[Prestenent d'Affreloi] Silence, ça tourne...

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Grand Duc
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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ


Après ces divers questionnements internes, et malgré les quelques regards étonnés ou apeurés de certains "grouillots", voilà que notre chevalier reprenait de l'allure. Quelques pas suffirent à lui redonner quelque prestance bien avisée, chaque pas assurant - selon lui - sa nature altière et distinguée. Et plus il avançait, plus il semblait être le pinacle des environs, le joyau d'un tel paradis champêtre, les yeux rivés sur la chose qui l'avait extirpé de ces bergers et de leur rituel étrange.

Malheureusement pour Prestenent, il tenait plus du mammifère que du volatile, et ainsi la distance jusqu'à la source de tant de reflets fut enjambée plus lentement qu'il ne l'aurait voulu. À crapahuter ainsi à travers champs, on l'aurait certainement pris pour une anomalie, avec son allure princière et son teint d'albâtre... Car en effet, malgré le manque d'hydratation et les soucis de certains autochtones, aucun n'avait témoigné d'autant de pâleur, ou bien de finesse dans leur visage. Sans doute ce nouvel arrivant rutilant saurait-il corriger le tir à sa façon, vu comme l'errant l'imaginait avant même de l'avoir rencontré.

Une fine pluie vint à sa rencontre, simple bruine printanière tout à fait commune dans les terres côtières, et qui permettait ainsi d'expliquer une partie de la richesse du Duché : après tout, en Moussillon, la pluie elle-même était lourde, grasse, capable d'arracher des grains à chaque glaviot, sans jamais vraiment enrichir les sols. N'importe quel paysan aurait certainement exprimé de l'admiration ou de la jalousie pour un tel écart de climat, mais louée soit la Dame, Prestenent était loin d'en être un.
Test d'INT: résultat caché

Après quelque temps, Prestenent retrouva la source de son intérêt : il avait bien passé de longues minutes à le chercher du regard, et il avait manqué plusieurs fois de le perdre entre les murets et les collines disparates qui s'étendaient sur bien plus de distance que prévu. Mais qu'importe, à présent, il pouvait le distinguer, enlevant petit à petit toute cette brume imaginaire à chaque pas vers l'avant.

La chose était humaine à priori - l'inverse aurait été assez dérangeant -, couverte par un tabard d'un rouge très vif, et d'un écu aux tons éblouissants. Sans aucun doute possible, il venait de trouver la source de tous ces reflets lumineux. L'angle et l'orientation du bouclier étaient, en effet, parfaits pour cette tâche, à l'appui contre le sol.

Quelques pas plus tard, le reste de l'individu ne semblait toujours pas se distinguer. Néanmoins, la raison de tout ce mystère apparut devant notre errant : le porteur d'un tel écu rayonnant était plus qu'assis, avachi contre une motte de terre herbeuse, au sommet d'une des collines les plus dégagées. Entièrement paré de mailles, de tissus et de plates, il apparaissait tel un modèle endormi, ou quelque individu abattu par les événements, digne d'un tableau étranger. Heaume, gantelets, bottes, haubert, il était paré intégralement

Si le dormeur avait aperçu Prestenent, il n'en montrait le moindre signe - ou au moins, aucun signe que l'errant avait remarqué -, se contenant de rester affalé tel quel, le dos contre l’élévation soudaine.

Quelques pas encore, et le bouclier montrait enfin ses couleurs : un rouge très vif, très riche, accompagné d'un vert tout aussi intense, et d'une tâche sombre difforme au centre. La forme semblait être dressée, prête à bondir hors du dessin, prête à foncer tête en av...

Oui, voilà ce qu'était donc cette tâche sombre : une bête à cornes, tel un cabri ou un bélier, avec un air plus agressif et plus retors que le pire des marchands.
Le style du chevalier étalé par terre :*


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L’emblème exacte, présente sur son écu et son tabard :

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Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent ne connaissait pas d'autre démarche que celle, princière et vaniteuse, où son corps restait à tout instant à la verticale la plus solide et la plus parfaite qui soit. Bien plus efficace qu'un poids en plomb suspendu à un fil, le jeune chevalier errant entretenait la même relation avec la gravité: il indiquait en toute circonstance la position de l'axe verticale. Cette démarche avait ses aspects d'apparence originaux, pour ne pas dire qu'ils contrevenaient à tout instinct humain, surtout lorsqu'en gravissant ou descendant une pente son corps ne se penchait ni en avant ni en arrière. Sans doute possible cela le faisait remarquer comme un noble à l'éducation exquise, un monument altier de prestance ridicule se dressant tel un pic farouchement buté, dominant de sa cime la masse indolente des simples paysans courbés et trapus.

La pluie légère qui tomba le fit frissonner comme il s'attendait à bien pire, mais au final il fut presque déçu que cette bruine délicate ne soit pas plus brutale afin qu'il puisse faire montre de plus de courage encore en l'affrontant stoïquement. Le regard toujours rivé vers ce reflet métallique qui avait attiré son attention, il s'y dirigea à grands pas. Un chevalier, enfin ! Prestenent avait presque fini par douter qu'il se trouve bien en Bretonnie. La Bretonnie ce n'est pas que les paysans après tout. Ils ont beau représenter neuf dixième des formes de vie douées de parole, cela ne signifiait pas qu'on devrait les voir plus que les nobles.

Prestenent s'arrêta brusquement à une vingtaine de pas du corps endormi. Que faire désormais ? Il était si excité à l'idée de sa première rencontre avec un vrai chevalier que sa conscience le lâchait, l'escargot qui lui servait de cerveau était rentré dans sa coquille et le laissait seul incapable de réfléchir. Il ne pouvait pas réveiller le chevalier s'il dormait, ce serait très malpoli, et que lui dirait-il alors pour se justifier ?

Mais il ne pouvait pas non plus attendre ici que le chevalier se réveille. Il s'imaginait mal s'asseoir et regarder quelqu'un dormir pendant des heures.
Le plus logique eut été de continuer son chemin sans déranger ce noble monsieur, mais c'était inconcevable pour Prestenent. La première rencontre avec un vrai chevalier de sa vie n'allait pas se résumer à passer à côté d'un homme endormi sans dire un mot. Un tel passage ferait tâche dans la geste héroïque qu'on chanterai plus tard au sujet de sa quête, et un d'Affreloi sait accorder aux formes l'importance qu'elles ont.

En conséquence de cette indicible indécision, Prestenent fit ce que toujours en cas d'hésitation il fait.

Il resta planté là une minute à contempler l'endormi, faisant passer sur son visage maintes expressions selon ce qu'il croyait convenir le mieux à ce que l'homme devrait voir s'il se réveillait soudainement. Puis il s'arrêta et marcha en rond. Une idée lui vint, et il sortit son peigne pour se peigner rageusement, juste au cas où. Ceci fait, il rangea soigneusement l'outil et décida de s'approcher pour mieux ausculter l'étranger. Son regard fut immédiatement attiré vers l'écu. Avec déception, il conclut qu'il ne le connaissait pas. Ce n'était sûrement pas celui d'un duc ou d'un baron. En fait, les couleurs croisées faisaient penser à quelque chose de plutôt grossier en la matière, et le style autant que les couleurs rappelaient à Prestenent quelques blasons du sud du royaume qu'il avait mémorisés par cœur durant son enfance. Quand au bouc noir qu'on y voyait, cette image le fit frissonner. Y avait-il un lien quelconque avec les paysans assoiffés de sang croisés plus tôt ?

"Taalmadur disaient-ils. Toutes ces insignes bêtises seraient elles liés d'une quelconque façon que ce soit ?"

Il eut le sentiment, presque irrationnel, que ce bouc était une entité des plus noire et des plus néfaste, maléfice mordant et impitoyable qui voulait imposer sa présence délétère par delà les émaux.
Test d'héraldique: 15. échec
Prestenent eut une légère grimace dépitée, puis s'éloigna encore, tourna en rond, s'arrêta, ressortit son peigne, se repeigna une fois encore, juste au cas où, rangea soigneusement son peigne derechef, puis se retourna vers le chevalier immobile.

"S'il est encore endormi à cet instant, il le restera."

Prestenent haussa les épaules. Après tout il n'était pas obligé de parler à cet étranger. Peut-être, comme le suggérait le bouc sur son bouclier, était-ce un individu désagréable. Mais non. Cette idée ne perdura pas plus d'une fraction de seconde dans l'esprit naïf de Prestenent. Un chevalier était un chevalier. Il ne pouvait par là même qu'être une personne exquise. Lui même qui s'était entraîné durant toute son enfance pour être à la hauteur de l'aristocratie bretonnienne, il n'avait fait qu'attendre cet instant depuis toujours. Il scruta la face du chevalier en penchant sa tête de côté, espérant déceler une réaction, puis, concluant qu'il n'avait rien à perdre, s'éclaircit bruyamment la gorge.

"Cette fois, soit il se réveille, soit je passe mon chemin. Parbleu !"
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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ


Test de Discrétion de Prestenent (pendant qu'il inspecte le chevalier au bouc), -2 pour le bruit occasionné à proximité : 17, raté.

Du coup, cela fait ce que tu voulais : Il t'entend, et ça le réveille.

Test d'INI de Prestenent : 17
Test d'INI du Chevalier : 7. Il réagit plus vite que toi.
À peine venait-il de se racler le gosier qu'un mouvement se présenta à ses yeux. Avec tant de proximité, le geste apparut tel un tressaillement, une convulsion soudaine et foudroyante, tous les autres caractères se dissimulant sous les vêtements et ferrailles du Sieur-au-Bouc. Celui-ci remua de fond en comble, agrippant le col de l'errant dans son premier sursaut, maintenant sa serre gantée durant le second, et beuglant alors au troisième, à bout-portant :

- " Gouffre-Morr ! Cesse ton essor, foi d'Essart, ma Dame n'aura p... !"

La voix résonnait et semblait presque grésiller au travers du heaume poinçonné, transformant la voix en un assaut auditif presque abrutissant par rapport au silence qui avait accompagné Prestenent jusqu'alors. La fin de la phrase - ou de la geste ? - ne vint jamais, les mots s'étant perdus entre le gosier tremblant du Sieur-au-Bouc et les esgourdes du Moussillonais. Là, le hurleur lâcha prise, rejetant Prestenent sur ses appuis, tandis qu'il se jetait lui-même à genoux de l'autre coté, cherchant l'ouverture de son casque à grande hâte. La plaque buccale pivota sans peine, cognant contre le reste du heaume alors que cet inconnu s'épanchait à... il s'épanchait tout court.

Évidemment, il n'était pas en train de se liquéfier devant Prestenent - il n'existait de phénomène de ce genre en Mousillon, alors c'était hautement improbable que cela soit possible en Bordeleau -, mais il semblait batailler physiquement et de bien piètre manière face à des effluves corporelles, ou l'inverse. Étant donné la condition naturelle de notre chevalier, ce genre de reflux n'était pas vraiment surprenant - il avait dû lui-même lutter durant de nombreuses occasions face à son propre corps, face à son propre ensemble - mais qu'il puisse observer une chose similaire d'aussi près chez autrui, ça, c'était une nouveauté.

Cette "marée nouvelle" ne dura que quelques instants, mais cela fut suffisant pour paralyser temporairement ce Sieur-au-Bouc, et ainsi l'empêcher d'agripper Prestenent ou de lui hurler dessus une nouvelle fois. Il prenait en effet de grandes inspirations saccadées entre les ressacs de ses entrailles, comme si l'air lui était interdit durant ces instants de faiblesse, ou comme si l'océan lui-même venait emplir sa panse à chaque gargouillis. Une fois que ce tumulte fut achevé, le Sieur-au-Bouc se tourna vers son homologue, referma l'ouverture de son heaume, et se prit d'une voix faiblarde, presque chevrotante dans ses premières syllabes :

- Allons, parbleu, qu'est-ce à dire que ceci ? Qu'este-vous là donc, manaaan... Chevalier ?"

L'individu, vraisemblablement un homme, semblait tendre le col en direction de son écu, puis vers celui de Prestenent.

- " Chevalier ? Eh bien, allons, messire mon ami, qu'amenez-vous en ces lieux par votre présence ? Parlez sans gêne et sans frein, confrère, et j'en ferais de même, foi d'Essart, si la Dame m'en juge honnête !"

La mare translucide qu'il venait de régurgiter ne semblait plus le gêner le moins du monde - elle n'était plus visible de toute façon, vu sa position - et son seul signe de mollesse se révéla être le besoin d'un appui pour se lever. Une fois dressé correctement, le Sieur-au-Bouc témoignait d'une allure nettement plus fière, plus large et altière, mais aussi plus... basse. En effet, même si ce Sieur pouvait être plus large de corps et de coffre que Prestenent, il en restait tout de même plus petit. Ce manquement de hauteur semblait avoisiner la demi-tête, et dans la possibilité de les comparer à nu, sans doute Prestenent aurait-il été juste assez grand pour guetter le sommet du crâne de son compatriote.

Et c'est ainsi vêtu, ainsi dressé, que ce Sieur-au-Bouc tendait désormais sa main gantée de fer et de cuir envers notre chevalier bien peigné. Visiblement, il désirait lui serrer la main.
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Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent fut trop surpris pour réagir au mouvement brusque de cette masse armurée. Le corps bardé d'acier se dressa et dans un tressaillement incompréhensible l'agrippa au col en poussant un cri effrayant et en déclamant une phrase sans queue ni tête à travers le métal de son heaume.
"Garde ton calme. Garde ton calme." se disait Prestenent à lui même. "Inutile de le gifler, il porte un casque."

Le chevalier errant moussillonais sentit une brûlure remonter dans ses veines alors qu'il contenait sa colère. Sa distance de sécurité de six pas venait d'être sauvagement violée, fracassée, et pulvérisée. Encore était-il heureux que le heaume évite aux postillons de l'homme d'atteindre Prestenent. Le jeune chevalier errant se calma en se disant qu'après tout cet homme était noble. Ce devait être donc une personne propre. Nécessairement. Ce geste brusque pouvait s'expliquer facilement s'il sortait d'un mauvais rêve, Prestenent était bien placé pour le savoir, mais au moins si c'était un chevalier alors le risque qu'il soit malade était quasi nul.

Mais il déchanta lorsqu'il vit ledit chevalier lâcher prise pour se retourner à la hâte et, dans un effort maladroit rendu pénible par son armure, vomir le contenu de son estomac avec des convulsions inquiétantes. Les yeux écarquillés, Prestenent le regarda faire avec horreur. Il lui arrivait bien à lui même de vomir, souvent même, mais les raisons étaient autres, il savait qu'il n'était pas malade. Là, devant cette dispersion liquide, Prestenent était désemparé. Il n'avait, de mémoire, jamais vu quelqu'un d'autre vomir aussi près de lui. Instinctivement il s'épousseta le col de sa tunique à l'endroit où l'autre l'avait touchée, juste au cas où.

"Hem… vous allez bien ?"

Le sieur, malgré lui pris au dépourvu, se retourna comme si de rien n'était. Après quelques bafouillements, il reconnut en Prestenent un chevalier et se fit un devoir de le saluer convenablement. Avec un sourire, le moussillonais répondit courtoisement et serra la main gantée de fer avec la sienne, gantée de cuir. Un contact fort étrange, mais qui parut chaleureux au jeune chevalier. La poignée de main n'était pas vraiment une chose qu'il avait souvent pu expérimenter, et il en oublia sur le coup le vomi et les maladies dont il avait habituellement si peur.

"Bien le bonjour messire d'Essart. Je suis Prestenent d'Affreloi, chevalier errant. Je vais là où les chemins de Bretonnie me guident, et pour l'instant je suis en quête de quêtes. Vous êtes le premier chevalier que je croise dans la région je dois dire. Êtes vous natif du lieu ?"

Il lança un regard vers la colline où il avait été témoins du rituel sordide et sanguinaire sur un bouc noir.

"J'ai pu voir ici bas bien des choses qui ne lassent pas de me surprendre quand j'y repense. Mais peut-être êtes vous mieux informé que moi ?"

Et il darda son regard vers son interlocuteur. Soudainement, une étrange ombre était passée sur le visage de Prestenent. Il cherchait à voir à travers les trous du heaume, les yeux de ce chevalier. Prestenent était encore paranoïaque, et le fait de ne pas avoir même pu entrevoir la peau de cet individu avait soudainement fait naitre un soupçon. Le bouc était un symbole bien étrange pour un chevalier, et à moins d'attendre une attaque il était curieux de dormir revêtu de toute son armure et de son casque. L'esprit de Prestenent était déjà en train de tisser des hypothèses, et attisait sa paranoïa.
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Test d'INT du Sieur : 13, raté.

- " D'Affreloi, vous dites ? Voilà chose étonnante, brave confrère, car je n'ai ouï un tel nom depuis bien longtemps... Vous ne seriez tout de même pas un de ses sots venus de Montfort, qui n'ont pas même le cœur ou l'honneur de se battre à cheval lorsque sonne le tocsin ? Non, vous n'en avez la trogne, ni la guigne..."

Quelques secondes passèrent où le sieur-au-bouc s'arrêta dans sa tirade, restant immobile auprès de Prestenent. Il se mit ensuite à lever ses bras, rabattant son écu par-dessus sa besace dorsale, après l'avoir épousseté partiellement.

- " A vous dire vrai, je n'ai pas non plus l'essor des gens d'ici. Le domaine d'Essart appartient à un duché bien plus noble, plus terrestre, et surtout plus proche de la Dame ! Jadis mon ancêtre occis le Céryx du Râle-chalôns, et c'est en son honneur que je parcours les routes, tel mon Duc Bohémond. N'est-ce pas légitime que j'aspire à rendre fier mon blason ?"

Il frappa plusieurs fois sur le bouc noir qui se dressait sur son torse, faisant résonner le son métallique avec quelque tremblement.

- " Quant au reste, confrère, je n'ai vu aucune vilenie ni déraison dans tout ce qui m'est apparu en ces lieux. Les gens de ce Duché sont évidemment moins nobles que les miens, et ainsi sont-ils..." Il se racle la gorge bruyamment avant de reprendre "... Si lacunier d'esprit qu'à l'accoutumée. Mais il m'est avis que leur vin est tout bonnement merveilleux, digne de l'élixir des fées..." Il se racla la gorge à nouveau, levant la tête vers le ciel pour s'aider à la tâche. " Fagotin que cela !"

Enlevant à la hâte son barda, débouclant l'opercule de son heaume, voilà qu'il tourne le dos à Prestenent - le tout sans annonce ni avertissement, encore ! Une fois rassasié, et après qu'il eut effacé les quelques flots carmin que sa gourde avait déversé sur son heaume, il fit de nouveau face au Mousillonais, et lui tendit le récipient.

- "Veuillez m'accorder pardon, un diable s'était installé dans mon gosier... Tenez, goûtez comme leur breuvage est bon, messire d'Affreloi. Il m'est avis que leur lige de Bois-Giron doit être un fantastique seigneur, pour mériter de telles terres et un tel nectar. Je m'y dirigeais justement pour lui demander conseil. Rassurez-vous, avec un cheptel si riche, il est certain que ce seigneur - sinon la Dame - nous évoque quelque bête ou malfrat."

Durant tout ce temps passé au charabia, Sire d'Essart n'avait pas cessé de guetter l'errant, tenant sans doute le regard au travers de son heaume - à moins qu'il n'ait préféré ausculter Prestenent depuis le confort de son armure ?

Quoiqu'il en fût, après toutes ces tirades, il se tourna face à la butte où il s'était assoupi, en levant légèrement les bras.

- "Mon aïeul disait qu'il y a qu'un malheur avec la richesse, c'est qu'elle se répand sur les bonnes gens comme sur les choses les plus mercantiles. Croyez-moi, je trépigne encore à l'idée de croiser la route d'un marchand d'ici-bas. Et comme voilà des jours que je n'ai croisé ni muraille ni sang-bleu..."

Il serrait un poing tremblant désormais, que ce soit dû à la haine, la peur, l'impatience ou la fatigue.

- " ... Jusqu'à aujourd'hui ! Venez, mon ami, mêlons nos chemins. À deux, nous aurons bien plus d'honneur qu'un seul ! Et vous devez vous haïr, de devoir galvauder votre personne de la sorte. Vous devriez avoir un couvert digne de votre domaine, si lointain s... De quel Duché venez-vous ?"
Sieur d'Essart parle beaucoup.
Vraiment beaucoup.

Par conséquent, tu peux parler avec lui autant que tu le souhaites, et lui demander quoi que ce soit.
Cela ne veut pas dire qu'il a toutes les réponses ou qu'il veuille répondre à tout, évidemment.
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

En vérité, d'Essart s'avérait un individu plutôt loquace. Prestenent fut sensiblement remis en confiance et apaisé par le fait de converser avec un individu dont il comprenait le langage sans efforts, pour une fois. À la remarque du sieur sur son absence de cheval, Prestenent haussa les épaules et dit:

"Je ne connais pas assez le Montfort pour vous donner tort ou raison, mais pour ma part le destin m'a privé de mon seul destrier et je ne vous cacherai pas mon impatience d'arriver à Bois-Giron pour m'en procurer un nouveau. L'absence de cheval me fait l'effet d'une malagréable tâche qui souille mon allure. J'ai aussi ouï dire que le marquis qui y réside aurait facilement de quoi donner à faire à des chevaliers tels que nous. De ce que j'ai vu, le bas peuple de ces lieux n'a pas l'air calme et serein, pas plus qu'équilibré, sans vouloir paraître rude." Il eut une légère grimace de dégoût. "C'était bien la première fois que je voyais des gens boire le sang d'un bouc vivant. Je ne suis pas sûr que je puisse jamais me convaincre de trouver cela normal."

Prestenent vit le chevalier au bouc ramasser son barda, son écu et sa sacoche, tout en commentant qu'il n'avait pas grand chose à reprocher aux locaux, sinon qu'ils soient inférieurs à ceux de chez lui, bien entendu. Prestenent commençait à mieux cerner l'individu.

Soudainement, un sursaut secoua la masse armurée. Prestenent se crispa, mais le chevalier s'était retourné, lui montrant son dos, et relevant son heaume il cracha sa bile une fois de plus. Cette fois, le jeune d'Affreloi eut un mouvement de recul. Il était évident que quelque chose d'anormal était derrière tout ça, et ce n'étaient pas les théories qui manquaient. D'Essart s'excusa de manière expéditive, comme si c'était tout à fait ordinaire, puis proposa à Prestenent de boire dans l'outre de vin où il venait de s'abreuver.

Une hésitation se fit fortement ressentir dans son esprit étriqué. Prestenent voyait surtout se réverbérer sur sa vision l'image de gouttelettes de vomi et de morves mélangées au vin. Pas besoin de rien connaître en médecine pour savoir que se gorger ainsi des miasmes d'un autre était aussi sain que d'embrasser un gobelin sur le nez ou de boire l'urine d'un homme bête. Pouah !

Mais d'un autre côté, on ne refusait pas du vin proposé par un gentilhomme. Partager ce breuvage était un signe d'amitié très fort, et un refus eut été comme un outrage fait à la dignité de ce chevalier, voire une déclaration d'hostilité.

Mais Prestenent ne raisonnait pas vraiment de la sorte. Le dernier né de la maison d'Affreloi préférait voir les choses sous l'angle de l'humilité, une variante plus prudente sinon paranoïaque de l'humilité. Étant noble, il n'avait pas de raison de réclamer du vin. Il aurait été de mauvais goût de boire le vin d'un autre alors qu'il n'en avait pas besoin. S'il voulait du vin il n'aurait qu'à en réclamer le moment venu, mais pour l'heure il ne voyait pas dans le geste du sire d'Essart un mouvement d'amitié chevaleresque, mais au contraire une sorte de don désintéressé comme une sorte d'aumône que Prestenent aurait bien tort d'accepter. De quoi aurait-il l'air s'il buvait devant le chevalier sinon d'un pauvre hère qui profite d'être tombé sur un chevalier pour boire son vin. Sans compter qu'il aurait honte d'être saoul devant lui. En d'autres termes, Prestenent se servit de son sens de l'honneur pour justifier de ne pas approcher ses lèvres de ce goulot souillé de bile.

"J'ai déjà eu l'occasion d'en goûter, les habitants de la région ayant, il faut le reconnaître, cette qualité de ne pas être avares. Je ne vous ferai pas l'offense de vous priver d'une partie de ce nectar, pour ma part j'en ai bien assez eu."

Tout en parlant, Prestenent d'Affreloi guettait avec attention la réaction de son interlocuteur. Il était difficile de déchiffrer ses émotions à travers son heaume, mais des yeux que l'on apercevait par la fente du casque, il semblait jauger Prestenent d'une façon que ce dernier jugeait suspecte. Son inquiétude ne fit que croître lorsque d'Essart lui servit une tirade sur le sang bleu avant de lui demander comme un rien de quel duché il venait.
Pour une fois, l'escargot avait été rapide, car Prestenent avait senti venir cette question et avait préparé sa réponse. Une sorte de nouvelle excitation reprit le dessus dans son être, car en repensant à ses origines, il repensait à sa mission et à combien de précieuses secondes il avait perdues dans cette conversation creuse.

"Un chevalier errant sert avant tout la Bretonnie dans son ensemble, et je me suis fait la promesse de ne pas même songer à mon foyer avant d'avoir terminé mon errance à travers tout le reste du pays. Lorsque je rentrerai dans le marquisat d'Affreloi, j'aurai déjà couvert mon nom d'une nouvelle gloire. Mais qu'attendons nous au fait ? Chaque seconde est comptée dans l'existence d'un errant. Vous vous dirigez vous aussi vers Bois-Giron ? J'y chemine depuis hier et crois possible de l'atteindre aujourd'hui même."

Une sorte d'empressement s'entendait maintenant distinctement dans sa voix. Le simple fait d'avoir changé de sujet lui faisait oublier toute prudence ou soupçon. Prestenent avait presque l'air d'un fou, ou d'un enfant émerveillé ; ou bien les deux, et il parlait de plus en plus vite.

"Faisons route ensemble, comme vous le disiez. Si nous avons le temps je vous conterai les exploits de mes ancêtres, et ceux que je compte bien accomplir. Vous me parlerez de ce Céryx du Râle-chalôns. Je n'en avais jamais entendu parler avant aujourd'hui. Mais puisque vous tenez votre matériel, allons-y. J'ai le sentiment que tout Bois-Giron retient son souffle dans l'attente de notre arrivée et il faudrait être vilain pour tout laisser s'asphyxier au devant de nous. Dites moi, m'accompagnerez vous messire d'Essart ?"
Modifié en dernier par Prestenent d'Affreloi le 27 sept. 2020, 20:38, modifié 1 fois.
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Rédigé par Snorri Sturillson, Assistant MJ


Test de CHA de Prestenent : 10, raté
Test d'INT du sieur d'Essart : résultat caché.

Le Sieur-au-bouc marqua une pause, apparemment gêné par quelques replis de son gorgerin ou de ses mailles. Le silence rompit tout de même l'instant d'après :

- " Eh bien, allons, Sieur d'Affreloi. Votre marquisat se doit de reluire en votre nom, et ce n'est pas ce temps fâcheux qui doit servir d'exemple ou de coutume à votre épopée ! Nous aurons certainement l'allure suffisante pour atteindre ce bourg si luxuriant, mais hâtons nous tout de même, la Dame n'a certainement pas tant de patience à nous accorder, au vu des exploits des environs. Je vous suis, compagnon."

Rabattant ses mains à ses côtés, il s'ébranla tel un chariot qui se met en marche, et atteint assez rapidement l'allure droite et forte des gens de bonne constitution. Sans doute cet individu comblait-il son manque d'altitude par la rudesse et l'ardeur de son corps. Après tout, qui pouvait clairement déceler des traits communs au bon peuple de la Dame, une fois celui-ci engoncé dans une armure, et comblé des armoiries de son foyer ? Ainsi, le Sieur-au-bouc avançait-il avec ferveur, tout ferré qu'il était, tel une pièce rutilante et inamovible.
Test de perception de Prestenent, -1 pour la pluie battante : 7, réussi de justesse !
Test de Sieur d'Essart : résultat caché.

Durant le reste du chemin, les deux sieurs avançaient côte à côte, tant que le terrain le permettait. En effet, la topographie locale avait beau s'adoucir progressivement au fil des heures, délaissant ainsi les collines verdoyantes pour des champs nettement plus plat et tout aussi riche. Les quelques lieues suivantes se découpèrent ainsi en diverses parcelles céréalières ou élevages bovins, chacun étant évidemment peuplé de quelques paquets de paysans, tous plus brunis les uns que les autres, que ce soit par la terre ou par les trombes d'eau froide qui ne semblaient trouver refuge une fois tombées du ciel.

Il y avait eu quelque fréquentation durant cette traversée boueuse - autre que les sempiternels fermiers, cela va sans dire-, principalement quelque patrouille d'hommes d'arme, chacun arborant une sorte de casque à bords larges et une lance tout à fait commune. En guise d'uniforme, ceux-ci avaient un grand gilet de cuir usé qui leur tombait jusqu'aux genoux, et auquel était cousu un blason bleu et ... la deuxième couleur avait terni depuis trop longtemps pour être significative à travers la pluie. On aurait dit quelques demi-écu grisâtre, paré d'une forme longiligne tentaculaire.

Et quelque part au milieu de ces intempéries, Sieur d'Essart avait tenté d'épiloguer et d'expliquer les faits d'armes de son ancêtre, et les significations de son blason.


Au travers du heaume, voilà les mots qui avaient réussi à maintenir leur sens, bien qu'ils furent amenés avec quelque désordre :

- " Voyez, compagnon, mon ancêtre Phelippon occis le Céryx, une bête immense qui sévissait dans les environs forestiers de Bastogne, lorsque les terres étaient encore diaboliques et boisées. Mon ancêtre était à l'évidence un digne descendant de Gilles, vu la stature et la hardiesse avec laquelle il se jeta à la tâche.

Mon ancêtre avait été malmené par une vile femme-de-science qui, non-content de corrompre mon aïeul avec ses inepties, l'avait maudit au point où il apparaissait tel un homme de basse-nature. Ne pouvant revenir à son domicile, il erra quelque temps jusqu'à la demeure d'un seigneur voisin. Ce dernier était frappé par le malheur, puisque la rumeur prétendait qu'une partie entière de son domaine venait d'être décimé par une bête inconnue.

Sans jamais hésiter, mon aïeul se vit désigné pour accompagner le seigneur local et inspecter les lieux sous les ordres "de son lige". Évidemment, mon ancêtre ne sut refuser une tâche si légitime, et il emboîta le pas de son lige, comme n'importe quel individu de bonne grâce l'aurait sitôt fait, même un paysan.

Mais le lige était troublé par la rumeur, et lorsqu'ils arrivèrent à la parcelle, tous furent frappés par l'horreur des lieux : la bête rodait encore, ne laissant que des monticules sur son chemin. La traque fut alors lancée, mon aïeul se plaçant toujours au-devant, comme il se doit. Et c'est alors que la bête apparut, sous les attraits d'une femme. Le seigneur local, toujours aussi troublé, fut certainement frappé par quelque sort, car il ordonna à Phelippon de la laisser s'approcher.

Mon ancêtre s'exécuta, jusqu'à ce que le monstre révèle ses vrais atours, en bondissant au cou du seigneur, mordant et arrachant des lambeaux autant à sa monture qu'à lui-même. La plupart de l'escorte tomba dans la débâcle, tous aussi roturiers que les maux de mon ancêtre. Le conflit était terrifiant, la bête se dressant vivement sur ses sabots de jais tel un démon, dardant d'un endroit à un autre en un souffle, rossant et perçant bois et pierre d'un seul effort.

Mon ancêtre accourut pour protéger le seigneur, mais le mal était déjà fait : les dents de la créature malade l'avaient brisé, arraché à sa monture. Une fois la bête rassasiée, mon ancêtre se retrouva seul, face à l'immonde créature. Tentant tant bien que mal de contrôler la monture du seigneur, il fut emporté par la panique de celle-ci qui, si noble qu'elle fût, se rompit le cou aux abords d'un point d'eau qu'ils avaient dépassé précédemment. Malgré toute sa force, Phelippon fut envoyé tout entier dans les effluves, et manqua de s'y noyer maintes fois avant de retrouver la terre ferme.

Alors qu'il reprenait pied, la bête ressurgit, hélant quelque maléfice ignoble en guise d'avertissement. C'est alors que mon ancêtre attrapa une lame délaissée au fond de l'eau, l'empoigna fermement en se préparant à la prochaine attaque du Céryx.

Ce n'est que lorsqu'elle bondit, et que le fer s'enfonça de la gorge au front que mon ancêtre remarqua la lueur qui émanait de l'acier. Dans un ultime effort, il agrippa l'autre extrémité, renversa ses mains, brisant les nerfs de l'ignoble créature pour de bon. Celle-ci expiait avec pitié, beuglant mille maux alors qu'elle reprenait sa forme humaine.

La pensant toujours vivante, mon aïeul voulu l'occir à nouveau, lorsqu'il fut arrêté dans son geste par une main digne et immaculée. En se retournant, il vit alors une Dame, toute vêtue de blanc et parée de lauriers, dressée sur la surface de l'eau, qui l'accueillait à bras ouverts. Phelippon n'étant pas le moindre sot, il reconnut la Dame immédiatement et s'agenouilla en lâchant son arme. Et c'est alors qu'Elle lui toucha le front, et que mon ancêtre retrouva ses traits originels, nobles et puissants.

Pour son honneur inébranlable et sa loyauté sans faille malgré tous les torts qui lui furent fait, mon ancêtre fut ainsi adoubé et béni par la Dame Elle-même, lui ordonnant de prendre ses terres d'origines et celle du défunt seigneur pour sienne, en Son Nom.

C'est ainsi que le domaine d'Essart fut créé, et aujourd'hui encor, nombre de pèlerins traversent le Duché de Bastogne pour retrouver le lac de Rase-Châlons, aux abords du domaine d'Essart."

***
Aux environs du crépuscule - il était assez difficile de déterminer quand était le jour et à partir de quand faisait-il vraiment nuit avec une telle averse -, les deux errants furent enfin rassurés quant à leur destination : à moins d'une demi-lieue se trouvaient des murs, sans doute parés de parapets, et cela ne pouvait donc signifier qu'une chose... Un bourg était en vue, une ville même, celle de Bois-Giron.

Quelques clochers retentirent avant leur arrivée, signalant quelque chose aux différentes peuplades réparties autour des remparts, qui s'étaient tous regroupés aux abords de l'enceinte, et avaient rapidement disparu peu après. Pressant le pas entre les bocages et les terres de vignobles locales, ils furent tous deux interpellés par quelques autres hommes-d'armes, visiblement sous les ordres d'un sergent monté ou d'un bailli.

Sieur d'Essart prit alors la parole, se présentant non sans amertume comme "Ancelin d'Essart", d'une voix forte et autoritaire, qui semblait grésiller au travers de son heaume détrempé. Visiblement, les roturiers attendaient que l'autre chevalier fasse de même, avant de pouvoir pénétrer dans l'endroit.

Autour d'eux, il y avait désormais quelque carriole délaissée sur le bas-coté, quelque abri qui servait d'étable et d'écurie pour les gens d'extérieur, ainsi que quelques autres cabanes et bâtiments grotesques qui s'agglutinaient tant bien que mal contre les murs délavés de la cité. Mais malheureusement, la pluie n'avait visiblement pas décidé de s'arrêter, et encore moins de se calmer un instant.
Voilà voilà, après toutes ces étrangetés, te voilà à Bois-Giron, première ville de ton périple en Bordeleaux.

Je te laisse le champ-libre pour le prochain post, alors fait comme tu le sens. Vu l'endroit et l'heure, la ville contient tout ce que tu peux imaginer dans une ville du Moyen-âge (une chapelle, un château-fort, une place du marché, une auberge, une taverne, différents artisans, etc etc)

J'ai aussi brodé la "légende de Phelippon d'Essart, Chevalier du Graal", et je l'ai regroupée en un seul bloc, afin de garder un semblant de lisibilité.
Et oui, le Sieur d'Essart ne vient pas d'un trou paumé, mais de Bastogne !

En guise de conclusion , voici à quoi ressemble Bois-Giron, approximativement :

Image Tu es actuellement à la porte Est, soit en bas à droite de la carte.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Prestenent d'Affreloi
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

En marchant aux côtés de ce chevalier courtaud, Prestenent d'Affreloi se délectait de son récit sur la mort du Céryx. Sa suspicion s'était volatilisée tandis que lui venait par bribes l'aventure de l'ancêtre de d'Essart, et le jeune chevalier errant y prêtait non seulement une oreille attentive, mais plus encore s'en excitait. N'eut été sa peur de paraître impoli, il aurait sûrement interrompu l'autre à chaque phrase pour poser plus de questions ou faire des commentaires, mais au prix d'un grand effort il se força à ne pas perturber son nouvel ami. En effet, Prestenent considérait déjà cet étranger comme un ami, et c'est avec peine qu'il réalisa qu'il faudrait malgré tout cacher une part de la vérité aux amis qu'il se ferait au cours de son errance. Il n'avait jamais envisagé la chose sous cet angle par le passé, mais comment pourrait-il nouer une véritable relation de confiance intime avec d'autres chevaliers sans pouvoir leur dire de quel duché il venait ? Le poids de ce secret ne risquait-il pas de totalement empoisonner le reste de sa vie ?

"Baste !" Pensa-t-il. "Nous verrons bien. Si j'estime que la situation y est propice, je lui dirai que je viens de Moussillon. Je n'en ai aucunement honte après tout."

Lorsque le conte du chevalier abattant le Céryx fut terminé, Prestenent s'exclama en agitant les mains en des gestes brusques comme à son habitude:

- "Quel geste ! Votre ancêtre devait être homme de grande vigueur pour s'être tiré de la noyade et avoir tué une telle créature sitôt après. Pareille abnégation est une vertu forte. Il y a dans ma lignée un récit qui n'est pas sans me revenir en mémoire. Du temps que les d'Affreloi étaient de prospères marquis, notre famille détenait une épée répondant au nom de Viergedouleur. Cette lame enchantée était un don à double tranchant, car sa présence seule suffisait à faire perdre toute hardiesse à ceux qui n'avaient pas la vigueur de la défier. Sans même toucher sa cible, l'épée faisait aux malheureux alentours de cuisantes douleurs si tant que les guerriers lâchaient leurs armes pour fuir en hurlant. Cette force redoutable de la douleur était telle que quiconque approchait à moins de six coudées de l'épée échue aux d'Affreloi se trouvait repoussé par cette souffrance, qui n'était rien, dit-on, comparée à la férocité de sa morsure. Seulement cette arme, si redoutable soit-elle, n'était pas utilisée par aucun guerrier car son aura punitive ne se gardait pour personne, et n'épargnait pas celui qui voulait l'utiliser. C'était là la seule épreuve pour s'en servir, passer outre la douleur, et en cela pas même des chevaliers fort vertueux n'y parvenaient. La force de cette arme semblait à jamais réservée du commun des mortels, jusqu'à mon ancêtre, Enguerrand d'Affreloi, premier du nom, celui qui par un effort surhumain saisit la lame par son manche."

Tout en marchant avec idée de maintenir la même allure que son interlocuteur, Prestenent commença à gagner en agitation comme il racontait. Le sourire qui se dessinait sur ses lèvres était presque trop heureux pour la simplicité de cette situation, mais pour la première fois de sa vie Prestenent allait pouvoir conter une histoire sur sa famille, faisant ainsi renaitre ce nom glorieux. Il y en avait des dizaines pourtant, des récits dans lesquels un d'Affreloi avait pris part. Cette lignée était au moins aussi ancienne que la Bretonnie, et à son apogée avait été à la fois prospère et honorable avant que n'arrive sa déchéance. Les d'Affreloi avaient souvent fait leurs armes à la guerre, en leur qualité de marquis. Lors des grandes campagnes de l'histoire de Bretonnie, il y avait souvent eu un d'Affreloi parmi les nombreux chevaliers dans la suite des héros du royaume ou du duché de Moussillon. Ils étaient à l'époque réputés comme une lignée guerrière, rigide et impitoyable, mais douée de bravoure et de vigueur. Désormais ils étaient tombés dans l'oubli, mais les générations d'infirmes nés sur un sol maudit par la trahison du duc de Moussillon avaient transmis les récits d'autrefois à leurs enfants, jusqu'à Prestenent.

"Il fut le premier à porter cette arme à la guerre. En ces heures sombres pour soutenir son Roy, il vint jusqu'au sacrifice de s'infliger tel tourment pour faire de cette arme crainte de tous la terreur des seuls ennemis de la Bretonnie. Ce n'est qu'un siècle plus tard que l'on parvint à rendre Viergedouleur utile à son porteur sans le torturer. Enguerrand d'Affreloi premier du nom, par sa seule vigueur, fit de cette épée sa force quand bien même son pouvoir le déchiquetait en permanence."

Le récit de Prestenent était long et fourni en contexte. C'était durant de grandes invasions de maraudeurs que le chevalier Enguerrand d'Affreloi avait en premier saisi Viergedouleur de ses mains pour pourfendre sauvagement les mécréants qui envahissaient le royaume. Prestenent conta les combats avec moult détails, inventant sur l'instant quelques aspects dont il ne se rappelait pas bien. Ce n'était pas de l'affabulation, c'était ainsi que fonctionnaient et survivaient les récits Bretonniens. Pour la majeure partie, Prestenent s'en tint avec une rigoureuse exactitude aux récits qu'on lui contait étant enfant, lesquels étaient tirés de vieux tomes poussiéreux qu'il n'aurait pas su lire. Il était si pris par son récit qu'il en oubliait presque son camarade, ne lui jetant que de brefs coups d'œil de temps à autre, car son regard était trop concentré sur les maraudeurs qui apparaissaient devant ses yeux et qu'il pourfendait vivement. Ses bras s'agitait comme il désignait les déploiements des armées adverses et ses gants de cuir crissaient follement quand il serrait les poings pour mimer la violence des combats.

- "Viergedouleur affectait tant son entourage que mon ancêtre dut renoncer à se battre auprès de ses chevaliers, car la présence de cette pénible épée les déconcertait tous par son douloureux pouvoir. Enguerrand d'Affreloi fit donc galoper son cheval loin des rangs après avoir lancé ses ordres. Plus mobile, il chargea seul des groupes d'ennemis qu'il dispersa et massacra. Mais certains lui tinrent tête avec une insolente rage qui n'était ni courage ni honneur mais un malsain fanatisme."

Il y eut des description des hurlements, des chocs et des combats, avec une légère, très légère, focalisation sur la violence et le sang. L'hémoglobine et les entrailles souillant le sol de Bretonnie.

- "À la fin, perclus de souffrances inouïes, il vit la marée sans fin avancer vers lui. Son fidèle destrier à la fougue jusqu'alors inébranlable s'effondra d'un coup, non pas sous des coups ennemis mais parce que l'animal, avec une fierté chevaleresque, avait tout comme son maître tenu bon trop longtemps aux sordides élancements que lui faisaient sentir Viergedouleur. Une bête brave succomba aux côtés de ce vigoureux chevalier qui ne s'avoua pour autant pas vaincu, alors que marchait sur lui cet horrible homme mutant à deux têtes."

Au beau milieu d'un geste, Prestenent s'arrêta en réalisant qu'il avait commis une monumentale erreur. Après que d'Essart lui ait raconté son histoire, Prestenent avait aussitôt ressenti un urgent besoin de conter celle du marquis Enguerrand d'Affreloi comme son histoire à lui, et maintenant qu'il avait commencé il ne pouvait pas s'arrêter. Mais lui était-il permis de dire: «In extremis, alors que mon ancêtre sombrait au beau milieu des corps justement massacrés de ses ennemis, croulant sous le poids de sa souffrance, reconnaissant dans un souffle alors qu'il se lamentait de la triste perte de son brave destrier que finalement cette épée malgré ses dons et le sacrifice accompli pour son usage avait été insuffisante pour sauver la Bretonnie ; il vit, en un faisceau argent et or, sa salvation. Un éclair de métal qui foudroya l'adversaire, lui sauvant la vie. Cette lance qui tua son ennemi n'était autre que celle du duc de Moussillon lui même. C'est inspiré par cet exemple de pureté et de noblesse, et reconnaissant envers son sauveur que mon ancêtre décida plus tard de couper son blason, qui ne comportait jusque là que le beffroi sable des d'Affreloi pour y mettre cette fasce d'argent et cette pointe de lance fleurdelisée, reprenant le symbole de la lance qui s'était avérée plus forte que l'épée, et la forme vaguement imitée du lys qui est blason du duc de Moussillon.»

Heureusement, il fut obligé d'interrompre son récit avant, aussi intéressant qu'il ait pu être, car ils arrivaient à la destination de leur pérégrination. Dans la moite lueur du crépuscule se dessinaient les murs de Bois-Giron. Un clocher retentit en corrélation avec leur approche, et naturellement dans l'esprit des deux chevaliers c'était pour leur souhaiter la bienvenue. Toutefois le cœur de Prestenent se serra tandis que les civils disparaissaient. Sa paranoïa naturelle lui fit imaginer immédiatement une explication sordide, qui affûta sa suspicion.

Des hommes d'armes interpellèrent le duo, laissant d'Essart se présenter. Quand ce fut son tour, Prestenent s'avança avec assurance et déclama son nom avec assurance et fierté. Ne s'était-il pas entrainé toute sa vie durant pour ce seul instant où il proclamerait à la face de tous que son nom est d'Affreloi ?

Visiblement, il ne fallait pas plus aux soldats pour comprendre qu’ils n’avaient pas affaire à des imposteurs. Par ce temps de pluie incessante et dans le crépuscule opaque, ce fut le premier contact de Prestenent d’Affreloi avec une véritable ville Bretonnienne. Quelque part décevant, mais après tout ce ne pouvait-être pire que ce nid à rat de Moussillon. Il n'y avait à priori pas de quoi s'émerveiller, pourtant Prestenent le fit, aussi discrètement qu'il le pouvait. Il leva ses yeux vers les murs et les clochers, tendit l'oreille pour entendre les sons d'une vie à peu près saine et paisible, et sitôt qu'il le put il attarda son regard sur les bâtiments, les lumières aux fenêtres, la chaleur ambiante malgré le climat de froide humidité. Il y avait quelque chose, une vie immatérielle qui coulait dans les artères d'une ville, et que Prestenent n'avait jusque là pu effleurer que dans ses rêves. Une seconde de tristesse raidit ses membres en cet instant émouvant comme il songeait aux générations de d'Affreloi, et à ceux encore vivant qui demeuraient dans leur tour en ruine, encerclés par des champs de boue retournée. Ceux là qui n'avaient que des environs de ruine sauvage et de villages grossiers pour paysages. Combien d'entre eux étaient morts ou mourraient sans avoir pu, par leur peur panique de la peste, effectuer le voyage vers une ville digne de ce nom, voir ce dont il s'agissait, comment ses bâtiments s'agençaient, comment les gens y vivaient ? Entendraient-ils jamais quelque chose de comparable au chant d'une ville en activité ?

Pour un peu il eut versé une larme, mais Prestenent se ressaisit. Il n’était encore qu’au commencement de sa quête, et il devait faire économie de ses émotions pour lorsqu’il se retrouverait à la cour d’un duc ou du roy. Son esprit redevint pragmatique, et il décida de ce qu’il devait faire. L’heure était peut-être tardive pour demander une entrevue au marquis. Cependant il aurait sans doute un gîte à leur fournir. Seulement, avant cela, Prestenent devait s’assurer d’une chose. Sa première priorité était redevenue la même qu'au commencement de son voyage : s’acheter un cheval.
Prestenent va un peu flâner en ville et repérer le terrain (n'oublions pas que la paranoïa sauve plus souvent qu'elle ne perd) et aussi regarder rapidement si quoi que ce soit peut attirer son attention. Sinon il va probablement se laisser guider par d'Essart, à moins qu'il ne trouve un vendeur de chevaux auquel cas il se précipitera dessus pour négocier un canasson (de préférence un coursier si le prix se trouve par chance en dessous de six écus. Sinon, un cheval de trait à moins de cinq écus fera l'affaire. Je pense qu'ensuite les deux chevaliers iront voir si le marquis de Bois-Giron peut les accueillir.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Faussaire »

Ainsi présentés et sitôt acceptés, les deux chevaliers pouvaient enfin apprécier une vue plus civilisée et plus accueillante qu'à l'accoutumée. Oui, ils étaient enfin à Bois-Giron, dans une ville. Et attention, ce n'était pas n'importe quelle ville, mais un marquisat. Et qui dit marquisat, dit moult responsabilités, honneurs et capacités, évidemment. Depuis son arrivée tumultueuse en ces terres verdoyantes, Prestenent n'avait fait que découvrir des endroits de plus en plus riches, de plus en plus nobles - si l'on exceptait évidemment l'humeur moribonde du ciel.

À travers les maisons de paille, les cabanes agglutinées et superposées, et toute cette étendue de toits en chaume, les deux chevaliers purent enfin respirer un peu. Certes, leur périple journalier n'avait pas été très héroïque, mais tenir la marche à travers la fraîcheur et l'humidité avait cet étrange effet de ramollir les méninges, d'endormir les chairs - et de tremper tout ce qui pouvait l'être, surtout les choses désagréables. Autour d'eux, les rues semblaient désertes, creusées par les effluves qui marquaient tantôt les différents nœuds de rassemblement et qui, parfois, arrachait quelques bibelots ou gravier sans intérêt à ce sol si riche et si sombre.

Les soldats s'étaient empressés de leur indiquer quelque lieu de pitance et quelque refuge pour la nuit - sans doute ceux-ci avaient-ils pris peur face à un duo si altier - mais ni l'un ni l'autre n'usa de ces conseils : le courtaud était trop occupé à emmailloter son barda et à crapahuter dans la boue avec son armure, tandis que l'autre semblait dévorer les environs du regard, acceptant nonchalamment les trombes d'eau qui lui glaçaient les joues et écrasait sa chevelure.

Une fois que la geste d'Enguerrand fut relancée et clôturée, Ancelin se contenta de hocher du chef, suivant son compère sans broncher, se permettant tout de même d'ébrouer un membre ou un autre de temps en temps, comme si quelque chose s'infiltrait sous toutes ses couches de feraille. À travers les rues mornes et lentement embuées, les deux compères semblaient batailler face à des fantômes, tous deux perdus dans une quête silencieuse et invisible, semblables à... Oui, semblables à ces étranges personnages que l'on aperçoit dans les marais lors des nuits sans lune ... Ou bien ces étranges songes que l'on a durant l'enfance, après avoir trop longtemps observé un de ces paysages étiolés que seul le Moussillon a le secret. Sans doute cela serait une chose que Ancelin d'Essart ne saurait comprendre, étant donné ses origines si différentes...

En vérité, les rues de Bois-Giron étaient pour la plupart désertées. La majorité des gens qui croisèrent la route des chevaliers étaient des gens pressés, trempés jusqu'aux os et qui gambadaient à toute hâte vers une des rares sources de bruit ou de lumière. Sitôt qu'ils s'éloignaient des deux errants, sitôt leurs traits se fanaient, leurs faciès s'effaçant de la mémoire de Prestenent comme de l'encre dans un calice - et pourtant, la Dame sait combien il en tombait actuellement, de l'encre !

Sous de telles conditions, la plupart des gens auraient pensé de la même manière que ces riverains recroquevillés et rabougris, cherchant quelque abri ou quelque cachette pleine de confort, le temps que les intempéries passent. Mais nos deux chevaliers n'étaient pas issus de cette même graine, ils n'étaient pas des gens du même acabit. Enfin, parbleu, ils n'allaient pas plier face à la météo printanière, si ?! Passant d'abord près d'un abattoir, puis d'une haute cabane tout en torchis et en bois, Prestenent continua en effet sa quête principale et immédiate : celle d'une monture. Et lorsqu'il arriva à proximité d'une ferronnerie qui crachotait encore des cendres à cette heure-ci, nul n'aurait pu l'empêcher de s'en approcher.

En effet, il est une chose étrange que même les plus grands tourments de Mousillon n'ont pu détruire : les coutumes de ferronnerie. Ainsi, il est d'avis commun pour toutes les personnes de la noblesse bretonnienne que, tant que l'on est sur le territoire d'un Duc ou d'un chevalier, chaque ferronnier se doit d'établir son atelier à proximité - sinon juxtaposé - à une étable, afin de cumuler ses travaux à celui de l'entretien des chevaux. Évidemment, une telle chose ne serait imaginable chez ces arriérés de l'Empire - on dit que leurs chevaux sont aussi rustres qu'eux, et que leurs forgerons font peur au bétail -, étant donné la nonchalance avec laquelle les gens de là-bas considèrent l'élevage équestre. Et c'est donc de manière tout à fait légitime que, ruant à travers la travée boueuse, Prestenent arriva tel un forçat dans la cabane en briques, sans se soucier un instant de son apparence actuelle.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'occupant fut tout aussi surpris de le voir, affairé comme il l'était à alimenter son fourneau.
Test secret : 17, raté
- " Eh ben, qu'est-ce que vous a-ra donc, vin-bleu ? Tu t'es-ra paumé, mignon ? "

L'artisan jetait toujours des regards paniqués envers son âtre, et semblait bien plus préoccupé par celui-ci que par l'individu qui venait de s'introduire dans son atelier. Une fois que la requête fut annoncée, il reprit de manière saccadée, se tenant de profil par rapport à Prestenent :

- "Ah ben oui-da que j'aura des chevals, mignon. Ben t'en, t'es-t'y-ra sûr de savoir de quoi t'y cause ? Attends vou-èrr', un canasson c'est ben p'u d'deux cent p-!"

Il s'arrêta net sans finir sa tirade, pétrifié par ce qui venait d'apparaître derrière Prestenent. De fait, étant donné la lourdeur de ses équipements et la gêne provoquée par la pénombre, Sieur d'Essart avait accumulé quelque retard sur le parcours de son nouvel ami. Et visiblement, la pluie n'avait aucunement amélioré son humeur déjà poussive, vu comme il soufflait à pleins poumons, même à l'arrêt.

- "B-b-bonsoir missire, excusez-moué du fatras, on ne m'avra point prév'nu de votre venue ? C'est une ben belle armure, missire, et elle a l'air luisante, resp-plendissante même, missire. Vous êtes à pied, missire? Si vous voudra, j'a-ra des bons c-coursiers, missire. Vous savez missire, missire le Morquiss' peut vous en fournir un lui-même. Si vous voudra m'entendre, missire, j's'ra sûr qu'il vous en donnera, missire, ça ou-oui-ida !"
Test d'INT de Prestenent : 1, réussite critique !

Le forgeron avait rapetissé à vue d'œil depuis qu'Ancelin était entré dans sa demeure. Et dès lors, il gardait les yeux rivés sur ce dernier, oubliant sans aucun doute les volutes opaques et crépitantes que son fourneau rejetait avec difficulté. L'intégralité de l'endroit était éclairé par ces flammes et par quelques maigres brandons accroché çà et là, et l'on trouvait dans cette salle tout un tas de bricoles et de travaux de forge dépareillés qui semblaient tous fait d'acier noir et de gris-ferron, chacun jetant une ombre virevoltante à l'opposé des flammes : là, quelques pointes torsadées ; ici, des cercles à tonneaux ; au-dessus, tout un amoncellement de fer-à-cheval, d'anneaux et de brides servant à la monte ; et enfin, au fond de l'endroit, entreposé autour d'un maigre établi en coin, reposaient des formes diverses, dont une - sinon plusieurs - ... Emblème(s) ?

Il y avait là des visages auréolés, des reliefs en forme de tours, des chaînes croisées, des tridents en piteux état, des grilles et des arbres rouillés, ainsi que tout un lot de créatures marines plus ou moins connues, dont une avec une longue chevelure, une sorte d'obole ou de disque dans la main, l'autre caressant sa toison échevelée... Une femme ? Deux choses étaient certaines quant à cet amoncellement de symboles et de bricoles ferreuses : certains travaux avaient mal encaissé l'écoulement du temps, et malgré cela, l'inconnue sur cette effigie métallique était absolument magnifique.

En effet, si elle avait été de chair et de sang, elle aurait sans nul doute été hypnotisante pour toute la gente masculine. Et à dire vrai, avec les jeux de lumières et l'air ambiant, elle aurait pu l'être tout autant, si seulement il n'y avait pas eu un roturier pour gâcher la vue.
Test secret : 6, réussi.

Et voilà donc ta première pause "Xp" de ton Rp.

Tu peux passer dans La Cabane du Faussaire pour dépenser les 120xp qui te sont immédiatement attribués.
Tu peux aussi dépenser ton or pour obtenir différents objets, auquel cas je te laisse chercher ce que tu souhaites dans le wiki.

Si jamais tu n'as pas l'argent actuellement, tu peux tout de même mentionner ce que tu voudrais "obtenir dans le futur" dans ton message à la Cabane.
Qui sait, peut-être que tu va bientôt toucher le pactole... :siffle:
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

Heureusement, Prestenent n'était pas inculte au point de ne pas savoir qu'en Bretonnie, pour trouver un cheval, il fallait s'adresser à un ferronnier. La logique de cette association n'aurait échappée qu'à un étranger, sans doute. Il pénétra avec une vivacité qui tranchait complètement avec son aspect. Prestenent était de ceux que ni la pluie ni la grêle n'indispose outre mesure, et il ne se rendait pas même compte que sa crinière noire de jais était aussi détrempée qu'une éponge. L'artisan ne lui lança que des regards distraits tandis que sa pleine et entière attention se concentrait sur un fourneau où quelque travail de grande importance l'attendait. Peut-être dans d'autres circonstances, Prestenent aurait-il été trop poli pour l'interrompre dans son ouvrage, mais le jeune d'Affreloi était bien trop enthousiasmé et pressé de faire l'acquisition d'une monture.
Lorsque Prestenent fit sa demande, l'homme parut le jauger d'un coup d'œil bien trop rapide qui le mena à une grave erreur. En lieu et place de lui donner son habituel "m'sire" auquel Prestenent avait fini par s'accoutumer, il osa s'adresser au chevalier en disant "mignon".

Si son sang bouillait et ses poings se serraient avec un crissement effroyable du cuir de ses gants, il se retint de donner plus avant libre cours à ses pulsions de mépris. La courtoisie, il le savait bien, était la vertu lui faisant le plus défaut. Il fallait qu'il fasse un effort pour rester aussi poli et civil que permis. Mais ce qui l'acheva ce fut lorsque d'Essart entra dans la salle. Aussitôt, le ferronnier reconnut à l'armure que c'était à un chevalier qu'il avait affaire, et sans que ce courtaud en cuirasse bringuebalante ait dit un seul mot, le ferronnier se mêlait déjà de l'appeler messire et de lui proposer un cheval.

Malgré la chaleur de la fournaise qui brulait dans cette salle, Prestenent sentit un vent glacial lui frapper le visage, le paralysant durant une fraction de seconde dans la posture de celui qui réalise une évidence qu'il n'aurait jamais dû réaliser. Ainsi, par sa seule armure, un autre pouvait sans problème être reconnu comme chevalier sans avoir montré un centimètre de sa face, quand lui, lui qui avait été béni par la Dame en naissant pur et beau, lui que la grâce et la beauté avaient désigné pour en faire le digne représentant de la noble lignée d'Affreloi à travers la Bretonnie, lui qui avait entrainé toute sa courte vie durant son corps et son esprit à être en accord de la noblesse bretonnienne bien éloignée de ses cousins et parents mutés et difformes, lui enfin qui avait fait l'insigne et pourtant ô combien admirable et rare effort de s'adresser aux manants croisant sa route avec le minimum de politesse que ces chancres méritaient ; lui on osait ne pas reconnaitre dès le premier aperçu que la Dame avait bénie son sang et sa lignée, qu'il était un d'Affreloi, un noble dont les ancêtres marchèrent dans les armées de Gilles, dont la dynastie compta plus d'un chevalier du Graal portant le nom de d'Affreloi, dont la fidélité à la Dame, au roy, et au code de chevalerie était restée intacte depuis plus de mille ans.
Il surprit dans ses pensées d'étonnantes interrogations, se demandant notamment si, dans l'optique où il positionnerait la tête de cet insigne ferronnier à l'intérieur de son four, les flammes lui entrant dans la bouche seraient capables de ressortir par l'autre extrémité.

Le regard dans le vague, comme un poète en transe, Prestenent dit dans un soupir:

"C'est incroyable de voir à quel point je puis être modeste et patient. J'en suis moi même époustouflé. Enfin, pour en revenir à des choses sérieuses." Le chevalier fit glisser son bouclier de son dos jusque dans sa main et le posa brutalement devant lui de façon à ce que l'on puisse ostensiblement voir le blason. "Je suis le chevalier Prestenent d'Affreloi, et je vous prierai, sans vouloir paraitre insistant, de me dire immédiatement si vous pouvez me fournir une monture. Vous pourrez vous occuper de mon camarade Ancelin d'Essart tout de suite après."

Cependant, il faisait quelques pas en avant pour passer devant d'Essart, et dardait un regard aussi doux que terrifiant sur l'artisan. Aux yeux de Prestenent, tout le reste de la salle, y compris les magnifiques blasons et d'Essart lui même, avaient disparu. Il n'y avait que la tête du ferronnier, et ce fourneau rougeoyant. L'idée restait tentante. Un d'Affreloi n'était pas du genre à laisser passer impunément le moindre manquement aux lois ou à l'étiquette.
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

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