[Valindra] Ce monde qui est le nôtre

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L’île d’Ulthuan est la demeure des Hauts Elfes. Le continent insulaire des elfes est situé dans le Grand Océan de l’Ouest, entre le Vieux Monde et le Nouveau Monde. C’est un anneau de terres, entouré d’archipels dispersés. Durant la guerre civile entre les Hauts Elfes et les Elfes noirs, plus connue sous le nom de Déchirure, Ulthuan perdit une grande partie de ses terres nordiques.

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[MJ] Le Roi maudit
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[Valindra] Ce monde qui est le nôtre

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Des langues de brume s'accrochaient aux gréements avec une ténacité toute elfique. L'équipage n'en tenait pas rigueur. Telle était la navigation dans les eaux orientales d'Ulthuan. Ici, les Iles disparaissaient et réapparaissaient dans un battement de cil, les courants pouvaient faire demi-tour et les envahisseurs mourraient lentement, leurs navires dérivant jusqu'à sombrer dans la mer traitresse qui entourait les Iles mouvantes.

Pourtant, pour des Asurs de la mélancolique Yvresse, ce paysage avait un charme bien à lui. Beldroth regardait un piton rocheux couvert de rases bruyères. Des oiseaux marins majestueux nichaient dans la roche, certains plongeaient à pic avant de s'élever dans les airs et de planer.
De la brume, des oiseaux marins et des ilots trompeurs. Pour le petit groupe, c'était là bien une dernière vision à conserver de leur royaume.
Car bientôt ils rejoindraient l'Eataine et la plus grande ville du monde.

Lothern.

Un choix qui avait pu surprendre certains de ses proches. D'autres l'avaient accepté, plus résigné. Qu'avait à offrir Tor Yvresse, ville martyrisée, à une jeune elfe désireuse d'ailleurs ? Des tours désertes, des marchés qui ne se tenaient plus, des gardes maussades. De la brume, des oiseaux marins et de longs silences. Lothern, Lothern c'était l'avenir, disaient certains des marins de l'équipage. C'était là que les Asurs entretenaient des rapports avec le monde entier. Car le monde changeait, en une vie d'elfe, les Royaumes des Hommes pouvaient croitre et dépérir. Des Empires se formaient. Des guerres, des conquêtes, des ères de paix, des dévastations, mais aussi la renaissance. Il y avait tout cela et plus encore à découvrir à Lothern. Ses palais, ses jardins, ses cours foisonnantes où se pressaient la noblesse et les courtisans désireux d'accroitre leurs gains et leur influence. Du moins, c'est que rapportaient les matelots. Elle verrait cela de ses propres yeux.

Ils arriveraient dès demain, la traversée avait été brève, quelques jours. Les vents étaient favorables, l'équipage aguerri, et en plus, ils évitaient l'éreintante traversée des Annulii. Pour l'heure, retour à la cabine. Un repas chaud, une soirée à discuter, et une nuit de sommeil. Isilynor l'attendait, nettoyant sa lame, l'air pensif. Beldroth rejoignit le maitre-coq en contrebas de la cabine pour mitonner quelque chose de bon. Peu après, Lamiryl toqua poliment avant d'entrer, les trois femmes Asurs étaient seules pour l'instant. Ce fut la scribe qui brisa le silence :
"Avez-vous pensé à ce que vous voudriez faire une fois arrivée à Lothern, Dame Valindra ?"
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Valindra
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Message par Valindra »

De l’embrun aux paupières et sa peau nacrée d’une fine pellicule saline, Valindra posait ses yeux sur la proue qui fendait l’onde grise de sa pointe comme un couteau l’aurait fait avec une motte de beurre. La mer brumeuse paraissait chuchoter quelque chose sous son passage, mais l’elfique jouvencelle n’avait qu’une perception réduite de ces murmures mélodieux : elle n’y voyait qu’un long soupir là où d’autres asurs savaient percevoir une réflexion poétique.

Sa sénestre doucement posée sur la rambarde, elle oscillait entre l’envie de se perdre dans la contemplation de la mer et celle, plus pragmatique, de se préparer au débarquement. Le temps n’était pas compté. Le temps était dépensable.
Sa dextre caressait délicatement la ligne au milieu de sa poitrine quand elle tourna la tête vers la cabine, dans laquelle elle devrait prendre ses premières décisions. Elle tanguait entre des envies d’épicurisme et sa part consciencieuse qui lui dictait d’agir. Capturer ce qui se cache sous les lignes de la réalité est un art - s’ouvrir au dehors n’est point chose qui s’improvise – mais il fallait parfois accepter de se saisir du réel et quitter le plan abstrait pour changer la face du destin. De son destin.
Une main tendue vers le monde, l’autre posée sur elle. Le regard sur soi ou le regard sur demain. Elle pouvait s’égarer. Se perdre dans l’attente ou faire naufrage dans l’agir. Rien ne comptait plus que ses choix et sa volonté propre.

Faire renaître l’amour. Les missions que se donnaient les créatures comme Valindra n’étaient point matérielles et immédiates : elles naviguaient dans le fleuve du temps, perdues dans l’immensité du lendemain.

Elle quitta la rambarde et se déroba à l’ivresse, aux jours d’hier et aux joies, aux chagrins passés.
Elle quitta la rambarde et se déroba à Yvresse, tout court.

La houle l’emmena tout près de Lothern et de son lagon, avec ses îles dansantes et ses récifs secoués par les vagues. Sa chevelure d’argent flottait dans la brise qui lui faisait face, puis les sibyllines promesses du vent l’invitèrent à s’approcher de la cabine. Elle descendît après avoir passé la porte ornementée de moulures raffinées. Il n’y a que les elfes pour soigner autant l’apparence d’une hourque comme celle qui menait cette petite peuplade vers la plus grande cité d’Ulthuan.
Les couleurs d’Yvresse flottaient en haut des mâts quand Valindra s’enfonça dans les ombres de la cale. Elle y resta des heures.


Isilynor astiquait sa lame quand Lamiryl entra. Valindra observait la gardienne avec des yeux emplis de fascination : les mouvements d’Isilynor étaient d’une fluidité déconcertante, et sa façon de frotter le métal dans le sens de ses fibres ressemblait à une caresse. Elle-même n’avait pas atteint ce niveau d’exigence dans la technique : même quelque chose d’aussi simple semblait infiniment soigné quand il s’agissait d’Isilynor et des arts de la guerre. Lamiryl s’installa tout près d’elles et brisa le silence. Valindra quitta des yeux l’objet de son attention et décortiqua Lamiryl du regard. Elle attendît un peu, faisant planer un moment de suspens.

Elle prit le temps de méditer sa réponse.

Plusieurs pensées se bousculaient à l’intérieur de la tempête qui tapissait le fond de son crâne. Valindra était partagée. Tiraillée par des contraires, assise entre deux chaises, écartelée par les envies, pincée par le dilemme. Il y avait tant de choses possibles pour une nouvelle centenaire. Tant de promesses invisibles, tant de terres à découvrir, tant de culture à apprivoiser, tant de secrets à déceler, tant d’amour à vivre. Le fait de se rendre à Lothern permettrait d’éradiquer une partie des possibles, mais serait-ce seulement suffisant pour être certaine de faire le bon choix ?

« J’ai laissé des amis, ma ville et mon histoire derrière moi, ma tendre Lamiryl, et j’embarque avec moi les plus hardis et les plus fidèles des bonnes gens de Tor Yvresse. Avant de te répondre, sache que je mesure l’ampleur de ce que mes décisions font peser sur vous, et pour cela je veux que jamais ne disparaisse de votre esprit toute l’admiration et le respect que j’ai pour vous, et pour tous les sacrifices que vous êtes prêts à consentir pour ma personne, notre acropole et notre maison.
Lothern est la cité où naissent les grandes ambitions. C’est aussi là où meurent les rêves les plus fous, paraît-il. En ce qui nous concerne, la route nous permet semble-t-il de chevaucher entre ces deux parallèles que la destinée nous offre.
»

Elle posa un index sur ses lèvres, mutique. Les secondes perlèrent au bout de ses songes, et n’ayant point terminé son propos, elle laissa les domestiques dans un moment de vide entre le début et la fin de sa réponse.

« Comme vous le savez mon but est de remplir le réservoir affectif des Hauts-Ælfes en l’inondant d’amour, dans l’espoir peut-être de ressusciter notre cité bien-aimée. Pour cela je dois chasser les ombres qui ensevelissent nos esprits et porter l’amour comme je porterais un flambeau irradiant de lumière. Mais qui parmi ces gens altiers écouterait les mots bleus d’une si jeune asur ?
Il faut en premier lieu que je gagne le cœur de la Cour. Pour cela je dois trouver où palpite l’organe des nobliaux, et si je veux le conquérir, il me faut l’apprendre, saisir les sympathisants que je peux saisir, être désirée par ceux qui se laissent séduire. Les soirées mondaines sont mes premiers rendez-vous : j’y viendrais, comme le fruit d’un autre continent que tout le monde veut goûter, et je chanterai ce que Tor Yvresse raconte, sa beauté et ses merveilles, sa grandeur perdue et sa splendeur cachée. Je l’incarnerais en personne : étrangère et belle, interdite. Lors je quitterais Lothern pour un premier périple, et peut-être voudront-ils suivre ; et s’ils me suivent, ils apprendront à m’aimer.
Comprenez bien : je ne peux pas prendre le risque de me faire passer pour une roturière, et à ce titre je ne peux donc me suffire des soirées de plaisance que tout le monde peut s’offrir. Je dis cela à regret : peut-être est-ce là que nous pouvons trouver les bases les plus solides de l’amour. Je veux dire, dans les choses simples de la vie.
»

Elle fixa Lamiryl, ses coudes croisés au-dessus de l’un de ses genoux, la cambrure grâcieuse. Valindra était belle. Sulfureuse.
Comme un diamant brûlant.
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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Valindra] Ce monde qui est le nôtre

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Lamiryl ne répondit pas immédiatement. Les Asurs étaient des êtres d'une infinie complexité. Ils vivaient une éternité, mais chaque émotion était si intense qu'elles les consumaient comme un millier d'existences humaines. Une peine de cœur ne se soignait qu'après des siècles, une joie durait en l'être comme le bon vin reste en bouche. Ils aimaient à s'enflammer et souffraient à s'en déchirer l'âme. Ils étaient des êtres d'émotions. Des êtres de passions. L'Hybris était en chaque elfe. Même eux, enfants d'Ulthuan, qui mettaient face au tourbillon de leurs sentiments la modération et la tempérance en socle de civilisation.

"Inonder Ulthuan d'amour..." Elle inspira. "Très bien. Mais, pour cela, nous devons nous organiser. Louer des appartements, préparer des entrevues avec la Noblesse, se faire connaitre, sans se faire remarquer..."
Elle partait dans une litanie de tâches à faire, ce qui laissa la bretteuse narquoise.
"Dame Valindra, une autre affaire me concerne plus que les mondanités. Lothern est une très grande ville. Il vous faudra rester vigilante. Les intentions de tous n'y sont guère bienveillantes. D'autant plus que les Hommes y font désormais escale."

Isilynor n'aimait guère les Humains. Il faut dire qu'Yvresse était, avec les royaumes de Cothique et de Chrace, particulièrement exposée aux déprédations des Hommes du Nord, les Norsii. Si l'Ile-continent des Asurs n'était pas menacée dans son intégrité par les pillages de ces barbares, le nombre d'incursions s'était démultiplié après le saccage par Grom la Panse. Était-ce la perturbation de la magie qui rendait plus vulnérable les terres des elfes ? Ce n'était pas à elles de le savoir. Toutefois, les affrontements répétés avec les équipages des vaisseaux-loups avaient couté la vie à bien des combattants d'Eltharion ou même de Tasar.

"À Lothern fait comme les Lotherni." Beldroth avait fait irruption dans la cabine avec un plateau roulant, une marmite fumante et quatre bols. "L'Un de mes cousins s'est installé à Lothern, il y a deux décennies. Certes, la vie y est différente de la nôtre à Yvresse, mais on s'y habituera forcément. Et puis… Avouez-le, l'idée d'être avec une foultitude d'elfes de nos âges, n'est-ce pas réjouissant ?"
Il servit avec minutie un bol à chacune des conviées avant de les rejoindre. Le repas était simple. Frugale, la dépréciation des Yvressi pour la gourmandise étant bien connu. Un bouillon aux légumes et au poisson avec des pâtes. De quoi assagir l'estomac tout en supportant le roulis du navire.
La discussion se poursuivit fort tard dans la nuit entre les aspirations et les craintes de tous. Il faut dire que l'heure approchait. Au petit matin, elle leur apparaitrait.

Et de la plus singulière des façons.
L'Aube se hissait à peine sur la mer d'encre. Pourtant, les marins les réveillèrent pour leur montrer. Une lumière pareille au soleil qui se profilait au-devant de l'horizon. Encore minuscule et toutefois déjà éblouissante. La Tour scintillante. La Porte d'Ulthuan et de l'Eataine. Ils arriveraient dans les premières heures du matin. Dans leur nouvelle vie.
En s'en rapprochant, la Tour ne perdait rien de sa superbe. L'ouvrage gigantesque, qui faisait passer les plus grandes tours de Tor Yvresse pour des échauguettes, surplombait le navire, tutoyant le ciel. Un des marins leur présenta l'ouvrage. Une garnison gigantesque se massait dans la tour. De là, les tirs de leurs balistes croisaient ceux de la Porte d'Émeraude. Même les monstrueux navires de leurs cousins honnis se feraient dévaster en passant par là. Lothern était assurément le bastion d'Ulthuan.

La Porte d'Émeraude, d'ailleurs, n'était pas en reste. Un ouvrage d'art imposant, bardé de fortifications parées à encaisser le choc d'une Arche Noire. Les Battants étaient entrouverts pour laisser partir et entrer l'inlassable flot des navires de pêches et les rapides esquifs transmettant les messages aux Royaumes Extérieurs. On avait dressé les étendards de la ville et de l'Eataine. Une fois franchi les Portes, leur navire croisa l'un de ceux qu'utilisait la légendaire Garde Maritime. Le Chenal était bardé de forteresses et de quais militaires. Finubar le Voyageur avait insisté sur le développement de la déjà puissante flotte Asur. D'antiques et majestueux vaisseaux-dragons côtoyaient les tout derniers vaisseaux-aigles prêts à parcourir l'océan au premier ordre. À côté, leur épervier faisait figure de coquille de noix !
Mais à nouveau, les yeux d'azur, d'or ou de jade de l'équipage et des passagers furent attirés en direction des Portes. De Saphir celles-là. Tout aussi impressionnantes que leurs comparses, quoique légèrement moins armées. On avait ici laissé la part belle aux architectes et aux sculpteurs pour honorer les dieux et les Souverains d'Antan. Ulthuan se souvenait.

Mais Ulthuan vivait et vivrait encore. Une fois de l'autre côté des Secondes Portes, cela était sans équivoque. Lothern était là. Immense. Splendide. On ne savait plus où donner de la tête. Partout, des tours ouvragées se dressaient au-dessus des palais et des jardins des Princes. Là, les quartiers des communs s'étendaient à perte de vue. Avant tout cela, une forêt. Une forêt de gréements, de matures, de coques. Plus de navires en un seul lieu que tous ceux qu'elle avait pu voir en un siècle d'existence. Des milliers de navires. Elfiques, humains. Des formes insolites, de lourds galions, des boutres aux voiles triangulaires. Ils étaient à Lothern, plus grand port du monde. Ils étaient à Lothern. Ainsi commençait la première journée du reste de sa vie.
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Message par Valindra »

La nuit couvrait le ciel de millions d’éclats d’argent tandis que Valindra et ses sujets se réunissaient une dernière fois avant le débarquement. La belle se couvrît les épaules d’un long ruban de lin de couleur grise. Le tissu enlaçait son bras droit comme une liane tandis qu’elle tendait la main pour cueillir le récipient offert par Beldroth. Le fumet du bouillon se faufila dans ses narines frétillantes et l’inonda d’un sentiment de vie. Elle accueillît cette impression pendant quelques secondes, ses paupières closes, son âme silencieuse.
Pendant que la soupe refroidissait, elle répondît à Lamiryl.

« Je crois qu’il serait sage de ne pas se précipiter pour trouver pied-à-terre... Je doute que notre navire fasse demi-tour aussi vite qu’il soit venu faire escale : lors tant qu’il sera à quai, nous aurons un endroit pour embrasser le sommeil et le reste de nos vivres pour nous lier à l’existence, en plus de détenir le talent de Beldroth pour y mettre de la poésie. Cela dit Lamiryl, je te remercie pour ces remarques et je m’accorde à rejoindre ton raisonnement : il faut je m’annonce à la Cour et je ne connais pas meilleure âme que toi pour réciter nos adages. »

Lamiryl digéra la remarque.

« La Cour est un spectre très large…
- Comme je le disais plus tôt. Lothern est une très grande ville. »

Tout le monde était servi. Les bougies jetaient des lames de lumière dans la cabine et des ombres dansaient derrière les elfes.

« Alors peut-être devrions-nous nous renseigner tout d’abord. Beldroth, peut-être que tes germains pourront nous gratifier de leurs connaissances. Soit. Avant que la nuit ne tombe, profitons de ce repas et n’oublions pas que Tor Yvresse nous regarde. »

Valindra porta le bol à ses lèvres. Au-dessus du récipient scintillaient deux yeux aux reflets d’argent qui luisaient comme des épées étincelantes sous le clair du jour.


La Tour scintillante se hissa au loin avec le jour nouveau et ses éclaircies soudaines. Valindra poussa la porte de la cabine en manquant d’être renversée par un mouvement de roulis qui la fit choir vers le bois du mât principal. Ses paupières plissées s’ouvrirent petit à petit comme si elle surgissait d’un rêve.
Mais ce n’était pas un rêve. Lothern était une cité fantastique, immense et splendide, un chef d’œuvre d’architecture et d’art sous toutes ses formes. Rien que l’entrée en ville était une balade féérique. Le navire passa silencieusement au milieu des vaisseaux-dragons et des vaisseau-aigles. La jouvencelle aux cheveux d’argent les contempla avec une émotion vive, à peine maquillée derrière une bouche fardée de surprise et d’émerveillement. Lothern grouillait de grandiose, fanfaronnait de fantastique, exultait d’extraordinaire. Pourtant la belle était de l’immense Yvresse qui n’avait pas de quoi rougir en ce qui concernait sa valeur historique et la grandeur de ses monuments érigés au-dessus des océans. Mais Lothern plus qu’Yvresse fourmillait de vie et cela faisait toute la différence.
Si grand soit le cœur, il n’est jamais aussi beau que lorsqu’il palpite.

« Splendide… »

Les syllabes se décrochèrent des lèvres de la belle par un mécanisme naturel de fascination. Elle resta prostrée, admirative de la Porte d’Ulthuan et de tout ce qui succéda derrière. Puis elle fût secouée d’un vertige : comment pourrait-elle se faire une place dans un si vaste empire ? C’était comme vouloir être une pierre plus remarquable qu’une montagne. Retiendrait-on seulement son passage ? Saurait-on qu’elle existe ? Remplirait-elle les livres d’histoires ?

L’immensité lui tendait une main et il suffisait de l’effleurer à peine pour sentir tout le poids du peuple elfique peser sur le monde. Peuple des millénaires, peuple des chevaucheurs de dragons, peuple de magie, peuple de légendes. Les elfes étaient la plus vieille race de cette réalité, et ils étaient peut-être les plus proches des dieux.

La pointe de ses oreilles frétilla. On approchait dans son dos. Elle tourna vivement la tête pour découvrir qui s’immisçait dans ce moment suspendu.

« Respire, fille de Tasar. Et lâche cette barre. Il n’y pas que Tor Yvresse te regarde. »

Touché. Il n’y avait que la précision chirurgicale d’Isilynor pour taper dans le mille comme elle venait de le faire. Valindra comprît tout de go la leçon derrière cette remarque : elle avait laissé tout l’équipage lire son émerveillement et sa surprise, suspendue à ce mât géant, bousculée par la grandeur de cette cité. Mais elle n’avait pas le droit.
Demain, à la Cour, ce genre d’erreur ne lui serait pas pardonnée.

« Toutes mes excuses, grande Isilynor. Une Dame doit toujours dissimuler ses failles. Voyez comme mon cœur est exposé devant tant de majesté. Je n’ai jamais rien vu de tel. J’ai déjà trouvé une bonne raison de ne pas regretter ce voyage, car jamais je n’aurais pu imaginer pareille architecture, pareille vie derrière les Portes de Lothern. N’est-ce pas ravissant ?
- Ne te laisse pas griser par la beauté de Lothern au premier abord. Tout cela est pensé pour impressionner. Tout est embelli, sublimé, calculé pour capturer le regard de ceux qui arrivent. Ensuite, la ville les engloutit.
- Que veux-tu dire ?
- Que nous sommes dans la gueule du loup. Maintenant, tu es là où tu voulais être. »

Valindra médita cette réponse en se laissant porter par la vague.
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Re: [Valindra] Ce monde qui est le nôtre

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Leur fier navire toucha quai. Chacun se salua, équipage comme passager. Leur route divergeait désormais. Les uns reprendraient la mer, les autres s'aventureraient dans la plus mystérieuse des jungles : La Cour elfique.

Premier cap : Un endroit où se restaurer, se reposer, et planifier la suite des évènements. Beldroth devait s'occuper de faire ramener leurs affaires à leur gite plus tard, pour le moment, la commission des douanes devait superviser leur débarquement, lui-même assuré par les marins.

Les elfes aussi devaient se faire enregistrer, mais les Dieux leur ayant fourni des jambes, ils devaient s'y rendre eux-mêmes. Le dédale des quais et des appontements était tout simplement immense. Toute la flotte civile d'Eataine était massée ici. Les navires humains aussi. Finubar avait ouvert il y a peu, en temporalité elfique, le commerce avec les Humains directement depuis la Ville des Villes.
Ils n'avaient pas raté l'opportunité. Venus des quatre coins des planisphères somptueux qu'elle étudia dans son enfance, les Hommes avaient amarré leurs esquifs pour échanger biens et or avec les riches négociants asurs. Pour la première fois de son existence, Valindra les voyait en nombre.
Certains avaient le cheveu noir et des armures d'acier, des barbes bouclées et de longues épées à la ceinture. D'autres des longues vestes aux couleurs flamboyantes comme les oiseaux rares d'Avelorn et de Cothique qu'affectionnaient les maitres chanteurs de Tor Yvresse. D'autres, moins nombreux, portaient des robes de soie comme les magisters, leurs ornements rappelaient les dragons et les phénix. Mais tous, tous, semblaient si vieux, si affectés par leurs existences. Combien de marins portaient des balafres, des rides profondes, des cernes, des hématomes ou des tâches. Ici, un bandeau couvrait un œil à jamais manquant, là, des lèvres ébréchées, des sourires aux dents manquantes ou jaunâtres. Les Hommes. Qu'est-ce qui pouvait tant les marquer ? Aucun d'eux n'avait pourtant son âge ? La plupart n'avaient même pas le tiers de ses années. Et elle était si jeune. Si naïve.

Elle sentit Lamiryl se tendre et Isilynor mettre la main au fourreau. Et en pivotant sur elle-même, l'elfe se sentit minuscule en croisant leur regard. Les Norsii.

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Les bêtes du Nord étaient là aussi. Une éternité passa entre deux battements de cœurs. Les goélands s'égosillaient dans les cieux, les matelots de toutes les mers du Monde se donnaient des ordres et des portefaix pressés débarquaient des tonnes de marchandises. Et ils se regardèrent. Yvressi et Norsii. Ennemis héréditaires. Et le plus vieux dit simplement dans une voix rauque qui n'aurait jamais dû apprendre l'eltharin : "Vous... Che-min. Nous... Marchandises." Beldroth eut un éclair de lucidité et s'écarta d'un pas. Des mastodontes à la barbe blonde passèrent en tirant des traîneaux pleins de fourrures emballotées et de sacs pleins de gemmes ambrées. "Mer...Ci, Elfes." Et ils partirent en direction de la foule immense qui attendait aux douanes, plus loin. Sans un regard supplémentaire.

"Bienvenue à Lothern. On peut le dire." Le magasinier rigola un peu, essayant de réchauffer l'atmosphère qui était descendue au climat de la Norsca.

Tout en se faufilant entre les portefaix, les marchandises et les voyageurs, notre petit groupe arriva bien vite aux douanes. Un jeune asur aux yeux fatigués déclamait tour à tour en Eltharin, et en diverses langues des Hommes : "Les Humains dans cette file, les Asurs des autres royaumes dans cette file, les résidents de Lothern dans celle-là."

Des milliers attendaient à la première. Un carnaval ambulant et des milliers d'histoires uniques d'une race si éphémère. La troisième file était quasiment vide, c'était celle des marchands de la ville revenant au port, les formalités se faisaient rapidement. Dans la leur, presque personne aussi. Ils n'eurent pratiquement pas le temps d'observer les curieuses interactions entre voyageurs humains que leur tour était venu.
Un jeune asur tout aussi fatigué que le premier regarda les autorisations. Tamponnant un à un les parchemins, il souligna : "Mon père venait de Tor Yvresse. C'est marrant." Mais ils n'eurent pas le temps de répondre qu'il apposa le dernier sceau : "Bon séjour à Lothern. Personnes suivantes !" Et pressaient derrière eux des Calédoriens et leurs cargaisons métalliques.

Ils franchirent donc le pavillon des douanes. Et ils y étaient. Les rues tentaculaires de Lothern. Ses boutiques, ses échoppes d'artisans, ses hotels de villes raffinés côtoyant des tours démesurées. Et la multitude de la foule. Humains comme elfes.

"Et bien. Même la première place de la ville est... Bondée." La Scribe regardait les chaises hautes des dignitaires elfiques, fendant la foule sans fouler le sol. "Faites gaffe à vos bourses et à vos biens. Surtout vous, dame Valindra."

Cette ville donnait le tournis. Chaque arrêt du regard, c'était une nouvelle découverte. Et c'était s'exposer aux coups de genoux et de coudes d'une foule pressée. Les quartiers commerçants étouffaient sous la masse des voyageurs. Tout s'achetait, tout se vendait. Tout se négociait et tout se troquait à nouveau. Après des heures dans cette éprouvante et gluante abondance, ils arrivèrent dans des quartiers un peu plus paisibles en gravissant les escaliers qui amenaient aux quartiers en terrasses le long des collines de l'Eataine. Ici, la proportion d'elfes et d'humains s'inversait drastiquement. Des asurs lisaient à l'ombre d'arbres verdoyants, des salons d'infusions s'alternaient avec des artisanats plus chers aux gouts elfiques : Couturiers, tailleurs, luthiers. Il y avait même ici une joueuse de harpe dans un merveilleux kiosque à musique.

Isilynor regarda aux alentours : "Il faudrait trouver un hôtel pour les premiers jours. On pourra y faire ramener vos bagages. Et le reste de la journée appartiendra au plaisir de la découverte."
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Re: [Valindra] Ce monde qui est le nôtre

Message par Valindra »

L’esquif soupira en étirant toute sa longueur le long des quais. Lothern souriait et parlait beaucoup : ici les navires de différentes races se côtoyaient dans un tumulte surprenant, bien loin de ce que Valindra avait l’habitude de connaître, et ce pour une très bonne raison.

« Ylvathoi. Ainsi viennent les hommes qui vivent de l’autre côté du monde. »

La sibylline elfe avait déjà croisé la route de ces créatures brèves et passionnelles. Paraît-il qu’ils se multipliaient comme des rats et mourraient un peu plus tard que ces derniers. Qu’ils étaient grossiers, stupides pour la plupart, mais qu’ils vivaient avec une intensité extraordinaire, que de riches émotions les guidaient vers une sensibilité artistique somme toute assez remarquable compte tenu de la très courte déclinaison de leur existence. Qu’ils se consumaient comme peau de chagrin, et s’autodétruisaient dans une sorte de fièvre aussi belle que cruelle.
Les hommes mourraient tôt, certes, mais vivaient plus à certains égards que de nombreux elfes. C’est ainsi qu’on lui avait enseigné ces êtres dans leur nature globale.

Mais il y avait des nuances, des aspérités dans la courbe plane de ces clichés. Comme les elfes, les hommes suivaient des tendances globales, ataviques, grégaires : mais ils étaient chacun différents des autres. Les régions où ils pullulaient avaient des cultures différentes. Leurs maisons n’étaient jamais semblables, comme leurs armures. Là où les elfes appréciaient l’uniformité, parce qu’ils étaient habités par la même connivence, les hommes étaient plus chaotiques. Même leur histoire les racontait : un récit de turbulences, de hasard, de régicides, de changements soudains, de révolutions.
Et le débarquement de Valindra et de sa suite le prouva : ils croisèrent tant de visages et d’accoutrements singuliers qu’ils furent presque surpris de découvrir qu’ils ne se guerroyaient pas entre eux.

« Peut-être ces créatures ont-elles des réponses à mes questions… si du reste elles trouvent le temps de savoir ce qu’est l’amour, dans une vie aussi courte. »

Elle sentît, tout près d’elle, une sorte de colère sourde, contenue dans les cœurs, naître au moment où le groupe rencontre une cohorte de barbares. Les Yvressi avaient de bonnes raisons de détester les Norsii. Ceci dit, plus que la vengeance, Valindra était en quête d’amour.

« Plus sages serions-nous d’essayer de leur… pardonner. »



Le groupe s’enfonça dans le tumulte de Lothern. Après avoir passé les zones les plus bondées, Valindra et ses compagnons se trouvèrent au milieu d’un espace plus aéré, vaste, guindé. Là, la musique et la littérature paraissaient occuper un temps plus précieux dans la vie des créatures occupées à dilapider leur existence. Valindra se sentît un peu plus chez elle. Tandis qu’Isilynor évoquait à nouveau des nécessités matérielles, la belle Yvressi aux cheveux d’argent s’arrêta sur la joueuse de harpe.

Lors elle commença à chanter, et sa voix sibylline résonna dans les rues de Lothern.
L'urgence matérielle est bien le cadet des soucis de Valindra : chanter, c'est quand même plus important...
Dans les faits, j'escompte ainsi m'attirer la faveur de la foule, si d'aventures les asurs sont sensibles à ce chant, en utilisant mon bonus de Chant et en m'appuyant sur la musique émise par la joueuse de harpe.
Valindra | Haut-Ælfe, Voie du noble
Profil : For 8 | End 7 | Hab 9 | Cha 10 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | Mag | NA 1 | PV 55/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
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Compétences
• Acuité visuelle (B)
• Acuité auditive (B)
• Arme de prédilection - Lance (B)
• Monte (A)
• Diplomatie (B)
• Chant (B)

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Valindra] Ce monde qui est le nôtre

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jet de charisme : 3, succès !
Sans écouter les complaintes de ses gens, la Jeune noble alla rejoindre sous le préau du Kiosque la harpiste aux doigts délicats. Légèrement excédée, Isilynor chargea les deux autres de trouver une auberge pour la nuit tandis qu'elle surveillerait l'aspirante cantatrice.
Valindra ne se fit pas prier pour rejoindre à la voix la mélopée de la musicienne.
Elle avait les intonations mélancoliques de la musique yvressi. Chargée de souvenirs, de remords et de regrets, mais jamais il ne fallait abandonner. Les chants yvressi étaient ceux d'un peuple qui se relèverait. Comme se relèvent toujours les elfes. Qu'importe le temps que cela prendra.

Tout autour, des oreilles s'étaient tendues. Sans faire mine d'écouter. Prêter attention, sans s'en donner l'air. Base de l'étiquette asur. Pourtant, aux tables vernies des salons de thé, sous les arbres feuillues ou le long des rambardes ciselées de bas-reliefs, des elfes écoutaient le chant qui s'était mêlé à la harpe.

Quelles interactions nouvelles allaient se produire ? Peut-être qu'un influent notable d'Eataine, séduit par ses performances vocales, allait lui proposer de jouer à sa prochaine réception, ou bien la Harpiste voudrait réitérer leur petit spectacle.
Elle n'en su rien. Car tandis qu'elle atteignait des sommets en faisant vibrer ses cordes vocales, un étrange énergumène, un Ylvathoi, arriva en trombe et sauta dans le kiosque en se propulsant via la balustrade. Il était efflanqué, le teint halé, les cheveux noirs et longs, une moustache et l'espièglerie dans son regard. Inclinant son bandana, il attrapa une pièce à sa ceinture qu'il jeta à Valindra. Une pièce d'or. "Maravilloso, dama elfa !" Une dernière révérence et il reprit sa course. La raison ne tarda pas :

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"Arrêtez-le !" Les gardes-maritimes s'élancèrent à sa poursuite, dans un fracas de "Oh !" d'elfes assistants à cette inconvenance. L'humain se retrouva sur la rembarde qui séparait le quartier en terrasse de celui en contrebas. Il salua la foule et se laissa tomber. La garde arriva, se pencha. Il était déjà loin.

La Bretteuse avait dégainé, elle rentra sa lame dans son fourreau avant de tirer doucement, mais fermement Valindra par la manche. "Allons-y, nous sommes dans cette ville depuis bien trop peu de temps pour se retrouver mêlées à ces affaires."
Pourtant, dans son autre main. Il y avait toujours cette pièce, cette pièce d'or.
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