La jeune fille rougit jusqu'aux oreilles lorsque je m'adressa une nouvelle fois à elle concernant son père mais ne préféra pas répondre, elle ne me faisait pas confiance ou tout du moins pas suffisamment pour me parler de choses trop personnelles. Après une rapide petite révérence et sans que je puisse lui adresser une nouvelle fois la parole, Hilberte me tourna le dos et prit le chemin de la porte qui claqua lorsqu'elle la referma derrière elle. Pourtant je n'entendis aucun bruit provenant de l'escalier et je la suspectais d'être derrière la porte, hésitante et ne sachant que faire.
Je pouvais sentir l'intérêt qu'elle me portait, un mélange de curiosité et de crainte vis à vis de ma personne, suspectait-elle quelque chose me concernant ? Difficile à dire, en tout cas je devais profiter de son état d'hésitation à mon avantage, c'était la seule solution qui me permettrait de la cueillir comme un fruit mûr car si sa méfiance s'envolait, il ne ferait aucun doute que cette petite serait à mes pieds, j'en étais véritablement persuadé. Je levai le ton pour m'adresser à elle, avec la plus grande douceur et gentillesse dont j'étais capable tout en me relevant de ma couchette pour me diriger vers la porte.
"Je sais que tu es derrière la porte, Hilberte. Je ne comprends pas la crainte que tu as à mon égard... Ais-je fait ou ais-je dit quelque chose qui aurait pu te blesser ?"
J'ouvris calmement la porte pour me retrouver face à l'adolescente, la dominant d'une bonne tête mais sans pour autant me montrer intimidant, les Sylvaniens étaient vraiment des gens des plus méfiants et gagner leur confiance était chose très compliquée, je venais de le découvrir par moi même. J'espérais que les prochaines fois seraient plus aisées. Je passa une main dans mes longs cheveux noirs avant de me remettre à parler, je devais choisir mes mots avec grande précaution mais si je n'obtenais pas de résultats concrets relativement rapidement, j'allais finir par perdre patience...
"Je connais la situation de la Sylvanie, d'ailleurs qui ne la connait pas... Je sais très bien que vivre ici ne doit pas être évident et que la peur est monnaie courante pour ses habitants. Tu sais, je ne demande qu'à vous aider toi et ta mère, mais je ne peux rien faire si vous ne me faîtes pas un minimum confiance... Vient donc tout me raconter, s'il te plaît Hilberte."
Une chose était certaine, si elle refusait de me suivre, je l'attaquerais sans plus tarder et la viderais de son sang avec la plus grande sauvagerie pour lui faire payer sa méfiance.