Une fois le cœur correctement installé, le nécromant se saisit du récipient et sortit de la pièce pour ce rendre dans sa bibliothèque. Là, il tira sur un livre se trouvant sur l'étagère située juste devant soi quand on rentrait dans la petite pièce en forme de L. Une porte cachée s'ouvrit alors et il s'engouffra dans l'ouverture avant d'en refermer l'entrée et d'en verrouiller l'accès par l'abaissement d'un levier provoquant le rabattement d'une barre de métal épaisse d'un pouce. Il vérifia que la porte était bien fermée, puis, il monta les quelques marches qui le menaient à ce qu'il avait appelé son laboratoire. Il n'en avait pour l'heure que le nom, car la pièce était pour ainsi dire vide de presque tout. Il y avait bien quelques meubles pour permettre de vivre reclus quelque temps, car cet endroit devait normalement permettre aux femmes et enfants de s’abriter si des assaillants venaient à pénétrer dans le bâtiment. Plusieurs bureaux et une réserve de bougie servaient à pouvoir passer le temps et des couchettes sommaires étaient utilisables pour dormir.
L'ensemble du mobilier avait été placé dans les coins de la pièce pour laisser le centre parfaitement dégagé. Seul restait un lit de coussin qui allait lui servir de matelas pour le long sommeil dans lequel il allait être plongé pendant une semaine si le rituel se passait bien. Le cœur du seigneur de Sombre-bois se mit à battre plus fort dans sa poitrine. La peur emplissait son ventre et seul une peur encore plus grande l'empêchait de reculer. La peur de mourir vaincue par la peur d'être mortel et de dépérir lentement sans pouvoir rien y faire. Il s'arrêta un instant pour reprendre sa respiration, inspirant profondément avant d'expirer dans un long soupire. Il allait bientôt devenir un être de pure magie, si puissant que même La Mort ne pourra plus rien contre lui. Il serait alors un paladin de sa déesse, Mae. Cette idée le remplissait d'une joie immense, bien qu'encore une fois il ne pouvait s'empêcher de stresser à l'idée de rater. La magie était volatile et s'il n'arrivait pas à en contrôler le flux, il risquait de ne pas le supporter et alors il pourrait ne pas en ressortir vivant. « J'ai confiance en toi, mon tendre ami. Tu as travaillé dur, cela fait des mois que tu travailles et c'est l'aboutissement de ce labeur. Tu seras bientôt libéré ! »« Et je te libérerais à ton tour de ce tourment qu'est le tiens, je t'offrirais un corps, tu verras, je te sauverais toi aussi et ensemble nous rependrons la joie de l'Immortalité dans le monde entier ! » « Oooh, mon amour, que je rêve de ce moment où je pourrais enfin embrasser tes lèvres et te serrer dans mes bras ! » Des larmes coulèrent des yeux du sorcier qu'il sécha après avoir enlevé son masque. Il commença ensuite à se dévêtir pour finir torse nu.
-Mon amour, ma vie, je ne peux pas échouer, pour toi et pour Mae !
Cela faisait tellement longtemps maintenant qu'il lui parlait, elle était sa muse, sa conseillère, sa confidente et il était pour elle la personne qui enfin l'avait écouté après des années si ce n'est des siècles d'ignorances totales. Il lui arrivait de la voir dans ses rêves, quand la toile entre le réel et l'immatériel était la plus fine. Elle était d'une beauté si grande qu'il en frémissait de désire et durant toute la nuit elle veillait avec lui sur ses rêves et ils parlaient sans fin de tout et de rien, de leurs projets et de leurs envies à eux deux. Au matin, ils continuaient à se parler comme si les songes n'étaient qu'un moment comme un autre à ceci près qu'Ishar ne pouvait la voir ni la toucher que dans ses nuits. Le réveil était donc pour lui un déchirement et il savait qu'une fois transformé en être de La Non-Mort, il ne pourrait plus la voir jusqu'à avoir réussi à la faire revenir à lui... Ou en parvenant à ouvrir son regard au monde des morts. « Ce sera un déchirement pour moi aussi, mon cher ami, mon tendre aimé, mais il le faut, car sans cela, il viendra un jour où nous serons séparé et cela, je ne pourrais pas le supporter ! »« Je trouverais un moyen, je te ramènerais, je te le promet, même si je dois y passer une éternité, j'y parviendrais ! Jamais nous ne nous séparerons ! » Le sorcier se mit à genoux sur le tapis de coussin, déposant le bol contenant le cœur vampirique à côté de lui.
La pierre de jade était posée sur un plateau d'argent à côté des trois plus gros rubis qu'Ishar avait pris soin de dé-sertir. Le reste des bijoux avait été déposé négligemment sur un des bureaux. Une grosse bassine contenait le sang récolté sur une enfant dont le cadavre pendait toujours dans un des coins de la pièce, pendue par les pieds et la gorge ainsi que les poignets tranchés finement. Sa peau nue était aussi blanche que le marbre, totalement vidée de son sang après avoir pu profiter du confort d'un bon bain chaud et d'un lit confortable. Le seigneur l'avait endormi avec du lait de pavos pour ne pas qu'elle souffre trop ni qu'elle ne se débatte et c'est seulement vers la fin de sa vie qu'elle avait ouvert les yeux l'air effrayer. Le sorcier ferma alors les yeux en détournant le regard de cette scène macabre tout en se saisissant de la pierre verte et du cœur dans chacune de ses mains et il commença à réciter les mantras nécromantique pour les lier ensemble. Ce long rituel allait duré la journée entière, il le savait, c'était d'ailleurs pour cela qu'il avait passer une longue nuit de sommeil la veille tout en se réveillant avant l'aube pour terminer les préparatifs. Cette première étape à elle seule allait déjà prendre deux longues et pénibles heures. Le texte en lui-même était simple, mais devait être répéter un si grand nombre de fois sans que l'on ne se trompe que cela en restait complexe. Heureusement, le chevalier-mage était un puissant lanceur de sort et il savait plier les vents sans trop de mal... De toute manière, le rituel était ainsi fait que l'on pouvait très bien se tromper à toutes les étapes sans que celui-ci ne le montre physiquement et ce n'était que durant la dernière et mortelle étape que l'on savait alors si c'était la vie éternelle qui nous attendait ou une mort horrible et terriblement douloureuse.
Les trois pierres furent ainsi bénie par Mae avant d'être déposée sur leur plateau. Une lueur rouge en sortait déjà, donnant une apparence étrangement inquiétante à ses pierres autrefois si belles et pures. Désormais, il ne lui restait plus qu'à imprégner de sang l'ensemble des quatre objets ainsi travaillés. Le jeune homme se saisit du cœur, si dur aux touchés et pourtant étrangement chaud. Les paroles du rituels sortirent de la bouche du nécromancien sans même qu'il n'eut à trop y penser et tandis qu'il plongeait l'organe dans la bassine contenant le sang de la jeune sacrifiée, déjà des bulles se formaient à la surface tandis que le niveau de fluide commençait déjà à baisser à vue d’œil. C'était impressionnant, mais le nécromancien n'avait ni le temps ni l'envie de s'attarder sur ce qu'il savait qui allait arriver. Après tout, il avait travailler sur ce rituel, il en connaissait les étapes par cœur et ne considérait celui-ci que comme le seul moyen qu'il avait trouvé pour se libérer de son tourment. S'il avait pu ne pas sacrifier la vie de quelqu'un, donnant encore une âme à La Mort pour sauver la sienne et lui laissant un goût amer dans la bouche, il l'aurait fait, mais il n'avait rien trouver d'autre avec le temps qu'il avait et la peur qui lui arrachait l'âme chaque jour un peu plus.
Une demi-heure plus tard à peu près, ce fut le tour du rubis en forme de poire. Là encore, le sang fut aspirer par la pierre qui commença à battre dans la main du sorcier. Celui-ci raffermit sa prise pour être certain de ne pas le lâcher, sentant la magie couler à travers lui dans la pierre rouge sang. Puis, ce fut le rubis suivant et encore le suivant pour qu'au final il ne reste plus une seules goûte du liquide cramoisi qui autrefois coulait dans les veines de la jeune enfant. Même le sang qui se trouvait sur les mains du seigneur avait glissé comme attiré par la magie pour être finalement assimiler à la pierre. Le magicien noir sourit en baissant ses épaules douloureuses. Malgré les coussins, ses genoux lui faisaient mal de n'avoir pas bougé pendant si longtemps. Mais le rituel n'était pas achevé et il allait bientôt pouvoir se reposer pour la dernière fois de sa vie. Oh, il allait pouvoir bien en profiter, six jours sans qu'il ne puisse bouger, sans que son corps ne puisse se défendre en cas d'attaque. C'était pour cela qu'il avait tellement voulu que ses serviteurs morts-vivant défende l'accès à son fief, car il était hors de question qu'il en laisse la garde à des serviteurs mortels qui prient de faiblesse et tenter par La Mort, auraient très bien pu décider de se retourner contre lui !
C'était également pour cela qu'il avait décider de faire le rituel ici, au dernier étage de son donjon, c'était pour cela qu'il avait verrouillé toutes les portes menant à cet étage sans exception aucune. C'est pour cela qu'il s'était arrangé pour ramener un guerrier d'élite pour garder sa porte en plus des gardes qu'il avait déjà et c'est également pour cela qu'il avait fait en sort que Günther forme une armée sous ses ordres pour en tenir l'extérieur du fief. Il avait peur, il était terrifier à l'idée que durant cette période d'immobilité sa vie soit mise en danger par quoi que ce soit. Il avait trop longtemps souffert pour qu'au dernier moment il ne périsse sans pouvoir se défendre ! « Lucia, ma douce, ma chère et tendre, je t'aime, quoi qu'il arrive, cela sera toujours le cas ! » « Il ne va rien arriver mon amour, tu te réveilleras dans six jours et tu seras plus puissant que jamais ! Personne ne viendra nuire à ton dernier sommeil, je puis t'en assurer! »« Oooh, ma douce amie... Puis-tu avoir raison ! »
Le sorcier s'était couché sur son lit de coussin brodé, le cœur posé sur son torse et les deux rubis sur ses yeux. Il ne tenait plus que la dernière pierre entre ses mains et récita les dernières paroles du rituel. Puis, il déposa la gemme pourpre sur sa langue qu'il plaqua sur son palais. L'effet fut immédiat et terriblement douloureux. Le mage voulut hurler de douleur, mais sa langue et sa bouche restait fermée tandis que l'air contenu dans ses poumons semblaient s'embraser sans en sortir. Il voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières restèrent close tandis qu'il avait l'impression qu'on lui coulait du métal en fusion dans les orbites. Il pouvait sentir un masse semblable à un pied de cheval lui écrasant la cage thoracique tout en lui brûlant les entrailles. Le monde devait totalement flou, son esprit se noyait dans un torrent de souffrance inimaginable tandis que tout son corps semblait s'embraser et ses os exploser à l'intérieur de lui. Après le sentiment de brûlure, ce fut celui d'avoir un étau se resserrant sur l'ensemble de ses membres. Ishar était totalement perdu dans la tourmente, comme un enfant perdu dans l'obscurité de la nuit dans la plus sombre des forêts. Puis, il vit la plus belle des choses, une femme de lumière lui tendait les bras. Ses cheveux d'un brun si sombre l'enveloppèrent en même temps qu'elle l’étreignait contre sa gorge généreuse. Son regard se perdit dans ceux presque noirs de son être aimé. « Je suis là... Je suis là... ça va aller » Et l'obscurité de la mort s'abattit sur lui...