[Apophisse] Une douloureuse promesse

[[MJ] Souriceau]

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Chapitre 1: Une douloureuse promesse

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La diligence, dans laquelle se tenait Apophisse, continuait de progresser à vive allure sur la piste, entourée de plaines entrecoupées de maigres bosquets et de collines. Le soleil filait dans le ciel et rejoignait bientôt l'Ouest, amorçant une descente lente et inébranlable. Il prit une teinte orangée qui colora le paysage et donna aux herbes ondulantes un reflet mordoré. La température chutait lentement et le jeune homme pouvait sentir un frisson lui remonter l'échine. Poussés par le fouet du cocher, les six chevaux de traits gravirent une pente douce au trot, soufflant et renâclant, jusqu'à un petit plateau où quelques minces rangées de buissons épineux autour d'un chaos rocheux constituaient la seule végétation notable. Apophisse avait enfin retrouvé la trace de sa maitresse. Il était monté dans le premier coche et était parti dans sa direction, ne sachant nullement ce qui l’attendait…

Moins d’un quart d’heure plus tard, le cocher fit virer ses chevaux dans la direction montrée par le panneau indicateur – Mondthaus, là où se trouvait Enora. Tout autour, les terres cultivées blanchies par la neige s’étendaient sur de douces ondulations, mais la route qu’il suivait tourna vers une épaisse forêt de pins montant sur une grande colline, plantée comme une verrue en plein milieu de ces plaines fertiles. Les arbres se refermèrent rapidement au-dessus de la diligence et le vent, qui n’avait rien trouvé à quoi se raccrocher dans cette plaine, se mit à gémir comme s’il se faisait découper par les branches.

Dans l’épais sous-bois qui s’étalait de part et d’autre de la petite route, Apophisse aperçut de temps à autre les pierres de vieux murs, brisées et à moitié recouvertes de mousses, et même un monolithe érigé par un peuple ancien, étrangement illuminé par un rayon de lune qui transperçait la canopée.

Plus il s’approchait du sommet de la colline, plus il ressentait une sorte de torpeur et se disait que le cocher n’avait pas pris le bon chemin.

Puis, devant lui, il aperçut un portail de fer fermant un mur haut et robuste – Mondthaus. Le cocher fit arrêter ses chevaux. L’heure était aux retrouvailles…

[Apophisse]

Combien de temps avait-il erré dans l'Empire ? Il n'aurait su dire, depuis la disparition de sa bien aimée, c'était comme si le temps c'était arrêté, sa vie était en suspens et ne pourrait reprendre que lorsqu'il l'aurait retrouvé. De combats en combats il était allé, cherchant des renseignements qui paraissait à chaque fois de plus en plus insaisissables. Il savait pourquoi maintenant, le blason qu'il recherchait appartenait à une maison tellement insignifiante que personne n'en avait entendu parler depuis des lustres, et sans l'aide du livre qu'il avait consulté chez le dernier noble à qui il avait offert ses services, il était probable que cette information serait restée enterrée encore longtemps. Ce baron imbécile, avait été surpris d'apprendre qu'il savait lire, comme si c'était un privilège uniquement réservé aux membres de sa caste. En tout cas, après ce qu'il avait fait de son adversaire, ce dernier n'avait été que trop heureux de lui ouvrir les portes de sa bibliothèque.

Enfin son enquête avait progressé, si tout se passait bien, il retrouverait bientôt le magnifique sourire d'Enora, et ensemble, ils feraient payer ceux qui l'avait enlevée. Apophisse descendit tranquillement de la diligence, resserrant sa cape autour de lui pour se protéger du froid. Ce n'était pas habituel pour lui d'utiliser un tel moyen de transport, il préférait généralement utiliser ses jambes, mais l'impatience l'avait emporté, et vu qu'il n'était pas assez riche pour se payer un cheval, il ne lui était resté qu'une seule solution pour atteindre rapidement sa destination. Si au départ, il n'avait pas été le seul voyageur, petit à petit il c'était retrouvé tout seul, apparemment, l'endroit où il allait ne recevait pas beaucoup de visiteurs, il pouvait le comprendre, vu l'apparence des lieux.

La nuit était tombée; arriver de jour dans un tel lieu aurait été bien plus prudent, mais maintenant qu'il était là, attendre que le soleil se lève lui paraissait stupide. De toute façon, il n'y avait aucun moyen pour que la ou les personnes ayant enlevé Enora connaissent son existence, il était certain que celle-ci leur aurait caché, car elle savait qu'il la chercherait pour la libérer. Il pouvait donc entamer une entrée frontale, et si jamais les choses se passaient mal, il avait un ou deux tours dans son sac. Bien sûr, se battre était hors de question, jamais il ne pourrait triompher de quelqu'un de la race d'Enora en combat singulier, de cela il était certain, autant que du fait que c'était l'un d'eux qui l'avait enlevé. Il en savait beaucoup sur ces dieux marchant parmi les hommes, et comme tout un chacun, ils avaient leurs faiblesses, il fallait juste trouver lesquelles. Apohpisse s'avança jusqu'à la grille, malgré l'environnement et la proximité du danger à venir, il ne ressentait aucune peur. Sa déesse c'était assurée que ce soit un sentiment qui ne ferait jamais parti de son vocabulaire, la peur rendait faible. Il examina un instant la grille qui lui bloquait le passage avant de crier.

Il y a quelqu'un ?

Il prit bien soin de contenir le geste machinal qu'il avait souvent de mettre la main sur le pommeau de son épée, et resserra un peu plus sa cape autour de lui pour cacher son armure, il ne voulait pas paraître trop agressif, ou il risquait bien vite de se retrouver baignant dans son propre sang, du moins si jamais ses suppositions étaient justes.

Et s'il se trompait ? Si tout ceci n'était qu'une fausse piste ? Non, Apophisse refusait de penser à ça, car si c'était le cas, alors il n'aurait plus rien, sa vie serait finie, et puis pour quel autre raison ce morceau de chevalière se serait retrouvé dans leur manoir ? Et vu que ce n'était pas les inquisiteurs, qui d'autres qu'un de ses semblables auraient été capable de l'enlever ? Il ne savait pourquoi ces doutes l'assaillaient maintenant, mais une chose était sûr, il en aurait bientôt le coeur net.

[[MJ] Souriceau]

Apophisse descendit du coche et avança vers le portail de fer, même s’il avait l’impression de lutter contre un courant qui voulait l’entrainer dans la direction inverse. Une fois qu’il fut devant la grille, il se trouva même incapable de la toucher, une énergie noire jaillissait des barreaux chaque fois que ses doigts approchaient et le repoussait.

Cela ressemblait à un tour de passe-passe. Plus il poussait, plus la force le renvoyait en arrière. Enora se trouvait-elle enfermée dans ce manoir ? D’autres comme elle l’avait-elle enlevé ?

Un grondement sourd s’échappa de sa gorge. Si c’était le cas, il lui fallait trouver un moyen de briser ce verrou et d’aller le leur faire payer. Alors qu’Apophisse demandait si quelqu’un était là, un trait d’arbalète passa entre les barreaux du portail et siffla à son oreille.

Un homme approchait tout en rechargeant son arme de bonne facture. Derrière lui, une femme le suivait, tenant dans sa main droite un gourdin. Celle-ci était, d’une certaine manière, attirante. Ses yeux gris dégageaient un magnétisme qui promettait des sensations brutes et inoubliables. Son corps promettait la même chose, et en abondance. Faisant preuve d’une assurance qui frôlait l’arrogance, cette dernière se positionna juste devant le portail.

Dégagez ! cria la femme. Le prochain carreau ne ratera pas votre cœur !

[Apophisse]

De la magie, Apophisse n'avait jamais aimé ça, même lorsque c'était Elvira qui s'en servait. Le manoir de la très vieille lignée des Mondthaus avait donc quelque chose à cacher. Il fallait qu'il trouve un moyen d'y entrer, et pour cela il avait deux solution, dont une qui ne lui plaisait pas du tout. Un carreau siffla à son oreille, par réflexe, il ouvrit sa cape, sa main se posant sur le pommeau de son épée, et il dut se faire fureur pour ne pas prendre son bouclier en main.

Lorsque la rousse s'approcha, lui servant son petit discours, il se força à se détendre, cependant sa main continuait de caresser distraitement le pommeau de son arme, épousant la forme des serpents gravées sur sa garde. Une façon comme une autre de se rassurer. Lorsqu'il répondit à la femme, il prit la même expression que ces nobles qu'il haïssait lorsqu'ils parlaient à la piétaille, c'était quelque chose qu'il les avait vu faire de nombreuses fois, ce n'était donc pas très difficile pour lui de le reproduire.

Je ne peux pas dire que je ne m'attendais pas à un tel accueil, mais si je passe mon chemin, vous risquez de le regretter amèrement. Mais je ne suis pas ici pour discuter avec-vous, je dois voir votre maître, et le plus tôt sera le mieux. Dites-lui que cela concerne des fanatiques trop zélés pour leur bien.

Sur ces mots, et avec une lenteur exagérée, il dégaina son arme, puis la jeta au sol, il en fit de même pour son bouclier, attaché dans son dos sous sa cape.

Bien sûr, je suis prêt à me plier à toutes vos exigences, je ne suis pas ici pour blesser qui que se soit.

Du moins, pour le moment, se dit-il. Il n'était pas du genre à purement et simplement mentir, il était tellement plus facile de manipuler la vérité pour lui faire dire ce que l'on voulait, d'autant que cela permettait d'avoir l'air des plus sincère. C'était pour cela que rien de ce qu'il avait dit n'était faux, après, ce n'était pas sa faute si ses interlocuteurs interprétaient mal ses paroles. Une des innombrables leçons que son amour lui avait enseigné, et dans lequel il était passé maître depuis longtemps.

Il n'y avait pas de mot pour décrire à quel point elle lui manquait, c'était comme s'il n'était plus qu'une armure vide de toute substance. Il eut un sourire amère en se disant qu'au moins, cela voulait dire qu'elle n'avait pas utilisé ses pouvoirs pour le mettre sous son emprise. Depuis qu'il savait qu'elle possédait ce genre de don, il avait toujours craint de se réveiller un jour et de s'apercevoir que tout ceci était faux depuis le début, que jamais il n'avait éprouvé de véritables sentiments pour elle. Il avait fallu qu'un tel malheur arrive pour qu'il comprenne à quel point tout ce qu'ils avaient été vrai.

On ne s'aperçoit à quel point on tient à quelque chose qu'une fois qu'on l'a vraiment perdu, lui avait-elle dit une fois, lors d'une de ces nuits où son regard perdu dans le lointain indiquait qu'elle se rappelait un passé douloureux. Lequel, il l'ignorait, elle ne lui en avait jamais parlé. Aussi, il faut dire qu'il ne lui avait jamais demandé, il avait toujours considéré comme indiscret que de lui demander ce que sa vie avait été avant leur rencontre, il ne savait d'ailleurs même pas quel âge elle avait. Maintenant, il savait qu'il aurait du, peut-être que s'il avait osé, il aurait pu la protéger de son passé, qui l'avait apparemment rattrapé.

[[MJ] Souriceau]

La femme au gourdin fronça les sourcils, incertaine, puis elle interrogea quelqu’un sur sa gauche. Elle acquiesça, puis elle se retourna vers Apophisse.

A genoux, mains sur la tête !

Le jeune homme fit ce qu’on lui ordonnait, puis attendit que le portail s’ouvre en grinçant, toujours menacé par le gourdin de la femme. Trois hommes sortirent de derrière le mur, dont deux portaient des tenues de chasseurs et semblaient être des personnes affectées en permanence à ce domaine. L’un d’eux avança en tenant de solides menottes. Deux autres posèrent leurs lames sur la gorge d’Apophisse pendant que le premier lui emprisonnait les poignets.

Une fois les menottes en place, les chasseurs le remirent sur ses pieds et lui firent signe de franchir le portail. Il se referma derrière eux, les deux chasseurs l’accompagnèrent sur le petit chemin, pendant que la femme et son acolyte restaient pour garder l’endroit.

Apophisse testa discrètement les menottes tout en marchant, tirant sur la chaîne qui reliait les deux bracelets. Elle semblait plutôt résistante. Il se dit qu’il pourrait la rompre s’il le voulait, mais cela lui prendrait un peu de temps. Si tout se passait bien, tout rentrerait dans l’ordre et il retrouverait Enora, mais si le propriétaire (ou la propriétaire) de ce domaine refusait de lui rendre sa bien-aimée, alors Apophisse marchait tout simplement droit à sa mort, car il serait dans l’incapacité de se défendre à cause de ces liens.

Le chemin se tortilla entre des bosquets touffus et des arbres penchés au-dessus de lui, et commença à monter pour dévoiler un manoir à toit d’ardoises qui s’élevait au sommet de la petite colline et dont la silhouette rustique se découpait sur le ciel nocturne. L’extrémité gauche du bâtiment semblait être un ancien donjon, avec ses pierres brutes et ses meurtrières, sans doute remontait-il à une époque très agitée. Les parties plus récentes étaient bien plus agréables et ouvertes. La porte d’entrée était précédée d’un perron à larges marches de marbre et surplombée d’un élégant balcon, l’aile droite avait été construite dans un style très tiléen, avec de grandes baies vitrées qui devaient bien faire deux fois la taille d’Apophisse. Pourtant, malgré la beauté un peu rustique de l’endroit et la douce lumière qui sortait des nombreuses fenêtres, l’ensemble restait très peu accueillant. Non, ce n’était pas vraiment cela. En fait, il était trop accueillant, comme un serpent géant attendant à l’entrée de sa tanière et attirant les imprudents avec son regard hypnotique et ses écailles iridescentes pour mieux les enserrer dans ses anneaux et les avaler en une seule bouchée.

Une autre garde de faction ouvrit la porte et les deux chasseurs poussèrent Apophisse dans un hall d’entrée qui se prolongeait par un haut couloir et se terminait par une double porte richement boisée. Le jeune bretteur percevait une conversation animée provenant de derrière celle-ci.

Les chasseurs le conduisirent jusqu’à cette double porte, puis ils y frappèrent discrètement. L’un des battants s’ouvrit et celle qui semblait être la gouvernante du lieu, passa la tête.

Oui ?

[Apophisse]

Voilà, il était finalement rentré, totalement sans défenses en cas de problème, mais ça il s'y était attendu, de toute façon contre autant d'adversaires, il ne ferait pas long feu, même armé jusqu'aux dents, et dire que c'était la partie la plus facile de son plan.. Néanmoins, ne plus être en possession de ses armes lui causait l'étrange impression d'être tout nu, c'était franchement désagréable.

Tout au long de sa traversée sa démarche resta fière et assurée, comme si les hommes qui l'entouraient faisaient partis de son escorte. Son regard était mobile, essayant de tout voir, de tout retenir quand à la disposition de cet étrange manoir qui l'avait happé. Il avait l'étrange impression de se retrouver dans un estomac géant, eh bien si c'était le cas, il montrerait qu'il n'était pas facile à digérer.

Lorsqu'enfin, il arriva à destination, et qu'une tête féminine fit son apparition par le double battant, Apophisse, tout sourire, fit la plus belle révérence qu'il put en dépit de ses mains attachées, avant de s'adresser à son interlocutrice avec la plus grande des politesses.


Toutes mes salutations madame, pardonnez mon intrusion quelque peu cavalière, mais je requiers une audience avec votre maître de toute urgence. Cela concerne sa sécurité, qui malgré toute ses précautions pourrait être compromise.

Et surement plus vite qu'il ne le croirait.

Je n'ai bien sûr par l'honneur de le connaître, mais cela ne m'empêche pas de posséder des informations le concernant qui, je suis sûr il voudra entendre personnellement.

Maintenant qu'il était rentré, il était peu probable qu'on lui refuse cette audience, il ne s'en inquiétait donc pas outre mesure, et cela lui permettrait de se rendre compte de l'identité de cette fameuse personne. Il saurait comment reconnaître quelqu'un comme Enora, du moins s'il passait suffisamment de temps avec, car ils étaient maîtres dans l'art de se dissimuler parmi les mortels. Si c'était quelque chose d'autre, cela compliquerait les choses, car il serait alors en face d'un ennemi totalement inconnu.

Quoi que se soit, il faudrait agir avec une extrême prudence, et surtout ne pas trop en dire, se serait comme jongler avec du charbon ardent. Il ne pourrait bien sûr pas mentir, au cas où comme Enora, ça saurait détecter le mensonge, heureusement que ce n'était pas dans ses habitudes. C'était comme s'il avait été préparé pour ce moment, toutes ces années passées à jouer sur la vérité allaient se révéler d'une extrême utilité. En y repensant, peut-être qu'elle l'avait vraiment préparé à cela, cela ne l'étonnerait pas, elle avait toujours était prévoyante, et surtout prudente, se ne serait pas la première fois qu'elle ne l'aurait pas informé d'un de ses plans. Une chose était sûre, si c'était le cas, il ne devait pas la décevoir et faire de son mieux.

Je viens de m'apercevoir d'une faute au poste précédent, elle ne s'appelle pas Elvira mais Enora hem....

[[MJ] Souriceau]

La gouvernante toisa Apophisse de la tête aux pieds d’un regard froid, puis elle afficha un petit sourire plus glacé encore.

Faites-le entrer avec les autres, dit-elle en ouvrant le deuxième battant.

Les chasseurs poussèrent le jeune bretteur dans une salle aux somptueuses boiseries, richement meublée et éclairée par un large lustre de cristal suspendu au plafond. Devant lui, de vastes baies vitrées donnaient sur le jardin éclairé par la lune, sur sa gauche brûlait un feu généreux dans une cheminée de marbre décorée de sculptures de dragons et de chevaliers. Un escalier en colimaçon montait jusqu’à une galerie et permettait d’accéder au premier étage.

Les gardes conduisirent Apophisse vers l’âtre devant lequel la magnifique Enora et une autre femme étaient agenouillées, les mains enchainées dans le dos tout comme lui, et dangereusement proches des flammes. Devant elles, les regardant de haut, se tenait une femme à l’allure noble et hautaine, elle agitait de sa main un éventail de Cathay. Des Tiléens formaient un demi-cercle derrière elle et une jeune fille – 17 ans – se tenait un peu à l’écart et se rongeait ses ongles minces et bien tenus.

Enora lança à Apophisse un regard attristé quand les arbalétriers le firent s’agenouiller près d’elle, mais elle ne dit rien. C’était la deuxième captive qui parlait, et pas d’une manière mesurée.

Mais je suis pas venue pour vous tuer, foutue tarée ! C’est vous qui m’avez invité à venir ici ! Votre message disait que vous vouliez parler de paix !

La propriétaire du manoir la gifla avec son éventail refermé.

Je n’ai rien dit de tel ! Il ne peut y avoir aucune paix entre nous ! Pas maintenant que vous avez tué Gabriella et mes autres consœurs Lahmianes !

Apophisse se retrouvait dans un conflit dont il ne connaissait pas les tenants et les aboutissants…

Enora

La propriétaire

La deuxième captive

La jeune fille qui se tient à l’écart

C’est une carte pour te montrer les emplacements… une carte assez moche d’ailleurs

[Apophisse]

Lorsqu'Apophisse aperçut Enora, tout le reste cessa simplement d'exister, elle était là, vivante, à priori en bonne santé, c'est tout ce qui lui importait. Le regard qu'elle lui lança lui transperça l'âme, et la tristesse qu'elle ressentait devint sienne, il tenta de paraître rassurant, de lui faire comprendre d'un seul regard qu'il allait la sortir de là, mais il ne sut pas si elle le comprit. Au prix d'un effort surhumain, il détourna le regard, et la réalité de leur situation le frappa de plein fouet, ils étaient encore loin d'être sorti d'affaire.

En tout cas, elle avait eu la présence d'esprit de ne rien dire à son arrivée. De toute façon, pour tout les autres, c'était comme s'il n'existait pas, il aurait put tout aussi bien être une chaise qu'on venait de poser là. Cela l'arrangeait, car pour que son plan marche, il ne fallait surtout pas que la maîtresse des lieux soupçonne son lien avec Enora. Bon, mais avant de parler, il valait mieux chercher à comprendre la situation, il ne saisissait pas tout, mais si son intuition était juste, Enora c'était retrouvée prise dans une sorte de conflit entre les gens de sa race, et apparemment, quelqu'un d'autre était impliqué. La question était, en quoi Enora était-elle mouillée la dedans ? Autre question qui lui paraissait maintenant cruciale, pourquoi lui avait-on permis d'assister à cette scène ? Peut-être qu'ils devaient tous penser qu'il allait servir de dîner dans un avenir très proche, eh bien, il était temps de les détromper.

On lui avait toujours dit que c'était un suicide d'intervenir dans un conflit entre femmes, car elles se retournaient généralement toutes contre vous, se devait être encore plus vrai lorsqu'elles étaient de la race d'Enora, mais si ça permettait de détourner la colère de la maîtresse des lieux, se serait un bon point, surtout qu'il avait certains atouts en mains. Il pouvait attendre que la situation se développe, pour comprendre un peu plus tout ce qu'il se passait, mais se serait alors encore plus risqué pour lui, et son comportement ne serait pas logique avec ce qu'il voulait annoncer. Donc, très discrètement tout d'abord, puis une autre fois bien plus fort, il s'éclaircit la gorge pour attirer l'attention de tout le monde sur lui. Alors, gardant les yeux baissés, il dit d'une voix forte.

Pardon de vous interrompre, Ô puissante dame mais les nouvelles que j'apporte sont d'une extrême urgences, du moins si vous tenez à la vie.

Maintenant, s'il ne voulait pas finir écorché vif dans la seconde, il devait très vite donner des explications, il accéléra donc le débit, mais sa voix resta posée. En fait, même à ses oreilles elle paraissait trop calme, tout ce qu'il ressentait, c'était une faible angoisse. Il ne c'était jamais retrouvé dans une situation aussi dangereuse, et c'est tout ce que cela lui faisait ? Il savait certes qu'il était quasiment insensible à la peur de la mort, mais il avait toujours cru que dans une situation où il se sentirait véritablement en danger, il ressentirait quelque chose. Apparemment, le travail d'Enora pour éliminer toute trace de ce sentiment avait marché au delà de toute ses espérances.

Je suis un bretteur qui va de ville en ville proposer ses services aux nobles dans le besoin, mais ce n'est pas ma seule activité, je récupère également des informations, en laissant traîner mes oreilles par-ci par là.

Ce n'était pas un mensonge en soi, vu que c'est ce qu'il avait fait en cherchant sa bien aimée.

Or, il se trouve que j'ai en ma possession des informations qui pourraient laisser supposer que l'inquisition pourrait venir très prochainement mettre son nez dans vos affaire privées, et en force, du moins si l'on ne fait rien.

Encore une fois, il ne mentait pas, c'était effectivement ce qu'il comptait faire si nécessaire, c'était son dernier recours. Il fit une courte pause, pour laisser le sentiment de menace de ses dernières paroles planer dans la salle, puis reprit.

Mais si vous m’autorisiez, dans votre grande mansuétude à raconter mon histoire, peut-être comprendriez-vous mieux.

Il se tut, attendant de voir si le serpent mordait à l'hameçon, ou s'il allait très prochainement mourir dans d'atroce souffrance. C'est à peine si cette pensée lui causa une vague inquiétude. impatiente, elle lui fit signe de continuer, il s'empressa d’obéir.

Un jour, j'ai rencontré un homme, bretteur tout comme moi, il cherchait désespérément des informations sur le blason de votre maison. Bien sûr, sentant le filon, j'ai cherché à en savoir plus, et je suis devenu plutôt proche de cet homme.

C'était le cas de le dire, vu qu'il parlait de lui, qu'est-ce qu'il aimait jouer avec la vérité.

Il se trouve que pour une raison que j'ignore, il cherche activement à récupérer quelqu'un qui aurait été amené ici contre son gré, et pour cela il est prêt à tout. Très récemment, il a trouvé l'existence de cet endroit, et il envisage en ce moment sérieusement d'utiliser l'inquisition pour parvenir à ses fins. Si on ne fait rien pour l'en empêcher, il partira leur demander de l'aide, et je suis certain que vous ne voulez pas ça.

Il se permit un sourire, mais garda les yeux baissés,.

Et c'est là que vous me dite, qu'est-ce que j'y gagne dans tout ça ? Eh bien, il se trouve que je désire plus que tout vous servir. J'ai toujours vénéré les personnes de votre espèce, et je pourrais me montrer utile dans la collecte d'information, pour vous protégez. Bien sûr, je demande également un salaire substantiel, car pour collecter des informations, il faut de l'argent.

Cette phrase s'adressait bien sûr à Enora, mais il faisait tout pour donner l'impression qu'elle était dirigée vers la maîtresse des lieux, ainsi il ne mentait toujours pas.

[[MJ] Souriceau]

Test de charisme :
Jet de charisme envers la propriétaire : 17 -> Echec !

Pendant un court instant, Apophisse hésita. Il avait atteint le point de non-retour. S’il ne parvenait pas à convaincre la propriétaire du manoir que son histoire était vraie, et que lui-même ne représentait aucun danger pour elle, il se retrouverait probablement jeté dehors sans ménagement, ou pire. Une fois encore, le jeune bretteur regretta de ne pas avoir la persuasion d’Enora.

Les yeux de la propriétaire semblèrent lancer des éclairs, et elle retroussa les lèvres.

Vous êtes soit bien bête soit vous-même un répurgateur. Je ne sais quelle possibilité serait la plus dangereuse !

Elle ricana.

Eh bien, à partir de maintenant, l’Inquisition devra faire son sale travail sans vous, reprit-elle avec un geste d’éventail à l’attention de ses gardes du corps. Emmenez-les !

Les Tiléens tirèrent leurs épées et s’approchèrent des trois captifs, toujours attachés. Les hommes d’armes les relevèrent et leur fit signe d’avancer. Apophisse rentra la tête dans les épaules quand il passa devant un Tiléen qui le menaçait avec sa rapière.

Les Tiléens les menèrent vers les caves et lorsque la porte s’ouvrit, les trois prisonniers, encadrés par les gardiens du domaine, s’enfoncèrent dans les profondeurs du bâtiment. Deux énormes ours noirs se tenaient de part et d’autre de l’entrée de la cave, toutes griffes dehors et gueules grandes ouvertes. Apophisse faillit laisser échapper un cri de terreur, mais comprit immédiatement qu’ils étaient empaillés et montés sur des socles de marbre. Le travail de taxidermie était au demeurant remarquable, même s’il était un peu gâché par les toiles d’araignées que l’on voyait pendre sous les oreilles et les museaux.

Le bretteur suivit les Tiléens à travers un hall poussiéreux et caverneux, et il eut l’impression d’être surveillé par une centaine d’yeux, car les ours qui encadraient la porte n’étaient pas seuls, chaque recoin, toute la superficie des murs était occupée par toutes sortes d’animaux dans des postures figées. Des loups montés sur des socles en bois, des faucons et des aigles sur le point d’atterrir.

La galerie de trophées se poursuivit dans le couloir dans lequel ils s’engagèrent, milans, chouettes ou hirondelles, les ailes recouvertes de poussière, tous posant leur regard vide sur le visiteur, tel un jury sévère. Toute cette cave était une véritable ménagerie mortuaire, un tombeau élevé à l’art de la chasse.

Après être passé devant des douzaines d’autres bêtes empaillées, les Tiléens les jetèrent dans une grande cage de bois renforcée et barrée de métal. Les gardes de la propriétaire étaient, maintenant, partis, mais se trouvaient non loin, leur salle de garde se trouvant à une dizaine de mètres de la cellule.

La seule lumière qu’Apophisse pouvait voir en ces sous-sols provenait tantôt des torches fixées aux murs, tantôt des ouvertures vers l'extérieur, laissant rentrer la faible lueur de la lune, presque pleine cette nuit. A ses côtés se trouvaient Enora et la deuxième captive…

Plus loin dans la pièce se trouvaient trois autres cages verrouillées et une vide…

[Apophisse]

Apophisse était maintenant suffisamment proche pour s'emplir pleinement de l'odeur d'Enora, elle lui avait tellement manqué, il désirait tellement la prendre dans ses bras qu'il en tremblait. Enfin, il pouvait se sentir à nouveau complet, il n'était plus la carcasse vide qu'il était quelques instant auparavant, mais un être rempli d'un amour pur et sans limites.
Ce moment de retrouvailles aurait été tellement parfait s'ils n'avaient pas été enfermé et menotté dans cette horrible cage au milieu d'une multitudes de monstres empaillés.

Les choses ne c'étaient pas passé comme il l'avait prévu, il avait sur-estimé ses capacités, il avait failli à Enora, mais ce n'était qu'un revers, car maintenant qu'ils étaient ensemble, rien ne leur était impossible. La première chose à faire était de les faire sortir de cette cage discrètement, et il en avait les moyens, les gardes allaient regretter de lui avoir laissé sa cotte de maille. Bon, mais tout d'abord il allait devoir se débarrasser des ses menottes.

Il jeta un regard sur la troisième prisonnière, puis à Enora, se demandant s'il pouvait maintenant agir à découvert et montrer qu'il la connaissait. Après un cours instant de réflexion, il décida qu'il valait mieux cacher ce fait tant qu'il n'en saurait pas plus sur le troisième occupant de cette cage. Il jeta un regard aux alentours, examinant attentivement les environs, en particulier les autres cages, puis très doucement, sachant très bien que les oreilles de ses compagnes d'infortunes pourraient très bien l'entendre, il dit.

Toutes mes salutations mes dames, je suis ici pour vous sortir de là. Quelqu'un saurait-il par quel moyen on peut enlever ces maudits bracelets ? Si jamais nous y parvenons, nous pourrons nous libérer en utilisant ma cotte de maille. Avec votre force il ne devrait pas être trop difficile d'en arracher un maillon pour en faire un crochet.

Tout en parlant, il commença à tester ses entraves comme il l'avait fait un peu plus tôt, cherchant une faiblesse dans leur structure, contorsionnant ses mains pour tenter de les faire glisser de ses poignets.

Une fois sorti de la cage, il n'y aura plus qu'à s'occuper des gardes pour que l'on puisse sortir de là.

Il espérait que les gardes en question gardaient ses armes, à moins qu'elles ne soient toujours à l'entrée de la propriété. Il ne comptait les abandonner que si c'était absolument nécessaire, si le bouclier n'était qu'un moyen pour lui de se défendre, son épée avait une énorme valeur sentimentale, elle faisait presque autant parti de lui qu'Enora. Si jamais il la perdait à cause de cette garce et de son horrible éventail, sa vengeance serait terrible, en fait tout réfléchi, quoi qu'il puisse se passer, une fois qu'il serait sorti d'ici avec Enora, il ferait tout pour réduire ce lieu et ses occupants en cendre. Ce qu'ils avaient fait à Enora était inadmissible, ce n'était pas ainsi que l'on traitait une divinité, même si l'on faisait soi-même parti de cette caste.

Il était tout de même curieux de savoir dans quel sorte de conflit Enora et l'autre prisonnière étaient impliquées. Une fois tout ceci fini, il allait avoir des questions qui exigeraient des réponses, car c'est seulement en en sachant plus sur sa bien aimée qu'il pourrait la protéger efficacement. Mais ce n'était pas le moment de divaguer, il devait se concentrer sur le moment présent et trouver le moyen de se débarrasser de ces foutus menottes.