[✓][RP libre] La Marche vers Ebendorf

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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Maroufle
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Le temps était humide, même pour le printemps sylvanien. Des langues de brume s'étiolaient dans la cime de quelques conifères décharnés tandis que le ciel était grisâtre avec des nuances glauques.
Si le temps n'était pas à la joie, cela n'était rien face à l'expression qu'affichait le paysan et ses fils en contemplant le désastre qu'était devenu leur champs. Toute la famille avait œuvré à s'en briser le dos avec l'araire pour assurer un labour parfait et voilà qu'en une nuit tout avait été dévasté par une cavalcade de tous les diables.

C'était sûrement la partie de chasse à courre des Maîtres qui avait dû s'achever sur la terre retournée ou bien une patrouille de soldats stirlandais qui pour on ne sait quel raison avait décidé de franchir les frontières qui séparaient la province des vivants de celle des morts. Quoi qu'il en soit il ne fallait pas se laisser abattre, ça aurait été mâcher le travail des goules, non on allait recommencer cette tache éreintante car sinon ce serait la famine, la mort, le retour.

Maroufle fit donc signe à ses deux aînés de ramener l'araire et la houe pour turbiner jusqu'à ce que sonne l'heure du loup. Il manda le benjamin d'aller chercher sa sœur, sa mère et le grand-père pour qu'ils délaissent leurs taches ménagères. Il fallait tous les bras disponibles pour s'assurer qu'on puisse ensemencer le sol au plus tôt. Et ce petit diablotin arrivait à prendre son temps pour pouloper jusqu'à la chaumière !
Il revient accompagné de sa sœur avant de piailler :
« P'père Brocart souff'toujours et m'man est au ch'vet ! »
Il y avait de ces journées où il aurait mieux fallu rester au lit ; pensa le fermier avec amertume avant de commencer à travailler, la complainte c'était pour ceux qui n'avaient rien à faire.

Il était pas loin d'une heure de l'après-midi quand la Bourgeoise annonça le repas. Les quatre rejetons se ruèrent vers la promesse de pitance tandis que Maroufle les suivait avec son boitillement habituel. Loué en soit les Maîtres l'humidité de ces derniers jours ne l'avait pas lanciné comme en Erntezeit mais c'était pour son père qu'il s’inquiétait.
Il leva la tête vers la chaumière, cette bâtisse qui avait accueilli d'innombrables générations de paysans au gré des siècles et qui en abritait sur le moment trois.

En passant la tête par l'embrasure il pouvait contempler l'ensemble des richesses amassées par tous ses aïeuls : Des meubles vermoulus , trois pièces et une cheminée.
Les six autres membres de sa famille étaient disposés autour de la table , entourant une marmite fumante de bouillie d'orge.
C'était dans ces moments qu'il était fier de lui, quand il voyait ses quatre enfants , sa sublime femme et son père, tous ayant à manger et un toit sur la tête là où tant d'autres de part le vaste monde qu'il n'avait jamais connu vivaient dans la misère.
Sa femme lui demanda avec le sourire :
« Tu t'assoies ou bien tu attends que la chaise vienne à toi mon Maroufle ?
-De suite, de suite. »
Tania...Depuis qu'il l'avait rencontré il avait été charmé par ses longs cheveux d'ébène et son caractère malicieux. Elle était une strygane, une femme libre et aucune chaîne ni aucun mariage ne pouvait lui enlever cet esprit.
De leur union étaient nés des enfants solides et bien portants. Les trois fils étaient aussi sombre de cheveux que leur mère , Marouflet était déjà un homme avec sa quinzaine et Roger lui emboîtait le pas.
Le dernier de la portée avec cinq hivers au compteur , Stygo, un nom que voulait sa mère, était un gredin né mais une bonne éducation le ferait filer droit il s'en assurait.
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Mais celle qu'il chérissait le plus était sa fille, Britta. Il ne voulait que son bonheur malgré la rusticité de leur vie ici.
Son père Brocart toussa tout en mangeant son orge. Il avait traversé tant d'années, avait élevé tant d'enfants pour finir amoindri par l'age chez son dernier fils comme un fardeau. C'est ce qu'il répétait à Maroufle dès qu'il était plus faible qu'à l'ordinaire mais ce dernier mettait ça sur le dos de la culpabilité des vieillards à avoir survécu là où tant d'autres sont morts.
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Cependant ces dernières semaines son état s'était dégradé plus vite qu'une pierre tombale de Sylvanie. Il allait lui falloir un remède et les seuls qui seraient efficients étaient ceux de la ville. La plus proche était Ebendorf mais en Sylvanie, même aller pisser dehors vous exposait à une mort atroce alors toute un voyage à entreprendre ? Il serra contre lui le talisman qu'avait confectionné Tania et regarda toute sa famille alors qu'ils discutaient de badineries. Il regarda sa Britta à qui il avait promis une robe dès qu'elle entrerait dans l'adolescence. Ses deux aînés qui un jour devraient apprendre à vivre de leurs propres compétences. Sa femme en train de froisser les cheveux de Stygo alors qu'il engouffrait une cuillerée de bouillie. Brocart, son père, l'ayant élevé dans l'adversité d'une terre tenue par les morts jusqu'à ce qu'il reprenne le flambeau du chef de maison. Ils étaient ce qu'il avait de plus précieux et il ne voulait pas les perdre mais parfois il fallait du courage pour ceux que l'on aime , et risquer sa propre fin pour eux. Il prit alors la parole en tranchant dans la conversation :
« Demain je partirai vers la Ville, je dois acheter les soins du Père et vous offrir la juste récompense de vos durs labeurs. Ce sera risqué mais il faut le faire , Roger et Marouflet , écoutez votre mère elle saura mener cette famille à flots pendant mon absence. 
-Fils...Tu ne dois pas prendre ce risque pour moi. Ce n'est pas alors que je mets le pied dans la tombe qu'il faut que tu m'y rejoignes en bondissant.
-P'pa ! Et si jamais un macchabée t'attaque ? Ou un Maître ? Ou...
-Roger , le Père. Ma décision est prise et je m'y reprendrai pas. »
Sa Femme le regarda de ses grands yeux expressifs puis déclara :
« Il faudra que tu fasses attention mon Maroufle...Les Routes ne sont plus sûr pas même pour les caravaniers. Je veillerais sur cette famille en attendant. »

Le Lendemain , dès l'aube , à l'heure où grisonnait la campagne , Maroufle se tenait devant sa chaumière , drapé par une cape de voyage et serrant contre lui une fourche et ses quelques possessions. Il tourna la tête vers les membres de sa Famille qui le regardaient comme si il entamait sa procession vers le dernier jardin.
Le paysan prit une grande inspiration puis se mit à marcher le long du sentier forestier nappé de brumes.
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Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 01 juil. 2018, 13:09, modifié 1 fois.
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Maroufle, Paysan
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Message par Maroufle »

La réputation des infrastructures sylvaniennes était loin d'être surfaite car même les plus grandes routes étaient des bourbiers impraticables sans briser les essieux de son chariot. Ce sentier de laboureur lui n'était que un écartement suffisant entre les sapins pour pouvoir circuler. Ses pieds noircis et cornés faisaient crisser l'épaisse couche d'épines brunâtres et il flottait dans l'air des exhalaisons de moisissure , d'humus et de sève. Si il y avait bien des craintes qui s'agitaient dans l'esprit du pauvre Maroufle au point de pouvoir organiser leur propre bal dansant , celle qui prenait toute son attention était celle de s'égarer. Il n'y avait pas une grande distance entre la ferme et le hameau de Mornegueux , première étape de son périple et pourtant la moindre errance pouvait s'avérer mortelle.

Après deux longues heures de marche au rythme lent du boiteux , il approcha du misérable village.
Même pour une région comme le Stirland orientale , cet endroit était pitoyable :
Une vingtaine de maisons en boue , en bois et en torchis à moitié enfoncées dans le sol glaiseux , le tout entourée par une palissade de pieux taillées. Quelques dizaines de serfs abrutis par la soumission et l'inculture s'échinaient à arracher à la terre suffisamment de nourriture pour assurer aux nobles des banquets décadents et au village de quoi tenir une année de plus sans trop de pertes.

Deux miliciens tenaient la porte , si on osait appeler comme cela la percée entre deux gros pieux.
Des gaillards à l'armure dépareillée et obsolète depuis deux siècles à la louche. Des insignes peints à la chaux sur leurs pansières rappelaient que tous ici appartenaient à des êtres infiniment plus puissants.
Le premier avait une barbe hirsute et roussâtre qui compensait sa calvitie totale , rendant son crâne lisse et brillant comme un œuf de pigeon. Son compère avait une cervelière qui ne dissimulait pas en totalité les cheveux sombres qui lui tombaient à hauteur du menton. Ses bacchantes drues cachaient son jeune âge , en même temps Maroufle avait déjà quinze ans quand il avait poussé son premier cri.
Le Chauve abaissa sa pique vers le voyageur et scanda la réplique qu'il avait dut apprendre par cœur :
« Manant , déclinez votre identité...Maroufle c'toi ?
- Parbleu , c'bien lui , répondit l'autre garde.
-Bonne journée les gars ? Vous comptez arrêtez qui ? Un moineau malade ?
-Plaisante , plaisante l'hideux c'changera rien. Tu t'rends où comm'ça ?
-Ebendorf , je ne fais que passer ici.
-Pffffiouh , rien qu'ça l'ami. Tu y cherche quoi ? T'es trop vieux pour chercher un n'veau travail d'citadin.
-C'est pas vos affaires , maintenant laissez-moi passez vous savez que je suis trop fauché pour l'octroi. »
Les deux soudards relevèrent leurs piques et laissèrent entrer le père de famille dans le minuscule îlot de civilisation. Il allait falloir repartir mais pour l'instant il se savait à l'abri
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Maroufle, Paysan
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