[Grogmar] Le sombre maître

[[MJ] Le Grand Duc]

Lorsque Grogmar retourna au Laboratoire, ses trois collègues s'y trouvaient déjà. Chacun dans leurs alcôves, ils s'affairaient, comme l'impérial la veille, à inscrire sur formules de magikane nécromantique sur les rubans dorés des tambours et sur les bannières à l'aide de leur encre mélangée à la poudre de Malepierre. C'était un travail fastidieux qui nécessitait beaucoup de concentration et de précision, si bien que l'arrivée de Grogmar dans la pièce centrale ne fut aucunement réagir les autres sorciers, tant ils étaient plongés dans leurs travaux. Sire Rachard ne semblait les considérer comme de simples ouvriers plus qualifiés que les autres, chargés d'effectuer les besognes que le seigneur ne voulait pas perdre de temps à faire.

Henri de Rachard entra d'ailleurs dans le Laboratoire, quelques secondes après Grogmar, et posa un regard sévère sur ce dernier.

- "Eh bien ! Ne restez donc pas planté là ! N'avez vous pas du travail à faire ?" lui dit-il en haussant un sourcil.

Il était accompagné de deux hommes d'arme à l'air patibulaire dont l'un d'eux portait une petite boîte en plomb, et ils se dirigèrent vers la grande porte qui menait aux cavernes. Le grand nécromancien s'arrêta devant et murmura quelques mots pour neutraliser le verrou magique qu'il y avait posé. Les battants s'ouvrir comme par magie, tandis que l'odeur fétide des cadavres exalait du passage et venait tapisser le Laboratoire, en même tant que les bruits d'une intense activité émanaient des grottes. On pouvait entendre des chocs métalliques, comme le bruit du marteau battant le fer, mais aussi divers craquements et crépitements. Sire Rachard s'engouffra dans le tunnel accompagné de son escorte et les portes se refermèrent derrière lui.

Grogmar regagna son alcôve et se mit au travail. Il lui restait à présent à enluminer les rubans du tambour, ce qu'il se mit à faire consciencieusement après avoir enfilé ses gants épais, traçant les formules maléfiques sur les morceaux de tissu.

Test d'Ini : 11, réussi.
+1 xpms

Après plusieurs heures de travail assidu, il termina enfin son oeuvre. Les lignes fines de symboles nécromantiques tapissaient les rubans qui décoraient le tambour de part et d'autre. C'est à cet instant, alors qu'il refermait enfin l'encrier corrompu, que Grogmar entendit quelques pas et que Délan passa sa tête encapuchonnée par l'ouverture de l'alcôve personnelle de l'impérial.

- "Pardon de te déranger, cher confrère." lui dit-il d'une voix neutre, au timbre monotone. "J'aimerai m'entretenir avec toi d'un sujet pour le moins sensible." Il marqua une pause et jeta un regard vers l'alcôve de Jestan et baissa d'un ton. "Parlons en cette nuit. Rendez-vous ici même avant les premières lueurs du jour."

[Grogmar]

Le sorcier était descendu seul dans le lieu d’expérience où il ne jouait qu’un vulgaire rôle de gratte papier. Les autres sorciers étaient déjà entrain de faire ce travail tout juste digne d’un scribe de basse extraction. C’était une tâche totalement en désaccord avec ce qu’avait dit le seigneur des lieux qui avait promis de ne pas le traiter comme un vulgaire mercenaire et qui en effet ne le faisait pas… Il faisait pire! C’était un affront total dont, en prime, il ne semblait pas en avoir quelque chose à faire. Mieux encore, Sir Henri en rajouta une couche quand en rentrant, il dit au puissant nécromant de se dépêcher de ce mettre au travail avec le même dédain que l’on aurait eu à parler à un ramasseur de crottins. Le magicien sourit intérieurement en pensant à sa vengeance toute proche. Bientôt il allait souffrir pour tout ce qu’il lui avait fait. Son sourire mental s’élargit d’autant plus qu’il vit passé une caisse visiblement plombée qui devait sans nul doute possible contenir de la malepierre!

Grogmar se mit donc à la tâche en jubilant déjà de pouvoir avoir accès à la malepierre tant désirée pour son plan. Comme si le verrou magique allait le retenir, le sorcier allait pouvoir se venger et rien ni personne ne pourra lui en empêcher! Il devait pour le moment continuer à jouer la comédie en faisant le mieux possible son travail de retranscription. Mais au final, ces rituels allaient également lui servir un jour ou l’autre et avoir déjà travaillé dessus devrait lui faire gagner un temps précieux. C’est pourquoi il s’y appliquait autant. Sans quoi, y écrire des gribouillis illisibles auraient tout aussi bien marché.

Le loup commençait à en avoir marre d’être tenu en laisse. C’était lui qui devait tenir les gens en laisse, pas l’inverse! Et la seule personne qui pouvait lui donner des ordres était son dieu vampirique! Henri de Rachard n’était qu’un vulgaire humain qui ne valait guère mieux que les autres et qui devait par conséquent finir comme esclave de son dieu, vivant ou mort… avec une préférence pour la dernière option. Car après tout, il s’agissait d’un sorcier sans doute puissant et donc dangereux. Sa fidélité n’étant pas acquise, autant réduire son corps à l’état de zombie putride et son esprit… en autre chose. Le jeune homme ne savait pas vraiment comment soumettre les esprits, à part pour leur parler une dernière fois. Mais si justement, il y avait moyen de les rappeler, alors il devait bien y avoir un moyen de le faire de manière plus durable tout en les maintenant soumis.

L’ensorceleur venait d’écrire le dernier glyphe de nécromantique et refermait son encrier maléfique quand il entendit qu’on s’approchait de son alcôve. Il s’attendit alors à voir Jestan venir le voir, mais il n’en fut rien et c’est à la place le sorcier portant le nom de Délan qui arriva près de lui. Il lui parla alors de manière assez mystérieuse, chose que le magicien n’aimait pas trop. De plus, il voulait le voir la nuit pour lui parler de choses visiblement importante, ce qui une nouvelle fois ennuyait le jeune homme, non pas à cause de ces dites “choses”, mais parce qu’il ne voulait pas être déranger durant la nuit durant laquelle il voulait entreprendre sa mission. Il se contenta donc de simplement hocher positivement de la tête pour signaler qu’il avait entendu. Il pouvait sentir le piège à des lieux à la ronde, mais en même temps, qu’avait-il à craindre de lui? Il répondit ensuite de sa voix naturellement neutre en baissant légèrement le ton:

-Bien, nous nous retrouverons donc demain à l'aube

Il fit une courte pause avant de continuer avec un ton toujours neutre, mais qui semblait aussi froid qu’un lac en pleine Hivers. Tandis que ses yeux se braquèrent su ceux de son “confrère”.

-Par contre, si le sujet sensible est mon meurtre, saches que ce n’est pas moi qui périrais, mais bien toi.

Le sorcier espéra que le message était bien passé. Car si Délan lui donnait une excuse pour l’abattre, il ne lui laissera pas de seconde chance. Après quoi, il se leva et partit pour aller voir si son piège placé dans sa chambre avait fonctionner cette fois-ci.

[[MJ] Le Grand Duc]

Délan se contenta d'un sourire énigmatique et regagna son propre atelier, ouvrant un lourd grimoire sur son pupitre et se plongeant dans son étude. Le calme revint dans le Laboratoire, tandis que sire Rachard n'avait toujours pas fait surface, affairé dans les grottes, et que Jestan était quant à lui en train d'étudier ses substances étranges dans ses alambics biscornus. Grogmar, quant à lui, remonta les escaliers en colimaçon et traversa une énième fois les couloirs menant à la tour Ouest.

Test de Chance (+2 à cause de la location) : 7+2 = 9, réussi !

Il entra dans sa chambre et fut acceuillis par une série de couinements et de coups de griffe contre les lattes en bois du seau faisant office de piège. En s'approchant, il eu l'agréable surprise de voir un rat gris en train de tourner en rond et de se dresser sur ses pattes pour essayer de trouver une voie de sortie, faisant gigoter ses moustaches. Il était grand comme la main. Quand il vit l'humain se pencher vers lui, il poussa un petit cri strident et se fit le plus petit possible, s'agglutinant contre l'un des rebords, prêt à se défendre en mordant l'imprudent.

[Grogmar]

Le sorcier ne supportait pas l’intrigue. Il s’agissait d’une action totalement éloignée de son schéma de pensée solitaire et il avait dû apprendre à ce méfier de tout le monde depuis son départ de son village natal, mais surtout durant cette semaine passée. Autant le dire tout de suite, il n’était pas du tout rassuré par l’idée d’un combat contre des sorciers, non pas qu’il ne pensait pas pouvoir gagner à la régulière. Non, ce qui l’inquiétait c’était de se faire attaquer en traître. Car c’était ce qui lui était arrivé bien trop souvent pour le moment et il n’avait jamais vraiment brillé dans ce genre de situations. Ne pas savoir qui était son allié ou son ennemi était quelque peu dérangeant. Devait-il prévenir Jestan de cette réunion? Mais s’il l’avait trahi? Non, Délan semblait ne pas vouloir être entendu par son allié actuel… Mais en même temps, il pouvait très bien jouer la comédie! La tête du nécromancien allait exploser tant son esprit solitaire n’arrivait pas à comprendre les actions des humains qui l’entouraient. Comment le pouvait-il de toute manière? Les seuls contactent qu’il avait eu était celui d’un enfant voleur face à des adultes cherchant à le rosser ou celui d’un jeune homme cherchant à vivre normalement et perpétuellement ennuyé par les autres! Et à chaque fois qu’il avait cru pouvoir faire confiance, il avait été sévèrement trahi par la suite!

le nécromant quitta le laboratoire en pleine réflexion. Que devait-il faire? Comment devait-il réagir? Lui qui avait toujours préféré fuir devait-il continuer? Ou devait-il combattre au risque de mourir? Il ne voulait pas mourir… Mais son dieu lui demandait de prendre ce fief pour lui! Il devait combattre pour lui! Il s’agissait de la seul personne qui ne l’avait pas encore trahi, malgré qu’il l’eut blessé avec cette épée divine, le vampire l’avait pardonné là où on l’aurait sans doute battu à mort! Comment pouvait-il trahir pareil divinité? Ce n’était tout bonnement pas possible. Son plan devait s'effectuer, quoi qu’il en coûte.

Il ouvrit la porte de sa chambre et tout de suite, il vit le signe de son dieu que ce qu’il faisait était bien. Un rat était tombé dans le piège, preuve que son dieu était avec lui! Il ne devait pas perdre espoir! L’ensorceleur marcha rapidement vers le seau où était piégée la créature. Elle était d’une couleur grise comme beaucoup de ses semblables qu’il avait mangé durant les temps de famine dans son village ou quand il avait été trop frappé pour pouvoir volé quoi que ce soit. Mais cette fois ci, ce rat n’allait pas mourir pour le nourrir, mais pour le servir lui et son dieu! Le mage n’avait pas enlevé ses gants et il se pencha vers la créature totalement terrorisée. Ses deux mains s’abattirent sur le rongeur tel des étaux se refermant à jamais sur la vie de l’animal. La pression de ses doigts était trop forte et malgré toutes ses tentatives, la vie quitta le petit corps du parasite. Grogmar avait pris soin de juste pousser assez pour l’étouffer et faire en sort de ne pas trop abîmer l’animal, car il savait ce genre de bêtes fragiles et il fallait mieux qu’elle soit la plus fraîche possible pour sa futur mission. Il maintient la pression de longues minutes pour s’assurer que la bête ne vive plus, car elle était aussi fourbe que ses “camarades” nécromanciens et faire le mort faisait parti des atouts que leur avait donné la nature.

La créature bien morte, il la reposa dans le seau et commença à incanter les mots de magies permettant de relever les morts, mais en se concentrant pour ne viser que cette misérable créature. Il voulait qu’elle soit déjà prête à l’emploie quand l’heure viendra de s’en servir et puis… cela lui fera au moins une compagnie fiable dans ce foutu château.

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Incantation d'Invocation de Nehek : 14, réussie.
Le rat mort-vivant requiert 1 LN pour rester éveillé.
+1 xpms

Lorsque le nécromancien s'assura que la vie avait quitté la bestiole, il incanta son sortilège. Murmurant les mantras impies, il sentit l'énergie magique s'accumuler autour de lui. Ses doigts longs et fins façonnèrent l'Aethyr selon sa volonté, et il condensa la puissance qui se soumettait peu à peu à lui, la concentrant entre ses mains pour la diriger d'un trait sur le cadavre du rat. Il sentit le câble invisible se lancer depuis son esprit pour harponner l'animal mort, s'infiltrant à travers les chairs mortes pour venir lécher l'épicentre de cet être, se répandant dans chaque parcelle du petit corps, en prenant possession.

Le rongeur frissonna et fut prit d'un petit tremblement avant d'ouvrir les paupières. Ses yeux déjà vitreux se posèrent autour de lui, sur chaque élément de la pièce, et il se redressa lentement sur ses pattes en poussant un couinement inquiétant. Il resta là, sans bouger par la suite, attendant les ordres de son nouveau maître maintenant qu'il était asservi dans la mort.

[Grogmar]

Les vents de pouvoir étaient avec lui. Mais après tout, il s’agissait d’une vulgaire vermine et si ranimer des serviteurs zombies n’étaient déjà pas complexe, alors un simple rat, cela ne pouvait pas poser de problème à un nécromancien aussi puissant que lui. Le sorcier sourit intérieurement tout en mettant sa main dans le seau et en ordonnant mentalement à son serviteur de venir grimper sur son bras. L’animal répondit à ses ordres sans protester et avec la dévotion qui était due à son état de mort-vivant. Les petites griffes de la créature s’agrippait sur les vêtements du mage comme de petits harpons lui permettant de garder son équilibre sans trop de mal. Une créature fragile, mais qui semblait encore agile. Au moins pouvait-il fait ce pourquoi il avait été réanimé.

Le sorcier chercha ensuite à tester son contrôle sur la créature en se concentrant particulièrement sur elle. Il s’agissait d’un travail complexe, mais vu la taille du rongeur cela restait assez simple pour le mage expérimenté qu’était Grogmar. Il le fit d’abord se redresser sur ses pattes, tourner sur ses pattes arrières avec un contrôle total de la part du nécromancien pour éviter tout problème comme le ferait un marionnettiste. C’était assez amusant à voir et le sentiment de plein contrôle était grisant. Sans doute ne pourrait-il pas faire la même chose s’il avait plus de serviteurs à ses ordres, mais une seule de ses choses n’était clairement pas au dessus de ses capacités.

Une fois tous les tests de maniabilité réalisé, il ordonna à son rat mort-vivant de compagnie de monter sur son épaule. Une fois chose faite, il se concentra de plus bel. Il avait lu dans son grimoire dans la partie parlant du sort permettant de relever les corps qu’il était fait mention de la possibilité de voir au travers des yeux d’un de ses serviteurs. Il s’agissait de quelque chose qu’il n’avait jamais tenté, car il était également fait mention que pour réaliser une telle chose, il fallait très bien maîtriser la nécromancie et le contrôle sur le cadavre réanimé. Mais désormais, il était certain qu’il en serait capable maintenant qu’il était un nécromancien confirmé… et confiner à gratter du papier pour un vieux fou ne le considérant par mieux qu’une bouse de cheval ravalée par un rat et déféqué une nouvelle fois par celui-ci…

Il sentit la puissance de la magie et à un moment, il y eut comme une fracture mentale. En un battement de cils, la vision du nécromancien se décala d’une dizaine de pouces. Le sorcier, surprit, fit un bond en arrière et tomba au sol. Sa vision tombant alors en dessous du lit, il se vit un instant lui-même, couché sur le dos avant que sa vision de ses yeux revint à sa normale. Il regarda le rat, qui revint sur son épaule comme son dernier ordre lui avait demandé et sans doute sans même comprendre qu’il y était déjà allé. Le mage le regarda et caressa calmement sa fourrure encore tiède de vie, puis il ferma les yeux et se concentra une nouvelle fois. Il était excité par ce qu’il venait de vivre et voulait absolument retester l’expérience. La brisure revint et il ouvrit lentement les yeux qui une fois de plus n’était pas à l’endroit habituel. Il ordonna alors à sa créature de marcher sur son bras tendu, puis passer sur son autre main avant de remonter sur son autre bras pour aller sur son autre épaule. Donnant ses ordres à chaque fois, il pouvait les vivre par les yeux de la créature qu’il dirigeait. Un sentiment de jubilation total envahissait le magicien, il voyait à travers d’autres yeux que les siens!

Il amena ensuite sa créature sur son lit et il se regarda par ses yeux. Il s’agissait de la première fois qu’il se regardait lui-même, comme le ferait une autre personne et non pas comme en regardant un miroir. Cela semblait tellement différent, si étrange, mais après tout, la gauche devenait la droite sur un reflet, mais se dire qu’il y avait un tel changement! Il en rigola, physiquement pour une fois. Puis, il relâcha le contacte visuel, retrouvant ses yeux. Il prit ensuite la créature en main et la glissa dans le pli de sa robe, avant de redescendre pour le laboratoire.

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Alors que la nuit était bien avancée et que le jour n'allait pas tarder à se lever, Grogmar redescendit dans le Laboratoire. Il pouvait sentir le poids léger du rat mort-vivant dans la large poche intérieur de sa robe de nécromancien, immobile, attendant les ordres. Lorsqu'il poussa la porte, il s'aperçu que la salle principale, tout comme les alcôves, était vide. Les braseros disposés ça et là crépitaient doucement, éclairant la grande pièce au plafond de laquelle pendaient les grandes bannières décorées de mots en magikane nécromantique.

Quelques instants plus tard, il entendit des bruits de pas dans l'escalier. Délan et Bartholomé entrèrent dans la salle. Bartholomé s'installa à l'un des sièges qui entouraient la table circulaire en pierre tandis que Délan invitait Grogmar à faire de même.

- "Je suis heureux de voir que tu es venu. Ne sois pas aux abois, tu n'as rien à craindre de nous." dit-il, le regard masqué par la large capuche qui lui couvrait la tête. Il prit place à son tour et croisa les mains dans ses manches tandis que Bartholomé examinait l'impérial, silencieux. "Nous aimerions t'entretenir d'un plan auquel nous réfléchissons depuis quelques temps déjà. Tu l'as sans doute remarqué, mais sire Rachard ne semble pas disposer à nous transmettre son savoir. Disons qu'il se sert plutôt de nous comme de simples scribes pour effectuer la besogne qu'il juge indigne de sa personne afin de lever son armée au plus vite. Nous sommes comme toi, mon ami. Nous n'aspirons qu'à plus de connaissances et de pouvoir, pas à décorer des parchemins et à obéir aux ordres à longueur de journée." expliqua-t-il à voix basse avant de marquer une pause. Il échangea un regard avec Bartholomé, avant de continuer. "Nous comptons tuer Rachard."

Quelques secondes de silence s'écoulèrent, avant que Délan ne reprenne.

- "Il est puissant, mais si nous nous unissons, nous serons suffisamment puissants pour l'occire. Ensuite, nous le relèverons et nous en servirons de pantin pour donner des ordres à ses larbins, pendant que nous resterons ici et nous abreuverons du savoir que contient cette salle." dit-il en désigna la bibliothèque. "En revanche, Jestan ne doit pas être au courant. Il est bien trop pernicieux et pourrai nous trahir à tout moment. En outre, je le crois fidèle à Rachard, ce qui ne ferai que nous gêner. Il doit mourir, lui aussi."

[Grogmar]

Le nécromancien était descendu au laboratoire, son petit familier nécromantique dans la poche de sa robe. Il s'agissait d'un petit animal qui allait lui être très utile pour ce qu'il désirait faire : tuer de manière furtive quelqu'un. Comment en douter un instant quand on savait que ces parasites étaient capable de venir durant la nuit pour manger des choses se trouvant juste à côté de soi ? Il lui fallait toutefois récupérer de l'encre pour permettre de rendre terriblement dangereux la normalement bénigne morsure du rongeur. La quantité de mutagène nécessaire pour provoquer une mutation n'était sans doute pas très grande et les dents terriblement aiguisée d'un rat pouvait lui permettre de manger un lobe d'oreille sans même que la personne mutilée ne se réveil ! C'était une chose terrible que le sorcier avait pu voir à quelque reprise dans le village où il avait grandi. Les paysans n'étaient pas toujours très propre et la nourriture qu'ils laissaient parfait traîner sur leur couche amenait les rats jusqu'à leur lit qui ne résistaient ensuite pas à l'idée de manger un peu de viande fraîche. Par chance, si on pouvait appeler cela de la chance, le mage n'avait jamais eu trop de quoi manger et quand il en avait, généralement, il s'en nourrissait directement, ne laissant pas la moindre miette pour les rongeurs.

Une fois arrivé au Laboratoire qui avait été vidé de tous ses occupants. Le sorcier pouvait voir le travail des différents mages exploités par le seigneur des lieux qui ne les traitaient moins bien que les cadavres dans la grotte aux fosses. La dite grotte qu'il avait dit accessible aux nécromanciens, mais comme pour toutes ses promesses, il s'agissait une fois de plus d'un mensonge totalement éhonté. En y repensant, le Loup en eut des bouffées de rages, c'était vraiment beaucoup trop pour lui. Comment était-ce seulement possible d'aussi mal considérer ceux qu'il avait présentés comme ses acolytes ! Mais bientôt il allait payer pour ce qu'il lui avait fait subir et ses magiciens allaient également subir le courroux du sorcier. Mais pour l'heure, il devait d'abord attendre un de ses camarades nécromancien qui désirait lui parler. Il n'avait pas intérêt à chercher à le combattre, sans quoi, il serait sans aucune pitié à son égard !

Des bruits de pas se firent attendre après un temps d'attente qui sembla durer une éternité, tout ce temps était du temps perdu dans sa quête de l’immortalité après tout. Le grimoire qui lui permettrait de devenir une liche ! Un serviteur éternel pour son dieu vampirique ! Il ne pouvait pas attendre, il devait le trouver pour pouvoir rassembler le matériel nécessaire à son lancement sans tarder ! Patience... Patience, ton temps viendra. Le ténébreux regarda les deux hommes rentrer dans la pièce. Deux ? Comment en douter... ils voulaient le tuer ! Le sorcier allait passer à l'attaque quand Délan l'invita à s'asseoir et le rassura sur ses intentions. Il ne désirait pas le combattre ? Bien, cela restait à voir, car le nécromancien ne voulait plus faire confiance à personne. Mais après tout, qu'avait-il à perdre ? Du temps, bien sûr... mais si cela lui apportait des alliés d'un moment pour accomplir son plan, alors pourquoi pas le faire ?

Ainsi, eux aussi désiraient tuer un autre nécromancien. Beaucoup de mort, mais au final, c'était bien normal et tandis qu'avant son voyage, le sorcier avait eu encore envie de continuer l'aventure avec Sir Rachard, désormais ce n'était plus le cas. Toutefois, comment savoir qu'ils n'étaient pas eux-même de mèche avec Sir Henri et qu'il ne s'agissait pas d'un piège pour de détruire ? Le sorcier n'arrivait pas à le savoir, car après tout, il n'était décidément pas fait pour les intrigues. Tuer Jestan ? Il s'agissait de sa plus grosse menace pour le moment, sans nul doute qu'il était là depuis bien plus longtemps que les autres. Une chose ne pesait d'ailleurs pas en sa faveur, son rire... Le nécromancien ne le supportait tout simplement pas ! Bien.. soit. Le sorcier parla de sa voix neutre en fixant tour à tour les deux autres nécromanciens :

-Voilà un plan audacieux que vous me présentez là. Autant vaincre Sir Rachard et Jestan ne semble pas compliqué, autant tromper l'ensemble de ses serviteurs avec une marionnette, me semble quelque peu précaire. Combien de temps croyez-vous qu'il faudra pour que ses chevaliers se rendent compte de la supercherie et nous fassent tous pendre ? Connaissez-vous seulement le nom de tous ses plus hauts gradés ? Et comment espérez-vous duper Fangon ?... Vous permettez ?

Il se releva tout en sortant son rat pour le poser sur son établit, d'ouvrir l'encrier et à l'aide de sa plume, déposa quelques gouttes sur ses dents intérieurs pour être certain que l'encre ne coule pas. Après quoi, il se retourna vers ses interlocuteur avant de continuer.

-Bien, gageons que je vous fasse confiance pour ne pas être des serviteurs dévoués de Sir Rachard. J'ai un bien meilleur plan que vous qui nous donnera l'ensemble du fief. Mais vous devez faire ce que je vous dis de faire. C'est bien claire ? Bien. Commençons, vous connaissez bien mieux le château que moi, c'est évident, puisque vous êtes ici depuis plus longtemps que moi. Vous devez donc savoir où se trouvent les différents puits de ce fief, je me trompe ?

Il laissa le temps aux deux nécromanciens de répondre avant d'ajouter :

-Bien, savez-vous si Rachard est remonté de la grotte et si oui, s'il a également remonté la caisse remplie de malepierre ?

[[MJ] Le Grand Duc]

Ses deux confrères échangèrent un nouveau regard.

- "Rachard est remonté dans ses appartements dans la nuit, et ses gardes portaient la caisse que vous avez ramené de Mornemont." répondit Bartholomé d'une voix creuse.

- "Tout ce que nous voulons, c'est nous débarrasser de lui et de nous emparer des ouvrages que contiennent sa bibliothèque. Après tout, nous ne sommes pas obligés de rester ici. Pourquoi ne pas s'installer dans les grottes que vous avez découvert ? J'ai entendu dire que vous y aviez trouvé maintes choses intéressantes." continua Délan, le regard toujours masqué par sa capuche. "En ce qui concerne Castel Rachard, il existe un puits dans la grande cour ... J'espère que vous ne pensez pas à l'empoisonner. Nous-mêmes n'aurions nulle part où nous abreuver !"

- "Peut-être ... mais je dois avouer que c'est un plan ambitieux ..." murmura Bartholomé, un éclat dans l'oeil et un sourire sordide se dessinant au coin de ses lèvres.

Des bruits de pas se firent entendre dans le grand escalier, et les trois nécromanciens se firent immédiatement silencieux. Jestan poussa la porte de la grande salle et posa le regard sur Grogmar et ses compagnons conspirateurs. Il les fixa avec intensité pendant quelques secondes, son visage au teint cireux n'arborant aucune expression, avant de se fendre d'un large sourire et de partir d'un petit rire.

- "Bien le bonjour, chers confrères ! Vous voilà bien matinaux ! Parfait, voilà qui annonce une belle journée de travail, oui, oui !" dit-il en se frottant les mains, se dirigeant vers son alcôve garnie d'alambics, non sans jeter un regard étrange à Grogmar.

[Grogmar]

Le nécromancien fut fortement déçu d'entendre que la malepierre était repartie de là où elle était venue. Ainsi Sir Rachard prenait des précautions supplémentaires à ce propos. C'était assez ennuyeux, car avoir directement la malepierre sous la main aurait été d'un atout non négligeable pour son plan. Ses deux acolytes avaient semble-t-il compris où il venait en venir, bien que Délan ne semblait pas très emballé par l'idée, son autre camarade semblait quand à lui bien plus fiable à ce niveau là. Bien, il s'agissait d'une chose importante, mais au final, l'encre devrait suffire pour corrompre l'eau du puits et le volume d'eau assez important pour en diluer la couleur et en cacher suffisamment la présence pour que les gardes et les autres gueux ne s'en aperçoivent que trop tard. Le sorcier allait répondre à la remarque que lui avait fait Délan quand des bruits de pas se firent entendre. Le mage se tourna presque immédiatement pour s'asseoir sur la chaise de son bureau.

Jestan arriva l'instant d'après dans le Laboratoire. Quelle idée aussi d'organiser une réunion en fin de soirée, début de journée... Enfin bon, le jeune homme pourra toujours continuer sa conversation un peu plus longtemps une fois le soir venu. Mais pour l'heure, Jestan devait mourir ! Il ne fallait surtout pas qu'il puisse parler à Sir Rachard et lui dire qu'il les avait vu aussi tôt. Sans quoi, le seigneur des lieux allait sans doute faire quelque chose qui ne plairait pas aux trios. Bien, l'opération était assez simple. Tandis qu'il était toujours assis sur sa chaise, le sorcier ressortit son rat qu'il posa sur le sol à ses pieds. Ensuite, il se leva et se dirigea vers la loge de Jestan d'un pas rapide, laissant sa créature cachée dans la sienne pour le moment.

Son plan était assez simple, distraire Jestan pour permettre à la créature de lui mordre le mollet. Bien, commençons. Il lui parla de sa voix neutre comme la mort qui allait bientôt frapper son ancien allié. Une douce trahison qui pour une fois n'était pas contre lui, mais de son impulsion. Il fallait le dire, c'était bien plus drôle à faire que de se faire soit même trahir. Le magicien garda son visage tout aussi figé qu'à son habitude et se penchant sur le bureau de son acolyte Jestan, il lui dit :

-Dit moi, mon ami. Je me demandais où en était ton travail sur la substance que je t'ai confié. Sir Rachard ne nous prête pas d'attention pour le moment et j'aimerais la lui présenter s'il venait à passer ici aujourd'hui. J'en profiterais pour lui rappeler ce qu'il m'avait promis, en espérant qu'il respecte sa promesse... Et je n’oublierais pas ta participation et ton grand aide, nous progresserons ensemble vers les sommets de la connaissance.

Tandis qu'il lui parlait, son regard autre chose, il guidait un animal fourbe comme le Loup et guider de sa main. Le rat longeait le mur pour ne pas être vu, progressant de ses pas totalement silencieux et furtifs. Avançant en faisant attention et aussi rapidement que ses pattes encore fraîche le lui permettait. Le contrôle d'un tel animal n'était pas complexe, loin de là. Le sorcier pouvait même faire semblant de regarder ce que lui montrait Jestan, s'il lui montrait quelque chose, grâce à la vision de l'animal qui certes en contrebas pouvait tout de même voir toute la scène.

Avancer, arriver en dessous de Grogmar et passer en dessous de la robe de l'autre mage pour grimper rapidement et planter ses crocs dans la chaire à nue du malheureux qui n'aurait alors plus aucune chance. La malepierre pénétrant dans sa peau et dans son sang sans qu'il ne puisse s'en débarrasser. Les mutations qui allaient s'en suivre allaient lui être fatal ou au moins seraient-elles suffisante pour donner une excuse au sorcier pour qu'il l'abatte sans somation et en déclarant ensuite qu'il n'avait pas eu le choix, car il était devenu dangereux. Après, il ne s'agissait plus que de dire que Jestan était là avant eux et qu'il était comme cela quand ils sont arrivés et son histoire serait alors emportée par le flot d'incompétence qui aurait provoqué sa mort.

Une triste fin, sans doute, mais elle servirait la cause du Loup sombre et rien que pour cela, le sorcier ne s'en voudra pas un seul instant. Sauf si, bien sûr, les deux autres sorciers se révélaient être des traîtres à leurs tours, car cela aurait alors voulu dire qu'il venait de tuer son seul allié... Mais il les tuerait simplement aussi. Rien de bien compliqué pour un sorcier tel que lui.