[Akisha] Tendresse

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

« On doit pouvoir sortir par là, si on défonce le mur. »

Atar désigna l’autre côté de la baraque. Les « maisons » qu’habitaient les humains n’étaient pas réputées pour la solidité de leurs fondations — ils squattent des entrepôts délabrés, et bâtissent des taudis les uns sur les autres pour former des sortes d’immeubles. Autant modifier l’environnement et se créer un chemin soi-même si aucun n’est offert.

« On a pas des outils ? Des piolets, des marteaux ?
– Dans la voiture ! », fit Vateci tout en serrant les dents. L’officière attrapa fermement le carreau dans son abdomen, serra des dents, et le cassa avec un simple gémissement. Ensuite, elle déchira un morceau de sa robe au couteau, affichant entièrement toute sa jambe gauche jusqu’à la hanche ; elle forma ainsi, sans même se plaindre, un épais bandage qui arrêta le saignement de sa blessure.
Pour tous ses défauts, elle était véritablement une militaire solide et avec un sang-froid à toute épreuve. Akisha gagnerait beaucoup à assurer sa loyauté, c’était certain.

« Bien — alors on peut faire sortir quelqu’un dehors pour aller les sortir et les ramener. Je propose Hathar. »

Le conducteur leva la tête avec un regard paniqué.

« Ta maîtresse t’as sauvé la vie, et t’es responsable de ton véhicule — t’es tout désigné à sortir dehors pour fouiller de quoi nous sortir de ce guêpier.
– Avec les humains dehors ? Et le tireur ?!
– On peut te couvrir — et puis, il a tiré un tas de carreaux, il doit être presque à court ! »

Sur ce, un nouveau trait frappa contre le bois de la porte d’entrée. Ni Vateci, ni Atar ne sursautèrent, mais les Elfes moins expérimentés ne semblaient pas du tout rassurés.

« Si on sort tous dehors en même temps et qu’on tire tout ce qu’on a dans cette putain de statue, il sera bloqué — ça t’offrira juste le temps qu’il faut.
– Pour une fois, je suis d’accord, rajouta même Vateci.
– Non ! C’est du suicide ! Vous avez vu comment il tire bien ?! Et puis tous les singes avec lui ! Même s’ils me tuent pas ils peuvent me toucher !
– Akisha, donnez-lui l’ordre de foutre le camp dehors !
– Si vous avez besoin, je peux le motiver correctement ! »
Jets de premier soin de Vateci : 1, réussite critique. Elle regagne 12 PV, cette chef putain.

Jet de force mentale d’Atar : (-2 : Pression du sniper) : 13, échec.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Alors que la douleur se fait plus palpable, et me brouille l'esprit, j'entends mes hommes qui se chamaillent. Des outils dans la voiture ? Vu le nombre de cloisons que l'on va devoir abattre, difficile de faire sans eux...

Pendant que ma contre-maître se fabrique un garrot de fortune sans la moindre once de panique, Hathar, le conducteur que j'ai tiré d'un mauvais pas se liquéfie en temps réel à l'idée d'être renvoyé dehors.
Le ton monte et se fait plus aigu, de colère ou de panique. Je m'arrache à la confortable et lancinante douleur qui me berce l'épaule pour m'imposer dans la discussion.

- "Suffit, Hathar. Les mon-keighs se sont enfuis. Quant à l'assassin, il n'a pas été engagé pour nous priver de vos talents de conducteur, mais pour moi." Je jette un coup de menton en direction du trait qui dépasse de mon omoplate. "Je vais sortir avec les autres. S'il trouve le courage de riposter, il n'aura d’œil que pour moi."

Joignant le geste à la parole, je saisis une arbalète laissée au sol. Si je me demande intérieurement par quel miracle je vais viser quoi que ce soit avec un bras, je ne peux pas laisser mes doutes transparaître aux autres. Je m'adosse à côté de la porte et lance un regard perçant à Hathar.

- "Prouvez-moi que j'ai eu raison de sauver votre carcasse. Allons-y."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Le conducteur de la voiture semblait soudainement détendu. Il hocha solennellement la tête, et se releva pour s’approcher également de la porte.

Mais les deux contre-maîtres bien plus vétérans, eux, se lançaient un regard qui remplaça toute discussion. Vateci ferma fort les yeux et colla sa tête contre le mur en bois, tandis qu’Atar observa Akisha en fronçant les sourcils. Et il chuchota quelque chose.

« Merde, ce qu’ils disent sur vous est vrai… »

La phrase paraissait, dans sa bouche, plus insultante que tout juron existant dans la langue druhir. Et le pire, c’est qu’il avait dit ça avec un peu de peur dans sa voix, comme s’il parlait d’une folle qu’il ne voulait pas vexer.

Vateci se releva, poussa le conducteur pour le dégager de son chemin, et se planta juste devant la fille Drakilos pour lui parler à voix basse, la voix toute acerbe.

« Si c’est un assassin du Temple de Khaine, et si il est là pour vous… Vous m’expliquez en quoi vous êtes pressée de mettre le nez dehors ? Sauf votre respect, mais si vous désirez vous suicider, pourriez-vous le faire tranquillement chez vous, entourée de vos amis, au lieu de nous foutre tous dans la merde avec votre cadavre à traîner à travers un bidonville en plus de votre frère estropié, et avec le risque que votre arrière-grand-mère nous le reproche ? »

Atar glissa derrière les filles pour en rajouter une couche.

« Vous êtes notre commandant. On peut pas s’opposer à un ordre que vous donnez.
– Même si c’est un ordre de merde.
– Néanmoins, votre survie et celle de votre frère est un objectif essentiel. La maison Drakilos en dépend.
– Plus que la vie d’un putain de soudard au service de votre maison. Hathar peut se faire planter un carreau dans le coffret, il est littéralement payé pour ça.
Croyez pas que vous aidiez qui que ce soit en disant à vos hommes que vous êtes prête à mourir pour eux. Vous foutez en réalité toute la cohésion dans la merde. Il y a aucune égalité entre vous et eux.
Vous voulez sortir dehors, très bien. Mais si je suis prête à mourir pour vous, il est hors de question que je me jette devant votre corps pour vous protéger d’un carreau si vous vous êtes délibérément mise en danger. Est-ce que vous confirmez votre ordre ? »
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Quelque chose dans la voix d'Atar me fait immédiatement raidir. Vateci embraye, et voilà que les deux enchaînent les remarques d'un ton caustique.
Au fond de mes tripes, un instinct primal me fait comprendre que je perds l'autorité sur ma meute. Mon visage devient un masque de pierre.

- "J'apprécie votre sollicitude, contremaîtres," dis-je sur un ton qui suggère l'exact inverse. "Je n'ai aucune pulsion suicidaire."

Les deux se relaxent, bien que Vateci soit plus prudente que le garde du corps de mon frère.

- "Néanmoins."

Redressement brusque.

- "On a mis ma tête ou celle de mon frère à prix. On veut nous traquer comme des mon-keighs dans les rues de Karond Kar." Je garde le silence un instant, mais continue devant l'absence de réaction de mon auditoire. "Eh bien, suis-je la seule à avoir un peu de pragmatisme ici ? Regardez-nous. Sept Druchiis. Deux blessés, un paralysé, dans des bidonvilles, avec un assassin aux trousses. Puisque j'ai la ferme intention de nous ramener tous en vie et en sécurité, et que l'on ajoute un troisième blessé à la liste ne nous y aidera pas, alors oui, je sers d'appât. Parce qu'il n'y a aucune égalité entre Hathar et moi,"continué-je en lançant un regard acide à Vateci, "je compte précisément en profiter.

Je tapote la porte derrière moi.

- "Je me servirai de la porte comme bouclier. Il cherchera à remplir son contrat qu'avoir la cible facile qu'est Hathar."

Je me rapproche de Vateci. Elle se raidit, et je comprends pourquoi : instinctivement, j'ai posé ma main sur l'arrière de son crâne, comme lors de notre mise au point un peu plus tôt dans la soirée. Je rapproche mes lèvres de son oreille.

- "Je suis noble. Mon boulot, c'est de jongler avec les risques et les probabilités pour mon bien et celui de ma Maison. Je veux faire comprendre aux petits merdeux qui ont mis ma tête à prix que les Drakilos ne sont pas une maisonnée mourante, dont on peut traquer les membres comme des chiens errants. Même avec un tueur complètement drogué de Khaine aux trousses, on va faire les choses proprement, parce que vous n'êtes pas n'importe qui. Vous êtes mes hommes, et mes hommes ne se chient pas dans leur froc à un contre sept, aussi bon soit-il."

Je recule et me rapproche de nouveau de la porte.

- "Et puisque votre boulot est de veiller sur ma carcasse, je vous conseille de faire crouler les carreaux sur notre impatient invité. À défaut de le dissuader, il aura d'autant plus de mal."

Impatiente, je le suis aussi. Nous n'avons pas toute la nuit. Je tape deux fois du plat de la main sur la porte, indiquant à mes hommes qu'il est plus que temps de passer à l'action.
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

La porte sitôt ouverte, Hathar se jeta dehors, vite couvert par les arbalètes de ses compagnons.
Pourtant, il n’y eut aucun trait de tiré. Car depuis la statue de Mathlann recouverte de carreaux plantés dans la pierre comme si le Dieu s’était transformé en porc-épic, il n’y eut aucun tir. L’assassin avait profité du répit accordé par les Druchii pour s’enfuir en un temps éclair.

Malgré tout, les Druchii continuaient de former un cercle, genou à terre, arme à l’épaule, en surveillant les fenêtres et les toits. Mais il n’y avait plus qu’un silence de mort, même les chevaux de la voiture ayant rendu l’âme.
Bientôt, on n’entendait plus que les bruits de métal et de bois alors que le conducteur cherchait ses outils.

« Contact ! »

Sur une corniche, on voyait une silhouette. Elle faillit être allumée, si seulement elle n’était pas désarmée.

Akisha n’eut qu’un petit instant pour l’observer.
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Une humaine sale, et vêtue de haillons. Elle semblait murmurer quelque chose, car l’on voyait ses lèvres bouger. Ça ne dura que deux secondes. Après quoi, elle sauta derrière le rebord de sa corniche et se dissimula à nouveau des arbalètes.
Akisha se mit à suer. Son corps fut assailli par la chair de poule. Et le trait d’arbalète qui l’avait blessée lui fit d’autant plus mal.

« Grouille-toi, soldat ! »

Hathar retourna en courant vers le taudis. Les Druchii rentrèrent à l’intérieur. Et ainsi, sans encombre, ils pouvaient se réfugier à l’abri un par un.

« Bien. Direction l’arsenal alors. »

Les militaires saisirent ce que Hathar avait récupéré pour eux : deux grosses barres de fer à écrou et têtes diverses, un engin fait pour changer les roues de voitures, ou forcer une portière en cas d’accident. Deux Druchii s’attelèrent à faire sauter le mur du taudis — heureusement, la tôle pourrie ne leur résista pas bien longtemps, et ce qu’on pouvait le plus craindre, c’est que la structure toute entière s’effondre.

Enfin, une fois ouvert, Atar décida de passer en premier. Vite suivi derrière par Molkau et Nilvish qui se mettaient à deux pour porter son grand-frère le plus rapidement possible.

Ils étaient en plein chez les humains. Évitant l’avenue improvisée au milieu de la boue, ils étaient à présent dans un paysage de ruelles, de cours improvisées, et d’immeubles squattés. Une sorte de capharnaüm de cordes à linge, de potagers pour se nourrir, de petites chapelles en bois. Sur les toits et diverses corniches, on découvrait des harpons à poudre, et des machines de guerre improvisées à poulie — vu comment elles étaient toutes dirigées droit vers le ciel.

Et surtout, il faisait sombre.

Partout sur leur chemin, il y avait des torches, des lanternes, des feux de camp — à chaque fois qu’ils s’en approchaient, des singes sortaient de l’ombre et les éteignaient. Ça fit doucement rire Nilvish qui déclama un commentaire :

« Les sous-êtres savent pas que nos yeux voient dans le noir ? »

Atar grimaça.

« C’est pas contre nous.
C’est les Harpies qui ont peur du feu. »


Sur ce, le sourire satisfait de Nilvish disparut complètement. Et sur un immeuble, on voyait des humains placarder une grosse planche de bois et la clouer avec un lourd bruit de marteau.
Ils étaient en train de se barricader. Alors que la seconde d’après, un des monstres ailés se posa sur le toit, en observant en contrebas les Druchii bien peu armés. Elle fut vite rejointe par une autre des bêtes bénies de Karond Kar. Et il y eut après une troisième.

L’artillerie improvisée des humains était dirigée vers les cieux pour une excellente raison — ils n’accumulaient pas des balistes pourries pour se garder de l’armée du Drachau, mais bien pour protéger leurs cieux.


Toutes les deux ruelles, les Druchii devaient s’arrêter, observer à gauche, à droite, et prendre une direction — ils savaient à peu près dans quelle direction était l’arsenal, et en tant que corsaires, ça serait insultant que de croire qu’ils ne pouvaient pas trouver le nord, même en pleine nuit ; heureusement que les étoiles étaient clémentes. Le souci, c’est qu’ils tombaient toujours devant une barrière, des barbelés, ou des palissades, et que des petits chemins boueux menaient à des caves barricadées par des chaînes, ou des taudis montés les uns sur les autres. En fait, à l’étonnement généralisé, sauf celui d’Atar qui semblait connaître beaucoup trop bien les humains, les humains avaient été capables de fonder une véritable parodie de cité. Akisha ne rêvait pas : ces caisses étaient des étals de marchands, cette bicoque pourrie une taverne, et alors qu’ils étaient une bande de singes crasseux entassés les uns sur les autres, il n’y avait au final pas tant de déchets et d’excréments partout. Comment ces singes avaient-ils pu créer une telle société juste dans l’ombre de l’Empire Druchii ? Elle les savait autonomes et adaptables. Mais là, on entrait dans le sabotage organisé.

Et au-dessus d’eux, il y avait toujours ces Harpies.

Au moment où le groupe fit une pause, le temps d’hésiter sur quel passage emprunter, la situation empira.
Parce que Akisha sentait que son omoplate, dans son dos, était en train de brûler. Elle sentait la même chaleur qu’une blessure infectée — sauf qu’une blessure ne s’infecte pas en dix minutes.

Elle comprit, en voyant également Vateci en train de suer et de devenir blanche, que les têtes des carreaux avaient été empoisonnées.

« Bien… Je pense faut enjamber cette palissade. L’arsenal ne doit plus être très loin.
On va faire passer maître Nokhis un par un.
C’est ça… Ou alors on peut tenter de passer directement par l’immeuble. »


Le groupe était présentement dans une petite ruelle pourrie. Juste à côté d’eux se trouvait une grande double-porte, qui menait à une sorte d’entrepôt abandonné — on avait rédigé des lettres en reikspiel dessus à la peinture, et il y avait un potager et du sol labouré tout à côté, ainsi qu’un puits d’eau et des tonneaux — des dizaines de singes devaient vivre à l’intérieur.
Il était en effet plus prudent de continuer tout droit, mais il fallait escalader une haute clôture. Ou la défoncer. Après quoi, il faudrait encore cinq minutes de trot pour atteindre les quais, l’arsenal, et les militaires de la dynastie Drakilos.


Mais évidemment, une mauvaise nouvelle ne venait jamais seule.


Dans l’ombre, ils avaient été traqués. Sans qu’ils ne le remarquent, une silhouette avait bondi de toit en toit, de gouttière en balcon, de muret affaissé en haies bien taillées. Et à présent que le petit groupe de Druchiis était dos à une palissade, coincé dans une petite cour, les Harpies se léchant les babines au-dessus d’eux, ils étaient plus vulnérables que jamais.

Akisha et Hathar n’avaient pourtant pas baissé leur vigilance, et leurs yeux féeriques n’étaient pas handicapés par l’obscurité. Simplement, l’ombre qui les pourchassait avait simplement été plus adroite qu’eux.


Ils virent quelqu’un soudainement se soulever de derrière le puits. Il tenait quelque chose dans la main, qu’il balança en l’air, avant de se recoucher à nouveau. L’objet frappa dans le sol, virevolta en l’air, et tomba aux pieds d’Akisha.

« Grenade ! »

C’était faux. L’objet explosa bien, mais pas avec un souffle suffisant pour faire des dégâts.

C’était un pétard. Un artifice. Un peu de poudre qui explosa en des dizaines de petits éclats qui sonnèrent dans les oreilles d’Akisha.

Un bruit terrible, et répété, qui angoissa les Harpies sur les toits. Elles s’envolèrent toutes, en hurlant, alors qu’elles volaient maintenant au-dessus du groupe.

L’humaine lance la prière « Marqué par le Fer » : 3, réussite

Vateci et Akisha sont empoisonnées.
Elles perdent toutes les deux 2 PV directs.

Il reste 35 PV à Akisha.


Jet de déplacement furtif de l’assassin : 5
Jets de reconnaissance d’Akisha et Hathar : 12 et 9, pas assez.

Jet de TIR de l’assassin : 5 encore.

Vateci et Akisha sont toujours empoisonnées.
Vateci perd 3 PV.
Akisha perd 2 PV. Il lui en reste 33.
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Nous sortons le dos rond, la tête rentrée entre les épaules, prêts à encaisser de nouveaux traits barbelés... Pour rien. La rue est calme, silencieuse. Seuls témoignent de l'embuscade le carrosse cabossé et les carcasses écroulées des équidés. Alors qu'Hathar est sur le point de s'élancer, Nilvish attire notre attention sur une silhouette accrochée à un toit plus haut.

- "Mon-keigh," lâche laconiquement Vateci.

Le doigt sur la gâchette, je commence à me dire que l'humaine me regarde vraiment bizarrement, d'autant plus qu'elle bouge les lèvres comme si elle murmurait à un interlocuteur caché à ses pieds. Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, elle disparaît hélas aussi sec. Peu après son départ, et alors qu'Hathar revient chargé d'outils, je ressens des frissons et mon épaule qui palpite de plus belle. Juste mon imagination qui me joue des tours. Enfin, j'essaye de m'en convaincre.



Commença la basse besogne, que, fort heureusement, le clan Drakilos payait mes hommes pour le faire à ma place. Entre deux poussées de fièvre, j'eus tout le loisir d'observer une ville dans la ville, le genre de vision cauchemardesque dont j'aimerai pouvoir rejeter l'origine sur ce carreau planté dans mon dos. J'étais malheureusement encore trop lucide pour ça.
C'était même pire que ce que j'imaginai. Malgré l'insalubrité, ce passage d'un taudis à l'autre révélait une certaine organisation chez ces macaques. Et que dire de ces balistes improvisées plantées à intervalle régulier ? S'ils savaient faire ça, les mon-keighs pouvaient faire des choses encore plus déplaisantes... Toutes ces pensées tourbillonnaient dans mon crâne, et je n'avais déjà pas besoin de raisons supplémentaires pour avoir mal à la tête.

Ce n'est qu'en s'arrêtant devant une longue palissade, un obstacle de plus, et de taille cette fois, que je pris conscience que l'adrénaline arrivait à bout. Que je commençait à vaciller. Et à regarder Vateci, je n'étais pas la seule.

Alors que je gardais vaille que vaille l'équilibre, et que le groupe discutait de nos options, eh bien... Eh bien, l'enfer se déchaîna.

Ça commença par un vague mouvement derrière le puits trônant au milieu de la cour. Puis un objet rond roula à mes pieds. Mon cœur manqua un battement. L'objet n'explosa pas dans un souffle chaud, mais dans un crépitement, projetant poudres et étincelles partout autour de nous, agressant nos rétines.
J'entendis des piaillements atroces au-dessus de nous, me faisant lever la tête.

- "Oh. Oooooh."

Voilà. Un siècle d'éducation avec les plus fins rhéteurs de Karond Kar pour en arriver à une telle finesse d'analyse. Un vague borborygme alors que mon cerveau connectait les informations.

Cela dit, j'aurais bien aimé avoir le temps de m'apitoyer sur ma misère depuis cette nuit, mais ma brûlure à l'omoplate se rappela à mon bon plaisir. Le bon côté de la souffrance, c'est que, dans certaines conditions, ça éclaircit les idées. Claquant du doigt, j'ordonnais à Hathar de jeter son gros manteau sur le pétard. Cela étouffa le son et lumière un instant... Avant de faire prendre feu au vêtement.
Dépitée, je ne pus que constater la fumée, qui ne fit qu'exciter encore davantage les folles furieuses volantes un peu plus haut.

- "Bon."

Les claquements, les piaillements, les traits de lumière, la fumée, la douleur, le magma qui me remontait dans l'épaule, tout ça me brutalisait le crâne, alors que j'essayais de trouver une solution, quelque chose, un ordre pour donner du sens à ce chaos et ne pas perdre la discipline difficilement installer chez mes hommes. M'approchant de Nilvish, je le saisis par l'épaule.

- "Continue à péter la barricade ! hurlai-je dans son oreille pour couvrir le vacarme.

Hathar, lui, se débattait avec son manteau en flammes. Le dépassant, j'accostais Atar et mon frère, vautré contre le mur.

- "Surveillez les salopes volantes ! Et protégez mon frère ! fis-je à l'attention d'Atar.

Restait Molau et Vateci. Du regard, je leur indiquait de lever leurs arbalètes vers le puits.
Et moi. Me léchant des lèvres séchées par l'effort, je cherchais désespérément dans ma mémoire un bon mot, de quoi faire sursauter d'orgueil le petit bâtard à nos trousses et lui faire commettre un impair.

- "D'accord, criai-je en tentant de passer par dessus le bruit. "Tu es doué avec une arbalète ! Et déléguer le sale boulot à des mon-keighs et des harpies, oui-da, j'ai bien compris ! Mais tu pourrais quand même faire l'effort de te présenter et finir l'affaire par toi-même ! C'est à des Drakilos que tu te frottes !"

Tout en déblatérant mes conneries, je gardais l'arbalète raide à hauteur du diaphragme, caressant mécaniquement la gâchette, le corps aussi tendu que la corde de mon arme. Allez fumier, montre-moi ton minois...
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Qui que ce soit l’assaillant, la provocation d’Akisha ne suffit pas à le faire quitter sa couverture. Toujours planqué derrière le puits, il gardait la tête basse à trafiquer on-ne-sait-quoi.

Obéissant aux ordres de leur chef, aucun Druchii ne chargea à sa rencontre ; à la place, ils continuèrent de couvrir devant et au-dessus de leurs têtes, tandis que Nilvish utilisait l’un des outils chopés dans la diligence pour se mettre à taper fort sur la palissade, et d’essayer d’en retirer des lattes morceau par morceau.


Puis tout se joua très vite.


À découverts, les Druchii n’avaient pas grand espoir d’échapper aux harpies. Et même avec le manteau en train de s’enflammer de Hathar, la peur naturelle que les animaux avaient pour l’incendie ne suffit pas à les tenir éloignées bien longtemps.

Alors qu’ils patientaient tous que l’assassin montre sa tête, la mort vint, comme prévu, d’en haut. Deux harpies qui étaient en train de virevolter en cercle commencèrent à descendre en piqué, et à se jeter sur la seule personne qui était momentanément désarmée et incapable de réagir à cause des ordres d’Akisha — le conducteur.
Il n’eut pas le temps de se retourner, que déjà, un des monstres fonça sur lui dans un cri strident, les carreaux du garde-du-corps de Nokhis ne parvenant qu’à siffler à travers l’air. Une immense serre griffue fondit vers son crâne, et un ergot lui arracha une partie de la gorge. La seconde harpie se saisit de son bras, et commença à battre des ailes en arrière pour voler avec sa proie.

Vateci cria, se tourna, et tenta de tuer le monstre qui emportait Hathar. Le conducteur se mit à crier, à s’agiter dans tous les sens, alors qu’il décolla, à un mètre, puis deux, puis trois ou quatre hors du sol — et pendant tout ce temps, celui qui se planquait derrière le puits n’avait même pas bougé.

« AIDEZ-MOI ! AIDEZ-MOI PUTAIIIIN ! »

Suspendu au-dessus du sol, Hathar parvint, on-ne-sait-trop comment, à dégainer sa dague ; mais alors qu’il tenta de la planter dans la cuisse de la bestiole volante, il ne parvint qu’à ripper dans son bras et l’arme glissa hors de ses doigts.
La seconde harpie, frustrée de voir une congénère voler sa proie, fondit dessus pour la prendre en retour. Rapidement, les deux monstres combattaient entre elles en se donnant des coups d’ailes et en tentant de se mordre mutuellement avec leurs dents acérées.
Et alors on n’entendait plus que les hurlements de Hathar qui devinrent aigus, tandis qu’un geyser de sang commençait à couler hors de ses blessures.

Qu’importe que l’on se mette à flécher les harpies, ou que les Elfes parviennent à faire libérer leur camarade ; il était déjà trop tard. Elles découpèrent littéralement le pauvre garçon en deux, tandis que des morceaux de son corps s’écrasaient en rebondissant par petits bouts dans le jardin.


C’était une vision d’horreur, qui parvint à terrifier tout le monde. Surtout Atar, qui se leva, se tourna, et parti en criant à travers la palissade que Nilvish venait juste de faire sauter. Et alors, tous les Druchii se levaient dans tous les sens, en regardant les autres harpies qui continuaient à voler — l’une d’elle fonça vers Vateci, mais une pluie de traits suffit à la blesser suffisamment pour qu’elle s’enfuie aussitôt sans demander son reste.

Toujours aucune trace de l’assassin. Était-il encore derrière ce puits ? Allait-il surgir de quelque part ? Qu’est-ce qu’il attendait pour se montrer ?

Nokhis, lui, était le seul qui ne semblait pas en train de paniquer. Regardant d’un œil torve ce qui restait de Hathar, il se contenta de grogner.

« Est-ce que quelqu’un va me porter et me tirer hors d’ici, s’il vous plaît ?! »
Jet de moral de quatre harpies (+2) : 18, 18, 3, 9

→ Deux harpies se décident à attaquer le groupe.

1 :Vateci
2 :Molkau
3 :Akisha
4 :Atar
5 :Nokhis
6 :Hathar
7 :Nilvish

1d7 : 6 et 6, les deux aggro Hathar directement.

Jets de tirs d’Atar (Portée : +1, cibles en mouvement : -2) : 14 puis 13, deux échecs

Jet d’attaque de la harpie 1 : 4, réussite
Tentative d’esquive de Hathar : 18, échec
Il se prend des dégâts de serres.
Tentative d’agripper de la seconde harpie : 9 vs 16, Hathar est agrippé et s’envole.

Vateci se tourne et tente un tir sur les harpies : 13, échec

Vateci perd 1 PV.
Akisha perd 1 PV.

Jet de force de Nilvish : 5, réussite, la palissade cède.

Nouveau round.

L’assassin finit d’incanter « Masque du Bourreau » : 4, réussite. Il disparaît.

Jet de moral de quatre harpies (Les deux précédentes +2) : 4, 17, 11, 18 → Une nouvelle harpie décide d’attaquer (1) Vateci

Atar tente des tirs : 18, 8
Vateci est (2) alertée et tente de tirer : 12, 20

La harpie (18) annule sa manœuvre et retourne en l’air

Hathar tente de dégainer une arme pour se défendre : 1, réussite, critique. Il peut attaquer dès cette action pour se libérer : 18, échec
La harpie l’envole au-dessus du sol, duel de FOR : 3 v 8, Hathar perd

La seconde harpie décide de (randomisé) se concentrer sur Hathar et d’abandonner le reste du groupe.
Jet d’attaque : 2, réussite
La harpie qui tient Hathar décide de garder son morceau : 5
Hathar est déchiqueté entre les deux. Il s’effondre au sol alors qu’une partie de lui reste en l’air.

Tous les Druchii me roulent un jet de moral : 19, 17, 16, 20, 7, 19

→ Littéralement tous les Druchii sauf Nokhis (!!) souffrent de peur et prennent un -2 à tous leurs jets. Atar souffre de terreur et prend la fuite.

Vateci perd 1 PV.
Akisha perd 4 PV.
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Akisha Drakilos
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

Ce n'est pas la première fois que j'ai le sentiment d'avoir atteint le fond.
Jeune ingénue que j'étais, j'ai cru l'avoir atteint à plusieurs reprises quand mes tuteurs exprimaient leur déception. Quand j'ai coulé mon premier canot sur des récifs au large de Karond Kar. Quand Fereoth m'a regardé avec un regard mi-amusé, mi-atterré, lorsque je lui ai avoué mes sentiments.
Et en Norsca, quand Megeth m'est passée devant après avoir saboté mon Reaver. Quand j'ai été capturée par cette montagne de métal à forme humaine, trimballée dans une cage.
Quand mon père a eu un destin pire que la mort, sous mes yeux.

Mais à entendre le fracas de tripes jetées sur le sol, éclaboussée de giclées carmines, sous les cris horrifiées de mes hommes, et après avoir traqué comme une bête sauvage au milieu de ma propre ville, je me tiens là, figée. Un coin de mon cerveau me susurre être parvenue à de nouvelles profondeurs.

Une ombre écaillée me passe sous le nez, plongeant vers mon voisin, avant de repartir aussi sec en piaillant. La tête pleine des hurlements suraigus d'Hathar, je tente de donner du sens à mon environnement. J'ai la tête qui tourne, affreusement. L'impression qu'on me plante des aiguilles chauffées à blanc dans l'arrière du crâne. Je porte la main sur mon front. Il est brûlant.
Je retire ma paume, elle est rouge. Pas mon sang. Enfin, je crois.

Un froissement me fait regarder sur le côté. Un éclair de tissu qui grimpe frénétiquement, me faisant irrésistiblement penser à un rat tentant d'échapper à la noyade. Je reconnais le rongeur en question.

- "Ata..." Une quinte de toux interrompt mon apostrophe. Trop faible. Désespérément trop faible.

Atar, ce bougre d'imbécile, vient de se barrer en nous laissant tous en plan, quitte à se faire trucider par des harpies entreprenantes. Et le pire est qu'en étant un tant soit peu honnête avec moi-même, je ne peux pas lui faire la morale.
Je jette un coup d’œil du côté du puits. Toujours pas de mouvements. Courageux comme il est, mon chasseur s'est fait la malle. Grand bien lui fasse.

Allez, on arrête les frais. C'est plus qu'assez pour ce soir.
J'observe mon frère, toujours vautré au sol. Il me répond du regard stoïque du condamné. Ne pas pouvoir fuir semble lui donner du cœur au ventre. Je le regarde d'un œil neuf, presque admiratif.

- "Molkau, aidez-moi à porter Nokhis. Vateci, Nilvish, surveillez le puits et les harpies, qu'elles n'aient pas de mauvaises idées."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Akisha] Tendresse

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

L’avantage sordide de la mort de Hathar, c’est que pendant un court instant, les harpies avaient une proie toute prête sur laquelle se jeter. Plutôt que de se risquer à attaquer à un groupe de Druchiis armés et décochant à toute vitesse des traits d’arbalètes, elles pouvaient se disputer par des coups de serres et d’ailes un corps encore chaud — elles se comportaient ainsi en pures charognardes, aussi cruelles que lâches.

Il y en eut bien, malheureusement, quelques-unes pour harceler les traînards. Volant en cercle, hurlant de grands cris stridents bons à glacer le sang, elles tentaient de descendre en piqué, pour choper les retardataires et leur faire subir le même sort que leur compagnon de Druchii venait de subir. Quelques traits bien placés de la part de Vateci suffirent, au moins temporairement, à blesser les plus outrecuidantes d’entre elles. Malheureusement, la personne la plus exposée, c’était Nokhis, qui se retrouvait sur le dos d’un Molkau épuisé et paniqué.


Au final, tout ce que l’opération demanda, c’était du temps. Et du temps, c’était bien la ressource en train de se raréfier. Parce que petit à petit, elle sentait le point d’entrée du carreau d’arbalète passer du chaud au bouillant. Son cœur battait la chamade, elle le sentait pulser dans son cou et le creux de ses oreilles. Elle avait de la sueur partout, et maintenant, sa vision se brouillait, ses pas se faisaient plus chancelants.
Elle était empoisonnée, ça, elle l’avait déjà deviné. Mais à présent, peut-être à une vitesse accélérée par la peur et la course, le poison nageait dans ses artères, dans tout son flux sanguin, et se mettait à ronger ses muscles.

Atar, de l’autre côté de la barrière, était revenu en courant vers le groupe. Comme s’il ne venait pas simplement de planter tous ses camarades comme un poltron, il faisait de grands gestes, et hurlait pour bien se faire entendre de toute la rue :

« LE VÉHICULE NE DOIT PLUS ÊTRE TRÈS LOIN !
SUR MOI ! »


Les harpies en l’air continuaient de danser. Mais maintenant, elles n’osaient plus descendre.
C’est avec horreur qu’Akisha commençait à comprendre pourquoi, quand il vit certains de ces piafs à têtes humaines se poser sur les tuiles des toits, et les épaules d’une grande statue d’Elfe, en la regardant, elle.
Les harpies patientaient, qu’Akisha et Vateci s’effondrent par terre, asphyxiées. Charognardes.

La contre-maîtresse donnait tout ce qu’elle avait. Mais elle aussi se mit à tomber au sol, genoux puis paumes des mains à terre. Elle essaya de se faire vomir, mais tout ce qui sortait de sa gorge, c’était des gargouillis et des bruits de strangulation. Akisha ne pouvait pas se voir dans un miroir, alors c’est en voyant le visage de sa subalterne qu’elle put deviner avec horreur quelle tête elle devait avoir : Vateci avait les lèvres bleues, la peau pâle, les yeux injectés de sang, et un filet de sang noir comme la nuit dégoulinait de son nez et de sa bouche.


À un virage, il y eut un attelage, et un véhicule, gardé par des Druchiis en armes. Atar hurla en levant son bras, tandis que les arbalétriers le braquaient. Se rendant compte qu’ils venaient de retrouver la famille Drakilos, ils quittèrent vite leurs positions de défense pour charger à toute vitesse dans leur direction, afin de leur porter secours.

« Mettez-les à l’intérieur ! On va s’accrocher directement à l’habitacle ! »

Enfin ! Enfin des renforts étaient là ! Bien maigres, mais une voiture qui roule, ça voulait dire que rejoindre les arsenaux Drakilos allait soudain être plus facile. On attrapa Akisha, on attrapa Nokhis, quelqu’un offrit son bras à Vateci, et on amenait tout le monde vers le véhicule dont les portes s’ouvraient en grand. Et ainsi, on prit de longues, longues secondes à commencer à installer tout le monde à l’intérieur, avant de se préparer à galoper.

D’abord Nokhis, jeté au fond sur la banquette — le grand frère éloigna vite le Druchii qui l’aidait, en hurlant qu’on aide sa sœur, puis il se plaça tout seul comme un grand à la force des bras. Vateci fut aidée ensuite, parce qu’elle se jeta toute seule, vomissant du sang au passage sur le sol. Elle trouva encore le courage d’ouvrir une vitre et de faire passer une arbalète dans une autre direction.

Akisha s’avachit sur la portière, alors que on lui posa une main derrière sa nuque pour la protéger.

Et alors, elle ne sut pas pourquoi, mais elle vit Nilvish, du coin de l’oeil, qui eut les pupilles de ses yeux qui se dilatèrent d’un coup.
Il sauta de côté, comme un diable, en hurlant un seul mot bien vivement :

« NON ! »

Devant une allée, à une bonne quarantaine de pas de là, il y avait une silhouette dressée toute droite. Elle portait une magnifique cape qui claquait au vent, portait un doublet en soie couleur écarlate-sang, et des bijoux en argent aux doigts. Surtout, il avait dans ses mains une arbalète ouvragée, un mélange d’acier et de bronze, et un carreau bien encoché dessus.
Akisha eut juste le temps de découvrir le visage de la silhouette.
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Il était beau garçon. Un peu jeune, mais il avait des traits anguleux, bien marqués. Il était pas désagréable à regarder.
C’était la seule information que son cerveau délirant et à bout de vitalité parvenait encore à imprimer, alors qu’elle restait là, scotchée sur place, pendant une seconde.

Il appuya sur la détente.

Le carreau vola en l’air.

Elle put voir l’acier scintiller, même dans la nuit, et se diriger tout droit vers ses yeux.

Nilvish se jeta sur elle, et la percuta, et puis un geyser de sang aveugla Akisha. Ça brûlait. Elle voyait plus rien que du rouge, alors qu’elle clignait des paupières à toute vitesse, ne faisant qu’épancher du sang qui s’émulsifiait dans ses larmes. Le poids de la carcasse du Druchii l’écrasait contre la portière, lui faisait mal, elle tombait.

« FEU A VOLONTÉÉÉÉ ! »

Nilvish s’effondra sur elle, sur le sol. Il bougeait encore. Il était chaud. Il tremblait, gagné de spasmes. Il semblait s’étouffer dans quelque chose.
On le poussait. Il roulait sur le pavé. On attrapait Akisha, pour la poser comme un sac dans la voiture. On claquait la porte. On beuglait des ordres. On courait dans tous les sens. Nokhis hurlait, avec des sanglots dans sa voix, en demandant à sa sœur si elle allait bien. Hennissements de chevaux. Cris de harpies. Détonation dans le ciel. Et pendant ce temps, tout ce que la fille Drakilos pouvait faire, c’est se débattre pour essayer de trouver quelque chose pour retirer le sang de ses yeux — avec la manche de son manteau, avec un mouchoir cherché à toute vitesse dans sa poche, mais chacun des mouvements de ses membres la faisait brûler de l’intérieur, la faute au poison.

Elle comprit seulement à rebours, et alors que le véhicule partait au trot, ce qui venait de se passer.

Nilvish s’était jeté sur la trajectoire du carreau, et avait offert son âme pour elle.




La diligence passa net à travers le Placître. Les Druchii restés dehors, accrochés au toit, devaient bien se cramponner pour ne pas être éjectés au moindre à-coup ou virage trop serré — c’était miraculeux, d’ailleurs, qu’il n’y eut aucun accident, le conducteur maîtrisait cette fois totalement son attelage.
Ils descendaient, à toute vitesse. Dévalaient les hauteurs, pour se retrouver face aux rives d’une mer agitée, d’un océan immense qui crachait ses vagues sur la côte. On sentait le sel marin, et le goudron.

La diligence ralentit alors qu’on pouvait voir à l’horizon des navires à quai, et qu’on découvrait des tourelles en pierre et des panneaux remplis d’avertissements et d’instructions. Le conducteur vociférait des insultes lorsque l’attelage s’arrêta, et il ne fallut pas longtemps pour qu’ils passent au travers. Nouvel arrêt. Cette fois, on entendit une cloche sonner, un tintement agressif qui faisait mal aux oreilles. Une alarme.

On ouvrit la porte de la voiture. Des gardes des arsenaux, encore en chemises, sans un kheitan pour se protéger, semblaient avoir été extirpés de leur sommeil. Atar leur expliqua vite qu’ils étaient tombés dans une embuscade, qu’il fallait verrouiller tous les arsenaux, aller chercher un médecin, réveiller toute la garde… Akisha se leva de la banquette pour confirmer ses ordres et prendre la relève.
Mais elle s’effondra immédiatement sur le sol, en levant une main devant elle, espérant qu’on vienne l’aider. Le poison était en train de la ronger de l’intérieur. Et maintenant, tout ce qu’elle sentait, c’était une douleur horrible — une douleur si atroce, qu’elle ne pouvait même plus hurler.



Elle passa rapidement de la conscience à l’inconscience. Elle fermait puis rouvrait ses yeux en découvrant un nouveau décor.

« Amenez-la dans l’entrepôt du fond !
– On fait quoi pour elle ?!
– Je vais avoir besoin de sangsues !
– OH ! ET POUR ELLE, ON FAIT QUOI ?! »


Elle avait froid et était trempée : il s’était mis à pleuvoir, on l’avait avachie sur une bâche, et six hommes tiraient dessus pour la balader à toute vitesse, leurs bottes claquant les flaques d’eau.

« Là, sur cette table !
– Depuis combien de temps elle est empoisonnée ?
– Réveillez l’infirmier et ses esclaves, tout de suite ! »


Elle avait chaud et puait ; elle sentait qu’elle avait vomi, partout sur elle-même, mais elle s’étouffait dans des restes au fond de son gosier.

« Reste avec moi, putain. Hé ! Reste avec moi !
– Il lui faut Magnouvac, tout de suite.
– Il est de l’autre côté de la ville, il sera pas là avant au mieux une demi-heure !
– Envoyez un cavalier, putain, on a assez perdu de temps ! »


Elle était nue et endolorie. De gros doigts lui ouvraient de force les paupières, tandis qu’on avait arraché sa chemise aux ciseaux pour avoir accès à sa gorge. Au-dessus d’elle, un humain moustachu criait des choses en reikspiel, tandis qu’un Druchii manipulait un couteau. Ils essayaient de l’opérer, en ne faisant on ne sait quoi.

« Bordel de merde… Je crois que ça empire.
– Faut bien que le poison sorte d’une manière ou d’une autre.
– Sur-élevez-la, on va la vider ! »


On la relevait, alors qu’elle avait des bras branlants, la bouche pâteuse, le regard incapable de se fixer sur quoi que ce soit. Un humain lui servit de socle, alors qu’elle s’écrasait sur son épaule. Elle entendait un sifflement, comme une cocotte minute. Et elle vit, rien qu’une seconde, un Druchii la dépasser avec des outils chauffés à blanc.
Et on commençait à taillader dans son omoplate. Alors elle put enfin parler — elle se contenta de crier, aigu, fort, avant de s’effondrer à nouveau.

Jet de moral de 4 harpies : 5, 17, 8, 2 → 3 décident de tenter leurs chances, sur :

1-4 : Hathar
5-6 : Quelqu’un du groupe

1, 2, 5

Une seule est assez conne pour foncer en piqué.

Tir de Vateci : 8, chanceux. Harpie blessée, recule momentanément.

Jet de force de Molkau : 14, il est lent, il me met un tour de plus à passer la barrière.

Nilvish, se met en position de sécurité.

Vateci perd 2 PV.
Akisha perd 3 PV.

Nouveau round.

Jet de moral de 4 harpies : 12, 20, 8, 14

Seule une est assez courageuse, et se jette sur : 3, la carcasse de Hathar.

Le reste du groupe passe la barrière.

Jet de FM d’Atar : 1, réussite critique. Il se ressaisit et quitte la terreur, et en plus, il passe outre le malus que tous les autres souffrent. Kewl.

Il va donc me lancer un jet d’orientation urbaine vu que c’est celui avec la meilleure stat : 11, meeeh — c’est un échec mais léger. Il va trouver le chemin mais vous allez prendre un round de plus.

Vateci perd 1 PV.
Akisha perd 5 PV.

Vateci perd 3 PV.
Akisha perd 3 PV.

Il t’en reste plus que 17.

Vous retrouvez le second véhicule.
Tout le monde embarque en utilisant son tour.



Le Khainite est de retour et tente un tir précis et visé dans la tête d’Akisha : 13, c’est réussi.
J’oppose cette réussite de TIR à un jet d’initiative de Nilvish : 8, c’est gagné.

Nilvish se jette devant Akisha pour servir de bouclier humain. Il se prend le trait, et meurt.

Atar, un garde du corps et Molkau tirent tous en rafale tout ce qu’ils ont sur le sniper, qui s’enfuit en courant :
Jets de tirs x2 : 18, 19, 9, 14, 13, 2
Jet d’INI du tireur : 9

Il se prend une flèche, mais il parvint à s’enfuir.

Le conducteur du véhicule frappe ses bêtes et met les voiles à toute vitesse. Il me roule un jet de conduite d’attelage : 6.


Vateci perd 2 PV.
Akisha perd 5 PV.

Il t’en reste plus que 12.



Retour au bercail. Vateci et Akisha sont immédiatement prises en charge. Il y a un seul infirmier en poste. Il tente de faire ce qu’il peut pour sauver Akisha :

16, échec. Le poison a encore le temps de finir de faire effet.

Akisha perd 5 PV.
Akisha perd 3 PV.
Akisha perd 2 PV.
Akisha perd 4 PV.


Tu passes à -2 PV. Je te roule un jet sur la table des blessures critiques.

Tu me roules un jet d’endurance : 4, réussite de 4.

Tu es sauvée. Tu retournes à 0 PV.


Elle avait eu plein de rêves. Certains étaient agréables — Rekhilve était dedans. C’était bizarre, de rêver d’elle. Quelques-uns étaient simplement érotiques ; elle se souvenait de baisers dans le cou, de caresses sur son corps, de crispations si plaisantes… Mais il y avait aussi des rêves plus tendres. Simplement des mains enlacées, des câlins chastes, des siestes à deux sous les mêmes draps, vite gênés par ce satané Gobelin qui venait chahuter en sautant partout sur le lit.

Et puis il y avait eut des rêves tristes. Ceux où il y avait son père. Ils étaient en apparence joyeux, parce que son père était fier d’elle, toujours là pour elle, fier de la femme qu’elle était devenue. Mais ces rêves étaient tous marqués par la nostalgie, car sitôt qu’Akisha se réveillait, la vérité revenait, et alors, elle avait envie de pleurer.

Mais les pires rêves… C’étaient ceux avec sa mère.

Soif, elle avait soif. Sa bouche et sa gorge étaient sèches. Elle tenta d’ouvrir ses yeux. Il faisait jour dehors, et ça lui faisait mal à la tête.

Elle avait mal, dans tous le corps. Mais moins. Elle se sentait faible, par contre, elle avait à peine la force de lever les bras, ou les jambes. Mais elle était bien installée, confortablement. Elle était avachie dans un lit, nue sous un tas de draps. Ici, ça sentait bon, et elle était à l’aise.

Mais il y avait quelqu’un dans la pièce. Elle se tourna à sa gauche, et vit quelqu’un en train de jouer avec une bague qu’il faisait passer entre ses doigts.
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Oncle Khaeleth ! Le petit frère de Tevras Drakilos, son propre père. Membre laïc du culte de Khaine, elle ne l’avait pas vu depuis tant d’années.
Il était censé être à Har Ganeth, la cité sainte des Furies. Qu’est-ce qu’il foutait ici, dans l’ignoble Karond Kar ?

En voyant sa nièce consciente, Khaeleth sembla se tirer de ses rêveries. Il bondit du tabouret sur lequel il était assis, courut à la porte, l’ouvrit, et avec une voix calme et à peine élevée, il ordonna juste froidement :

« Docteur.
Elle est éveillée. »


Il rentra dans la pièce, et dix secondes plus tard débarqua un Magnouvac au pas de course. Le sordide docteur s’approcha du lit d’Akisha, et alla poser ses doigts dans son cou pour chercher son pouls.

« Du calme, maîtresse, du calme.
Vous avez été empoisonné par une sorte d’aconit particulièrement violent, vous avez passé plusieurs jours dans les vapes — c’est un miracle que vous soyez encore parmi nous.
Restez couchée, on s’occupe de tout. Vous êtes tirée d’affaire, mais vous êtes encore très faible. »


Khaeleth plaça ses mains dans son dos, et fit le tour du lit. Digne, calme, bien maître de lui-même, il était rare qu’il soit très expressif avec ses émotions. Et pourtant, c’était lui qui veillait devant le lit d’Akisha, depuis on-ne-sait combien de temps. Peut-être les Drakilos s’étaient-ils relayés.

« Tu nous as fait une bonne frayeur, Akisha. La ville a failli flamber. Enfin, elle a même un peu commencé, pour tout dire. Mais ici, dans l’arsenal, tu es en sécurité.
Prends ton temps, on n’a pas besoin d’aller vite. »


À gauche d’Akisha, il y avait une commode. Dessus, plein de lettres. Et, assez étrange… Un petit jouet. Un mini-gobelin en peluche, tout vert et avec des petits yeux, qui tenait un cœur entre ses pattes.
Il n’était pas signé, mais bizarrement, elle savait qui lui avait offert ça.

« On va te remettre en forme. Puis on pourra se débriefer. On en a des choses à dire. C’est la guerre là-dehors.
Au moins la famille est plus unie que jamais, c’est déjà ça. Nous allons peut-être couler, mais si on peut couler tous ensemble, ça risque d’entraîner un bon morceau de Karond Kar avec nous. »

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Re: [Akisha] Tendresse

Message par Akisha Drakilos »

La cavalcade reprend de plus bel. Cette fois, rien, même les harpies, ne nous dérange. Non pas que je profite de la balade. J'ai le front brûlant comme un second soleil, l'impression que mes yeux cuisent dans leurs orbites. Ma salive est métallique, je déglutis difficilement. Je manque de me rétamer sur un pavé, avec le sentiment que mon cœur va éclater à chaque nouvel effort. Ma vue se trouble, les formes devenant des tâches de couleur. Réfléchir me fait mal.

Portée par le bruit fait par mes frères d'infortune, je les suis sans comprendre d'une ruelle à l'autre. L'un d'eux hurle une phrase. Je mets plusieurs secondes avant de comprendre qu'il s'agit d'Atar, que je pensais s'être enfui. Mon regard croise celui de Vateci. Elle a vraiment une sale gueule, et vu comment elle me dévisage, moi aussi. On a l'air de deux noyées recrachées par les flots.
Nouveau détour. D'autres gens ? Dans un carrosse, avec des couleurs blanches et pourpres. C'est les couleurs des Drakilos.
C'est bien. J'ai toujours aimé nos emblèmes. Ce sont des belles teintes, des coloris nobles, qui se marient bien ensembles. Symboliquement, c'est la pureté, le pouvoir, et...

Merde, mais qu'est-ce qu'il me prend ? Mes pensées divaguent. Il faut que je me ressaisisse.
Quelqu'un ouvre la portière. J'essaye d'avancer, mais je n'y arrive pas. C'est comme si mes pieds se sont transformés en deux blocs de pierre. La seconde d'après, ils deviennent de l'argile, et je m'effondre. Un homme de main derrière moi me rattrape de justesse par les aisselles.
Juste devant moi se trouve Nilvish, qui regarde un point derrière mon dos. Il se raidit comme un limier, aboie un mot puis me saute presque par dessus.
C'est en tournant la tête que je le vois. L'archétype du tueur professionnel. Une tenue impeccable, une allure implacable, un visage bien fait, quoique dur, aux traits acérés comme celui d'un sang-froid. Le cadre est si saisissant que je sens la scène se graver dans mon cerveau.
Il lève ce qu'il a entre les mains, qui lance un objet vers moi. Ça scintille comme de l'argent dans la faible lumière lunaire. Une pièce ? Un bijou ?
Nilvish ne bouge pas. Je ne comprends pas, pourquoi, alors que ça met sans aucun doute possible destinée ?

Ça le percute à pleine vitesse, le propulsant vers moi. Un liquide chaud et carmin m'explose au visage. Il s'infiltre partout : dans les yeux, la bouche, les narines, dans le col pour rouler sous les vêtements. Je me retrouve englué, cloué aux pavés par sa masse amorphe. Je n'y vois rien, mais le monde se déchaîne autour de moi. Ça hurle, ça crie, ça... Pleure ? Je n'ai plus entendu pleurer Nokhis depuis longtemps.
On me soulève, et je suis jetée dans l'habitacle comme un sac à patates. Vautrée sur la banquette, je crache comme je peux ma glaire pour désencombrer ma gorge, je cligne des yeux et tente de les essuyer. Toutefois, entre les cahots de la route et mon corps qui ne répond plus, c'est une gageure.

On finit par atteindre la côte. Je le sens à l'air humide et salé qui envahit l'habitacle. J'aimerai bien entendre le bruit des vagues, mais il est bien trop doux pour résister aux grincements du coche et au vacarme des chevaux. Dommage, ce serait apaisant.
En lieu et place, j'entends un carillon de cloche, dont le son semble être parfaitement étudié pour faire souffrir les oreilles de ceux qui l'entendent. Ça ne m'étonnerait pas que ce soit l’œuvre d'un artisan sadique et mélomane, d'ailleurs.
Atar, qui a décidément bien rattrapé son coup, se met à distribuer des ordres à la flopée de sentinelles venant aux nouvelles. Je sens au flottement dans le groupe que mon autorité est nécessaire. Bien que j'ai l'impression qu'on arrache la peau de mon dos au fer blanc, je me lève. C'est en passant la portière que je me fige, ouvre la bouche comme un poisson hors de l'eau et m'effondre, épaule la première. Je tombe sur ma blessure.


Je n'arrive même plus à crier. Il n'y a plus personne. Personne d'autre que moi, et la souffrance.



J'ai des souvenirs qui s'enchaînent, sans aucun sens les uns aux autres. Je suis dans un lit avec Rekhilve, je sens son corps chaud collé au mien, son bras posé en un geste possessif. J'ai l'impression d'avoir toujours été là. Est-ce que cela est un mauvais rêve ou du passé ?
L'instant d'après, je me retrouve à courir avec Megeth et Nokhis dans les bois sauvages de Karond Kar. Je cligne des yeux, et je me retrouve dans une chaloupe avec Père, le nez et les cheveux dans le vent. En me retournant vers lui, il me fait un large sourire. On adore tous les deux être sur un petit canot, sans personne, sans responsabilités, sauf celle de faire flotter l'esquif. Sereins, seuls avec les éléments.
Les rides de son sourire ne remontent néanmoins pas jusqu'à ses yeux. Son regard est comme... Triste. Nostalgique, et déjà lointain.

Je cligne encore des yeux, et je change d'endroit. Dans ce salon de l'Oisellerie, avec l'Asur à la voix d'ange. Avachie sur un divan, je ne peux pas bouger. Lokhir me regarde avec ses prunelles incadescentes, rejoint par Nokhis, qui se tient inexplicablement debout. Les deux me fixent de haut, sans rien dire. Mon frère a une moue absente.

Nouveau changement de décor. Je suis en Norsca, dans le camp des mon-keighs. Je m'avance vers le guerrier de métal, prête à me faire prisonnière. Rekhilve s'agrippe à moi en hurlant, me griffant les bras, le cou, les épaules pour me retenir. Kehem la sépare, l'éloigne.
Encore. À genoux devant Megeth, qui se lèche les babines de plaisir à me voir captive devant elle et ses hommes.
La gifle froide de l'eau dans ma fuite du ponton, les moqueries des hommes autour. La déception, partout, tapie dans le fond de toutes les pupilles.

Ma mère sur les quais, penchée à observer un minotaure en chaînes. Ce n'est plus une déformation d'un souvenir par mon cerveau malade. Je n'ai jamais été présente lors de sa mort.
Elle se retourne précisément à l'instant où la bête brise ses fers. Faisant fi du vacarme métallique, elle me transperce du regard. Elle me juge, du plus profond de ses iris gris clair.
J'ai envie de hurler. Je lui crie ma haine. Qu'elle m'a menti sur toute la ligne, avec la bénédiction de Morai-Heg. Que si c'est ça le grand destin qu'on m'a promis, je n'en veux pas !
Je braille ma peur. Que je ne comprends rien, que j'en maîtrise encore moins. Que j'ai toujours essayé de faire ce qu'il y avait de mieux pour la Maison, mais que cela me revenait toujours dans la figure. Que j'ai échoué, encore et encore, à patauger dans la fange, au propre comme au figuré.
Je lui hurle qu'elle me manque. Que Papa n'est plus pareil depuis, qu'il n'a plus que moi depuis la paralysie de Nokhis. Que je n'arrive pas à pardonner Megeth, que j'étais encore prête à la tuer il y a encore quelques semaines.
Et qu'elle arrête de me regarder d'un air si condescendant !

Je m'effondre. Je deviens hystérique, je fonds en larmes et éclate de rire en même temps. Alors que le minotaure pose ses mains sur sa frêle silhouette, je plonge mon visage dans mes mains, autant pour ne pas voir la scène que pour lui épargner le spectacle de mon visage tordu.

J'entends le craquement inimitable des os brisés.



Je me réveille dans un grand lit. J'ai les joues humides, mais la gorge sèche. Je passe la langue sur mes lèvres, le liquide a un goût salé. Mes larmes. Je bois mes larmes.
Enfouie sous une pile de couvertures, je suis comme cernée dans un cocon douillet, protecteur, mais inamovible. Je n'arrive même pas à extraire mon bras de mon bras pour essuyer mon visage. On m'a enlevé mes vêtements.
Chose rare, le soleil rentre dans la pièce. Une lumière pâlotte : on ne peut guère prétendre à mieux à Karond Kar. Je promène mon regard dans la pièce. Une petite chambre avec quelques meubles sans prétention. Trop strictement fonctionnelle pour qu'elle fasse partie du palais.

Les souvenirs remontent. Le retour à Karond Kar, l'Oisellerie, la course-poursuite dans le Placître. Ce n'était pas des rêves. Un hoquet d'horreur m'échappe brusquement. Je viens de comprendre ce qu'a fait Nilvish. Un carreau. C'était un second carreau qui m'était destiné. Et il s'est sacrifié pour moi. Son cadavre pourrit sans doute encore là où il est tombé dans sa ruelle.
Mon bruit a réveillé quelqu'un, qui se tenait juste à ma droite. Il bondit de son siège et se rue sur la porte, et c'est au son étouffé de sa voix portant dans le couloir que je le reconnais. Kaeleth. Oncle Kaeleth ! Lui qui a toujours une posture froide et rigide, je ne l'aurais pas reconnu au sprint qu'il vient de piquer.
Il se retourne aussi sec pour revenir à mon chevet.

Épuisée, je laisse mes pensées tentées paresseusement de recoller les informations. Khaine. Il fait partie du clergé de Khaine. Mais il devrait être à Har Ganeth, alors qu'est-ce qu'il fait ici ? Le Grand Conseil, notre Matriarche l'a probablement convoqué avec les autres. Oui, c'est sûrement ça.
Alors que je le suis du regard, ma vue accroche la commode derrière. Une peluche de gobelin représentant Babille tenant un petit cœur, mais qui est trop soignée pour être de sa production. Je souris faiblement. Rekhilve. Je ne la savais pas versée dans le sentimental.

Magnouvac fait son entrée, ce qui me fait raidir insensiblement. Rien à faire, avec lui. Quand il est dans les parages, ce n'est jamais bon signe pour moi. Son rapport me fait écarquiller des yeux.

- "Plusieurs jour ?!"

Enfin, c'est ce que j'aurais aimé dire, mais je ne parviens qu'à produire un mugissement. Ma tentative me provoque une douleur sourde à la poitrine, me faisant tousser.
Mon oncle attend patiemment que ma crise se termine avant de prendre la parole. Encore sonnée par mes convulsions, je n'entends qu'à moitié son discours. L'Arsenal. Je suis à l'Arsenal. Et c'est l'émeute dehors. Bon.

- "Oncle..." commencé-je d'une voix chevrotante que je hais déjà. Je m'y reprends une seconde fois. "Oncle Kaeleth ? Vous êtes ici depuis combien de temps ?
- Depuis avant-hier seulement. Je suis arrivé par caravane depuis Har Ganeth, avec d’autres gens de la famille. Autant te dire que ça a été une bien mauvaise surprise à notre arrivée…
Tu as été hors d’état pendant près de cinq jours, n’est-ce pas docteur ?

En effet. Vous avez alterné entre des moments de conscience et d’inconscience. Le poison a longtemps fait effet en vous, et il a fallu alterner les purgatifs et les saignées. Mais enfin, je suis assez fier de mon travail. Il faudra vous surveiller un moment, pour s’assurer qu’il n’y a pas de lésions à long terme, mais…
Au moins nous sommes certains que tu n’es plus en danger de mort. C’est le plus important."

Cinq jours ! Pas étonnant que j'ai la tête qui tourne.
Je repasse la langue sur mes lèvres. Elles sont craquelées.

- "Et... Nokhis ? Et les autres, ils s'en sont tirés ?
- Nokhis est en parfaite santé. De quels autres tu parles, si tu pouvais être plus spécifique ?
- Mes hommes de main... Vateci aussi a été empoisonnée.
- La contre-maîtresse n’était pas ma priorité. Je l’ai soignée et lui ait sorti le poison, mais malheureusement trop tard.
La souche d’aconit avec laquelle vous avez été empoisonnés a été particulièrement… Étrange. C’est un composé que je n’ai jamais vu.
Vateci Tullaris est en vie. Mais elle est devenue aveugle. Je ne suis pas certain de pourquoi. Peut-être une lésion à un organe qui régule la vue. Je m’occuperai de faire d’autres analyses plus tard.

- Tu devras la récompenser pour son service. Comme les familles des autres corsaires décédés. Mais c’est pour cela qu’ils sont engagés.
Leurs pertes ne sont pas si graves que cela. Ils seront remplacés."


Je regarde le plafond quelques secondes, le temps de digérer l'information. Deux morts, et Vateci aveugle. Je leur avais promis de tous les tirer de ce guêpier. Je m'éclaircis la gorge, prenant le ton le plus naturel possible.

- "Oui. Hathar. Et Nilvish. Il s'est sacrifié alors que j'entrais dans le carrosse. Je l'ai vu. Il faudra récupérer son corps, s'il en est encore temps. Et que je vois sa famille."

Je me tourne vers Magnouvac.

- "Qu'y a-t-il de si étrange avec ce poison ? Votre métier devrait vous en faire connaître la plupart.
- Je vous en apprendrai plus quand j'aurai terminé mon analyse," dit-il d'un ton sec. Je semble l'avoir vexé. "Je cherche surtout à préparer un antidote pour qu'il ne puisse plus utiliser la même arme contre nous."

N'insistant pas, j'accepte son explication et me tourne vers mon oncle.

- "Vous... Vous m'avez dit que c'est l'émeute là-dehors. Qu'est-ce qu'il se passe ? On sait qui a envoyé cet assassin ?"
- "Non. Nous n'avons pas le nom du commanditaire. L'inverse serait étonnant. Les attentats commandés à la Main Sanglante sont religieux, ils sont secrets et sacrés. Même si mon influence dans le culte de Khaine devrait me permettre de trouver le coupable, Sighi ne m'a pas demandé de le faire - je ne souhaite pas mettre Khaine en colère, en me mêlant du travail des assassins. Cela me mettrait dans une situation... Inconfortable.
Néanmoins, nous n'en avons pas besoin. Sighi a déjà les deux suspects les plus évidents - Evarnene Uroxis, et Gedlaen Alethi.
Depuis un moment maintenant, Sighi préparait ton mariage à Lokhir Fellheart. C'était un projet secret connu d'un nombre très restreint de personnes - elle ne me l'a confié qu'à mon arrivée. Il est possible que l'une des deux familles ait craint cette union, et ait décidé de t'exclure immédiatement de toute possibilité de mariage avant qu'il n'arrive. Uroxis est en perte de pouvoir, Alethi souhaite avoir Fellheart pour lui tout seul ; ça se tient, surtout que ces deux familles sont nos vieux ennemis héréditaires.
Sighi a décidé de frapper quasiment immédiatement. Elle a réuni tout ce que nous avions comme hommes pour attaquer les deux familles d'une traite. Nos corsaires ont prit d'assaut un entrepôt d'Alethi dans le Placître, je la soupçonne d'avoir eut recours à l'aide de l'Aragne. L'assaut a été un succès, nous avons privé Alethi d'une grande part de son trésor, et ça lui prendra un moment à s'en remettre. Quant aux Uroxis, nous avons attaqué des membres de leur famille qui naviguaient en plaisance le long de la côte. Nous avons un des petit-fils et un neveu d'Evarnene en otage, ce qui sera toujours utile.
Ces deux attaques ont été coûteuses en hommes. Sighi a d'ores et déjà ouvert le trésor de la famille et dilapidé l'argent pour recruter des remplaçants et renforcer nos troupes. Les membres de la famille qui viennent d'arriver pour le Conseil sont légitimement en colère - ils vont maintenant être coincés et forcés de participer à cette guerre.
Hier, le Drachau a envoyé des émissaires auprès de toute les familles, et exigé un cessez-le-feu immédiat. C'est rassurant, car cela veut dire que nous avons remporté la première manche. Alethi et Uroxis vont lécher leurs plaies, alors que nous sommes en bonne posture. On attend juste le bon moment pour frapper à nouveau."


J'encaisse la nouvelle. Marier ? À Lokhir Fellheart, rien de moins ?
Et ces commanditaires... Des noms de voisins, de concurrents qui m'ont accompagné toute ma vie, comme dans un décor. Ça fait drôle de me retrouver dans leurs plans, désormais. Je suis dans les intrigues de cour pour de bon.

- "Mais pourquoi le... commanditaire aurait choisi ce moment pour tenter de m’assassiner, s’il ne connaissait pas les projets de Sighi ? J’ai passé plusieurs jours dans une maison de campagne isolée de tout pas plus tard qu’hi... La semaine dernière. C’est peut-être une fuite qui l’a poussé à l’action.
Enfin, une chose à la fois. Le Grand Conseil est reporté, je suppose ?

- Non. Pourquoi le serait-il ?"

La réponse sèche me prend au dépourvu. Mes neurones fatiguées tentent de recoller les morceaux.

- "Avec les hostilités engagées face aux Uroxis et Alethis... Ah, oui, la trêve. Pardonnez-moi mon oncle, je n’ai pas encore les idées bien en place.
- Les hostilités engagées contre nos ennemis tombent au moment le plus opportun, au contraire. Une guerre exigerait l'approbation du Conseil de toute façon, pour obtenir des revenus et des hommes. Maintenant que tout le monde est en ville, ils n'ont qu'à approuver tous les plans d'urgence et les ordres de Sighi. Nous étions censés gérer un héritage pour lequel se déchirer, maintenant nous avons deux puissantes maisons contre lesquelles s'unir."

J'opine faiblement. Je m'humidifie une nouvelle fois les lèvres, alors que je m'apprête à aborder un nouveau sujet. Les mon-keighs.

- "Autre chose. Dans le Placître, les bidonvilles mon-keighs... Nous avons dû les traverser pour échapper à l’assassin. C’est terrifiant. Une ville dans une ville. Je n’en avais jamais pris la mesure. Ils ne se contentent pas de servir, là-bas. Ils vivent. Dans notre ombre, dans la peur, peut-être, mais certainement pas dans la soumission.
- Et donc ? Tu viens seulement de t'en rendre compte ? Karond Kar a toujours été ainsi. Crois-moi, ce ne sont pas des humains dont tu dois avoir le plus peur."

Un bon point pour Kisha l'Ingénue. Au moins ai-je l'excuse de l'épuisement. Je me renfonce dans mon oreiller. Indifférent, Oncle Kaeleth continue.

- Tu es marquée par la Main Sanglante de Khaine. Tu as été sauvée une fois, mais le contrat n'est pas achevé. Hormis moi, Magnouvac, et deux esclaves, personne n'a le droit de rentrer dans ce bâtiment, pas même quelqu'un de ta famille. Nous ouvrons chacune de tes lettres à la recherche de poison sur l'enveloppe. On a mit du papier sur toutes les fenêtres, et j'ai ordonné à tous les gardes de non seulement surveiller autour, mais aussi de se surveiller entre eux.
C'est ça, qui devrait te faire cauchemarder."


Tout ça tourbillonne dans ma tête. Je tente d'ancrer les informations dans mon crâne. C'est difficile. J'ai juste envie de rabattre la couette par dessus.

- " Et... Y a-t-il un moyen que le contrat se termine autrement que par la mort de sa cible ? fais-je d'une petite voix.
- Le contrat peut être annulé par le commanditaire, s'il le rachète avec sa propre âme. Khaine ne plaisante pas avec ce genre de choses. La Matriarche peut également le faire annuler, mais elle ne le fera pas sans excellente raison. Tu pourrais aussi devenir une Furie, puisque tu es une femme - Khaine ne meurtrit pas ses propres épouses."

La mention des Épouses de Khaine provoque un tic au coin des lèvres. Si mon oncle savait le projet que je nourrissais... Morai-Heg a un drôle de sens de l'humour, parfois.

- "Bon. Eh bien que faire en attendant ? Je ne peux pas passer le reste de ma vie dans cette chambre.
- Non. Mais tu es en sécurité ici. Nous savons comment opèrent les assassins et nous contrôlons toutes les externalités. Les deux esclaves qui sont ici sont au-delà de tout soupçon et uniquement réservés à toi-même. Nous surveillons ta nourriture et Magnouvac peut te soigner à tout instant. En attendant que nous trouvions une solution pour racheter le contrat - très cher - à la matriarche, ou que l'on trouve le nom du commanditaire afin de le faire sacrifier, c'est adéquat. Même si j'espère pouvoir vite te transférer au manoir Drakilos, où ta protection sera encore plus aisée et moins coûteuse.
De toute façon tu n'es pas en état de faire quoi que ce soit d'autre que te reposer. Considère ça comme des vacances ennuyantes. Il y a bien quelque chose que l'on peut faire pour rendre l'attente plus agréable ?"


Je glisse un regard sous les couvertures.

- "Des vêtements serait un bon début. Et..." Je relève le regard, hésite, me retient de me mordre les lèvres, avant de reprendre la parole. "L’Ombre. Rekhilve. Elle m’a sauvé la vie en Norsca. À plusieurs reprises. J’ai une confiance absolue envers elle."

Ma demande fait hausser un sourcil à mon oncle.

- "Ce n'est pas une bonne idée de faire venir des personnes extérieures ici. Je crois que tu ne te rends pas compte du péril dans lequel tu es. Peu importe qui est Rekhilve, comment peux-tu être sûre de sa loyauté ?"

Ah, petite imbécile ! Comment faire pour ne pas faire porter une attention indésirable sur Rekhilve, maintenant ?

- "Elle a eu bien des occasions de me faire disparaître par "accident". Si elle ne l’a pas fait, elle ne le fera pas maintenant," dis-je, le cerveau galopant à tout allure. "Si vous craignez une usurpation d’identité, demandez-lui comment j’ai retrouvé la Marque en Norsca. Elle était avec moi quand je l’ai découverte. Dans un coffret appartenant à mon père, abandonné négligemment dans un petit campement norse loin de tout.
- Et pourquoi tiens-tu tant à la voir ? Tu n'as pas confiance en moi pour assurer ta sécurité ?"

Je lance un petit sourire ironique.

- "J’ai entièrement confiance en vous, mon oncle. Mais vous m’avez demandé comment rendre mon séjour plus agréable. Si vous m’aviez demandé comment sécuriser cette pièce, je vous aurais suggéré Keighi, ma montagne de muscle personnelle et lobotomisée.
- Hm. Soit. Je vais voir ce que je peux faire pour la contacter, alors."

Je me retiens de soupirer de soulagement. Crise évitée. Pour l'instant.
Je tente d'embrayer immédiatement, pour éviter de rendre le moment plus gênant et suspect.

- "Merci mon oncle. J’apprécie. Et je suis heureuse de vous revoir, malgré les circonstances. J’espère que le... temps n’est pas trop long."
Akisha Drakilos, Voie du Noble Aristocrate
Profil: For 8 | End 8 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 11 | Att 11 | Par 9 | Tir 9 | Foi | Mag | NA 1 | PV 8/55
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_akisha_drakilos
Compétences :
Alphabétisation (E)
Diplomatie (B)
Acuité Visuelle (B)
Vision Nocturne (E)
Navigation Maritime (A)
Langage Secret - Jargon des Marins (E)
Autorité (B)
Mort Silencieuse (B)
Déplacement Silencieux (B)
Survie en Milieu Hostile (B)
Canotage (B)

Équipement :
- Cimeterre de Rue (1 main ; 18+1d8 dégâts ; 10 parade ; Rapide. Discret (Pas de suspicion quand l'arme est rangée sur soi) )
- Tenue de Matelot (1 de protection Torse, Bras, Jambes)
- Robe d’Aristocrate (non-portée)
- Masque d’Or (3 de protection au visage) (non portée)
- Remède de Magnouvac (Poudre à inhaler. Permet d'ignorer la Toux, la Dyspnée, la Fièvre et frissonnements durant END/2 heures. Effet secondaire : Provoque une somnolence, qui s'aggrave avec les doses. Effet secondaire grave (18+) : Inconnu. Risque de dépendance : Rouler un jet de VOL (INT+END)/2+6 toutes les deux semaines)
Image

Kehem, dit "Karond & Shoulders", traducteur du Karybde
Annexe de la Fée sur Karond Kar

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