Marinna était très attentive et demanda quelques détails de plus sur le déroulement des évènements ainsi que les agissements de certains individus mais rien que Lucy souhaitait éviter. Elle prit quelques notes de tout cela et ne semblait pas du tout dans ses humeurs habituelles, normalement joyeuse et expressive, elle était ce soir plus direct et fatigué. Après les interrogations elle demanda à Lucy de la laisser et de fermer la porte derrière elle. Chose encore plus étrange, sa porte était toujours ouverte en temps normal. Lucy retrouva Encarnación qui transportait deux verres de liqueur, semble-t-il qu’un lui était destiné. La jeune estalienne invita la courtisane à parler avec elle de sa soirée, elle voulait en savoir les moindres détails, décortiquer les rouages du métier et surtout les détails les plus croustillants du bal.
Le reste de la soirée fut très agréable, Mirnova resta dans sa chambre. Le sorcier était d’un étrange intérêt, il parlait de monde lointain et de créatures fantastiques, les musiciens embarquèrent dans les histoires et agrémentèrent le tout d’une trame sonore, ce qui rendait les histoires plus grandes que nature malgré leurs penchants impossibles. Il parlait avec vigueur et excitation de vents magique invisible et des terribles démons qui y habitent, de quoi vous faire frissonner si c’était vrai.
Les nuits suivantes furent mouvementé, parsemé entre-autre de rêves du délicieux Arabéen, de démons invisibles, des cris déchirants dans la salle de bal. Les journées quant à elles étaient longues et pénibles, pas de nouvelles de Saïd, pas de messages ni de coursiers. Rien, c’est comme dire qu’il l’avait oublié. Chaques secondes étaient un grain de sable du temps qui s'effritait à l’attendre. Et les jours passèrent.
Marinna gardait les filles toujours occupées, si ce n’était pas dans une soirée mondaine à espionner une discutions entre deux émissaires étrangers, c’était à tenir compagnie à un riche marchand qui n’était de visites que pour une semaine. Pendant les derniers jours, Lucy était devenu la faire valoir d’un Duc ou d’un Baron de Middenheim, difficile à dire, il était d’une platitude incroyable, mais il était riche et courtois. Sir Frederick Geller de la Guilde des Bâtisseurs et Architectes, superviseur général des travaux publics, trésorier par intérim, responsable des réfections souterraines du Quartier sud. Sir Frederick était venu rencontrer divers fournisseurs étrangers et signait des contrats. Lucy pendant ce temps discutait et entretenait les convives invités. La seule chose plaisante qu’elle sut retirer de toute cette histoire fut le malin plaisir qu’avait Sir Frederick à offrir des massages de pieds à Lucy. Il s’y prenait doucement et avec amour, parfois avec intensité parfois légèreté. Quand elle retirait ses pantoufles, il ne pouvait rien n’y faire, la tentation était trop forte pour lui.
Un soir à son retour, elle fut accueillie par Marinna qui observait Morrslieb haut dans les cieux illuminant la cité de sa glauque phosphorescence. Ce soir une forte odeur de poissons pourris émanait des quais à quelque rues de la Maison du Sud, les pêcheurs devait revenir de leur tourné journalière. Ce soir par contre c’était particulièrement odorant. Travailleurs bruyants, courtisanes vocales, musique romantique, un étrange mélange pour la courtisane épuisée.
Marinna ouvrit les bras à son habitude et sera fortement Lucy à son arrivée. Elle était de bonne humeur et apporta sa protégé dans son bureau.
“Lucy mon amour, je suis désolé de devoir interrompre ton contrat avec Sir Geller mais j’ai quelque chose de plus important pour toi. Je ne fais pas assez confiance aux autres et tu es la seul qui est déjà entré en communication avec Ueblingen récemment. Nous devons infiltrer leur demeure et y trouver un joyau familial. Un collier de chaîne cuivré arborant une pierre d’émeraude. Il s’agirait d’un trésor familial. Je ne sais pas comment tu souhaites t’y prendre mais tu dois trouver un moyen de rentrer, je peux te mettre en contact avec des gens si tu veux. Peu importe comment tu décides d’entreprendre cela, il doit être impossible, et je dis bien encore Impossible de lier la disparition de cet objet à la Maison du Sud. Le mécène de cette opération m’a demandé de remettre cette lettre à la fille qui s’en occuperait.”
Elle sortit de son bureau une lettre scellée d’un sceau de cire portant l’insigne de Marienburg. Un lacet de coton rouge retenait le tout comme un parchemin roulé. Étrangement le lacet semblait déchiré.
Marinna attendait d’en savoir plus sur le contenu de la lettre. Elle était trépidante à voir le visage de Lucy.