un signe de tête à Rovk.

« Tu m’as promis un bal, mon garçon.
Allons danser. »

Elles descendaient vers Maskaur comme des loups. Leur cortège n’avait rien d’une marche solennelle ; En réalité, les démonettes sautillaient d’avant en arrière comme des jeunes filles délurées et joyeuses. Elles n’arrêtaient pas de tourner autour de Rovk, et se disputer pour qu’il les observe alors qu’elles faisaient la roue ou tentaient de faire le poirier sur le bout de leurs pinces aiguisées.

« Regarde-moi Rovk ! Regarde-moi ! » qu’elles criaient presque toutes en même temps, sans attendre leur tour. « Tu ne m’as pas regardé ! » qu’elles se mettaient à se plaindre, d’un air triste et déçu, après être parvenues à faire le grand écart ou réaliser un salto arrière aussi souple qu'élégant.
Tove et Ella plaisantaient moins. Les deux sorcières plus expérimentées grinçaient des dents, les mains élevées devant elles, tandis qu’elles marchaient un peu derrière. Elles psalmodiaient par des murmures, manipulaient le dhar pour forcer les démonettes à se maintenir dans la réalité.

Le boucan des démonettes n’était pas possible. Si bien que, l’inévitable finit par arriver : des lumières commencèrent à s’agiter à Maskaur. Les fenêtres des petites chaumières des guerriers s’illuminaient, car les Norses qui se réveillaient se mettaient à allumer des torches et des bougies de suif. Les démonettes n’avaient aucune velléité de furtivité. Elles souhaitaient faire savoir qu’elles étaient là — et donc, elles se mirent à chanter.

Rovk revit l’entrée de Maskaur, là où il y a quelques jours, il avait croisé le portier borgne avec sa tente. Tandis qu’ils s’approchaient, des torches s’agitaient devant. Et six vieux hommes, haches à la main, se montrèrent, en gardes, tout alertés qu’ils étaient par le raffut.
Dekire’Treln tira Rovk vers lui. Les démonettes l’entourèrent comme des gardes du corps un peu trop collants.
Le borgne était là. Avec sa torche au bout du bras, Rovk pouvait observer son regard interloqué, son grand œil valide tout écarquillé. Mais Rovk était dans l’obscurité d’une nuit presque sans lune. Alors, il n’était pas trop sûr de comprendre ce qu’il voyait exactement.

« Qui… Qui, qui va là ? » bégayait-il d’une petite voix rauque, pleine d’hésitation.

Ella fit un pas en avant, mais Tove l’arrêta. Silencieusement, les deux sorcières semblèrent négocier quelque chose. Mais finalement, c’est bien la mutante qui décida de s’avancer, et de se retrouver, six mètres plus loin, dans la lueur de la torche tendue par le portier.
Il fit un simple pas de recul, et raffermit sa prise sur sa hache avec son autre main.

« Tove ?! Toi ici ? Mais qu’est-ce que…
Qu’est-ce…
C’est Ella, là ? Mais je comprends pas, je-
– Tu parles trop. Tu as toujours trop parlé. »

Tove leva sa main. Le portier fronça des sourcils. Soudain, l’agacement semblait dépasser son inquiétude.

« Mais qu’est-ce que vous faites là ? Vous êtes pas partis chez les Sarls ? Je… Je ne comprends pas !
Il faut que j’appelle le Jarl ? Que je-
– Pour l’amour de tes enfants, je t’en supplie : Ferme ta gueule.
Ferme ta gueule, et… Et apprécie ce qui va survenir. »

Elle se mit à murmurer. À chantonner. À psalmodier. Le portier et les Norses restaient là, figés sur place, coi. Incapables de comprendre ce qui se passait.
Les démonettes s’écartaient un peu de Rovk. S’approchèrent lentement. Alors, les habitants de Maskaur purent voir leurs paires d’yeux scintillants dans la nuit… Et leurs grands sourires carnassiers…

« Je… On a…
Bon sang, non… Non non non non non- »

Tove hurla un mot. Et, d’un coup, elle fut comme foudroyée sur place. Son corps tout entier fut prostré, torturé, et elle s’écrasa à terre dans des convulsions saccadées.
Un frisson picota l’échine de Rovk.
Et les démonettes semblèrent comme… Rayonner.
Les Norses jetèrent leurs torches à terre. Se mirent en garde. Mais Deukire’Treln se lécha ses babines, et aiguisa ses pinces l’une contre l’autre.

« Oh oh oh oh ! Ça va être une nuit comme je les aime, mes choupettes !
UNE NUIT COMME JE LES AIME ! »

Et toutes six se mirent à hurler d’un cri strident, et sensuel. Et elles chargèrent à toute vitesse, brisant la distance qui les séparaient des Norses.
En un instant, il y eut un combat. Un combat effroyable, plein de frappes d’estocs, de corps pénétrés, de hurlements et de cris. Les protecteurs de Maskaur réagirent par des frappes de haches, mais c’était comme si les démonettes étaient éthérées, car les coups passaient à travers leur corps comme si on fendait l’air, sans même les déranger.

Ella fit un pas en avant, et tenta de se joindre à la rixe en incantant un sort. Mais, fatiguée et exténuée, elle ne parvint à rien faire.
Finalement, elle éclata de rire et se tourna vers son neveu :

« On aurait dû faire ça pour ton anniversaire ! »

Message par **Rovk Alister** » 03 févr. 2021, 18:35

Rovk était heureux, le rituel avait fonctionné, l’esclave avait fondu comme du fromage dans la poêle et leur plan se mettait en marche d’une manière radicalement efficace, pas de tentative de stratégie, un assaut direct, létal, et redoutable.
Rovk était flatté de voir les Démons s’accaparer sa personne tel des vautours sur un bout de viande.
Il était presque ensorcelé par leur beauté et délicieuses odeurs qui enlaçaient ses narines et subtilisaient ses sens. Un doux moment comme on dit.

Au final, Rovk trouva la méthode de Tove pour s’approcher comme étant très cocasse, presque amusante. Au final, voyant l’efficacité des Démones, Rovk décida de tenter de les aider du mieux qu’il peut en envoyant sort, le même que celui qu’il a utilisé sur l’esclave, quel était son nom déjà ?
Bah, c’est sans importance. Ce qui est important, c’est de réussir ce sort pour soutenir les Démones, bien qu’elle semble être très douée quand il s’agit de faire la peau au Nordique.

En entendant la remarque de sa tante, Rovk va se rappeler de ses anniversaires passés, s'il y a bien une chose où sa tante n’est pas ingrate, c’est les fêtes et les moments d’amusements. Alors Rovk va sourire un coup et va répondre à Ella.

« Je suis d’accord ! Si je survis à cette soirée, on fera en sorte que le prochain soi un massacre ou une orgie, voir même les deux ! » Répondit Rovk avec orgueil et fierté, il pensait vraiment ses mots et en était heureux. Mais d’abord, il fallait se concentrer sur sa tache actuelle.

Alors Rovk va se concentrer et tenter de lancer son sort, il va puiser dans ses forces les plus profondes et va espérer voir le sortilège réussir. Une lumière violacée va apparaître sur son corps, sa voix va prononcer les paroles impies qu’il réserve au guerrier de Maskaur.

Slaa’Hakro Efff

Rien ne se produisit au bout du bras de Rovk. Pas de lumière, pas de sons, pas de vents pulsant autour de lui. Son sort échoua à être lancé, et il ne put se joindre à la curée qui se déroulait sous ses yeux.
Mais quelle importance ?

Il avait mis son âme en danger pour obtenir le service des Démonettes. Et sous ses yeux, les danseuses s’en donnaient à cœur joie.
Les vieux de Maskaur, cette bande d’anciens maraudeurs vétérans, aux barbes grisonnantes, borgnes, doigts manquants, pas chancelants, étaient loin de démériter. Ils frappaient de leurs grandes haches à grands cris, et montraient dans leurs yeux et dans leurs mouvements toute la fureur du peuple des Baersonlings.
Mais c’était comme si toute leur force n’avait aucun effet contre les servantes du Prince. Deukire’Treln dansait, tournoyait, les haches exercées des guerriers n’ayant aucun effet sur sa peau. Au contraire, les assauts des monstres étaient impitoyables ; Ricanant de joie, gloussant comme des petites filles, les démonettes arrachaient des trachées, perçaient des poumons, faisaient voler une tête détachée de ses cervicales. Reculant, petit à petit, vers le village qu’ils avaient juré de défendre, les Norses tombaient finalement un par un dans un combat expéditif.

Le portier tenait toujours debout. Tentant de parer une attaque de pince en faisant tournoyer tout son corps, il parvint finalement à se dégager dans la direction de la völva qui marchait calmement derrière les démonettes. D’une voix rauque, pleine d’une rage qui avait remplacé sa terreur précédente, il hurla un seul mot :

« POURQUOI ?! »

Ce n’était pas un apitoiement. Plutôt une véritable question. Pourquoi ? Pourquoi attaquer son propre peuple ? Pourquoi raser ce village qu’elle avait quitté il y a à peine deux jours ?
Ella ouvrit grand sa gueule. Sa langue décupla, et s’enfonça tout droit dans la gorge du guerrier. De grosses larmes coulèrent de ses joues. Il s’étouffa sur place, convulsant tout droit, tandis que l’appendice devait lui racler jusqu’à ses viscères. Il s’effondra à terre, mort avant de toucher le sol, sans obtenir la moindre réponse à sa question.

Six cadavres par terre. Six cadavres massacrés sans aucune pitié. Seul un d’entre eux avait tenté de s’échapper : il n’avait pas fait deux mètres avant que Deukire’Treln n’aille enfoncer sa pince dans sa rotule, et le fasse chuter à terre. Alors, deux des démones se jetèrent pour le larder férocement de coups de pointes, dans ses reins et ses cuisses, afin de le faire lentement saigner.

Le calvaire et le tumulte avaient rameuté du monde. Pas des vieux — des jeunes, cette fois. Des garçons aux visages similaires à celui de Rovk. Ils étaient arrivés avec leurs armes, arrachés à leurs lits, prêts eux aussi à se défendre…
…Aucun ne bougea. Pas l’un d’entre eux. Ils restaient là, tout fixe, et commençaient même à s’écarter lentement sur le chemin des Slaaneshis, sans oser rien faire.

Maskaur était ouverte. Tout le village entier s’écartait face à eux. Devant les petites chaumières et les baraques, les esclaves inquiets, les femmes des maraudeurs, les enfants apeurés regardaient avec de gros yeux les créatures graciles pétries de dhar qui s’avançaient les pagnes et les bras dégoulinants de sang humain. On entendait un bébé hurler. Et des portes ouvertes claquer lorsque les yeux scintillants d’un des monstres s’intéressait un peu trop à une chaumière.

Ella souriait. Souriait avec le même sourire sadique qui était apparu sur son visage après avoir massacré la porteuse de bouclier Thyra. Elle passa une main dans ses longs cheveux, prit une grande inspiration, et, alors que ses lèvres ne bougeaient pas, Rovk entendit sa voix — sa voix qui pouvait être entendue par tous les habitants de Maskaur, où qu’ils soient.

« Cachez-vous, cachez-vous dans vos draps ; Mais ce soir est un cauchemar tout éveillé.
Vous avez craché au visage d’une Servante du Prince, et vous allez devoir payer pour rembourser l’offense.
Tout ici nous appartient. Tout. Nous pouvons tout exiger, tout réclamer, et vous souffrirez jusqu’au lever du jour. »

La sorcière pivota pour faire un signe du doigt à Rovk, afin qu’il s’approche.

« Nous ? Pardonne-moi… Je voulais dire toi.
C’est toi qui a signé le pacte, alors, regarde tout autour ; ces maisons, ces regards apeurés. Tout est à toi. Tu n’as qu’à tendre la main, et te servir.
Les démonettes iront l’arracher pour toi. »

Elle ébouriffa tendrement les cheveux de Rovk.

« Il faut juste s’occuper du grand Jarl avant… Les démonettes vont vouloir te distraire pour gagner du temps, mais il ne faut pas écouter ces vilaines pestes. »

Deukire’Treln avait entendu. La démonette fit une petite moue aux deux sorciers.

« Tu es vraiment une garce, Ella Grimsdóttir. Heureusement, j’ai très hâte de découvrir l’âme que l’on m’a promise… Allons vite voir ce Jarl ! »

Et les monstres se répandirent en murmures, en gloussements, en rumeurs sur le magnifique guerrier qui allait les attendre.
Maskaur était petit. Il fallait juste grimper une lgère pente pour aller rejoindre la grande maison du chef du village — après tout, Rovk connaissait le chemin.

Deux torches avaient été allumées devant la palissade de la maison. Avec cette nuit sans lune, c’était le seul moyen de découvrir ce qui pouvait encore s’opposer à eux.
Une silhouette sombre se dressait juste devant. Une sorte d’épouvantail tout fixe. Alors que les démonettes continuaient de sautiller et de tournoyer dans tous les sens, elles cessèrent soudain leurs chamailleries pour devenir toutes fixes en voyant ce bonhomme droit comme un i. Elles se courbèrent. Deukire’Treln feula comme un chat.
Rovk sentit une odeur pestilentielle. Et reconnaissait des vents de magie torturés qui entouraient cette personne.

Il leva la tête, et d’un ton sec, il se contenta de déclarer :

« Ella. T’es en train de faire la plus grosse connerie de toute ta vie. »

Le Nurglite était encore là. La même personne, avec le même visage de métal, la même couronne au-dessus de sa tête, les gros haillons et les bandes molletières qui recouvraient ses bras et ses jambes.
Sa simple présence semblait mettre les démonettes hors d’elles. Elles semblaient prêtres à couvrir la distance qui les séparaient de lui pour l’occire sur le champ. Le sorcier ne leur rendait pas leurs menaces ; s’il était impossible de deviner la moindre expression faciale avec son masque, il se contenta bien de tourner sa tête vers l’une, puis l’autre, sans pour autant se dresser ou se mouvoir d’aucune façon.
Ella éclata de rire. Elle posa une main sur sa hanche, tourna sa tête de côté, comme pour se donner une allure séduisante. Et c’est avec une voix sensuelle qu’elle répondit à la mise en garde de son rival :

« Erikr, Erikr… Pourquoi souhaites-tu ainsi gâcher la fête ? N’as-tu pas entendu mon message ? Maskaur semble comprendre, en tout cas : trop peu de haches sont venues se mettre sur mon chemin…
…C’est presque dommage. »

Elle fit une fausse moue. Deukire’Treln, elle, exulta. Elle se colla à Rovk, et siffla à en postillonner à sa figure — les démons avaient donc de la salive ?

« Dis-moi de l’égorger ! Dis-moi, dis-moi de l’égorger ! »

Erikr regardait maintenant Rovk. Même avec son satané masque, c’était sûr qu’il affrontait le jeune homme du regard.
Son ton était maintenant teinté d’une colère sourde.

« Ella, tu es en train de commettre une immense félonie.
– En attaquant un tout petit village de pouilleux ? Mais bien sûr.
– Tu t’attaques aux Baersonlings. À la tribu toute entière. Tu aurais dû partir chez les Sarls et ne jamais revenir.
Lorsque ce que tu as accompli ici sera connu du Roi, tu souffriras. Je vois déjà ton destin dans les trames de l’aethyr. On t’arrachera les pieds et les mains, on placardera ta langue avec un clou contre un Monolithe, on ouvrira ton cœur pour l’embaumer et sceller ton âme, on te lestera d’une pierre avant de te jeter au large dans les abysses les plus profonds de cette Terre. »

La menace devait avoir quelque chose de comique, parce qu’Ella ricana à en poser ses mains sur ses genoux. Il fallut qu’elle se sèche une larme de joie du bout de l’index, avant de difficilement reprendre :

« On est neufs, et t’es tout seul, mon grand Erikr ! Tu devrais faire très, très attention avant de professer des menaces envers quiconque. »

Erikr lança à nouveau un regard contre ses adversaires. Une des démonettes racla le sol avec sa pince. Toutes rêvaient de l’occire sur place.
Mais aucune peur dans sa posture. Il restait tout figé, imperturbable.

« J’ai déjà affronté des forces bien pires que celle-là, ma belle. Mais je sais que je ne gagnerai rien ici. Avant le lever du soleil, je te conseille de repartir pour le pays des Sarls et ne jamais revenir.
Mais si c’est déjà bien trop tard pour toi Ella, ce n'est pas encore le cas pour tous ceux qui te suivent. »

Il leva un bras. Découvrit une main. Et il la tendit droit vers Rovk.

« Viens me rejoindre. Je t’amène au Roi des Baersonlings. Tu pourras servir ta famille. »

Avant que Rovk ne puisse répondre quoi que ce soit, il sentit une masse gluante se coller à son épaule : Tove. La mutante le tirait en arrière, et le maintint contre elle, pour l’empêcher de marcher jusqu’à le rejoindre.
Ella grimaça. Elle ne riait plus : maintenant, sa voix prenait un air cassant, et sec.

« Je suis sa famille.
– Rovk. Tu m’as dit que tu suivais ta tante pour apprendre, dans l’unique but de venger ta famille. Les tiens. Et maintenant tu reviens ici, dans le pays de tes parents — de ton propre père — et tu tues les gens de ton sang ?
Ça n’a aucun sens.
– Il ne doit aucune loyauté à des morts. Épargne-nous ce tas de conneries — Rovk peut bien brûler ce qu’il souhaite, quand il le souhaite. C’est ça, servir Slaanesh.
– Tu le sais au fond de toi, continuait-il en ignorant Ella, elle te veut auprès de toi pour t’utiliser, comme elle a utilisé tout le monde durant toute sa vie ; ses apprentis, ses amants, ses amis… Elle s’amuse avec eux, leur promets monts et merveilles, puis lorsqu’ils deviennent trop forts pour elle, ou qu’ils commettent le moindre faux-pas, elle les détruit.
– C’est ainsi que les choses vont en Norsca. Les puissants et les ambitieux peuvent faire tout ce qu’ils souhaitent. Les autres ne sont bons qu’à être écrasés… Parfois, ils cherchent d’eux-mêmes à être piétinés sous ma botte. Ils m'implorent pour.
– Ella joue à ce jeu pour elle-même. Te place des mots que tu n'as jamais prononcés dans ta propre bouche. Rovk, si tu prends ma main, je pourrai te protéger. Et tu pourras accomplir ta vengeance.
Si tu suis Ella… Tu seras à jamais apatride. Tu cracheras sur tes propres ancêtres. »

Il maintenait toujours sa main en l’air.

Deukire’Treln se fit maintenant beaucoup plus insistante. Elle approcha sa bouche juste devant l’oreille de Rovk, et persifla ses demandes :

« Il empeste la charogne et la mort… Veux-tu devenir un sale lépreux comme lui ?
Allez… Allez, dis-moi de le tuer… »

Message par **Rovk Alister** » 05 févr. 2021, 13:55

Rovk se délecta de voir les Démonettes êtres aussi efficaces. « Elles sont vraiment incroyables, elles n’ont même pas l’air d’avoir subi du dégât » se dit Rovk avec raison. Cependant, rien n’aurait pu surprendre notre Slaaneshi que l’événement présent. Erikr était là, Rovk entendit ses paroles, et il réfléchit, car quelque chose ne tournait pas rond. Ces arguments faisaient du sens, et attiraient Rovk avec efficacité. Mais Rovk se rappela d’un éclair leur dernière discussion.

Rovk était hésitant, perturbé, indécis. Tant d’adjectifs qui à eux seuls ne peuvent expliquer son dilemme spirituel. Toute sa vie, il a été maltraité, mis plus bas que terre, utilisé comme un esclave.
Erikr avait raison, mais cette raison faussée était juste un misérable sophisme, et ce sophisme était de trop.

Rovk était bien toujours esclave de sa tante, mais il était plus respecté par celle-ci, il avait prouvé sa foi, sa détermination et son utilité plusieurs fois. Sa condition s’était plus améliorée en trois jours que durant toutes son existence. Une semaine de pur bonheur pour Rovk. Ca, c’est indéniable.

Pourquoi ? Car il avait foi en Slaanesh, et il sait que s’il joue ses cartes correctement, rien ne pourra lui résister. Nul ne peut nier que Rovk avait grandi ces derniers jours. Mais ce que Rovk a compris, c’est qu’il est désirable, et en étant désirable, de nombreuses portes s’ouvrent à lui.

La colère montait en Rovk, son visage avait l’air bien plus sombre que d’habitude, il voyait enfin l’hypocrisie du Nurglite, l’emmener vers son destin ? Le protéger ? Lui permettre d’avoir sa vengeance ? Alors qu’il y a moins de trois jours il lui avait clairement dit qu’il ne croyait pas en lui. Il ne gagnera rien ? Mensonge, avoir un nouvel apprenti, ou plutôt un nouvel esclave, Rovk n’aime pas les mauvaises odeurs en plus.

Rovk rigola donc a voix haute, un rire marqué des mouvements de négation. Il balaya Tove d’un mouvement d’épaule pour la faire lâcher, et Rovk s’avança de deux pas.
« Ton hypocrisie est monstre, Erikr, tu veux que je te rejoigne alors qu’il y a à peine trois nuits tu ne croyais pas en moi ? Tu veux m’aider dans ma vengeance ? Me protéger ? La bonne blague... » Envoya Rovk d’une voix emplie de dégoût.

« Mais je respecte ton courage autant que je respecte ta force. Si nous nous affrontons, nous avons à perdre tous les deux. Sauf que moi, je n’ai pas peur de perdre plus, car je sais ce que je peux y gagner. Alors pars Erikr, pars, car si tu restes, tu ne trouveras que la mort ici. Et si tu ne veux pas partir pour ma tante, alors pars pour moi, grand serviteur du Corbeau. » Termina Rovk d’un ton très sérieux.

« Ce serait dommage de devoir te tuer, mais tu n’es vraiment pas en position de force. » Pensa Rovk

L’air était empli d’une tension monstre, et pourtant, personne ne semblait flancher d’un millimètre.
Nul ne pouvait prédire un tel événement, même en Norsca, un rassemblement de 4 sorciers et de 6 démones, ce n’était pas commun.

Qui sait comment Erikr va réagir en voyant que son hypocrisie a été dévoilée magistralement à la grande nuit ? Est-ce que tout cela va partir en massacre général ? Probablement que oui…

Erikr baissa lentement sa main. Silencieux, il soutenait longuement les regards prédateurs des six démonettes, qui n’attendaient qu’un signe, qu’un simple mot murmuré, pour se jeter sur lui.
Le Nurglite ne semblait nullement intimidé. Il gardait la même stature altière, tandis que sa main disparaissait sous son long manteau rapiécé et pelucheux. Un petit grognement. Et, après un moment d’hésitation, il parla enfin :

« Tu n’as rien compris, mon garçon. Nous ne servons peut-être pas le même Dieu, il est vrai, mais nous sommes du même sang. Tu renies tes ancêtres et ta propre patrie en prenant le camp de ta tante.
Tu prétends ne pas avoir peur de perdre plus ; c’est que tu ne te rends pas encore compte de ce que c’est que d’être apatride. Tu le verras, lorsque tu découvriras la manière avec laquelle les autres Norses te traitent. Ils reconnaîtront toujours ton accent, tes manières de vivre… Tu seras à jamais étranger en toute nation.
C’est ça, que Ella va te voler — le souvenir de tes parents. »

En entendant son nom, la sorcière pesta. Elle s’avança juste à côté de Rovk, et l’attrapa par l’épaule, afin de le garder tout près d’elle.

« Mon neveu t’offre une chance de t’en sortir en vie, Erikr. Tu serais intelligent de ranger ton ego et de saisir sa miséricorde à pleines mains. »

Erikr hocha la tête de gauche à droite. Et cette fois sa voix se fit plus basse. Ses mots plus décomposés.
Son ton, clairement haineux.

« Fut un temps où il y avait des règles, Ella, même entre toi et moi.
– Et où ces règles nous ont-elles menées ? Elles n’ont pas fait s’effondrer le Sud. Elles n’ont pas permis aux Norses auxquels tu tiens tant d’accomplir quoi que ce soit à Middenheim.
Je t’aime, Erikr. C’est vrai, je ne mens pas — tu es un immense étron dont la seule existence est une insulte vivante au Prince, mais au moins, tu es un homme d’une grande clairvoyance… Mais tu me fais pitié. Tu te plies aux volontés de petits monarques qui passent leur temps à se frapper à coup de haches, alors que tu pourrais contrôler leurs destinées, si seulement tu en avais le courage.
– Ma seule faute est de trop aimer ma patrie.
– Ta seule faute est ton immense lâcheté.
Mais maintenant il faut que tu prennes ta responsabilité pour une décision : si tu nous attaques, toi aussi tu auras tué des Baersonlings, et des fidèles des Dieux. Et si tu meurs, tu auras desservi ton prince, en lui faisant perdre un autre de ses serviteurs. Tu as donc un choix à faire, ici. Fais-le vite. Mon neveu n’a pas toute la nuit. »

Erikr cessa enfin de soutenir le regard des démonettes. Il baissa les yeux. Sembla réfléchir. Hésiter. Ses doigts pianotaient sur son bâton qui était collé à son corps.
Il souffla. Un souffle rauque réverbéré dans l’écho métallique de son casque.
Et, finalement, il exulta :

« Bien ! Je quitte Maskaur !
Mais j’irai répandre la nouvelle du crime que vous avez commis ici à travers toute notre tribu !
Rovk Alister, Tove af Bolstad, Ella Grimsdóttir, vous êtes tous les trois félons contre le pays des Baersonlings. Exilez-vous, et tâchez de ne jamais revenir de ce côté-ci de la Groene. Autrement, vous serez tués. »

Ella posa sa main contre sa bouche, et souffla un baiser à Erikr. Le Nurglite, bien moins poli, répondit à sa provocation en faisant un bras d’honneur.
Il se tourna, incanta une phrase gutturale, et soudain, sa tunique sembla voler. Il se transforma en une nuée de mouches, qui s’envolèrent dans le ciel, et disparurent au loin.
Deukire’Treln rageait. La démonette s’accroupit devant Rovk, et passa la pointe de sa pince contre son torse, menaça de l’éventrer ici et maintenant.

« Comment oses-tu l’épargner ?!
C’est un immonde Pestilent ! Un ennemi de Slaanesh ! J’aurais aimé m’en repaître et dévorer son âme, avant de la faire disparaître dans les abysses les plus désolés de l’aethyr ! »

Ella, loin d’être impressionnée, posa le bout de sa main sur la pince, afin de la détourner du corps de Rovk.

« Erikr n’est pas notre ennemi. Il faut de la force pour déclarer qu’un autre être est son ennemi. Il faut de l’énergie, de l’obsession. Il ne la mérite certainement pas.
Mais tu restes liée par un Pacte Noir à mon neveu. Tu connais les règles. Tu dois lui obéir.
– Pour l’instant, oui, pour l’instant… Mais les Pactes s’achèvent vite. Et moi, contrairement à vous, j’ai l’éternité de mon côté… »

Deukire’Treln recula. Ella, elle, continua de garder Rovk sous son bras, tandis qu’elle l’entraînait lentement tout droit, vers les portes en bois de la maisonnée du chef du village.

« Je ne mens jamais, Rovk. Les autres pensent ce qu’ils veulent de moi, mais il y a une chose dont je suis certaine : je suis pétrie d’honnêteté.
J’ai promis à ton oncle que je t’entraînerai. Je t’ai promis à toi que je t’escorterai jusqu’au Monastère. Rien ne se tiendra dans le passage de cette promesse. Rien, ni personne. Ni amants, ni amis, ni confrères, ni compatriotes. Tout doit s’effondrer sur ma voie, si seulement je le décide.
C’est une belle nuit, ne trouves-tu pas ? Je suis heureuse de cette douce soirée. Car tu as vu non seulement ce dont moi j’étais réellement capable, mais toi aussi, tu vas voir à quel point tu me ressembles. Comment nous partageons la même chair.
Vis comme moi, Rovk — personne ne vaut toi-même. »

Elle le lâcha, et posa ses mains sur la porte de la grande maisonnée. Ferma les yeux. Prit une longue inspiration, tandis qu’un immense sourire se dessinait sur son visage.
Elle commença à chantonner quelque chose. Elle colla son front au bois de la porte. Exhala dans l’embrasure. Elle pressa son corps nu tout entier contre, et sa peau se granula de chair de poule.

Et alors, elle ouvrit les portes en grand.

Le petit hall du petit Jarl était dans l’ombre. Au centre, le brasero était éteint. Mais Rovk, comme les démonettes, comme les autres cultistes, voyaient dans la nuit ; ils découvraient le tracé des tapisseries, le contour des murs et des tables, et surtout, les âmes de ceux qui montaient la garde.
Petit Anud était sur son petit trône. Et autour de lui, se tenaient des femmes armées.

Vana, sa grande frangine, était toute droite avec un grand bouclier rond et une épée courte. Ses camarades, ses consœurs, portaient un équipement similaire, en plus d’un gros casque qui gardait leurs têtes et leurs yeux. Elles avaient une élégante posture, armes droites, jambes légèrement écartées, prêtes à repousser le moindre assaut.

Ella éleva ses mains. Ouvrit grand sa bouche. Ses poumons soufflèrent à travers ses cordes vocales. Et tout son corps se mit à pulser d’une magie infâme.

Elle chantait.
Nue, offerte à la vue de tous, elle hurlait une chanson répétitive, qui fut portée à travers l’air par des notes insufflées d’une force venant d’une autre dimension.
Jusqu’aux crânes de tous les spectateurs.
Jusqu’au crâne de Rovk.

Le jeune Slaaneshi fut sonné. Il sentit son cœur se serrer. Ses oreilles siffler. Sa vision se brouiller. Il fut comme écrasé par quelque chose. Saisis d’une crise de panique.
Et la magnifique voix de sa tante se répétait dans son esprit.

« Ved fyrste stad der stiar krossar, biar du
legg frå deg kleda, alt du eige med
Der du er på veg, er dei til ingen nytte
Børa letnar, framom ventar tyngre veg. »

Rovk sentit ses jambes défaillir. Prit de vertige, il s’écrasa à genoux au sol. Ouvrit grand sa bouche. Il gerba du sang au sol, tandis qu’il sentait le liquide carmin lui couler des naseaux et des oreilles.
Juste à sa gauche, Tove encaissa encore moins que lui. Sa mutante s’effondra comme une bûche par terre, s’éclata le menton contre le parquet. D’énormes larmes injectées de rouge sortaient de son œil encore valide. Et elle hurla, d’un ton apitoyé et sanglotant :

« ELLA, PITIÉ NON ! »

Mais Ella ne s’arrêtait pas de chanter. Alors, en relevant ses yeux, alors que Rovk sentait sa cervelle se serrer dans son crâne, alors qu’il ressentait comme si un immense étau s’enfermait autour de ses joues, et de sa poitrine, et dans son bras gauche, il voyait comment ses adversaires s’effondraient sous ses yeux.
Les porteuses de boucliers tombaient toutes. Si Vana ne ployait qu’un simple genou, la femme à côté d’elle jeta ses armes au sol, et retira son casque. Dégainant un poignard, elle colla la lame contre une oreille, et commença à s’auto-mutiler pour se rendre sourde. Une autre se roulait sur le ventre en poussant des cris répétitifs. Une dernière fonçait contre un poteau porteur de la maison, et commença à éclater son propre visage contre.
Le petit Anud, lui, tourna de l’œil. Il glissa hors de son trône, et tomba lourdement au sol.
Et Ella, guillerette, continuait de chanter de sa voix aussi harmonieuse que claironnante.

« Nakjen der på nuten, kjenner berget deg
Nordre slær si ørnevengje, vinden dreg
Kring deg fær kvendeskuggar dansande
Ramme runar, mæl og manar, yve deg. »

Les démonettes sautèrent au-dessus de Rovk. Envahirent la maison. Elles pointèrent leurs pinces contre les gorges et les corps des porteuses de boucliers, les forcèrent à se rendre. Ella, elle, enjamba le corps du jeune garçon, attrapa au passage une coupe en argent probablement issue d’un ancien pillage, et s’avachit sur le trône, en croisant les jambes.

Elle tiqua des lèvres. Et, cessant enfin de chanter, sa voix se fit un petit peu plus rauque. Ce n’était plus vraiment sa voix.

« Vana, sers-nous à boire. »

La guerrière se tenait encore contre son bouclier rond. Deukire’Treln donna un coup de patte dedans, et elle s’effondra au sol. Rampa pitoyablement sur le sol. Pourtant, elle tentait encore de défier la völva, malgré sa voix chevrotante.

« Va… Te faire… Enculer…
– Avec joie, mais ça sera plus tard. »

Dans l’entrée, Tove pleurait. Pleurait comme un enfant qui s’était blessé. Elle pleurait faiblement, dans de petits geignements plaintifs.

« R… Rovk ? Rovk, j’ai très mal… J’ai…
– Tove, ferme ta gueule et va nous chercher à boire ! »

La mutante renifla et tenta de réprimer un nouveau sanglot ; elle échoua et éclata. Péniblement, elle se mit pourtant sur ses deux jambes, et se traîna le long d’un mur à la recherche d’alcool.

Des démonettes s’approchèrent de Rovk. Lui offrirent de l’aider à se relever. Lui demandèrent si il allait bien. Ce qu’elles pouvaient bien faire pour lui. L’enjoignaient à venir danser. À écorcher quelques-unes des porteuses de bouclier.
Ella, elle, agitait son verre dans le vide, tandis que la pauvre Vana observait à gauche, et à droite, les monstres qui envahissaient sa demeure.

« Va te faire… Va… Allez tous… Vous… Enculez…
Comment… Comment pouvez-vous ?… Comment… C'est pas… Pas possible…
– Comme c'est répétitif.
Rovk, ne voudrais-tu pas ordonner à une des démonettes de lui trancher quelque chose ? Elle est d'un ennui lorsqu'elle est sous le choc. Et désobéissante, par-dessus le marché.
– Tous… Je vais tous… Bande de… »

Il n’y avait qu’une démonette pour ne pas rôder autour de Rovk, prête à accomplir ses caprices.
C’était Deukire’Treln.
Elle, elle regardait le petit garçon qui était inconscient au sol. Et les porteuses de bouclier agonisantes.
Elle eut alors une seule question :

« Où est-il, le Jarl que l'on m’a promis ?! »

Message par **Rovk Alister** » 08 févr. 2021, 18:39

La réaction de Rovk face à leur discussion avec Erikr était plus proche de la surprise que de la détermination, il avait vraiment cru que la situation allait basculer dans un massacre qui allait probablement tuer plusieurs de cette maudite assemblée. Au final, la situation s’est bien passée et au final, Rovk était plutôt heureux de voir que les choses se passaient ainsi.

Quand il entendit la voix d’Ella, Rovk souffrit, mais il éprouva un plaisir immense, là ou Tove implorait la pitié, Rovk implorait pour plus de plaisir, lorsque l’une des Démonettes vint l’aider à se relever, Rovk lui envoya par accident une giclée de sang dans le visage, giclée que la Démonette dégusta avec un grand sourire.

Au final, Rovk va avancer dans la bâtisse, il faisait plus chaud que dehors et cela lui faisait du bien, il avait dû se passer de son pardessus pendant plusieurs instants et nous le savons tous, le froid Norse n’aime personne. Il va ensuite ordonner a toutes les démonettes de s’assurer qu’aucune des porteuses de boucliers ne puissent interférer dans leurs actions, toutes les démonettes sauf une.

- Fais-moi plaisir, Chère Amie, coupe lui une oreille et assure toi qu’elle reste consciente et immobile. Dis Rovk en se tournant vers la même démonette qui l’avait aidé à se relever, après ce court instant de plaisir auditif. Rovk va se tourner vers Vana, maîtrisée à la perfection par la même démonette.

- Tu sais Vana, je n’aurais jamais cru que les choses se passeraient ainsi, mais à te voir dans cet état, je trouve que ce détour en valait vachement la peine. Lui dit Rovk en souriant avec de la lumière dans ces yeux.

Ensuite il va commander les Démonettes pour s’assurer que tous ce passe bien. Et ensuite il va se tourner vers Deukire’Treln. Hélas je regrettais de devoir entendre cette question, Bien-Aimée du Prince, le voilà ton Jarl. JE SAIS, je sais, tu ne t’attendais pas à cela. Et je sais, tu penses que l’on t'a trompée et que l’on s’est jouée de toi. Mais techniquement, le Jarl ici présent remplis toutes les conditions de notre pacte.

CEPENDANT, je ne suis pas un ingrat et je sais que tout cela est irrespectueux. Pour me faire pardonner, je t’offre en sacrifice toutes les gardiennes du Jarl ainsi que cette très chère Vana ici présente, en espérant que tu me pardonneras une telle bassesse. Continua Rovk en parlant avec une voix calme, certains le diront ainsi, il fait les yeux doux à la démonette.

À moins bien sûr que ma tante ne veuille faire quelque chose avant avec elle bien sûr. Termina Rovk.
Au final, Rovk et Ella vont profiter du moment, après tout, qu’est-ce qui les empêches de s’amuser ?

Cependant Rovk est soucieux. « Espérons que les Démonettes ne seront pas trop en colère, je ne voudrais pas me les avoir à dos pour trop longtemps, c’est long l’éternité. » Pensa Rovk avec raison, heureusement, le pacte est respecté entièrement et la Démonette ne peut que lui cracher dessus.

Au final, la situation s'est très bien passée quand on voit les autres potentiels déroulements de ce genre de situation. Qui sait, peut-être qu’au final, ce détour est très rentable pour notre groupe de Slaaneshi favoris.

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[Rovk] La myrrhe et le miel

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