[Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Marienburg est le plus grand de tous les ports du Vieux Monde. Située à l’embouchure du fleuve, la ville est un énorme centre de commerce. Le Reik est ici un fleuve énorme, mesurant plus d’un kilomètre et demi d’une berge à l’autre. Marienburg est une cité indépendante (sans lien avec l’Empire), située au sein des Wastelands. c’est aussi le centre de l’activité religieuse du Culte de Manaan, le Dieu de la Mer.

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[MJ] Le Grand Duc
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[Anaëlle] Le murmure du pouvoir

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La belle Anaëlle ne pu réprimer un frisson lorsque les mains de sa grand-mère vinrent se plaquer devant ses yeux, lui cachant la vue. Au même moment, un craquement sinistre retentit et la jeune noble entendit une ovation venir de la foule réunie sur la place du village, tout autour d'elle. La voix brusque de l'inquisiteur, arrivé il y a quelques jours à peine à Halsdorph, claqua dans l'air frais du matin.

- "En ce jour bénit fût pendu Lord Stafford von Elaeran pour blasphème et adoration des puissances des ténèbres ! Loué soit Sigmar et sa sainte justice ! Que tous témoignent de sa grandeur et de notre foi !" cria-t-il à la foule pressée devant l'échafaud, une torche embrasée dans la main. "Justice est faite et Halsdorph est libérée de la corruption ! Loué soit son nom ! Que les flammes purifient désormais l'âme de cet impie !" hurla-t-il encore en jetant sa torche aux pieds du gibet devant lequel étaient amoncelés des fagots de bois et de paille. Les habitants de village répondirent par une nouvelle clameur et regardèrent le bûcher s'embraser en faisant le signe du marteau divin sur leur poitrine.

Anaëlle ne pu s'empêcher de se dégager de l'étreinte de dame Georjïna Lefford. Elle, sa grand mère, son frère et sa soeur se tenaient côte à côte entre la foule et l'échafaud sur lequel était pendu son père, dont la plante des pieds étaient déjà léchée par les flammes qui montaient du brasier. Devant eux se tenait l'inquisiteur de l'Ordre des Templiers de Sigmar, qui les fixait avec un rictus malsain.

Tout avait basculé en quelques jours. La vie suivait son cours monotone à Halsdorph jusqu'à l'arrivée de cet homme inquiétant et énigmatique. Depuis, il semblait mener une enquête, interrogeant les habitants à tour de rôle, prenant des notes dans un petit carnet qu'il portait dans sa besace, furetant dans le village. La jeune femme ne s'était pas fait plus de soucis que cela et s'était vite désintéressée de cette présence, jusqu'au jour à il s'était présenté au manoir familial encadré par quatre miliciens et ordonnant à son père de se présenter. Celui-ci, excité à l'idée de rencontrer un voyageur, et persuadé d'être enfin reconnu pour ses exploits chevaleresques et appelé à servir une quelconque quête épique, s'était empressé de revêtir son armure et de se présenter. Mais il s'était vu passer des fers sans comprendre et emmener sans autre forme de procès sous les yeux impuissants de sa famille.

Il fut enfermé dans une étable gardée par les miliciens en bordure du village, et "interrogé" toute la nuit durant. Ses cris et ses lamentations ne laissaient aucun doute sur la technique utilisée par l'inquisiteur pour lui soutirer des informations. Après une nuit entière de torture, il avait enfin avoué s'adonner aux perversions et à la dévotion de Slaanesh, le Prince chaotique des Plaisirs. Il fut pendu le matin suivant devant les habitants du village ainsi que sa famille. Désormais, les flammes gagnaient en hauteur et la fumée cachait le corps meurtri de feu Lord Stafford von Elaeran tandis que la foule se dispersait et que l'inquisiteur psalmodiait, le regard plongé dans le bûcher. La jeune femme se croyait victime d'un cauchemars, incapable d'accepter de qui venait de se réaliser.

Dame Georjïna Lefford saisit Anaëlle par le bras.


- "Rentrons, mes enfants. Tout est terminé, désormais." dit-elle à voix basse. Klaas et Cerenna, son frère et sa soeur, leur emboîtèrent le pas alors qu'ils quittaient tous les quatre la place principale de Halsdorph pour rejoindre le manoir, tournant le dos à la potence en feu.

___________________



Le siège du paternel était vide, ce soir là. La longue table de la salle à manger du manoir familial n'en semblait que plus vide. Klaas mangeait sa soupe en silence, le visage fermé. Cerenna, les yeux rougis d'avoir trop pleuré, fixait son assiette en porcelaine, le regard éteint et vide. Dame Georjïna, elle, observait tour à tour ses trois petits enfants sans un mot. La scène était morne, sinistre. La grande pièce sombre n'était éclairée que par quelques chandeliers, tandis que la pluie battait contre les vitres des fenêtres. Le ciel était gris, et même les serviteurs semblaient refermés et sombres. Le souper se déroula sans un mot, lourd. La vieille dame, dont les yeux luisaient de sagesse, apostropha Klaas alors que les serviteurs desservaient la table sans un bruit, invisibles.

- "Klaas, mon garçon. Maintenant que votre père est mort, vous devenez le protecteur de cette famille, en tant que son héritier de sang."

Le frère d'Anaëlle haussa un sourcil impertinent.

- "La barbe, l'ancêtre. Je sais ce qu'il me reste à faire, et je n'ai pas besoin de tes paroles venimeuses pour le faire."

- "Klaas ! Comment peux-tu ainsi t'adresser à notre grand-mère !" s'offusqua Cerenna.

Dame Georjïna se contenta de lever une main ridée en signe de paix, et posa le regard sur la soeur aînée.

- "Cerenna, nous allons devoir vous trouver un parti avantageux. La mort de mon gendre votre père va affaiblir notre famille. Il va vous falloir un mari puissant et influent pour attirer les faveurs du Directorat de Marienburg jusqu'ici, dans les marais putrides du Wasteland." dit-elle avec une pointe d'amertume sans même relever l'insulte de son petit-fils.

Cerenna regarda sa grand mère, les mains tremblantes, puis éclata en sanglots et se leva brusquement, quittant la salle à manger en courant, les mains sur le visage. Klaas secoua la tête et poussa un soupir d'exaspération avant de se lever à son tour et de quitter également la pièce sans adresser un regard à Dame Georjïna ou à Anaëlle.

La vieille femme ferma les yeux quelques secondes, visiblement fatiguée, et rajusta son chaperon de mousseline blanche, la coiffe traditionnelle des veuves du Wasteland. Elle soupira à son tour et tourna enfin son regard affûté vers Anaëlle.

- "Quant à vous, ma douce ... Vous êtes bien sage. Vous n'avez rien mérité de tout cela. Mais si nous voulons survivre, nous devons nous battre. Nous ne sommes pas en Bretonnie ou dans l'Empire, où avoir le sang noble suffit à ses besoins. Ici, il faut savoir se vendre, mon enfant. Se vendre pour pouvoir acheter sa place au pouvoir. Et cette place coûte cher, croyez moi."

Dame Georjïna marqua une pause et fit signe à l'un des serviteurs qui se tenait dans l'ombre de lui servir une coupe de vin. Elle bu une longue gorgée puis repris.

- "Vous allez partir pour Marienburg." lâcha-t-elle comme un couperet, tirant de sa large robe un parchemin roulé et fermé par un cachet de cire rouge, qu'elle posa sur la table, ainsi qu'une enveloppe fermée. "La lettre est pour vous, vous la lirez quand vous serez partie. Tout y est expliqué. Prenez ce parchemin, vos effets personnels et vingt Guilders d'or. Vous partez demain dès l'aube. Vous pouvez disposer." termina-t-elle en lui faisait signe de quitter la table, avant de se faire resservir du vin et de le boire en regardant la pluie battre à la fenêtre, de marbre.

___________________


La voiture de la compagnie des Quatre Saisons l'attendait devant le manoir, attelée à quatre chevaux gris pommelé. Le conducteur attendait, un béret sur la tête et les mains gantées refermées sur un long fouet. Un garde de la compagnie se tenait à ses côtés, vêtu d'un grand manteau de cuir, une arbalète sur les genoux. Le jour pâle se levait à peine, perçant à travers la brume fine qui recouvrait le paysage morne. Il semblait que la nuit durait plus longtemps, ici, enveloppant champs et arbres morts.

La porte du manoir s'ouvrit pour laisser passer deux serviteurs chargés des valises et des coffres d'Anaëlle, qui contenaient principalement des vêtements. Ils les amarrèrent à l'arrière de la voiture et disparurent sans un bruit tel des ombres. Dame Georjïna sortit à son tour en compagnie d'Anaëlle et toutes deux se dirigèrent vers la voiture. Le garde descendit et s'inclina brièvement avant de leur ouvrir la petite porte qui surmontait une marche donnant dans la cabine. L'intérieur, sans être luxueux, étant confortable. Les sièges étaient en cuir et les rideaux aux fenêtres d'un rouge pâle. La jeune noble s'installa et le garde referma derrière elle avant de remonter.

La grand-mère s'avança vers la petite fenêtre.


- "N'oubliez pas, mon enfant, que vous êtes promise à de grands desseins. De me décevez pas. Montrez vous courageuse et pertinente. Et surtout, surtout, méfiez vous de tous et ne faites confiance à personne. Que Shallya veille sur vous." dit-elle avant de se reculer. Elle fit un signe de la tête au conducteur de la voiture et le fouet claqua dans l'air. Les chevaux henirrent et l'attelage se mit à avancer lentement, tandis que Dame Georjïna regardait sa petite-fille partir, le visage dur. Cependant, Anaëlle pouvait discerner une pointe de tristesse dans ce regard gris et impitoyable.

Bientôt, le manoir fut hors de vue et la voiture traversa Halsdorph pour se diriger vers le Nord. Quelques habitants s'arrêtèrent pour regarder l'attelage passer, le visage fermé. Après quelques minutes, ils passèrent à côté du dernier champ et s'enfoncèrent dans les sombres et sinistres marais du Wasteland qui défilaient derrière la vitre sale.

Voilà ton aventure qui commence. Je vais donc ajouter le parchemin et la lettre à ton inventaire, libre à toi de les lire quand tu as envie, fais en juste mention dans ton post. Le parchemin est scellé, si anaëlle le lit il faudra donc qu'elle brise le sceau.
Si tu as des questions, n'hésite pas à m'envoyer un message privé !
Bon courage ! ;)
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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Anaëlle
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Message par Anaëlle »

  • La voiture de la compagnie des Quatre Saisons avançait tranquillement sur la route en mauvaise état qui traversait les sinistres marais du Wasteland. Les quatre chevaux de la compagnie tractaient la diligence tandis que les roues de cette dernière s’enfonçaient légèrement dans la boue. Les bêtes de trait renâclaient en tirant le lourd attelage et leur souffle dessinait des volutes blanches dans l’air glacé, tandis que le soleil se levait à peine dans le ciel. Le conducteur, dont le visage était partiellement couvert par un épais béret, claquait son fouet d’une main gantée pour faire avancer les chevaux. A ses côtés se tenait un garde de la compagnie, chaudement habillé d’un manteau de cuir, une arbalète sur les genoux, qui surveillait les alentours.

    Dans le coche, Anaëlle von Elaeran regardait le paysage monotone défiler aux travers des vitres sales, le visage encore attristé par les événements récents. La jeune femme ramenait derrière sa nuque une natte tressée qui s’était égarée sur son épaule, tout en se laissant balloter au gré du cahot de la diligence. Pour le moment, elle était encore détachée d’une situation qu’elle ne maitrisait guère, mais qu’elle ne tarderait pas à découvrir. Peut-être que son arrivée à Marienburg serait synonyme de nouveau départ suite à la mort de son père ; puni pour son adoration des puissances des ténèbres par le bûcher.

    A mesure que la voiture avançait, la piste se fit plus régulière et les cahots plus rares, signes qui annonçaient sans aucun doute la proximité d’une ville : Klessen ou Lehmburg. Anaëlle avait bien du mal à se remémorer le chemin qu’ils avaient emprunté. Distraitement, la main de la petite noble se dirigea vers la lettre que lui avait remise dame Georjïna Lefford. Cette lettre était accompagnée d’un parchemin fermé par un cachet de cire rouge. Si elle lui avait mentionnée que la lettre était pour elle, sa grand-mère n’avait nullement évoquée le parchemin. C’est pourquoi elle posa ce dernier sur le siège en cuir et se concentra plus particulièrement sur la lettre.

    Sûrement que cette lettre contenait des réponses aux questionnements d’Anaëlle : des réponses sur les agissements de son père, des réponses sur ce qu’attendait sa grand-mère en l’envoyant à Marienburg. Des réponses qui permettraient à Anaëlle de prouver à tous que l’honneur des von Elaeran était encore sain et sauf. Pour la mémoire de son père, elle devait gagner l’estime des plus grands avant que l’indifférence et la misère s’abattent sur les siens. Avec une moue sévère et sombre, Anaëlle ouvrit la lettre en espérant trouver ce qu’elle y cherchait…
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 05 nov. 2014, 13:25, modifié 1 fois.
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Anaëlle von Elaeran, Voie de la Cour
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  • Etiquette : bonus de + 1 sur tous les tests en rapport avec des personnes appartenant à la haute société
  • Séduction : bonus de +1 pour charmer les personnes du sexe opposé (voire du même sexe)
  • Eloquence : permet de manipuler des assemblées ou des foules (+1 pour ce genre de test)
  • Danse : bonus de +1 sur les tests visant à charmer, divertir et retenir l'attention d'une ou un groupe de personnes en dansant

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Anaëlle tira doucement la lettre de son enveloppe et la déplia.

Mon enfant,

Nous savons toutes deux qu'aussi étrange soit votre père, il n'a jamais été déviant dans sa foi et ses croyances. Je soupçonne fortement qu'il est été victime d'un complot, et je compte faire la lumière sur cette affaire. Cependant, je vais avoir besoin de votre aide pour cela. Vous allez devoir vous faire des amis à Marienburg. Cette tâche ne va pas être simple, car le seul moyen de pousser les gens de cette ville à vous aider est de leur fournir une contrepartie. Tâchez de faire les bonnes rencontres, les bons compromis et les bonnes affaires. Et surtout, surtout : restez toujours sur vos gardes.

La seule chose que je puisse faire pour vous aider pour le moment est de vous recommander à Dame Frida Janssens. Son mari, le Baron Helmut Janssens, est un mécène reconnu et l'un des derniers protecteurs de nous autres les nobles dans cette ville où la haute naissance n'importe plus à personne. Donnez lui le parchemin. Elle vous hébergera. Et si les dieux le veulent, vous trouverez le courage en vous de vous tailler une place dans ce monde impitoyable.

Le Baron a sa demeure au 12, impasse des Rosiers, dans le Guilderveld.

Que Shallya veille sur vous.
Votre grand-mère attentionnée.

La jeune femme reposa la lettre sur ses genoux, pensive. Elle se sentait confuse, incertaine de ce que la grand-mère attendait d'elle et de ce qu'elle devait faire une fois arrivée à Marienburg. Devrait-elle entrer en affaire ? Se faire des relations ? Pouvait-elle compter sur ce Baron qu'elle ne connaissait que de nom ? Ces questions restaient sans réponses tandis que la diligence l’amenait toujours plus près de sa destination.

A travers la vitre, elle pouvait voir le paysage changer. Les joncs et les mares du marécage qui entourait Halsdorph cédaient peu à peu la place à une plaine parsemée de cultures et de canaux d'irrigation. Les champs s'alternaient, passant des blés encore verts aux tournesols jaune vif ou aux rangées de luzerne. En fond, Anaëlle pouvait distinguer par moment les toits de chaume d'une ferme ou les grandes ailes d'un moulin qui tournaient lentement. Le ciel s'était un peu dégagé, laissant filtrer des traits de lumière à travers les nuages gris et même la route se montrait plus clémente, les cahots se faisant moins rares.

Après une journée de voyage où elle avait eut tout loisir de réfléchir à ce qu'elle ferait une fois arrivée à Marienburg, la diligence arriva enfin à Klessen, bourgade de quelques centaines d'habitants. La jeune noble s'y était déjà rendu par le passé, petite, pour assister à la grande foire annuelle aux dentelles qui faisaient la fierté des habitants et dont sa mère raffolait. L'attelage réduit l'allure en dépassant les premières maisons qu'Anaëlle pu apercevoir par la fenêtre, avant de passer sous un large porche en pierre marquant l'arrivée dans la ville. Les bâtiments à colombage s'alignaient les uns à côté des autres, des enseignes pendant au dessus des portes, et la rue de terre battue était pleine de gens affairés.

La diligence s'arrêta enfin et le garde descendit de son post avec un "splotch" sonore lorsque ses bottes s'enfoncèrent dans la boue qui parsemait le sol, conséquence des fortes pluies de la journée. Il toqua à la porte de la petite cabine et l'ouvrit.


- "Nous sommes arrivés à Klessen, ma dame. Nous allons nous y arrêter pour la nuit. L'auberge est juste ici." dit-il avant d'incliner la tête et de se diriger vers l'arrière de la voiture pour décharger les valises de la belle. Cette dernière sortit donc, constatant que la diligence s'était arrêtée face à la porte de l'auberge. Quelques planches en bois avaient été jetées devant pour éviter que les clients arrivant en coche n'aient à marcher dans la boue, et alors qu'Anaëlle descendait délicatement pour entrer dans l'établissement, elle entendit quelqu'un l’interpeller.

- "Attendez donc, gente demoiselle ! Je n'oserai laisser cette vulgaire terre tâcher votre belle robe ! Laissez moi vous aider."

Le mystérieux jeune homme lui offrit un sourire éclatant et arrêta sa monture avant de descendre et de faire quelques pas dans la boue pour offrir son bras à Anaëlle après avoir envoyé d'une pichenette discrète un Guilder d'argent au cocher pour qu'il rentre son cheval à l'écurie de l'auberge.
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Message par Anaëlle »

  • La voiture de la compagnie progressait à vive allure entre les joncs qui commençaient à se dissiper lentement pour laisser place à une plaine parsemée de cultures et de canaux d’irrigation. Anaëlle reposa la lettre ouverte sur ses genoux, perdue dans ses pensées. Mue par un caprice subit, la jeune femme se leva légèrement et regarda au travers de la vitre. Le soleil, qui commençait à être haut dans le ciel, réchauffait les terres paysannes du Wasteland. Les chevaux en trottant soulevaient des mottes de terre mouillée qui venaient s’écraser mollement sur les bords de la piste. Les grandes roues de la diligence traçaient des sillons épais entrecoupés de cailloux sur lesquels les arceaux de métal sautaient, entrainant un léger sursaut auprès d’Anaëlle.
    Quelques bouquets de fleurs sauvages et des bosquets de buissons poussaient ça et là, offrant des couleurs fraîches à ce paysage.

    Anaëlle fronça délicatement les sourcils en repensant à la lettre de sa grand-mère. Assumer les fautes de ses ascendants n’était jamais aisé. Les pensées d’Anaëlle se tournèrent vers Klaas et Cerenna. Pensaient-ils à elle ? Certainement. Dame Georjïna Lefford leur avait-elle expliqué son départ, et la voyaient-ils maintenant avec une certaine pitié, comme forcée d’accomplir un destin pour se montrer digne de ses ancêtres, ou n’y avait-il dans leur regard lointain que la froide hésitation de qui s'interroge sur les capacités d'autrui à faire ce qui est nécessaire ? Anaëlle haussa imperceptiblement les épaules sous la robe qui la recouvrait. Leur soutien ne lui importait pas vraiment. Elle serait seule à Marienburg, privée de tous soutiens. A moins que sa grand-mère ait raison sur ce Baron Helmut Janssens… Un jour, il lui faudrait prendre la tête de la famille von Elaeran et si elle voulait être bien vue par ses pairs nobles, si elle voulait qu’on respecte de nouveau son nom, elle devrait imposer son mérite. Son père l’avait dilapidé ; l’honneur familial était dispersé aux quatre vents et sans sa réussite personnelle, jamais elle ne retrouverait son rang.

    Anaëlle von Elaeran appartenait depuis toujours à l'élite, celle qui menait le peuple à une destinée à laquelle il n'aurait jamais pu prétendre sans avoir été par elle accompagné ; et un jour on se souviendra d’Anaëlle, gratifiée par les Grandes Familles de Marienburg et ayant fait prospérer les siens.
    Un éclair dur et sombre passa dans ses yeux.

    La voiture continuait de progresser à vive allure sur la route, entourée de plaines entrecoupées de maigres bosquets et de collines. Le soleil filait dans le ciel et rejoignait bientôt l'ouest, amorçant une descente lente et inébranlable. Il prit une teinte orangée qui colora le paysage et donna aux herbes ondulantes un reflet mordoré. La température chutait lentement et Anaëlle pouvait sentir un frisson lui remonter l'échine. Poussés par le fouet du cocher, les quatre chevaux de trait entrèrent dans la bourgade de Klessen, soufflant et renâclant.

    Une fois arrivé devant les portes d’une auberge, le conducteur de l'attelage tira sur ses rennes pour arrêter la diligence. Les bêtes piaffèrent et s'immobilisèrent finalement au milieu de la ruelle. Le cocher ne semblait pas s'en préoccuper et se releva en grognant avant de s'étirer et de descendre de la voiture pour ouvrir la cabine.
    Anaëlle s’étira paresseusement dans le coche avant de sortir, bien décidée à soulager ses membres endoloris par le périple. Cela faisait une journée entière qu’elle était en voiture sur les routes, et pour peu, elle était prête à dire que la marche lui manquait.
    Le cocher et le garde s'activèrent en posant les pieds au sol ; Anaëlle, elle se tournait vers un jour qui agonisait derrière la crête déchiquetée de l'horizon, dont l'ombre s'étendait lentement sur la plaine. Et cette image, cette image-là d'un soleil qui se mourait sur cette ondoyante plaine, lui rappelait les récits qu’elle avait lut une fois ; ils parlaient d'une contrée exotique et lointaine, une région où l'on pouvait se tenir dans la vallée, cerné par le vent printanier, et contempler en même temps les montagnes enneigées ; une contrée, une région où ces mêmes vallées étaient tant et si bien recouvertes d'un seul et même arbre, à l'infini répété, que l'on parlait même de mers d'oliviers. Et ces mers s'agitaient, égales à l'ondoyante plaine, dans l'ombre grandissante du crépuscule ; voilà, voilà à quoi cette image-là lui faisait penser. Amenant, irrésistiblement, farouchement, un sourire un rien nostalgique sur ses lèvres.


    - "Attendez donc, gente demoiselle ! Je n'oserai laisser cette vulgaire terre tâcher votre belle robe ! Laissez-moi-vous aider."

    En relevant le regard de ses chaussures qu’elle essayait de ne pas salir avec de la boue, la jeune femme croisa le regard d’un jeune homme, légèrement plus âgé qu’elle ne l’était, dont le port altier et fier, tout comme son accoutrement, trahissait une condition tout autre que celle de ces croquants que l’on pouvait trouver dans ce genre d’endroit. Un poète, se dit Anaëlle en posant son regard sur la luth que transportait sa monture.
    Ledit homme se trouvait bel et bien devant elle, amenant avec lui de courtois propos. Cueillant sa main avec légèreté pour l’aider à traverser la mare de boue qui se trouvait aux pieds de la diligence. En voilà un accueil des plus singuliers et des plus inattendus, songea la jeune femme. Le sieur ne devait certainement pas souffrir de timidité pour se présenter ainsi à elle, aussi directement et sans aucun détour.


    « Me voilà toute confuse par une telle rencontre ; jamais en ce lieu n’aurais-je pensé rencontrer un galant homme tel que vous ! Vous honorez de votre compagnie une humble femme et vous la sauvez en l’aidant à travers ce bourbier. »
Je ne m'avance pas plus en entrant dans l'auberge, vu que tu veux sûrement planter le décor toi-même :clindoeil:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 nov. 2014, 15:02, modifié 1 fois.
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Anaëlle von Elaeran, Voie de la Cour
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Le jeune homme sourit à pleine dents, charmeur.

- "C'est vous, radieuse créature, qui m'honorez en daignant m'adresser la parole." dit-il en inclina la tête et d'un geste élégant du bras, il l'invita à entrer dans l'auberge.

La salle principale de l'établissement était commune, chaude et bruyante. La solide charpente se plantait au milieu de longues tables flanquées de bancs, tandis que dans les angles étaient aménagées de petites alcôves plus discrètes et confortables, aux sièges individuels. Contre le mur du fond se dressait une imposante cheminée où grondait un feu nourris qui réchauffait la vaste pièce. Quelques quartiers de viande étaient embrochés sur une longue pique en fonte et grillaient lentement au plus près des flammes. Le sol était jonché de paille fraîche pour retenir les ordures et l'humidité, et un gros molosse à l'épaisse fourrure dormait devant l'âtre.

L'une des longues tables du centre était occupée par une dizaine d'hommes. Ils portaient de longues bures écrues aux couleurs sombres, ainsi que des capuches qui tombaient sur leur visage, et mangeaient en silence. Leur table n'était garnie que de marmites de soupe, de pichets d'eau et de quelques morceaux de pain. Ils ne semblaient pas de la meilleure compagnie. Les autres tables accueillaient des clients plus communs : des travailleurs qui venaient prendre une pinte de bière après une dure journée de travail, des marchands, des paysans sur le point de repartir dans leurs fermes, des voyageurs et autres vagabonds. Quelques serveuses, plateau en main, faisaient des allers-retour entre les tables et une ouverture percée dans le mur à côté de la cheminée et qui donnait probablement sur les cuisines. De l'autre côté de la cheminée, un escalier en bois montait sans doute vers les chambres.

A l'entrée de l'auberge se dressait un comptoir en bois massif derrière lequel se tenait un homme petit et grassouillet, au maillot de corps tâché et au torchon sur l'épaule. Il portait un béret gris sur le côté fiché d'une plume d'oie de grosses moustaches en crosse de pistolet.


- "Bienvenue à la Jument blanche, voyageurs. Qu'est-ce que je peux faire pour vous !"

- "Nous réserver deux chambres, cher aubergiste, et vous assurer que les bagages de Madame soient montés dans sa chambre." dit le mystérieux gentilhomme avec un sourire, dépassant son interlocuteur d'une tête.

L'aubergiste fît une grimace et saisi un verre sale qu'il commença à essuyer avec son torchon.

- "Ca va être compliqué, l'ami. C'est bondé ce soir, et j'ai qu'une chambre à vous proposer."

Le musicien haussa un sourcil et jeta un coup d'oeil à la belle Anaëlle avant de se tourner à nouveau vers l'aubergiste.

- "Et bien donnez la à Mademoiselle, j'irai quant à moi dormir dans l'écurie. Faites montez ses bagages, et servez nous donc le souper et un pichet de vin". termina-t-il en souriant.

- "Un galant homme. On reconnait bien là un bretonnien. Ca fera dix guilders d'argent pour la chambre et deux repas."

Le jeune homme ouvrit une petite bourse à sa ceinture et posa la somme requise sur le comptoir, avant d'inviter Anaëlle à le suivre avec un sourire et à slalomer entre les tables jusqu'à une des alcôves libres près de la cheminée. Là, il tira la chaise d'Anaëlle avant de s'asseoir à son tour et d'écarquiller soudain les yeux et se donnant une tape sur le front.

- "Que je suis sot, j'en ai oublié de me présenter. Je me nomme Alexandre de la Fontenie, barde de profession, et origine de Courronne, en Bretonnie." dit-il en retirant son chapeau à plume en guise de salut avant de le poser sur un coin de la table et de déméler ses boucles brunes en passant la main dans ses cheveux. "Dites moi donc à qui j'ai eut l'honneur d'éviter cette infâme boue, je vous en prie, ainsi que la raison de votre douce présence dans un bourg si grossier." demanda-t-il enfin avec un sourire.

Cependant, Anaëlle pu remarquer en jetant un rapide coup d'oeil aux autres tables que l'un des hommes silencieux fixait Alexandre de sous sa capuche à travers la pièce. Sa bure portait une broche dorée en forme de flamme, comme celle de ses compagnons.
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

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  • Le jeune homme attrapa le bras d’Anaëlle et ce fut ensemble qu’ils entrèrent dans l’auberge. Si l’air de l’extérieur était frais, sans toutefois être froid, celui de l’intérieur, en revanche, était tout juste ce qu’il fallait pour être agréable. La grande salle portait bien son appellation, en plus d’être plutôt haute. Voilà qui donnait un indice sur la prospérité des lieux ; si cela nécessitait d’avantage de bois par les longues nuits d’hiver -ce qui coûtait bien évidemment plus cher-, cela permettait également de rehausser le seuil où la fumée provoquée par la cheminée stagnait dans la pièce et s’imprégnait aux vêtements, le tout alors même que les particules graisseuses en provenance de la viande rôtissant qui se mêlant à l’humidité de l’air ne fissent de même.

    Continuant le tour d’horizon qu’elle avait toujours eu coutume de faire afin d’éviter autant que faire ce peu les imprévus et les complications, Anaëlle nota la présence étrange d’une petite dizaine d’hommes dissimulés sous des bures à capuche. Ces dernières se turent d'ailleurs quand Anaëlle et son chevalier servant firent leur entrée dans la salle commune. Les clients attablés ça et là les observèrent sans un mot dans un examen que les deux jeunes gens devinèrent obligatoire à tout étranger. Enfin, les visages se détournèrent et le brouhaha des conversations reprit. L’un des hommes silencieux ne cessait d’observer Alexandre de sous sa capuche. Anaëlle trouva ce comportement quelque peu suspect et commença à se poser quelques questions sur celui qui lui avait porté secours aux abords de l’auberge.
    La jeune femme haussa les épaules, avant de s’attarder sur les autres clients ; elle aurait tout loisir de questionner son compagnon plus tard.

    La plupart des clients étaient soit des voyageurs ou soit des fermiers. Quelques serveuses en robes délavées passaient de table en table pour amener des plats de victuailles et chopes de bière alors qu'elles emportaient les assiettes vides pour les ramener en cuisine. L’auberge ne payait pas de mine mais offrait tout de même un refuge plus qu’agréable. On pouvait ici s'envelopper dans la chaleur du foyer à la manière d'une couverture, la laisser chasser le froid qui s'attardait insolemment sur soi jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un mauvais souvenir murmurant de dépit.
    D’ailleurs, après avoir passé commande auprès du tenancier, Alexandre entraina la noble dans une des alcôves libres près de la cheminée.


    - "Que je suis sot, j'en ai oublié de me présenter. Je me nomme Alexandre de la Fontenie, barde de profession, et origine de Courronne, en Bretonnie. [...] Dites moi donc à qui j'ai eut l'honneur d'éviter cette infâme boue, je vous en prie, ainsi que la raison de votre douce présence dans un bourg si grossier."

    Anaëlle observait silencieusement l'homme qui venait de se présenter. Il n'avait pas fait preuve d'une grande prudence, donnant son nom complet à une parfaite inconnue. Anaëlle croisa les mains devant sa bouche en le détaillant ouvertement. Il fallait savoir que ce n'était pas là le genre de regard inquisiteur et supérieur, presque hautain, que certains s'accordaient parfois à faire au sujet d'une tierce personne ; non, elle l'examinait simplement, pensive, se donnant le temps de prendre la tonalité qu'il dégageait. On peut apprendre avec le temps beaucoup d'un homme en se contentant de le laisser parler, et d'étudier ses mots et son visage pour lire dans son cœur. Anaëlle n'avait pas encore trouvé celui qui pouvait déroger à cette vérité.
    Elle se demanda finalement ce qu’elle devait lui répondre. Anaëlle n’était pas aussi imprudente que le Bretonnien pour étaler aussi rapidement son identité personnelle.


    « Je suis Anaëlle von Schlegle, baronne d’Erlach, une petite mais néanmoins charmante ville du sud du Wasteland.
    En lui annonçant ceci, la jeune femme s’était penchée vers Alexandre et avait baissé la voix par précaution. Il aurait été inconvenant qu’un ou deux vagabonds veuillent lui soutirer quelques richesses après avoir eu vent de sa condition.
    Je me rends en ce moment-même à Marienburg pour rendre visite à une lointaine cousine. Je pourrais également vous retourner la question ; que fait un Bretonnien à Klessen ? »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 09 nov. 2014, 14:21, modifié 1 fois.
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Anaëlle von Elaeran, Voie de la Cour
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Alexandre sourit en entendant le faux nom de la jeune noble et le répéta à voix basse, comme pour se l'approprier. Il hocha la tête, satisfait.

- "Oh, comme vous, je ne suis que de passage. Voyez vous, je suis artiste de profession, diplômé de l'académie royale des bardes de Couronne." dit-il en bombant le torse. "J'ai eu l'honneur de jouer pour les plus grands. Le Roi Louen Coeur-de-Lion lui même m'applaudi à tout rompre, et il me fut demandé de venir à plusieurs réceptions données par des ducs de Bretonnie et des comtes électeurs de l'Empire. Tout le monde voulait entendre les notes d'Alexandre de Fontenie, l'enchanteur damoiseau." raconta-t-il en expirant par le nez, un sourire désabusé sur le visage. Il resta silencieux quelques secondes, comme perdu dans ses pensées, avant de reprendre.

- "Mais vous le savez sans doute, la Fortune peut se montrer bien amère. Sans que je puisse me l'expliquer, l'inspiration semble m'avoir quitté. Là où avant un simple couple de colombes gazouillantes m'évoquaient un flot de vers raffinés, je ne vois plus maintenant que deux volatiles grotesques en train de fienter sur le rebord des fenêtres. La fleur qui m'évoquait amour et passion ne me souffle plus que désintérêt et même la plus belle des jouvencelles ...", il la regarda droit dans les yeux, "... ne m'inspire qu'un sentiment cynique et malheureux. Moi qui chantait la vie et qui écrivait le bonheur, je suis devenu guère plus qu'un triste corbeau à la poursuite de sa gloire d'antan."

Il marqua une pause alors qu'une serveuse bien en chair aux jupons dévalés apporta sur un plateau deux assiettes, une miche de main, une carafe de vins et deux gobelets en étain. Alexandre la remercie en inclinant la tête et servi le vin à Anaëlle et à lui même en reprenant.

- "J'ai appris à mes dépends que l'éclat du renom est aussi éphémère qu'une brise. Aujourd'hui, plus personne ne se rappelle d'Alexandre de Fontenie. Mes vers n'émerveillent plus, ma mandoline semble muette. Alors j'essaie de vivre, allant sur les routes et m'arrêtant dans chaque bourg, gagnant quelques pièces pour pouvoir dormir au chaud et recommencer le lendemain. C'est une vie bien triste qui ne me sied guère, je n'ai pas l'âme d'un vagabond." dit-il en haussant les épaules avant de boire une gorgée de vin. "Mais voyez vous, les grâces de la Dame sont impénétrables. En effet, alors que je m'étais borné à terminer ma vie de ménestrel déchu on ne sait où, un messager vint me trouver alors que je séjournais dans le duché de l'Anguille. Il m'apprit qu'un riche mécène, fort des rumeurs qu'il connaissait sur mon nom et sur ma carrière passée, souhaitait m'inviter à jouer de mon art lors de ses réceptions au salon du Solitaire Bleu ... à Marienburg. Voilà donc les raisons de ma venue dans les Wasteland. J'ai espoir qu'enfin, les muses se tourneront à nouveau vers moi et que je pourrais trouver le bonheur de composer et de chanter à nouveau mes vers." termina-t-il avec un sourire. "Mais je parle, je parle ... après une journée de voyage, je doute que vous vouliez entendre l'ennuyante histoire d'un troubadour tourmenté. Mangeons !"

Il sourit à nouveau, visiblement mélancolique, et termina son gobelet de vin avant de tirer à lui l'une des assiettes. Le repas était composé d'une belle tranche de rôti accompagné de pommes de terres et de petits choux, arrosés d'une sauce brune et salée. Alors que le bretonnien commençait à manger, Anaëlle jeta un coup d'oeil vers la tablée du centre, et s'aperçu que l'homme encapuchonné qui les observait se penchait vers ses compagnons pour leur chuchoter quelque chose, et qu'ils étaient maintenant trois ou quatre à les observer de sous leurs capuches sombres.

Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Anaëlle
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par Anaëlle »

  • Alexandre de Fontenie venait de faire l’étalage de ses dernières mésaventures. Anaëlle croisa ses mains sous son menton en observant le bretonnien lui conter la raison de sa présence ici ; dans le Wasteland. Il avait été invité par un riche mécène de Marienburg à venir jouer lors de ses réceptions au salon du Solitaire Bleu. Anaëlle joignit ses mains et y posa son menton, attendant avec sérénité qu’Alexandre termine son récit. Un gargouillis trop sonore au goût de la jeune noble s’éleva de son estomac, lui arrachant une grimace. Elle jeta un regard penaud au poète, confuse.
    Un léger raclement vint détourner l’attention d’Anaëlle, qui tourna la tête en direction du bruit. Sur la table se tenaient deux assiettes qu’une serveuse venait de faire glisser ; repas qui n’était pas autre que celui qu’Alexandre avait commandé en même temps que la chambre. Anaëlle salua d’un signe de la tête et d’un petit sourire la nouvelle-venue, avant de s’emparer de son assiette garnie d’une belle tranche de rôti et de quelques pommes de terre ainsi que des petits choux.


    « Vous avez traversé la Bretonnie dans toute sa largeur pour répondre à l’invitation d’un mécène… murmura Anaëlle, sans que sa voix ne fût toutefois assez basse pour qu’il n’entende pas sa réflexion.

    Le feu ronflait placidement dans l’âtre, diffusant une douce chaleur propice à l’engourdissement, et la damoiselle, sereine, aima à penser que la vie pouvait être belle et faite de simples choses en de pareil moment.
    Elle cilla cependant, retrouvant ses esprits qui lui avaient honteusement échappé, lorsque, soudainement, retentirent plusieurs raclements. Mais loin d’annoncer un profond bouleversement de l’ordre des choses, lesdits bruits n’étaient que les prémices d’un lourd sommeil qui guettait trois voyageurs, et qui, s’étant à l’instant même levés de leur chaise, gagnaient déjà l’escalier, partant en quête de leur matelas.

    Alors, une quiétude plus profonde s’installa, imperceptiblement, trompant les sens sans que l’on s’en rendît compte, cette placidité qui vous prenait lors des longues soirées d’hiver passées au chaud, tandis qu’au-dehors le blizzard régnait en maître incontesté.
    Une certaine langueur se fit sentir dans les gestes et pensées des occupants de la grande salle, lesquels dînaient paisiblement. Les mouvements se faisaient plus lents, répétitifs, les yeux devenaient vitreux, l’étincelle de vie qui les alimentait s’étant faite emportée par un esprit occupé à ne rien faire, si ce n’était de jouir, de par leur inactivité, d’un repos bien mérité après une journée de voyage ou de labeur.

    Anaëlle faillit s’étouffer avec une gorgée de vin lorsqu’elle remarqua que, dorénavant, trois ou quatre hommes en bures les observaient. La jeune femme nota que tous les hommes de la table portaient une broche dorée en forme de flamme.


    « Pourquoi donc ces hommes ne cessent-ils pas de vous observer ? Sont-ils des connaissances ? » demanda la jeune femme discrètement.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 nov. 2014, 12:47, modifié 1 fois.
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Anaëlle von Elaeran, Voie de la Cour
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Alexandre tourna la tête vers la table centrale, la bouche pleine. Il haussa un sourcil en rendant leur regard aux hommes en bure, ne semblant avoir remarqué qu'ils les fixaient depuis un moment. Il les observa quelques secondes avant d'avaler ce qu'il mâchait et de tourner la tête vers la belle.

- "Des connaissances, sûrement pas. Peut-être me reconnaissent-ils pour m'avoir vu jouer quelque part. Cependant j'en doute. Vou vous voyez ce badge, sur leurs poitrines ?" Il baissa la voix. "Ce sont des adeptes de l'Ordre de la Flamme Purificatrice, et je peux vous assurer que ce ne sont pas de gais lurons." dit-il en rigolant avant de leur jeter un coup d'oeil et de leur faire un signe amical de la main, légèrement provocateur.

Les adeptes qui l'observaient lui rendirent un regard noir et se remirent à manger en silence, puis ils se levèrent tous en coeur et quittèrent l'auberge sans un mot.

Alexandre de Fontenie était aussi bavard qu'une pie. Pendant tout le repas, il raconta ses aventures, fit des plaisanteries et rigola en se servant du vin dans leurs verres dès que ceux-ci étaient vides. C'était un personnage agréable, plein d'humour et d'esprit, bien qu'Anaëlle sente pointer en lui quelques notes de mélancolie. Qu'importe, une telle présence ne pouvait que faire du bien à la jeune femme et à lui faire oublier l'espace d'un instant qu'elle avait vu son propre père se faire pendre et brûler en place publique la veille.

Ils terminèrent leur repas fort tard, et la quasi-totalité des clients de l'auberge avaient quitté la pièce. Seul restait l'aubergiste au comptoir en train d'essuyer des carafes en étain, et un homme qu'Anaëlle devina marchand, attablé seul dans une alcôve non loin de la leur, en train de rêvasser et de boire du vin.
Tu peux finir ton post avec Anaëlle qui monte dans sa chambre et qui va dormir, si tu en as envie.
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Re: [Anaëlle] Le murmure du pouvoir

Message par Anaëlle »

  • Anaëlle écoutait attentivement Alexandre de Fontenie raconter ses aventures. Depuis que les hommes en bures étaient partis, la jeune femme ne savait même plus si elle avait eut la possibilité de décrocher un mot. Mais cela ne la dérangeait pas vraiment, le bretonnien était un compagnon de soirée fort agréable et plein d’humour. De temps en temps, Anaëlle piochait d’un doigt distingué par-ci par-là dans son plat deux trois aliments, qu’elle mettait délicatement dans sa bouche.

    Lorsque les dernières miettes du repas eurent disparu, la noble attendit quelque instant, puis, jugeant les alentours d’un regard qui n’attendait rien de ce calme plat, décida que sa présence n’était plus requise en ces lieux. Elle souhaita une bonne nuit à Alexandre et se leva de table. Rapportant au passage son écuelle ainsi que les couverts qui allaient de pair au tenancier de l’établissement, Anaëlle von Elaeran s’engouffra dans l’escalier, clef à la main, avant d’ouvrir la porte de sa chambre.

    La pièce, simple, sobre, était également propre et agréable. Un lit, tout de drap vêtu et plutôt grand, trônait contre un mur, alors que l’entouraient deux petites tables de nuit, rustique, mais pour le moins solide, servant à y déposer quelques effets personnels. Un autre de ces meubles, semblable à un petit bureau, reposait sous une petite fenêtre aux rideaux tirés. Enfin, une petite commode, ainsi qu’une chaise rangée sous le bureau, tenaient lieux de mobilier. Sa malle, où se trouvait sa rapière et ses habits, se trouvait juste à côté du bureau.

    La damoiselle se porta à hauteur du lit, et, s’asseyant, apprécia la qualité du matelas, qu’elle jugea des plus correctes. Se redressant alors, elle se défit de sa cape, et fit subir au restant de sa vêture et à ses dessous le même sort. Décidée à se coucher et à s’ensevelir sous le tissu des draps qui lui paraissait si soyeux...
    Anaëlle s’enfonça dans son lit, et soupira d’aise sous la caresse des draps qui effleurèrent sa peau dévêtue tout en appréciant, après une journée à voyager en diligence, le moelleux incomparable d’un matelas.

    Elle ne put s’empêcher de ressasser les derniers événements qui lui étaient arrivés ; la pendaison de son père, son départ d’Halsdorph, le long voyage en voiture, la rencontre avec Alexandre de Fontenie, avant d’arriver en ces lieux.
    Revenir sur ces moments n’était pas ce qu’il y avait de primordial, mais au moins cela lui permettait-il de mettre au clair ce qui s’était passé depuis la mort de son père, de classifier ces événements, de catalyser ses pensées avant d’y tirer un trait, accédant à une paix méritée bien que probablement éphémère.
    Le moelleux du matelas l’endigua dans une douce torpeur la faisant tomber dans un état qui la faisait rêvasser et elle finit par s’endormir, apaisée.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 10 nov. 2014, 18:47, modifié 1 fois.
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Anaëlle von Elaeran, Voie de la Cour
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