[Grogmar] De res mortuum

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Malgré la délicatesse avec laquelle Grogmar saisi les parchemins, ces derniers se morcelèrent et tombèrent en poussière à peine effleurés. Qui sait depuis combien de temps ils étaient enfermés ici ? La boîte en métal elle-même était considérablement détériorée par l'humidité ambiante et les parchemins avaient donc subi l'altération implacable du temps et des éléments. La poussière tomba entre les mains du nécromancien sans qu'il puisse y remédier, détruisant sans qu'il ne s'en préoccupe réellement des documents à la valeur archéologique inestimable. Fangon tira une moue.

- "Je doute que nous aurions pu les déchiffrer. Ils étaient probablement rédigés en Bretonni, une langue ancienne et oubliée depuis longtemps." dit-il d'un ton plat. Lui-même semblait peu s'intéresser au potentiel historique d'un tel endroit, et reparti inspecter les étagères à la lueur de la torche.

Test de Conscience de la magie : réussite automatique (toucher)

Les figurines de malachite, en revanche, révélèrent un tout autre intérêt. Lorsque Grogmar les manipula, il pu tout de suite sentir l'énergie caractéristique de la magie qui en émanait. En revanche, la puissance enfouie que le nécromancien pouvait y capter n'était pas celle, si particulière, des Vents de Magie ou de leur dépôt corrompu formé par la Dhar. Grogmar n'avait ressenti une telle manifestation qu'une seule fois : lorsqu'il avait ramassé l'épée bénie du véritable François de Picotin. D'après ce constat, il lui paraissait évident que ces figurines n'étaient pas enchantées à l'aide de procédés permettant de fixer un tant soit peu l'instabilité des Vents, mais plutôt par les faveurs d'un Dieu, comme la manifestation terrestre et magique d'une entité supérieure. Ces interventions divines étaient bien moins puissantes que la manipulation des courants aethyriques purs, mais étaient beaucoup plus stables, moins éphémères ou imprévisibles, ce qui expliquait certainement que malgré les siècles voir les millénaires, ces figurines bénies émanaient encore de l'aura de leur enchantement.

A la différence des parchemins, elles étaient admirablement bien conservée. La malachite était une pierre verte veinée de blanc, et comme toutes les pierres précieuses ou semi-précieuses elle représentait un socle solide pour la fixation de la magie. Les figurines étaient finement taillées et travaillées, contrastant avec l'aspect brut et rocheux des blocs de pierre et des constructions qui se trouvaient dans cette grotte. Elles représentaient des formes humaines aux traits et aux postures primitifs et stylisés mais cependant distinctifs. La première représentait un homme, probablement un guerrier à en juger la hache à double tranchant qu'il tenait contre lui. Il avait une longue barbe qui lui tombait jusqu'aux pieds et des cheveux longs, ainsi qu'une couronne de branches où des feuilles étaient finement ciselées. La seconde statuette de malachite représentait un autre homme à la barbe plus courte et aux torse large. Il n'avait pas de jambes, et son corps se terminé en une espèce de queue de poisson écaillées. Il avait un air courroucé, et une couronne de varech. La troisième figurine représentait une guerrière. Elle était entièrement nue et portait une épée archaïque contre son épaule. Ses pieds reposaient sur un parterre de crânes stylisés. La quatrième, enfin, représentait un homme lui aussi entièrement nu et imberbe. Il portait également une épée ainsi qu'un long bouclier rectangulaire portant une bulle au centre.

Ces figurines enchantées étaient des plus étranges, et Fangon se pencha dessus, ayant terminé ses recherches infructueuses auprès des étagères de pierre.

- "Ce sont probablement des effigies de dieux. Elles devaient être enterrées avec les morts. Je pense que nous nous trouvons dans un tombeau ancien, messire Grogmar."

[Grogmar]

Le nécromancien fit la moue quand le parchemin qu’il avait pris se transforma en poussière sans qu’il n’ait pu en voir ce qu’il y était écrit. Mais comme Fangon le dit, il s’agissait sans doute de texte en vieux bretonnien qu’il n’aurait de toute manière pas pu traduire et qui n’aurait pas eu d'intérêts hormis peut être d’un point de vue historique, ce dont le nécromancien n’avait que faire. Il devra donc trouver à un autre endroit des textes nécromantiques. Les statuettes quant à elles étaient bien d’origine magique ou plutôt divine. L'arbalétrier lui indiqua d’ailleurs l’information qu’il savait déjà en lui disant qu’elles devaient être des représentations de dieux. Le magicien lui parla alors tout en les redéposant dans la boite en métal. Car il n’avait que faire de ces babioles qui brûlaient son dieu à lui.

-Ce n’est pas seulement des statuettes représentant des dieux, elles ont été bénies par l’un d’eux. Tu peux les prendre si tu veux, ce n’est pas mon dieu donc pour ma part je n’en ferais rien.

Ce lieux était décidément étrange, pourquoi placer un lieu de cérémonies funéraires dans un pareil endroit. Les anciens habitants de cet endroit étaient décidément bien étrange pour le nécromancien qui aurait plus vu une pièce comme celle-ci dans un temple. A moins que cette endroit soit un temple? Il ne saurait le dire avec les maigres informations qu’il avait réussi à recueillir. Quoi qu’il en soit, il referma la boite en métal pour la laisser là où elle était. Il ne prêta d’ailleurs pas trop d’attention à savoir si Fangon décidait de toutefois reprendre avec lui les statuettes, car à ses yeux elles n’avaient aucune valeur autre que sentimental et si elle avait permis de lutter contre la corruption il l’aurait senti autour de lui avec une baisse de la force magique dans cette pièce. Ce qui ne semblait pas être le cas. Il chercha tout même à vérifier la chose en ce concentrant plus que ce qu’il le faisait pour le moment. Puis il quitta la pièce pour se diriger vers l’autre maison.

Sa blessure lui faisait toujours mal et il ne voulait pas se balader plus que de raison. Ainsi désirait-il en finir rapidement avec l’exploration sommaire de cette grotte à l’allure intéressante aux premiers regards mais qui semblait moins intéressante ensuite. Peut être se trompait-il à ce niveau, il l’espérait en tout cas. Mais dans tous les cas, il ne ferait de fouilles plus approfondie qu’après une nuit de sommeils qu’il espérait réparateurs. Mieux valait ne pas prendre trop de risque, car nul ne savait ce qu’il y avait encore dans cette grotte et autant dire qu’il préférait être en forme si quelque chose devait arriver.

Il jeta un nouveau regard à la grotte. Elle était vraiment jolie et il pria son dieu pour qu’il puisse un jour y vivre sans risquer sa santé physique. Mais pour cela, il n’y avait que deux solutions. La première et pas forcément la plus simple, consistait à réussir à purger la zone ou en tout cas déterminer si on pouvait y vivre sans forcément devenir un monstre comme ceux qu’il avait combattu. La deuxième peut être plus simple ou plus complexe, il ne le savait pas vraiment, consistait à abandonner sa condition de simple mortelle. Mais le problème était que dans les deux cas, il n’avait pour le moment pas la moindre idée de comment faire pour y parvenir et il espérait secrètement qu’il pourrait trouver une solution dans cette grotte.

Il plongea son regard vers le lac en contrebas, comme il aurait aimé si baigner s’il n’avait pas craint de devenir un monstre mutant ou simplement d’être attaquer par quelque chose qui pouvait s’y tapir dans ses profondeurs. Mais il ne perdait pas espoir, un jour il trouvera le moyen de faire de ce lieu son repère et de le façonner comme il le désirera. Car il était un nécromancien plein de ressources et qu’il servait un puissant dieu vampirique. Comment douter dans ces conditions? Grogmar ne le savait pas, car il ne doutait pas. Le prieuré de Mornemont était à lui et toute ces grottes en faisaient partie.

[[MJ] Le Grand Duc]

Fangon haussa les épaules et prit les figurines qu'il glissa dans une bourse à sa ceinture, ainsi que les quelques pièces d'or que contenaient encore le coffre. Il saisit à nouveau la torche et suivi Grogmar sans un mot tandis qu'ils sortaient du premier bâtiment et descendaient l'escalier. A leur gauche se dressaient les grands piliers de roche et le sentier éclairé de braseros par lequel ils étaient à arrivés, tandis que droit devant eux se dressait une longue arche en pierre qui enjambait la ravine boisée dans laquelle se trouvait le petit lac, reliant ainsi les deux paliers bâtis de la grotte. Fangon s'avança en premier, faisant signe à Grogmar de rester en arrière.

- "Nous sommes peut-être les premiers à franchir ce pont depuis des millénaires. Mieux vaut vérifier qu'il est assez solide pour que nous passions." dit-il en s'avançant lentement sur l'édifice. Il marchait avec une lenteur et une délicatesse extrême, se livrant à un examen précis avec sa torche, à l'affût de fissures ou de craquements caractéristiques. Fangon franchi les trente mètres du pont sans incident, et fit signe à Grogmar de le suivre.

Le second palier était somme toute similaire au premier. De gigantesques piliers sculptés s'élançaient depuis le sol jusqu'à la voûte tandis que devant eux se trouvait un second édifice, bâti à même la paroi rocheuse. Cependant il semblait ne pas y avoir d'entrée. A la place, une gigantesque fresque couvrait toute la façade.

Le temps et les éléments avaient altérés certains motifs, mais le fin travail des sculpteurs d'antan était encore visible à bien des endroits. Les gravures représentaient des scènes de bataille, de célébrations et de rituels. On y voyait des rangs de soldats stylisés, des chars de guerre tirés par de lourds chevaux, des sacrifices et des libations en l'honneur des dieux, et même des scènes de la vie courante comme des chasses au sanglier, des travaux des champs ou encore des enclumes de forgeron et des bûcherons abattant un arbre. Tous les personnes avaient des traits simplifiées, preuve de la limite des techniques des sculpteurs de l'époque, mais tous présentaient des tatouages sinueux gravés sur leur peau et de longues moustaches et barbes. Fangon observait ces sculptes avec un regard émerveillé et marchait lentement de long en large, éclairant chaque frise avec sa torche, parcourant cette oeuvre d'art antique d'un œil attentif.

- "Ces sculptures semblent raconter une histoire, messire Grogmar. Il y a un personnage récurrent." indiqua-t-il en désignant l'un des personnages gravés dans la roche. A y prêter attention, on pouvait en effet remarquer les atours, la barbe et la couronne stylisée d'une même personne sur plusieurs frises. Ce personnage semblait occuper différentes positions sur les scènes du pan de mur, tantôt juché sur un char à la tête de guerriers, tantôt présidant une table de banquet, ou assit sur un haut siège surplombant des terres représentées par des arbres et des montagnes primitives. La pièce centrale de la paroi représentait cependant une série de scènes où ce personnage récurrent était absent, comme si la gravure centrale représentait une autre histoire, une autre trame dans laquelle s'inscrivait celle du personnage couronné.

Les cadres centraux de cette gigantesque fresque murale se déclinait en une dizaine de scènes. Sur la première, un homme à la barbe courte et au corps de poisson semblait s'adresser à une guerrière nue. Les intempéries avaient en partie effacé les gravures, mais on pouvait facilement distinguer une petite niche vide encastrée dans la paroi en relief, dans laquelle reposait un réceptacle de pierre. Dans le second cadre se trouvait à nouveau la jeune femme nue, entourée de silhouettes de guerriers aux longs boucliers, casques coniques et armés de lances. Le troisième cadre représentait une scène de bataille terrible où la femme nue découpait des dizaines de têtes qui tombaient à ses pieds tandis qu'autour d'elle des guerriers s’entre tuaient des des scènes au réalisme époustouflant. Le quatrième cadre représentait la terrible guerrière nue victorieuse, juchée sur une montagne de crânes et levant haut son épée. Dans ce quatrième cadre se trouvait également une niche vide, semblable à celle du premier. Dans la cinquième scène, la guerrière nue était attablée avec un homme, nu lui aussi, portant une épée semblable attachée au flanc. Les deux cadres suivants les représentaient côte à côte dans des scènes de batailles et de festins, de victoires et de célébrations, en de nombreuses petits miniatures sculptées avec finesse. Le fin de la septième scène était en partie effacée par l'humidité, à tel point que le huitième cadre, dont on devinait simplement les rebords, était entièrement lisse et illisible. Il était cependant creusé d'une autre niche au réceptacle de pierre lui aussi. Le neuvième cadre représentait l'homme au corps de poisson face à un vieillard équipé d'une grosse hache finement décorée. Autour d'eux, des vagues stylisées étaient dressées comme des murs d'eau implacables, prêts à s'abattre. Enfin, dans le dernier cadre étaient représentés le vieillard à la hache penché sur la guerrière nue, couchée sur un matelas de crânes et entourées d'arbres aux feuilles fines. Ce dixième cadre était, lui aussi, percé d'une niche à réceptacle.

Test d'Int : 9, réussi.

En observant les contours de la frise centrale avec attention, Grogmar remarqua qu'elle était légèrement plus enfoncées dans la paroi que le reste des gravures, comme si elle était un élément imbriqué dans le mur, à la différence des autres sculptures qui étaient simplement faites à même la paroi rocheuse de l'édifice.

Fangon examinait ces frises et plus particulièrement cette pièce centrale avec émerveillement, éclairant chaque élément avec sa torche et caressant les aspérités de la roche sculptée des doigts.

- "Voilà un travail magnifique. Cette séquence en particulier me rappelle une vieille légende du Moussillon, qu'on raconte aux enfants." dit-il évasif, avant de reprendre sa contemplation.

Te voilà face à un énorme pan de mur sculpté de vingt mètres de long sur trois de haut. A toi de jouer.

[Grogmar]

Le nécromancien avait regardé Fangon traverser le pont de pierre. Il n’avait pas pensé que ce dernier pouvait s’être fragilisé avec le temps et il remercia intérieurement cet homme de l’avoir prévenu du danger potentiel que cela pouvait impliquer. Par chance, surtout pour l'arbalétrier, la structure était bien plus solide que ce que son âge laissait à penser. Grogmar traversa rapidement après lui quand le chemin fut décrit comme sûr. Il n’aimait pas trop être sur un chemin dont il pensait désormais qu’il pouvait s’effondrer sous ses pieds et il ne voulait donc pas rester sur celui-ci plus longtemps que nécessaire. Question d’instinct de survie évidente. Une fois arrivé de l’autre côté, il put remarquer que le second édifice était sculpter directement dans le mur de la grotte et il eut beau chercher du regard, il ne trouva pas de traces d’entrée. Pourquoi construire une structure sans porte se demanda le sorcier tandis qu’il s’approchait de l’édifice.

C’est là qu’il se rendit compte que les sculpteurs avaient fait un très joli travail sur le mur, gravant des scènes de toutes beautés. Combien de temps cela vait-il pu prendre? Et se dire que cette oeuvre était encore visible autant de temps après sa réalisation était bleffant. Mais cela soulevait une autre question, que cachait ce relief? Le nécromancien aurait bien relevé sa clique de morts-vivants pour qu’ils creusent le chemin s’il ne s’était pas dit qu’étant dans un endroit contenant quatre statuettes divinisées, cet endroit si devait également l’être et cela risquait de faire plus de dégâts de son côté que de celui de ce passage. Il se résigna ainsi à regarder plus attentivement les différentes scènes à la recherche de ce que cela pouvait bien dire.

Il remarqua bien vite qu’il y avait quatre alcôves, soit le même nombre que de statuettes ce qui ne pouvaient pas être un hasard. Il demanda ainsi à Fangon de les lui rendre pour qu’il les examine une nouvelle fois. Il put ainsi constater que les statuettes étaient bien en lien avec les scènes, pour la simple et bonne raison que chacune d’elle représentait un des personnages d’une des scènes contenants une niche. Il regarda avec attention ces dernières avant de trancher une bonne fois pour toute. Cela ne pouvait pas être une coïncidence et les trous semblaient être fait pour accueillir les statuettes ce qui ne pouvaient être qu’une preuve de plus qu’il ne se trompait pas. Il s’agissait des clés pour un passage secret qui pouvait être remarqué si on regardait plus attentivement les contours de la fresque centrale. Il ne réfléchit pas plus, car cela n’aurait fait que torturer sa cervelle sans permettre d’apporter de réponse. Au final, sans essayer, on ne pouvait pas savoir si cela allait marcher ou non. Il espérait juste ne pas se tromper ou que cela ne lui retombe pas dessus par un maléfice. Il n’était pas suffisamment en forme pour supporter plus que de raison de nouvelles blessures, en soit aucune.

-C’est un passage secret et ces statuettes en sont la clé. Je crois avoir compris, attendez…

Il prit alors la statuette de l’homme-poisson qu’il plaça dans la première des quatre alcôves, puis la statuette de la femme nue qu’il plaça dans la seconde alcôve avant de placer l’homme à la longue barbe dans la quatrième et la dernière statuette dans la troisième. Il s’agissait de la seul qui n’était pas décrite dans les scènes, or, la troisième alcôve était également celle dont la scène avait été détruite avec le temps. Il ne pouvait donc que s’agir de cette place là, cela ne faisait aucun doute.

Le nécromancien se recula ensuite pour voir ce qui se passait. Il sentait la tentions monter dans tous ses membres et une boule se former dans son estomac tandis qu’il regardait la porte cachée. Car il savait qu’en cas d’erreur, ce genre de porte ne devait pas pardonner. Il s’agissait de la défense de la pièce après tout et si rien n’agissait pour empêcher les tentatives, cela n’avait aucun sens. Bien qu’il est vrai que le simple fait de rassembler les quatre clés étaient déjà une sécurité en soi. Enfin soit, son destin était de toute manière scellé à partir du moment où il avait mis la dernière statuette en place.

Donc comme je l'ai dit sur la chatbox: 2/3/4/1
Pourvu que je ne me sois pas trompé

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Lorsque Grogmar positionna la quatrième et dernière statuette et se recula vivement, un terrible grincement retentit, suivi d'une secousse brusque qui fit tomber de la poussière depuis l'encadrement de la fresque centrale. Le nécromancien et son compagnon retinrent leur souffle, dans l'attente, sous une pression et un suspens insupportable. Il ne se passa rien pendant quelques secondes jusqu'à ce que soudain, les quatre statuettes se mettent à émettre une lueur pâle et que les quatre alcôves se retournent sur elles-même avec un grincement strident, faisant disparaître les figurines de malachite. Une nouvelle série de grincements se firent entendre et se répercuta sur les paroi de la caverne jusqu'à ce que le sol lui même se mette à trembler à mesure que le pan central du mur sculpté ne pénètre lentement dans le sol. Les secousses soulevèrent une nuage de poussière opaque qui aveugla Grogmar et Fangon tandis que ce dernier saisissait son arbalète en toussant et en se couvrant le visage dans le creux du coude. De petits morceaux de roche et des filets de poussières tombaient également de la voûte, pleuvant autour des deux explorateurs qui se retrouvèrent complètement enveloppés dans un écran de poussière épais et étouffant.

Le grincement strident et les secousses cessèrent enfin et la poussière finit par retomber lentement, dévoilant un nouveau et large passage creusé à même la roche, par delà la frise, s'enfonçant dans la montagne. Fangon jura à voix basse en s'époussetant.

- "Par les tétons pointus de la Dame ..." murmura-t-il sans même s'en rendre compte, parcourant la fresque trouée par le passage du regard, ébahi.

Il garda son arbalète -chargée- dans une main, et ramassa la torche encore allumée de l'autre, s'avançant lentement jusqu'à l'endroit où, quelques instants plus tôt, le pan central se dressait encore. Il n'était maintenant plus qu'une ligne épaisse encastrée dans le sol, et Grogmar remarqua un levier en métal rouillé de l'autre côté, à l'intérieur du couloir pavé qui venait de s'ouvrir. Ce levier permettait certainement d'ouvrir et de fermer cette porte impressionnante depuis l'intérieur.

- "Je n'arrive pas à croire qu'un tel mécanisme puisse avoir été bâti par des hommes dans des temps si reculés. Personne n'a dut entrer dans cette tombe depuis des siècles ... des millénaires." lâcha Fangon.

Ils s'avancèrent lentement dans le couloir obscur, éclairés par la torche. La voûte et les murs étaient sculptés dans la roche, et les pavés qui jonchaient le sol était déchaussés par des racines ou des aspérités du terrain par endroit. Alors qu'ils étaient à mi chemin, le grincement retentit à nouveau, provoquant une nouvelle secousse. Fangon se retourna vivement en levant son arbalète d'une main pour voir la porte gravée de refermer derrière eux, celant le passage. A mesure que l'imposant pan de mur se relevait comme par magie, ils virent apparaître à nouveau les quatre statuettes de malachite dans leurs alcôves qui s'étaient donc retournées vers l'intérieur, irradiant doucement de leur lumière vert pâle dans le noir. Une fois la porte ouverte et refermée, il était donc impossible pour une personne à l'extérieur de pénétrer dans cette partie du sanctuaire à moins de démolir le pan de mur, ce qui était certainement impossible vu l'épaisseur de ce dernier.

Fangon resta un instant interdis en voyant ainsi le passage se refermer, puis se retourna pour continuer à marcher le long du tunnel sculpté, suivi de Grogmar. Ils parcoururent ainsi une trentaine de mètres, s'enfonçant vers l'inconnu obscur, pour passer un encadrement en pierre et déboucher sur une vaste salle dont la voûte se perdait au delà de la lumière de la torche. Fangon fit signe à Grogmar se s'arrêter en silence, et avança avec une lenteur extrême, à l'affût, jetant des regards avertis tout autour de lui dans les ombres. Sa torche éclaira une sorte d'autel sur lequel se dressaient des chandeliers en fer rouillé où étaient encore juchées de vieilles bougies. Il les alluma une à une avec la flamme de sa torche et à mesure que la lumière fit place à l'obscurité, un spectacle aussi époustouflant que morbide se dévoila à eux.

Ils étaient au cœur du tombeau. Devant eux, sur une table de pierre aux angles sculptés en forme de têtes de dragons, se trouvait un cadavre desséché couché sur le dos dans une position sereine, les mains croisées sur le thorax. Qui sait depuis combien de temps ce corps dormait-il ainsi ? Derrière la table se trouvait un magnifique coffre en bronze décoré de gravures représentant des scènes de chasse et de bataille, qui semblait scellé par de lourdes chaînes rouillées. Plus loin, après quelques marches, se trouvait un autre autel garni de bougies que Fangon alluma une à une. L'autel était encadré par deux énormes coffres de pierre eux aussi sculptés de motifs archaïques et de scènes antiques. Ces coffres, plus grands qu'un homme, étaient fermés par une grosse dalle de roche.

Fangon observa tout cela en silence, entre appréhension et émerveillement, et commença à longer les murs de la salle pour les éclairer de sa torche. La surprise des deux compagnons ne s'arrêtait pas là : les murs eux-même étaient trouées de cavités allongées et creusées par la main de l'homme, et ce sur plus de trois étages. Chacune de ces alcôves mortuaires abritait un squelette aux orbites vides, engoncé dans un linceul de cuir et de tissu délavé et rendu miteux par les siècles passés dans cet endroit, dont seul le crâne blanc dépassait. A côté de chaque squelette ainsi emmailloté reposaient des armes anciennes, faites de bronze ou de fer grignoté par l'humidité. Il y avait des épées antiques, des haches, des masses, des boucliers rectangulaires et même des pointes de flèche, en plus d'urnes en métal poli remplies d'ustensiles de la vie courante et d'objets sans valeur. Fangon ne pouvait s'empêcher de pousser des séries d'exclamation en faisant le tour de la pièce, dévoilant vingt, trente, quarante .... plus de quatre vingt de ces tombes creusées à même les murs. Il revint vers Grogmar après avoir allumé de nouvelles bougies un peu partout dans la pièce.

- "C'est une découverte incroyable, messire Grogmar. Incroyable. Nous nous trouvons probablement dans la tombe d'un roi qui fût jadis puissant." dit-il à voix basse en tournant la tête vers le cadavre nu et desséché, au centre de la pièce.

[Grogmar]

Le nécromancien resta un moment interdit quand le mécanisme se mit en branle. Le simple fait qu’il soit encore en fonction après autant de temps était déjà étonnant. Mais il était surtout surpris par l'ingéniosité des anciens hommes qui ne connaissaient même pas encore la magie à cette époque. C’était tout bonnement fabuleux. La maîtrise que cela devait nécessiter était tout bonnement gigantesque et désormais cette porte et ce qui se trouvait derrière lui appartenait. Plus rien ne protégeait les trésors que devaient cacher ce dispositif. Il entra donc à la suite de son garde du corps qui prenait son temps, craignant sans doute que d’autres protections soient encore présente dans la salle.

Le sorcier remarqua le levier qui devait permettre d’ouvrir et de fermer le dispositif de l’intérieur. C’était malin si on ne voulait pas être enfermer à l'intérieur ou simplement ne pas être dérangé. C’est à ce moment que la porte décida de se refermer au grand stress du duo. C’est là que l’ingéniosité des ancêtres se révéla d’autant plus quand les quatre alcôves apparurent. Ainsi on pouvait totalement s'isoler de l’extérieur si on le désirait. Du pure génie et une aubaine pour le nécromancien qui voyait déjà en ce lieu son futur laboratoire pour exercer sa magie noire. Il fallait toutefois avant tout trouver les petites bêtes pour surveiller le degré de corruption des lieux et explorer un peu pour voir de quoi il en découlait et s’il pouvait trouver un moyen de justifier sa présence de longue durée ici. Mais il trouvait déjà l’endroit parfait.

Quand on alluma les premières bougies qui restaient dans la salle, le spectacle n’en fut que plus grandiose que ce que le nécromant avait pu voir dans l’obscurité et la faible lumière apportée par la torche. Une tombe centrale était placée là, gardant ce qui avait du être le seigneur des lieux. Mais surtout un nombre immense de squelettes tout équipés. Le nécromancien manqua de tomber à la renverse tant l’émotion le submergeait. Lui qui avait cru un instant que ce lieu n’était pas fabuleux venait de voir les desseins de son dieu se révéler devant ses yeux. Ainsi l’avait-il conduit jusqu’ici et désormais allait-il pouvoir lever une armée de mort-vivant pour tenir la région pour son maître. Le bonheur était immense pour le jeune nécromant.

Mais pour l’heure, il fallait fouiller l’endroit à la recherche de choses qui pouvaient être intéressante… En même temps, cela signifiait que Fangon serait au courant de ces découvertes et ce n’était pas une bonne nouvelle. Le nécromancien réfléchit rapidement à comment régler le problème de représentait la présence de l'intru dans ses plans. Il finit par sourire tout en se tournant vers lui.

-Ce lieu est en effet grandiose. Je ne pouvais pas rêver mieux pour le prieuré de Mornemont. Car désormais je comprend d’autant plus la volonté de mon dieu de m’avoir sommer de rester ici et je voix ce qu’il me demande de protéger. Fangon, nous devons pour l’heure sortir de cette endroit. Nous avons laissé l’entrée de la grotte assez longtemps sans surveillance pour aujourd’hui. Retournons donc dehors.

Le nécromancien se détourna ensuite pour se diriger vers la porte et actionner le levier pour sortir. Il comptait ensuite sortir de la grotte après avoir récupéré les statuettes. Là, il faudrait demander à Fangon d’aller chercher les petites bêtes pour les mettre en cage et s’assurer de la non corruption aérienne. Le nécromancien jubilait intérieurement à l'idée de ses futures expériences.

[[MJ] Le Grand Duc]

Fangon se contenta d’acquiescer et parcouru le tombeau du regard une dernière fois avant de faire demi-tour en compagnie de Grogmar. Ils empruntèrent le tunnel en sens inverse, quittant la présence des morts, et actionnèrent le levier. A nouveau, grincements, poussières et secousses. La porte rentra dans le sol, ils sortirent et elle se referma derrière eux, les alcôves des figures tournant sur elle-même une nouvelle fois pour faire cette fois face à l'extérieur. Le nécromancien les récupéra prestement, sentant l'énergie dont elles étaient investies pulser dans les poches de sa tunique. Ils traversèrent l'arche et la grande salle aux piliers de pierre, le second tunnel, et enfin la grotte boisée en passant par les ruines calcinées du campement mutant. Ils empruntèrent enfin le dernier goulet rocheux et émergèrent droit dans leur cabane de fortune. L'air frais, bien que vicié du Moussillon emplit les poumons du sorcier, ce qui ne pouvait lui faire que du bien après cette escapade souterraine et poussiéreuse.

Fangon raccrocha sa torche et sella son cheval en s'adressant à Grogmar.

- "Tâchez de ne pas attirer l'attention sur vous. Qui sait ce qui se terre encore dans les environs." dit-il en mettant le pied à l'étrier et en se hissant sur son cheval. "Pour ma part, je vais tâcher de poser quelques collets pour attraper l'un de vos cobayes ... ainsi que le repas de ce soir."

Sur ces mots, il éperonna sa monture qui poussa un hennissement en se lançant à travers les masures délabrée, dévalant rapidement la colline pour se diriger vers la plaine plus humide et boisée, laissant Grogmar seul dans leur abri rudimentaire.

De longues heures s'étaient écoulées et le soleil avait presque disparu à l'Ouest quand Fangon revint au camp. Il mena son cheval au pas dans le village délabré et mit pied à terre avant d'attacher sa monture. Il attrapa ses prises et les jeta au sol. Il y avait là deux faisans et un lièvre. Ce dernier, contrairement aux oiseaux, étaient bien vivant et s'agitait, les pattes attachées avec de la corde. Ses petits yeux tournaient à une allure folle dans leurs orbites et il semblait complètement affolé.

- "C'est tout ce que j'ai trouvé, messire Grogmar. L'arbalète n'est pas la meilleure arme pour chasser." dit-il en détachant un autre sac de la selle. "Des navets des marais, du fenouil, des feuilles de romarin et quelques oignons sauvages. Je vais allumer un feu."

Il posa le fruit de sa récolte sur le sol de terre battue et commença à empiler quelques bûches et morceaux de bois sec à l'extérieur.

- "Il faut que ce feu soit terminé avant la nuit, sinon nous serons facilement repérables."

Sur ces mots, il construisit un trépied basique au dessus du foyer auquel il pendit un chaudron à moitié éméché qu'il avait trouvé dans l'une des masures. Il le remplit d'eau.

- "Changeons votre pansement, le temps que cela boue." dit-il en faisant signe à Grogmar d'approcher.

Fangon était visiblement un homme à tout faire. Il se débrouillait seul à merveille et semblait capable, pour le moment du moins, de se sortir de n'importe quelle situation. Gardant toujours son sang-froid et plein d'initiative, c'était un compagnon d'aventure précieux, malgré les doutes qui pouvaient peser sur lui.

- "Dites moi, que peut bien faire un prêtre impérial si loin de chez lui ?" lui demanda-t-il en retirant son bandage souillé, maintenant qu'ils étaient seuls et loin des oreilles indiscrètes.

Je te laisse décrire ce que tu fiches pendant l’absence de Fagon, et ce que tu veux faire par la suite. J'ajoute les figurines à ton inventaire.

[Grogmar]

Le retour à la base se fit sans bruit. Les deux protagonistes devant sûrement chacun réfléchir à ce qu'ils venaient de découvrir dans cette grotte. Bien que la réflexion devait être bien différente entre les deux pensées. Le nécromancien ne pouvait pas savoir ce que l'autre avait en tête. Ce qui est certain, c'était que lui, il pensait à comment relever ces morts. Il se sentait capable d'en relever une bonne dizaine désormais et il était certain de pouvoir les contrôler sur une distance bien plus correcte que durant la bataille du Guet contre les chevalier de sir François. Mais il devait toujours beaucoup se concentré pour leurs donner des ordres et son contacte avec les créatures devaient resté constant pour ne pas risquer d'en perdre le contrôle. Surtout qu'il ne savait pas comment reconnecter la laisse de ces sbires si elle venait à être rompue.

Le nécromancien remercia rapidement Fangon quand celui-ci lui dit de se faire tout petit en attendant son retour. Comme s'il allait crier au monde qu'il était là, blessé et incapable de se défendre plus qu'un rongeur dans son terrier... Il n'aimait pas cette état des faits. Car il lui rappelait en permanence qu'il était encore bien trop faible et vulnérable. Ce n'était pas normal, il ne pouvait pas rester comme cela plus longtemps. Il lui fallait comprendre comment manipuler le dhar pour frapper fort. Mais comment ? Il n'avait aucun sort dans son grimoire parlant de cela. D'ailleurs le seul sort ayant un vrai potentiel d'être intéressant là dessus était le sort Flammèche. Si seulement il arrivait à le rendre plus puissant qu'une simple courte et faible flamme. Encore une chose dont il se montrait inapte. C'était frustrant. Mais pour le moment, il voulait savoir si on pouvait transformer un cadavre en squelette via son sort durement appris.

Le sorcier regarda son garde du corps partir à cheval. Il attendit d'ailleurs que celui-ci soit totalement parti pour faire quoi que ce soit. Surtout quand ce quoi que ce soit était de la magie. Car il était hors de questions qu'il se face prendre à en pratiquer. Pas tout de suite en tout cas. C'est donc après un dernier coup d’œil à l’horizon qu'il se dirigea vers la fosse commune rapidement creusée et rebouchée par les sergents. Les outils qui avaient servi aux travail étaient ceux du village et avaient donc naturellement été laissé là par les soldats une fois la tâche terminée. Il n'eut donc aucun mal à trouver une pelle et à creuser à l'endroit où la terre était encore fraîchement retournée. Il ne lui fallut pas longtemps pour tomber sur un cadavre mutant à sa grande joie, car il se devait de ne pas faire trop d'effort pour ne pas rouvrir sa plaie. Il dégagea alors un bras et plus particulièrement une main. Puis d'un geste puissant de son outil, il trancha le membre au niveau de l'articulation du poignet. Après quoi, il repartit dans la grotte pour être à l'abri des regards.

Une fois là-bas, il ne prit pas la peine de cherche un endroit sans herbe, le sort n'attaquant étrangement que la matière organique morte, en tout cas dans sa version basique. Il posa la main amputée sur le sol avant de se concentré pour lancer son sort de pourrissement. Il pouvait sentir le dhar qui était puissant en ce lieu et le vent du Shyish avait été attiré par le massacre du village bien qu'il devait également être bien présent ici comme tous les autres vents étant donné que le dhar était la fusion de ceux-ci et que cette endroit était un lieu de stagnation de la magie. Il chercha ensuite à plier les deux vents à sa volonté et à les fusionner pour n'en faire qu'un qu'il façonna selon ses ordres pour en faire le sort final désiré.

Il ne sut combien de temps il avait pris ni combien de fois il avait essayer, quoi qu'il en soit il fit en sorte de ce retrouver dans l'abri une fois le résultat obtenu et une réponse à sa question sur la possibilité de créer des squelettes à partir de cadavres. Il chercha alors à voir comment il pouvait manipuler le dhar pour en faire quelque chose d'agressif. Là non-plus il ne saurait dire le temps qu'il avait passé à chercher un solution à son problème de puissance offensive. Car il s'endormit d'épuisement durant l'étape sans même s'en rendre compte. Pour ne se réveiller qu'aux bruits de la monture de son allier, ce qui le fit tout de même sursauter et dégainer son arme.

Il fut soulagé de le revoir vivant et avec son cobaye. Un lapin était parfait et les piafs feraient de succulent repas. Cet homme était décidément très précieux. Le nécromancien rengaina donc son arme et sans demander son reste se laissa soigné par l’arbalétrier. Grimaçant légèrement quand il lui retira son bandage et plus encore quand il lui posa sa question. Mais pour ce dernier point, on pouvait le faire passer pour le prolongement de la première mimique. Il parla d'une voix calme et posée, tout en se lançant toujours être soigné par son camarade curieux.

-Pourquoi je suis si loin de chez moi ? Et bien parce que Moussillon avait besoin de moi. Cette région du monde est pervertie par la corruption et mes frères sont bien trop occupés en Sylvanie pour venir combattre le mal ici. Ainsi, j'ai entrepris ce voyage jusqu'ici à la recherche de réponse et d'une quête à vivre. En y repensant, j'aurais très bien pu ne jamais arrivé jusqu'ici, mais je suis heureux que ce soit le cas, car désormais j'ai un but. Faire de cet endroit un meilleur endroit qu'avant mon arrivée. Ce serait déjà un bon début...

Il respira profondément, comme plongé dans une réflexion intérieur sur le sens de cette dernière phrase qu'il venait de dire. Oui, un bon début. Il conclut toujours avec cette même voix.

-Et vous Fangon. Qu'est ce qui vous à amener jusqu'ici ? Je veux dire, vous ne semblez pas être un chevalier errant en quête de gloire, ni un de ces gens ne voyant que leur paye comment les soldats du Guet, alors je vous pose cette question. Qui êtes-vous vraiment ?

Il avait parler avec calme et sans aucune agressivité dans la voix. Il n'y avait pas de raison d'en avoir. Car il n'avait rien contre cette personne qu'il commençait à apprécier et c'était rare que cela arrive.

[[MJ] Le Grand Duc]

Test d'Incantation de Pourrissement : 12-1 (bonus non identifié) = 11, réussi.
+1 xpms

Seul au milieu de la clairière corrompue, debout entre les arbres horriblement altérés par les effluves néfastes de la magie noire et avec la voûte rocheuse et trouée au dessus de sa tête, Grogmar se concentra. Il réuni à lui les courants aethyrique, les agrippant à l'aide de son esprit affûté. Shiysh, le Vent d'Améthyste, planait avec constance dans cet endroit souillé par la mort, comme un vautour autour d'une carcasse, charognard indispensable et pour le moins toujours traité avec ingratitude. Ses bourrasques s'infiltraient par les ouvertures naturelles dans le toit de la grotte, par l'entrée, et Grogmar pouvait presque les sentir, les voir, ces volutes mauves tourner et se retourner sur eux même, appâtés par les massacres passées et les âmes libérées de leurs enveloppes charnelles. La Dhar, au contraire, ne semblait pas émaner de l'air ambiant dans de la terre elle même, comme si le flux corrompu s'évaporait du sol pour se diffuser dans l'air ambiant, le rendant vicié et impropre à la vie. Le nécromancien sentit sa manipulation magique facilitée par l'abondance et l'épaisseur de cette couche d'énergie noire qui alourdissait l'air comme une chape de plomb. C'est en récitant ses incantations de magikane nécromantique à voix basse qu'il agita les mains, tissant une prison métaphysique dans laquelle il enferma le souffle d'améthytiste pour l'y torturer et le malmener, le façonnant selon son bon vouloir à grands coups de Dhar, comme un marteau maléfique frappant sans pitié un fer innocent sur l'enclume de la volonté implacable du sombre sorcier.

Enfin, il libéra les énergies ainsi formées par son esprit. Le mélange magique méphitique s'échappa d'un coup de son emprise, éclatant autour de lui comme une bulle de verre percutant le sol. Une seconde d’inertie passa, jusqu'à ce que lentement le sort fasse son effet. L'herbe, les branchages, les fleurs mutées et même la chair de la main posée sur le sol : tout commença à flétrir, à devenir gris et à se recroqueviller, comme si le temps s'était subitement accéléré pour venir altérer toute matière organique. Dans un rayon de cinq mètres autour du nécromancien, tout ne devint plus que cendres rapidement balayées par le vent, laissant la terre rocheuse nue et sèche. De la main du mutant, il ne restait plus que les os, parfaitement nettoyés, comme si ce membre était resté sur le sol pendant des siècles sans que personne ne le touche.

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Fangon était assit sur un tabouret retrouvé dans les masures abandonnées et touillait le ragoût qu'il était en train de concocter. Il avait sommairement épluché les légumes sauvages qu'il avait récupéré dans les marais et plumé les faisans. Le tout mijotait doucement dans la marmite en fonte éméchée.

- "Moi ?" demanda-t-il avec un sourire désabusé. "Je ne suis qu'un homme du peuple, messire Grogmar, sans prétentions aucunes. Disons simplement que je n'ai jamais eu la main verte et que la perspective de passer ma vie à labourer un champ ne me plaisait guère. J'eu la chance de naître sur les terres d'un seigneur avisé qui su mettre mes compétences à bon escient et m'éviter une vie de servitude ingrate à me crotter les chausses."

Il marqua une pause et leva le nez vers le soleil presque couché, pour aller chercher son arbalète et la ramener près du feu. Il commença à la démonter pièce par pièce pour l'entretenir, reprenant.

- "Je reçu la permission de vivre au château, d'avoir une monture et des armes et de ne pas être considéré comme un simple paysan. En échange, je devins ... un homme de main, capable de différentes missions. Moussillon est un lieux hostile, messire Grogmar, vous l'aurez sans doute remarqué. Il est toujours utile d'avoir des hommes utiles et de confiance sous la main, qui ne soient ni des paysans peureux, ni des chevaliers aveuglés par leurs idéaux grotesques." confessa-t-il. Il devait se sentir suffisamment en confiance pour oser ainsi critiquer ouvertement l'élite de la Bretonnie.

Il devint à nouveau silencieux, entretenant son arme avec rigueur, avant de la remonter et d'aller chercher deux cuillères et deux écuelles. Il les rempli de ragoût fumant et s'assit en face du nécromancien, sur son tabouret, commençant lentement à manger. Il lui jeta cependant un regard étrange que Grogmar ne su réellement interpréter, avant de parler à nouveau.

- "Ne vous alarmez pas ni ne prenez peur mais ... je sais qui vous, vous êtes vraiment, messire Grogmar." lui dit-il avec un sourire en coin. Était-il menaçant, ou s'amusait-il simplement de la situation ? Il avait sa dague à la ceinture, et son arbalète -chargé- à portée de main.

[Grogmar]

Grogmar avait réfléchi aux résultats de son sort. Il avait été surpris par la force de ce dernier, car il avait attaqué la matière vivante là où il n'était pourtant dit dans le grimoire qu'il n'attaquait que le mort, tel que les feuilles mortes sur le sol. Mais en même temps, il avait été agréablement surpris de voir que les os de la mains avaient parfaitement tenu le choc du sort. Ainsi pourra-t-il lever son armée de squelettes avec cette magie. C'était très bien, vraiment très bien. Son maître allait être heureux de l'apprendre, il en était certain. Mais pour l'heure, il ne pouvait encore rien faire de trop visible surtout que la fosse avait été mise à l'extérieur au lieu d'à l'intérieur de la grotte comme il aurait aimé. Ça ne sera pas un trop gros problème une fois qu'il pourra les relever, ses zombies feront le chemin tout seul pour aller s'allonger dans les « tombes » qui devaient les contenir.

Fangon répondit à sa question en ajoutant des détails que le nécromancien n'avait pas demandé. Mais au moins n'aurait-il pas à le faire. Ainsi venait-il d'un endroit où le seigneur était plus malin que la moyenne bien basse de la Bretonnie. Le faux prêtre ne put qu’acquiescer quand il lui parla de l'hostilité de Moussillon. Mais cela semblait également dire qu'il était d'origine de ce duché maudit. La dernière phrase qu'il dit avant de continuer à entretenir son arme fit sourire intérieurement le nécromancien. Ainsi ne portait-il pas les chevaliers dans son cœur ? C'était un peu normal quand on pensait qu'il était d'origine roturière dans un pays dirigé uniquement par la noblesse qui ne laissait que les libertés désirées par elle seul au peuple de plus basse extraction. Étant également non noble en plus d'être un prêtre de Morr et donc désintéressé des vivants, il devait être considéré comme un confident de confiance aux yeux de Fangon. Le sorcier ne chercha pas plus loin pour expliquer ce comportement, commençant à manger le plat qu'on lui proposait.

Le nécromancien remarqua que quelque chose clochait quand il vit le regard étrange que lui portait l’arbalétrier. Un regard qu'il avait cru voir trop souvent durant son périple jusqu'ici. Le regard d'une personne qui savait. Le sorcier arrêta alors de manger, la faim lui ayant d'un coup passé. Les mots que lui dire celui qu'il avait cru un instant qu'il était allié, bien que sachant que cela pouvait très bien être temporaire, confirmèrent les craintes du sorcier renégat. Ce foutu bonhomme s'était foutu de lui depuis le début ! Le magicien déposa alors son bol à ses pieds avant de poser sur lui son regard naturellement pénétrant comme la lame d'une dague. Son visage était tout aussi impassible qu'il ne l'était d'ordinaire. Ne montrant pas le mélange de surprises, de colères et de désarrois du jeune homme. Il parla également avec la voix naturellement calme qui le caractérisait.

-Ainsi vous savez qui je suis ? Cela ne m'étonne pas trop, vous semblez bien plus malin que les chevaliers du Guet. Je croyais avoir été vigilant, enfin soit. J'imagine également qu'en effet je n'ai pas à avoir peur, si vous aviez voulu me tuer, vous l'auriez fait depuis longtemps et vous ne vous seriez pas amusé à me soigner. J'imagine aussi que si vous savez qui je suis, vous devez également savoir que je pourrais vous détruire assez facilement, ce qui explique peut-être pourquoi votre arbalète est prête et votre dague à votre ceinture. Bien que je pense que l'arbalète est plutôt là pour m'abattre si je tentais de fuir. Je me trompe ?

Le nécromancien fit une courte pause avant de continuer toujours de ce même ton de voix.

-Et bien, parlez donc mon chère. J'ai hâte de savoir la raison pour laquelle votre lame ne s'est pas plantée dans mon dos tandis que nous étions dans la grotte et pourquoi vous avez continuez à obéir à mes demandes tandis que vous saviez qui j'étais.

Le nécromancien était réellement curieux de savoir ce qu'avait derrière la tête ce fameux Fangon qui avait percé son secret sans trop de mal semble-t-il. Il ne se sentait pas trop menacé pour l'instant. Car de toute manière il était certain de pouvoir plier le dhar pour se défendre ou pour fuir sous la forme d'une brume qu'un arme non-magique ne pourrait pas blessé surtout s'il rentrait dans le mur juste derrière lui. Ainsi attendit calmement la réponse de son étrange compagnon.