[Prestenent d'Affreloi] Silence, ça tourne...

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Grand Duc
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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ



Les regards circonspects de ses hôtes s'éclipsèrent une fois que le jeune errant empoigna sa boisson et emboita le pas.
Toast au nom du Duc et du Roy : Nan j'déconne, pas de jet à faire, on est pas dans l'Empire ici

La feinte porta ses fruits à merveille, et l'on goba une bonne lampée de vin, laissant plâner un silence cordial pendant un instant. Ensuite, voyant le chevalier faillir jusqu'à son siège, ils firent de même, imitant tant bien que mal ses manières. Faire partir ses deux guides nocturnes prit un peu plus de temps que prévu, et surtout un autre verre de vin pur. Du vin pur, aux mains de simples paysans. Quelle idée, n'est-ce pas?

Quoi qu'il en soit, une fois ceux-ci congédiés, Déan continua de tournicoter autour des meubles de sa demeure, époussetant ici, débarrassant là, repoussant un tabouret, etc. Les pivotements nerveux de sa nuque et de ses yeux lui donnaient un air presque bestial, mi-homme mi-roquet, faisant des rondes autour de son maître temporaire...

- " C'qu'on fait à Carcassin, missire? Ah ben qu'on est des pêcheurs et des él'veurs, même si on est pas très nombreux icitte. On vivra de c'que la Bonne Dame nous donne, avec la terre et les courants. On essayera d'pas trop jaser pour pas 'ttirera l'mauvais oeil, missire, surtout si on ira sur l'rive..."

Son oeil fou vire en un éclair vers la porte, fixant tout aussi ardemment qu'il avait fixé le chevalier auparavant.

- "La Dame aimera pas si on jase quand on ira, alors on s'taira. Pis qu'y a aussi l'Marquis qui guette, et qui passe...ra 'vec ses gens pour l'part du Duc, l'part d'la Dame et la part d'pêche. C'est un bon missire le Morquis, comme vous missire, avec ses gens à ca.. cheval, et ses gens d'armes. Il passera pas souvent, mais il a ras-de-choses à faire dans sa ville, à Bois-Giron, ça oui-da!"

A la notion de carte - ou juste avant ? -, son gros oeil retourna à la normale, fixant le chevalier.

- "Une carte? Ah non missire, nouz'aut' on a p-pas d'ça icitte. Mais vous en faites pas missire, y'a qu'une seule route qui va vers Bois-Giron missire, vous pourrez pas vous p... perdre, pour sûr !"

Le reste de la conversation s'écarta de l'interrogatoire pour tourner aux remerciements, aux courbettes maladroites de Déan, et à l'extinction des feux. Visiblement, Déan n'attendait pas de contrepartie pour tous ses renseignements. Il se contentait de lancer des "missire" à tout-va, ce qui faisait presque oublier les pirouettes et spirales de son œil proéminent.

Lourd de son échec maritime, remué par les eaux, et un tantinet assoupi par le vin non coupé, Prestenent s'engouffra sans problème dans les bras de Morr pour quelques heures...
Test de Volonté = [INT+Meilleure carac]/2, arrondi à l'inférieur = 8. D20 = 9, raté de 1, dommage...

Il était lourd, très lourd... Écrasé de toute part, comme coincé et en même temps libre de mouvement... Cela pesait au moins une tonne, comme si l'obscurité elle-même lui pesait. Il se surprit à avancer, regarder en l'air, au sol, partout oû il y avait l'ombre. Il faisait froid, mais pas quelque chose de givrant. Juste froid, ou frais. Sa peau aussi était froide, comme s'il venait de sortir d'un bain d'été.
...
Test de perception (INT) : 3, réussi. C'est parti...

Et la lumière fut.
D'un bruit visqueux et mou, un raclement fit apparaître une lueur pâle, une sorte d'orange malade, de pomme tallée et jaunie qui vint cajoler et refouler le voile alentour. La lueur flottait... flottait et semblait onduler lentement, loin devant... Partout sur son passage, l'ombre se dissipait, laissant place à un environnement morne, délavé, comme si ceux-là aussi avaient été rincé... Tout ce qui passait près de la lueur semblait propre, mais terriblement étranger. Les larges pierres blanchâtres semblaient peser un poids considérable, soutenant sans problème ce voile trouble, ce voile de plomb qui étouffait sensiblement le chevalier. Des pierres, des dalles, des gravures... Aucune trace d'herbe, de boue, de v- Oui, de vie...
Second test d'INT : 2, réussi de 6. On continue...

Soudain, un son vint perturber la lenteur et la maçonnerie cyclopéenne. Un son fort, grave, abject, comme une corne de brume, ou un... clairon ?

Le voile se mit à trembler, la lueur se mit à vriller, puis à se dédoubler. Deux billes malades virevoltaient désormais, comme deux mailles jointes d'un chaînon agité, en proie à une panique certaine.
Le son s'arrêta soudainement, et la lourdeur disparut aussitôt, laissant place au ballet lumineux qui s'éloignait en ondulant. Alors que le tocsin doublait son appel rauque et grondant, un murmure vint aux oreilles de Prestenent :

- " Viens... Viens, Aide-m... Aaaaa... "

Les lueurs flottaient toujours au loin, tandis que les environs retrouvaient encore leur torpeur si étrangère... Lors du troisième appel, tout éructa : Le murmure chancelant se fit un cri déchirant, le grondement résonnait de toute part, puis l'univers entier se mit à vibrer, à perdre toute bordure, toute limite.

- " Aaaaaaa.... Aide... Aaaa... Chevalier, à l'aide ! "

...

L'instant d'après, Prestenent était allongé, arme au poing, prêt à trancher le bas-plafond ou les linteaux du lit débraillé. Il était humide, encore.
Test d'END pour le réveil brutal : 12, échec.

Tu es éveillé, conscient, mais ça tourne vivemment.
Tu vois flou pendant quelques secondes, tes oreilles bourdonnent, et il te faut une minute pour te lever.

Le chevalier était toujours au même endroit, dans cette pauvre masure de Carcassin. Un autre son s'immisca jusqu'à lui :

- "Mi... re... Vou... do... ? D'to'n-llagive... veul..."

Impossible de comprendre un mot, le son devait être brouillé par un linge épais. Et puis...

- "Vi... ! Viens-dez miss... ! Missire, vous avez b'zoin d'aide ? Vous avez faim ? Missire, des gens d'not'village veulent vous vouère !"

Déan.
Déan appelait depuis l'autre coté.
Sa voix était nerveuse.

En fait, non, rectification : Prestenent était humide, tout comme l'air des environs et...
Ça sentait le poisson.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Message par Prestenent d'Affreloi »

À son réveil, il fallut plusieurs secondes à Prestenent pour recouvrer ses cinq sens. Une sorte de terreur transcendante était venue le hanter sournoisement, et sans même avoir compris pourquoi il avait succombé à la panique. Alors que les mirages de son esprit se dissipaient, il réalisa qu'il était allongé dans son lit, l'épée dangereusement dégainée et brandie comme pour pourfendre une horreur invisible dont la silhouette horrible lui était apparue en rêve non pas comme une forme mais par un bruit terrifiant et une voix glaçante. Un temps il resta presque immobile, seule sa poitrine se soulevant et s'abaissant à un rythme effréné. Sans desserrer les doigts du manche de son épée, il posa sa main gauche sur son cœur et le sentit battre à tout rompre, comme si l'organe terrifié cherchait à s'échapper de la cage thoracique du jeune chevalier.

"C'était horrible" souffla-t-il entre ses dents, sans bien savoir même à quoi il faisait référence en disant cela.

Puis, progressivement, sa respiration retrouva un rythme et une amplitude normale. En même temps, ses sens lui revinrent. Déan lui parlait, au travers la cloison. Que pouvait-il bien se passer ? C'était le matin ? Prestenent l'avait-il réveillé en faisant du bruit ? Non, il y avait autre chose. Aussi bien la voix nerveuse de Déan que la soudaine odeur de poisson lui faisaient prendre conscience qu'il y avait anguille sous roche. À l'annonce que des villageois voulaient le voir, quelque chose parut se réveiller en lui. Son sang ne fit qu'un tour. Son esprit retrouva tout de sa suspicion et de sa paranoïa. À coup sûr, on avait découvert son secret, on venait pour le lyncher, il avait été trahi par ses deux guides.

Non, c'était absurde. Il n'avait aucun secret à cacher. Aucun. Aucun !
La panique de son rêve déteignait insidieusement sur la réalité. Il pouvait se passer tout et n'importe quoi, et ne se sentant pas près à tuer des humains, ni à résister à une meute de paysans, il résolut qu'il était grand temps pour lui de raisonner intelligemment. Voilà qui s'annonçait difficile, l'intellect n'étant pas ce qu'il avait le plus développé durant son entrainement, lui qui n'avait même pas pris la peine d'apprendre à lire et à écrire. Pourtant, l'effort était nécessaire, et en cet instant il n'y avait plus de "baste" qui tienne.

Il se redressa aussi vite qu'il le pouvait. Autant dire que ce fut lamentable. Il lui fallut près d'une minute avant que la tête ne cesse de lui tourner. Il s'appliqua ensuite aussi vite que possible à enfiler ses chausses, plus pratiques s'il lui fallait se battre, puis, apercevant son peigne, il eut l'idée que peut-être s'il soignait son apparence il gagnerait plus aisément la confiance des paysans. À cet instant, il devait-être terrible à voir, couvert de sueur, les cheveux ébouriffés et le regard fou. Il essuya donc en vitesse son visage humide - et ses dessous de bras - avec les draps du lit, se peigna rageusement les cheveux avec autant de soin que le permettait la vitesse nécessaire à l'action, et enfin prit quelques instants pour retrouver son calme. Il ferma les yeux, une main posée sur le cœur, et respira profondément en se répétant mentalement des choses douces. Il se sentait prêt, du moins autant qu'il pouvait l'être. Derrière la cloison, les bruit et les appels se faisaient de plus en plus insistants. Prestenent enfila ses gants, empoigna son épée sans perdre de temps à chercher le fourreau, et prit en vitesse son écu. Puis il émergea de sa chambre, la lame de son épée tournée vers le bas pour paraitre moins hostile, la tête haute autant que possible, et la démarche presque aussi noble qu'à l'accoutumé. Tout en priant intérieurement pour que ses inquiétudes soient infondées, il déclara aussitôt:

"- On veut me voir et je suis là. Qu'y a-t-il qui réclame ma présence ?"
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ



Alors que Prestenent se préparait à une menace inconnue, nombreux seraient ceux qui auraient remarqué tout comme lui qu'une lueur grisâtre arrivait à s'infiltrer à travers les linteaux et monticules terreux qui constituaient les murs alentours. Qu'à cela ne tienne de ses détails, le chevalier était prêt. Prêt à quoi ? Lui seul vous le dirait. En s'extirpant ainsi de sa chambre, arme en main, il provoqua quelque stupeur chez les autochtones présents. Car oui, encore une fois, il avait une poignée d'individus face à lui...
Test de CHA face aux nouveaux : 3, réussi.
Ils sont en ébullition devant toi. Après, est-ce qu'ils t'admirent, te craignent ou autre... Cela reste à voir !

Hormis Déan, tous lui apparaissaient tels de parfaits inconnus, si ce n'est l'espèce d'aspect commun qu'ils partageaient : celui-là était un peu voûté, celle-ci avait le nez tordu, lui avait un œil pâle, etc. Tous semblaient avoir ce trait si remarquable des gens du commun, avec leurs défauts, leur posture maladroite, leur corps tassé, les joues basses, la peau tachetée... Vraiment, il y avait devant le Sieur envrion une bonne demi-douzaine d'individus visiblement curieux, et quelque peu décontenancé par l'arme de l'errant. Alors que les regards volaient dans tous les sens, on entendit quelque "C'bin-t'un pégueux çô ? ", "Vin-nom", "Y'va rossera nouz'aut'comme des cabots ! ", "Quéjà qu'ç't'affaire 'vec lô berge lô ? ", comme si Prestenent était la véritable chose étrange et inconnue en ces lieux. D'une traite, Déan s'ouvrit un passage au-devant du chevalier, en lançant timidement :

- "Missire, v'là les gens d'icitte qu'voulé vous vouère. Y-s'disait qu'y pouvait pas avoir d'pégueux à Carcassin, ni d'ferré comme vous missire..."

Il claqua la nuque de deux trapus qui s'étaient avancés pour toucher le fer de la lame.

- "Dedzô, atchi ! Dérangez pas l'missire. Z'avez faim-soif, missire ? Asseyez-vous donc, missire..."

Il enchaîna avec une sorte de courbette arrangée, qu'il termina en pointant les tabourets bricolés d'hier soir. Et c'en fut alors un déluge de questions et d'interrogations dirigé à la personne de Prestenent. La majorité était difficilement compréhensible, tant tous et chacun s'évertuait à parler en même temps.

Test d'INT pour déceler ou encaisser les voix ou les mots dans le brouhaha : 15, raté.
Il faudra faire au mieux, et subir la vague de questions dans son ensemble.

Durant tout ce charivari, il pouvait extirper "qu'ess' qu'c'est qu'vôt' nom ? ", "Comment qu'z'êtes débarqué lô ? ", "L'est v'nu seul le pégueux ? Jusque-o l'rigiss?" et d'autres questions tout aussi anodines sur lui, si son épée était à lui, s'il aimait bien l'endroit, s'il connaissait tel ou tel inconnu,... sans compter toutes celles qui se perdaient dans le bruit. A dire vrai, toutes ces questions entremêlées, c'en était... renversant !

Au bout d'un certain temps, Déan (ou Prestenent), jugeant que cela suffisait, s'empressa d'apporter ce qu'il y avait en nourriture et boisson à la "table" du chevalier : poisson salé, légumes grossiers, œufs sauvages, le tout dans une espèce de gelée ou de purée trouble d'origine inconnue. Quant à la boisson, eh bien... Du vin, du vin, et encore du vin. Après tout, nous étions en Bordeleaux, pas à Montfort.

Durant cet étonnant repas, Déan se contenta d'amener les victuailles devant le chevalier, enchaînant les voltiges avec son œil fou, tandis qu'il s'extasiait en courbettes et "missire" à tout-va.

Test de perception, INT (encore...) : 16, raté

En effet, avant le réveil de l'errant, Déan avait visiblement réaménagé l'endroit, afin de donner quelque point de vue nouveau sur le maigre logis (ou bien était-ce autre chose?). Depuis la tablée bancale l'on pouvait voir un nouveau détail local : au-dessus de la porte était accroché un... Cadavre... Ou bien les restes séchés d'un poisson longiforme. Sans doute était-ce un emblème, un trophée ou un symbole grossier utilisé par les paysans, qui n'avait en soi pas vraiment de valeur héraldique puisqu'il n'y avait aucun blason ni écusson autour de celui-ci.
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Le seul signe d'audace de la part du régisseur vint à la fin du repas, quand, en voulant s'appuyer sur une sorte de canne à crochet métallique, il lança d'une voix hésitante :

- "Mais j'imagine que vous avez déjà ben voyagé, oui-missire ? D’où c'est que vous venez, missire ?"

L’œil proéminent vint appuyer la question, passant sa ligne de mire de la porte au visage du jeune chevalier en un éclair, comme si cet organe changeait d'attitude soudainement, et indépendamment.
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Message par Prestenent d'Affreloi »

L'esprit du dernier chevalier de la maison d'Affreloi était un esprit forgé par la vie du Moussillon. Cela pouvait vouloir dire que son intellect était aussi vif que les escargots dont il affectionne le goût, ou plutôt signifier que son regard trouvait du danger dans le moindre centimètre d'ombre visible. Lorsque Déan lui avait fait comprendre que des villageois voulaient le voir, son imagination avait aussitôt créé des images terrifiantes. Il s'était déjà préparé mentalement à devoir affronter cent mille paysans assoiffés de sang pour vendre chèrement sa peau, ou à être trainé jusqu'à un bûcher et être brulé vif. Pourquoi ces visions macabres lui venaient-elles à l'esprit ? À cause de son cauchemar qui embuait sa vue d'ombres horrifiques ? À cause de la peur paranoïaque que l'on perce un secret dont il s'était lui même persuadé qu'il n'existait pas ? Ou encore parce que chez lui, dans les contes que sa mère racontait à l'enfant sur le point de s'endormir, les chevaliers, même bons braves et valeureux, ne finissaient pas toujours de la meilleure des manières face aux affreux dangers des marécages brumeux ?

Toujours est-il que lorsque son esprit, aussi vif que le plus véloce gastéropode du monde, finit par comprendre que ces paysans avaient juste été curieux de voir à quoi ressemblait un chevalier, il fut envahi d'une incommensurable honte, et presque d'une certaine déception. Il aurait dû le deviner pourtant, et maintenant il ne savait plus trop quoi faire de son épée et de son écu. Ne trouveraient-ils pas étrange la façon dont il s'était précipité vers eux l'arme dégainée ? Il chercha, en balbutiant, à dire que c'était parce qu'un chevalier ne se séparait jamais de ses armes, mais il n'eut pas le temps d'articuler quoi que ce soit que l'on se précipitait sur lui pour l'assaillir d'un flot de question qui l'emporta, presque littéralement, si bien qu'il dut se dépêtrer difficilement pour atteindre la table où Déan lui proposait de la nourriture. Il ne saisissait rien du torrent de questions en un langage qui pour ses oreilles était aussi intelligible que les bulles que ferait monter à la surface de l'eau un homme en train de se noyer ; et en l’occurrence, si quelqu'un se noyait, c'était lui.

- "S'il vous plaît... je... je vous en prie calmez v... veuillez ne pas toucher ceci... pardonnez moi mais..."

Il parvint tout juste à lancer son nom quand il entendit la question, aussitôt remplacée par une autre. Il ne parvenait pas à articuler plus de trois mot sans qu'une nouvelle question ne vienne bousculer ses méninges qui cherchaient à répondre à l'interrogation précédente. Le jeune chevalier aurait pu leur ordonner le silence de manière incisive, ou même tout bonnement les ignorer comme les gueux nauséabonds qu'ils étaient ; mais d'une certaine manière, qui aurait été surprenante pour un chevalier accoutumé à ce qu'on lui porte de tels soins, Prestenent s'estimait redevable à ces paysans. Même si c'était à Déan qu'il devait le gîte et le couvert, peut-être parmi eux se trouvaient ceux qui avaient pêché le poisson, récolté les légumes, ramassés les œufs et fabriqué le vin et avaient permis que tout cela se retrouve sur sa table. Bien que ce soit dans l'ordre naturel des choses, pour avoir sacrifié leur nourriture pour lui, il leur devait au moins un minimum de respect et devait au moins faire semblant d'entendre toutes leurs questions.
Et puis surtout, plus important encore, s'ils s'en estimaient satisfaits aussi facilement alors cela lui éviterait d'avoir à les payer.

Il parvint finalement enfin à s'asseoir à table, et reprit une longue inspiration, comme retrouvant l'air après avoir failli se noyer une deuxième fois. Il décida de se détendre en mangeant avec appétit, essayant autant que possible de faire comme s'il n'y avait pas une demi douzaine de pairs d'yeux posés sur lui.

C'était assez perturbant au fond.
La seule chose attirant son regard pendant qu'il se sustentait était sans doute cette décoration murale à l'aspect de squelette défraichi. Un poisson accroché au mur ? Quel drôle d'idée. Pourtant il se dégageait une certaine force de l'esthétique de l'objet, comme un monument à la fois macabre et commémoratif. Le chevalier avait le sentiment instinctif, peut-être faussé par ses propres émotions, qu'il y avait une grande valeur sentimentale dans cet objet, ce qui est sûrement pourquoi la pensée d'un blason ou d'une armoirie le traversa curieusement à la vue de ce squelette de poisson qui ne ressemblait pourtant à aucun meuble héraldique connu. Même Bordeleau, dont le nom s'y serait agréablement prêté, n'avait en guise de blason aucun poisson mais était d'azur au trident d'or. Prestenent s'amusa alors innocemment à imaginer l'histoire qui aurait pu pousser une famille à adopter le poisson mort comme symbole.

Il faut dire que l'héraldique avait toujours été pour ce jeune chevalier moussillonais une sorte de jeu d'esprit passionnant. Parmi les choses qu'on lui avait enseigné pour devenir chevalier, reconnaitre les blasons et connaitre leur histoire et celle de la famille qu'ils représentent figurait en bonne place, et la chose lui avait toujours semblé si excitante qu'il en avait préféré intégrer toutes les armoiries de Bretonnie plutôt que perdre son temps à apprendre à lire, billevesée bien inutile pour qui ne se destinait qu'à servir le Roy sur le champs de bataille.

Le regard toujours fixé sur l'étonnant trophée, il trempait prudemment le bout de ses lèvres dans son verre de vin, quand il entendit la question de Déan. Question innocente qui pourtant, mêlée aux trépidations surnaturelles de l'œil fou du villageois, le fit un instant paraitre la plus cruelle et sournoise des créatures de ce monde.

D'où venait-il ?

C'est alors que l'escargot s'élança avec une vélocité démentielle. L'esprit de Prestenent fit en quelques instants le meilleur raisonnement possible. Il ne pouvait pas tout dire, cela lui était interdit. Mais qu'allait-il faire alors ? Mentir ? Le chevalier avait toujours répugné au mensonge sous toutes des formes. En fait, il n'avait jusqu'alors jamais senti le besoin de mentir, même lorsqu'il était enfant et commettait quelque bévue il avouait tout sans sourciller, sachant très bien qu'il n'avait pas à craindre la moindre conséquence pour ses actes. Mais la situation désormais était différente, dire toute la vérité l'exposait à la crainte et la vindicte. Pourtant, Prestenent n'allait pas souiller son honneur et celui de sa famille en mentant. Et puis quoi ? Que raconterait-il de toute manière ? Qu'il avait traversé le Moussillon de part en part et avait occis mille milliers de squelettes claudicants et de goules grimaçantes ? S'enorgueillir de faux exploits était presque aussi haïssable que de trahir son Roy.

"Non. Je ne dirai que la vérité, mais uniquement ce qu'ils ont besoin d'entendre. Pourquoi leur faire un exposé sur ce qui n'est pas intéressant ? Autant dire ce qui est..."

- "Oh, hélas, j'ai bien peur de vous décevoir. Je n'ai pas beaucoup voyagé puisque mon errance vient à peine de commencer, et c'est d'ailleurs pourquoi je suis impatient d'accomplir ma première quête. Mais, dites moi..." Il montra le squelette de poisson accroché au mur et duquel son regard ne se détachait plus depuis un long moment. "Qu'est-ce que cet objet doit symboliser au juste ? Un trophée ? Un souvenir ? Ou encore une simple décoration ?
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ


Test de CHA pour dévier la question : 8, réussi !
Test d'INT de Déan : 18, il n'a rien remarqué, le bougre.

- "Eh-peu voyagé, missire ? Ah ben ça... J'dira ça parce que les autres voulaient vous tanner avec votre écu missire, sauf que nouzaut' on connaitra pas les écus sauf du coin. Vous en aurez ben plus avec ce que le Morquis saura. Il sera toujours dans son bourg là-bas, à Bois-Giron."

Interloqué par la question, il se tourne vers la carcasse séchée et la pointe d'un doigt ramolli :

- "Ca missire c'est le torquin de Carcassin, ce s'ra nôtre emblème, missire ! On aura pas de chevalier par icitte ou d'écus, alors on aura-prendra ça pour nous! C't'un beau bestiou, missire, r'gadez !"

Ni une ni deux, il lève les bras haut vers le ciel, cognant la porte à-moitié ouverte après le départ des curieux. L'embrasure grince, glisse progressivement, mais ne se ferme pas. Tandis que le Sieur d'Affreloi finit son repas côtier, voilà que le régisseur s'affaire à démonter le trophée, et surtout l'attache de bois flotté qui le soutenait jusqu'alors. Assez étrangement, il n'a besoin - et n'a même pas l'idée d'en utiliser - d'aucun outil pour défaire les attaches et les crochets de la charpente. La tâche, qui semblait assez ardue au début, est complétée en quelques mouvements de rein, et deux-trois ballotements d'épaule.

Une fois redescendu, Déan s'avance fièrement avec sa "prise", l'amenant fièrement jusqu'au chevalier. A cette distance, la carcasse semble faire entre 1 et 2 mètres, et le crâne séché de la bestiole semble sourire bizarrement, comme si... Comme si dans son trépas, elle avait été témoins d'une excellente farce.

- "V'là lo bête, missire ! Lô Torquin d'Carcassin ! C't'Astin qui lô arranquer miss - missire..."


Se rendant compte de la temporaire résurrection de son accent, il se râcle la gorge copieusement, pour finalement reprendre sur :

- "Mais missire vodra s'aller sur lô... la route, ça oui-da."

Comme s'il était prévoyant, l’œil fou s'agite soudainement, faisant volte-face vers la porte entrouverte qui se met à balloter. Ni une ni deux, Déan pose brusquement la carcasse attachée sur un tabouret, faisant grincer le bois flotté et la structure faiblarde du séant.

En ouvrant la porte, le régisseur laisse ainsi - enfin - le champ libre au chevalier. L'extérieur de la bourgade, qui est désormais illuminée, ne semble pas vouloir la rendre plus accueillante que la nuit dernière : Le sol boueux vire sensiblement entre le brun, le jaune malade et le gris cendre, les murs et les quelques ateliers extérieurs semblent trouble ou bien flouté par l'humidité ambiante, et les toits de chaume semblent avoir perdu leur couleur naturelle depuis bien longtemps.
Test d'INT : 2, réussi.

En fait, si l'on se contentait de cette vue tronquée, l'endroit pourrait tout à fait passer pour un lieu abandonné, ou bien un lieu-dit non-entretenu par qui que ce soit.
Voilà pour Carcassin ! Un post assez court, afin d'éviter de répéter ce que j'ai déjà exprimé.
Si tu as des requêtes ou des questions à poser à Déan, c'est maintenant.
Tu peux aussi directement me demander en Mp ou par Discord si tu veux avancer par toi-même...

Et sinon, tu peux faire tes préparatifs pour la route, ou pour quoi que ce soit que tu veuilles faire d'autre !
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

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Prestenent d'Affreloi avait manifesté une étrange fascination pour ce trophée pisciforme, mais après avoir demandé de quoi il s'agissait, son esprit capricieux se désintéressa de la question, et il n'entendit que d'une oreille distraite Déan lui expliquer que cette poiscaille patibulaire symbolisait, fort justement d'ailleurs, le village humide et décharné de Carcassin. Peut-être même le hameau famélique tirait-il son nom de cette vieille carcasse ? Quoi qu'il en soit, Prestenent reporta son attention sur le repas qu'il lui fallait désormais terminer aussi vite que possible, sans se soucier d'en avoir des maux de ventre ou de le régurgiter sur le champs. Le jour s'était levé, et après sa nuit d'un sommeil trouble et asphyxiant, il se persuadait lui même qu'il n'aurait plus besoin de dormir avant un long moment. Ni une ni deux, il engloutit son repas de pêcheur sans faire le moindre commentaire sur la qualité de la nourriture, puis d'un geste brusque comme le sont chacun de ses mouvements, le chevalier se redressa sur ses jambes, faisant presque tomber le tabouret que Déan lui avait fourni.

L'œil fou du villageois se mit alors à darder vers la porte entrouverte, comprenant très bien à quoi pensait Prestenent. Avant qu'il ait pu prononcer un mot, le jeune chevalier errant s'exclama:

- "Pardi ! Je ne dois perdre plus de mes précieuses secondes; Je suis sûr que ce marquis..." il ne se souvenait plus de son nom "... m'attends avec une quête."

Alors, faisant volte face, il se précipita dans sa chambrette, d'une démarche curieuse en ceci qu'il se mouvait avec dignité, droit comme un piquet, mais pressait le pas en fléchissant les genoux, comme s'il eut voulu courir mais que courber un seul instant son dos même de façon imperceptible eut scellé son arrêt de mort. Sans un mot ni marque de politesse après s'être levé de table, il récupéra soigneusement tout son matériel, n'oubliant rien, et se repeigna encore. N'ayant jamais fait un lit de sa vie, mais étant gêné à l'idée de partir en laissant ses draps en boule, il perdit une courte minute à se battre avec ceux-ci avant de les jeter à plat sur le lit. Puis il se peigna une autre fois encore, juste pour être sûr. C'est qu'il savait que ses cheveux lorsque mal peignés pouvaient donner à voir un résultat effrayant. Puis, tournant les talons comme un soldat à la manœuvre, il s'en revint vers la porte. Déan le contemplait avec une visible curiosité, presque de la fascination alors que par des gestes vifs à la cadence presque militaire Prestenent tâtait sa tunique à la recherche de tout ce qu'il aurait pu oublier. Son numéro terminé, le chevalier errant songea à remercier son hôte. Se tournant vers celui ci, il réfléchit rapidement à ce qu'il devrait lui demander de plus. Une carte ? Il avait déjà avoué ne pas en avoir. Un cheval ? Même si ces gens en avaient un, Prestenent s'en serait voulu de les en priver. Plus de détails sur la route à suivre ou sur la personnalité du marquis ? Baste ! C'était un chevalier Bretonnien, un vrai, c'était donc nécessairement un individu noble et pur, à l'esprit éclairé et au cœur bon. Pas besoin d'en apprendre plus. Finalement, Prestenent n'avait rien besoin d'autre que de suivre la route jusqu'à la prochaine ville, celle que Déan avait nommé Bois-Giron. Et comme le villageois l'avait dit lui même, il était impossible de se perdre.

Finalement, il ne restait plus à Prestenent qu'à régler comme il pouvait sa dette envers Carcassin. Détail gênant s'il en était. Il était hors de question de laisser ici le moindre écu d'or, non qu'il soit d'un naturel cupide, mais Prestenent devait économiser pour faire aussi vite que possible l'acquisition d'un cheval digne de lui. Les quelques chevaux appartenant au domaine d'Affreloi étaient trop peu nombreux pour qu'on s'en sépare, au nombre de trois, et trop vieux ou trop jeunes pour le suivre. Acheter un cheval était la priorité absolue du chevalier errant, et ce serait la première chose qu'il chercherait à faire une fois à Bois-Giron. Si encore Carcassin avait eu quelque sorte de quête pour lui ou une tâche aussi quelconque soit-elle relevant du domaine de prédilection d'un chevalier errant, il aurait pu se payer par le fer de son épée, mais même cela ce hameau en était dépourvu. Au fond, il ne restait plus à Prestenent qu'à offrir ce qu'il possédait de plus dispensable et pourtant de plus beau: sa magnifique présence.

Et alors, il offrit à Déan son sourire.

Avec une ingénue bonté, si rare dans les relations entre un noble et un vaurien du peuple en Bretonnie, il remercia son hôte chaleureusement.

- "...Et soyez assurés que je vanterai auprès du marquis votre bienséance et l'accueil que m'a fait Carcassin."


Et puis, l'âme légère, il s'en alla vers la route.
Déan avait clairement signifié que le trajet jusqu'à la ville prendrait quelques jours. À marcher de la sorte, il s'userait les pieds - et l'esprit - en un rien de temps. En se mettant en route, il songea avec un peu plus de recul au pathétique commencement de son aventure. Il avait failli se noyer, et ne savait même pas ce qui l'avait tiré de la Grismerie. Sans doute la Dame du Lac. Ça ne faisait aucun doute. Qui d'autre sinon ? Les deux soiffards qu'il avait rencontrés auraient été bien incapables de le repêcher, ivres comme ils l'étaient.

Alors qu'il passait entre les taudis délavés qui servaient de demeures aux habitants du village à la carcasse de poisson, il sentit avant de voir les paysans qu'il avait déjà croisé s'agiter pour vaquer visiblement à leurs occupations de pêcheurs, du moins d'Affreloi l'estimait-il du haut de son peu d'expérience. En un éclair, la promesse qu'il avait faite à Déan en partant lui revint en mémoire, et il sentit ses joues se mettre à rougir.

Dans sa fougue, il s'était sûrement montré trop congratulant en reconnaissance d'actes qui n'étaient rien. Il n'y avait pas songé d'abord, l'idée que des gens partagent aussi facilement leur pitance l'ayant trop surprise pour qu'il se dise que c'était là chose ordinaire pour le reste de la Bretonnie. Enfin, on ne pouvait pas pêcher par excès de reconnaissance, mais quelle image avait-il donné de lui dans ce village ? Au fond, que ce soit un bien ou un mal, il se doutait qu'il referait inéluctablement la même erreur. C'est ainsi qu'il était et serait pour toujours. Et puis, il n'avait pas eu à débourser une seule pièce.

"Je suis si modeste que parfois je me fais peur à moi même." songea-t-il, en toute modestie bien évidemment.

Bientôt, il parvint sur la route. Déan avait eu raison en cela que c'était bien la seule route. Devant Prestenent s'étalait un chemin lumineux qui à n'en pas douter le mènerait vers la gloire et la renommée. Il n'avait pas une seconde à perdre tant il était impatient de faire la rencontre de son destin.
Il prit soin de ramener son épaisse chevelure derrière ses oreilles et de lever le menton pour laisser baigner tout son visage dans la radiante lumière du soleil matinal. C'était si agréable de se sentir ainsi, libre dans un air pur, lâché au milieu d'un vide d'air et de lumière. Plus de pénombre étouffante et de vapeurs asphyxiantes. Plus que l'air pur et le soleil de Bretonnie. Il était loin des marécages puants et du confinement oppressif de l'obscure tour d'Affreloi.
Au moment où il était assez éloigné pour qu'on ne puisse pas l'entendre, il leva avec un enthousiasme enfantin ses deux poings vers le ciel, et poussa une exclamation dont les paroles se perdirent dans le vent.

- "Me voilà, royaume de Bretonnie ! Par la volonté de la Dame, le nom d'Affreloi ressuscite !"

Il avait toujours rêvé de faire ça un jour, et le rêve était devenu réalité.
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ



Alors que le Sieur s'élançait à grandes enjambées sur le chemin indiqué par Déan, les environs commençaient seulement à s'étoffer devant lui : des poches de roturiers encapuchonnés claudiquaient vers leurs parcelles embrumées, d'autres se dirigeaient vers les filets suspendus, n'ayant d'autre attention que quelques regards ou inclinaisons envers le jeune chevalier. L'air était humide encore, peut-être à peine plus que la veille, et le ciel semblait avoir échangé son éclat nocturne pour un timide voile pâle, ce qui donnait une impression de blancheur grisâtre suspendue au-dessus de tout.

L'unique chemin semblait assez pratiqué autour de Carcassin, mais sa stature molle et boueuse semblait laisser place à une terre compacte, grasse, et certainement plus fertile que les marais sablonneux du Mousillon, après quelques heures de marche.

Test secret : 16, échec.

À vrai dire, la "route" - appelons-la comme tel puisque c'est la seule chose qui pourrait y ressembler par ici - semblait se tailler un passage à quelques pas de la rive, une centaine de pas tout au plus. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, Prestenent n'était pas tout à fait seul. À peine levé, il avait évidemment croisé les "pêcheurs" et autres autochtones de Carcassin, mais sinon, il fallut attendre la mi-journée pour que son champ de vision se pare de nouvelles silhouettes en mouvement. D'abord, les sempiternelles caraques de pêcheurs et bateliers semblaient voguer chacun dans leur coin, certainement très occupées à leur labeur malgré l'agitation de certains. Ensuite, après tout ce temps sans agitation, voilà qu'enfin quelque chose - ou quelqu'un - se présentait sur le chemin.

À première vue, ils étaient trois, vêtus de vêtements longs et épais, et sans autre trait particulier que la couleur de ces derniers : un bleu sombre, qui tire fortement vers le noir. Alors qu'ils se rapprochaient de lui sans grand effort, le Sieur put apercevoir le bois flotté, les cordelettes vert-de-gris et les étranges médaillons à leur cou, qui semblaient indiquer leur ferveur envers leur dieu fétiche. Une fois à portée de voix, il put entendre le ballottement de leurs parures, et la difficulté avec laquelle ils se déplaçaient.

- " Hoooo-là, Bénédiss' d'Manass', messire. ‘ttention aux marche-sans-pieds!"

Ils interrompirent soudainement leur salut en claquant une main tendue sur le coté de leur crâne.
Test de CHA : 2, succès

Demande effectuée en Mp : Prestenent ne souhaite pas leur parler

Test d'INT pour essayer de comprendre qui ils sont : 9, raté de peu

Étant donné la simple salutation et la gêne ambiante imposée par leurs accoutrements et le manque d’éducation du chevalier, la conversation ne s’étoffa guère, chacun se contentant de continuer son périple, avec plus ou moins d’entrain et d’équilibre. Quel étrange trio cela était... Tout courbés par le poids de leurs babioles, refluant des embruns salés et alcoolisés, et démontrant une hygiène assez particulière, vu les colorations – ou plutôt décolorations – étranges qui s’amoncelaient partout aux extrémités de leurs vêtements. Quoiqu’il en soit, le Sieur avait du chemin à faire, et ces religieux trempés et bigarrés n’avaient pas l’air d’avoir quelque quête digne d’un chevalier.

Aux alentours de l’après-midi, après avoir maintenu son cap malgré les croisées et intersections qui bifurquaient tantôt vers les terres, la solitude de Prestenent s’envola une nouvelle fois : trois gens-du-commun semblaient se disputer vivement, tandis qu’un quatrième était étendu à l’écart. À cette distance, ils semblaient se disputer quelques contenants, ou quelque breuvage qui devait être à l’intérieur, le tout devant deux embarcations couvertes de lin et de linges.
Test secret : 4, réussi

A travers le brouhaha, le jeune chevalier pu comprendre ceci :

- " Danne-mô çôôôô, vin-rat ! C’mô qui a-ra l’fôveur d’la Dame ! Ded-

– Va-gratte, s’t’a moé qu’elle a causé, gredin, c’donc à moé qu’va la treille des z’o -!

– Causé, à toé ? Barjaque qu’çô, t’y s’ra qu’un pégueux d’plus à lô Dame ! J’va t’débarass’ si tu mens encor ! "


Tout ceci fut en quelque sorte interrompu, ou du moins est-ce que la concentration du chevalier fut perturbée par l’apparition soudaine du quatrième luron, qui s’était relevé sans rien dire, et qui s’élançait désormais vers le Moussillonais. Bon, à dire vrai, s’élancer était une exagération. Il avançait, oui, mais il semblait avoir quelque souci pour déplier sa jambe gauche, et son bras droit semblait occupé à agripper quelque chose d’encombrant sous sa chemise. Il avait déjà fait quelques pas, quand le chevalier put l’entendre murmurer :

- " Atchez, dam’zelle, att… J’a-ra quequ’chose… Où qu’c’est qu’vous allez, partez pas, Mam… "

Il était à quelques mètres désormais. Et quelque chose – ou peut-être quelques choses – semblait remuer sous ses vêtements.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

Il vit apparaître trois silhouettes sur la route, chose rassurante en soi. C'était la preuve qu'il n'était pas perdu au milieu d'un désert de verdure humide, et que le chemin qu'on lui avait indiqué était bel et bien fréquenté. Toutefois, Prestenent qui se sentait prêt à les saluer voire à engager la conversation, lui qui marchait seul depuis un moment et s'ennuyait ferme, se ravisa brusquement lorsque des silhouettes émergèrent des couleurs, et de ces couleurs se distinguèrent des habits. Un accoutrement pour le moins original aux yeux du jeune chevalier.

Ses yeux s'ouvrirent grand de surprise. Quel curieux équipage c'était là, vêtu de bleu sombre, portant des médaillons et des parures à l'aspect ésotérique… on eut dit des sortes d'aspirants prêtres, ou d'aspirants mendiants, ou les deux à la fois. Sans doute, il assistait à une coutume locale fort particulière, et digne de l'intérêt scientifique des plus grands anthropologues. Tout, de leur démarche à leur façon de parler, transpirait une sorte de superstition incompréhensible. Lorsqu'ils adressèrent un salut au chevalier, ce dernier ne comprit pas un mot du charabia abscons qu'ils lui lancèrent. Ébahi par l'incompréhension, il leur répondit d'un vague geste de la main puis détourna les yeux, trop conscient de s'être ridiculisé. L'espace d'un instant, il s'en voulut presque de ne pas avoir cherché à lire sur les traditions de Bordeleau. Comment aurait-il pu autrement connaître une pratique comme celle du pèlerinage ? S'il y avait bien en Bretonnie un lieu qui n'était pas saint d'aucune façon que ce soit, c'était bien le duché maudit de Moussillon, repoussant les dévots aussi sûrement que le vinaigre repousse les mouches. Au final, Prestenent tira de cette brève rencontre que les bordelins aimaient se vêtir de singulière façon pour voyager, et qu'ils se saluaient selon des rituels hermétiques pour qui n'y était pas habitué.

Prestenent d'Affreloi maintint son cap comme il le pouvait. Jusqu'à ce que dans l'après midi, trois nouvelles silhouettes viennent heurter insensiblement son champs de vision. Quatre si l'on tenait compte d'un homme allongé sur le côté. Était-ce une nouvelle manifestation de rite traditionnel local ? À la fois oui, et à la fois non. Du peu qu'il en voyait, Prestenent crut comprendre que des soiffards se bagarraient pour ce qui pouvait fort bien être une bouteille de vinasse. Voilà encore une situation où se retrouvaient bien les fameux amateurs de pinard qui peuplaient Bordeleau.

"Si la Dame est clémente, l'équilibre de ce pays est au moins de sorte que les nobles choisissent de couper leur vin pour ne pas ressembler à leurs manants." songea-t-il comme une prière. Il était du devoir des nobles d'assurer l'ordre et la sécurité dans les terres de Bretonnie. En l'occurrence, ce serait peut-être au chevalier moussillonais de se faire arbitre improvisé.

Prestenent ne pût s'empêcher d'entendre les arguments que se lançaient les trois comparses excités. Il en entendit un évoquer à haute voix la Dame, et bien que leur patois soit toujours difficile à déchiffrer pour le chevalier, il reconnut sans peine le mot "pégueux". Ce que ça pouvait bien vouloir dire demeurait mystère, mais lors de son premier contact avec le pays on avait usé de ce terme pour le qualifier, Prestenent décida donc d'assumer que ça traduisait "chevalier" ou une idée liée. Le sujet de la conversation des soiffards n'en était pas moins nébuleux. S'imaginaient-ils vraiment qu'il existât un lien entre le vin et la chevalerie ? Croyaient-ils que cette bouteille de pinard valait la bénédiction de la Dame ? C'était absurde. Pourquoi croiraient-ils une chose pareille ?
Puis une idée se fit jour dans l'esprit de Prestenent.

"Non, une telle chose ne serait pas possible. Il faudrait que ce soient des monstres… que dis-je… des géants de stupidité pour qu'ils aillent s'imaginer chose aussi impensable."

Mais pourtant c'était bien crédible émanant de paysans, qui plus est ivres à s'en tuer comme il imaginait bien que c'était le cas de ceux devant ses yeux. Croyaient-ils qu'ils tenaient entre leurs mains le Graal ?

Quoi qu'il en soit, il n'eut pas loisir de pousser la réflexion plus loin, car se redressant sur son séant, l'homme allongé s'élança, rendant un hommage bien déplorable au terme "s'élancer", vers le chevalier. Démarche d'estropié et main sous sa chemise. Il ne devait pas être dans un état bien meilleur que celui des autres. Prestenent le regarda s'avancer avec une certaine méfiance. Que cachait-il sous ses vêtements ? Peut-être une arme ou un colifichet maléfique de sorcier. Prestenent resta sur ses gardes, une main sur le pommeau de son épée, le regard rivé sur l'étrange individu. Puis celui ci s'adressa visiblement à Prestenent, avec un choix de termes qui frôlait la tentative de suicide.

"dam’zelle ?"

Lorsqu'il eut compris ce que ce mot difforme et torturé avec la barbarie ignare des paysans pouvait bien signifier, Prestenent sentit son sang se mettre à bouillir dans ses veines. Ses joues devinrent rouge et son calme et sa tenue naturels placés sur le rebord du précipice, son impertinente colère faillit exploser sur le malheureux.

"Ose encore employer ce terme à mon égard, vil rejeton d'étron, et je te jure que je t'arracherai ton bras à mains nues pour te le carrer dans le fion !"

Faillit-il dire.
Mais il sut ne pas laisser cette phrase franchir ses lèvres, car un d'Affreloi tient toujours ses promesses, et il était certain que ce serait très salissant à faire s'il devait s'exécuter. Et puis, insulter les gens était indigne d'un chevalier, et c'était son devoir de réfréner ses envies de déverser une lie infâme. Il avait pris l'habitude, à la longue, de ne faire que penser ses injures en serrant les dents. Au lieu de faire comprendre directement au vil faquin, car pour être si ivre qu'il prenait Prestenent pour une femme ce ne devait-être rien d'autre qu'un faquin, qu'il avait attisé sa rancune éternelle, il se contenta de le contempler d'un air offensé et de dire, l'air toujours digne et respectable:

- "Diantre ! Vous êtes ivre !"

Cette remarque, lancée à un bordelin, avait autant de pertinence et d'effet de choc que ceux obtenus en adressant à un gobelin "Diantre ! Vous êtes vert !" Ou à un minotaure "Diantre ! Vous sentez mauvais !" ; mais ce qui était fait était fait, et la remarque avait été lancée avec toute l'innocence acerbe de Prestenent.
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ



Test d'INT du << boiteux >> : 6, réussite.
Test d'INT de Sieur d'Affreloi : 19, raté.
Test secret : 13, raté.

Alors que le gaillard d'en face semblait décortiquer les mots du chevalier, il s'arrêta net, et continua de trifouiller ce qu'il avait sous sa chemise. Ça semblait remuer ou gigoter fortement à cette distance, mais pas assez pour que l'individu s'y prenne à deux mains. Voilà d'ailleurs qu'il en tend une, lentement, doucement, vers le Sieur :

- "Allez, partez pas dam'zelle, z'allez salir vos bo ch'veux... M'dame d'..."

Le reste se perdit dans un murmure désarticulé. En effet, le pauvre hère vint s'écrouler sur le côté, sa jambe arquée n'étant vraiment plus capable de le soutenir. Sa chute s'arrangea de bruissements, de tintements métalliques, et d'un soupir heureux après l'atterrissage. Et c'est à cet instant que Prestenent put apercevoir quelque chose derrière les trois compères qui s'agrippaient assez férocement à présent :

C'était... Une dame. Alors qu'elle avait peut-être été difficilement remarquable auparavant, elle semblait désormais omniprésente, comme si sa seule présence rayonnait d'un éclat certain dans ce paysage fluvial. Assez grande, svelte, elle était finement vêtue de blanc, au point où ses vêtements trempés semblaient épouser ses formes si caractéristiques. A ses cotés, aucun gredin ni quelque malandrin de la sorte, mais un... Oui, c'était bien cela... Un cheval. Un véritable destrier noir pangaré, avec sa haute stature, une croupe majestueuse, et qui ne semblait aucunement terrifié par les événements alentours. Sans doute l'animal était-il courageux, ou du moins difficile à terroriser, vu la hargne avec laquelle les trois gugusses bien en vue s'entortillaient et s'acclamaient à coups de jurons de plus en plus étouffés.
Test secret : 15, raté

Tu perds 4 pv, rien de grave. Tu ne sens rien, qui plus est.

Alors qu'il percevait de plus en plus de qualités dans ce nouveau duo, le jeune chevalier put entendre :

- "Allons, viens chevalier, voilà ce qui t'es dû. Ne l'as-tu pas mérité ? Tu en aura besoin si tu veux accomplir ta destinée, et redorer les d'Affreloi..."

La voix était douce, mélodieuse, et semblait lui caresser les oreilles, comme si les sons se lovaient à l'intérieur de sa cervelle. Désormais, la dame murmurait quelque chose à l'animal, tout en faisant signe au chevalier de s'approcher. L'air semblait plus pur tout à coup, comme si les relents coutumiers et les effluves d'alcool s'étaient taries sans donner de justificatif préalable. Oui, même les jacassements des bateliers s'étaient tu, comme si la demoiselle et son étalon les avaient submergés, ou subjugués, ou quoi que ce soit d'autre qui puisse les faire taire.
Test d'END : 6, réussi
Test secret : 2, réussi
Tu re-perds 4 pv. Tu ne sens toujours rien.

Soudainement, le ventre du jeunot se mit à gronder, à remuer, comme il l'avait fait de nombreuses fois par le passé. Une sensation de chaleur rêche et acide lui vint en bouche. C'était particulièrement familier, et comme à chaque fois, indubitablement écœurant, si l'on omettait le fait que ...

La sensation disparut en quelques instants, laissant une simple crampe abdominale. Ce n'était pas gênant en soi, juste de quoi symboliser la présence interne au Sieur. L'instant d'après, la Dame avait disparu. Oui, disparu. Avait-elle senti, elle aussi, cette aigreur maladive ? Avait-elle pris peur face à l'errant ?

S'était-elle envolée avec ce vent nouveau qui ébouriffait le chevalier ?
Ou bien était-ce autre chose ? Ou peut-être était-elle encore là, quelque part ?

Qui sait ?
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Message par Prestenent d'Affreloi »

L'homme chuta lamentablement, mais déjà Prestenent avait oublié sa rancune et son attention avait été attirée vers le duo surréaliste qui était apparu brusquement derrière les trois manants.

C'était une femme, rayonnant d'une inexplicable majesté. Il était difficile d'ignorer cette créature féminine, mais le splendide équidé à ses côtés captiva presque plus le jeune chevalier. C'était un magnifique destrier noir, et bien que n'ayant jamais vu aussi beau cheval, Prestenent se doutait que c'était gage de qualité et de noblesse. Qui pouvait bien être cette dame ? Qui lui avait laissé un aussi beau cheval qui servirait bien mieux aux côtés d'un homme ?

Alors s'éleva une voix. Une voix douce et caressante, contenant dans son essence une promesse de grandeur et de noble destin. Cette seule voix obnubila chacun de ses sens, faisant disparaître toute autre perception. Ce n'était pas la voix perçante et terrifiante qui l'avait appelé dans son cauchemar de la nuit dernière, c'était cette fois quelque chose d'entêtant, qui le pénétrait et voulait le tirer, comme une sorte de harpon spirituel. Elle l'appela. Elle voulait qu'il vienne à elle. Elle voulait lui donner quelque chose. Elle…

Une sorte de cri perça les tréfonds de ses pensées. Le chevalier fut tiré de ses préoccupations par les caprices de son corps. Un gargouillis grave annonçant quelque chose qu'il ne connaissait que trop bien. La nausée monta de son ventre jusqu'à sa tête, comme un venin fielleux traversant chaque fibre de son corps. La crampe gastrique le saisit comme une poigne de fer enserrant ses intestins. Toujours lorsque cela lui arrivait, Prestenent faisait son possible pour cacher la douleur, montrer qu'il ne ressentait pas cette souffrance interne. Il avait le vain espoir que s'il faisait comme s'il ne sentait rien, la force de l'habitude finirait par atténuer d'elle même cette douleur. Mais chaque fois il échouait piteusement. Se tordant pour chercher une position qui n'exacerberait pas les élancements de son corps, se rendant finalement compte qu'une telle position n'existait pas, il finit, comme à chaque fois, par fermer les yeux en implorant que ça cesse.

Pourtant la crise ne dura pas plus de quelques instants. Le liquide chaud et acide avait failli remonter son œsophage, lui faisant sentir au passage un goût ignoble de bile, mais il n'alla pas jusqu'à vomir. Finalement, retrouvant son calme, malgré une légère douleur intestinale, il se ressaisit, l'esprit plus clair comme si le fiel de la nausée en s'enfuyant avait emmené avec lui le venin des paroles de la femelle en blanc.

Où était-elle d'ailleurs ? Il ne l'avait perdue de vue que quelques secondes, et pourtant elle n'était plus là, le cheval non plus. Trop ignare pour même imaginer le concept d'hallucination, il ne resta à Prestenent que l'hypothèse de la sorcellerie.

Comment connaissait-elle son nom ? Était-elle seulement humaine ? Prestenent vit son esprit trop modeste pour ces choses se noyer dans le flot trouble de ces questions. Un sentiment persistant, dominant la nausée et le forçant à se reprendre martelait depuis un coin de son crâne: tu es en danger ! cherche à comprendre la situation et réagis ! vite !

"Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce qui se passe ? C'était un fantôme ? Oui évidemment, un fantôme. Un fantôme de femme qui plus est, naturellement."

Alors qu'un coup de vent caressait sa nuque, le faisant frissonner, Prestenent d'Affreloi eut soudainement la conviction que ce n'était pas terminé, qu'elle n'était pas encore partie.

Pris d'un élan de folie qui était chez lui ce qui remplaçait la peur, le chevalier tira sans hésiter l'épée du fourreau et prit une posture prête au combat, comme si un danger pouvait venir le frapper de n'importe quel côté. Il ne savait rien des fantômes ou des spectres qui pouvaient rôder sur les routes de Bretonnie, et s'imaginait naïvement qu'une simple lame de banal métal pouvait effrayer une telle créature. En fait, il n'était pas même sûr que ce soit un fantôme, ce pouvait-être n'importe quoi. La seule chose dont il était sûr étant que cette créature n'était pas humaine, d'abord parce qu'il ne considérait pas une femme comme étant humaine, et ensuite à cause de ce sentiment persistant qu'il avait affaire à un prédateur affamé. Affamé de quoi ? De son âme peut-être. Il n'en savait rien, mais son esprit, à son habitude, tissait les pires scénarios envisageables.

Tout en dardant les yeux dans toutes les directions pour voir venir son adversaire, il cria à l'adresse des trois ivrognes sans même daigner baisser les yeux vers eux:

- "Vous ! Je suis chevalier errant. Dites moi immédiatement ce qui se passe si vous ne voulez pas avoir de problèmes ! Vite !"
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