[Éloi] Reproduction

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Éloi attrapa le bras de Beuves, qui lutta face à lui, en essayant de maintenir le cylindre en position.

« Qu’est-ce que vous foutez ?! »

Mais les quelques secondes d’inattention furent tout ce que la Damoiselle désirait. La volupté noire s’envola à toute vitesse dans l’autre direction, directement vers le crâne. Le vieux morceau de calcium entre les mains d’Isarn sembla briller comme d’obsidienne, puis il y eut un flash, une sorte de contrecoup, et un cri — et alors, dans le ciel, la revenante tendit tous ses muscles, avant de disparaître dans une sorte d’implosion : toutes ses parodies de membres se soudèrent, s’enfoncèrent sur eux-mêmes, et après, il n’y eut plus rien.

On entendit un immense fracas métallique. Partout autour d’eux, les squelettes s’écrasaient à terre et disparaissaient dans un nuage de poussière. Et alors, les gendarmes, encore pleins d’adrénaline, regardaient hagards autour d’eux alors qu’il n’y avait plus aucun adversaire.

Les yeux d’Éloi se redirigeaient vers la tombe ouverte. Damoiselle Isarn était à genoux dedans, son front collé contre celui du crâne qu’elle maintenait fermement contre elle. Deux immenses larmes coulaient sur ses joues, et elle déposa un baiser sur la boîte osseuse qui continuait de briller d’une inquiétante lueur noire.
Juste à côté du prêtre, Beuves referma nonchalamment le cylindre, poussa assez violemment Éloi de côté, et se déplaça dans le mausolée comme s’il était chez lui : alors que tout le monde était encore sous le choc et sidéré sur place, le sire de Malicorne alla rechercher la sphère de plomb qu’il avait jetée pendant le combat, permettant au prêtre de voir une terrible vision de l’Enfer. Il la rangea dans une sorte de petit sachet en soie couvert de broderies, qu’il plaça à l’intérieur de son veston comme s’il s’agissait d’un simple outil comme un autre.

Sitôt qu’il eut fait ça, Isarn déposa délicatement le crâne au fond de la tombe. Se releva. Enjamba la sépulture. Et, regardant Beuves, elle se mit à serrer des dents…

« Ma dame… »

Et à sprinter dans sa direction, main ouverte, cordes vocales sifflant une prière qui déjà fit danser des lucioles vertes autour de ses phalanges.

« ISARN, NON ! »

Sous les pieds de Beuves, le sol en pierre s’éclata, et des sortes d’immenses branchages couvertes d’épines s’enroulèrent autour de ses chevilles, et de ses cuisses, pour l’empêcher de s’enfuir. Un instant, « Guillemot » parut absolument terrifié : il avait la bouche ouverte, et les yeux entièrement écarquillés. Mais cet instant se dissipa vite, alors qu’il tourna sa main, et dégaina un pistolet à poudre dont il tira le levier avec son pouce. Il ne fit pas l’insulte d’aller jusqu’à braquer la damoiselle, mais son bras était levé, et son arme prête à l’emploi.
Les gendarmes n’étaient pas restés bêtement là à ne rien faire ; sire Lanfranc, Guido, et frère Éloi s’étaient jetés en avant pour lui barrer la route aussi délicatement que possible. Mais la scène était parfaitement ridicule : trois bonhommes bien musclés essayant de retenir sans lui faire mal une petite dame hurlante et bougeant tous les sens telle une anguille, les paumes de mains devant elle, comme si elle voulait arracher la tête de monsieur Beuves à mains nues.

« Putain de DÉGÉNÉRÉ ! Je vais le tuer ! LAISSEZ-MOI LE TUER !
– Laissez-le, ma dame… Ma dame, il est avec nous ! »

Aénor, pourtant blessée, avait accouru au sauvetage de son supérieur. La Norse utilisa une dague effilée pour tirer sur les racines des branchages, et libérer les pattes de l’espion. Ainsi, les deux représentants du Secret du Roy purent commencer à s’éloigner, plus profondément dans les catacombes.
Mais Beuves ne put s’empêcher de crier un ordre à l’intention de son capitaine :

« Contrôlez vos hommes, Hardouin ! Ils nous empêchent de faire notre boulot ! »

La provocation fit accélérer les mouvements d’Isarn, et ils ne furent pas trop de trois pour la retenir. Mais enfin, elle se fatigua toute seule, et commença à fléchir des genoux, à terre. Et là, sans explications, elle se mit à pleurer, fort, en attrapant fermement ses cheveux par poignées pour tirer dessus.

« Ma dame, calmez-vous, tout va bien et-
– Lanfranc, dégagez putain ! Laissez-lui un moment ! »

C’est Neville qui cria. Il attrapa le jeune chevalier par un morceau de l’armure, et le poussa en désignant un autre endroit où aller.

« On a pas fini de sécuriser les lieux, tout le monde en formation, MAINTENANT ! »

Alors qu’Éloi obéissait, reprenant bien en main son bouclier, il lança un dernier coup d’œil à la damoiselle : elle écrasait sa tête contre le sol, recroquevillée sur place, en hurlant des larmes, ce qui, sur l’instant, la faisait ressembler à la banshee à qui elle avait donné le repos.
Elle avait complètement perdu ses propres moyens. L’expérience avait dû être particulièrement traumatisante pour elle.





Une dernière porte menait à un dernier couloir. Éloi s’arrêta avec le bouclier devant. Aénor passa avec un pied de biche, tandis que juste derrière, un Beuves silencieux se posta avec son pistolet à poudre — Hannes lui attrapa l’épaule derrière avec son arbalète. La Norse glissa son outil dans un interstice, puis cogna fort dessus, avant de tirer contre elle : la porte s’ouvrit net, bientôt aidée par un coup de pied de sa part.

Les hommes se jetèrent dedans, de façon exercée.

« Rien à droite !
– Rien à gauche !
– Clair ! »


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Au fond, un passage remontait à la surface. Tout le monde devinait où ça allait amener…

« Guido, Hannes, Neville — suivez le chemin. On a trouvé le passage de sortie du Coësre…
Ramenez le reste de l’équipe ici, le tumulus est sécurisé. »


On approuva les ordres. Une intervention rondement menée — aucune perte. Pourtant, il n’y avait aucune liesse dans l’équipe. Outre les événements qui venaient de se jouer, ils avaient fait chou blanc. Aucune trace de leur cible.



L’endroit où ils avaient atterri ramenait des souvenirs à Éloi : c’était comment la planque qu’il avait pris d’assaut dans le marais de Castel-Brionne. On reconnaissait là un laboratoire, rempli de bocaux et de fioles d’objets que, maintenant, le prêtre ne comprenait que trop — des organes dans du formol, des boîtes de Petri où les minuscules agents de Nurgle se reproduisaient sous la conduite d’un mauvais mage-alchimiste, des lunettes grossissantes, des cages remplies de rongeurs qui servaient de cobayes — tous morts. Et puis, des dizaines de livres, des tableaux avec des formules, des prières en langue noire…
C’était ici que le Grand Coësre préparait ses épidémies. Reposant son bouclier contre le mur, Éloi put commencer son travail, avec la compagnie silencieuse de Beuves qui n’arrêtait pas de lui lancer des mauvais regards.

Alors que le prêtre débutait ses recherches, il ne trouva rien de particulièrement utile pour leurs investigations immédiates — non pas que liquider une planque de Nurglite n’était pas une grosse piste, mais leur urgence, localiser le Grand Coësre, n’était pas assouvie. En attendant que vienne ici le reste des investigateurs, le prêtre découvrit tout de même une chose qui attira son attention…


Sur un tableau vert, à la craie blanche, une sorte de croquis avait été dessiné. Il comprit vite que c’était une carte de la région, du duché de Parravon et de ses environs. Des traits étaient dessinés entre plusieurs villes : Castel-Parravon, Grunère, l’État-tampon de Frugelhofen…
Et il y avait un cercle, quelque chose d’entouré. Un morceau du croquis qui était en fait… Dans Athel Loren. En plein milieu de la forêt Elfe.
Gains de PdC :
— +6 Shallya pour usage de prières ainsi que ta félicité
— +4 Dame du Lac pour ton héroïsme et avoir suivi le plan de la dam’zelle
— +2 Mórr pour avoir permis le repos d’un mort-vivant


Jet d’intelligence de Éloi (Malus : -2) : 9, réussite de justesse
Jet de fouille : 14, échec de 3
Jet de sens magique : 20, aucune info particulière à te donner à ce niveau.


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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

En remontant vers la surface, nous avons déboulé dans un laboratoire, du genre de celui sur lequel nous étions tombé à Brionne. Sauf que contrairement à la dernière fois, là, nous avons un peu de temps pour investiguer, puisque cela fait probablement un certain temps que le Grand Coësre a quitté les lieux. Jetant un coup d’œil alentours en quête d’indices, j’embrasse du regard les étagères adossées à la roche, les fioles et bocaux sur leurs rayons, des ouvrages en rangs serrés, et les ardoises parsemées de symboles ésotériques. Une cage remplie de cadavres de rongeurs retient quelques instants mon attention, recherchant des symptômes ou autres séquelles visibles des épidémies pour lesquelles ils ont certainement servi de cobayes. Dans le même temps, j’ouvre mes sens, attentif aux indices plus surnaturels que l’air recèlerait encore : certes, cet endroit pue la magie du Seigneur des Mouches, mais peut-être quelque objet, oublié par mégarde ou précipitation, rayonne-t-il encore particulièrement de la noirceur nauséabonde de notre ennemi ?

Comme je me déplace pensivement vers un tableau vert sur lequel des écrits sont griffonnés à la craie, je perçois du coin de l’œil Beuves de Malicorne qui, également resté dans la pièce, me lance des regards noirs à la dérobée. Sacrée ambiance – rien de tel que d’investiguer à la recherche d’indices en compagnie de quelqu’un qui vous en veut si ouvertement. Chercher chacun de son côté a certainement des avantages, notons – mais en l’occurrence, le moment me semble plutôt nécessiter de la concertation et de la coopération. Péniblement, je prends donc l’initiative de la conversation, marmonnant d’abord, puis formulant une question à haute voix :

« On dirait une carte… Castel-Parravon, et là… Frugelhofen peut-être ? Auquel cas, ce serait Grunère, et ça… Athel Loren ?

De quoi peut-il s’agir – un repère établi, ou un objectif convoité ? »


M’attendant à être ignoré, je joins le geste à la parole, et lui désigne le tableau en question, guettant une éventuelle réaction. Comme celle-ci tarde à venir, je poursuis, raisonnant tout haut tandis que j’investigue plus avant, en quête de symboles intelligibles sur les tableaux, parchemins et livres visibles :

« Est-il possible pour une servante du Seigneur des Mouches, fusse-t-elle douée, de prospérer sans aide dans la forêt de Loren ?

Vu les outils prodigieux dont vous avez fait usage, peut-être a-t-elle elle aussi de surprenants atouts dans sa manche ? »


Je détourne les yeux, juste à temps pour ne pas croiser un nouveau regard noir de sa part. Un silence un brin malaisant ponctuant ma piètre tentative d’établir un contact avec l’espion, je me fais taisant, continuant de chercher, marmonnant par moments.

« Elle doit bien avoir laissé quelque chose dans sa précipitation, que nous puissions retourner contre elle… »

Je regarde si visuellement les cobayes portent des séquelles des maladies, des fois que quelque chose saute aux yeux, puis je me penche en priorité sur les tableaux et autres papiers griffonnés.
J’essaie aussi de déceler si quelque chose de particulier dans la pièce aurait quelque chose d’ensorcelé.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
Profil : For 9 | End 9 | Hab 8 | Cha 11 | Int 11 | Ini 8 | Att 9 | Par 8 | Tir 8 | Mag 14 | NA 1 | PV 75/75

États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
Fiche wiki[Annexe] Brionne et Orléac

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Travailler aux côtés de Beuves de Malicorne était terriblement compliqué pour Éloi. Pas parce que l’espion faisait la gueule comme un gamin immature — ils étaient tous les deux au service du Roy et de la Bretonnie, et ce ne serait pas le genre de Guillemot de se montrer peu coopératif pour si peu. Mais plutôt à cause de ce que représentait le bonhomme — la haine, pure, viscérale, qui avait habité la damoiselle qui avait tenté de le tuer il y a peu, on en aurait peu voulu au Shalléen d’éprouver la même : les « outils » qu’il avait utilisés lors du combat semblaient être des armements absolument répugnants, le genre de passe-droits impies que possédaient leurs adversaires. On brûlait des gens pour sorcellerie dans ce pays simplement parce qu’ils tiraient des cartes ou lisaient dans les entrailles d’animaux — quelle peine, selon cette logique, méritait le Malicorne ?

Le pire, c’est qu’alors qu’Éloi lui posait des questions, il semblait faire comme si de rien n’était, comme s’il n’avait pas ouvert un passage sur l’Horreur, l’Éternel, et l’Indicible comme il aurait ouvert une fenêtre. Une main dans la poche, il regarda la carte dont Éloi devinait les frontières.

« La forêt de la Loren… Compliqué. Il y a des choses absolument fascinantes dedans, des lieux hors du temps à la puissance sans nul autre pareil sur Terre.
Les Elfes habitent la forêt mais ne la contrôlent pas entièrement. Elle serait suicidaire de se réfugier dans la Loren. Mais peut-être qu’effectivement, elle y convoite quelque chose.
Essayons d’avoir plus d’informations avant de tirer des conclusions. »


La dernière phrase que prononça Éloi fut reçue par un petit ricanement au fond de la gorge de l’espion.

« Comme une Banshee, vous voulez dire ? »

C’est avec un sourire en coin, qui en fait ressemblait plus à un terrible rictus grimacé, qu’il ajouta ce qu’il sous-entendait par là plutôt que simplement maintenir la gênante allusion.

« J’avais dit au Conseil que c’était une très mauvaise idée d’enrôler des prêtres dans notre unité. Je ne peux pas vous en vouloir de suivre votre foi et votre morale plutôt que de faire les mêmes actions que moi, mais votre choix tout à l’heure nous prive d’un grand renfort, mon frère.
Je ne suis ni un renégat ni un ensorceleur. Mais comme tous les agents du Secret du Roy, je connais des choses sur ce monde et comment il fonctionne. Nous combattons le mal par le mal, nous nous salissons pour que le monde demeure propre.
L’ennemie que nous affrontons est douée. Elle est parvenue à utiliser de la magie impie, et des textes anciens, pour ramener à la vie une âme humaine transformée par la torture et l’abandon, et elle en a fait une simple sentinelle pour défendre sa planque. Nous aurions pu obtenir des informations en l’étudiant, et au minimum, j’aurais pu la garder comme un multiplicateur de force si nous nous trouvions à nouveau dans un combat.
Si vous êtes en votre for de l’opinion de la damoiselle, que l’on ne devrait pas laisser agir les hommes comme moi, vous allez vite déchanter, mon frère. La Bretonnie a été sauvée des centaines de fois par des stratégies du même type. »


Il ne s’expliqua pas davantage ; nul doute qu’il en avait déjà beaucoup dit. Et le voilà qui alla fouiller dans un bureau pour tirer des tiroirs et sortir des papiers de tout genre, qu’il se mit à lire à la lueur d’un tout petit briquet couvert sans flamme (Un peu comme l’étrange lampe à huile de ce docteur de Brionne…) qu’il plaça devant les feuilles qu’il levait devant lui.

Le prêtre décida de s’intéresser aux cobayes. Cornelius Antoon Rithovius serait probablement fier de lui — l’étrange Impérial de Brionne échangeait d’ailleurs très souvent avec Éloi par correspondance, et encourageait toujours le jeune homme à bien vouloir rejoindre l’université de médecine d’Altdorf ou Nuln ; l’idée de traquer Nurgle dans le monde microscopique avait quelque chose d’impressionnant. Alors que sur les ports de Brionne ou de Bordeleaux, de jeunes hommes rêvaient de découvrir l’immensité de l’océan, les explorateurs Shalléens s’intéressaient à l’univers infini du petit, où l’on pouvait découvrir la vie grâce à des optiques Naines et Arabéennes. Et c’était là qu’on aurait de quoi trouver sauver l’Humanité, même si mère Clémence lui avait toujours enseigné que se mettre au service des héritiers de Sainte-Pergunda, c’était accepter l’injustice éternelle…

Les rongeurs, de pauvres petits rats, étaient tous morts. Empilés dans de minuscules cages de fer, les uns sur les autres, ils étaient raides, sur le ventre ou sur le dos. Difficile d’étudier des symptômes sur des visages fourrés de mulots de toutes les formes, et pourtant, ça permettait déjà d’avoir une idée du diable qu’ils affrontaient : du sang, des yeux vitreux. Ça faisait penser aux symptômes de l’épidémie récente qui s’était déclenchée sur la voie royale Montfort-Parravon.
Alors qu’il observait plus en détail, d’un coup, un des cadavres revint à la vie, et se mit à soudainement attaquer Éloi. Le prêtre sursauta en arrière tandis qu’un coup de dent frappait la grille, suivi d’un cri. Plus de frayeur que de mal, mais Beuves, qui avait levé le nez de ses papiers, ne put s’empêcher de pouffer de rire devant la panique soudaine de son comparse.
Pas de résurrection des morts, cette fois. C’était un des symptômes de cette étrange maladie, la grippe dite agrypniaque, qui provoquait de terribles insomnies chez ses victimes.



Alors qu’il investiguait de son côté, on entendait du grabuge, des échanges de paroles, et puis l’entrée de trois nouvelles personnes dans la pièce, avec dans leurs mains des petites sacoches et des valises : sœur Nathanaèle d’Orléac, maître Battistina Matraini, et doktor Eduard Gall se mettaient au travail, comme ils l’avaient fait des dizaines de fois. L’étrange Vérénéenne était la seule toute sourire, jamais choquée par le morbide des situations sur lesquelles elle tombait, et avec un grand ton enjoué, elle parla bien fort avec un fort accent Tiléen :

« Alors, frère Éloi, on a envie d’être médaillé par Sa Majesté ? Continuez avec ces héroïsmes et ils finiront bien par vous adouber ! »

Nathanaèle, pourtant plus froide, eut une réponse amicale malgré l’octave un peu basse : « Shallya est une bien mauvaise épouse, elle a peu de terres à lui donner.
– Et en plus de ça il sera mal payé et il n’aura jamais une seule promotion — comme nous tous d’ailleurs, tiens !
Alors alors, qu’est-ce que vous avez déniché de beau mes garçons ? »


De leurs sacoches, ils sortaient toutes sortes de bidules et babioles qui, pour l’œil profane, auraient parus comme inutiles — mais le néophyte curieux qu’était Éloi avait déjà assisté à ces scènes, et comprenait mieux comment le trio fonctionnait.
Nathanaèle sortait des sortes de petits tubes et des cercles de verre, avec lesquels elle ferait ses relevés afin de combattre l’ennemi microscopique. Battistina se saisissait de carnets pour faire des croquis et se remémorer éternellement la scène de crime. Gall, lui déployait une sorte d’étrange poudre alchimique violacée, qui selon lui permettait de découvrir les fluides divers et variés mal effacés par le temps et qui avaient été laissés derrière lui. Ainsi, tous trois purent prêter main forte à l’espion et au jeune moine, pour chacun chercher une piste exploitable à la recherche du Grand Coësre.

Naturellement, Nathanaèle se mit à travailler avec Éloi. La relation entre eux deux était un peu la même que d’habitude — Éloi apprenait beaucoup auprès de sa grande sœur en foi. Il ne leur fallut pas longtemps, en analysant le travail de la Nurglite fugitive, pour retrouver les traces de la grippe agrypniaque.
Et pourtant, les deux Shalléens, probablement parce qu’ils travaillaient ensemble, pensèrent à la même chose en même temps.
« Elle a fait du bon travail. Mais ce n’est pas un endroit où synthétiser une maladie — il n’y a pas de corps-hôtes, pas de grosse bassine… Outils de mesures, lunettes précises…
On affronte une empoisonneuse intelligente et exercée. Mais ce n’est pas la même maladie qui vient de l’Empire. La grippe qui touche la Bretonnie a été inventée ici, pas de l’autre côté des montagnes.
Nous n’affrontons pas le Coësre, nous en avons définitivement la preuve. C’est une plagieuse. »


Beuves, qui travaillait à côté, écoutait leur conversation, et se prit à réagir :

« Du plagiat… Une apprentie-laborantine qui vole l’identité d’un autre chef de secte ?
– Une groupie. Ou au contraire une opportuniste. Difficile à dire, je ne suis pas aliéniste.
– C’est plus courant qu’on ne croit. Quand j’étais un jeune homme du Secret du Roy, sous les ordres de Valère de Lyrie, je me souviens qu’on traquait un tueur qui égorgeait des vieilles dames. On a mis des mois et des mois à patiner, avant qu’on ne comprenne qu’il n’y avait pas un, mais deux tueurs. L’un d’eux avait été… Déclenché, par l’autre, comme si apprendre les crimes par voie de rumeurs, de crieurs et de presse lui avait donné les mêmes pulsions, ou réveillé celles en sommeil.
Maintenant que nous sommes sûrs et certains, même si nous nous en doutions déjà, que le Coësre n’est pas le Coësre, ça modifie tout le profil que nous avions. Il faut qu’on étudie bien les documents dont on dispose afin de se faire une idée de ses alliés et de ses plans, mais c’est déjà une bonne aide.

– Vous savez que vous pouvez simplement dire « merci », sire Beuves. »


La maîtresse de Véréna trouva elle aussi quelques petites choses à dire. Elle avait pris une posture bizarre : elle s’était avachie sur un morceau de canapé troué, les pieds une table, comme si elle était en pleine détente dans son salon. Mais sa posture désinvolte n’était jamais confondue avec de la paresse — elle dévorait littéralement des pages à la seconde, ses yeux d’un bleu brillant passant à toute vitesse d’une ligne à l’autre, comme si elle était capable d’immédiatement identifier le bon moment au bon endroit, et reconstituer ainsi le propos d’une lettre. Éloi était toujours étonné du nombre de papelards qu’on retrouvait chez les chaotiques ; alors que les Bretonniens sont fondamentalement une société orale, les cultistes servant la Corruption semblaient garder beaucoup de journaux intimes, de codes, de feuilles de rappel. Il n’avait jamais trop compris pourquoi, même s’il y avait diverses théories ; les serviteurs de la Ruine semblaient perdre une partie de leurs notes, et leur profession secrète ne leur permettait pas d’avoir beaucoup de proches. Écrire pour eux-mêmes, c’était un moyen de travailler… Et aussi un moyen pour eux d’être compris, car eux, les enquêteurs qui passaient derrière, étaient probablement ceux qui avaient le plus de possibilité de les entendre et de véritablement savoir ce qu’ils désiraient et espéraient. Quelque part, ce jeu de chat-et-de-souris géant excitait les proies autant que les prédateurs.

« Tous les papiers, sans aucune exception, sont signés le Grand Coësre. Elle a complètement adopté le nom Impérial, mais dans sa traduction bretonni, elle n’utilise pas le terme reikspiel, Geldeskönig.
C’est incroyable… D’où vient-elle ? Parce qu’elle n’est pas juste scientifique, ni servante de la ruine, elle utilise aussi la sorcellerie — elle a réussi à obtenir des bribes des possibilités de Nagash, et elle n’a pas choisi ce lieu au hasard. Elle l’a cherché, probablement en fouillant un peu partout dans la région. Rien que faire en sorte que les morts-vivants ici lui obéissent, y compris à distance, ça a dû lui prendre des mois, sinon des années…

– Vous semblez fascinée, maître.
– Les gens que nous traquons sont fascinants. Toute cette intelligence et cette énergie… Ils pourraient changer le monde, si seulement ils faisaient les bons choix.
– Ils changent le monde même avec les choix qu’ils font. »

Gall, lui, sembla malheureusement faire choux blanc. Dans un bretonni pas trop habile, il décrit qu’il n’y avait pas de choses intéressantes à voir. Mais il ne vit que les empreintes digitales d’une seule personne, ce qui lui faisait croire qu’elle vivait ici complètement seule, sans alliés ou soutiens.
Une chose bizarre, les empreintes digitales. Le docteur avait expliqué au jeune frère que les sillons ondulants sur ses phalanges étaient uniques à lui-même, et qu’à Altdorf, les policiers avaient appris à utiliser une poudre et des autocollants pour identifier ainsi les marques de quelqu’un, ce qui pouvait permettre de prouver qu’un objet avait été saisi par une main humaine. Encore une invention incroyable qui venait d’ailleurs — la Bretonnie avait tellement à apprendre du monde, et on se sentait petit et honteux face au savoir que pouvaient posséder les nations d’ailleurs…



Alors que tout le monde bossait, Éloi se trouvait un petit peu seul. Il était entouré de gens plus expérimentés et plus éduqués que lui, qui passaient bien cette chambre au peigne fin. Hormis servir de simple assistant à Nathanaèle, il pouvait bien se sentir mal à l’aise ici.

Mais enfin, il décida de se rendre utile, en faisant autre chose — en fait, il se prenait à plus écouter Rosaline et Isarn que les enquêteurs plus rationnels. Fermant les yeux, sentant l’air vicié de mort et de dhar laissé par les créatures brisées et forcées au repos dans les catacombes, il essaya de percevoir ici où Avalon s’arrêtait, et où l’Au-Delà se déchaînait. Il essayait de se focaliser sur un point dans l’espace, et de se comparer à lui.

Et, sans s’expliquer, il eut une illumination.

Il s’avança pour dépasser Beuves, bousculant presque l’espion qui fronça fort des sourcils en le voyant. Et voilà que le jeune frère s’approcha d’un jeu posé dans un coin — un jeu d’échec, tout simple. Sans s’expliquer, Éloi se mit à jouer avec les pions.
Battistina, qui le regardait faire avec curiosité, se plut à lui lancer une petite pique :

« Il fallait me dire que vous jouiez, frère — maintenant je trouverai quelqu’un d’autre de la bande à complètement humilier ! »

Mais ce n’était pas le jeu lui-même, sans aucun intérêt, qui intéressait véritablement le frère. Il s’agenouilla devant, vit une inscription en reikspiel : WENN BACKER WERKSTATT — SPIELZEUGHERSTELLER & KURIOSITÄTEN — UBERSREIK. Il passa ses mains sur la dalle, et le damier, avant de s’intéresser aux pièces en pierre taillée.

Les blancs représentaient des guerriers Impériaux : Des lanciers troupes d’État en pions, deux lecteurs de Sigmar en fous, des canons d’artillerie en tour, des chevaliers de la Reiksgarde en cavaliers — et puis, un roi et une reine, grimés en Empereur et en Impératrice en magnifiques habits courtois.
Mais en face, les noirs représentaient une parodie de l’armée Bretonnienne : les pions étaient des paysans pieds-nus avec des fourches, les tours des châteaux fêlés et couverts de lierre, les fous des damoiselles du Graal peu habillées, les cavaliers de dangereux chevaliers en armures archaïques. La reine ressemblait à une veuve noire à capuche, tandis que le roi n’avait rien de la grande valeur de Louen — il ressemblait à un homme obèse, avachi sur son trône, avec un énorme sourire béat, ses pieds ruinés par la goutte.
C’est cette dernière pièce qui intéressa particulièrement Éloi. Il la vola à l’échiquier, la posa sur la table, et, accroupi, étudia.

Plus il regardait le marbre, et plus il semblait reconnaître là les clichés d’un… Grand Immonde. Il caressa le morceau taillé, et il sentit un picotement dans le bout des doigts, et ses yeux qui s’injectèrent de larmes.

Silencieusement, Beuves et Battistina s’étaient levés pour se placer dans le dos d’Éloi. Alors qu’il expliquait ses sensations, la Tiléenne lança :

« C’est une statuette… Regarde le socle. »

Le prêtre obéit. Il y avait trois cercles qui avaient été dessinés à la pointe d’un surin. Le Symbole honni.

« Ce n’est pas seulement une statuette, c’est un objet avec une utilité pratique. »

Il y avait un fil invisible qui liait cette statue à un morceau de la pierre. Qui s’infiltrait dans la terre. Éloi se souvenait qu’une fois, à Orléac, Centule FitzRénault, le gros prêtre errant bon-vivant, avait amusé le jeune homme alors qu’il était enfant, et sa comparse Amandine — il avait mit au point un système, avec deux cannettes de tôle qu’il avait liés d’un fil de fer, ce qui leur permettait de communiquer tous les deux à distance.

C’était un porte-voix. Cette statuette permettait à la fausse-Coësre de… Parler à quelqu’un !

Et pourquoi pas l’utiliser ?
Jets de fouilles d’Éloi (Bonus : +2) : 15 échec de 2, il y a des choses, des preuves qui seraient fort utiles devant un tribunal, mais rien de bien incroyablissime…

Les enquêteurs de la bande se ramènent et me roulent tous un jet lié à leurs capacités :

Beuves (Traduction) : 19, rien d’exploitable
Nathanaèle (Médecine) (Bonus : +2, aide d’Éloi) : 15, réussite
Battistina (Enquête de Véréna) (Malus : -2) : 15, échec
Gall (Fouille médico-légale) : 18, échec

Jet de magie d’Éloi pour recherche d’artefact (Malus : -8, tu crois vraiment qu’il faut juste dire ‘je pense très fort à chercher un artefact’ pour trouver un artefact?) : 3 (Ah bah oui, réussite.)

Jet d’intelligence d’Éloi (Malus : -6) : 4, réussite de 1.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Beuves étant finalement sorti de son mutisme, je comprends désormais mieux les raisons de son mécontentement. Comme il développe son propos pragmatique, l’une de ses phrases me frappe particulièrement d’un singulier effet de déjà-vu. Nous combattons le mal par le mal, nous nous salissons pour que le monde demeure propre. Ces mots me rappellent ceux prononcés par Solène, il y a plus d’un an, lors de notre rencontre dans l’abbaye d’Orléac, et qui ont depuis lors influencé mes actions dans la lutte contre le Pestilent. Aussi, sans pour autant regretter mon geste, je veux lui signifier que mon opinion n’est pas aussi tranchée que ce qu’il croit.

«  Non, ce n’est pas ça. Seulement, dans le doute du moment, je n’ai pas vu les choses sous cet angle, et j’ai préféré suivre le plan initial plutôt que de risquer d’improviser. Ne vous méprenez pas sur moi, Beuves : je ne souhaite que protéger mon prochain. Par tous les moyens. »

Comme Beuves se détourne, manifestement peu convaincu par mes explications, je n’insiste pas, me promettant néanmoins de revenir à la charge lorsque la situation sera propice. Compte tenu de ses talents, peut-être saurait-il décrypter la signification des écritures que j’ai remarqué sur la plume de la dague du Suppôt. Mais pour qu’il daigne me rendre ce service, encore faudrait-il qu’il ne me considère pas comme lui étant hostile.

Distrait par ces considérations, j’examine les cobayes entassés derrière les barreaux des petites cages de fer, rapprochant leurs symptômes avec ceux de la grippe agrypniaque frappant la région. Ce-faisant, je me remémore mes échanges avec le professeur Cornelius du collège de Brionne, dont les missives n’ont de cesse de m’exhorter à bien vouloir rejoindre l’une des académies de médecine pionnières de l’exploration de l’infiniment petit. L’intérêt que me portait l’exigeant professeur n’a bien sûr pas faibli après les félicitations publiques du Duc pour mon rôle dans les évènements d’alors, de sorte que, n’ayant pu me soustraire à l’attention de l’éminent Cornelius, nous entretenons désormais une correspondance. Toutefois, s’il y a incontestablement quelque chose de grisant à faire échec aux machinations du Seigneur des Mouches par les progrès scientifiques dans la connaissance des vecteurs de sa contagion invisibles à l’œil nu, ce n’est pas la voie que j’ai privilégié jusqu’à présent. Sous l’influence des Malicorne, j’ai intégré cette compagnie spéciale, fer de lance de la lutte contre les séides du Pestilent.

L’arrivée de sœur Nathanaèle, maître Battistina, et du docteur Gall m’arrache à mes considérations, envahissant subitement la pièce d’animation, chacun s’attelant à ses investigations selon ses méthodes privilégiées. Maître Battistina étant occupée à immortaliser la pièce par croquis, je me tourne assez naturellement vers Nathanaèle, attirant son attention sur les symptômes des rongeurs. Après quelques investigations conjointes, ma consœur tire une conclusion qui me soulage : toute redoutable qu’elle puisse être, la sorcière n’est pas le Grand Coësre. Cette déduction corrobore par ailleurs mon impression de la veille, dans le théâtre désaffecté, lorsque je m’étonnais de ne pas percevoir trace de la présence de Furug’ath à proximité du prétendu Coësre. Pour autant, comme le remarque Beuves en rejoignant notre conversation, cela ne nous dit rien de plus sur la sorcière et ses alliés. D’après les prodigieux relevés invisibles du docteur Gall, la sorcière œuvrait seule dans cette pièce. Il faut donc poursuivre nos recherches pour en apprendre davantage sur de probables liens avec d’autres groupes.


Reculant d’un pas pour embrasser la pièce du regard, je me demande comment prêter encore main forte à mes compagnons, chacun étant si compétent dans son domaine qu’un renfort semble bien superflu. Je me sens particulièrement confiant en leur compagnie – mais comment puis-je me rendre utile ? Au gré de cet instant de songerie, je ferme finalement les yeux, et me concentre, faisant application combinée des enseignements de Solène et des sibyllins conseils de Rosaline. Assez vite, je sens autour de moi la lourdeur de l’air, teinté de la même obscurité nauséabonde que celle constituant le linceul des revenants de la pièce précédente. Tâchant de faire abstraction de cette moiteur surnaturelle, je fais quelques pas à tâtons dans la pièce, essayant de changer de point de vue, pour mieux discerner les limites du réel. Ce-faisant, je sens -plus que je ne vois- un mouvement continu à proximité, sans parvenir à l’identifier quand bien même je suis convaincu de regarder globalement dans sa direction. C’est comme le flux discret d’un cours d’eau qui s’écoulerait, irrégulier, inaccessible, de l’autre côté d’une toile, d’un voile jeté sur mes paupières. Me concentrer dessus n’aide nullement à mieux le percevoir, mais je suis pourtant intimement persuadé que sa source se trouve dans cette pièce. Me déplaçant encore un peu, tâchant de ne pas perdre l’éphémère signal, je heurte maladroitement quelqu’un, entendant Beuves grommeler tandis que l’une de mes mains tendues touche une étagère.

J’ouvre les yeux sur un échiquier, avec des pièces en pierre taillée, certaines blanches et d’autres noires. Le frottement surnaturel est toujours là, tout proche. Passant pensivement mon pouce sur l’inscription du fabricant sur le côté du plateau, je me mets à jouer avec les pions, les déplaçant nerveusement sur le plateau, tandis qu’à la périphérie de ma conscience, le singulier frottement s’amenuise peu à peu. La pique lancée par maître Battistina me distrait, et je crois un instant avoir perdu le contact, jusqu’à ce que mes doigts ne se resserrent sur le roi en noir : comme je le déplace sur une case adjacente, j’entends à nouveau le mouvement surnaturel derrière le voile, également déplacé. Prudemment, je fais successivement passer la pièce d’une case à une autre, constatant à chaque fois le même phénomène. Alors, saisissant fiévreusement la pièce, je la dérobe à son échiquier, et, me détournant, la pose sur la petite table avant de m’accroupir devant elle pour me mettre à son niveau. Ainsi, le menton posé sur mes bras croisés, j’examine longuement la pièce, sur le plan matériel et… au-delà.

Ainsi représenté, avec sa panse proéminente, la représentation exacerbée d’une goutte chronique au niveau de ses pieds, la figure du roi m’évoque... un Grand Immonde. Touchant à nouveau la pièce, je ressens un picotement au bout des doigts, un frison dans l’échine, et les larmes me montent aux yeux. Suivant la demande de maître Battistina au-dessus de mon épaule, je retourne la statuette, pour découvrir le symbole du Seigneur des Mouches. Beuves fait un commentaire, également dans mon dos, et je m’apprête à reposer la pièce devant moi, lorsque je remarque l’existence d’un fil, partant du symbole à sa base, traversant la table, et disparaissant dans la terre. Clignant des yeux plusieurs fois, j’examine plus avant le fil scintillant : était-il là il y a un instant ? Un regard vers maître Battistina et Beuves, debout derrière moi, et je comprends qu’eux ne le perçoivent pas. Aussi, je le leur décris, partageant mes observations.

Ce-faisant me vient une curieuse comparaison, issue de ma mémoire : aussi étonnant que cela puisse paraître, cette pièce à la grotesque figure, marquée d’un symbole impie, me rappelle l’étonnant bricolage de frère Centule, il y a longtemps, à Orléac, consistant en deux récipients métalliques reliés par un fil de fer. Cet ingénieux système permettait à Amandine de rire à bonne distance des mots espiègles de l’insouciant Éloi d’alors.

Perdu dans mes pensées, je marmonne mes réflexions à voix haute, à destination de Beuves et de mon mentor.

« C’est absurde, mais on dirait un… porte-voix. Mais pour correspondre avec qui ? »

Lentement, je repose la pièce sur la table, ne la touchant plus que du bout des doigts. Je ne sais pas comment fonctionne cette chose, et c’est d’ailleurs certainement très imprudent de tenter de l’utiliser. D’un autre côté, ce peut être l’occasion d’en apprendre davantage sur l’identité du correspondant de notre adversaire en fuite.

Me focalisant sur le fil invisible, j’essaie de lui imprimer une vibration, comme on ferait sonner d’une pichenette la corde tendue d’un instrument. Si l’objet ensorcelé fonctionne de façon similaire au jeu de mon enfance -ce qui paraîtrait délirant- les vibrations pourront être perçues à l’autre bout du dispositif.

Du moins, s’il y a quelqu’un à l’autre bout du fil.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La petite troupe d’investigateurs, petit à petit, se trouvait parfaitement dans le dos d’Éloi. Les quatre regardaient le jeune homme en grattant leurs mentons ou en observant eux-mêmes la scène tout autour, à la recherche d’indices qui seraient utiles.

Puis vint le moment où Éloi décida d’utiliser la statuette pour « appeler ». Tirant sur le fil, il ne pouvait qu’imaginer jusqu’à où la vibration pouvait aller ; ils étaient au milieu de la nature, au fin fond du Parravon, on avait du mal à imaginer que l’autre bout du porte-voix se trouve dans une cabane au milieu de nulle part. Alors, quelle était la portée maximale de cet outil ? Traversait-il le duché ? Il fallait sûrement aller dehors pour s’en apercevoir réellement, et peut-être s’agissait-il là d’un itinéraire, d’une magnifique piste fort commode à poursuivre…

Battistina se pencha au-dessus du prêtre, si proche de lui qu’il pouvait sentir son parfum et les cheveux de la Tiléenne sur sa nuque. Silence. Éloi tira encore. Silence. Le prêtre commença à se relever, quand il y eut une réponse.

« Qu’est-ce que tu veux ? »

Battistina sursauta. Les trois autres écarquillèrent des yeux en se retournant. Ils avaient tous entendu.

C'était une voix… Grave. Masculine, c'était très clair. Assez âgée, aussi. Il parlait en bretonni, mais avec un accent… Kislévite ? Éloi n'avait jamais entendu un Kislévite parler de sa vie, mais il ne savait pas pourquoi, il avait franchement l'impression que c'était comme ça que quelqu'un du Kislev devait faire des intonations.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Au début, il ne se passe rien. L’onde s’est enfuie le long du fil invisible, ne laissant que silence derrière elle. Sans mot dire, mes compagnons se sont rassemblés autour de moi, scrutant la pièce du roi entre mes doigts. Personne n’a mis en doute mon hypothèse, si saugrenue soit-elle : tous attendent, comme moi, qu’il se passe… quelque chose, sans trop savoir quoi. Quelques longues, interminables secondes s’écoulent, et je commence à me dire que rien ne se passera, mais Battistina se rapproche encore, penchée juste au-dessus de mon épaule. La sentir comme ça, si proche de moi, m’arrête alors que je m’apprêtais à me détourner de la table. Alors, conforté par la proximité de ma mentor, je réitère le signal, envoyant une nouvelle vibration le long du fil invisible. Et là, cette fois, quelqu’un répond.

« Qu’est-ce que tu veux? » Je sens maître Battistina sursauter, à un cheveu de mon oreille : la voix a résonné dans la pièce, pas seulement dans ma tête comme je m’y attendais. Les autres aussi ont entendu : je les vois se déplacer autour de la table, entrant dans mon champ de vision. Ils vont pouvoir assister à la conversation, mais je dois gagner du temps.

L’instant de stupéfaction passé, beaucoup de pensées simultanées se bousculent dans mon esprit. La personne au bout du fil a parlé d’une voix au timbre assez bas, la voix d’un d’homme d’âge mûr, si je devais me représenter mon interlocuteur. Son accent ne me parle pas plus que ça, mais si je devais parier, je le dirais kislévite. Le tutoiement indique probablement qu’il pense parler au faux Coësre, avec qui il avait certainement l’habitude de correspondre par ce biais – à moins qu’il ne visualise son interlocuteur, mais cela, je ne peux pas encore le vérifier, du moins pas sans remonter le fil. Pour remonter le fil, si c’est seulement possible, il me faut gagner du temps : l’homme au bout du fil ne s’attend manifestement pas à être contacté par quelqu’un d’autre que la sorcière, il va donc se méfier dès qu’il m’entendra. Il me faut capter son attention d’emblée ; à défaut d’avoir sa confiance, susciter la curiosité. Trouver quelque chose à dire d’intrigant, de frappant… Improviser. Rapidement. Maintenant.

« Reparler à Furug’ath. »

C’est dit. Ce n’est peut-être pas le plus malin, mais les dés sont jetés. Un peu à rebours, les pensées étayant ma déclaration improvisée se manifestent, comme en écho, dans ma tête. Si la sorcière que nous pourchassons n’est pas le Coësre, qu’elle est une « apprentie laborantine », comme disait Beuves, alors peut-être s’inspire-t-elle du vrai Coësre - peut-être est-ce lui, là, au bout du fil. Celui-là même que la rumeur dit le champion du démon dont j’ai prononcé le nom. Un nom dont j’essaie de me servir comme hameçon.

S’il répond, il va certainement me demander qui je suis. S’il s’est adressé à moi en pensant parler au faux Coësre, alors peut-être n’est-il pas au courant de la chute de la secte de Vingtiennes. Peut-être puis-je faire croire à une lutte intestine, me faire passer pour l’un des séides du Suppôt, curieux, influençable, et le tenter de rester au bout du fil pour en apprendre davantage.

Perdu dans mes pensées, tandis que mon interlocuteur n’a toujours pas répondu, je me tourne vers mes compagnons, guettant leurs réactions. S’ils peuvent m’aider à l’intéresser, peut-être puis-je remonter un peu vers la source des vibrations ? De ma main libre, je leur fais signe que j’essaie de gagner du temps, de faire parler l’inconnu au bout du fil. Et, tandis que j’attends une réponse qui peut-être ne viendra pas, je lève les yeux vers Beuves, et rive mon regard au sien : s’il y a bien une personne dans cette salle vers qui me tourner en situation d’interrogatoire improvisé, c’est bien l’espion.
Modifié en dernier par Frère Éloi le 15 janv. 2024, 20:16, modifié 1 fois.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Un rire. C’est la seule réaction qu’obtint Éloi. Un long rire fin, terriblement narquois. Il se foutait totalement de sa gueule.

Du bout des doigts, Éloi tentait de sentir la vibration. Essayer d’en deviner la provenance et la distance… Plus facile à dire qu’à faire. Il entendait bien la voix trembler à travers ce morceau invisible de magie, ce lien de cuivre teinté d’un vent doré et métallique, avec le goût du fer — et donc du sang — qui le liait à l’indicible.

« Reparler à Furug’ath… Bien sûr. D’accord. »

Il utilisait le sarcasme. Visiblement, il aimait se gausser de son interlocuteur.
Le mot prononcé à voix haute d’un démon avait provoqué de nombreuses réactions chez les collègues d’Éloi : des sourcils relevés et des mines intéressées. Mais personne ne fit la moindre remarque — ils savaient tous que le Shalléen avait combattu un démon à Brionne, responsable des derniers événements en ville, mais qu’en savaient-ils réellement ? Tout le monde ici semblait avoir ses secrets, et du mal à les partager avec autrui…

« …C’est quoi le mot de passe, hmm ? »

Et voilà que ce fut la panique. Sans même attendre une réaction de la part d’Éloi, Malicorne se jeta dans les papiers, Nathanaèle chargea la bibliothèque, et le docteur se mit à ouvrir des tiroirs, tandis que la Véréenne tirait un papier de son carnet et grattait tout de suite au fusain à toute vitesse des mots fort explicatifs :

GAGNE DU TEMPS

Jet de charisme : Caché.

Test de tracing (Malus : -10) : 15, échec.
Chaque seconde est précieuse, tu vas pouvoir retenter ce jet plusieurs fois avec le malus de plus en plus compensé alors que le temps passe. Mais fait attention- si tu frustres ou fait paniquer la personne au bout du fil, il risque de raccrocher directement !
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

L’inconnu me rit au nez avant de rétorquer, narquois, une première fois. Je ne réponds pas immédiatement, occupé à examiner l’étonnant fil : bien qu’invisible, celui-ci a l’apparence -pour moi- d’une sorte de fil de cuivre, avec un goût de fer très spécial.

Lorsque mon sarcastique interlocuteur me demande un mot de passe, je m’étonne d’abord, ce type de moyen de correspondance me semblant déjà bien assez secret, sans nécessiter en plus un mot de passe : l’individu doit vouloir me faire marcher. Au demeurant, je n’ai pas le choix : il est hors de question d’essayer de deviner un mot de passe sans davantage d’indices – je n’ai rien à gagner à jouer au plus malin. Aussi, relevant d’un regard les lettres grattées hâtivement sur une page du carnet de Battistina, je rétorque à l’homme au bout du fil, essayant de continuer de l’intriguer sans pour autant rentrer dans son jeu. Il faut gagner du temps.

« Il doit y avoir méprise – on parle d’un être qui lit dans vos pensées et sait tout de vous au premier regard. Je pensais que le Grand Coësre le connaissait. A la messe, elle a dit qu’il lui parlait. »

Un silence, rapidement suivi d’une phrase dubitative, ouverte par un mot dans un langage étranger, dont je ne saisis pas le sens.

« Cyka… T’as l’air d’avoir été bercé trop près du mur toi. »

Je plisse les paupières devant cette réplique, qui semble m’inviter à développer mon propos, sans pour autant avouer son étonnement qu’un inconnu puisse avoir accès aux affaires du faux Coësre. Peu à peu, mon idée de personnage fictif se précise dans mon esprit, cohérente avec mes précédentes improvisations : ma réponse ne tarde donc pas, continuant d’incarner un adepte un peu curieux de la secte démantelée.

« Possible. Je pensais être seul à entendre les voix, jusqu'à ce que le Coësre parle de lui. Du coup, quand j'ai trouvé ce truc, j'ai pensé... Vous le connaissez, ou pas ? »

Toujours ce léger silence avant la réponse. Comme s’il était occupé ? A deux pas de moi, Battistina griffonne de nouveaux mots sur une page, qu’elle me tend, me demandant de gagner encore du temps.

« Peut-être… N’importe qui avec un bouquin et un peu de curiosité sait qui est Furug’ath. Est-ce que tu sais lire ? Parce que je n’entends toujours pas un mot de passe… »

Je grimace, ennuyé qu’il revienne à son histoire de mot de passe, suspectant désormais quelque chose. Si ce mot de passe est si important, pourquoi ne m’a-t-il pas déjà raccroché au nez ? Pour discuter de façon apparemment aussi détendue, mon interlocuteur doit bien éprouver quelque curiosité concernant mon appel… ou ourdir quelque stratagème. Cherchant néanmoins à le garder en ligne, je décide de rentrer pleinement dans son jeu, quitte à le surprendre. Prenant sa question au pied de la lettre, je cherche du regard un mot dans la pièce qui pourrait, avec un peu d’imagination, faire office d’authentification. L’inscription gravée sur le côté de l’échiquier, peut-être ?

« Un peu, que je sais. Mais je ne lis pas bien le reikspiel. »

Là encore, un bref temps de flottement. Est-ce la distance qui fait ça ?

« Alors apprends, je suis pas ta mère. Tu crois vraiment que tu peux juste prendre le premier fil que tu vois et demander à ce qu’on te donne tout dans ton bec comme ça ? Je vais raccrocher, maintenant. »

Énoncée d’un ton absent, la menace sonne faux et renforce mes soupçons. J’ai l’impression de mener une conversation avec quelqu’un qui lirait un livre en parallèle. En fait, c’est exactement ça : on dirait les réponses que la révérende mère Sébire pouvait m’adresser lorsqu’elle était préoccupée par autre chose. L’inconnu trame quelque chose, mais quoi ? Redoublant de vigilance, je porte l’essentiel de mon attention sur les vibrations du fil, menant la suite de la conversation de façon plus spontanée, répliquant d’un ton bougon, en cohérence avec mon rôle.

« Ce n'est pas le premier venu qui le verrait, ce fil...
C'est écrit Wenn Backer Werkstatt.... Ubersreik. »


L’homme à l’accent kislévite s’esclaffe aussitôt, et sa réplique suivante me semble peut-être la plus sincère depuis le début de l’échange.

« HAHAHAHAA !
Tu crois qu’il est juste écrit quelque part ?! Putain mais t’es vraiment un abruti ! »


Juste à côté de moi, maître Battistina écrit sur une page les mots suivants : Il n’y a pas de mot passe. D’une mimique silencieuse, je lui fais signe que j’avais compris, un peu agacé, trop distrait pour parvenir à lui expliquer par gestes ce que je suspecte : aussi ridicule que soit ma précédente réponse, elle a le mérite d’avoir gardé l’homme au bout du fil. Je suis néanmoins soulagé qu’elle pense de même. Dans le même temps, je perçois quelque chose dans mon exploration mentale le long du fil de cuivre invisible – comme un bruit parasite le long de la ligne, un tout petit peu plus loin. Comme je m’efforce d’investiguer, une nouvelle réplique de l’inconnu m’arrête net.

« …Mais je sais que t’es pas aussi con que t’en as l’air. Parce que je te sens agiter le fil. Qu’est-ce que t’essayes de faire, enfoiré ? »

Quelques mots s’ajoutent à la page noircie par maître Battistina : Ne lui dis pas.

Il a dû me sentir remuer le long du fil. Alors, plutôt que d'arrêter, ce qui serait un aveu, je continue à investiguer, mais en me faisant discret, sans essayer de remonter davantage. Et je parle, comme si je réfléchissais à voix haute, évitant de répondre directement à sa question.

« Je ne sais pas, c'est curieux, comme magie : ça n'a pas l'odeur des prières du Coësre, et ça a un goût bizarre. Pourtant, il y avait la marque de Papy sous la figurine... »

Ces derniers mots me laissent un goût acide en bouche - même si ce n'est qu'un rôle à jouer, la simple idée d'éprouver de la familiarité pour le symbole honni du Seigneur des Mouches ne me laisse pas indifférent.

« Ne joue pas à l’abruti. »

Tout à mon rôle, je rétorque d’un ton railleur,

« Ça va, ça va, où est le problème ? Ne toucher qu'avec ses yeux, ça a ses limites, c'est plus parlant de goûter. Il ne va pas se briser, si ? »

Manipulant le fil plus avant, en direction de la source du bruit parasite perçu précédemment, je m’aperçois soudain qu’une présence invisible est justement tapie là, quelque part dans le néant autour du fil. Une présence qui, tout comme moi, touche le fil du bout des doigts pour lui imprimer des vibrations – certaines pour dialoguer, d’autres, plus discrètes, pour jauger son interlocuteur. Mon sang se glace alors, et un frisson parcourt mon échine. Je comprends que mes soupçons étaient fondés : l’inconnu cherche également à en savoir davantage quant à l’origine de l’appel. Je ne suis pas le seul à gagner du temps – lui aussi. Décidant de mettre fin au jeu de dupes, j’ajoute alors, d’un ton froid :

« Tu le fais bien, toi. »

Aussitôt, une réponse fuse, comme si ma remarque l’avait piqué au vif.

« Mais ! Moi il m’appartient, blyat ! Je viens pas chez toi pour toucher tes affaires ! Je suis un homme occupé bordel ! Arrête ! Pas touche ! Nieh ! T-t ! »

La perte de contenance de mon interlocuteur ne parait pas feinte, et me remet en confiance, tandis qu’autour de moi, mes compagnons se disputent en silence, maître Battistina me faisant signe de cesser de le provoquer, et Beuves m’encourageant à poursuivre. Alors, en dépit des grands gestes de maître Battistina, je m'enhardis quelque peu, essayant de le provoquer verbalement tout en reprenant mes efforts pou distinguer la présence à l’autre bout du fil, m'efforçant de le remuer le moins possible.

« Ah, tu as offert ce jeu au Coësre ? C'est un joli présent - la pièce du roi me plaît, je pense que je vais la garder. »

Manifestement excédé, l’inconnu m’adresse un florilège de mots dans sa langue – probablement des jurons. Et puis, soudain, plus rien : le fil se détend subitement, et la conversation prend fin. Reposant la pièce sur la table, je demeure un moment pensif, avant d’adresser à mes compagnons le complément d’information quant aux coulisses de l’échange.

« J’avais des soupçons au début, mais en milieu de conversation, il est devenu très clair qu’il était concentré sur autre chose. Et ensuite, nous nous sommes surpris mutuellement, en train de remonter le fil : nous n’étions pas les seuls à chercher à gagner du temps – lui également.

Je ne sais pas ce qu’il a vu de moi. Probablement pas grand-chose, parce que je n’ai pas pu le localiser non plus. »


Portion de dialogue menée par MP.
Modifié en dernier par Frère Éloi le 15 janv. 2024, 20:16, modifié 1 fois.
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Avec le silence suite au départ de l’étrange interlocuteur, la torpeur sembla s’emparer des habitants de la pièce — mais rien qu’un instant. Battistina se releva, visiblement agitée, car elle ne cessait de hocher de la tête.

« Beau contact, pour une première fois totalement improvisée.
Il faut qu’on le rappelle. »


Beuves grinça des dents, visiblement moins convaincu.

« On a rien appris.
– On a appris que la fausse-Grand Coësre parlait avec quelqu’un, que ce quelqu’un est Kislévite, qu’il sait qui est le Grand Immonde — d’après ce qu’il prétend. C’est déjà beaucoup d’informations. Une piste non-négligeable à exploiter, et une occasion sur laquelle nous devons nous jeter.
La personnalité que vous avez prise est intéressante, frère Éloi — un simple sectateur, un peu abruti, un peu trop curieux… Cela me semble bien aller à la personnalité à qui nous avons affaire. Le Kislévite — appelons-le Vladimir entre nous — me semble être quelqu’un de hautain, mais qui en même temps se nourrit de la fascination qu’il impose sur les autres. Il semble aimer se moquer tout en enseignant, mais déteste qu’on désobéisse à ses ordres. On va travailler à partir de là.
On fouille dans tous les coins ce qu’on peut utiliser, et vous allez le rappeler. »


Tout le monde sembla obéir à l’ordre de la Vérénéenne. Même si, alors qu’ils recommençaient à travailler, les combattants de l’équipe refaisaient surface, et notamment le capitaine de l’escouade qui se demandait ce qui se passait. Beuves se chargea de faire un rapport concis et sans omission — aussi, Hardouin approuva leur action, mais demanda à ce qu’ils se dépêchent, car s’ils avaient fait chou blanc ici, ils devaient aller en toute hâte à la seconde planque connue de l’adversaire qu’ils cherchaient.


Les fouilles et les recoupages des enquêteurs finit bien par donner quelques documents exploitables. Beuves se concentra sur un étrange grimoire remplir de pages en horrible parchemin — tout avait été rédigé dans la Langue Noire, et visiblement, il savait la lire, ce qui était là quelque chose de très inquiétant… Nathanaèle, elle, sécurisa divers artefacts à l’aide du docteur : des tubes à essai et divers outils qui pouvaient bien avoir servi à concocter la maladie — ils feraient du travail supplémentaire dessus, afin peut-être d’identifier comment elle comptait répandre l’épidémie.

Mais c’est Battistina qui aida le plus Éloi pour sa prochaine action. Avec sa même vitesse de lecture accélérée, elle passa à travers toutes les notes de la fausse-Coësre, avant d’obtenir un résumé certes succins, mais pas moins utile.

« Notre Grand Coësre s’appellerait « Camille » — moins classe tout de suite, n’est-ce pas ? En tout cas j’ai parmi la paperasse une lettre à l’intention d’une telle dame, en espérant que ce soit bien elle et qu’elle ne l’ait pas volée à quelqu’un, mais enfin, je me demande ce que ça foutrait là. »

En même temps qu’elle disait ça, elle tendait la lettre à Éloi. Une mini-fenêtre sur la vie de leur ennemi. Un semblant de preuve qu’elle était une humaine normale, avec une vie normale… ça n’avait rien d’intéressant. Juste la mère de Camille qui disait à sa fille qu’elle lui manquait et qu’il fallait qu’elle pense à revenir à Parravon pour le solstice, qu’elle était triste de ne pas avoir de nouvelles, qu’elle regrettait aussi ce qui était arrivé à son frère.

« Il y a des échanges de lettres avec un certain M, qui semble dire qu’il vit à Ubersreik. La Grand Coësre lui pose beaucoup de questions d’ordre médical — si tel symptôme peut entraîner la mort ou non. M répond toujours de façon très experte, impactante. Il y a une blague sur le fait qu’il fait moins froid à Ubersreik que dans son pays — ça doit donc être lui. Visiblement, on a affaire à une personne travaillant dans le domaine médical. Docteur, barbier, pharmacien, quelque chose du genre… Immigré, mais installé depuis longtemps, son reikspiel est parfait — comme celui de notre proie, d’ailleurs.
Leurs discussions semblent être érudites, et rien ne fait penser à un travail envers la ruine. Ils parlent vraiment de maladies, de cas qu’ils ont observés du côté et de l’autre des Montagnes Grises. C’est étrange… On dirait vraiment que Camille s’y connaissait, si c’est une néophyte elle est excellente en médecine.
Ces échanges ne permettent pas de caractériser le moindre crime. Mais visiblement, Vladimir — bon du coup son prénom est en « M » donc ça va pas, mais passons — est une aide intellectuelle importante pour ses plans. Je ne sais pas s’il s’y connaît en démons, mais il s’y connaît en épidémies. »


Elle griffonna rapidement le résumé de ses observations.

« Rappelle-le. Présente immédiatement tes excuses pour l’avoir vexé, jette-toi à terre, joue vraiment dans le domaine du pathétique — il a l’air d’aimer ça. Mais il faut que tu éveilles son intérêt aussi… On a affaire à un mercenaire. Fais bien celui qui ne sait rien — ce qui est vrai — mais que tu as entendu parler de lui via le Grand Coësre. À partir de là, il faut réussir à susciter son intérêt.
Toute information que tu arraches de sa part sera exploitable. Il a l’air de bien connaître notre proie, leur correspondance remonte jusqu’à un an et demi, et si Camille parle si bien reikspiel, peut-être qu’elle l’a réellement rencontré.
T’es prêt ? Pas de questions ? »

Jet d’intelligence de Battistina : 10, réussite
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Après le stress de cette conversation surnaturelle, l’adrénaline retombe peu à peu tandis que j’écoute la Vérénéenne tirer des déductions insoupçonnées des bribes d’informations récoltées. Je ne dois d’ailleurs pas être le seul à me trouver abasourdi par son redoutable esprit d’analyse, compte tenu du silence de mes autres compagnons dans la petite pièce. Battistina parle vite, mouchant les réticences de Beuves, qui se fait taisant. S’ensuit un temps d’investigation, chacun dans son domaine de spécialité, pendant lequel elle me fait la lecture des notes du faux Coësre, survolant du regard des documents épars avant d’en résumer les points importants. Interdit, impressionné par sa capacité surréelle à lire, analyser et synthétiser les traces écrites à notre disposition, je l’écoute bien sagement, absorbant de mon mieux les informations.

Connaître le nom du faux Coësre ne me sera probablement pas très utile, mais je trouve une certaine satisfaction à pouvoir nommer notre nouvelle ennemie. La lettre de sa mère ne comporte guère d’indice : je note néanmoins avec intérêt que Camille a des connaissances en médecine, et a manifestement perdu son frère. Accident ? Maladie ? La raison de ce drame n’est pas mentionnée dans le courrier, mais elle aurait pu nous en apprendre davantage sur la personne que nous poursuivons. Mère Letizia désapprouverait certainement cet intérêt de ma part pour un tel point de détail, qu’elle taxerait probablement de vaine distraction, mais je ne peux me départir complètement de ma propension à la compassion, même vis-à-vis de mes ennemis. Je ne doute pas que Camille « le faux Coësre » est désormais nuisible à la Bretonnie, et encourt le courroux de la Colombe, mais je demeure curieux quant aux raisons de son égarement.

Mais voilà déjà que Battistina enchaîne, posant les objectifs de la deuxième conversation à venir, m’invitant à prendre appui sur les failles identifiées chez notre correspondant « M », en me montrant notamment plus docile, à me laisser moquer afin de flatter son ego, en m’excusant pour l’échange précédent. Elle souligne également l’importance d’éveiller sa curiosité, me recommandant de continuer dans le rôle précédemment esquissé, en me servant de Camille comme accroche.

Ayant bien pris note de ses consignes, je prends quelques secondes pour mettre de l’ordre dans mon esprit, avant de toucher à nouveau le roi difforme de l’échiquier. Pour demeurer cohérent avec le personnage que j’ai improvisé il y a quelques minutes, je me remémore donc le déroulé de la première conversation : « M » s’est montré évasif tout du long, en dépit de mon approche très insolite lorsque j’ai été contraint d’improviser en mentionnant le nom du démon. Plutôt que de réitérer sur la même piste, je dois privilégier une approche plus pathétique, plus geignarde peut-être, pour tenter son ego, et l’intéresser en narrant un récit mensonger impliquant la disparition de Camille. Cette fois aussi, j’emprunte à Battistina un bout de parchemin sur lequel griffonner sommairement mes interrogations le cas échéant. Un peu en retard, je réponds à sa question formulée il y a quelques instants :

« Je crois que oui, enfin, si j’arrive à refaire fonctionner »

Enfin, j’expire longuement, caressant la pièce du roi du bout des doigts, avant d’essayer de réactiver la communication. Ce n’est pas évident, car le fil est distendu, et remue mollement en réponse à mes sollicitations, mais je persiste, patientant le temps que le signal parvienne à l’autre extrémité. De longues secondes passent, sans évolution. Je prends la parole dès que je sens le fil éthéré se tendre imperceptiblement, même si aucune voix ne vibre encore le long du conduit.

« Désolé Maître… Je ne voulais pas vous offenser… Je vais rester sagement à l’autre bout du fil. »

Pas de réponse. Sans attendre, je développe ma fiction d’un ton fiévreux, essayant d’intriguer mon discret interlocuteur.

« On est tous un peu à cran depuis que le Coësre s’est disputée avec le Suppôt. Maintenant, elle a disparu, le Suppôt aussi, la kermesse est foutue, et…

Je vous en prie… vous sauriez pas où elle est partie ? Vous avez un peu le même accent -impérial, je veux dire- et vous discutiez sûrement avec ça… »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
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