Le matin, le réveil était libre, à l’heure où elle le désirait. Le plus souvent, les deux jeunes femmes se réveillaient à peu près en même temps et petit-déjeunaient ensemble. En vérité, cette situation semblait grandement plaire à la maîtresse de maison, qui avait vécu si longtemps seule : enfin, elle pouvait parler, rire, jouer avec quelqu’un. Mais chacune pouvait également garder son intimité et s’isoler quand elle le souhaitait. Ainsi, jamais Wanda ne s’était permis d’entrer dans la chambre de Genny sans lui en demander la permission au préalable, et à l’inverse, Genny ignorait tout de la chambre de Wanda, n’ayant jamais pu y jeter ne serait-ce qu’un fugace coup d’œil.
Il n’y avait aucun impératif temporel, dans cette maison isolée. Lorsqu’il pleuvait trop fort ou qu’elles n’avaient pas envie de sortir, elles pouvaient rester dans la maison et s’occuper à discuter, à lire, à s’enseigner mutuellement ou à jouer dans le salon. Il était particulièrement plaisant d’être au chaud et en parfaite sécurité au coin du feu, dans une des régions les plus dangereuses du monde et alors qu’il faisait un froid terrible et qu’il pleuvait des cordes au dehors. La bibliothèque était très fournie pour un particulier, et notamment un particulier qui n’avait pas l’air de rouler sur l’or. En outre, Wanda possédait un jeu de cartes et quelques dés, ainsi qu’un damier et un échiquier. Elle apprit ces divers jeux à sa nouvelle amie au cours des temps passés ensemble dans la maison, lorsqu’elles étaient à l’intérieur et n’avaient rien d’autre à faire.
Mais en général, elles sortaient dehors pour chercher des plantes ou pratiquer l’escrime, ce qui leur prenait l’essentiel de leur temps en journée quand la météo n’était pas trop mauvaise. En soirée et la nuit, lorsque la luminosité était faible, mieux valait ne pas traîner dehors dans cette région dangereuse qu’était la Sylvanie.
Globalement, Genny apprit vite à mieux connaître Wanda. Cette dernière était timide, réservée, et peu sûre d’elle-même. Elle était plus une suiveuse et avait une nature plutôt soumise, très humble. Evidemment, il n’empêchait qu’elle avait parfois son caractère, et que de temps en temps, elle prenait à cœur certaines choses et n’hésitait alors plus à s’affirmer. Bien que très maladroite socialement, elle semblait porter une grande affection pour son invitée, et plus encore. Toujours heureuse de la voir et de lui faire plaisir, elle mettait particulièrement l’accent sur les points qu’affectionnait Genny, notamment l’entraînement au combat, et avait souvent de petites attentions particulières pour elle : lui cuisiner les plats qu’elle préférait, aller lui cueillir de petits bouquets de fleurs, s’occuper de faire le maximum de petites corvées en insistant pour que Genny puisse faire autre chose pendant ce temps, la faire rire,…
Réciproquement, même si sa peau et son visage restaient très pâle, elle s’empourprait ou rosissait souvent aux compliments et aux attentions de son invitée pour elle, bafouillant maladroitement que « ce n’était pas la peine » et « qu’elle ne méritait pas ça », mais que « ça lui faisait un immense plaisir quand même ». Et cela se voyait, elle était alors comblée, heureuse de savoir que quelqu’un lui accordait de l’importance, se souciait d’elle et de son bien-être.
Elle buvait rarement de l’alcool, uniquement pour les évènements et lorsqu’elle ne se sentait vraiment pas bien psychologiquement, en état de dépression. Avec excès, la boisson avait sur elle un effet désinhibant qui modifiait son comportement, et la rendait plus spontanée, plus affirmée et un brin excessive. Cependant, à part la fois où elle avait craqué à la suite des évènements de la « cavité de l’eau morte », elle n’avait jamais avalé plus d’un verre d’alcool, et n’avait donc jamais été saoule de nouveau. Elle semblait se modérer elle-même en temps normal, très consciente des effets sur elle d’une consommation abusive.
Wanda se montrait très curieuse et buvait les paroles de son invitée. On voyait vraiment qu’elle s’intéressait à tout, et plus encore à l’histoire et la personnalité de Genny Magda. Cependant, elle n’osait jamais poser de questions sur son invitée ou sur son histoire, de peur de violer son intimité, se contentant uniquement de ce que cette dernière voulait bien lui révéler à son sujet.
De son côté, Genny constata vite que son hôte était dotée d’une très bonne mémoire et d’une excellente capacité de réflexion. Son intelligence hors du commun, couplée à une extraordinaire capacité à se rappeler les choses qui l’intéressait –donc à peu près tout-, faisaient d’elle une excellente herboriste, mais aussi un adversaire redoutable aux jeux qui nécessitaient de telles qualités. Très perspicace, ces yeux bleus saphir semblaient briller d’un éclat jubilatoire lorsqu’elle mettait en œuvre un plan bien huilé aux échecs, ou qu’elle formulait une déduction compliquée. Le défi intellectuel semblait la stimuler, en somme. Elle parlait relativement peu de son histoire, en revanche. A vrai dire, elle ne dit rien de plus là-dessus que ce qu’elle avait déjà dit à Genny à son réveil. Le sujet semblait lui être désagréable. De même que ceux touchant aux habitants locaux, qu’elle semblait ne guère apprécier, et, selon ses dires, qui ne l’appréciaient guère non plus. Ces gens n’étaient pour elle rien que des ignorants superstitieux et lâches, auxquels on ne pouvait accorder aucune confiance. Plus généralement, elle disait qu’il fallait se méfier de tout le monde, mais plus particulièrement encore des habitants de Sylavnie.
Bien que très enthousiaste, Wanda n’était pas une bonne professeure. Très instruite et très intelligente, elle avait pourtant du mal à transmettre son savoir, surtout dans un domaine aussi compliqué que celui des plantes. Lorsqu’elle amenait son amie ramasser telle ou telle plante, elle se perdait rapidement dans des détails complexes et incompréhensibles pour une non-initiée, sans le vouloir ni même s’en rendre compte.
Au combat, par contre, Genny put constater qu’elle maîtrisait des bases suffisantes pour se défendre, mais pas de réel don de combattante. Lors de leurs oppositions quotidiennes, Genny remarqua qu’elle utilisait toujours un bâton dans la main gauche et une faucille dans la droite pour se battre (Wanda étant droitière), même si ces armes étaient figurées par des bouts de bois pour éviter tout risque de blessure à l’entraînement. Pleine de bonne volonté, la jeune blonde n’était toutefois pas très costaude ni très endurante, mais elle faisait preuve d’une habileté rare et d’une certaine vivacité, une rapidité naturelle.
Profil de Wanda Heller (susceptible d’évoluer avec le temps) : For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 9 | Int 11 | Ini 9 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | NA 1 | PV 65/65
Compétences de combat : Esquive.