[Grogmar] Le sombre maître

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 18 juin 2015, 14:12

L'atelier de Jestan était dans un désordre innommable. Presque la totalité de la surface était occupée par des étagères, garnies de flacons et de bocaux d'ingrédients allant de simples racines à des crapauds flottant dans une liquide saumâtre en passant par des poudres et des cristaux de couleurs différentes, et par des tables recouvertes de feuilles, de parchemins, de carnets et d'alambics en verre ou en cuivre où clapotaient des mixtures étranges. Des fluides vaporeux transitaient d'un récipient à un autre à travers des tubes sifflants sous la pression exercée par les braises placées sous les fûts des différents dispositifs. Le pupitre de l'alchimiste se trouvait coincé dans un angle, et était recouvert de volumes, de plumes et d'encrier. Jestan y était installé, mesurant avec précision une petite quantité de poudre orange à l'aide d'une balance. Il semblait extrêmement concentré, trônant au milieu de ce foutoir, et n'entendit même pas Grogmar qui eu bien du mal à se glisser entre les tables et les cuves qui encombraient l'endroit. Quand l'impérial lui adressa la parole, il eu un petit sursaut et le regarda, se fendant de son habituel et si étrange sourire.

- "Ah, Grogmar." dit-il en se redressant, posant sur son pupitre le pot de poudre. "Le travail avance bien, comme tu peux le voir Oui ! Ca avance bien !" dit-il avec un petit rire. Il se releva et s'approcha d'une des tables garnie de matériel en désordre, faisant signe à son confrère d'observer.

Il saisi un flacon sur son étagère où stagnait l'huile de roche, avant d'en verser quelques gouttes dans un creuset en pierre. Le liquide épais et poisseux coula comme une pâte molle. Jestan reposa le flacon où il l'avait prit, et plaça sa main au dessus du creuset. Il murmura quelque chose, et une étincelle jaillit de sa paume pour enflammer d'un coup la mixture. Une petite flamme bleue couru sur toute la surface et dansa faiblement sans pour autant s'éteindre.

- "Ce que tu m'as apporté a un grande affinité avec le feu, ça oui. La moindre étincelle peut provoquer des flammes qui durent très longtemps. Je suis en train de mener plusieurs expérimentations avec du salpêtre pour le rendre invincible, car aussi durables ces flammes puissent-elles être, il est facile de les faire mourir." dit-il en saisissant une louche d'eau dans un seau qui traînait au sol, avant de la répandre dans le creuset. Immédiatement, le petit feu bleu s’éteignit avec une bouffée de vapeur.

- "Avec les bonnes doses, je peux m'assurer que ce feu ne meure jamais !" dit-il avec une exclamation et un sourire dément. "Et en y ajoutant de la résine, je peux peut-être la rendre collante et mortelle ... Je dois encore essayer différentes recettes. Cette huile de roche est certainement plus efficace et liquide une fois raffinée ... Je dois en différencier les composants, la distiller et ajouter quelques grammes de salpêtre pur avant de ... à moins que ..." Il se saisi le menton et commença à marmonner dans sa barbe, se parlant à lui même, réfléchissant à toutes les possibilités que lui offrait cette substance, en oubliant même la présence de Grogmar. Il se frappa finalement le front et se tourna vers le jeune homme.

- "Je sais ! Du soufre ! En contrôlant le processus de carbonisation et en jouant sur la solubilité respective des deux composés, je peux certainement purifier le mélange ! Avec une distillation soignée et un traitement à la lessive de cendre, je vais obtenir une mixture inflammable, même sur l'eau !" clama-t-il un doigt en l'air, triomphant.

Il regarda un instant Grogmar, s'attendant probablement à ce qu'il partage son enthousiasme, avant de se calmer d'un coup.

- "D'ici quelques jours, j'aurai déjà bien avancé. Quant à sire Rachard et aux sommets de la connaissance ..." dit-il avec un sourire en coin, "... je n'ai pas le moindre doute. Je t'ai vu discuter avec Délan et Bartholomé, l'ami. Reste sur tes gardes."

Mais ce que Jestan ignorait, c'est que pendant qu'ils parlaient, le compagnon mort-vivant de Grogmar trottinait d'un atelier à l'autre en longeant discrètement les murs sombres. Le rat-zombie, aux yeux déjà laiteux, s'avançait entre les cuves de liquide bouillonnant et les pieds de table, s'approchant peu à peu des deux paires de jambes qu'il avait en visuel. Le sol sur lequel il progressait était jonché de feuillets noircis de notes et de parchemins, mais ses petites griffes se firent silencieuses quand il arriva finalement aux bottes de l'alchimiste qui, passionné, ne s'aperçu de rien en parlant à son confrère. Le rat grimpa rapidement le long de la botte en cuir et, obéissant à la commande silencieuse de son maître, enfonçant ses dents maculées d'encre corrompue dans le mollet de Jestan.

Ce dernier poussa un cri de surprise et agita la jambe, gigotant dans tous les sens. Le rat décérébré finit pas lâcha prise et fut propulsé contre un mur. Un ou deux de ses os se brisèrent mais il repartit en galopant comme si de rien n'était, disparaissant dans le Laboratoire.

- "Foutrepute !" jura Jestan en regardant sa jambe. Son collant rouge et bariolé de noir était crevé sur le côté, et sa chair blanche était entamée par la petite morsure, laissant une blessure bénigne en apparence et d'où s'échappait un mince filet de sang. "Cette petite saloperie m'a mordue !" dit-il avant de parti d'un grand rire aussi décalé qu’inentendu. "Il devait avoir faim ! Haha ! Je laisserai du pain, la prochaine fois. Peut-être viendra-t-il grignoter les pages qui tapissent le sol, plutôt que mon mollet !" Il ricana à nouveau.

Message par **Grogmar** » 18 juin 2015, 16:16

Le nécromancien écouta ce que disait jestan sans que son visage ne montre la moindre émotion. Ainsi trouvait-il des moyens de se servir de ce liquide. C'était bien, très bien même, car il s'agissait de quelque chose que son maître, son véritable maître, appréciera sans doute de connaître. La maîtrise d'un feu puissant et utilisable par des troupes totalement stupides comme le sont les zombies ou les squelettes. Oui, il s'agissait sans nul doute possible d'une information qui vallait son pesant d'or et le sorcier espérait s'en servir pour racheter sa désertion, bien qu'involontaire, de son fief. Cela venant s'ajouter à la prise à lui seul du fief de Castel Rachard et de ses connaissances ainsi, il l'espère, que l'embrigadement de deux autres nécromanciens.

Il chercha à retenir le plus possible les informations fournies pour savoir les restituer plus tard tandis qu'en même temps, il guidait sa créature vers les jambes de cet idiot qui ne savait même pas encore qu'il était déjà mort. Comme tout le monde ici dans bien peu de temps. Seul Grogmar survivrait et peut-être ses deux camarades, si ceux-ci ne le trahissaient pas entre temps. Mais il préférait ne pas y penser. Car après tout, il ne voulait pas mourir et il était plus simple de se dire que tout allait bien ce passer. De toute manière, il était trop tard pour faire marche arrière et tandis que l'alchimiste travaillait sur comment il allait faire en sorte que l'Huile de Roche soit plus efficace, il donna l'ultime ordre à sa créature pour qu'elle attaque. La distraction apportée par la discutions et sans doute par les pensées du sorcier alliée à la furtivités naturelle des rongeurs firent qu'il n'y eut aucun incident notable et la bête planta ses crocs dans la chaire.

Le demi-fou hurla quand il fut mordu, sans se douter qu'il venait d'être condamné à des mutations terribles qui lui seront sans doute fatales. Le sorcier voyant sa créature volée suite à la frappe de la victime, il ordonna mentalement à son serviteur de partir pour aller ensuite retourner sous son propre bureau où il comptait bien le récupérer. Il avait eu suffisamment de mal à le capturer pour ne pas avoir envie de le perdre aussi rapidement. Mais une chose tracassait l'ensorceleur, en effet, malgré la morsure, nul trace de mutation explosive comme il y avait eu chez le mineur quand celui-ci avait toucher la malepierre. Sans doute la quantité n'était-elle pas suffisante ? A moins que ce ne soit un effet sur un plus long terme ? Au final, le sorcier avait la journée pour pouvoir voir si effet il y avait et ce n'était pas plus mal qu'il n'y ait pas tout de suite de mutations. Ainsi, Grogmar ne serait même pas là pour être accusé de les avoir causées. Il restait tout de même le fait que Jestan risquait de pouvoir avoir le temps de parler.

Le sorcier finit par conclure que bien qu'il soit dangereux qu'il puisse parler, si mutation et mort il y avait bien, au final c'était une bonne nouvelle, car cela signifierait que une fois dans l'eau, les gardes auront le temps de tous boire avant que les effets ne se montre et qu'ils commencent tous à tomber comme des mouches. Autant dire que cela avait de l'importance, car un effet trop rapide aurait sans nul doute provoqué l'échec de la mission. Le Loup hocha donc de la tête à destination de Jestan avant de parler de sa voix neutre :

-J'ai également vu un rat dans ma chambre. Il faut faire attention, ces bestioles infestes ce château... Bien, je suis heureux de savoir que tes recherches sur mon Huile de Roche avance bien, j'espère que tu trouveras rapidement une solution à tes problèmes. Cela dit, je ne vais pas te déranger plus longuement. Bon travail.

Il le salua légèrement avant de retourner dans son propre alcôve où l'attendait son petit rat sous la chaise. Il le ramassa rapidement après avoir veillé à ce que personne ne le regarde, puis il le remit dans sa grande poche. Son plan se déroulait pour l'heure sans accros et il avait pu apprendre un peu plus d'information sur la puissance de la malepierre, ce qui était déjà bien. Il devait maintenant savoir le temps que prendrait la morsure à faire son effet. Pour ce faire, il prit un sablier servant normalement à mesurer le temps pour les expériences, ce qu'il faisait d'ailleurs, et il le retourna pour lancer le décompte des grains de sable. Il comptait le retourner ensuite à chaque fois qu'il serait vide et cela jusqu'à ce que l'effet de la corruption de se face. En même temps et pour ne pas paraître trop suspect si on venait le voir, il commença à travailler sur la traduction en Nécromantique d'un livre qu'il trouva sur son bureau. L'importance était plus de faire comme s'il travaillait que de réellement ce montrer efficace. De toute manière, il ne savait pour le moment pas faire grand chose que de traduire dans un sens ou dans l'autre des textes. Alors autant un peu s’entraîner dans ce domaine.

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 18 juin 2015, 16:50

Après plusieurs heures, pendant lesquelles Grogmar continua de donner le change en traduisant inutilement les textes qui lui tombaient sous la main sans oublier de tourner et de retourner le sablier, un bruit de verre brisé retentit dans l'alcôve de Jestan. Ce dernier poussa un juron étouffé et l'impérial pu l'apercevoir, traversant la pièce principale légèrement courbé pour quitter le Laboratoire en trottinant, disparaissant dans le grand escalier. Délan et Bartholomé se penchèrent de leurs pupitres, seuls leurs têtes dépassant de l'ouverture vers leurs ateliers respectifs, pour observer eux aussi l'alchimiste quitter la pièce en toussant dans son poing. Ils jetèrent ensuite un regard vers l'atelier de Grogmar. Ce dernier se leva de son pupitre et se rendit dans la grande salle, prêt à annoncer l'avancement de son plan à ses deux confrères, quand la porte menant à l'escalier s'ouvrit brutalement.

Sire Rachard entra en trombe, stoppant net Grogmar. Les deux autres nécromanciens sortirent de leurs alcôves pour s'incliner servilement devant leur seigneur. Ce dernier, vu le sourire qu'il affichait, semblait hautement satisfait. Il portait le menton haut, le torse bombé, et se planta devant eux en croisant les mains dans le dos.

- "Mes chers apprentis, notre heure est proche ! Les forces que nous attendions depuis si longtemps se réveillent et commencent à labourer la terre noire du Moussillon ! Je vais avoir besoin de vos efforts redoublés pour qu'ensemble, nous accomplissions notre destiné." leur dit-il, les yeux brillants. Il était plein d'énergie, comme revigoré. Il semblait même ... légèrement plus jeune ? Il pointa un doigt bagué d'or sur Grogmar. "Toi ! Je sens en toi de la puissance, de la volonté, de l'ambition. Tu vas te joindre à sire Aubin. Vous partirez dans l'heure. Quant à vous, " dit-il en regardant les deux autres, "vous allez descendre dans les grottes avec moi. Nous avons à y faire."

Message par **Grogmar** » 18 juin 2015, 18:57

Le nécromancien dut attendre plusieurs heures avant qu'en fin les effets se fassent sentir sur Jestan. Pour être plus juste, il faudrait plutôt dire qu’il s’agissait surtout du temps qu’il fallut pour que Jestan fasse quelque chose qui permis au sorcier de savoir que la malepierre faisait sans doute effet. Le bouffon fit en effet beaucoup de bruit dans son laboratoire avant de partir d’un pas rapide vers l’extérieur, l’expérimentateur l’aurait bien suivi s’il ne s’était pas dit que cela serait étrange. Toutefois se leva-t-il de sa chaise pour aller faire part de la réussite de son plan à ses deux camarades qu’il espérait toujours dans son camp. Car après tout, si lui avait réussi à trahir sans une once de remord le Fou, alors ces deux gus de devaient certainement pas être plus charitable.

Toutefois son envie fut interrompue par l’arrivée totalement imprévue d’un nouveau protagoniste qui n’était autre que Sir Rachard. Ce dernier était arrivé en trombe dans le Laboratoire quelques instants seulement après le dépars de Jestan, ce qui étonna énormément le sorcier qui se demanda pourquoi il venait cette fois-ci. Sa curiosité fut rapidement assouvie par les paroles toujours sans la moindre trace de respect du seigneur des lieux. Mais le sang du nécromancien se mit imédiatement à bouillir dans ses veines. “Toi”? Il ne se souvenait même pas de son nom! Il le traitait donc à ce point comme un moins que rien que pour pouvoir se permettre de ne même pas se souvenir de comment il s’appelait!

C’était totalement impardonnable! Et puis, un apprenti? Lui? Comment osait-il l’appeler de la sorte! Il était un puissant nécromancien et il commençait à en avoir marre des belles paroles du seigneur sorcier qui n’avait pour l’heure rien fait pour lui tandis qu’au contraire le nécromancien avait beaucoup oeuvrer pour Rachard! Toutes les promesses qu’il lui avait faites, comptait-il seulement les réaliser un jour? Non assurément pas! Et il avait même le culot de se montrer à lui après s’être rafraîchit sans nul doute avec le rituel qu’il lui avait promis! Ce rituel lui revenait de droit! Sa jeunesse! Son absence de toutes souillures! Tout lui revenait de droit! Mais il le lui volait! Sa malepierre! Ses études qu’il avait fait brûlées! Son temps qu’il lui avait dérobé en le forçant à travailler pour rien, sans aucune récompense en retour! Le croyait-il à ce point faible? Le croyait-il à ce point incapable de réclamer ce qui lui était dû! La mort allait s’abattre sur lui! Car tel était la volonté du Loup sombre! Il allait le détruire! Aussi simplement que le plan des deux autres mages le prévoyait!

Tout en faisant mine de se diriger vers la sortie après s’être légèrement incliné, il commença à murmurer les mots de magie pour lancer la décharge de puissance et de haine pure qu’il avait déjà déchaîné dans le village. Il allait le détruire, le réduire en pièce! En même temps qu’il préparait son sort, il se demanda si les deux autres sorciers allaient le rejoindre dans son combat, si tel était le cas, alors il ne ferait qu’une bouchée de ce félon de sorcier. Dans le cas contraire par contre… il n’aurait sans doute aucune chance seul face à la puissance de Rachard et de ses deux serviteurs. Mais il préféra ne pas y penser, concentrer la magie et le détruire! Déchainer sa haine trop longtemps contenue ici et maintenant! Dans ce lieu qui ne laisserait aucun son prévenir les gardes! Il allait le détruire, pour son Dieu Vampirique! Castel Rachard sera à Vladimir et à personne d’autre!

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 18 juin 2015, 22:24

Alors que Grogmar se dirigeait vers la sortie, il murmura les mots de pouvoir tandis que la magie se concentrait peu à peu entre ses mains. Les Vents se condensèrent autour de lui et il chargea leur puissance entre ses paumes, jusqu'à ce que l'énergie crépitante soit presque impossible à contenir. C'est à cet instant qu'il se détourna d'un coup vers sire Rachard qui marchait déjà en direction de la grande porte menant aux grottes, encadré par Délan et Bartholomé. Le seigneur des lieux, sensible aux perturbations aethyriques, se retourna vers l'impérial en fronçant les sourcils, lors que ce dernier délivra son sort. Rachard écarquilla les yeux en voyant cette boule d'énergie pure filer à travers la pièce à la vitesse d'une flèche pour venir le frapper en plein torse, le propulsant contre le grand portail de bois avec un fracas impressionnant. Le seigneur nécromant tomba lourdement au sol avec un râle, le corps fumant.

L'instant se figea, Bartholomé et Délan s’immobilisèrent. Ce dernier rabaissa lentement sa large capuche tandis que les deux apprentis regardaient, incrédule, leur maître à terre, qui venait d'être soufflé entre eux comme une simple brindille. Ils se tournèrent vers l'origine d'un tel déchaînement d'énergie et posèrent leurs regards stupéfaits sur le jeune homme tandis que derrière eux, sire Rachard se relevait lentement en se mettant d'abord à quatre pattes en grognant, sonné.

C'est là que le plan de Grogmar chavira totalement. Les deux sorciers qui s'étaient présentés comme ses alliés la nuit d'avant échangèrent un regard mauvais et commencèrent à sourire en reportant leur attention sur l'impérial. Ils écartèrent légèrement les pieds, en position, et murmurèrent chacun de sombres mantras, commençant à tisser de leurs doigts le canevas qui allait porter leurs sorts, prêts à déchaîner ces derniers sur le traître !

- "NON !" s'écria sire Rachard en se relevant difficilement, levant une main baguée pour retenir Délan et Bartholomé, se servant de l'autre pour s'appuyer contre le portail et se relever. Sa poitrine se soulevait par à coups, lui arrachant un rictus de douleur. Son visage était déformé par la haine et la colère, tandis que des mèches de ses cheveux gris, d'ordinaires si bien peignés, lui tombaient sur le front. Sa tenue ouvragée si raffinée était presque entièrement brûlée là où la boule d'énergie l'avait frappé, tout comme les poils de la pelisse de fourrure qu'il portait sur le dos avaient rebiqué et leur bout s'était carbonisé et enroulé, soufflés par une telle décharge.

Le seigneur se redressa lentement tandis que ses apprentis visiblement fidèles baissèrent leurs mains sans quitter Grogmar des yeux. Sire Rachard vissa son regard dans celui de l'impérial, remettant une mèche de cheveux en place, les mains tremblantes de rage. Il fit un pas vers lui.

- "Petit cloporte ..." dit-il, la voix tremblante tant elle débordait de colère difficilement contenue. "Je t'ai tout offert. Un refuge, un atelier, des confrères, du savoir ..." Il fit un autre pas en avant, presque chancelant tant l'impact magique l'avait secoué. "Comment as-tu pu penser une seule seconde que tu avais l'envergure d'un véritable sorcier ? Que tu pouvais te permettre de me défier de la sorte ?" Il leva lentement les bras. "Je vais te montrer, moi, sire Henri de Rachard, ce qu'est un vrai sorcier ! Je vais faire fondre la chair de son visage, exploser tes globes oculaires et tirer ton âme de ton corps détruit pour qu'il me serve jusqu'à la fin des temps !" vociféra-t-il en crispant les doigts dans l'air.

Il attira à lui les Vents de Magie que Grogmar pu sentir se déchaîner dans la petite pièce. Avait-il sous-estimé son maître et ses alliés pervers ? Les courants aethyriques hurlaient et se débattaient tandis que le grand nécromancien les emprisonnait à l'aide de sa volonté implacable et de sombres formules que l'impérial ne connaissait pas. Il sentit cependant l'énergie ambiante attirée, siphonnée par sire Rachard, qui la condensa et la compressa entre ses mains. Le seigneur bretonnien ne quittait pas Grogmar des yeux, prêt à déchaîner sur lui toute la puissance de son courroux.

Et sire Rachard déchaîna ses pouvoirs. Dans un cri, il présenta les paumes vers Grogmar, propulsant la Dhar soumise en un jet vaporeux qui se lança vers le jeune impérial, le frappant de plein fouet. Cette brume verdâtre l'étouffa et suça son énergie. Grogmar se sentait faiblir, suffoquer. Ses forces étaient comme aspirées, quittant son corps pour être avalées par sire Rachard qui s'en repaissait en poussant un rire inquiétant. Le seigneur, pourtant blessé, se redressa lentement, les bras écarté, regagnant la vigueur volée à celui qui tenta de le trahir.

- "Ta souffrance me nourris, vermine. Maintenant, meurs !" dit-il avant de lever un poing triomphant vers le plafond. Il incanta à nouveau en magikane nécromantique sans quitter le jeune homme des yeux, et tendit subitement la main vers lui. Un crâne fantomatique et grimaçant s'échappa du bout de ses doigts, suivi par une traînée de limbes vaporeuses. L'esprit poussa un cri à glacer le sang et fonça à travers la pièce droit sur Grogmar, s'enfonçant dans son torse en le projetant en arrière avec une violence inouïe.

Le nécromancien vola en arrière et atterris à grand fracas sur les premiers marches du grand escalier en pierre. Son corps lui donnait l'impression d'être brisé. Son essence vitale semblait s'être évaporée. Etait-il mort ? Pas encore, mais pas loin. Il sentait son esprit s'éloigner de son corps à mesure que la vie le quittai. Allait-il se laisser emporter ? A y réfléchir, ces marches étaient plutôt confortables ... A travers sa vue embrumée et brouillée, au delà des sons qui sifflaient dans ses oreilles, il vit sire Rachard s'approcher lentement vers lui, un air malsain sur le visage, tandis que derrière, Délan et Bartholomé l'observaient en jubilant.

Message par **Grogmar** » 18 juin 2015, 23:24

Le nécromancien sentit la puissance de son attaque quitter ses doigts pour venir frapper de plein fouet son ennemi funeste. Il désirait sa mort avec tellement de passion qu'il n'imaginait pas un instant que cela puisse mal se passer pour lui. Et en effet, tout se passa bien et l'éclaire d'énergie maléfique frappa de plein corps le seigneur sorcier. Ce dernier n'avait aucune chance face à trois magiciens. Le loup jubilait de bon heure en le voyant sombrer... Puis déchanta presque aussi tôt. Les deux sorciers qui auraient normalement dû se rallier à lui n'en firent rien, bien au contraire, ils se préparèrent à lancer des sorts pour le détruire lui ! Comment osait-il ! Mais le Loup comprit, il avait été piéger depuis le début et il venait d'éliminer son seul allié réel... Jestan... pourquoi avait-tu eu se rire qu'il détestait tant ? Sans lui, sans doute qu'il n'aurait pas rejoins les deux cloportes qui se tenaient devant lui désormais près à le vaincre. Il n'avait plus aucune chance, il ne se faisait pas d'illusion. Sir Rachard n'était pas encore mort et face à deux sorciers suplémentaire... Comment pourrait-il faire ?

Il entendit Sir Rachard parler, mais il sentait déjà que cela n'augurait rien de bon. Un refuge ? Une prison plutôt. Lui qui avait vécu toute sa vie libre comme l'air. Il n'avait pas aimé un seul jour dans ce château. Un atelier ? Oui, mais il ne s'agissait pas du sien et il devait travailler pour un autre. Ce n'était pas pour cela qu'il était venu, si on considérait déjà qu'il était venu de son plein grès, ce qui n'était pas le cas. Des confrères ? Des traîtres en puissance qui trahiront sans aucun doute ce sale monstre dès qu'il sera affaibli. Du savoir ? Oh, ne te moque pas, tu n'en as jamais donné, tout comme tu n'as jamais daigné apporter la moindre connaissance devant ses yeux. Il était un véritable sorcier, mais il avait juste mal calculé son coup et allait juste en payer le prix. Sir Rachard, tu étais sensé mourir, mais le destin voulu que tu vives. Mais le nécromancien ne voulait pas mourir non plus et même s'il savait son heure proche, il se refusait à ne pas tout tenter pour le vaincre. Après tout, il ne pouvait pas être aussi puissant qu'il ne le disait !

Comme le nécromancien se trompait... Si lourdement... si terriblement. Le choc de l'attaque fut horrible ! Non pire ! Il était inouï ! Il sentit sa vie le quitter sans pouvoir rien faire pour essayer de réaliser ce qui lui arrivait. Et le summum de l'horreur, il put voir que Sir Rachard semblait aller mieux, comme s'il s'était nourri de la vie qu'il lui prenait. Non, pas comme si, il lui avait absorber une partie de sa vie ! Ainsi, il connaissait bien des sorts plus puissant que lui... La nécromancie permettait bien de prendre la vie, peut-être était-ce comme cela qu'il faisait pour redevenir normal après avoir été corrompu par la Dhar ? Le nécromant ne se posait pas vraiment cette question, car la douleur qui lui déchirait le corps était bien trop forte pour qu'il puisse espérer avoir les idées claires.

Puis, il entendit une voix sans vraiment la comprendre ni savoir si elle était due à des illusions causées par sa douleur. L'instant d'après ou peut-être avant ? Ou en même temps ? Quoi qu'il en soit, il sentit son corps voler sous la puissance d'une nouvelle impacte. La puissance du coup n'avait rien eu à voir avec ce qu'il avait subit avant. S'agissait-il d'un spectre qui l'avait frappé ? Henri était-il capable d'également commander les esprits ? Comment avait-il cru pouvoir le vaincre... Non, tout était la faute des deux pleutres... non, des deux conspirateurs qui l'avaient embobiner. Ils en sortaient gagnant, Jestan et lui était désormais hors cours et sans eux, ils n'avaient plus d'ennemi à leur savoir... Mais qui sait ? Peut-être qu'ils s'entre-tuerons également ? Grogmar espéra qu'ils ne le fassent pas... Dans l'espoir que s'il s'en sortait, il puisse se venger d'eux et les détruire !

Il commença immédiatement à incanter son sort de brume pour fuir vers le sol puis vers sa gauche, le fief était sur une montagne, il finirait bien par ressortir quelque part et il y avait peu de chance qu'on ne le cherche... Il y avait également peu de chance qu'il survive bien longtemps. Mais avait-il seulement le choix ? Non, il ne l'avait pas et il devait tenter de fuir comme il l'avait toujours fait depuis longtemps. Fuir et survivre. Voilà deux choses qu'il savait bien faire. Pourvu que Sir Rachard lui laisse le temps de prononcer les quelques mots qui lui permettront de s'échapper. Juste une phrase en magikane... une simple phrase qui pouvait lui sauver la vie... Mais dans son état, y arrivera-t-il seulement ?

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 24 juin 2015, 10:53

L'esprit du jeune homme était embrumé par la mort. Il la sentait tournoyer dans sa cervelle, étirant son ombre inquiétante sur son être. Son essence vitale l'avait quitté, il se sentait vide, creux. A travers sa vision brouillée, au delà du voile épais qu'il sentait envelopper sa conscience, Grogmar tenta de trouver en lui la force et la concentration nécessaire pour un dernier sursaut. Comme un poisson dans une flaque par une journée caniculaire, il tourna en rond dans son esprit, cherchant ça et là les fragments des mantras qu'il devait réciter pour survivre. Il galopait dans chaque parcelle de sa mémoire, avec une peur panique, tandis que son être physique n'était que douleur et souffrance. Il était là, avachi sur les marches dans une position désarticulée et étrange, l'âme vide. Enfin ! Enfin, il avait la formule. Il tenta d'amener les Vents à lui. Il les sentait s'approcher, curieux, et voulu une nouvelle fois, une dernière fois, tisser la toile dans laquelle ils allaient s'engluer, et à partir de laquelle il pourrai les modeler à son envie. Mais ses mouvements furent faibles, ses mains retombèrent rapidement sur le sol froid, inertes, et ses lèvres restèrent immobiles et sèches. Sa vigueur l'avait quittée. Les courants de l'Aethyr glissèrent sur lui sans le voir, et Grogmar su que c'était terminé.

La vision du jeune sorcier était brouillée, parasitée. Il était comme ébloui à mesure que sa tête tournait et son esprit abandonnait la lutte. Il vit sire Rachard s'approcher de lui et poser un genou à ses côté sans que Grogmar ne puisse bouger ou penser à autre chose qu'à l'horrible tourment qui l'attendait. Le seigneur bretonnien repoussa une mèche de cheveux gris derrière son oreille et saisi délicatement la main de l'impérial, qui n'eu d'autre choix de se laisser faire tant les forces lui manquaient.

- "Ce que je te réserve est un sort pire que la mort, Grogmar." lui susurra le grand nécromant. "Bien pire. Prépare toi à m'obéir pour l'éternité, à subir une existence de tourments et d'esclavage. Meurs, et sers moi." lâcha-t-il en un murmure malsain.

Ses lèvres s'agitèrent lentement, incantant une sombre formule dans la langue impie, et la Dhar se concentra une nouvelle fois autour de son être. Lorsqu'il prononça le dernier mot, ce flot de puissance passa d'un corps à l'autre en un éclair. Grogmar la sentit s'infiltrer dans tout son corps. Il était incapable d'exprimer physiquement le crescendo de souffrance qui naissait en lui, mais la douleur fût bientôt telle qu'une larme coula le long de sa joue blanche, sans que son visage ne change d'expression. Il sentit ses chairs se calciner de l'intérieur, son sang sécher dans ses veines, son âme hurler, son cœur s'arrêter. Il mourut.

En quelques secondes, ses chairs tombèrent en cendre, rapidement suivies de ses os. Bientôt, tout ce qui resta de Grogmar le nécromancien impérial était un petit tas de poussière grise sur lequel était posées une robe noire, une veste en cuir et une paire de bottes. Sire Rachard se releva, un sourire satisfait sur le visage. Un bruit d'aspiration se fit entendre, comme un appel d'air, et une forme apparu peu à peu au dessus du tas de cendre. Une forme humaine, drapée de noir et de magie corrompue, qui flottait dans l'air, sans jambes. Le seigneur sorcier sourit de plus belle.

- "Te voilà dans une éternité de servitude, Grogmar le traître."

L'ombre poussa un râle glacé.

- "Oui ... maître." murmura-t-elle d'une voix d'outre-tombe.

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