[Éloi] Reproduction

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Éloi] Reproduction

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Vingtiennes, un bourg du duché de Parravon,
14 du Mois de l’Hiver 1552,

Un an après le premier cas de la Grippe Agrypniaque de Nuln.



Mille âmes se pressaient dans des murs juchés au-dessus de l’immense fleuve de la Grismerie. La Bretonnie est un pays rural, Vingtiennes est déjà une ville. Une ancienne colonie de peuplement Belthani, sa population fut déjà déplacée de force par les envahisseurs Bretonni, ensuite par les Orques descendus des montagnes, puis par les conquérants Impériaux qui fondèrent la cité de Konigsfluss dessus — et c’est bien des siècles après que les Bretonniens priant la Dame du Lac la reprirent. Des cadavres, c’est ça que Vingtiennes avait en abondance, en plus du commerce qui allait-et-venait du plus grand fleuve du pays : des hommes de tant de nations différentes, réduits à l’état de squelettes, jetés dans des ossuaires creusés sous les maisons. À chaque crue, sortent de Vingtiennes des crânes secs et des morceaux de fémurs brisés…



La nuit est une vraie nuit, à Vingtiennes. Surtout une nuit sans lune comme en ce jour, surtout une nuit d’Ulric, même si l’éponymie de ce mois de l’année est un peu fausse : l’hiver commencera officiellement dans une poignée de jours seulement, on profite pour l’heure des derniers souffles de l’automne. Mais il fait noir. Un noir de mort — il n’y a pas de lampadaires à Vingtiennes, très peu de fenêtres aux maisons, ça n’a rien à voir avec la Brionne occidentale qui scintille éternellement. Quelques torches tenues par des voyageurs nocturnes — c’est tout ce qu’on aura pour se repérer dans le noir. Les chats règnent, ils glissent furtivement dans les jardins, pour aller fouiller les poubelles.
Les chats… Et les consommateurs de feyeyès. Dans l’ombre, des hommes armés se passent un bol contenant un philtre immonde, dont aucun ne veut connaître la recette ; à tour de rôle, ils prennent quelques gorgées, en grimaçant et en grognant, tant le goût est infect, et ce peu importe la quantité d’épices jetées pour servir d’excipient — puis il y a la douleur au cerveau, dans les tempes, et enfin, au niveau oculaire ; l’horizon apparaît gris. Et ils distinguent, à plusieurs centaines de pas, les contours des ateliers, des chaumières, de la grande auberge-relais seigneuriale. Alors, ils peuvent vérifier leurs carquois et leurs poignards, et se mettre en route.



Vingtiennes est une ville hors du monde, mais le monde vient à elle. C’est une cité de carrefour, avantageuse car elle est située pile à un endroit où le fleuve se rétrécit en même temps qu’il s’aplanit, rendant aisée la construction de ponts et de quais. La Grismerie est une immense artère, de l’océan jusqu’aux montagnes grises — c’est pour ça que tant de peuples ont fondé des villes dessus. Les Belthani trouvaient le lieu parfait pour abriter des pêcheurs, car ils étaient un peuple innocent. Les Bretonni s’en sont emparés car depuis cet endroit, ils pouvaient lancer des raids meurtriers partout où ils voulaient dans ce côté du Vieux Monde, pour ramasser du butin et de femmes — les Orques les ont remplacés pour la même raison. L’Empereur Sigismond croyait que tant que cet avant-poste tiendrait, toute la province qu’il avait fondée tiendrait également — il avait raison.
Aujourd’hui, Vingtiennes était un bourg tranquille, apaisée, quelconque. Des gens simples vivaient simplement. Bûcherons et pêcheurs, et réparateurs de bateaux. Il y avait un cimetière, une auberge, des bains publics. De quoi vivre, et vivre mieux qu’en tant que serfs à la campagne. Et tout le monde passait par ici, par l’eau et par la terre : du nord, des Impériaux qui filaient depuis le Défilé de la Hache ; de l’ouest, Gisoreux et ses immenses foires connues dans le monde entier ; de l’est, des Nains cherchant à vendre le produit de leurs forges et de leurs ateliers ; parfois, quelques Fées même osaient s’aventurer dans ce trou, après avoir suivi le courant depuis Athel Loren.
Et pourtant, Vingtiennes n’était pas riche. La faute aux taxes, aux péages, aux coutumes seigneuriales. La faute au manque d’investissement, à un bailli peu intéressé par la rénovation des vieux ouvrages. À des paysans à qui le calme allait très bien, et qui n’avaient pas envie d’être redevables de la corvée, ou d’être forcés de déménager quand on voudra leurs terres pour faire des maisons et des entrepôts. Les gens passaient à Vingtiennes, mais ils ne demeuraient pas. Vivre ici, c’était acheter de la sérénité, en acceptant que rien ne changerait jamais.



Est-ce que c’était le désespoir qui nourrissait certains mauvais êtres, dans cette ville quelconque ? En voilà un poison étrange que le désespoir. Il gangrène. Et il contente en même temps. Il n’atterre pas ; il rend acceptable sa situation, afin que l’on ne s’améliore jamais. Une idole l’aimait, ce désespoir, elle s’en nourrissait, ou alors elle le provoquait — cette histoire n’était pas claire. Mais certains habitants de cette ville quelconque au destin quelconque s’étaient mis à vénérer l’idole, et le long de la Grismerie, tout le long de l’artère, ils transmettaient ce désespoir, aussi infectieux que la peste.
Une peste qui empêche de dormir.



Deux jeunes hommes marchaient côte-à-côte dans la grande rue de Vingtiennes — la seule avenue du bourg, en fait, celle qui menait d’un côté à l’autre de l’immense pont jeté sur le fleuve, au-dessus duquel des maisons avaient été construites. Ils grelottaient de froid, même s’ils portaient d’immenses manteaux qui descendaient jusqu’en bas de leurs genoux. L’un d’eux était plus nerveux que l’autre — c’était le plus grand, le plus costaud aussi. Il n’arrêtait pas de trifouiller sa manche, et de regarder dans tous les sens comme une sorte de chouette. Peut-être pour se donner du courage, il ne put s’empêcher de déclarer d’une voix qui tremblotait, quand bien même il s’était efforcé de la rendre féroce :

« J’ai un couteau dans ma botte droite, si t’en as besoin. »

Une chose étrange à dire — l’homme à qui il s’adresse n’aime pas les armes blanches, surtout pour ce à quoi il la destinait.
Mais ensemble ils marchaient, comme deux camarades. Leurs destins étaient liés, deux fils joints dans la même trame. Ils s’arrêtèrent près d’un grand bâtiment en pierre, construit il y a bien longtemps, et collé près de la Grismerie — un bâtiment auquel on ne s’attendrait peut-être pas, dans une petite ville comme Vingtiennes : un théâtre. Ce n’était pas un immense opéra, pas une scène immense digne des princes. Mais c’était un théâtre quand même, preuve d’une ère où Vingtiennes était plus grande, et portait plus de rêves aussi.
C’était un théâtre Impérial, en déliquescence. Les travaux pour l’entretenir coûtaient cher, et étaient moins justifiés que rénover le pont, le Temple de Shallya, ou le moulin à eau. On y donnait peu de représentations, et il était souvent squatté par de simples saltimbanques de passages, qui montaient leurs propres planches et fournissaient eux-mêmes les coûteuses bougies pour illuminer la scène — autrement, c’était à l’abandon, et on voyait du lierre sauvage pousser dans les fêlures de la façade.

Les deux hommes sortirent de leurs manteaux des cagoules en toile, avec lesquelles recouvrir leurs têtes. Et d’un pas assuré, les épaules en arrière, ils allèrent tout droit vers ce théâtre.

Un petit trio se tenait devant l’entrée. On aurait dit des gens normaux, ils n’avaient pas du tout des carrures de videurs, bien au contraire : un petit homme, un petit homme gros, et un petit homme vieux. C’est le gros qui leva la main, et qui avec un petit sourire, déclama juste :

« Hélà. Comment allez-vous ? »

Des nouveaux arrivants, c’est celui avec le couteau dans la botte qui fit un pas en avant, et qui répondit avec une phrase étrange, tant par son contexte, que par la voix claire avec laquelle il l’énonça :

« Bonsoir.
Je viens pour me renseigner au sujet de la kermesse de Festag. »


Alors le gros sourit, et s’écarta en désignant la porte.

« Maiiis, entre donc mon frère, tu es au bon endroit. »

Alors le duo poussa la porte, et pénétra dans une pièce aussi froide que noire.


Autrefois, ici, il devait y avoir une queue, des gens qui attendaient. Plusieurs passages menaient à un étage, ou à une fosse plus basse. On imaginait bien les gens discuter, s’asseoir sur des bancs à plusieurs, les enfants qui chahutaient… Aujourd’hui, tout n’était que gravats. Quelques personnes mal vêtues, en haillons, étaient couchés dans un coin. Il y avait des ordures, et des cafards. Et, incroyable, une œuvre d’art au milieu de tout ça :
Une statue, de Mórr. Le Dieu des défunts était aussi le Dieu des rêves, et donc, des artistes. Ce lugubre seigneur était le patron des comédiens, des chanteurs et des écrivains — il avait tout-à-fait sa place ici, et pas qu’à cause des cadavres des ossuaires. Mais quelque chose était arrivé à la statue : elle avait été grimée, le visage limé, non seulement par les affres du temps, mais également à dessein — on avait dessiné à la peinture une rune inquiétante sur la robe de bure en grès du faucheur ; une rune représentant trois cercles concentriques, collés l’un à l’autre.


Le duo entra dans la fosse. Il y avait beaucoup de vieilles chaises, gondolées par l’humidité, aux séants troués et décousus. On sentait une horrible odeur viciée. Des champignons noirs poussaient au plafond. Plusieurs personnes étaient assises, dans tous les sens, certains directement par terre. Ça chuchotait, pas fort, parce qu’il y avait somme toute très peu de monde dans cette grande pièce, et l’acoustique réverbérait le moindre mot, ce qui n’était pas idéal pour l’intimité. En levant les yeux, on pouvait voir au-dessus de la tête des passerelles, liées à des échafaudages. On devinait comment autrefois, on devait les utiliser pour suspendre des décors. Ça ne pouvait se faire aujourd’hui qu’aux risques et périls du réalisateur, car l’ouvrage semblait branlant.
Quelques hommes marchaient sur ces passerelles. Des hommes armés de grands bâtons.

Le duo se sentait surveillé. Des yeux derrière des cagoules les étudiaient longuement. Les conversations s’achevaient à leur approche. Mais les deux jeunes gens firent comme si de rien n’était : ils étaient bien à leur place ici. Et ils allèrent trouver une rangée de sièges sur lesquels s’installer.



Le temps passa. Il y eut à nouveau des chuchotements. Un petit groupe de jeunes gens jouaient aux dés, en s’échangeant des pièces de cuivre à chaque manche. Un homme assis en tailleur sur la scène méditait. Une jeune femme semblait chuchoter toute seule, en ayant une conversation avec un fantôme — elle avait l’air folle. Avachi dans un coin, un grand gaillard, à l’allure d’épouvantail, n’arrêtait pas d’épier les deux nouveaux arrivants. Et il y avait un rire — quelqu’un n’arrêtait pas de rire tel un demeuré.
Un petit monde. Deux dizaines de spectateurs. La plupart humains. Et mutants, surtout. Des cornes, des pattes d’animaux, des muscles atrophiés ou des yeux laiteux étaient repérables parmi l’assistance.

Du duo, l’homme au couteau dans la botte chuchota à son compagnon :

« N’aie pas l’air d’avoir peur. Tout va bien se passer. »

Alors qu’en réalité, il avait plus peur encore que son camarade. C’est que son camarade en avait vu d’autres — son jeune âge était trompeur. Il avait déjà regardé la corruption droite dans l’œil. Son mentor lui avait raconté qu’il fallait faire très attention, que l’abysse observait toujours en retour, et que l’important, c’était de ne jamais cligner des yeux.
Mais il est vrai qu’ils étaient au milieu de la tanière du loup. Le moindre faux-pas, le moindre geste, et ces fidèles d’une idole ignoble pourraient se jeter sur eux. Et seul l’un était armé, et véritablement prêt à se défendre avec violence…



Dix minutes plus tard, les planches de la scène craquèrent. Et une silhouette se présenta devant les spectateurs indisciplinés.
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Un homme, vêtue d’une tenue parodiant celle d’un prêtre. Un corps émacié, une cape déchirée, des chaînes à la taille et au cou, qui maintenaient en place un petit livret à sa taille. La cible. Le Suppôt, qu’il s’appelait. Un magus et sorcier, à l’âme vendue au terrible Dieu Nurgle. C’est lui qui était responsable de ces ouailles, et ça se sentit immédiatement quand, sans avoir à hausser le ton, l’attitude de tous les spectateurs changea du tout-au-tout.

Les fous se levèrent, les avachis se redressèrent, et les joueurs de dés arrêtèrent leur partie. Et alors, il y eut une secte au garde-à-vous, attentive, tandis que leur chef s’approchait avec son bâton.
Il parla, d’une petite voix faible et grésillante, celle d’un homme ayant eut une ablation d’une partie de la gorge. Vu comment il couvrait sa bouche, on n’osait imaginer de quelles séquelles il était affligé.

« Mes biens chers frères — anciens et nouveaux arrivants. Je vous remercie de vous êtes tous déplacés ici, ce soir.
Comme promis, je suis venu vous offrir la personne que vous rêviez tous de rencontrer : Celui qui a préparé ce grand bouillon que nous avons si généreusement répandu entre nous et offert à autrui. Cette personne vient spécialement de l’Empire, rien que pour nous ! Je veux que vous accueilliez tous chaleureusement, le Grand Coësre de Nuln ! »


Dans les gradins, l’homme au couteau dans la botte, Lanfranc de Locminé, se raidit. Lui et Éloi étaient entrés dans ce théâtre en pensant ferrer en flagrant délit une petite secte de sous-fifres — et voilà qu’on leur offrait le grand responsable ? Le champion de Furug’ath ? La rumeur qui était soufflée de Helmgart jusqu’à Nuln ? C’était ahurissant. Imprévu. Et surtout, dangereux.
Parce que Lanfranc de Locminé était un preux chevalier, et qu’il pouvait momentanément oublier pourquoi lui et le prêtre étaient ici…


Dix jours qu’ils étaient arrivés à Vingtiennes. Sans s’annoncer, sans venir devant le bailli, sans agiter leurs insignes et décliner leurs identités à tout le monde — ils suivaient une piste trop chaude pour tout faire capoter en arrivant bruyamment. Cela faisait des mois que la Bretonnie était infectée par une maladie en provenance de l’Empire ; Montfort et Parravon avaient souffert les premiers, et la peste avait sauté plus loin encore. Certaines personnes étaient responsables de l’ampleur de la maladie, qu’on disait être transmise par le bétail : ils faisaient passer des bêtes malades dans des élevages, infiltraient des abattoirs, des fumoirs et des foires aux bestiaux… La plupart de ces groupuscules n’étaient que des bandes de mutants et de sorciers renégats mal formés, qui avaient entendu les murmures d’un magus plus grand qu’eux durant leur sommeil : ils étaient rendus fous par la magie, et par Furug’ath, le Grand Immonde qui pilotait l’intoxication du Vieux Monde loin dans l’ombre.
Pendant des mois, la Plague Taks Force avait aidé des baillis et des gouverneurs à passer sur le bûcher quelques pauvres hères, dont la culpabilité exacte était compliquée à définir. Toujours, ils n’attrapaient que les mutants désespérés d’avoir un protecteur, et les paysans libres qui ne se rendaient pas compte du chaos qu’ils avaient semé en voulant simplement sauver leur existence par l’ignorance d’un contrôle sanitaire, qui aurait entraîné la mise à mort de toutes leurs bêtes.
Mais les vrais responsables de l’épidémie ? Jamais ils ne les attrapaient. Ils fuyaient avant. Ou bien ils se donnaient la mort. On trouvait des correspondances, des codes secrets, des liens entre des cellules et des chambres qui n’avaient rien à voir entre elles — mais le temps de décoder et de tout remettre en ordre, c’était trop tard, et les coupables avaient fui aux quatre coins de la Bretonnie, pour tout recommencer ailleurs. Ils avaient l’impression de vider l’océan à la petite cuillère.

Et puis, il y avait eut un enlèvement. Une prêtresse de Shallya, disparue alors qu’elle allait de village en village pour donner des sermons, soigner les malades, et surtout, transmettre les instructions sanitaires du culte pour empêcher que la grippe insomniaque n’assaille trop durement le pays : qu’il fallait mettre les malades à l’écart deux semaines, éviter les fêtes et les rassemblements, mettre à l’écart les animaux qu’on tuerait avant de les manger… Les hommes et femmes de la Task Force enquêtèrent, et rapidement, conclurent à un kidnapping criminel. Ils parvinrent à trouver où elle avait été détenue, et comprirent qu’elle était réservée à un sacrifice. Alors, tout avait été une enquête aussi rapide que discrète, qui se terminerait ce soir.


Dans ce théâtre, le Suppôt avait prévu quelque chose. Les serviteurs de la Ruine sont récompensés par celle-ci lorsqu’ils l’honorent : Éloi avait vite appris que les Dieux Malins n’aiment que ceux qui prennent des risques. Réunir tous ses agents dans une si petite ville dans un lieu public paraissait une décision absolument stupide — des mutants et des bourgeois au même endroit, par une nuit noire, avec une prêtresse recherchée, c’était un appel à subir une descente de la Loi. Mais s’ils parvenaient à faire ce dont ils rêvaient, sacrifier une servante de la Colombe, alors, Furug’ath s’intéresseraient à eux, et pourrait amener des faveurs dans leur sens.
Il fallait les arrêter. Les appréhender, tous, d’un coup, et en même temps, sauver la-dite prêtresse. Neutraliser une secte toute entière, ici et maintenant, avant qu’ils ne fuient encore une fois aux quatre vents pour recommencer ailleurs. C’est ce qui avait marché à Brionne, dans une improvisation complète. C’est ce qui marcherait encore maintenant.

La Task Force était parvenue à identifier deux sbires de la secte : les sous-fifres qui avaient capturé physiquement la prêtresse. Deux frères à la recherche d’un remède pour leur pauvre maman, atteinte d’une maladie grave. Les deux étaient actuellement ligotés et bâillonnés dans une chambre d’auberge, en attendant d’être livrés au bailli local demain matin.
Lanfranc et Éloi se portèrent volontaires pour entrer dans le théâtre, car leur physique correspondait bien à ces crapules, et parce qu’ils étaient jeunes et fous, aussi. Leur objectif était simple : Faire une reconnaissance, et être prêts à intervenir en urgence si l’intervention se passait mal. C’était toujours pratique d’avoir des gens à l’intérieur, pour limiter les dégâts. Au cas où, un couteau se retrouvait sous la gorge de la prêtresse de Shallya qu’ils étaient censés sauver.



Sauf que maintenant, le Grand Coësre allait faire sa grande entrée tonitruante. L’homme qui était traqué par les collèges de magie de l’Empire, le culte de Sigmar, et la moitié des forces de l’ordre du Wissenland. Et Éloi ne pouvait s’empêcher d’avoir le mauvais pressentiment que Lanfranc était à deux doigts de se lancer sur la scène en dégainant l’épée courte qu’il gardait cachée sous son manteau.


En tout cas, l’effet d’annonce du sorcier local recueillit des murmures et des soupirs. Le Suppôt s’écarta dans une révérence, et voilà que quelqu’un d’autre entra derrière lui, depuis les coulisses. Une grande figure, fine, vive, et couronnée, comme le devait être une personne de son rang.
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C’était une femme. Maquillée, avec un collier d’ossements qui la faisait passer pour une mystique, et un grand bâton de fer à son côté. Une mage, comme le Suppôt — elle attirait les vents à elle. Elle vint tout au bout de la scène, et leva grand les bras.

« Bonsoir, bonsoir ! Mesdames et messieurs, c’est un vrai plaisir de tous vous rencontrer ! »

Son accent était clairement Impérial — ce ne pouvait pas être un mensonge ! Le Grand Coësre, là, maintenant, devant eux. À moins que ça ne soit beaucoup trop évident… La sensation était bizarre pour Éloi.
Ça semblait… Trop facile ? Comment le Grand Coësre aurait fait tout le chemin, depuis Nuln jusqu’ici ?
Non, ça ne pouvait pas être elle, la grande responsable de toutes ces horreurs. Mais comment le faire discrètement comprendre au chevalier à ses côtés ? Son objectif n’avait pas changé : trouver la prêtresse, protéger l’innocente, couvrir ses camarades. Pas charger tout droit.

« Le chemin a été long depuis Helmgart, mais j’en suis heureuse — on m’a beaucoup parlé de vous, de comment vous avez porté mes cadeaux bien loin, infecté du bétail jusqu’à Bastogne ! Le bouillon grandit avec chacun de vos cadeaux, et même le plus humble d’entre vous peut être très fier — une grippe ne cesse de muter et de grandir en force, et avec un peu de volonté, peut-être est-ce grâce à vous que l’on toussera jusqu’en Estalie !
Et non seulement vous avez agi avec tact et élégance, mais vous avez aussi honoré Papy, en dessinant ses symboles, en prononçant son nom, en organisant des messes… Et ce soir, ce soir, vous lui ferez un sacrifice plus grand encore que tous les précédents. Ce soir, nous allons faire souffrir une servante de la Pleureuse, cette pudibonde qui se met en travers du chemin de Papy ! Nous allons donner des raisons à sa Déesse de pleurer ! »

Les yeux d’Éloi errèrent vers le plafond.

Des ombres glissèrent dans l’obscurité, et seul le Feyeyès lui permettait de voir ce qui était en train de se dérouler au-dessus de la scène faiblement éclairée.

Des guerriers se glissèrent dans le dos des sentinelles à bâtons, avec vitesse et discrétion. Ils les attrapèrent, dans des clés de bras qui les étranglaient. On les jetait au sol, avant de les écraser et de boucher leurs bouches pour qu’ils ne crient pas.
En deux minutes, les gendarmes avaient bouclé tous les surveillants, et voilà qu’ils commençaient à accrocher des cordages aux échafaudages.

Aénor de Montfay retira sa capuche, et leva sa main pour faire un signe à Éloi : ils étaient prêts. Neville, Hannes, Beuves et elle préparèrent des arcs et des flèches, en commençant à viser au hasard certains des gens dans l’assistance.
Et là, la grande femme blonde fit un signe du doigt au prêtre : il attendait de lui qu’il désigne lesquels des criminels dans l’assistance il souhaitait voir fléchés les premiers. Les plus violents. Ceux qui, au milieu de cette masse, paraissaient être les plus susceptibles d’opposer une âpre résistance.

Il y avait les trois jeunes mutants qui jouaient aux dés tout à l’heure, qui étaient apparemment les plus en forme. Et cet homme patibulaire qui n’arrêtait pas de l’épier avec suspicion. Le Suppôt était une bonne cible, également ; il avait aussi un garde du corps armé d’un pistolet non loin. Enfin, il y avait également le Grand Coësre elle-même, qui était une menace évidente.
Tous les autres, c’était plus mitigé. Des fous, des malades et des pauvres. Ils pouvaient tout aussi bien s’enfuir en courant au premier problème, tout comme ils pouvaient être étonnamment dangereux si ça commençait à se bagarrer : le fanatisme pouvait transformer n’importe qui en bête.


« Je vais vous montrer ce soir, les merveilles dont est capable Nurgle ; je vais avoir besoin de vos chants, et de votre ferveur, alors que je vais ensemencer la Shalléenne, et faire naître, sous vos yeux, une des créatures bénie de Papy ! »

Le Suppôt et son garde-du-corps armé passèrent derrière un rideau. Une poignée de secondes plus tard, ils avaient avec eux la pauvre femme cherchée si désespérément à travers le duché :
Elle ne parvenait pas à se tenir sur ses propres pieds, et devait être soulevée par les deux hommes. Sa robe jaune était déchirée de partout, sa tête dodelinait, elle avait subi d’horribles sévices. Et on l’amenait jusqu’à un grand poteau qui se tenait au milieu de la scène, là où on irait l’attacher pour la torturer.

Ça en était trop pour Lanfranc, qui fulminait sur place.

« Dégénérés… »

Il fit un pas de côté, cherchant à atteindre une des travées du théâtre, probablement pour aller sauver la pauvre femme aussi vite que possible.

Jet de perception : 18, échec
Jet de perception n°2 : 15, échec
Jet d’intuition : 5, réussite
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

La grand-rue de Vingtiennes est déserte en cette nuit d’hiver, comme nous arpentons vivement ses pavés sous un ciel sans lune, poursuivis par le froid. L’air nocturne est glacial, mordant, un peu humide aussi, laissant sentir la proximité du fleuve de la Grismerie, sous la ville, charriant en ses eaux quelque part de ce désespoir qui sévit par ici.

Mon pied butte contre un pavé, et je soupire, incommodé. On n’y voit goutte, dans ce noir de mort ! Tapis contre le mur aveugle d’une bâtisse anonyme, nous faisons halte, et l’on nous fait passer quelque chose à tâtons, de la main à la main. Resserrant mes doigts engourdis sur le petit bol de bois, je porte le contenant à mes lèvres, tâchant de penser à autre chose qu’aux effluves peu ragoûtantes de la décoction. Je compte à contrecœur trois gorgées, déglutissant péniblement avant de tendre le breuvage à mon voisin. J’étouffe un grognement : ça a vraiment un goût immonde. Une douleur pulsatile bat rapidement mes tempes, comme une fulgurante migraine, assortie d’élancements aigus derrière les yeux. Respirant profondément, je patiente quelques secondes, le temps que passe le malaise. Les effets du feyeyès commencent à se manifester : les pavés se précisent sous nos pieds, les masses sombres autour de nous se muent en bâtiments, et quelques silhouettes félines se profilent le long de la rue. Et puis nous repartons tous deux d’un bon pas, nous éloignant rapidement du reste de la troupe.

Mon binôme se nomme Lanfranc. Un chevalier errant, originaire de Quenelles je crois. Je ne sais quasiment rien de lui, mais nous faisons partie de la même unité. Je le sens nerveux, fébrile, et pour cause, car nous nous apprêtons à nous enfoncer dans la gueule du loup. Notre objectif, ce soir, est de sauver une de mes sœurs en foi de ravisseurs à la solde du Pestilent, et de faire échec aux agissements de ces-derniers. Et notre part, à tous les deux, est de nous infiltrer dans l’assistance d’une messe impie, pour servir d’avant-garde à nos compagnons de la Task Force, et nous trouver prêts à parer à toute éventualité.

Je frissonne, non de peur mais bien de froid, grelottant dans la nuit hivernale. Si je ressens bien une certaine appréhension pour cette mission, de l’eau a coulé sous les ponts depuis les évènements de la foire de Brionne. Je suis mieux préparé, et entraîné. Je n’ai pas peur de notre ennemi, mais crains plutôt que nous arrivions trop tard pour sauver la prêtresse disparue. Car c’est une tâche ingrate que de remonter la piste des fidèles du Seigneur des Mouches : telle l’eau que l’on écoperait à la main, il vous en file toujours entre les doigts. Pourtant, je le sais, nous avons tous notre part à jouer. Car j’ai vu le démon que nous affrontons, et j’entends bien contrarier ses desseins.


Passant sans encombre le petit trio de portiers, nous pénétrons cagoulés dans le théâtre désaffecté. Arrivés dans un hall plongé dans l’obscurité, je m’immobilise un instant, soufflant sur mes doigts transis de froid. La température en ces murs n’est guère différente de l’extérieur, de même que l’absence de source de lumière. Grâce au feyeyès, je distingue néanmoins sans trop de mal la statue souillée, défigurée du Veilleur, relevant la présence de la marque du Pestilent sur la robe de granit. Emboîtant le pas à Lanfranc, je prends place à mon tour dans la fosse, sur une chaise branlante au bois rongé par la moisissure. L’air alentours est vicié, pestilentiel, mais j’ai déjà inhalé pire. Alors, j’attends, prenant mon mal en patience. A mon côté, Lanfranc remue un peu, et me souffle à l’oreille quelques mots visant à me rassurer. Je sourcille, mais ne rétorque pas ; j’espère seulement que le prévenant chevalier parviendra à garder son propre calme.

Reportant mon regard sur la scène, j’ai la désagréable et persistante sensation d’être observé, notamment par cet individu, là, à la périphérie de mon champ de vision. Tendu à l’idée d’être démasqué, je m’efforce toutefois de ne pas dévisager directement l’importun, parcourant plutôt du regard les autres recoins de la salle, tâchant d’identifier d’autres menaces potentielles. Sentant monter en moi une certaine fébrilité, je m’attache à allonger mes respirations, récitant intérieurement une litanie familière. Tu ne craindras pas les affres de la maladie, ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contagion qui frappe en plein midi...


L’entrée en scène du Suppôt impose à la salle un calme religieux, faisant taire les chuchotements, mettant fin aux jeux. C’est lui, le meneur local. Un sorcier, à en juger par le linceul invisible de magie qui l’entoure. Il s’adresse à son auditoire d’une voix atone, éraillée, annonçant un illustre invité. Le Grand Coësre de Nuln ? Un frisson d’appréhension parcourt échine à la mention du nom de l’instigateur de la grippe agrypniaque, tandis que mon cœur manque un battement. A mon côté, je perçois le raidissement de Lanfranc, et le comprend : ce n’était pas du tout prévu. Nous devions juguler une secte et sauver une otage, pas affronter le responsable de la plus fulgurante contagion des récentes années ! Pensif, je me frotte nerveusement les doigts, maltraitant machinalement le lin grossier de mes mitaines d’emprunt. Je peine à l’imaginer, c’est insensé. D’autant que si le Coësre est présent, alors Furug’ath est certainement avec lui…

Déjà, mon esprit fuse, opposant nombre d’arguments rationnels à la possibilité qu’il s’agisse du vrai Coësre de Nuln, ici, à Vintciennes. Quelque chose sonne faux dans cette histoire… Un seul moyen d’en avoir le cœur net : joignant les mains, doigts entrecroisés, pour contenir ma nervosité, je scrute avec attention la grande figure couronnée qui s’avance maintenant. Elle aussi est une sorcière, à n’en pas douter : les vents tourbillonnent autour d’elle. Mais où est Furug’ath ? J’ai l’intuition, l’intime conviction, que je devrais percevoir sa présence, et lui la mienne. Soit il se cache, soit la sorcière sur la scène est une doublure. Inutile de préciser que j’ai une nette préférence pour la seconde option.

Le sermon du Coësre provoque une certaine effervescence dans la salle obscure, et j’observe subrepticement le plafond à la faveur des chuchotements d’approbation. Dans le noir, sur les passerelles bien au-dessus de la scène faiblement éclairée, nos compagnons sont en train de neutraliser les gardes. Tendu, je fais un effort pour ne regarder que ponctuellement dans leur direction, redoutant qu’un bruit ne trahisse leur présence. Mais rien ne vient, le bruissement des chuchotements dans l’assistance suffisant à couvrir leur opération. Grâce au feyeyès, je distingue à présent plusieurs de nos agents s’affairant au sommet des échafaudages, apprêtant leurs armes : je discerne notamment les visages de Guillemot, du vieux Neville, d’Hannes et d’Aénor. Cette-dernière, accrochant mon regard, me signifie que tout est prêt pour leur intervention, et me demande d’un signe entendu du menton de désigner les adversaires les plus dangereuses de la salle.

Craignant d’être encore épié par l’observateur patibulaire, je ne réponds toutefois pas immédiatement, détachant mon regard de celui de la grande noble, temporisant jusqu’à ce que le Coësre reprenne la parole, causant un nouveau bruissement de chuchotements dans la sombre salle tandis que l’on amène la prisonnière. Mon cœur se serre à la découverte des sévices subis par ma consœur, et je sens l’adrénaline -ou peut-être la colère- affluer. Alors, tâchant de placer la tête d’un autre spectateur entre l’observateur importun et moi, je rétablis le contact visuel avec Aénor, et lui désigne successivement de plusieurs signes du menton et des yeux la direction du pseudo Coësre, et du Suppôt flanqué de son garde du corps. A mon sens, ce sont en effet nos cibles prioritaires : il s’agit tout à la fois de meneurs, de sorciers ou d’ennemis bien armés, et indubitablement d’ennemis de la Colombe. De surcroît, ils se situent tous dans la partie de la salle la moins sombre, dans des conditions de visée favorables à une frappe préventive.


Le moment approche. Focalisé sur les faits et gestes du Coësre et du Suppôt, je m’apprête à gagner discrètement les travées une fois que la panique gagnera l’assistance, et à déjouer l’impie magie du Pestilent si j’en perçois les prémices.

Lorsque, à mon côté, j’entends Lanfranc marmonner, et remuer, se tournant vers les travées. Que fait-il ? C’est trop tôt !

Cherchant à l’agripper pour le faire rasseoir, je lui chuchote à l’oreille :

« Reste là. Ce n’est pas lui. »

Tentative d’être un peu discret vis-à-vis de l’observateur importun au moment d’indiquer les cibles à Aénor.

Tentative de retenir Lanfranc sur son banc le temps de l’alpha strike (initiative+1, puis charisme si possible).
Si je ne parviens pas à réagir avant qu’il ne se lève, ou qu’il ne m’écoute pas, j’attends un moment d’agitation (effervescence, panique, ou autre) pour quitter ma place et gagner les travées.

Sitôt l’alpha strike déclenchée, je me dirige vers la scène via les travées, et essaie de dissiper d’éventuels maléfices lancés par l’un des deux sorciers.
Globalement, le but est de faire profil bas tant que je n’ai pas retrouvé d’allié près de moi.
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Lanfranc s’arrêta… Juste le temps de trois secondes. Son visage camouflé sous la cagoule, Éloi ne pouvait apercevoir de lui que ses yeux : ils étaient écarquillés, d’une émotion qui passait pour de la peur.
Mais alors, le Grand Coësre se mit à chanter dans l’horrible Langue Noire, tandis que la prêtresse attachée à son poteau observait son futur bourreau avec des yeux suppliants. C’en fut beaucoup trop pour le jeune guerrier, qui se mit soudain à bondir de son siège.

Il se retrouva dans une des travées, et coupa tout droit à travers les spectateurs. Tout en haut, sur son échafaudage, Aénor faisait les gros yeux — et la voilà qui fit un tas de gestes vifs à ses collègues en train de se préparer.

Le chevalier atteint la scène. Un des spectateurs se retourna et leva son bras pour l’arrêter, mais le jeune homme fit tomber son manteau hors de ses épaules — il dévoila ainsi une armure de maille, et surtout, une lame qu’il dégaina. Et le voilà qui sauta sur la scène, en hurlant si fort que tout le monde se retourna pour le regarder :

« STOP ! N’ESSAYEZ SURTOUT PAS DE LUI FAIRE DU MAL ! »

Les sbires de la secte sautèrent dans tous les sens. Le Grand Coësre elle-même se retourna d’un coup, et hurla trois mots pour canaliser à elle les vents de magie, puis les expédier sur le garçon ; elle visa la main. Lanfranc serra sa poigne, en même temps que ses dents, et miraculeusement, parvint à ignorer le sort et demeurer bien armé.
Pauvre consolation : il se retrouva vite sous la menace de couteaux, et d’un pistolet à poudre. Le Grand Coësre, elle-même, se mit à ricaner d’un persiflage gras et mauvais.

« Quelle force d’esprit, bel ange ! Allons, allons — nous sommes sur scène, mais c’est pas une pièce non plus, alors épargne-moi ce genre d’effet, je te prie ! »

La distraction offerte par Lanfranc fut immédiatement mise à profit par Éloi, ne serait-ce que par survie ; le prêtre s’éloigna de son propre siège, et passa derrière les mutants qui chuchotaient tous entre eux en agrippant bâtons et crocs de métal en guise d’armement.
Le chevalier, lui, bien en vue au milieu des bougies illuminant les planches, leva son épée ; il fit ainsi reculer un mutant qui s’approchait trop, puis un autre sbire, avant d’à nouveau menacer une Coësre qui se contentait de lui faire face en tenant entre ses mains un bâton, et en arborant un magnifique sourire à dents jaunes et cariées.

« Au nom du Roi et de la Dame du Lac, vous êtes tous en état d’arrestation ! Baissez vos armes et rendez-vous sans faire d’histoire, et le duc Cassyon sera clément avec vous ! »

Des poumons s’esclaffèrent, et il y eut des rires et des tapes dans le dos. Le Grand Coësre hocha la tête de gauche à droite, avec toujours ce grand sourire.

« Tu ferais un très mauvais prêtre — personne ici ne cherche de la clémence, et t’es un peu tout seul pour en offrir.
Allons, bel ange… Qu’est-ce que sont ces manières ? Tu es un peu trop propre et un peu trop joli pour te tenir parmi nous…

– Il n’est sans doute pas seul ! S’exclama le Suppôt qui s’approchait d’un air beaucoup plus inquiet, à moitié voûté. Faites le tour du bâtiment ! Ordonna-t-il à certains de ses sbires.
– Je n’ai pas besoin d’aide pour accomplir la volonté de la Dame du Lac ! Elle est le seul renfort qu’un homme bon nécessite ! »

Le petit chevalier était plus malin qu’il n’y paraissait — il était en train de gagner du temps. Du temps que mit à profit l’équipe, en terminant leurs armes et leurs cordages. Et du temps que mit également à profit Éloi, car il venait d’atteindre le côté de la scène, et qu’il passait à présent juste derrière le rideau. Alors, le Shalléen se mit à chuchoter des prières rassurantes, et commença à perturber l’environnement de la scène, en forçant les vents à se séparer et à redescendre…

Le Grand Coësre ne remarqua même pas sa présence. La grande dame couronnée s’approchait du piquet, et se saisissait du visage de la prêtresse agonisante dans une de ses mains.

« Tu es venu… Sauver ta damoiselle en détresse ? Hm ? Tu pourrais choisir mieux quand même — une pas vérolée, déjà ! »

De nouveaux rires dans l’audience.

« Je refuse ton marché, et j’t’en propose un autre :
Lâche ton épée et cesse ces chahutages, et je t’offrirai de la… Pffrt, héhé… De la clémence, en laissant juste un cultiste te violer avant qu’on arrache ta gorge. »


Lanfranc eut un pas de recul. Il avait l’air seul au monde, et tous les yeux dans le théâtre étaient devenus soudain plus carnassiers encore.

Sauf ceux du Suppôt. Seul lui n’était pas convaincu par la prestidigitation du garçon. Et le voilà qui marchait sur les planches, avec un air inquisiteur, et inquiet.
Jusqu’à ce qu’il trouve la silhouette d’Éloi qui fredonnait.

Alors, les yeux du Nurglite s’emplirent de peur, il bondit en arrière, et il se mit à crier :

« L-L-L… DES INT- »

Il n’eut pas le temps de finir son cri d’alarme.

Quatre archers décochèrent quatre flèches. Elles le foudroyèrent, l’une pour lui qui s’enfonçait dans son omoplate, deux dans le dos du Coësre, une dernière dans le sbire en train de pointer son pistolet sur Lanfranc. Quatre grognements coupés, alors que maintenant, les yeux de l’assistance volaient vers le ciel, en essayant de découvrir ce qui se passait dans l’obscurité.

De nouvelles flèches volèrent, tandis qu’une voix grésillante, métallique, plus sonore grâce à un porte-voix, retentit pour se faire entendre de tous :


« GENDARMERIE ROYALE — ALLONGEZ-VOUS, NOUS ALLONS FAIRE USAGE DE LA FORCE. »


Il y eut des cris, des ordres contradictoires beuglés dans tous les sens. Certains des simples cultistes parmi les spectateurs étaient scotchés sur place, quand d’autres ne prenaient pas immédiatement la tangente en se ruant vers la porte par où ils étaient entrés.
Malheureusement, deux personnes conservèrent leur sang-froid : le Coësre, et le Suppôt. Les deux mages blessés, momentanément à terre, regardèrent le plafond, et se mirent tout deux à incanter fort, dans une chanson hurlée, des sortilèges, revolant les vents dans la pièce qu’Éloi s’était acharné à dissiper.

Le Suppôt forma un nuage tout en haut du théâtre. Et de ce nuage se mit à pleuvoir une pluie acide, gluante, douloureuse.

Des grenades volèrent de l’échafaudage. Elles rebondirent sur la scène, et explosèrent dans un éclair, éblouissant tous les mutants dans l’assistance — la demi-douzaine de cultistes se mettaient à se rentrer dedans, à trébucher sur les fauteuils, à tomber par terre, leurs yeux ronds comme des soucoupes et les bouches ouvertes par la violence de la détonation et du halo de lumière.

Le Grand Coësre acheva elle-même son sortilège sans qu’Éloi n’y puisse rien — et à la pluie s’ajouta la brume. Une sorte d’épaisse fumée verdâtre envahit le ciel et retomba sur la scène. Et c’est ce moment qu’elle choisit pour soudain s’enfuir en courant dans les coulisses, dans un sprint infernal, abandonnant le reste des cultistes à leurs sorts.


Des cordages volèrent. Descendirent en rappel des chevaliers, qui tombèrent au milieu de la scène. Mais la brume entra dans leurs poumons, et voilà que sires Hardouin et Neville tombaient à genoux, en vomissant du sang, leurs yeux pleurant. À travers des quintes de toux ensanglantées, le chef des gendarmes donna un ordre :

« VOS BOUCHES ! COUVREZ-LES ! »

Éloi, malgré la panique et l’adrénaline, parvint à retenir sa respiration, et ne subit aucun effet de la brume. Il voyait juste autour de lui le chaos, les blessés, et Lanfranc.

Un véritable preux chevalier… Lui aussi tenait bon. Il était au milieu de la scène, une épée à la main : il avait tenté de frapper le Grand Coësre, mais la sorcière avait filé sous sa lame dans une danse effrénée. Tout comme Éloi, il tenait bon, et il avait dans ses mains un masque en tissu vinaigré.
Mais évidemment, un bon chevalier errant n’allait pas l’utiliser pour lui-même…

Il fonça vers le poteau où se trouvait la prêtresse de Shallya complètement paniquée. Il jeta son épée à terre, attrapa le visage de la jeune femme entre ses mains, et lui posa le masque bien soigneusement sur le nez et la bouche pour la protéger.

Sa galanterie le laissait désarmé, et dans son dos, le Suppôt surgissait de la brume, en portant dans sa main un immense poignard courbé, dégoulinant d’une sorte de liquide noir.

Éloi était le seul qui l’avait vu venir, et qui était encore capable de le sauver…


Jet d’action discrète d’Éloi : 9, réussite de justesse, tu parviens à marquer les cibles sans te faire repérer.

Jet de charisme pour retenir le chevalier : 20, échec critique. Lanfranc ne t’écoute pas du tout et décide de se casser illico.

Lanfranc dégaine son épée, saute sur scène, et donne un ordre aux Nurglites —

Le Grand Coësre incante « Mains molles » du domaine primaire : 10, réussite
Jet d’habilité de Lanfranc : 2, beaucoup plus grande réussite ! Le chevalier parvient à garder son épée en main.

Les Nurglites se déplacent sur scène. Jet de discrétion d’Éloi : 6, excellent ;
Tu demeures caché parmi les spectateurs, tandis que tu te glisses derrière eux pour grimper sur scène.

Jet de charisme de Lanfranc : 4, réussite.
Lanfranc se met à parler et gagner du temps, laissant bien assez de temps à l’équipe pour se préparer.

Tu te mets en position derrière la scène, et lance une dissipation générale — dès que les Nurglites tenteront de balancer des sorts néfastes, tu pourras tenter de les arrêter.

Jet d’intelligence du Suppôt : 2, il t’entend ! Il hurle et crie une alarme.

---
Début du combat :

Action préparée : Aénor, Neville, Hannes et Beuves tirent chacun une flèche visée (+2) gratuite et hors du temps de jeu.
7, 7, 8, 11 → 4 réussites pour la Task Force ! Le Coësre se prend deux flèches, le Suppôt une, son sbire une.

Panique chez les Nurglites ! Dix jets parmi les spectateurs pour savoir qui va s’enfuir, rester trouillard sur place, ou rejoindre le combat :
4 cultistes acceptent de se battre.
2 cultistes sont indécis.
4 cultistes s’enfuient immédiatement.


Début du vrai combat proprement dit.

Beuves et Aénor retirent deux flèches visées : 2 et 6, deux réussites ! Le Suppôt et son garde-du-corps sont touchés.

Le Grand Coësre incante un sort.

Neville et Hannes tirent chacun une flèche visée : 19 et 15, eux ne toucheront pas.

Le Suppôt balance « Pluie bienfaisante » : 1, réussite critique irrésistible, la dissipation est un No Sell complet.
Confirmation du sortilège : 5, il est confirmé.
Tous les gentils souffrent d’un -2 à leurs jets pour ce round et le suivant, tous les Nurglites se soignent de 4d6 PV.

Guido et Hardouin font tomber sur la scène des grenades éclairantes : 18 et 9. Les deux grenades explosent, l’une n’a aucun effet excepté infliger une Peur sur les mutants peu entraînés, l’autre en revanche est efficace — Le Grand Coësre me roule un jet pour voir si elle reste concentrée : 10, c’est le cas, sang-froid.

Lanfranc charge le Coësre : 10
Elle esquive : 9, réussite.

Le sbire du Suppôt dégaine son pistolet et tire en l’air sur les archers : 20, échec critique + fumble.
19 : Feu partiel, mais avec son 20 il ne touche rien du tout. Son pistolet fait un bruit d’enfer mais ça n’a strictement aucun effet.

Les mutants se ruent sur la scène pour aller protéger le Coësre et gêner Lanfranc, mais ça leur prend ce tour.

Ceux qui ont une NA supplémentaire peuvent encore faire quelque chose :

Le Grand Coësre me balance « Nuage de miasmes » : 5
Dissipation d’Éloi : 16, no sell.

Toute la scène se retrouve sous une immense brume verdâtre tout simplement immonde. Effet au prochain round.

Neville et Hardouin se jettent hors de leur échafaudage et tombent sur la scène dans une magnifique descente en rappel.


----

Nouveau round.

Beuves et Aénor, jets d’END (Le sort dit « INI » mais je trouve ça totalement con) pour résister à l’empoisonnement : 11 et 9, les deux espions n’ont aucun souci à se faire. Ils continuent de tirer leurs flèches : 2 et 16, le Suppôt se transforme en hérisson.

Le Grand Coësre s’enfuit en courant.

Neville, END : 15, il se retrouve paralysé sur place et vomit ses tripes.

Hannes, END : 18, pareil.

Le Suppôt : Tente de lancer un méchant sort. MAG : 15, il ne parvient à rien faire.

Hardouin, END : 19, il se retrouve paralysé sur place et vomit ses tripes.

Lanfranc, END : 3. Il se rue sur la prêtresse de Shallya et lui couvre la bouche avec un linge pour la protéger du sort et lui sauver la vie.

Le sbire du Suppôt le voit faire, et va se jeter sur lui avec un couteau pour lui poignarder le dos.

Éloi, END : 2. Tu disposes de ton action pour agir avant lui.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Passé un premier instant d’incrédulité, je ne peux m’empêcher de grimacer devant l’entêtement de Lanfranc. C’est trop tôt : au-dessus de nos têtes, nos compagnons ne sont pas encore prêts. Sous le coup de quelque émotion, l’impétueux chevalier se dirige néanmoins vers la scène d’un pas décidé, interrompant la cérémonie, attirant l’attention générale sur lui. Désormais esseulé au milieu de la petite assemblée, je maugrée intérieurement. Quelle guigne ! Je ne peux pas rester là. Lentement, un siège après l’autre, je me déplace latéralement vers l’une des travées extérieures, voyant Aénor redoubler d’efforts pour coordonner nos compagnons en fonction de cet imprévu. Et, à la faveur de la diversion -au demeurant courageuse- du preux chevalier, je m’avance vers la scène sans être remarqué, en périphérie de la salle, tant et si bien que me voici bientôt derrière le rideau. Surveillant d’un œil circonspect l’assistance, je m’accroupis dans l’ombre, et, tout bas, commence à réciter une litanie d’apaisement des vents.

Je sais m’y prendre, maintenant ; j’ai la main, comme disait le vieux Roscelin. La magie, c’est un peu comme un gaz, qui fluctue dans l’air autour de nous. Enfin, pas dans l’air, mais comme lui. Elle circule d’elle-même, et trouve une résonance variable autour de certains lieux ou individus. Ce que je m’efforce de faire, c’est de créer un point de fuite, un appel d’air, pour disperser une partie de ce pouvoir latent.

Je ne sais pas ce qui, de mes manipulations mystiques ou de mes marmonnements, a attiré l’attention du Suppôt, mais le sinistre personnage, déjà suspicieux depuis l’intervention de Lanfranc, remarque subitement ma présence. Tout se passe alors très vite, notre petite compagnie passant à l’assaut alors même que le meneur de la secte donne l’alarme : une pluie de flèches s’abat sur la scène, blessant le Coësre et le Suppôt. Dans un sursaut de vigueur, les deux sorciers incantent alors de concert, ravivant les vents alentours, les modelant au gré de leur chant impie. En dépit de mes efforts, je ne parviens pas à en contenir, ni même à en circonscrire les effets. Une pluie noire, acide, se met à tomber, ici, à l’intérieur du théâtre, souillant les planches de l’estrade, maculant les murs. Une nappe de brume envahit aussi la scène, comme précipitée par la pluie, matérialisant une sorte de brouillard verdâtre. Un ordre retentit, appelant à ne pas inhaler la brume, et je regrette que la troupe ne soit pas présentement équipée de masques à cet effet.

Au milieu de ce chaos sans nom, je vois le Coësre se soustraire à la mêlée, s’éclipsant précipitamment en direction des coulisses, passant au-delà du rideau, à quelques mètres de moi. Mais comme je m’apprête à me lancer à sa poursuite, je distingue aussi la silhouette du Suppôt qui, me tournant le dos, émerge de la brume. Son attention semble dirigée vers Lanfranc et ma consœur ; s’avançant vers eux, il tire un poignard à la lame suintante de son manteau.

Mon sang ne fait qu’un tour. Je pourrais crier, et compter sur le chevalier pour réagir à temps ; mais Lanfranc m’a déjà ignoré il y a de cela quelques instants. Lui porter secours, c’est renoncer à poursuivre le Coësre. Mais l’objectif premier de notre mission est de secourir la prêtresse disparue. Et la vie de ma consœur est plus importante que le châtiment des serviteurs du Pestilent.

Comme je me précipite pour retenir le bras du Suppôt, mon regard tombe sur les multiples chaînes pendant de ses vêtements, et, arrivant sur lui, je tente de me saisir de l’une d’elle afin de m’en servir pour entraver le coup qu’il s’apprête à porter. Et je m’écrie, interpellant succinctement le chevalier, m’efforçant de ralentir le Suppôt :

« LANFRANC ! »

Charge sur le Suppôt, et tentative de désarmement (ou de gêne de son attaque en tout cas), puis de lutte pour entraver ses mouvements le temps de recevoir du renfort. Possibilité de recourir aux PdC Dame du Lac éventuellement ?

S’il parvient à se libérer, et retourne son attention sur moi, je privilégie l’esquive évidemment.
S’il est rapidement mis hors d’état de nuire ou que je suis désengagé du corps à corps avec lui, dans l’idée, j’aimerais aider à détacher la prêtresse / la requinquer peut-être avec une prière type Endurance de Shallya/Détresse retardée. A voir le cas échéant.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le couteau que portait le Suppôt se mit à ruisseler de gouttelettes noirâtres — l’arme était proprement démoniaque, un artefact maudit, qui promettait souffrance et entropie à sa victime. L’acier retourné contre le poing du Nurglite, celui-ci pouvait s’avancer avec un immense rictus qui enlaidissait son visage, et voilà que l’acier vola en l’air.

Le cri d’Éloi eut le mérite de faire tourner la tête de Lanfranc — mais c’était trop peu, et trop tard. Et au lieu de s’écarter de la trajectoire du bras du meurtrier, ce satané preux chevalier se mit à agir comme un preux chevalier ;
Il voûta le dos et couvrit le corps de la prêtresse avec le sien, acceptant ainsi de se sacrifier pour sauver une femme innocente…


Mais Éloi fut plus rapide. Et voilà que le jeune homme glissa sous le corps de l’assaillant, et qu’il sentit l’avant-bras de celui-ci percuter son épaule ; un coup de la paume dans le plexus lui arracha un soupir, et voilà que le jeune prêtre mit à profit tout ce que d’anciens soldats de l’ordre du Glaive-Brisé avaient pu lui enseigner ces derniers mois : il multiplia les mouvements contre les articulations, et tenta d’envoyer au sol son adversaire.

« AH !
T’EN VEUX ?! VAS-Y, BOUFFE ! »


Un mauvais positionnement de sa part le mit en bien piètre situation. Le Nurglite lâcha son couteau de sa main droite, le rattrapa au vol avec sa gauche, et faillit arracher le ventre du Shalléen : c’est simplement en se décalant de quelques millimètres qu’il fut sauvé. Alors, jaillit à nouveau Lanfranc — le preux chevalier errant tenait son épée par la lame, et c’est ainsi qu’il l’utilisa comme une massue pour frapper de toutes ses forces dans l’une des côtes du Suppôt, qui s’effondra à genoux dans un cri.

Alors, Éloi et Lanfranc se tenaient tous les deux au bout de la scène, devant des dizaines de mutants. Les grenades aveuglantes du reste de l’équipe avaient fini de faire effet, et voilà que les cultistes les plus fanatisés s’étaient redressés, équipés d’armes, et que, dents serrées et cris à la bouche, ils se préparèrent à se ruer droit devant pour tuer les deux jeunes impétueux. Leurs collègues se relèveraient-ils assez vite pour les secourir ? Les archers parviendraient-ils à mettre fin à l’assaut ? Fuir n’était absolument pas une option, et ses deux poings serrés, Éloi se prépara à corriger le premier, quand bien même sa Déesse n’aimait pas le conflit, et lui non plus — la bagarre était parfois nécessaire, quitte à soigner les coquards ensuite.



Les portes du théâtre s’ouvrirent en grand, dans un bruyant claquement : deux sergents d’armes casqués et portant des épieux venaient de les défoncer à coups de bottes, et ils entrèrent en courant dans la salle, suivis par d’autres, et leur meneur qui soufflait dans un sifflet — le guet de la ville était là.
Et derrière eux se tenait une femme dans une élégante tenue de lin, un bras nu et l’autre recouvert, les cheveux roux au vent, et un bâton en bois de saule dressé à la main. La damoiselle du Graal Isarn, plus grande que les sbires, pieds-nus, et couverte de colliers, ressortait bien de la troupe. Et voilà qu’elle cria d’une voix aiguë, des mots dans une langue qui n’était que vaguement humaine :

« Arian§amelna’a§ek, alu’ata athel’quul ! »

Alors, Isarn appela à elle un vent de couleur verte, et quelque chose de fantastique se produisit : Le bois mort des planches de la scène se mit à revivre. Les lattes éclataient en milliers d’échardes, les clous se propulsaient en l’air, et voilà que le bois se séparait en branchages, qui se couvraient d’épines — en une minute, sous les yeux ébahis et la bouche bée de Lanfranc, une sorte d’immense bocage d’épines et de ronces venait de se former tout autour de la scène. Une protection, qui empêchait les mutants d’enjamber la scène pour les attaquer, libérer leur chef, et tous les tuer.


Hardouin et Neville venaient tout juste de se relever. Alors que dans les sièges de spectateurs, on pouvait voir à travers les ronces le combat des hommes d’armes et des sectateurs, le chef des gendarmes étudia rapidement la situation. Il cracha au sol un gros molard de sang, tandis que les deux espions, Malicorne et Aénor, descendaient eux aussi en rappel.

« On part à la poursuite du Grand Coësre, tout de suite !
Lanfranc, séquestrez le Suppôt !
Orléac, sauvez la prêtresse ! »


Les militaires se ruaient derrière la sorcière, tout en armes, sans même approuver les ordres — dans une rixe, tout ce que disait Hardouin était strictement compris et obéi, c’était ça l’importance de la hiérarchie chez les militaires.

Alors, Lanfranc écrasa le Suppôt. Éloi l’averti du danger du poignard — c’est donc avec la semelle de sa chaussure que le chevalier l’envoya voler plus loin. Pendant ce temps, le Shalléen s’approchait du pilier, et détacha la prêtresse à l’aide d’un couteau qu’il gardait sur lui ; un couteau pratique pour de nombreuses choses, mais qu’il n’avait jamais utilisé pour blesser quelqu’un.

La pauvre prêtresse avait subi de terribles vices. Elle ne tenait plus debout, et sitôt ses poings libérés, elle s’écrasa de tout son poids en avant, contre le corps de son coreligionnaire qui la récupérait, et l’accompagnait au sol.

Son corps était recouvert de bleus. Ses pieds étaient nus, et on pouvait donc les voir couverts de griffures et de taillades. Deux de ses ongles aux mains avaient été arrachés, et son bras gauche semblé cassé, car elle le maintenait dans une position décousue. Le pire, c’était son visage : Son nez était brisé. Les os de ses joues enfoncés. Ses lèvres étaient fendues, et dégoulinantes de sang — il lui manquait des dents, en plus. L’un de ses yeux était si tuméfié qu’elle ne pouvait plus l’ouvrir, et l’autre était fermé à cause de la fatigue. On aurait dit que quelqu’un avait sauté à pieds joints sur sa tête, et plusieurs fois. Et pourtant, elle semblait encore respirer, mais c’était d’une respiration sifflante et saccadée.
Éloi posa une main sur son front — il était brûlant de fièvre. Il récita une prière pour l’apaiser, alors que derrière le tas d’épines, on entendait toujours des cris, des détonations de pistolets, et des sifflets. Quant à Lanfranc, il était en train de couvrir le Suppôt de coups de poings, avant qu’on entende enfin le cliquetis des menottes…


La prêtresse ouvrit grand son seul œil valide. Elle se mit alors à pousser un sanglot, et à tenter de prononcer des mots qui sortaient aigus et étouffés par des sanglots. On comprenait faiblement des merci, coupés par des pleurs. Une de ses mains agrippait fort, très fort le bras d’Éloi.


Et là, elle se mit à s’étouffer.


C’était une sorte de rôt, au départ. Puis un gargouillis. Puis un hoquet. Elle se tétanisait dans les bras du prêtre. Et voilà qu’elle tombait au sol à nouveau, en convulsant à moitié. Lanfranc, qui venait de se relever, se mit à crier de panique sur son camarade :

« Qu’est-ce qui se passe ?! Il lui arrive quoi ?! »

Éloi tenta de diagnostiquer sa patiente, comme on le lui avait appris ; il ouvrit une de ses rétines, tenta de lui ouvrir la bouche de force. Mais ses mains tremblaient, et il paniquait, et il se rendait compte qu’il n’avait qu’une seule réponse à la question du chevalier :
Il n’en avait aucune idée.

« Fait quelque chose ! »

La forêt d’épines s’ouvrit. Et entra à l’intérieur une sauveuse : Nathanaèle, la prêtresse au masque de porcelaine, se tenait toute droite avec une grande sacoche sous le bras.
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La prêtresse courait, alors qu’elle était appelée à l’aide. Elle passa devant Lanfranc, poussa sèchement le chevalier, et se posa à genoux juste en face de son étudiant.
Elle avait immédiatement identifié ce qui était en train de se passer, et d’une voix ferme, mais calme, elle prit immédiatement les devants :

« Éloi, ne maintiens pas sa tête, elle est en train de s’étouffer dans son sang et son vomi. »

Elle ouvrit sa trousse, révélant des dizaines d’instruments en fer.

La prophétesse Isarn surgit également sur scène. Le dialogue qui se joua fut d’un laconisme exemplaire :

« Vous avez besoin d’aide ?!
– On gère, Hardouin a besoin de toi !
– Je fonce ! »

Et voilà qu’une damoiselle filait dans les coulisses sans même se faire prier, en bondissant tel un cabri.

« Je vais avoir besoin de ton aide, Éloi. Répands cet onguent tout le long de sa gorge, puis contrôle les pulsations de ses veines — et il fait tellement nuit sur cette scène, j’ai besoin de lumière… »

Elle posa un bocal entre les mains du prêtre. On n’entendait plus de cris de luttes, mais des bruits de bottes — des hommes d’armes suivaient la damoiselle au pas de course.
Il y avait quelqu’un parmi eux. Une femme avec des bottes de soldates, mais une robe blanche de prêtresse ; le même genre de parure impeccable que la princesse de la foi Sébire, même si cette officiante-là détestait les bijoux et les fioritures luxueuses. Une troisième éducatrice dans la vie d’Éloi, une bien plus obscure, bien plus mystique, et bien plus dangereuses que même Clémence et la dame de Malicorne.

Mère Letizia, légate du culte de Shallya, se tenait au-dessus de sa servante en train d’asphyxier. Elle constata la crème jaunâtre, odorante, que venait d’étaler Éloi le long de la gorge de la mourante. Et avec un accent Estalien, elle demanda :

« Qu’est-ce que tu fais ? »


Sans même la regarder, Nath expliqua, tout en sortant un scalpel.

« Trachéotomie. Quelque chose bloque sa respiration, il faut faire un trou à l’intérieur de la gorge pour passer à travers de l’obstacle.
– C’est barbare. Et dangereux. As-tu appris ça dans une étude Impériale ?
– Tiléenne. »

Elle posa le scalpel au-dessus de la gorge de la prêtresse, qui convulsait de moins en moins — Mórr se dressait également au-dessus d’elle.

« Trop dangereux. Je l’interdis.
– Elle va mourir dans trente secondes si je ne lui ouvre pas la gorge !
Éloi, prépare-toi à enfoncer ça dans le trou que je vais lui faire : tu n’auras qu’à suivre, droit, je m’occuperai du plus dangereux. »


Et elle tendit une sorte de petit tube miniaturisé en cuivre.

« Ne fais pas ça, mon fils. Shallya protège les innocentes, et laisse partir ceux qui ne peuvent pas être soignés — c’est un commandement de la Déesse, de refuser l’acharnement. Alors, prions fort, ensembles, pour sauver son âme… »

Et voilà que Letizia liait ses mains ensemble. Là, Nathanaèle perdit son calme :

« Mais j’hallucine ! On a pas le temps pour des putains de superstitions !
Misericordia, misericordia…
– Éloi ! Prépare-toi à enfoncer ça dans sa gorge, merde ! »
Jets d’initiative opposés :
Le Suppôt : 15
Éloi : 8, réussite → Tu parviens à l’atteindre bien avant.

Éloi tente une action d’attaque à +2 (Charge) pour bloquer le Suppôt : 9, elle passe.
Duel de force pour voir si tu le maintiens :
E : 9
S : 9

Égalité, à l’avantage du PJ parce que je suis gentil → l’attaque du Suppôt est annulée pour ce tour.


Nouveau tour :

Le Suppôt tente de se dégager pour te tuer toi : 7 vs 4, c’est pas du tout le cas.
Tu tentes de le désarmer : 20, échec critique. Il obtient une occasion de te poignarder : 15, il en fera que dalle.

Lanfranc se jette sur le Suppôt et tente une attaque déstabilisante, à +2 (Le Suppôt est pas armé) et +2 (1v2) : 6.
Cette attaque ne fait pas de dégâts, mais force le Suppôt à tomber à terre.

Les effets de la grenade aveuglante se dissipent, vous êtes devant un tas de mutants en colère, quand soudain…

→ La porte d’entrée explose. Arrivent 6 hommes d’armes et une damoiselle du Graal qui peuvent tous immédiatement agir ce tour.
Isarn me claque un sort supérieur, « Forêt d’Épines », tout autour de la scène, mais avec un malus de (-6) parce qu’elle est pas censée pouvoir lancer des sorts en intérieur : 1, réussite critique. Confirmation : 5, confirmée.

Vous êtes absolument protégés de toute la masse de méchants, je gère leur combat.



La Plague Task Force part à la poursuite du Grand Coësre. Lanfranc et toi restez derrière pour sauver la prêtresse de Shallya et surveiller le Suppôt.

Éloi lance une prière sur la Shalléenne : 5, réussite.

Deux rounds entiers se déroulent alors que vous restez planqués sur la scène derrière la forêt d’épines, et vous entendez juste les combats des mutants et des hommes d’armes à côté.

Puis soudain, la prêtresse Shalléenne se met à s’effondrer au sol et à convulser. Elle a l’air d’étouffer !

Jet de diagnostic : 20, échec critique. Tu n’as absolument aucune idée de ce que tu es censé faire pour lui sauver la vie.
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

En dépit de l’avantage de la surprise, je ne parviens pas à désarmer le Suppôt, ni à le déstabiliser : le bougre est fermement campé sur ses deux pieds, et n’entend pas se laisser mettre à terre. J’ai pourtant mis en œuvre les enseignements des moines du Glaive Brisé, m’efforçant de faire ployer l’un de ses genoux sous la pression, espérant le déséquilibrer. Je ne le vois pas immédiatement changer de bras armé ; ce n’est qu’au dernier moment que je prends conscience du danger, juste à temps pour me jeter à l’opposé. Mon esquive précipitée me laisse toutefois vacillant, en équilibre précaire, peinant à retrouver mon aplomb tandis que le Suppôt amorce déjà un nouveau coup, une lueur mauvaise dans son regard. Je ne dois mon salut qu’à la contre-attaque providentielle de Lanfranc qui, l’arme à la main, terrasse le méchant.

Mais déjà s’avancent plusieurs mutants de la petite assemblée, déterminés à secourir leur meneur. Lanfranc et moi sommes en effet bien isolés, esseulés au beau milieu de la scène : Hardouin et Neville reprennent tout juste leurs esprits, et les archers peinent certainement à nous distinguer nettement à travers le brouillard. Me déplaçant d’un pas pour placer ma consœur dans mon dos et Lanfranc sur mon flanc, je rive donc mon regard à la silhouette du cultiste le plus proche. C’est l’un des trois jeunes mutants qui jouaient aux dés tout à l’heure. D’une tête plus grand que moi -et plus large d’épaules, aussi- il bondit sans peine sur la scène, un sourire vicelard sur ses lèvres blêmes, un éclair d’acier au poing. Concentré, j’inspire longuement par le nez, déterminé à contrer son assaut, espérant gagner suffisamment de temps pour que mes compagnons se ressaisissent. Entraîner mon adversaire au sol me semblant hasardeux compte tenu de notre différence de physique, je m’apprête à le recevoir. S’il se précipite, il me faudra bloquer son coup et contre-attaquer, probablement au niveau de la gorge, pour tenter de le déstabiliser dans son assaut. Shallya pardonne mon geste : je ne veux pas le blesser, seulement le repousser.

L’éclosion spectaculaire de la scène en une couronne d’épais ronciers m’épargne pourtant le recours à la violence, nous séparant de nos assaillants. Bientôt protégé du groupe de mutants par d’inextricables taillis, je discerne vaguement, par-delà la muraille d’épines, l’invasion du théâtre par le guet de la ville. Sans plus tarder, je me précipite au chevet de la prêtresse, la libérant prestement de ses liens de chanvre, découvrant l’étendue de ses plaies. Le cœur serré, je la soutiens comme elle s’effondre de tout son poids sur moi, sanglotant de gratitude par-dessus mon épaule tandis que je l’accompagne doucement au sol pour l’y étendre. Elle est faible, je le sens ; aussi, je prie la Colombe de lui accorder l’endurance pour survivre à cette épreuve. Je la sens se détendre, s’apaiser… avant de se raidir et de se mettre à convulser ! Saisi par l’urgence, je répète les gestes de diagnostic que l’on m’a appris. Mais je suis nerveux, et distrait par l’insistance de Lanfranc qui me presse de questions. Mes doigts tremblent, je perds le fil de mes pensées, et je sens la panique me gagner. Elle étouffe, c’est évident, mais pourquoi ? Je n’en ai aucune idée !

Arrive Nathanaèle, qui vient s’agenouiller face à moi. Je lui adresse un regard catastrophé, mais avant même que je puisse lui faire part du problème, la voilà qui pose un diagnostic d’un ton calme, m’adressant une série de consignes tout en déballant son matériel. Obtempérant sans discuter, je reprends rapidement contenance, galvanisé par la présence de la prêtresse au masque de porcelaine. Sans que je puisse l’expliquer, sa présence me rassure dans l’adversité. Son imperturbable sang froid me permet de retrouver mon aplomb, contribuant aux préparatifs d’une opération que je ne savais même pas possible. Elle me fourre un petit instrument de cuivre entre les doigts, et saisit un petit scalpel. La voix de Mère Letizia retentit au-dessus de nos têtes, contestant le mode opératoire de Nathanaèle, dénonçant son acharnement, avant de m’enjoindre de renoncer à lui prêter assistance. Et j’hésite.

Ne retarde jamais une âme lorsque l’heure est venue pour elle de quitter ce monde.

Mère Letizia est ma supérieure hiérarchique, et a toute autorité pour présider les opérations. Au fil du temps passé au sein de la Fraternité des Glaives Brisés, elle m’a rapidement pris sous sous aile, devenant un exemple, un mentor. C’est sous sa tutelle que je me suis endurci ces derniers mois. C’est par son truchement que j’ai rejoint cette compagnie. Je lui dois tant. Et pourtant, j’ai l’intime conviction qu’elle a tort de renoncer. Nous n’avons tout de même pas monté cette opération de sauvetage pour laisser notre sœur s’étouffer devant nos yeux !
Ne refuse jamais de soigner un suppliant qui en a vraiment besoin.

Pardonnez-moi, Mère. Je connais les commandements. Mais la vie de mes sœurs passe avant tout.


Le petit tube de cuivre semble si lourd entre mes doigts. Je cligne des paupières, en amont du geste fatidique, afin que mes larmes de compassion ne troublent pas ma vision. Je dois faire abstraction de toute distraction : du blasphème de Nathanaèle, à mon appréhension de ce moment. Le regard fixé sur la gorge de notre patiente, c’est d’une voix éteinte que je réponds.

« Je… Quand tu veux. Je te suis. »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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États temporaires
Une vie de Paix : +1 à tout jet visant à guérir un patient blessé, malade ou empoisonné.
La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

Compétences :
- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
- Bâton de marche
- Robe de bure jaunie / Tenue en lin / Ceinture / Sandales
- Grande sacoche contenant couverts, rations diverses
- Livre de prière de Shallya
- Amulette de Shallya
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Nathanaèle souffla en voyant Éloi obéir. Elle hocha la tête solennellement, alors qu’elle enchaînait sur ses ordres d’une voix calme et claire, en dessinant sur le cou de la prêtresse avec le bout de ses doigts :

« Le plus au centre et le plus droit possible, juste là, dans l’incision que je vais pratiquer. Il faut que tu y ailles fort, franchement, ça doit accéder à sa voie respiratoire — ne soit pas impressionné, tu vas lui faire mal, mais c’est pour la sauver. »

Letizia continuait de prier — mais silencieusement, maintenant. Il semblait qu’elle avait beaucoup à en dire, mais ses lèvres demeuraient closes. Peut-être pour ne pas déconcentrer les soignants dans l’acte qu’ils s’apprêtaient à réaliser…

Alors, c’est à la patiente que Nathanaèle s’adressa, en posant une main sur son torse qui convulsait.

« Calme-toi, ma sœur, nous sommes là.
Je commence l’opération… »


Elle approcha le scalpel du gras du menton, et découpa adroitement à l’intérieur. Elle glissa la lame à l’intérieur de la peau au milieu du cartilage, et derrière le fer, le sang suivait. Il coulait à flots, dégoulinait vers sa clavicule et sur les planches du théâtre. On aurait dit qu’on taillait un drap ; le scalpel était plus tranchant que l’épée d’un chevalier. Une fente montrait ses muscles, et ses organes.

« Maintenant. »

Elle avait dit ça fermement, mais pas fort, pour ne pas brusquer son collègue. Éloi approcha le morceau de cuivre, un simple petit tuyau, de l’ouverture bien indiquée par Nathanaèle.
Il enfonça à l’intérieur.

Il y eut alors un silence d’une seconde, alors qu’il levait ses mains, maintenant poisseuses de sang. Mais la prêtresse, la gorge ouverte, le ridicule petit tube coincé dans la gorge, elle continuait les mêmes gargouillements et bruits buccaux étouffés. La sœur-chirurgienne se redressa, et elle cria quelque chose :

« T’as raté la trachée !
Elle s’étouffe toujours ! »


Violemment, elle tira le tube hors de la gorge, puis le remit à l’intérieur. Du sang, sous la pression, commença à jaillir — mais apparemment, elle non plus n’avait pas bien réalisé l’opération, et maintenant, l’acharnement des Shalléens les faisait passer pour des bouchers amateurs, qui étaient en train de rater un égorgement.
Et le bois des planches du théâtre se mettaient à avaler le sang qui dégoulinait en larges quantités…

« Raté encore !
Éloi, massage cardiaque, je vais tenter un médicament pour libérer sa respiration ! »


Moutonnier, le prêtre répéta les gestes qu’on lui avait enseignés : il mit une main sur l’autre, et commença à enfoncer fort la poitrine de la prêtresse, tandis que Nathanaèle ouvrait sa sacoche pour en sortir des pipettes, et un long tube mou. Elle déboucha un petit contenant en verre, et répandit une solution dans une poche de cuir, préparant à toute vitesse une solution qu’elle pourrait injecter dans le corps de sa patiente.

Mais lentement, la patiente avait cessé de bouger. Et maintenant, les mains d’Éloi étaient rouges, entièrement rouges, même sous ses ongles coupés court. Et depuis de longues secondes maintenant, les muscles de la jeune femme n’étaient plus crispés, et sa tête ne dodelinait plus dans tous les sens.

« Laudanum, cinquante gouttes, solution de mercure, cinq grains, j’injecte. »

Alors qu’elle attrapait le bras de la prêtresse, Letizia se décida enfin à intervenir. La légate appuya fort sur l’épaule de Nathanaèle pour l’empêcher de continuer, et elle déclara d’une voix terriblement froide :

« Garde tes potions pour quelqu’un qui saura les utiliser.
Ta patiente est morte il y a une minute déjà. »

Le sang continuait de couler — mais plus aussi vite, plus par jets. Ça tombait comme de la peinture fuyant un seau renversé, ça se déversait avec langueur, pour former une grande flaque qui imprégnait le bois, les vêtements, et se déversait dans les interstices entre deux planches.
Et en effet, la prêtresse était devenue immobile, les yeux grands ouverts et injectés de rouge, la bouche maculée de gerbe et de salive, les lèvres bleutées. Alors qu’Éloi et Nathanaèle étaient sidérés sur place, Letizia s’agenouilla, et posa ses mains sur le front de la victime, avant de lui fermer ses yeux.

« Suis la flamme du veilleur, et va en paix. »

Et elle se releva aussitôt et s’en alla, laissant les deux médecins plantés sur place.
Jet d’habilité d’Éloi : 20, échec critique.

Nathanaèle va tenter son test de chirurgie avec un malus de -4.

Test : 18.

Test de réanimation d’Éloi : 15, échec encore.

Hélas, Mórr rappelle à lui une nouvelle âme…



Beaucoup de gens étaient entrés puis sortis du théâtre. Comme après cette grande bataille dans les sous-sols de Brionne, Éloi était coincé dans cet étrange état de torpeur, où il voyait le monde bouger autour de lui ; son corps était présent, mais son esprit absolument ailleurs, dans les vapes.

Des hommes d’armes s’étaient succédés, pour attraper certains des cultistes et les sortir menottés, puis pour renverser des bancs, ouvrir des sacs, et faire un inventaire de beaucoup de choses. Battistina Matraini, la prêtresse de Véréna, les regardaient faire, tandis que Letizia était revenue avec quelques sœurs et oblats du temple local de Shallya pour leur ordonner de panser des plaies et faire des bandages pour tous les blessés.

Puis, l’équipe de Hardouin était redescendue. Ils étaient essoufflés, blessés, et surtout, on voyait une grande colère sur leurs mines. Alors qu’on leur offrait potions et pansements, Éloi nota vite qu’il n’y avait aucune sorcière avec eux : le Grand Coësre leur avait échappés.

Et puis, l’étrange docteur Gall était arrivé. Le médecin grimpa sur les planches, et s’approcha de la Shalléenne — mais sa médecine à lui ne servirait pas à la ramener à la vie. Les hommes et les femmes de la Task Force avaient échoué à leur mission, et laissé celle qu’ils étaient venus sauver sur le carreau.



« ÉLOI ! »


Le cri rugit derrière lui. Le prêtre se retourna, et vit Aénor de Montfay, la semi-Norse, en train d’aboyer. Son gilet de maille avait perdu quelques anneaux, et ses peintures de guerre qu’elle dessinait sur son visage avaient coulé avec la sueur — elle semblait s’être battue.
Elle semblait être très agressive ; mais sitôt elle eut l’attention du prêtre, sa voix se fit beaucoup plus calme, et bizarrement douce :

« Hé, ça va mon frère ? C’est la troisième fois que je te parle.
Est-ce que t’es blessé ? »


Elle s’approcha du jeune homme, et sans même lui demander son avis, elle lui attrapa le visage pour lui forcer à lever le cou, comme pour vérifier qu’il n’avait vraiment aucune plaie.

Pendant ce temps, Hardouin siffla. Tous les membres de la Task Force, assis au milieu du théâtre, se rassemblaient pour écouter leur commandant.

« Mesdames messieurs — j’aurais aimé faire un débriefing avec des circonstances bien plus heureuses, comme vous tous. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que ça nous arrive, et ça sera pas la dernière. On a fait tout ce qu’on a pu pour sauver des vies ce soir, mais c’était pas suffisant.
Ne vous torturez pas à imaginer ce qu’on aurait pu changer ou faire différemment — c’est gravé dans le marbre à présent, et faut se concentrer sur la suite ; qu’est-ce que l’on va faire maintenant ? »


Il laissa un instant de silence, le temps que tout le monde digère ses propos. Les réactions semblaient ambivalentes. Certains, comme Beuves de Malicorne, restaient droits et impassibles. D’autres, comme Lanfranc, paraissaient dans le coaltar, encore sous le choc de beaucoup d’émotions.

« Nous avons tout de même mis fin aux agissements d’une secte servant le Pestilent, mais nous avons le plus difficile à craindre :
Une magicienne, qui était désignée comme le Grand Coësre en personne, s’est séparée en forme de mouches, et est parvenue à s’enfuir ! La retrouver et l’empêcher de nuire, est notre nouvelle priorité !
Damoiselle Isarn, vous avez vu sa magie dont elle était capable — qu’en pensez-vous ? Le maléfice que nous avons observé, à quel point cela lui permettra-t-il de s’enfuir ? »


La damoiselle paraissait toujours aussi altière : c’est toute droite, et avec une voix très mélodieuse, qu’elle répondit à la question :

« La métamorphose en nuée de créatures est un sortilège très apprécié des serviteurs de Nurgle », dit-elle doctement en ne craignant pas de nommer le Dieu qu’ils combattaient — elle et la jeune Rosaline étaient les seules à oser le faire. « Sa persistance n’est pas longue, et si la magicienne souhaite l’utiliser plusieurs fois, elle va s’épuiser, ou risquer d’être foudroyée par la magie noire dont elle abuse. De plus, elle est toujours limitée par les réalités physiques de notre monde : les mouches ne sont pas des créatures connues pour leur endurance…
– Une mouche nouvellement née peut voler six heures sans se reposer, et avec sa vitesse, elle pourrait aller jusqu’à dix lieues tant qu’elle demeure sous cette forme. »

La prêtresse de Véréna avait dit ça sans même regarder quelqu’un dans les yeux, assise sur ses fesses en tenant ses jambes. Tout le monde jeta un œil sur la Tiléenne, qui était une habituée de ces sorties impolies chaque fois que quelqu’un avait une discussion. Ce qui, bien sûr, faisait toujours naître des questions, du genre : Comment quelqu’un pouvait-il être au courant de combien de temps une mouche pouvait voler en l’air ? Elle n’avait que très rarement tort, mais ses connaissances étaient si éclectiques que ça en était bizarre.

Hardouin ne sut même pas quoi répondre, avant de finalement agiter la tête et répondre :

« Heu… Bien.
Aénor, tu es la dernière personne à l’avoir vue physiquement — était-elle blessée ?

– Ouaip. Je lui ai enfoncé un carreau dans le ventre.
– Elle aura probablement des maléfices pour arrêter l’hémorragie, affirma la damoiselle. Mais même en poussant sur ses limites, il demeure qu’elle est blessée, seule, et que nous avons tous vus dans quelle direction elle se dirigeait : elle volait vers l’est.
– Exact. Je vais sommer le seigneur de Vingtiennes de nous donner ses chevaliers et de lever ses hommes-libres — et nous en ferons de même avec les sires locaux, grâce au ban que nous a confiés le roi. Nous aurons rapidement des sergents pour quadriller le pays.
Elle n’a même pas une heure d’avance sur nous, si nous nous dépêchons, nous l’aurons peut-être avant le soir prochain même. 
»

Hardouin observa alors Guido, le mercenaire.

« Nous avons tout de même réussi à emprisonner le chef de la secte locale, en vie — nous allons pouvoir l’interroger et obtenir le plus d’informations sur lui et ses complices, et essayer de trouver d’où vient le Grand Coësre.
Si c’est le Grand Coësre, grogna Letizia. J’ai du mal à croire que la chef d’un des cercles occultes les plus puissants de l’Empire se baladerait en plein cœur de notre Bretonnie, sans même quelques gardes compétents.
– Vraie Coësre ou pas, il demeure qu’elle était une sorcière très puissante, mit en garde Isarn. Ne la sous-estimez pas : Même blessée, même sans un sou, même au milieu d’un pays hostile, elle pourrait nous filer entre les doigts rien que par la magie et la manipulation.
– Vous dites ça de tous les magiciens en Bretonnie, rétorqua avec ferveur Letizia. Je vois surtout qu’elle a fui en nous voyant arriver, et qu’elle n’est pas imperméable aux carreaux d’arbalète.
Et puis, avec ses cicatrices et son costume, il va être difficile pour elle de passer inaperçue. »


Hardouin leva la main pour faire taire les deux femmes.

« Qu’importe — Je vais parler au sire de Vingtiennes pour organiser la suite. Beuves, je vous laisse prendre en charge l’interrogatoire du Suppôt avant que nous le remettions aux autorités locales — prenez Guido avec vous. Les autres, je vous laisse fouiller ce théâtre à la recherche d’indices, et vous soigner de vos blessures. »

Gall, l’étrange médecin, intervint alors :

« Pardonnez-moi, monseigneur…
Les Morriens vont bientôt venir ici, et je souhaite étudier les raisons de la mort soudaine de la prêtresse que nous avions pourtant secourue.
Pouvez-vous les éloigner de moi le temps que je pratique ?

– Oui. Mais dans un endroit discret. Et… Soyez respectueux de son corps. C’est tout ce qui lui reste. »

Tout le monde se sépara donc, en sachant déjà quoi faire. Alors que Hardouin s’en allait gaillardement, Isarn le rattrapa, et commença une conversation avant lui — Éloi en entendit quelques bribes, visiblement, la damoiselle s’inquiétait des blessures que le commandant avait subit, et lui dit qu’elle allait lui préparer une potion.
Une sale idée naissait dans l'esprit du jeune prêtre… Et si Nathanaèle lui avait demandé de venir en aide à la prêtresse, au lieu de l'envoyer poursuivre le Grand Coësre ? Est-ce que la servante du Graal aurait été capable de la sauver ? La magie des damoiselles était une chose aussi fascinante qu'inquiétante, et Éloi ignorait toute l'étendue de leurs capacités.

Neville, son bras-droit, s’était assis sur un bout de banc. Il n’arrêtait pas de cracher par terre des glaires sanguinolentes, et s’il tenait debout, le combat venait de lui en coûter beaucoup.

Nathanaèle, elle, était restée silencieuse dans son coin, cachée dans le noir, l’air défaite. Lanfranc n’avait pas l’air beaucoup mieux qu’elle : le chevalier errant regardait tout droit vers les planches, alors que deux pages assignés à la Task Force aidaient le docteur à emporter le corps sans vie de la femme qu’ils étaient venus sauver.


Quant à la semi-Norse, elle retourna s’intéresser à Éloi. Aénor avait toujours un petit air inquiétant, carnassier, qui seyait peu à une femme noble de Bretonnie — qui, de nos jours, mettait encore des peintures sur son visage ? Les gens du Lyonnesse étaient vraiment des personnes étranges.

« J’ai vu comment tu t’es comporté en pleine rixe. Franchement pas mal — t’as sauvé la vie de Lanfranc. Isarn vous a bien protégés tous les deux, mais si ça avait pas été le cas, t’aurais été prêt à botter le cul aux cultistes qui allaient te poignarder ? »
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Frère Éloi
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Mon cœur est triste, hélas, et mon âme éplorée,
Mon esprit chagriné par les larmes versées.
Ma chair est froide, Mère, mes espoirs meurtris,
Engourdi par le doute, je faiblis dans la nuit.

Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne.
Le jour succède au jour, et la peine à la peine.

Éprouvé, échoué sur ce gris rivage
Usé par le ressac, gisant parmi l’écume,
Saisi par le flot mordant de l’amertume,
Ivre de désespoir, je me noie dans le noir.


Assis sur le rebord de l’estrade, le dos tourné à la scène, j’attends. La tête vide, le regard hagard, je prends mon mal en patience, l’esprit ailleurs. J’attends que le mal passe, que se dissipe cette tempête en mon for intérieur. Chaque minute écoulée m’éloigne de cet enfer, apaisant le tumulte de mes émotions. En cet instant, je sais qu’il est trop tôt ; tout comme le silence mouillé qui suit l’orage peut cacher une autre averse.

Mes yeux sont secs, et mes mains commencent à sécher. Depuis que j’ai titubé jusqu’ici tout à l’heure, je les ai soigneusement tenues hors de mon champ de vision, prenant appui dessus pour me maintenir assis tandis que je scrutais le plafond, la gorge serrée. Par chance, les images des récents évènements se sont rapidement dissipées dans un brouillard informe, et une torpeur salvatrice m’a envahi, succédant à l’adrénaline. C’est comme ce soir-là dans le bois de Percefruit ; comme après l’opération de Brionne : les souvenirs précis refluent… pour un temps. L’afflux viendra. Je le sais d’expérience.



« ÉLOI ! »

La vive apostrophe d’Aénor me tire de mon absence, et je me retourne mollement vers elle, me prêtant sans mot dire à son inspection en quête de blessures. Heureusement pour moi, je suis indemne, et ce en dépit de ma lutte au corps-à-corps avec le Suppôt, dont la lame a bien failli m’ouvrir le ventre. Une fois libre de mes mouvements, je lui adresse un hochement de tête se voulant rassurant, l’air de dire « ça va aller ». Je dois néanmoins faire triste mine, le regard vide et le teint blême.

Je reviens peu à peu à moi au cours du debriefing de la Task Force, qui me remet les idées en place, en plus de partager des informations quant aux retombées de notre opération. Hardouin l’expose clairement : le bilan est en effet mitigé. En effet, si nous avons pu mettre en déroute les membres de la secte locale, et mis la main sur le Suppôt, limitant grandement les risques de reprise d’activité de leur confrérie impie, nous ne sommes parvenu à sauver la vie de la prêtresse captive, et n’avons que blessé la sorcière avant qu’elle ne prenne la fuite. Un échange un peu sec entre Sa Grâce Isarn et Mère Letizia me met mal à l’aise, comme je me surprends à m’interroger quant à à la tournure que les évènements auraient pu prendre si la Prophétesse du Graal s’était elle-même penchée au chevet de feu ma consœur. Et si, au lieu de me jeter sur le chemin du Suppôt pour l’empêcher de poignarder Lanfranc dans le dos, j’avais suivi mon idée première, et pris la sorcière en chasse ? Je l’aurais talonné de bien plus près qu’Isarn et ses renforts, arrivés un moment plus tard... Peut-être aurai-je pu l’empêcher de fuir, ou la ralentir le temps que…

Dégoûté par la vanité de mes propres pensées, je cligne machinalement des paupières, comme pour me forcer à évacuer ces considérations, alors même qu’Aénor m’adresse à nouveau la parole, reprenant notre conversation et m’offrant une diversion fortuite mais bienvenue. Plongeant mon regard dans le sien, je remarque qu’elle affiche un air curieusement enjoué, carnassier, canaille même à certains égards. Cet air, je le lui connais, pour l’avoir déjà remarqué depuis notre récente rencontre ; il n’en demeure pas moins que l’on n’attendrait pas une telle expression sur le visage d’une princesse de noble ascendance, fût-elle versée dans l’art de la guerre. Ceci étant, si une noble dame devait arborer cet air si singulier, ce serait bien Aénor de Montfay, étant donné la guerre fratricide qu’elle a mené pour hériter. Je ne l’ai pas trop questionné sur ce sujet : il faut dire qu’elle a parfois le regard si dur que l’on craindrait de s’y blesser.

Comme les membres de la Task Force se dispersent, vacant chacun à leurs occupations, je jette un regard aux alentours avant de rétorquer, relevant les présences isolées de sœur Nathanaèle et Lanfranc, ainsi que de sire Neville. Remarquant le piteux état du chevalier, dont la toux ensanglantée ne me dit rien qui vaille, je me promets intérieurement d’aller lui proposer de le soulager tout à l’heure. Et il me faudra aussi aller présenter mes excuses à Mère Letizia.

Adressant tant bien que mal un pâle sourire à Aénor, je lui réponds alors du ton le plus enjoué dont je sois capable, conscient toutefois de ne pas faire illusion :

« Oh, tu as vu… Eh bien… J’ai eu chaud, je t’avoue. Je ne sais pas ce qu’il y avait sur le poignard de leur chef. Je me suis jeté vers lui sans trop réfléchir. Une chance que je ne sois pas blessé.
Et après ça, j’ai… improvisé. Je pensais culbuter le premier en le prenant au dépourvu comme on m’a appris, mais ses comparses m’auraient fait la peau sans les renforts. »


Je porte machinalement la main à ma nuque, gêné de recevoir des compliments sur mes actions martiales. La peau de ma paume souillée est sèche. Subitement plus raide, je fourre mes mains dans mes manches, et m’empresse de poursuivre la conversation, trop heureux d’avoir de la compagnie m’évitant de me morfondre de mon côté.

« Toi, ça va, tu n’as rien ? Tu as bien géré, vu les… imprévus de dernière minute avant l’assaut.
Quelle pitié que l’on n’ai pas disposé de quelques dizaines de secondes de plus. »


Je m’interromps, me faisant la réflexion qu’Aénor n’a peut-être guère envie de discuter tactique, en dépit des apparences. Ou peut-être que si ? Les gens du Lyonesse, après tout…

J’apprécie Aénor : elle est l’une des rares personnes de notre petite compagnie qui semble s’intéresser à moi. Il faut dire que je n’ai pas trop eu le temps de faire connaissance de mes compagnons : au début, je cherchais surtout à retenir un nom pour chaque visage. Alors, discuter plus avant… Il faudrait que nous fassions plus ample connaissance, peut-être à la faveur des prochains jours, selon le délai dans lequel s’organisera la traque de la sorcière. Aussi, tout à cet instant en privé, je lui demande à mi-voix :

« Dis, ces signes que tu portes sur le visage, c'est une coutume de chez toi ? Je ne suis jamais rendu en Lyonesse ; le plus près que j'ai été, c'était lors de mon pélerinage à Couronne... »
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La vie avant tout : doit tenter d'interrompre les affrontements auquel il assiste, à moins que le combat ne soit mené contre des ennemis.

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- Maîtrise de l'Aethyr (1)
- Coriace : -1D3 dégâts subis.
- Réflexes éclairs : +1 aux tests d'initiative en situation de surprise.
- Résistance accrue : +1 aux tests d'endurance.
- Sang froid : +1 aux tests de caractéristiques effectués en situation de stress ou tension.
- Volonté de fer : +1 aux tests de volonté.
- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
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- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
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- Bâton de marche
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

À la réponse d’Éloi, Aénor n’apporta aucun contre-argument ; elle se contenta de hocher de la tête, approuvant ses propos sans faire davantage de commentaire.
Mais une réflexion semblait l’avoir interpellée : c’est quand le prêtre parla du poignard, avec quelque chose qui était sur la lame. Là-dessus, la grande guerrière se mit à froncer des sourcils, elle regarda la scène, et elle commença à s’en approcher tandis que le jeune homme la suivait pour continuer sa conversation.
Regrettant qu’ils n’aient pas disposé de plus de temps pour ferrer leur adversaire, elle se mit à grogner d’une façon bien animalière.

« Ne rejette pas notre échec sur le temps — le sablier du Veilleur s’écoule toujours pareil. C’est nous qui avons été incapables de réagir assez rapidement, nous sommes les seuls responsables de ce qui s’est passé ce soir.
Qu’importe. Quand on se bat, l’échec est toujours une possibilité, il faut accepter cette fatalité. Toi et Lanfranc êtes encore jeunes, mais il faut vous endurcir. »


Et là-dessus, elle jeta un œil vers le jeune chevalier errant qui continuait de regarder dans le vide dans un coin du théâtre, visiblement encore sous le choc.

Aénor grimpa sur la scène. Une nouvelle question plus personnelle l’arrêta. Elle regarda Éloi le plus froidement du monde, et sur un ton complètement sérieux, elle expliqua :

« C’est une coutume de ma race, celle des anciens Bretonni, mais aussi des Bjornlings de Norsca. Nous recouvrons nos visages de pastel pour reproduire des runes rappelant les noms de Dieux plus anciens que Shallya ou la Dame du Lac.
Les traits transmis par ma famille me permettent de terrifier mes adversaires, en renforçant ma voix — avec un cri, je peux déchaîner l’instinct de fuite qui sommeille en chacun de nous. »


Elle avait dit ça durement, comme si elle avait été offensée par la question innocente d’Éloi. Ainsi, Aénor était une fanatique païenne, une accusation terrifiante dans un royaume moderne…
…Sauf qu’elle était en train de se foutre de sa gueule. C’était dur à reconnaître, mais la jugeote du jeune moine lui indiquait que la noble dame ne croyait pas une seule seconde de ce qu’elle racontait — elle était en train de pratiquer un humour pince-sans-rire très froid, ce qu’on nommait d’ailleurs l’humour bretonnien à l’étranger.

Sur les planches, Aénor fouillait les restes du combat. Elle trouva un petit objet de métal, devant lequel elle s’agenouilla. Tirant un mouchoir d’une de ses moches, elle en recouvrit sa main, et l’utilisa pour soigneusement s’emparer du poignard avec lequel le Suppôt avait menacé d’honorer son sacrifice.
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La garde noire comme de l’obsidienne, un acier de mauvaise qualité un peu brillant, on aurait dit un équipement rouillé, bien peu utile militairement — mais son aura était fort inquiétante, et en effet, on aurait dit qu’un liquide scintillant à la fois noir et verdâtre coulait tout le long du tranchant. Aénor eut un petit ricanement cruel :

« Une tête de mort gravée sur le pommeau et la chappe — pas de doute, c’est une arme de méchant. »

Sa blague potache était fausse. Il n’y avait pas que les serviteurs du Mal pour apprécier un tel symbole : le culte de Mórr, et les dynasties Impériales, étaient également très adeptes des crânes desséchés, qu’ils mettaient sur leurs drapeaux et leurs héraldiques.

« Les quillons et la fusée sont clairement de facture bretonnienne. La lame en revanche a une courbure qui me fait penser à une arme plus sudiste — Estalienne, ou Arabéenne. Peut-être une reconstruction. Ou un équipement qui date des croisades. »

Et autre indice, que Éloi nota : Sur le pommeau, une sorte de plume était attachée, avec une lettrine verte encrée dessus, qui semblait être une petite formule magique dans la Langue Interdite. Une plume de… Rapace. Les animaux nécrophages étaient sacrés pour Pestilence.

« Très probablement un mauvais artefact. Et un très joli indice pour nous. Les chaotiques adorent traquer des anciennes armes et objets maudits qui ont appartenu à leurs prédécesseurs. Si le Suppôt l’a eu en cadeau de quelqu’un d’autre, ça nous fait une prochaine cible à traquer. S’il l’a pillée dans une tombe, ça nous fait un chemin à retracer pour voir où il a pu croiser des coreligionnaires. Qui sait, peut-être que c’est même cette arme qui l’a corrompu en premier lieu ?
Le poignard a l’air particulièrement dangereux à manipuler. On devrait le confier aux damoiselles, elles sauront nous en apprendre plus. Et puis, la Vérénéenne pourra peut-être consulter ses livres poussiéreux pour en retrouver une trace. »


Le gros avantage de la Task Force, c’est qu’elle avait accès à de très nombreuses ressources — le moindre petit indice pouvait être analysé par des dizaines d’yeux, avant que de nombreux cerveaux réfléchissent dessus. Prêtres, érudits, et sorcières pouvaient unir leurs forces pour dénouer des sacs de nœuds.
Éloi avait vu, à Brionne, comment la méfiance de la révérende-mère Sébire avait ralenti ses investigations. Aujourd’hui, toutes les factions de Bretonnie semblaient unies dans un même but. Mais pour combien de temps ?



Alors qu’Aénor se proposa pour sécuriser le poignard et l’amener aux servantes du Graal, Éloi indiqua qu’il la rejoindrait tantôt : il s’inquiétait de l’état du bras-droit du capitaine Hardouin.

Sire Neville se trouvait assis sur un tabouret, les mains sur les genoux, le visage plissé, sa mâchoire crispée… Il respirait fort, et n’arrêtait pas de racler sa gorge pour cracher par terre, des crachats de salive maculée de rouge.
Il n’était pas un homme très imposant physiquement : De taille moyenne, fin, âgé, il avait une apparence même un peu frêle. Mais il était bien un guerrier vétéran, son armure marquée par des dizaines d’estafilades, de chocs, de coups et de pointes de flèches déviées — même avec ses cheveux grisonnants et ses rides dessinant des sillons sur son visage, il gardait au combat l’agilité féline d’un jeune homme.
Ces derniers mois, Éloi avait côtoyé beaucoup d’hommes de sa trempe ; des guerriers las qui se retiraient au monastère pour achever leurs jours loin du choc du fer. Pourtant, Neville avait repris ses armes, apparemment pour défendre son ancien protégé — il ne devait avoir ni famille ni seigneurie à laquelle il tenait pour ainsi risquer sa peau après avoir déjà prouvé qu’il tenait à la chevalerie.

En voyant Éloi approcher de lui, il leva la main et empêcha le jeune homme de l’ausculter :

« Hélà, mon frère », fit-il d’un ton rauque. « Une Shalléenne m’a déjà observé et m’a servi un purgatif contre le poison du magicien.
Mes jours ne sont pas en danger. C’est juste que je me remets plus aussi bien que quand j’avais ton âge. »


Il força malgré tout un sourire, histoire d’assurer qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Mais ça ne dura pas longtemps — Neville était le genre de personne qui ne souriait jamais.
Malgré tout, Éloi avait l’habitude des gros bonhommes qui minoraient leurs blessures ; il se permit donc de faire un examen rapide du chevalier, en sentant son pouls et en contrôlant sa bouche. Des symptômes similaires à ceux des mercenaires de Sébire après le conflit sous Brionne l’affligeaient : faiblesse, souffle court, douleurs lorsqu’on palpait son foie… Il serait encore lent quelques jours, et il faudrait surveiller l’évolution de son état — s’il se dégradait, il deviendrait nécessaire de le faire se reposer dans un lit d’hôpital.
Clémence, Sébire et Letizia avaient toutes les trois eut la même leçon pour leur élève : Les armes des Nurglites sont insidieuses, et frappent toujours à rebours. Même le plus puissant des guerriers pouvait se sentir bien après sa blessure, et mourir dix jours plus tard alors que son sang se putréfiait.

« Tiens, j’ai une question pour toi, mon frère… Elle va te paraître bizarre, mais… »

Neville regarda à droite, puis à gauche, comme s’il craignait les oreilles de quelqu’un. Qui donc ?

« …En fait… Qu’est-ce qui… Pousse quelqu’un à…
Merde, qu’est-ce qui pousse ces dégénérés à rejoindre une secte qui sert la Pestilence ? »

Cela faisait des mois qu’il tuait des serviteurs des trois-cercles. La question était naturelle, mais que le chevalier ne la pose que maintenant n’était pas étonnant :
Essayer de comprendre son ennemi, c’était aux yeux de certaines personnes, déjà éprouver de l’empathie pour eux — un danger.

« Je veux dire, merde… Comment ils recrutent ? Comment ils poussent des gens normaux à souffrir, et à se jeter comme ça sur les autres ?… Cette pauvre prêtresse qu’ils voulaient tuer, elle était désarmée, et elle aurait tout fait pour soigner leurs maux. Alors pourquoi ? »

Et là, le problème, c’est qu’il n’y avait aucune réponse satisfaisante. Les trois enseignantes d’Éloi possédaient chacune leur réponse.
À se demander maintenant ce que le jeune prêtre imaginait…
Jet d’empathie : 10, réussite
Jet d’intelligence : 6, réussite

Jet de diagnostic : 9. Tu sais que Neville semble souffrir de conditions de poison et il lui manque des PV. Il a déjà reçu un antidote pour le poison mais mettra du temps à s’en remettre.
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Re: [Éloi] Reproduction

Message par Frère Éloi »

Les remarques d’Aénor concernant la facture de la lame sont assez techniques, de même que ses considérations quant à l’origine de l’arme : je ne sais pas, moi, distinguer une fusée bretonnienne d’une autre, ni reconnaître une courbure estalienne. Ce que je vois, moi, c’est un poignard de sinistre allure, dont la lame suintait encore tout à l’heure de quelque substance nocive. En scrutant l’arme un peu plus attentivement, je relève la présence de petites inscriptions sur la plume rattachée à la garde -certainement quelque mauvais sort en langue noire.

J’accuse un instant d’hésitation, interdit, lorsque Aénor propose de montrer le poignard aux damoiselles du Graal, avant d’acquiescer pensivement. La regardant s’éloigner, je reste plusieurs secondes immobile, songeur, avant de me détourner : oui, qui sait ? Peut-être l’arme est-elle à l’origine de la corruption du Suppôt. Peut-être même est-elle liée d’une quelconque façon à Furug’ath. Dans tous les cas, Aénor n’a pas tort : ce poignard peut être un indice, un atout à retourner contre les serviteurs du Pestilent.


Arrivé au niveau de sire Neville, j’engage la conversation, soucieux de son état. Le chevalier ne me permet qu’à contrecœur de l’examiner, m’assurant avoir été déjà soigné par l’une de mes sœurs. Par acquis de conscience, je contrôle néanmoins son pouls et son souffle, principalement pour me rassurer. Le vétéran grisonnant me laisse officier malgré ses réticences, drapé dans un mutisme bougon. Sire Neville n’est pas très loquace, ayant un tempérament plutôt taciturne, mais je l’apprécie, malgré son humeur contemplative, voire mélancolique : si nous ne nous connaissons depuis guère longtemps, son vocabulaire soigné m’évoque une sensation de familiarité. Aussi, bien que sa question me prenne franchement au dépourvu, et porte sur un sujet sensible aux yeux de certains, je suis plutôt enclin à tenter de lui répondre.

Accroupi au côté du tabouret, je jette un regard circonspect aux alentours avant de partager à mi-voix mon sentiment sur le sujet, me grattant nerveusement le dos de la main sous le couvert de mes manches :

« C’est une bien épineuse question que tu me poses là, mon frère. De ce que j’en comprends, c’est compliqué.

Bien sûr, il y a de mauvaises âmes dans le lot, mais pour la plupart, je pense que ça part de sentiments très ordinaires, ou d’épreuves de la vie très partagées. Le désespoir, la peur de la mort, le sentiment d’injustice… Quand les gens sont tourmentés par de telles émotions, leur volonté est vacillante, leur âme vulnérable. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, et peuvent être tentés par le malin.

C’est une pente glissante, et un chemin sans retour. »


J’observe un silence de quelques secondes, songeur, massant machinalement l’arête de ma mâchoire du bout de mon pouce, m’efforçant de chasser quelque démangeaison lovée sous mon menton. Difficile de jauger de ce qui motive ces questions de Neville, et vu son caractère, je n’en saurai sûrement pas plus aujourd’hui. Mais peut-être qu’en partageant un peu de ma propre expérience personnelle avec le vieux chevalier, il sera enclin à se confier davantage ultérieurement.

« L’année dernière, à Brionne, j’ai eu pitié de m… gens affreusement marqués par les sévices des adorateurs du Pestilent : ils n’étaient que les victimes collatérales d’une machination plus vaste. Et pourtant, ma compassion à leur endroit n’a rencontré que l’indifférence, la peur, et le cynisme.

La Colombe nous demande de faire preuve de compassion à l’égard de notre prochain, mais la traque des fidèles du Seigneur des Mouches rend la chose difficile. »


Un nouveau silence ponctue cette confidence. Me redressant, j’adresse un pâle sourire au vétéran, posant une main sur son épaule avant de m’éloigner le long des travées du théâtre :

« Enfin, nous aurons tout loisir d’en reparler plus tard si tu le souhaites. Quant à moi, j’ai besoin de prendre l’air.
Shallya te garde. »



C’est à l’extérieur du théâtre que je retrouve Aénor, en compagnie de la jeune Rosaline. Assise sur les marches, la damoiselle semble concentrée, le visage légèrement baissé, comme si elle tendait l’oreille. M’approchant de quelques pas, je m’aperçois avec effroi que la jeune aveugle est en train d’examiner le poignard du Suppôt, manipulant l’acier impie de ses doigts nus. Arrivé à leur niveau, je jette un regard interdit en direction d’Aénor, avant de m’agenouiller sur une marche voisine, le front barré d’un pli de souci, partagé entre l'inquiétude et la curiosité :

« Est-ce que.. tu ressens quelque chose ?
Un maléfice, ou une… présence ? »
Frère Éloi Voie du Prêtre Mystique
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- Traumatologie : Sait administrer les premiers soins ou favoriser une guérison plus rapide.

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien.
- Langage secret (Classique) : Capable d'écrire et de lire le Classique.
- Législation : Sait manipuler le droit à son avantage.
- Doctrine du Culte (Shallya)

- Cuisine : Se débrouille en cuisine. +1 pour détecter des substances nocives dans la nourriture.
- Empathie
- Affûtage mental
- Incantation - Shallya
- Sens de la magie
Équipement porté sur soi :
8 sous d'argent 8 deniers
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