[Akisha] Plus épais que l'eau.

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. »

– Anna Karénine, sorcière de glace du Kislev.

C’est une nuit claire à Karond Kar. Pour une fois, les nuages se sont dégagés, permettant de montrer l’éclat brillant de la lune grise, et un firmament d’étoiles qui tapissent la voûte céleste ; et même, comble de l’inquiétude, le petit scintillement lointain d’un croissant verdâtre. La lune magique est ici, facétieuse et annonçant de bien sombres présages. Ce genre de nuit est inhabituelle, dans un continent où le temps est constamment merdique — c’est une nuit où les plus superstitieux des Druchii demeurent chez eux, et où les militaires craignent de prendre leur tour de garde.

Sighi Drakilos, matriarche de l’une des plus grandes familles de la cité, a-t-elle prévu la météo pour cette nuit ? Ça aurait été un joli coup de bonneteau de sa part — car c’est ce soir et pas un autre qu’elle a prévu l’ouverture du Conseil de Famille, le tribunal dynastique qui lui permettra de raffermir son contrôle sur ses descendants, et remettre dans le rang ceux qui ont profité de leur nom de famille pour se vautrer dans le stupre pendant la décennie passée ; à moins que la réunion solennelle ne se retourne contre elle, et que les jeunes ne décident d’abattre la vieille afin de se débarrasser d’une dame au contrôle trop étouffant. Intrigues et rebondissements ; c’est pour ça que les Druchii vivent. Non par goût, mais par obligation. Ceux qui ne jouent pas à ce jeu meurent plus vite que ceux qui entrent dans la partie.


Des humains serviles s’activent dans l’immense jardin du manoir Drakilos — jardin est un terme tout à fait impropre d’ailleurs, c’est un terrain de plusieurs acres, la majeure partie n’étant qu’un sol stérile ne servant ni à faire pousser des plantes, ni nourrir des bêtes. Seule une petite partie du terrain permet de faire pousser des fruits et des fleurs exotiques, tandis que des pommiers arrachés à Ulthuan vivotent encore le long du long chemin pavé qui mène jusqu’au portail principal du domaine ; abreuver quotidiennement de tels arbres sur un terroir affamé est un effort coûteux, pour un rendement minuscule. Mais ces arbres représentent bien les Elfes Noirs — accrochés au passé, ils tentent de prospérer, quand bien même ils ne le pourront jamais. Quelques minuscules pommes trop acides sont nées sur les branches, et des esclaves ont trimé tout l’après-midi pour arracher celles les plus comestibles — elles seront dégueulasses, petites et dures, et pourtant, les Drakilos vont les manger avec le sourire. Ils ont mangé un fruit qui vient de leur terre promise. Ce sera plus sucré que tout le miel pillé à l’étranger.

Des serfs portent d’immenses fagots de bois. Ils forment des tas, depuis la matinée. Les tas de bois étaient devenues des colonnes. Et les colonnes devinrent des effigies. Quatre grands Elfes de paille, que l’on décore d’immenses colliers, de draps fins armoriés, de couronnes de fleur, de bijoux de toutes sortes — et sur ces statues de brindilles, on marque le nom des royaumes traîtres.
Avelorn porte une robe blanche de soie à taille de géant, et sur sa tête de fagots, on a placé un long tapis de chevelure d’or, faite de cheveux d’esclaves humaines qui ont été rasées régulièrement pendant des années, et liés bout à bout dans une confection de longue haleine.
Eataine porte des ailes, faites de plumes de Harpies — l’animal étant sacré à Karond Kar, il n’est pas chassé, et seules les créatures mortes naturellement peuvent être ponctionnées pour ensuite être rachetées et servir à cette décoration ; on imagine donc l’immense dépense que ce costume a représenté.
Ellyrion dégouline de sang. Tout le long des fagots, on avait levé par des poulies des têtes tranchées de chevaux — de magnifiques poneys Kislévites, décapités à la chaîne par des soldats qui s’improvisèrent bouchers. Ainsi, une vingtaine de ces bêtes voyaient leurs têtes aux yeux vides suspendus au-dessus du sol.
Et le pire, c’était Tiranoc. L’Elfe de paille représentant l’ancien allié de Malékith avait été décoré de marguerites. Des petites fleurs blanches. À côté des trois autres, on se serait dit que ce n’était pas si incroyable que ça. Ce serait se tromper. Quiconque connaissait l’histoire des Elfes savait que, fut un temps, Tiranoc était le royaume le plus fertile et le plus fleuri de tout Ulthuan ; la Déchirure l’avait ruinée, moins à cause des combats que des archimages de Saphery, qui avaient pratiqué une politique de la terre brûlée pour anéantir les vivres de l’immense armée de Malékith. Tiranoc avait payé sa trahison plus chèrement que tous les autres. Ils étaient déjà une cause perdue. On se remémorait leur souvenir, en moquant leur état actuel : Tiranoc était aussi désolée que l’était Naggaroth. Ainsi sont récompensés ceux qui avaient reconnus Bel-Shanaar comme monarque.


Ces Elfes de paille avaient dû requérir des centaines de milliers de souverains d’or à bâtir. Peut-être même que ça chiffrait dans les millions — les Druchii n’ont pas réellement de comptabilité, ils payent presque tout en nature, ils évaluent leur fortune en esclaves, en têtes de bétail, en nombre de navires, en cargaisons dans les entrepôts. Et il valait mieux ne pas trop chiffrer son pécule — ça attirait les jalousies, et les Elfes Noirs sont paranoïaques.
Il n’empêche. C’était une décadence absolue. Une preuve du fric immense que possédait Sighi. La richesse des Elfes de paille était à la hauteur de sa richesse à elle. C’était un spectacle pour impressionner ses invités et ses proches.

Et qu’allaient-ils faire, de tout ça ?

Ils allaient les brûler. Tout détruire, et les répandres en poussières vers les Cieux. Ils allaient les offrir aux Dieux. Car dans une société où il n’y a aucune confiance, il ne peut y avoir aucune valeur fiduciaire — alors seuls les Dieux méritent vraiment la richesse.




Il y avait une femme qui n’avait pas la conscience tranquille, quant aux Dieux. Et peut-être pas qu’envers eux.

Cela faisait une semaine complète — huit jours — depuis que Rekhilve avait quitté Akisha Drakilos. Depuis, l’ancienne seconde-en-rang pour hériter de la dynastie Drakilos avait été transférée discrètement au palais, pour retrouver sa chambre vide. Et il n’y avait plus eut qu’à attendre, enfermée dans ce grand boudoir désespérément calme. Akisha n’était pas une dame qui aimait trop la fête et le luxe, mais même pour elle, ce calme était devenu oppressant. La pneumonie contractée en Norsca avait refait surface — comme si son esprit blessé endolorissait également son corps. Tromper l’ennui avec des esclaves humains était une solution, mais pas pérenne ; même la plus belle singe du sérail des Drakilos n’avait pas les yeux de son Ombre.

Elle avait vu des têtes familières passer présenter brièvement leurs hommages. Ils ne s’attardaient jamais trop longtemps. Kecer, Aeman, Harun, Lirva… Des Elfes qui avaient refait leurs vies aux quatre coins du continent, obligés de revenir un par un à Karond Kar, forcés sous peine d’être mis au ban et considérés exclus de la dynastie. Ça ne faisait plaisir à aucun d’entre eux d’être là. Ils craignaient de tout perdre, de voir leurs péchés livrés en plein jour. Mais la carotte et le bâton faisaient le travail — personne n’avait envie de perdre la faveur de Sighi, et à l’inverse, chacun pouvait espérer la gagner dans les prochains jours. Être investi de nouveaux pouvoirs. Recevoir des récompenses, peut-être le commandement de l’Arche Noire familiale, l’Augure des Larmes d’Isha. Chacun occupa une chambre, ou juste une pièce transformée en chambre quand ils n’étaient pas assez hauts dans l’organigramme familial. Pour certains, ces vacances à Karond Kar allaient rappeler les baraquements du service militaire…

Akisha avait également vu passer des têtes nouvelles. Des militaires portant la livrée blanche dynastique, mais dont les visages ne lui disaient rien. La guerre civile dans laquelle s’était lancée Sighi avait été coûteuse en troupes — beaucoup des gardes habituels de la famille avaient été tués ou blessés dans différentes actions coup-de-poing. Sighi doubla bien les effectifs de la garde, et engagea de nombreux corsaires et ex-soldats désargentés de toutes sortes, mais leur loyauté était fortement questionnable. Le manoir Drakilos ne ressemblait plus tellement à un palais royal, il ressemblait maintenant à une garnison militaire. Les esclaves étaient les plus inquiets du changement. On ne les entendait presque plus jouer de la musique, et ils s’attelaient plutôt à barricader des fenêtres et renforcer des portes avec des cerclages de fer. On se préparait à un siège, et il fallait transformer le manoir en château-fort.




Ce soir, le conseil s’ouvrirait avec une grande cérémonie. Les quelques retardataires avaient intérêt à se dépêcher — une fois le grand portail verrouillé, plus personne ne serait autorisé à rentrer ou sortir avant que le conseil ait tranché toutes les questions qui auront été soumises à son consensus. On ouvrirait la soirée par un sacrifice et une messe. Puis on engagerait un immense banquet, dans lequel boire serait une obligation ; quel est l’intérêt de se dire au-delà des tentations si on n’y est jamais soumis ?

Akisha avait eut l’après-midi pour se faire belle. Prendre un bain de lait d’ânesse, se revêtir d’une robe avec des bijoux, être coiffée par ses esclaves avec une chevelure impeccable. Il fallait qu’elle fasse bonne impression. Pour quoi ? Pour rien. Elle n’avait rien à gagner ce soir. Elle avait préparé cette soirée dans le dos de tout le monde, avec sa petite sœur. Devant le conseil, elle assumerait l’échec de l’opération en Norsca, et proclamerait que c’est la petite Megeth qui a sauvé les meubles et permit de ramener et des dizaines d’esclaves, et la bague dynastique qui marquait la famille comme une dynastie nobiliaire par la volonté du Roi-Sorcier. Megeth serait auréolée d’un nouveau prestige, alors qu’Akisha deviendrait le mouton noir de la famille.
Au moins pouvait-elle profiter de ce soir, puisqu’elle n’avait rien à gagner.

L’Isaltau, c’est-à-dire le maître d’hôtel de la famille Drakilos, vint toquer à la porte d’Akisha tard dans la nuit. Gilerien annonça à Akisha qu’elle était attendue devant le jardin — ils allaient pouvoir assister à l’incendie des Elfes de paille. Et elle allait pouvoir se mêler à tout le reste de la famille.

Une fois Gilerien partit, Akisha put sortir, et suivre une longue allée qu’elle connaissait par cœur — elle jouait ici quand elle était gamine. Escortée de serfs, elle put remettre aux esclaves les effets personnels dont elle pourrait éventuellement avoir besoin — sa drogue et ses remontants offerts par ce taré de Magnouvac, par exemple.

Un jeune Elfe, du moins de son âge, se tenait devant un balcon, les mains dressées sur la rambarde. Il était beau. Élégant. Vêtu d’un grand doublet violacé bien feutré. Il avait changé…
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C’était Aeman Drakilos. L’actuel chouchou de Sighi. C’était un cousin d’Akisha, le petit-fils d’un des dynastes tués par Lokhir Fellheart, durant une vieille guerre civile.
Enfants, Aeman et Akisha étaient inséparables — ils n’arrêtaient pas de ruer ensemble. Aeman s’en fichait qu’Akisha soit une fille ; il salissait toujours sa robe en la poussant par terre ou en la frappant. C’est pour ça qu’elle l’adorait, il l’avait toujours traitée comme une égale, comme une corsaire.

Il était devenu bête. Irascible. Violent et irréfléchi. Un véritable indépendant, Aeman avait décidé de s’engager dans l’armée volontairement, alors que Sighi avait prévu que cette obligation saute, après un pot-de-vin à Naggarond. Mis à la tête de la fabrication d’arbalètes, un commerce que détenait la dynastie, il n’avait jamais pris son travail au sérieux et avait failli provoquer la faillite de l’affaire, avant que dame Mesani ne vienne en urgence sauver les meubles.
Le rêve d’Aeman était d’intégrer la garde noire de Malékith. On le lui avait interdit. Alors il était devenu corsaire.

Et maintenant il était là, à regarder les Elfes de paille. Il attendit qu’Akisha vienne naturellement à côté de lui pour engager la conversation, sans même la saluer. Réflexe de quand ils étaient gosses, sûrement.

« Mamie a mit les petits plats dans les grands. »

Mamie. Sighi pouvait l’égorger si elle l’entendait l’appeler comme ça.

« Je fais un pari avec les autres, chacun mise un esclave : on se demande quel prêtre de quel Dieu la Sighi a choisi d’inviter.
Presque tout le monde dit Khaine, histoire de pas être trop original. Moi, je ne sais pas pourquoi, mais je sens bien Mathlann ; elle a toujours été très tournée vers la mer et l’aventure, notre matriarche.
Tu joues avec nous ? »

Tu es actuellement à 8 PV. Tu es encore couverte de cicatrices, à moitié dans le coaltar, tu n’arrêtes pas de régulièrement tousser des glaires alors que ta pneumonie refait surface… Mais tu es hors de danger, et tu n’as plus aucun poison dans ton système. C’est juste chiant.

Hésite pas à me voir par MP si t’as besoin de construire ton post, ou si tu veux des jets pour faire des trucs. Va y avoir beaucoup de parlotte, alors hésite pas à prendre des notes — et à me dire s’il y a un souci, parce que ton MJ est teubé des fois et oublie des détails lui-même, c’est sérieux hein ?
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par Akisha Drakilos »

Je me réveille brusquement en toussant, le corps empêtré dans un amas de draps et de confort. J'ai la tête qui tourne, et j'ai soif. La lumière qui traverse la fenêtre et se diffuse, tamisée, dans la chambre me heurte les yeux. Il y a une odeur désagréable de sueur froide qui agresse mes narines. Blessante surprise, elle vienne de mon corps, et du tissu autour qui s'en est soigneusement imprégnée.

Et de la... Chose, qui ronfle à côté de moi dans une indifférence bienheureuse. Une des servantes mon-keighs, avec de longs, très longs cheveux blonds comme le blé, qui inondent le lit et moi avec. Elle est nue, et moi aussi. Comment en suis-je arrivée là ?
J'ai beau me cogner le crâne, je ne me rappelle de rien. J'ai trop bu. Pourquoi j'ai bu ? Je ne bois jamais. Jamais à ce point.

J'aurais dû partir avec Rekhilve. Ç'aurait été une mauvaise idée, mais je me serai saoulée à l'eau de mer. Et je me serai réveillée à côté d'elle, pas avec ce pâle substitut.
Avec le grognement d'un ultime effort, je renverse les draps et m'extrait du lit. Titube à travers la pièce, jusqu'à mon bureau, où trône une carafe d'eau. Je bois directement au goulet. Tousse et en recrache la moitié.
Le bruit a réveillé la singe. Elle me regarde avec des grands yeux. Des yeux bleu océan.
Ça parvient juste à me mettre encore plus en rogne. Je lui hurle dans sa langue primitive de dégager. Le sang qui me monte à la tête, le bruit qui me cogne au crâne me donne le vertige. Je m'assois le temps que ça passe.

Lorsque le plancher termine enfin de tanguer, elle est déjà partie. Je ne l'ait même pas entendue claquer la porte.





On toque à la porte. À moitié dans les vapes, enfoncée dans l'oreiller, je ne bouge pas une oreille. Un deuxième cognement retentit, plus insistant, mais toujours dans la retenue. Même si j'en avais envie, je n'en aurais pas la force. Et je n'ai pas envie de bouger de toute façon.
La porte s'ouvre. Quelques bruits de pas, des gens qui s'avancent au pas de loup. Je n'ai même pas besoin de regarder pour deviner qu'il s'agit d'esclaves.

Tout à l'heure, les deux avançaient exactement du même pas prudent. C'était pour le repas du midi, je crois. Ils venaient m'apporter un plateau-repas. Je ne reçois pas beaucoup de visites, et je n'ai pas vraiment envie de sortir de toute façon. Tout ce que je vois depuis qu'elle est partie, c'est les cousins éloignés qui rentrent au bercail pour le Conseil, et dont la visite chez cette andouille d'Akisha est un passage obligé. Ça et des esclaves.
Autant dire personne.

Celle de ce matin est-là, les bras chargés comme les autres de vêtements et de maquillage. Elle me regarde avec ses grands yeux bleus, à faire de son mieux pour cacher son angoisse, que ce qu'il s'est passé cette nuit lui attire une attention bien indésirable...
Moi ça me donne juste la nausée. Mieux vaut que je ne me rappelle pas.
Je dirige mon attention vers la cheffe du groupe, la matrone-styliste qui mène son monde à la baguette, pour mieux me cirer les pompes quand je suis dans les parages. Elle m'explique que je dois être préparée pour le Conseil de ce soir. Il ne faudrait pas avoir le mauvais goût de faire honte à mon arrière grand-mère.
Je digère l'information, mes muscles toujours figées dans le matelas. Un singe s'approche de moi pour me proposer son bras. Je lui gifle la main levée, mais ma blessure d'orgueil à le mérite de me pousser au dynamisme. Je me lève et toise la demi-douzaine de macaques autour de moi. Ils sont tous plus petits que moi, même les mâles. Ça flatte mon instinct de prédateur, de les voir tous lever la tête comme ça.

D'un geste du menton, je leur ordonne de se diriger vers le grand miroir adossé dans un coin de la pièce. Un mon-keigh se précipite pour poser un siège, un autre pour déplier la desserte portative qu'il trimballe. Tout le monde déploie ses outils.
Le calvaire commence.





Trois heures. C'est peu pour se faire belle, paraît-il. Sighi met sans doute beaucoup plus de temps. Megeth aussi, même si elle n'en a pas besoin, au fond.
Pour Rekhilve, ç'aurait été beaucoup, mais c'était parce qu'elle s'en fichait. Et elle se fichait aussi de comment j'avais l'air. On avait pas besoin de tout ça. Un vaste gâchis, si mon avis intéressait quiconque dans cette gigantesque bicoque.

Je regarde par la fenêtre pendant une majeure partie du supplice. Ma vue offre une superbe vue sur la jardin, ce qui me permet de ne pas louper une miette des préparatifs là-dehors, qui sont en cours depuis ce matin. Ces gigantesques statues de paille, pour la cérémonie d'ouverture. Une débauche de moyens pour attirer le regard et la faveur des Dieux sur les chamailleries qui se joueront au palais dans les prochains jours.
Eh bien, avec le tour que je m'apprête à leur jouer, j'espère que les Dieux m'auront à la bonne... Ou qu'au moins Khaine m'évitera de me faire lyncher sur place.

Quand ils ont enfin terminé leur oeuvre, les esclaves se lèvent, laissent la matrone m'examiner d'un air satisfait, avant que tout ce beau monde détale, me laissant seule face au miroir.
Méconnaissable, mais pas étrangère. Quelques traits de maquillage discrets pour souligner mes yeux et gommer les imperfections de ma carnation. Un collier d'argent, chargé d'améthystes, puisqu'il paraît que cela s'agrémente correctement à mes yeux et à ma robe blanche. La même que lorsque j'étais revenue à la maison pour voir Sighi. J'ai une tendance au conservatisme pour mes tenues mondaines, il est vrai.

Je passe les heures qui suivent à regarder tout ce beau monde s'agiter dans le jardin, jusqu'à ne plus voir que les feux lorsque la nuit tombe. Finalement, quelqu'un toque à la porte, d'une main beaucoup plus affirmée. C'est Gilerien, l'Isaltau de notre famille. Accompagné d'un petit sourire aimable, il m'invite de sa voix toujours polie et claire de participer aux festivités. Je sors peu après de ma chambre, pour la première fois depuis deux jours.

Je ne croise pas grand monde dans les couloirs, excepté des gardes que je ne reconnais pas. Vendetta oblige, le roulement chez nos hommes et rapide et l'espérance de vie s'accourcit. Le premier visage connu est dehors, adossé à la rambarde. Je ne le reconnais pas au visage, d'ailleurs, puisqu'il me tourne le dos.
C'est quelque chose dans l'allure des épaules, de la nuque. Aeman.
Un cousin direct. Et une petite brute. Mais une brute que je connais depuis toute petite, qui m'aime bien, et que j'aime bien. Alors je peux lui pardonner. Je le rejoins sans rien dire, m'adossant à côté de lui sur le balcon.

Il me parle directement, mettant les pieds dans le plat. Il n'a pas changé là-dessus. C'est une bonne chose que je sois tomber sur lui en premier. Avoir quelqu'un qui me fait des ronds-de-jambe, c'est bien la dernière chose dont j'ai besoin ce soir.

Je glousse comme la petite fille que j'étais à sa mention de "Mamie", mais pour une fois ça ne me dérange pas. Avec lui, je peux me permettre de rigoler bêtement.
Un pari, qu'il veut. Eh bien, parions. Quelques esclaves traversent mes pensées quand je réfléchis à celui que je choisis. La fille aux longs cheveux blonds me traverse l'esprit un instant, mais je n'y arrive pas, et je me haïs pour cette faiblesse. Je choisis celle aux cheveux courts, qui était là lorsque Rekhilve était entrée dans ma chambre pour la première fois. Elle aussi, elle me fait penser à mon Ombre. Qu'elle disparaisse de ma vue serait une victoire en soi.

- "Mouis, Mathlann, c'est pas mal," dis-je avec un petit sourire à son adresse, presque caché. "Mais vu qu'il s'agit du Dieu qui présidera le Conseil décidant de l'avenir de notre Maison, je dirai... Moraï-Heg." Je le regarde en silence un instant avant de reprendre. "C'est la déesse fétiche de notre Maison, et Sighi est persuadée que les Drakilos sont ses élus. Moi aussi je le pensais avant." Terminé-je pensivement. "Merde, on a une chapelle privée qui lui est dédiée là-dedans," ricané-je en pointant du pouce l'intérieur du palais, derrière nous.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
Annexe de la Fée sur Karond Kar

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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« Morai-Heg… »

Aeman répéta le nom de la Déesse aux corbeaux avec une petite voix. Un choix étrange, Morai-Heg ; La Déesse de la destinée et de la mort, celle qui prévoit le futur et connaît chaque événement qui arrivera. La maîtresse du futur, là où les Elfes sont un peuple aimant le passé. Il y avait peu de divinité comme elle, qu’on honorait plus par peur que par véritable dévotion.
Les Drakilos avaient une sombre histoire avec Morai-Heg. La fondatrice de leur lignée noble était une arbalétrière ; les tireurs à distance ont une place spéciale pour la Déesse-Corbeau dans leur cœur, car les traits volent à travers les cieux selon sa volonté, Elle-même décidant qui serait touché, et qui serait épargné. Les prières envers elle s’étaient pourtant taries avec les générations. Comme tous les autres Druchii, on priait en tout premier lieu Khaine dans le manoir des Drakilos.

« Tu n’es pas la seule à avoir donné cette idée. Il y a aussi Hazeck.
Il faut que je trouve Megeth, pour qu’elle joue le jeu. »


Les deux Elfes discutèrent de ce qu’Akisha acceptait de mettre en gage. Alors, Aeman se tourna pour observer la jeune humaine aux cheveux courts qui serait risquée pour ce sombre pari. Le grand Aeman se détacha de son rebord, et s’approcha de la femme-singe pour en faire le tour, alors qu’elle restait sidérée sur place, en regardant ses pieds.

« Tu as toujours eu bon goût pour ta domesticité. J’espère bien que le prêtre officiant sera un serviteur de Mathlann. »

Et sur ce, il fit un signe de la tête pour continuer son chemin.

« Allons-y ? »

Côte-à-côte, ils traversèrent la grande mezzanine, et descendirent des marches qui menaient à une immense terrasse éclairée où se trouvait beaucoup de monde. Aeman en profitait pour continuer sa conversation :

« Une nuit claire, c’est un temps magnifique pour naviguer. Faut que je présente mes hommages à Kovus. Comment va-t-il ? »

Akisha n’en avait aucune idée. Elle avait passé des mois à éviter son ancien second, et le meilleur ami de son père. Le navigateur qui l’avait amené jusqu’en Norsca, et ramené jusqu’à Karond Kar, n’était pas non plus venu la trouver pour présenter ses hommages. Pas une seule fois. Elle aurait aisément pu le prendre comme une insulte — après tout, c’était elle la noble, et lui le roturier.
C’est Kovus qui avait appris à Aeman à naviguer, à l’époque sur une simple chaloupe dans la baie de Karond Kar, quand il était gosse. Une autre époque, tellement plus simple…

« Quand je pense que tout le monde est venu avec quelqu’un à son bras. J’espère que les viocs vont pas me faire de remarque. »

Il faisait bon, même en cette nuit. Frais, mais les Druchii avaient des corps habitués au glacial. Et puis, à être des dizaines sur cette immense terrasse, ils pouvaient se réchauffer.

Qui se trouvaient ici ? Les Drakilos, évidemment. Tout ce qui restait de la dynastie et qui était arrivé en avance. Des esclaves, bien entendu ; des humains, hommes et femmes, tous vêtus de robes blanches un peu transparentes, et au visage camouflé par des masques en papier mâché. Et puis, la masse d’entre-deux ; les employés de la maison, les domestiques qui avaient juré fidélité envers maîtresse Sighi. Pas tant de militaires ; les gardes-du-corps étaient occupés à tenir l’enceinte du manoir et on les trouvait surtout en patrouille sur le toit. Il y avait en revanche des musiciens esclaves en train de jouer un air de bal, et quelques valets serviles qui faisaient des aller-retour entre le manoir et la terrasse pour ramener à manger, ou bien des napperons, ou bien quoi que ce soit qui pouvait leur être demandé.

Sighi Drakilos n’était pas encore ici. Une place lui avait été réservée en plein milieu de la terrasse — une chaise couverte de coussins de velours, et avec un dossier décoré de jolies dorures. Un trône, à la mesure d’une chef de famille. Juste devant le-dit trône, se trouvait un petit réceptacle où était posé un bijou ; la bague dynastique, celle qu’Akisha avait récupérée en Norsca.

Les invités étaient en train de former des petits groupes. Pour l’heure, on buvait gentiment de petits alcools mousseux, et tout le monde se tenait très bien. On entendait des rires brouiller l’oreille, et on échangeait des anecdotes, alors que tout le monde se retrouvait.

Rapidement, Akisha fit le tour de la terrasse avec ses yeux pour voir qui était présent ;

Autour d’une table, le navigateur Kovus était en train de discuter avec un groupe d’hommes. Il y avait là ses deux oncles, Khaeleth qui était un secrétaire du culte de Khaine à Har Ganeth, et Kecer, qui était un administrateur des affaires de la famille. Plus étonnant, Taemon, un lointain cousin qui lui aussi vivait à Har Ganeth ; Akisha ne l’avait pas vu depuis tellement d’années… Elle avait peu de souvenirs de lui, il lui avait semblé qu’il était courtois et aimable, et qu’il servait de cavalier dans l’armée royale, mais impossible d’oublier la rumeur tenace disant que sa mère l’avait engendré avec son propre frère ; les Dreyalan sont une grande famille de Naggaroth, siégeant au Conseil Noir, le parlement du royaume. Mais c’étaient des dynastes de Har Ganeth, et Har Ganeth était loin.
Enfin, pour compléter le tableau, il y avait aussi un Elfe très beau qu’Akisha reconnaissait — c’était le petit frère de Vatecis Tullaris. Il était venu avec son costume noir d’officier de marine, couvert de médailles.
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Kovus, amiral Druchi.


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Khaeleth Drakilos, législateur du culte de Khaine.


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Kecer Drakilos, directeur de l’arsenal Drakilos.


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Taemon Dreyalan-Drakilos, cavalier de l’armée de Malékith.


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Lukain Tullaris, corsaire


Un groupe de garçons, donc, tous d’un certain âge. Visiblement, Taemon était en train de parler trè fort, il racontait une anecdote que tout le monde écoutait avec attention.



Plus loin, Akisha découvrit d’autres personnes en train d’occuper stratégiquement l’emplacement du buffet, où ils se gavaient tous de petits fours. Son grand-frère, Nokhis, était là, dans son fauteuil roulant, avec une jolie esclave humaine pas bien habillée, et sans son masque sur le visage, qui était en train de lui tendre des apéritifs pour lui filer la becquée ; au moins Nokhis avait l’air en forme, il n’avait pas sa tête d’enterrement habituelle. À ses côtés, son garde-du-corps, Atar el Cereon, qui se servait du vin.
Il était en train de discuter avec les deux enfants de Kecer. Akisha reconnaissait Harun, un élégant petit bonhomme flagorneur et paresseux, et Ilanya, une très belle Elfe narcissique au possible — si Harun menait encore une vie de garçon, Ilanya était mariée et avait un enfant, sauf que son époux n’était pas là et son rejeton de dix ans, Furion, était tout aussi introuvable ; ça n’avait pas l’air de trop la choquer.
Il y avait aussi Hazeck, un beau garçon qui avait été l’amoureux d’Akisha durant l’enfance. Ça remontait à loin, mais les retrouvailles avec lui étaient toujours teintées de malaise…
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Nokhis Drakilos


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Atar el Cereon


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Harun Drakilos


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Ilanya Drakilos


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Hazeck Drakilos


Assis face-à-face devant une chaise, Akisha vit Vateci Tullaris, son ancienne contre-maîtresse ; la belle Elfe était habillée comme d’ordinaire, avec une magnifique robe échancrée et décolletée jusqu’au nombril ; une différence de taille avec l’ordinaire, cependant — elle avait les yeux bandés par un voile de soie. Discutait avec elle ce bon vieux Kehem, le traducteur volage et qui n’arrêtait pas de gagner du galon…


Un bruit à sa droite. Éloignée de la terrasse, Akisha vit la femme de Hazeck bien plus occupée de son mari qui dégustait des bouchées de caille :
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Mesani


Elle était en train de se battre avec sa fille de quatorze ans, appelée Sighi, qui avait visiblement mis sa petite robe en pagaille. Pauvre Mesani était en train de l’engueuler tout en tirant sur les épingles de son vêtement ; ça pouvait rappeler à Akisha comment elle aussi, petite, rendait la vie très difficile à sa mère.
Mesani ne ressemblait pas à une Druchii. Une grande elfe rousse, elle avait un accent qu’Akisha ne parvenait jamais à parfaitement placer ; elle ressemblait à une Asrai d’Athel Loren, les Elfes qui n’avaient pas rejoint l’exil après la mort du roi Caledor II. Très compétente, expérimentée en de nombreux domaines, elle avait été récompensée par Sighi qui l’avait trouvée on-ne-sait trop où : on lui avait offert un Drakilos comme époux, en plus comme si ça ne suffisait pas, Sighi l’avait adoptée pour qu’elle soit reconnue comme sa fille. Rare que Sighi montre une telle profusion de bienfaits envers… Envers quiconque, en fait.



Bref, du monde. Un tas de monde. Aeman regardait partout comme elle, en ricanant :

« Hé, ça fait du bien de voir tout le monde réuni ! Je me demande ce que notre maîtresse a prévu pour nous amuser. Là c’est tranquille pour l’instant.
Je vois pas Megeth, par contre. Où se cache ta sœur ? Elle est avec Sighi, tu penses ? »


Alors qu’Akisha allait lui répondre, elle vit une chose terrible.

Au milieu de la foule des invités, il y avait un Elfe tout seul. Un verre à la main, il errait sans trop savoir où entre les groupes, le regard perdu. Il regarda un instant les musiciens, et présenta ainsi son profil à celle qui le regardait.

Grand, blond, le visage bizarrement familier.
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Il s’appelait Hauclir Phaeceaes. Il était le fils unique de Fereoth. Il était normalement en train de faire son service militaire pour Malékith, gardant un vieil avant-poste à la frontière glacée tout au nord de Naggaroth. Et le voilà qui était ici, hagard et perdu.

Akisha voyait des morts. Impossible de le regarder sans repenser à lui…
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par Akisha Drakilos »

En descendant avec Aeman l'escalier menant au banquet, je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression de dégringoler dans la fosse aux lions. Ils sont tous venus à la demande de la Matriarche, parce qu'ignorer l'invitation est un excellent moyen de se voir offrir un aller simple dans les tours de guet de la frontière nord. Mais ils sont aussi venus pour le spectacle, au premier lieu le sale quart d'heure que je m'apprête à subir pour le fiasco en Norsca. Mais ils n'ont pas encore idée d'à quel point ils vont en avoir pour leur argent.

À sa question sur Kovus, je hausse les épaules, incapable de répondre. Peut-être a-t-il été grassement récompensé pour avoir sauvé les meubles, peut-être a-t-il payé par accointance avec moi, et m'en veut-il à mort. Qu'est-ce que j'en sais ? Je ne l'ai pas vu depuis... Depuis notre retour, en fait. Je n'ai pas cherché à le revoir, et lui non plus. Je suis trop fatigué pour lui en vouloir, ou même m'en inquiéter.

La plainte d'Aeman me rappelle des préoccupations plus directes, et m'arrache un grognement de sympathie.

- "À tous les coups je vais aussi y avoir droit. On aurait dû y aller ensemble, juste pour les faire bisquer," le taquiné-je. "Au moins ils nous foutraient la paix."

En rejoignant la terrasse, je reconnais les visages de la multitude autour de moi. Du plus ou moins beau monde, selon le caractère des personnes présentes. De l'agréable à l'insupportable, en passant par l'exubérant et l'inquiétant. La famille, quoi.
Il y a aussi toutes les grandes pontes de la clientèle Drakilos, dont Kovus (qui semble s'en être bien sorti, finalement), Kehem, Vateci et son frère. La curiosité de la soirée reste quand même l'épouse d'Hazeck, cette grande Asrai aux cheveux roux, qui détonnent au milieu de toutes ces chevelures noires, blondes et blanches. Un petit bout d'exotisme comme on a pas l'habitude de voir par ici.

La question de mon cousin me fait tourner la tête. Megeth ? Sans doute en train d'essayer de contrôler son excitation avant sa pavane publique. C'est sa soirée, son triomphe. Je l'ai assez préparé avec elle pour le savoir.
Seulement, rien ne sort de ma bouche. Ce que j'ai vu... Fereoth. Mais qu'est-ce qu'il fo-
Étranglée, je réponds à Aeman dans un souffle.

- "S-sans doute..."

Non, pas Fereoth. De face, son visage est légèrement différent. C'est là que ça me revient : Hauclir, son fils. Son seul enfant.
Mon estomac se serre à le voir là, errant comme un chiot perdu au milieu de la foule. Sans son père, il ne connaît personne. Il était assigné à un poste paumé aux frontières des Désolations pour son service militaire. Il aurait pu ne pas venir et personne ne l'aurait remarqué.
En fait, à le voir tournoyer sur la terrasse, incapable de s'inclure dans l'un des groupes autour, je suis sûr qu'il regrette d'avoir fait le trajet...

Posant une main sur l'épaule d'Aeman, je prends congé et me dirige vers Hauclir, portée presque contre ma volonté par mes jambes.
Je ne sais pas pourquoi. En ma qualité, je pourrai rejoindre n'importe qui parmi la foule, et entamer facilement une discussion. J'attrape à la volée un verre sur le plateau d'un serviteur sur le chemin, qui manque de se vautrer.
Peut-être qu'en tant que futur paria, je ne peux pas m'empêcher une certaine solidarité avec les exclues de la fête. Ou que je me sens responsable de son isolement ce soir. Si Fereoth était là, j'en suis sûre, il l'aurait pris sous son aile et introduit aux autres, comme mon père à pu le faire avec moi.

Son visage se redresse brusquement. Il m'a vu. Je continue d'avancer.
C'est fou ce qu'il ressemble à son père.
D'une inclination de la tête, je l'incite à me suivre. Nous nous éloignons de la terrasse et de son agitation.

Finalement, nous nous arrêtons. Il me dévisage, un peu mal à l'aise. Je dois le regarder tellement étrangement. Nous n'avons toujours décrocher aucun mot. Encore quelques secondes de plus et ça va devenir franchement bizarre.

- "Hauclir... Ça fait longtemps.

La banalité de ma phrase me fait hurler intérieurement. Je monte mon verre aux lèvres pour noyer mon malaise.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

À voir Akisha ainsi le larguer sur place, Aeman fit des petits yeux et resta bouche bée ; il devait croire qu’il avait dit quelque chose de mal, parce qu’il balbutia comme un ahuri des débuts de paroles qui sonnaient comme des excuses — il n’était pas habitué à être lâché en pleine conversation, sans doute.



C’était à peu près le même regard que Hauclir offrit à la fille Drakilos quand elle se planta de nulle part devant lui. Il semblait avoir été pris par surprise, mais il accepta de suivre Akisha loin de la terrasse comme un chien. Un chien bien dressé, parce qu’il marchait de pas fermes, presque comme une oie, derrière les claquements de talons de la femme.

Ainsi, ils allèrent dans le noir, au milieu du domaine autour du manoir Drakilos, là où il n’y avait que peu de braseros pour baliser la voie. Ici, ils étaient surtout illuminés par le croissant de la lune verte, ce qui n’améliorait pas le malaise. Leurs seuls témoins, c’étaient des esclaves jardiniers en train de bosser à tailler des buissons — ces singes-là s’éloignèrent très rapidement en allant chercher une corvée ailleurs quand ils découvrirent les Elfes.

Hauclir avait l’air bien mal à l’aise. Il était au repos militaire : il gardait ses deux mains dans le dos, les pieds écartés devant lui, comme s’il écoutait attentivement un officier. Visiblement, ses longs mois de service sous les drapeaux l’avaient domestiqué, c’était un syndrome qui touchait pas mal de Druchii récemment engagés ; oncle Kecer les appelaient les petites barbes pour se moquer d’eux, parce qu’ils ressemblaient à des Nains avec leur discipline. Chez certains, comme Aeman, ça ne partait jamais. Pour d’autres, ça se corrigeait après quelques années dans le luxe et les orgies.

Au moins, ça faisait un interlocuteur attentif. Mais peu causeur. Et la simple banalité d’Akisha n’aida pas à dissiper le malaise. Le fils de Fereoth se contenta de hocher de la tête, avant de tout simplement répondre :

« Oui, maîtresse. »

Maîtresse. Hormis les humains, ça faisait un moment que personne n’avait appelé Akisha comme ça. Certainement plus ses pairs. Cette forte titulature, la dernière fois qu’elle était habituelle, c’était en Norsca.

Et voilà que le silence de plomb revenait s’abattre sur eux deux. Mais Hauclir décida bien de faire un effort, et de reprendre la conversation, même si c’était d’une voix incertaine et un peu traînante :

« J’ai, heu… J’ai reçu une permission, pour assister à une cérémonie funéraire en l’honneur de mon père. Je dois offrir un sacrifie à Morai-Heg.
Mon capitaine n’était pas certain de si je devais ensuite retourner au service, ou bien de si j’allais être démobilisé avec les honneurs pour reprendre les affaires de mon père. Je… Crois que ma mère va parler à l’honorable dame Sighi pour aller en ce sens.
Je ferai évidemment ce que les Drakilos attendent de moi. C’est un honneur pour moi de servir cette grande famille. »


Et il s’inclina un tout petit peu.

« …J’ai, heu… J’ai également entendu pour votre seigneur-père. Sa Majesté Malékith lui a rendu hommage, et même aussi loin que la garnison où j’étais, nous avons eu une minute de prières pour lui rendre hommage.
Vous devez être très fière, de comment le Roi-Sorcier a fait honorer son nom dans tout le royaume ? »


Le pauvre ne parlait que de façon prudente et maniérée — ça se voyait qu’il disait ce qu’on croyait attendu, quand on était un vassal qui parlait à la fille de son suzerain. Mais il y avait bien quelque chose derrière, autrement il n’aurait pas cette tête triste de chiot battu.
La mort de son père semblait l’avoir très affecté, même s’il faisait comme si de rien n’était. Un point commun avec Akisha.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par Akisha Drakilos »

Je continue de vider mon verre pendant qu’Hauclir aligne un discours policé et finalement très convenu. Bien sûr, il n’allait pas s’ouvrir comme un livre pour me faire plaisir. Et puis, je ne sais même pas quoi lui dire.
"Ton père est mort à cause de mes conneries" ?
Je me mords la lèvre. Heureusement que le verre fait obstacle. Mais sans liquide à l’intérieur, je me retrouve bien forcée à le baisser.

Pour essayer de détendre l’atmosphère, je lève l’autre main à côté de mon visage.

- "Paix, Hauclir, je ne te tends pas un piège. La..." Je soupire. Merde, comment tourner ça ? "La mort de ton père m’a beaucoup marqué. Je le considérai comme un membre de la famille à part entière. Un oncle."

Se retrouver à mentir par omission à un fils, dont le père est mort directement par sa faute. Pourquoi je fais ça ? Qu’est-ce que je veux prouver ? Est-ce que j’espère un pardon, une absolution de la part d’Hauclir ? Alors que je suis même pas foutue de lui dire ce qu’il s’est vraiment passé ?

- "Il... Il aurait aussi mérité son nom dans l’hommage. Il m’a sauvé la vie, à moi et d’autres. Il a été brave." Bien plus que moi.

Je souris tristement et me détourne pour regarder la fête et les lumières, plus loin.

- "Tu peux être fier de ton père, comme je suis fière du mien. Mais entre nous..." Je rapporte mon attention sur Hauclir, le regardant droit dans les yeux. "Nous savons très bien que ça ne remplace pas le vide derrière eux. Mon père m’a laissé de grandes bottes, et j’ai de si petits pieds."

Ma métaphore oiseuse n’arrive même pas à m’arracher un sourire de dérision.

- "J’espère que ta demande aboutira. Je l’appuierai bien, mais ma parole ne vaut plus grand chose." À l’exception d’une unique occasion. "À l’issue du Conseil, ta position sera bien plus enviable à la mienne. Tu n’es peut-être pas encore au courant. Cela expliquerait pourquoi tu prends encore la peine de m’appeler ‘Maîtresse’." Je lui lance un regard incisif, comme pour le décourager si l’envie lui prenait d’insister. "Tu le découvriras bien assez tôt."

Je fais mine de partir avant de me raviser.

- "Si ta mère veut parler à Sighi, je te conseille d’obtenir l’appui de ma sœur. Elle aussi, elle a une dette envers ton père. "
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Les propos tenus sur son père semblèrent particulièrement affecter Hauclir — ce pauvre Druchii semblait tellement différent de tous les autres habitants de Karond Kar. Les aristocrates Naggarothi apprenaient vite à masquer leurs émotions derrière un masque d’impassibilité, de s’assurer de ne jamais trahir leurs pensées avec un haussement de sourcil, un fracas dans la voix, un simple tic qui les découvriraient ; mais le jeune soldat était triste, et légèrement en colère, et on voyait bien dans les traits de son visage l’affect qui tentait de contrôler son corps.

« Nous connaissons tous notre devoir. J’ose simplement espérer que mon père est mort à dessein. Qu’il s’est sacrifié pour une raison méritoire. »

Il y avait presque une pointe d’accusation dans son ton. Et son regard, dardé vers Akisha, soudain un peu moins servile et serviable qu’il y a un instant.

Et puis, ce petit bonhomme un peu perdu au milieu d’une fête où il ne connaissait personne, se trouva bien taquin — car il se mit à sourire en coin, alors qu’Akisha prétendait qu’elle appuierait sa mère devant Sighi.

« Je ne pense pas vous déranger en demandant vos soutiens respectifs, maîtresse.
Après tout, je crois même que c’est l’inverse, et que l’honorable dame Sighi va même insister pour que je sois retenu à Karond Kar — après tout, j’ai cru comprendre que les Drakilos avaient débuté une guerre avec la moitié de l’aristocratie de la ville et que vous aviez peut-être besoin d’officiers ? »

Alors qu’Akisha faisait mine de partir, Hauclir, les mains bien dans le dos, suivait derrière comme un garde-du-corps — ou un bon roquet. Il n’avait même pas l’outrecuidance de suivre sur ses côtés, il demeurait toujours dans son ombre.
Pourtant, il trouva assez d’envie de continuer la discussion.

« Dame Sighi est une violente et décisive stratège — comme doivent l’être les Druchii qui comptent marquer l’histoire. Je pense que cela ne plaira peut-être pas à tout le monde ; mais je sais que si mon père était là aujourd’hui, il serait absolument ravi.
Nous devons juste faire en sorte que cette guerre ait une issue plus favorable pour votre dynastie que la dernière. Et couler Fellheart. »

Un belliciste ; nul doute que Sighi n’allait pas pouvoir s’en passer.



De retour vers la grande fête, et les braseros illuminant la scène, Akisha put voir que les choses n’avaient pas vraiment bougé : les petits groupes autour de la terrasse étaient les mêmes, à l’exception d’Aeman, qui était un genou à terre à côté de Vateci, la contre-maîtresse aux yeux bandés — il venait de la faire rire, elle et Kehem debout derrière. Visiblement, le favori passait un bon moment, sans trop se rendre compte de ce qui allait se jouer ce soir.
Ou alors, il était parfaitement au courant, et faisait simplement mine de le prendre à la rigolade.

En voyant tout ça, Hauclir grommela un peu.

« L’ambiance a l’air détendue, c’est bien. »

Le pauvre fils de Fereoth était particulièrement con — évidemment que tout le monde avait l’air d’être détendu, si un seul d’entre eux montrait du doute, de l’appréhension, et se répandait en murmures et complots, il serait immédiatement pointé du doigt et considéré comme défaillant. Tout l’enjeu de ce conseil de famille était de prêcher l’unité et la sérénité, en oubliant qu’ils risquaient à tout moment un assaut de vengeance mené par des sicaires de dynasties adverses.
Mais il aurait bien le temps de parfaire son éducation plus tard.

Alors qu’Akisha réfléchissait à ce qu’elle allait faire dans les longues minutes qui allaient suivre avant le début de la cérémonie (Boire, planter Hauclir, passer du temps avec lui, embêter les pauvres esclaves-serviteurs en train de bosser, s’incruster dans un groupe…), voilà qu’une étrange scène se joua devant elle.



Malékith et Furion débarquaient de nulle part. Pas les vrais, évidemment, pas le Roi-Sorcier maître de tous les Elfes de la Terre et son sombre premier ministre qui chuchotait à son oreille ; plutôt deux garçonnets de dix hivers, leurs beaux vêtements en soie en pagaille, couverts de terre et d’éraflures : ces imbéciles avaient fui la garde de leurs parents pour partir jouer dans les vergers, et très ostensiblement, ils s’étaient battus. Malékith bouscula Akisha en rentrant dans sa cuisse, et voilà que, se retournant, il fronça ses sourcils dans un air tout fâché, et d’une petite voix aiguë qui n’avait pas mué, il se mit à rugir :

« Mais tatie, reste pas plantée là, tu gênes ! »

Il méritait bien son prénom — il était aussi imbuvable et imbu de lui-même que le monarque des Druchii. Il s’était pris tellement de claques et de punitions, et pourtant, ça n’avait rien fait pour améliorer son caractère de chien.
Il ressemblait bizarrement à Nokhis, quand il avait son âge.

Furion arriva en traînant derrière, essoufflé. Par surprise, il bondit sur lui, le toucha, en criant :

« Chat ! »

Soudain, Malékith toucha la cuisse d’Akisha et ordonna à son tour :

« Chat ! »

Avant que les deux ne s’enfuient en courant avec des cris dignes de Babille le Gobelin.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par Akisha Drakilos »

Par inexpérience ou par caractère, Hauclir a un point commun avec moi : on lit ses émotions comme dans un livre ouvert. Ce que j'y vois ne me plaît guère.
Loin d'avoir gagné sa sympathie, il voit dans mon ouverture une vulnérabilité. Il perd à vue d’œil ses manières et son respect.
Une pointe de fierté et de colère vient étouffer mon empathie pour l'orphelin esseulé, tandis que je réplique d'un ton laconique à sa première passe d'armes accusatrice.

- "Y a t-t-il plus méritoire que de donner sa vie pour la Marque des Drakilos ?"

Je me détourne avant qu'il n'ait fini de répondre, d'un geste rendu théâtral par le flottement de ma robe - et c'est bien l'un des rares avantages de ce vêtement. Le bougre ne lâche cependant pas l'affaire, comme je l'entends m'emboîter le pas et continuer sa diatribe. Toujours de dos, j'oriente partiellement la tête dans sa direction.

- "Oui, les hommes de valeur ont une espérance de vie désagréablement courte, dernièrement," conclus-je d'un ton léger.

Nous continuons jusqu'à rejoindre le cœur de la fête, où tous les convives s'amusent, ou font admirablement bien semblants.
Une crainte sourde, encore inscrite au fer rouge dans mon dos, me fait surveiller les futaies en bordure du jardin. Est-ce encore de la paranoïa lorsque l'on a raison d'avoir peur ?

Toute préoccupée par mon observation, je ne vois pas la petite bombe qui percute ma jambe. Je baisse les yeux.
Il s'agit de Malékith, l'insupportable moutard d'Hazeck et de son épouse Asrai.

J'imagine que c'est l'heure d'une confession. Depuis ma fin d'adolescence, je n'ai pas d'affection particulière pour les enfants. Pas de réveil maternel, même si les mères Druchii ne sont pas réputées pour leur tendresse. Pour moi, un bon gamin est un gamin sage, silencieux et qui connaît sa place. À savoir, pas dans les pattes des adultes en pleine réception du Conseil.
Bref, l'exact opposé du morveux à mes pieds, piaillant plus fort qu'un goret qu'on égorge.

Alors que je fronce les sourcils et m'apprête à copieusement engueuler le marmot, son cousin éloigné Furion, du même âge, déboule et, le touchant, lui colle l'étiquette universelle du Puant. Pas démonté pour autant, Malékith pivote et me la refile, avant de détaler en couinant de plus bel.
L'opération me laisse interdite quelques secondes, qui leur suffisent pour courir jusqu'en périphérie de la fête. Je remarque à quel point leurs tenues sont dans un sale état.

C'est qu'il serait tentant de tout planter là et de les rejoindre pour dégueulasser ma coûteuse robe blanche. C'est le genre de conneries que j'aurai pu faire si j'étais partie avec Rekhilve. Mais j'ai choisi. À commencer par arrêter de me laisser conduire par mes émotions, un choix qu'il serait temps d'assumer.

Je croise le regard avec la personne la plus proche, qui s'avère être Hauclir. Je tente de prendre mon meilleur air taquin, quand bien même j'ai juste envie de disparaître.

- "Hhmm, j'imagine que je suis sensée le refiler à quelqu'un d'autre..." fais-je avec un demi-sourire.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Si le but était de faire sourire Hauclir, c’était réussi. Le jeune soldat grimaça de façon bien heureuse, on découvrait alors sur son visage qu’il avait des fossettes quand on le faisait rire — il devait être rare qu’on puisse les voir. Les mains dans le dos, toujours tout droit au garde-à-vous, il hocha de la tête en répondant avec malice :

« Vous êtes d’humeur à les courser ? Je pense que ça serait rendre un sacré service à leur mère. »

Il est vrai que Mesani, la maman de Malékith, semblait absolument débordée. Celle de Furion en revanche, beaucoup moins — la jeune mère était en train de rire aux éclats, toute rouge, en tenant Hazeck par le poignet, le vin semblait clairement l’avoir déjà ambiancée.

Akisha décida de jouer à la plaisanterie de Hauclir. Tenant sur les pans de sa robe, elle se mit à pérorer avant de lui toucher l’épaule :

« Quand bien même l'envie ne manquerait pas, celle de garder la tête sur mes épaules est encore plus grande. Je suppose que leur mère devra compter sur…
Quelqu'un d'autre. »


Hauclir pouffa de rire. Main sur son cœur, il voûta rapidement le dos avant de se prendre au jeu :

« Je vais tâcher de les ramener à l'ordre avant que n'arrive votre grand-mère. Heureusement qu'ils ne sont que deux. »

Et le voilà qui s’en alla, d’abord au pas, puis au trot, tandis que les deux gosses voyant le gros matou détalaient en courant au milieu des esclaves qui assuraient le bal du service des petits fours et des coupes de vin pétillant.



À nouveau seule, Akisha décida de tuer le temps en allant rejoindre les hommes. Ils ne composaient vraiment pas le groupe le plus amusant : Kovus, Khaeleth, Kecer, Taemon et Lukain étaient tous en petit comité, leurs visages fermés, le verre à la main, à avoir des messes basses. Aucun ne s’était vraiment fait beau, ils étaient juste propres — tout en noir, costumes impeccables, joues rasées de près (Sauf pour Taemon qui visiblement était une manche avec le coupe-chou), avec des bijoux et une écharpe de soie brodée d’or en plus pour Khaeleth. Il n’y avait que Lukain pour essayer de faire rayonner cette bande de vieux schnocks, il avait une jolie tête de garçonnet — on se rappelait alors qu’il n’était que le petit frère de Vateci, et qu’il avait probablement mérité cette place à ce repas à cause de l’handicap de sa sœur.

Au moins, Akisha était à sa place parmi eux. Ils étaient les hommes de la famille, les serviteurs de dame Sighi, les hommes d’action bien terre-à-terre.


En la voyant approcher, les cinq la bouclèrent tous. C’était un peu gênant, comme si Akisha interrompait quelque chose, mais beaucoup de Druchii étaient comme ça — les scions de Naggaroth apprenaient dès l’enfance à cacher leurs émotions et maîtriser impeccablement leur langue afin de ne jamais dire le mot de trop. L’adjectif laconique en langue humaine avait une traduction Elfique : naggarythi.
Si en revanche, Akisha s’attendait à la moindre rancœur de la part de Kovus, ou bien c’était faux, ou bien le second-de-bord était un parfait hypocrite — loin de l’accueillir froidement, Kovus fut en fait le seul à sourire et à lever la main pour l’inviter à s’approcher, les quatre autres se contentant d’un simple hochement de tête.

« Maîtresse Akisha, lança le pilote, je suis soulagé de vous revoir, surtout en bonne toilette. La dernière fois que nous nous sommes vus, c’est quand l’Ombre vous a ramené sur son épaule…
Comment s’appelait-elle déjà ? Rekhilve. En voilà une qui a mérité sa paie. Où est-elle d’ailleurs ? Une fille de son talent, on en a bien besoin en ce moment…
Enfin bref, vous vous remettez ? Si je peux faire quoi que ce soit pour vous, n’hésitez pas à demander, je suis toujours votre homme. »


Kecer, le bureaucrate préféré de Sighi, et le plus aimable des « vieux » Drakilos, leva la main pour désigner le jeune gamin proche de lui.

« Kisha, tu connais Lukaris Tullaris ? Il nous fait l’honneur d’être parmi nous après ne pas avoir chômé ces derniers jours.
C’est lui qui a mené en personne l’assaut contre les Uroxis, et qui a capturé deux dynastes à la pointe de l’épée. Il remplace avec honneur sa sœur tandis qu’elle se remet de ses blessures.

– C’est un honneur pour moi, maîtresse Akisha ! J’aurais préféré servir avec vous sur votre navire, mais j’espère venger vos blessures et faire payer à ceux qui vous ont lâchement attaqué ! »

Il claqua des talons, et en même temps fit virevolter les dizaines de médailles qui étaient accrochées à son poitrail : le gamin était déjà un héros de la marine de Malékith. Mais comme beaucoup de Druchii talentueux, il quittait le secteur public pour revenir dans le secteur privé — c’est vrai que ça payait mieux…
En tout cas, voilà que, aussi cavalier qu’un Bretonnien, il se pencha et tendit ses doigts pour pouvoir faire un baise-main à Akisha. En voyant ça, Khaeleth d’ordinaire impassible ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel devant la mièvrerie de la scène.

Taemon, le cousin très éloigné, se mit à pinailler :

« Hé, c’est sûr que ça a l’air de bouger à Karond Kar. Mais c’est rien en comparaison de Har Ganeth !
Pas vrai, Kha ?! »


Khaeleth regarda son concitoyen avec un regard qui semblait dire qu’il allait lui cracher à la gueule ; comment un prélat du culte de Khaine pouvait se faire appeler par un tel diminutif ?! Mais Khaeleth ne dit rien, et se contenta de tirer la gueule en coin.

« T’inquiète pas Kisha, on va montrer à cette ville notre manière de faire — on a été dressés par les Furies ! On va faire flamber cette ville quand tu veux ! »

Et agité, voilà que Taemon agitait les bras dans tous les sens en faisant des gestes. Il semblait imiter des arbalètes avec ses doigts, et fit même des « tchik-tchik » avec sa bouche pour imiter le tir du trait.
Aussi idiot qu’il semblait, il y avait une règle importante dans le monde des Druchii : personne n’est vantard sans pouvoir le trouver. Si on pouvait prendre le jeune garçon pour un abruti, il était certain qu’il prenait ce qu’il disait au pied de la lettre, et il était probablement un excellent sicaire…
Enfin, il fallait l’espérer, car en fait, Akisha ne l’avait pas vu depuis tellement, tellement d’années.

« Il est vrai que vos renforts seront utiles. Et Akisha nous mènera au combat, dès qu’elle sera remise. »

Kovus s’avançait déjà, et eut les mines approbatrices de Taemon et Lukaris. Kecer et Kha, en revanche, se regardèrent en levant des sourcils.

« La prochaine stratégie sera établie dans les prochains jours selon les désirs de Sighi Drakilos, murmura un Kecer très diplomate. Il n’y aura peut-être même plus de combats.
– Et Akisha a subi de graves blessures, fit même Khaeleth. Je ne pense pas prudent de l’envoyer au combat…
– Qui d’autre qu’elle ?
Enfin, Akisha, c’est vrai — en meneurs avec des couilles pour aller casser des bouches, je vois que toi et Aeman, et Aeman a déjà dit qu’il ne prendrait jamais la place d’une des filles de Tevras, ça me semble donc tout décidé. On compte sur toi ! »

Kecer et Kha grinçaient des dents et semblaient bien mal à l’aise. Mais les trois autres regardèrent la jeune fille avec de jolis sourires honnêtes.
Jet de dragouille d’Akisha (Bonus : +2) : 9, ça passe bien.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Plus épais que l'eau.

Message par Akisha Drakilos »

Je suis décontenancée, mais agréablement surprise par les effets de mon simple petit jeu. Il n'en faut pas plus pour Hauclir, qui ne semblait attendre que cette excuse pour partir en de grandes enjambées vers les deux affreux morpions qui continuent de m'épier. L'incongru spectacle adoucit quelque peu l'amertume qui traîne au fond de ma gorge.

Seule, une fois de plus, je balade mon regard sur les convives assemblés en petits groupes. Toujours aucune trace de Sighi.
Revigorée par mon récent succès, je marche d'un bon pas vers un groupe pas spécialement détonnant, composé de mon oncle Khaeleth, mes parents plus éloignés Kecer et Taemon, Lukhain, le petit frère de Vateci, et Kovus, mon ancien second et pilote de Reaver. Leur sobriété est presque rassurante : ils ne sont pas là pour épater la galerie, ils sont juste là parce qu'ont leur a demandé. Pas de faux semblants, que des bonnes manières. Les deux se confondent si pourtant facilement.
Mais la vraie raison de ma visite, c'est de voir la tête de Kovus. De prendre la température, lui que je n'ai pas vu depuis mon retour de Norsca. Je lui avais fait des promesses en échange de son soutien, des promesses dont il est évident que je ne peux plus les tenir. Kovus n'est pas un Druchii frais émoulu, et il s'en est forcément rendu compte.

S'il m'en tient rancœur, force est néanmoins de reconnaître qu'il le camoufle extrêmement bien. Après m'avoir introduit au groupe, j'écoute chacun des membres. Les réflexes reprennent le dessus, et j'enchaîne les postures attentives, penchant la tête, riant légèrement aux remarques et glissant un compliment ou remerciement pour chacun, quand bien même toutes mes pensées sont tournées vers mon discours et ma mise au pilori prochaine.
La phrase fermement affirmée de Kovus après les premiers échanges attrape néanmoins mon attention. Les ripostes des uns et des autres s'enchaînent trop vite pour que j'intervienne, jusqu'à ce que, finalement, tous se tournent vers moi. Les pions sont placés, les deux camps m'observent dans l'expectative.
Je ne sais quel part d'enthousiasme et de cynisme est présent dans les larges sourires de Kovus, Lukhain et Taemon. Surtout Kovus, à vrai dire.
Cela me donne d'autant moins de remords à jouer sur ses attentes.

Lentement, presque solennellement, je me retourne, dos à eux. Je tourne la tête et attrape des deux mains ma longue chevelure blanche, qui cache la vaste échancrure du dos de ma robe, et la passe par dessus mon épaule, sur mon flanc droit.
Au milieu de mon dos, pile entre les omoplates se trouvent une hideuse petite cicatrice horizontale, aux croûtes rendues toutes noires par le poison. Du moins l'étaient-elles ce matin, dans le reflet du miroir tenu par les mains tremblantes de mon esclave.

- "J'ai reçu ce carreau en sortant Hathar de sous mon carrosse. C'était mon cocher cette nuit-là. Cet imbécile s'est fait attraper par des harpies un peu plus tard."

Je bascule de nouveau mes cheveux dans mon dos et me remet face à mon auditoire. J'ai un mauvais sourire, le même que j'avais juste avant de mordre Vateci.

- "Vous auriez vu leurs têtes quand je leur ai dit que je comptais y retourner. Ils n'ont pas osé me le dire en face, mais je suis à peu près certaine qu'ils m'ont pris pour une folle." Je secoue légèrement la tête. "Je ne peux pas entièrement leur en vouloir, ils n'ont visiblement pas l'habitude de voir un Drakilos se salir les mains."

Je plante farouchement mon regard dans celui de Kovus. Ces prochains mots sont pour lui.

- "La question ne se pose pas. Dès que je serai en état de tenir quelque chose de plus lourd qu'une fourchette, il est évident que j'aurai des dettes à régler. Le genre qui ne se règle qu'avec le sang."

Le plus beau dans tout ça, c'est que, au fond, je ne mens même pas.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
Annexe de la Fée sur Karond Kar

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