[Acererak] La gloire de nos pairs

Le Stirland a la réputation d'être une province pauvre, arriériée et rustique, aussi ses soldats portent-ils souvent un équipement de fortune. Ses archers sont néanmoins réputés dans tout l'Empire pour leur adresse. Le Graf Albérich Haupt-Anderssen, issue d'une famille vieille de quatre cent ans, règne sur le Grand Comté depuis Wurtbad, la Ville du Vin.

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[MJ] Le Roi maudit
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[Acererak] La gloire de nos pairs

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Au début, il y avait la terre. Non le sable. Et sur ce sol, la cité. Lahmia. Non, Mourkain. Enfin non. Carroburg. Et dans cette cité. Une fratrie. Deux frères jumeaux nés d'un même ventre. Ou bien un jeune frère et une grande sœur. Une reine destinée à régner des millénaires. Un chef du guet. Mais ils étaient deux. Et l'un jalousait l'autre. L'un jalouse toujours l'autre. Des rancunes, des non-dits. Des névroses. Tant de névroses. Des millénaires de névroses charriées par le flot de Mortis comme les corps gonflés de ses sujets. Tant de névroses dans les cryptes froides et mornes à attendre. Tant de névroses chez cette mère et les deux hommes qui la courtisaient et dont elle n'a jamais pu pleinement aimer. Tant d'estomacs noués. De ventres serrés. Car il y avait la faim. L'exil. La faim et l'exil. La marche, la marche. Ils étaient partis. Tous. Revenir sans cesse. Jamais complètement. Tant de siècles, tant de vies d'hommes. Tant de non-vie. Avait-il vécu ? Avait-il vécu dans l'ombre de sa sœur ? Dans l'ombre de son père ? Dans l'ombre de l'ignorance et des incertitudes ? Non, l'ombre des cryptes. Là où la faim les tenaille, cette faim. Il avait faim et soif. Pas de vin ni de gibier, pas des fromages de Bretonnie ou du jambon estalien. Faim de chair, soif de sang. Les flots et les flots de sang. Le sang de Mourkain, le sang de Carroburg et de l'Empire. Le sang de sa sœur quand il lui ouvrira la gorge. Tout le sang. Le sang qui engloutira le monde. Et le sang qu'il engloutira. Il avait faim.
Jets cachés
"Lève-toi... Mon frère."
Dans la plus obscure des tombes, il le voyait. Son créateur. Tout aussi difforme et monstrueux qu'avant. Mais désormais... Il n'en avait plus peur. Sa voix était rauque. Comme si elle s'échappait d'un cercueil. Mais le premier geste fait en direction du nouveau vampire fut bien saugrenu. Le puissant roi des goules vint l'enlacer. De ses bras griffus aptes à déchirer le ventre d'un destrier. "Désormais. Le sang d'Ushoran coule dans un autre corps."
Il avait soif. Si soif qu'il aurait pu se jeter sur les goules pour en boire leur sang. Malgré l'odeur répugnante qui en émanait. Mais il tint bon. Son esprit était fort. Il était si jeune. La magie noire était un curieux excitant.
Karkanoth car tel était son nom, alla se replacer sur son trône. "Acererak. Ainsi, tu seras connu sous le nom d'Acererak. Il était mon officier. Mon ami. Il doit être mort maintenant. Cela remonte à si longtemps."
Un frère, une sœur, le début et la fin. La faim. Sa tête lui faisait mal, il avait envie de s'ouvrir le crâne de ses griffes. Pourquoi avait-il si faim ?
"Pars chasser mon bon Acererak. Mais... Restes prudent. Nous avons tant d'ennemies. Tant et tant d'ennemies."

Il galopa dans les souterrains comme s'il les connaissait depuis toujours. L'odeur putride des goules. Pas bon à boire. Pas bon. En quelques minutes, il émergea. Non-mort parmi les morts. Le cimetière. Mourkain était un immense cimetière. Lahmia un immense cimetière. Partout la mort, partout les morts. Nulle part à boire et à manger. Faim. Faim. Soif. Et il sentit la vie chatouiller ses narines. Comme l'odeur d'un banquet. Comme le repas le plus délicieux. Le bon vin de Tilée et de Bretonnie. Les cœurs battants qu'il fallait arracher et mâcher. Oui. Et le loup s'élança dans les bois à la recherche d'une bergerie.
L'air était chargé de mal. Parfait. Ses sens décuplés. Toute l'énergie d'un millier de vies. La lune entre les frondaisons décimées des sapins. Les étoiles comme il ne les avait jamais vus. Pourquoi les étoiles étaient-elles aussi belles ?
Mais un autre scintillement sauta à ses yeux de fauve. Celui des masures et des chaumières. Là où se terraient les hommes. Là où il pourrait calmer sa faim. Sa soif. Là où il devrait se nourrir.

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Là où commenceraient les forfaits du tout dernier vampire à être apparu.
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par Acererak l'impérissable »

L'air sifflait à ses oreilles. La forêt défilait à une vitesse inhumaine : son rythme était effréné. Et pourtant, il ne ressentait nulle fatigue, nul essoufflement.
Il aurait pu maintenir cette allure sans mal des jours durant. Sa carrure, pourtant massive, ne le ralentissait en rien. C'était même le contraire : pesante, elle l'incitait à se voûter et à utiliser ses 4 membres pour courir, à user de tout son corps pour se mouvoir. Pourtant, il s'arrêta. Face à lui se trouvaient une multitude de bouleaux.

Acererak roula des épaules, prenant peu à peu la mesure de ses nouvelles proportions, ces dernières bien plus imposantes qu'auparavant. Avant quoi ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Une myriade de souvenirs flottaient dans son esprit, tous semblant réels et pourtant tous si lointains. Il pouvait presque sentir la douce caresse d'une femme, le coup d'un ivrogne, un cri lointain, la fin d'un empire. Cependant, une sensation transcendait tout ceci : sa faim. Une faim dévorante, tenace, surnaturelle. Acererak eut d'office le sentiment qu'il ne comblerait jamais vraiment celle ci. Mais elle allait attendre : il se devait de comprendre certaines choses.

"Que suis-je ?" Fut sa première pensée. Cette question le dérangeait pour une bonne raison : il n'avait pas de réponse à y apporter. D'autres interrogations s'agglutinèrent auprès de leur aînée, et toutes demeurèrent sans réponse. La colère monta en lui. Son bras droit jaillit, balayant un grand arc de cercle. Il regarda, impressionné, sa marque nouvellement apposée dans le bois de l'arbre qui lui faisait face. Son attention se porta naturellement sur ses mains. De longues griffes y siégeaient triomphalement. Néanmoins, leur tranchant seul n'aurait pas suffit à meurtrir le bois tel qu'il l'avait fait...
Soudainement, il attrapa le tronc du bouleau et le tira à lui. L'arbre gémit, ses racines insuffisantes pour résister à la monstruosité qui voulait le jeter à terre.
Rapidement, Acererak fut victorieux : le bouleau gisait à ses pieds, défait en même temps que ses fondations. Mais ce n'était pas suffisant pour le monstre, il devait voir de quoi il était pleinement capable.
Se saisissant du tronc, il l’amena jusqu'au dessus de sa tête sans grand mal et poussa un cri de triomphe. Ce dernier tenait plus du rugissement que du cri : assourdissant, grave, il avait réduit les bois au silence, imposant sa suprématie sur tous les êtres vivant en ces lieux. Finalement, il laissa choir l'arbre et reprit sa course : sa faim était plus forte que jamais.

Il se laissa guider par ses sens : ces derniers étaient exacerbés, affutés comme le fleuron des lames naines. Il pouvait voir les lumières lointaines, projections des abris des hommes. II pouvait sentir leurs excès, leur corps pleins de vie, leur sang goûtu coulant dans leurs veines. Il pouvait entendre l'écho de leurs voix, de leurs futurs cris. Seuls 2 de ses 5 sens demeuraient insatisfaits, ne faisant qu'attiser sa faim : son goût et son toucher.

Arrivant aux abords de l'agglomération humaine, tapi dans les ombres que lui offraient la nuit, une réponse partielle à sa question initiale lui vint naturellement:

"J'ignore ce que je suis... Mais eux sont mes proies !"
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 04 déc. 2022, 10:35, modifié 1 fois.
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Batterie de jets : Tous réussis. Tous. J'en ai marre.
Le Hameau était endormi. Ou faisait mine de l'être. Il faut être fou ou désespéré pour sortir après la tombée de la nuit aux lisières orientales du Stirland.
Un village simple, circulaire. Des masures minables qu'on fermait à double tour en priant pour se réveiller au petit matin.
Hélas pour eux. Une stryge en vadrouille réduit fortement les chances d'y arriver.

Il jeta son dévolu sur une maison relativement isolée. Mais les mortels avaient accroché des plantes aux volets et sur la porte. Quelques fleurs séchées, rien de bien gênant, jusqu'à les prendre en main. Pour la première fois de sa brève non-vie. Il eut mal. Une gêne, une désagréable sensation. Comment même dans la mort pouvait-on ressentir ça ? Curieux. Mais une stryge ne s'arrête pas à ça. Il avait soif. Il avait faim. Puisant dans sa force colossale, il ouvrit la porte. Et la mort se déchaina sur les malheureux avant même qu'ils ne s'extraient de leur sommeil. Lui, par contre, ne manqua pas de les extraire de leur bicoque à grand coup de griffes. Trainer deux personnes à travers les bois, cela représentait une dépense astronomique d'énergie. Mais le festin qui s'ensuivrait en valait le jeu. Il frappa, déchira, trancha la chair pour boire. Boire à gros bouillon ce sang si chaud, si enivrant, l'essence de vie d'un autre dont il ne pouvait plus qu'imaginer les sensations. Il se régalait pour la toute première fois du précieux liquide. Et seules les étoiles en furent témoins. Tout en léchant le sang sur ses avants-bras, il réalisa quelque chose. Il pensait. Il avait émergé du flou camphré des songes strygoï. Acererak réalisa aussi qu'en se concentrant. Ses mains reprenaient une apparence plus humaine.
Vautré dans le sous-bois avec les morts, ses pensées avec lui. Celles de Konrad et de toute la lignée d'Ushoran. Tant d'héritages à porter comme un fardeau, comme les deux corps qu'il avait trainé jusqu'ici.
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Acererak l'impérissable
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par Acererak l'impérissable »

L'instinct d'un prédateur est toujours le même : attaquer en priorité l'individu isolé du troupeau. Ainsi, Acererak, seulement guidé par sa faim toute animale porta son attention sur une bâtisse légèrement en retrait du village.

Rôdant d'ombre en ombre, son passage ne troubla pas d'un iota le repos des pauvres hères endormis : une stryge peut se montrer étonnamment furtive si elle le désire. Bien vite, il atteignit l'objet de sa convoitise. Bientôt, il pourrait se nourrir. Alors qu'il posa son énorme main sur la porte, il ressentit une vive brûlure sur cette dernière. À l'évidence, les plantes suspendues en travers de l'entrée en étaient responsables. Acererak regarda sa main, surpris de la capacité de son corps à lui faire ressentir une telle sensation. Néanmoins, il en faudrait plus pour l'arrêter. Son attention se reporta rapidement sur son objectif et il tenta d'ouvrir la porte, ignorant le contact douloureux de la verdure sur sa chair. Alors qu'il poussa légèrement, Acererak réalisa que l'accès était verrouillée. Bandant ses muscles, il força d'un coup sec, brisant le dernier rempart protégeant les infortunés propriétaires des lieux. La stryge ne sut jamais si le bruit réveilla ses victimes : en un clin d’œil, il était sur elles, leur plantant ses griffes dans la gorge, les faisant s'étouffer dans leur propre sang. En silence.

Sans plus attendre, la monstruosité attrapa son futur repas, extirpant le couple de leur demeure, les entraînant dans les bois.

Une fois à bonne distance du village, il put enfin laisser libre cours à son instinct : il but tout son saoul, vidant les veines encore pleines de vie des pauvres mortels. Le divin nectar le revivifia comme jamais il ne l'aurait cru possible : le jeune vampire se sentait revivre, la vitalité fuyante des humains abondait en son sein, contentant quelque peu la terrible faim qui l'abritait. Bien vite, trop vite à son goût, le sang de ses victimes se tarit. Mais il en fallait plus pour Acererak. Sans guère y réfléchir, le rejeton strigoï s'attaqua à la chair, la happant par gros morceaux, sa gueule sectionnant aisément chair, muscles et tendons sans distinction aucune. Après quelques longues minutes peuplées de sons d'os brisés et de mastication bruyante, il était enfin rassasié.

Reprenant quelque peu ses esprits, il observa son œuvre : le bras gauche de l'homme du couple qu'il avait assassiné manquait à l'appel, englouti par la bête.
Terminée la chasse bestiale : son esprit s'éclaircit et lui permit de formuler à nouveau des pensées cohérentes.

"Un bien triste spectacle mais ô combien nécessaire."

Sa vague culpabilité à la vue du carnage fut vite oubliée quand il aperçut à quelques dizaines de mètres un arbre particulièrement haut :
En un rien de temps, il le gravit. Cependant, sa rapide ascension fut troublée par une observation des plus surprenantes : ses mains s'étaient adoucies, ses griffes rétractées, leur conférant une apparence beaucoup plus humaine. Des images sorties tout droit des tréfonds de son esprit ressurgirent : il voyait un jeune apprenti, un écuyer, un serviteur. Cela lui déplût au plus haut point, lui rappelant vaguement ce qu'il avait pu être. La haine que ces pensées fit monter en lui rendit à son apparence la noirceur que son âme renfermait désormais : ses griffes réapparurent et sa silhouette se recourba légèrement, rappelant un fauve s’apprêtant à bondir.

Lorsqu’il arriva au sommet de l'arbre vénérable, la vue qui s'offrit à lui vida son esprit en lui permettant de se concentrer sur autre chose : observant les environs avec attention, il repéra rapidement le village où il avait commis son forfait. Au loin, il pouvait même discerner quelques vagues lumières, signes de hameaux voisins. Il mémorisa soigneusement leur emplacement relatif au village qu'il avait eu le loisir de visiter, se disant que cette information pourrait certainement servir dans le futur. Il remarqua également le vieux cimetière dont son maître hantait les cryptes.

Il était temps pour lui de rentrer. Sautant de l'arbre à mi-hauteur, son poids marqua profondément le sol de la forêt. Optant pour la prudence, la stryge prit quelques instants pour effacer cette trace particulièrement visible ; son maître l'avait mit en garde contre leurs ennemis.

Acerarak préleva rapidement de nombreux os sur les deux corps : ces derniers sauraient lui être utiles, que ça soit comme parure ou comme coupe-faim...
Finalement, il se mit en route vers le vieux cimetière, emportant avec lui les cadavres moins un bras et quelques litres de sang. Après tout, les goules sont toujours affamées.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 04 déc. 2022, 10:36, modifié 1 fois.
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Comme des chiens galeux, mais fidèles, les goules se précipitèrent à sa rencontre entre les pierres fêlées et les sarcophages grattés depuis longtemps. La viande tiède balancée dans la terre noire et glaireuse ne fit pas long feu. Les nécrophages étaient affamés. Ils étaient toujours affamés.

Voilà tout son domaine. Des tombes vides, du lierre et des os brisés. Des goules et de la viande pourrissante. Où étaient les tours dorées ? Les temples de ses dieux ? Le palais d'Ushoran. Les murs de Carroburg ? Tout n'était que ruines. Oubliées. Par les hommes comme par les morts. Eux seuls s'en souvenaient. Lui seul. Lui seul.

Lui et Karkanoth. Il fila à travers les souterrains, les éboulis avaient condamné la plupart des galeries. Le sol était jonché des déchets que produisaient les non-morts amassés ici. Son maitre dormait, recroquevillé sur son trône. Non, un vampire ne dort pas. Il hivernait. Comme les reptiles et les rongeurs. La magie noire continuait de pulser dans son corps desséché. Et il songeait. Partageait-il les mêmes pensées que lui ? Celles de la Splendeur de son ancienne vie ? Sûrement.
Mais il n'avait plus faim.
Jet de mental : 3, réussite
Il n'avait plus faim et ses pensées s'ordonnèrent un peu. L'ancien et l'actuel, l'actuel et le futur arrêtaient un peu de s'emmêler dans les méandres brumeux de sa tête déformée. Il était là. Dans une crypte froide où filaient des rats et des insectes. Auprès d'un autre être aussi damné que lui. Eux deux. Et des goules affreuses. Ignobles. Comme lui. Un monstre. Un paria. Rejeté par les hommes comme par les dieux. Par tous les hommes, et tous les dieux.

Acecerak ne se réveilla que bien plus tard. Quand s'était-il endormi ? Son maitre n'était plus là. Mais il n'était pas loin. Il le sentait. Sa magie. Et son sang. Le sang de la lignée d'Ushoran. Transmis depuis si longtemps. Comme un précieux nectar. Un nectar qui donnait pourtant si soif.

Et si faim.
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Acererak l'impérissable
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par Acererak l'impérissable »

Se redressant de toute sa hauteur, Acererak s'extirpa du sarcophage dans lequel il avait élu domicile pour sommeiller. Où son maître pouvait-il bien être…? La question ne resta pas longtemps sans réponse : ses sens lui indiquaient une présence, non loin. Lourde, elle pesait sur sa conscience de par sa simple existence. Acererak avait tant de questions à poser à son maître… Mais cela devrait attendre : pour l'heure, ses protégées requéraient son attention.

Une dizaine de goules traînaient dans la pièce contenant le sarcophage d'Acererak, sans doute attirées par la petite friandise qu'il leur avait ramené. De cette dernière, rien ne restait, d'ailleurs.

"Même les os." Nota la stryge. Peu de créatures savaient faire montre d'une telle voracité. À vrai dire, Acererak ne connaissait pas de créatures aussi affamées de chair que les nécrophages : même les ogres ne pouvaient soutenir la comparaison. Le strigoï flatta les goules, dorénavant siennes, du regard, ces dernières se regroupant instinctivement autour de leur leader naturel. La stryge se mit alors à expérimenter : exerçant son autorité sur les goules, elle tenta de leur faire effectuer quelques manœuvres et ordres divers. Malheureusement pour le vampire, soit ses sous-fifres étaient trop indisciplinés, soit il avait surestimé son rôle vis à vis d'eux : toujours est-il que ses tentatives pour les contrôler se révélèrent infructueuses.

Quelque peu frustré par sa tentative ratée, Acererak quitta l'espèce de chambre mortuaire qu'il occupait, arpentant d'antiques et obscurs couloirs pour se rendre jusqu'à son maître. Il le trouva. Son suzerain semblait usé, sa peau parcheminée. Les caractéristiques bestiales tellement propres aux stryges étaient peu présentes chez lui, lui conférant une apparence qui n'était pas sans vaguement rappeler celle d'un vieillard albinos. Malgré tout, sa carrure était proprement colossale, éclipsant aisément son congénère ô combien inférieur.

Acererak s'agenouilla devant lui sans hésitation, la gueule et l'esprit pleins de questions.

"Parle."

La voix sembla résonner autant entre les murs du caveau que dans l'esprit du jeune vampire. La simple présence de son maître suffisait à faire fourmiller ses sens, intensifiant ses visions jusque là calmes.

"Maître, ces visions dans mon esprit… que sont-elles ? Que sommes nous ?"

"Les derniers guerriers de Mourkain, tu ne fais que vivre les souvenirs de ton sang, des tiens, Acererak."
La voix était grave, pleine de sagesse. Elle apportait des réponses, mais Acererak en voulait plus.

"Je comprends, maître."
Il prit quelques instants pour assimiler les propos de l'être supérieur qui lui faisait face.

"Vous m'avez parlé d'ennemis, que pouvons nous faire pour les châtier ? Ceux qui nous défient ne doivent pas rester impunis."

"Nos ennemis sont nombreux, puissants, bien plus retors et cruels que ce que tu peux imaginer."
Le ton calme et posé, presque traînant, de l'ainé strigoï contrastait avec l'empressement dont la voix du rejeton vampirique était pleine.

"Mais dans ce cas mon maître, que pouvons nous faire? L'inaction, c'est la mort, il nous faut agir !"

"Tu n'as pas passé une première nuit dans ce monde que tu veux déjà agir. Prends le temps de comprendre. Prends le temps. Tu as l'éternité devant toi."
Les paroles, dures et sans appel, n'invitaient pas à la contradiction. Le poids derrière ces dernières suffit à calmer les ardeurs de la jeune stryge.

"Oui maître, je comprends. Je vous prie de pardonner mon impétuosité. Avez vous besoin de moi ? Si non, il y a des choses que j'aimerai expérimenter."

"Va."

Après une brève révérence dans le but de renouveler son respect à l'égard de son maître, Acererak se releva et quitta la pièce. La discussion avait éveillé quelque chose en lui. Un picotement inconnu et enivrant parcourait ses avants bras : il semblait l'inciter à manipuler le pouvoir pur qui abondait en ces lieux. Ses pas rapides le portèrent à une énième salle mortuaire. Cette dernière avait cependant une particularité : des ossements s'y trouvaient, et en nombre. Toujours mû par cette même étrange sensation qu'auparavant, le vampire se concentra, tentant de matérialiser sa volonté sous la forme d'un contrôle des ossements présents devant lui. Les secondes semblèrent s'éterniser alors que la stryge intensifia ses efforts… sans succès. De rage, elle abattit ses poings sur un sarcophage, tentant de réfréner la sauvagerie qui menaçait de s'emparer d'elle.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 04 déc. 2022, 10:36, modifié 2 fois.
Raison : xp : 3 / total xp : 11
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jet de Magie : 13, échec
Jet mental : 8, réussite
Toujours rien. Il avait beau se concentrer, s'exercer à plusieurs reprises dans le froid glacial des Souterrains, il ne parvenait pas à manipuler la magie qui l'environnait, qui était en lui, qui était partout. Cela était énervant. Tout comme le regard idiot des goules dans la pénombre. Cela l'énervait, cela le mettait en rage. Mais non, il devait se retenir. Les goules étaient leurs alliés. Et leur sang était vicié. Mauvais. Elles étaient bien plus utiles vivantes que mortes. Ou du moins dans leur état actuelle.

La faim ne l'avait plus épris. Acererak était en paix. Mais ses songes l'étaient moins. Les souvenirs s'y mélangeaient. Le retour d'un père, ou d'une soeur, l'exil du foyer, par la force, non, volontairement. L'Errance. L'Errance pendant des mois, pendant des années. Se battre pour survivre. Se battre toujours. Manger, boire. Vivre. Non-vivre.

Karkanoth vint à lui à un moment. Ses traits étaient devenus un peu plus humains. Il s'était nourri. Le vénérable prit place sur le trône de pierre. "Les Anciens peuples du Nord ont bâti ces temples et ces palais. Et il n'en reste rien. Si ce n'est des pierres et des os. Qu'ont-ils légué ? L'Empire. Nous, qu'avons nous légué ? Ceci."

Il dévoila un casque, un glaive, quelques objets que le temps et l'usure rendaient méconnaissable. Mais les connaissances de Konrad dans l'artisanat lui indiquèrent le matériau d'origine. Du Bronze.

"Laisse moi te parler de Strygos... C'était notre royaume. Notre havre. Notre foyer. Notre souverain était Ushoran. Il nous avait rassemblé ici. Enfants de Nehekara. Des steppes. Des terres Arides. Tous réunis pour servir le Roi immortel. Et sa cour... Nous."
Il regarda dans le vide. Les terrasses ombragées, les palais. Même Acererak l'avait vu dans ses songes d'immortel.
"On nous a trahit. Le propre sang d'Ushoran. Trahit. Massacré. Exilés. Pour ne laisser qu'une poignée d'entre nous. Pour porter le souvenir de Strygos. Pour porter le fardeau de la rancune, et des regrets. Et qu'un jour... " Un sourire carnassier se dessina sur son visage parcheminé. "Nous retrouvons ce qui nous revient de droit. Une fois nos ennemis broyés."

Des rancunes et des rancœurs plus vieilles que le temps lui même. Des vestiges et des immortels fanés. Ainsi était la peine des fils d'Ushoran. Une peine qu'il partageait désormais.
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Acererak l'impérissable
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par Acererak l'impérissable »

Comme lors de leur dernière conversation, les élucubrations de la stryge ainée ne firent qu'apporter plus de questions à Acererak.
Originellement si réfléchi et pragmatique, celui ci avait cette fois ci bien du mal à se contenir : comment son maître pouvait-il supporter une telle situation ?!
Leurs ennemis leur étant ô combien inférieurs, qu'attendaient-ils pour agir ? Le sang d'Ushoran bouillait et refluait en lui.

Sans doute galvanisé par son statut si nouvellement acquis, le jeune vampire avait déjà de nombreux plans de conquête en tête. Cependant, il vida quelque peu son esprit, se forçant à faire montre de patience. Quand on a l'éternité devant soi, rien ne sert de se hâter. La précipitation ne mène qu'à l'échec.

Pour l'heure, il profita de la présence de son maître et l'assaillit de questions :

"Nos frères.... Pourquoi nous ont-ils trahi ? Y en a-il d'autres qui, comme nous, partagent le sang d'Ushoran ?"

"Pas nos frères. Nos soeurs. Notre Soeur. Neferata. Elle nous a dispersé. Exilé. Nos frères sont loin. Ou morts."

"Je vois. Nous sommes donc seuls." Il marqua une pause, prenant le temps de digérer ce nouveau facteur, reconsidérant ses plans.

"Que sont ces créatures ? Parvenez vous à vous faire obéir d'elles ? Je sens qu'elles nous sont liées d'une certaine manière mais je ne saurai dire comment, ni pourquoi." Demanda-il en regardant les goules, les gratifiant d'un coup d’œil approbateur. Acererak ne savait trop expliquer pourquoi, mais il appréciait particulièrement ces bestioles.

"Nous sommes toujours seuls." Déclara tristement Karkanoth avant de poursuivre.

"Des goules. Des exilés et des brisés comme nous. Reléguées ici." Il fit un vague mouvement avec l'une de ses énormes mains et aussitôt les nécrophages, jusqu'alors tapageurs, se calmèrent, clairement soumis à l'autorité de l'être qui leur était supérieur.

"Étrangement, elles me sont sympathiques. Elles me rappellent une part de moi même que j'ai l'impression d'avoir oublié." La stryge s'arrêta, perdue dans ses pensées, avant de se ressaisir subitement.

"Comment les goules sont elles créées ? Je pense que nous devrions essayer d'accroître nos effectifs autant que possible. Si tout ce que vous m'avez dit est vrai, et je n'ai pas de doute à ce sujet, nous devons nous renforcer."


"Elles viennent lorsqu'arrivent les famines et les fléaux. Mais elles ont faim. Et ce qui a faim se repère. De loin."


"Dans ce cas pourquoi ne pas affamer le village avoisinant ? Ses habitants viendraient ainsi grossir nos rangs." Simple mais efficace, Acererak ne voyait pas comment un tel plan pouvait échouer. Il se doutait cependant d'un facteur inconnu, sans quoi son maître, ô combien plus sage que lui, aurait déjà mis ce plan à exécution.

"Et les seigneurs de la région feraient venir les chasseurs de vampires." Dit simplement la colossale abomination vampirique, un sourire se dessinant sur son visage. La fougue de la jeunesse l'amusait visiblement.

"Sommes nous donc à ce point impuissants...?" Le vampire avait les poings serrés, la simple pensée qu'ils soient impuissants l'enrageait.

"Nous sommes très puissants. Associe-la à la sagesse et tu seras invulnérable." Cela sonnait autant comme un conseil que comme une mise en garde. Acererak en prit immédiatement bonne note.

"Je tâcherai de me modérer, maître. Je vous prie de bien vouloir pardonner ma hâte. Pour l'heure, si vous le permettez, je vais tâcher de renforcer mon lien avec les goules : je le fais autant par intérêt pour ces créatures qu'en raison de mes échecs dans d'autres domaines. Plus tôt, j'ai tenté de dominer le pouvoir coulant en moi, sans succès." Dit finalement Acererak avec une certaine honte.

"Prends ton temps. Je ne peux enseigner ce que tu as déjà en toi, seul le temps en est capable. Je peux cependant t'aider à parfaire ton talent, mais tu devras te montrer patient. La Dhar est encore agitée en toi." La voix du mentor résonnait alors qu'il s'éloignait dans les souterrains, laissant seul son disciple.

Les jours qui suivirent furent flous dans l'esprit de la jeune stryge. Il s'évertua à se familiariser avec les goules résidant dans les souterrains, tentant autant de communiquer avec elles que de les contrôler. Si ses tentatives de domination échouèrent, ses efforts finirent cependant par payer : les nécrophages l'acceptèrent dans leur groupe, le reconnaissant comme étant plus ou moins l'un des leurs. Une certaine coopération se mettait en place et Acererak en était ravi. Parfois, ses congénères inférieurs lui apportaient leurs trouvailles : souvent, il s'agissait de vieux os à peu près intacts. Quand il avait de la chance, il s'agissait de rongeurs et parfois même de bouts de chair non identifiée. Il les gratifiait alors de paroles approbatrices et essayait d'affecter la "Dhar" l'environnant de son contentement. Il ignorait si ses tentatives pseudo magiques avaient une quelconque utilité, et à vrai dire il s'en moquait. Peu à peu, son emprise s'affermissait sur les goules, et cela lui suffisait. Pour l'instant.
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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jet de magie pour maitriser un sort : 11, ça fait prrrrt
Jet pour le contrôle des goules : 20, t'es vraiment un vampire en bois
Jet de vol : 14, échec
Second jet de vol : 15, échec

:sadique:
Jets cachés
Heureusement qu'il n'y avait pas d'épreuve pour valider son statut vampirique, sinon Acererak l'aurait ratée haut la main. Ses tentatives de maitriser la Dhar environnante ne se soldait que par quelques menus picotements le long de ses doigts crochus. Quant au contrôle des goules, une manipulation mentale échoua si violemment qu'elles décidèrent de s'éloigner de lui. Chaque tentative de les rejoindre se soldait par un sifflement féroce et médisant de la part des intéressées. Comment même les êtres les plus rejetés, les plus méprisés, les plus détestés de tout le vieux monde pouvaient même le rejeter lui ?
C'en était trop pour l'esprit plus qu'animal de la Stryge. Trop d'échecs cuisants, trop d'humiliation pour l'égo d'un serviteur des rois immortels de Strygos. Fulminant et rageur, il quitta les souterrains. La nuit était d'encre. Nul astre dans le ciel pour éclairer les infortunés qui pouvaient se trouver dehors à une heure pareille. Mais nous étions dans les confins du Stirland. Personne n'était dehors à une heure pareille.

Il traversa les bois denses et flétris avec la vélocité d'un loup affamé. La bête, la noirceur d'Ushoran l'exilé, avait pris le pas sur Konrad.
Le village était barricadé depuis la disparition suspecte de deux villageois. On avait accroché de l'ail, des bouquets de fléau-des-sorcières et de la tubéreuse des cimetières aux fenêtres et aux portes. On avait renforcé les murs, prié les dieux, accroché des symboles de Morr le père de la nuit. Mais cela ne suffit pas. La rage du vampire balaya tout. Malgré l'immense douleur qu'il ressentait dans ses muscles gris et morts, il franchit le seuil des chaumières, brisant le bois et les os dans la même progression rageuse. Il se gava de sang. Les gens hurlèrent, on sonna l'alerte. Des hommes braves ou insensés se précipitèrent pour faire face à la bête qui massacrait impitoyablement les villageois. En vain. Le sang coula par bouillon entier. Les corps s'empilèrent, brisés, mourants. Les chaumières éventrées, le feu se propagea. Les gens fuyaient dans l'épaisseur de la nuit. Un carnage absolu. Une totale bacchanale de violence comme l'auraient attendus les peuples païens et barbares du grand nord. Il était repu. Mais sa rage ne s'apaisa que bien trop tard. Le mal était fait, irréparable. Il n'avait qu'à fuir encore, l'être piteux, sanglant, irréfléchi et irraisonné qu'il était avait déjà bien trop fait ici. Et tandis que l'exilé parmi les exilés s'éclipsait dans les bois, un survivant se leva dans les ruines. Serrant ses nippes couvertes de poux contre lui, il prit une lanterne. Sa route serait longue. Mais il avait une nouvelle à transmettre.

Celle du retour d'un enfant de la nuit.
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Acererak l'impérissable
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Re: [Acererak] La gloire de nos pairs

Message par Acererak l'impérissable »

Malgré ses efforts, les tentatives d'Acererak pour se lier avec les goules se soldèrent par un échec retentissant. Ayant été trop entreprenant trop rapidement, les nécrophages se mirent à le fuir comme de la peste, montrant même une certaine agressivité à son égard s'il s'approchait trop. La malheureuse stryge n'eut guère plus de succès du côté des arts occultes : chacun de ses essais pour animer les morts échoua.

Au début, l'enthousiasme du jeune vampire compensa ses échecs et il persévéra, s'évertuant à apprendre et à s'améliorer. Mais, alors que le temps passait et que sa faim grandissait, chaque déconfiture le laissait plus fulminant. Un cercle vicieux se mettait lentement en place : à mesure que son contrôle sur sa nature bestiale s'amenuisait, ses chances de réussite dans ses projets diminuaient, l'enrageant toujours plus.

Finalement, ce qui devait arriver arriva. Au cours d'une nuit particulièrement noire, Acererak fondit sur le village avoisinant le cimetière. Le monstre avait pris le pas sur le vampire, la bête sur l'homme.

Les villageois avaient beau avoir pris des précautions, cela se révéla drastiquement insuffisant. L'être de la nuit arracha les portes de leurs gonds sans discrétion aucune, massacrant les habitants terrifiés en ignorant leurs subterfuges ridicules : si les bouquets de fléau-des-sorcières suspendus le brûlaient, il n'en avait cure. Les malheureux ayant entendu les prémices du carnage tentèrent d'organiser une défense en se regroupant, mais leur inexpérience et manque d'équipement n’avaient aucune chance d'arrêter le monstre. Seul leur nombre pouvait leur être d'un quelconque secours.

Et ce fut le cas.
Une fois le gros des villageois regroupés, la stryge n'eut d'autre choix que de s'en prendre directement au groupe de villageois plutôt que de les massacrer les uns après les autres dans leurs maisons. La formation serrée des villageois contraignit l'anthropophage à les approcher de front, démarrant une lutte sans merci. La fourche d'un fermier courageux trouvait parfois son chemin jusqu'aux muscles morts de la bête, mais en retour 3 des leurs tombaient, le cou brisé par une poigne surhumaine ou leur ventre ouvert par un revers de griffe. Le combat fut acharné, mais galvanisée mais le sang et la chair de ceux qu'elle tuait et ingérait dans la foulée, la créature régénérait ses blessures à vue d’œil. Cela eut finalement raison du courage des villageois, qui, réalisant qu'ils ne pouvaient l'emporter, s'enfuirent, abandonnant ceux des leurs qui étaient blessés ou agonisants.

Acererak revint à lui alors qu'il dévorait le cœur d'une de ses victimes anonymes. Repu, il l'était. Sa panse était distendue, nourrie par la chair des riverains. Son gosier était rassasié, abreuvé par le sang des tombés. Pourtant, son agréable satiété ne suffit pas à annuler le sentiment d'accablement qui l'assaillit alors qu'il réalisa son erreur. L'ampleur de sa faute était sans précédent, sa folie bestiale terminée.

Abandonnant les fuyards et les agonisants, l'être de la nuit disparut dans les ténèbres que lui offraient les bois. Sa course était effrénée : il devait expliquer la situation à son maître, et ce peu importe la punition qu'il risquait en le faisant. Soudain, il ralentit, contraint. Réalisant que les villageois l'avaient atteint plus souvent qu'il ne l'aurait cru, il fut forcé de modérer son allure. Cependant, il était plus que rassasié et cela suffisait au sang d'Ushoran pour prospérer : cela guérirait vite.

Bien assez tôt, il retrouva son maître et posa un genou à terre, lui racontant à quel point il avait fauté.
Il conclut son long rapport dans lequel il n'omit rien, de ses échecs à sa frustration montante, par :
"De nombreux villageois ont réchappé de cet...incident. J'imagine que nos ennemis vont en profiter pour frapper. "

Un silence succéda à ce monologue, seulement rompu par le bruit dégagé par la gifle de Karkanoth. Complètement désarçonné, Acererak en fut renversé. Si la douleur physique suscitée par ce coup était quasi inexistante, son égo en pâti. Malgré tout, le jeune vampire prit sur lui et se releva lentement, posant à nouveau un genou à terre en signe d’allégeance.

"Comment peut on être aussi inconsidéré ? L'aube sera bientôt là, et les mortels auront toutes les heures de la journée pour avancer. Nous, nous serons coincés ici. À leur merci." Une déception sincère, presque du chagrin, transparaissait dans la voix de l'aîné vampirique.


"Je n'ai pas su résister maître. La frustration de mes échecs était trop grande... et j'ai craqué. Au moment où j'ai repris mes esprits, il était trop tard. Je suis rentré aussitôt, de crainte d’aggraver la situation."


"Tu n'as pas pu résister à ta propre rage, es tu une bête Acererak ? Un vulgaire chien fou ? Que diraient nos pairs ? Que dirait Ushoran ? Que diraient tous les notres qui vivent et survivent ? J'attendais mieux de toi qu'une aussi pitoyable crise de colère !"


"Je ne sais que vous répondre maître, moi même ai honte de mes agissements. J’accepterai tout châtiment que vous jugerez utile de me donner."

"Il n'y a aucun châtiment à prodiguer, nos ennemis rassemblent déjà leurs armes et leurs troupes. Il faut se tenir prêt. Pour survivre."


"Je suis prêt, maître. Comment pouvons nous nous y préparer ?"

"Rassemble les goules, conserve tes forces. Et obéis à tout ordre que je dirais."

"Je n'ai aucune autorité sur les goules, elles me rejettent, même. Quant à obéir à vos ordres, je ferai de mon mieux, comme d'habitude." Même si reconnaître aussi ouvertement son impuissance vis à vis des nécrophages lui coûtait, Acererak ravala son orgueil, conscient de la situation et de ses enjeux.

"Je m'occuperais des goules, tiens toi prêt. Il n'est pas trop tard pour rectifier l'immensité de ton erreur."

L'écho de ces mots n'avait pas eu le temps de mourir le long des couloirs froids et noirs que la stryge était partie, son devoir en tête.
Décidant d'utiliser le peu de temps lui restant avant l'arrivée des représailles humaines, Acererak se mit en quête d'armes capables d'être maniées. Il n'eut aucun mal à en trouver : les salles antiques en étaient pleines. Haches, massues, lances... L'arsenal était rouillé, usé, mais il servirait.
Rassemblant les armes les plus prometteuses, l'abomination les déposa devant le plus des groupes de goules. Si ces dernières étaient curieuses quant à ces ustensiles, elles rappelèrent à leur lointain cousin que sa présence n'était pas souhaitée en leur sein au moyen de grognements gutturaux.

C'était inutile : Acererak était déjà parti.
Sa première tâche remplie, il se mit à disposer soigneusement des ossements à des endroits qu'il jugeât stratégique. Pourquoi un tel comportement ? Seul le strigoï le savait. Cela l'occupa quelques heures.

Finalement, l'heure était venue pour lui de se reposer. Après tout, il ne serait d'aucune utilité à son maître s'il n'était pas capable de se battre au maximum de ses capacités.

Malheureusement, il ne trouva pas la paix tant recherchée. Figées dans son esprit, ses erreurs le tourmentaient.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 04 déc. 2022, 10:37, modifié 1 fois.
Raison : xp : 5 / total xp : 19
Profil: For 12 | End 12 | Hab 9 | Cha 8 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 9 | Tir 8 | Mag 7 | NA 1 | PV 90/90


Lien Fiche personnage:
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