J'ai couru vers la fenêtre, bien décidée à me tirer de se guépier en vitesse. J'avais la tête pleine de pensées, sur la lampe, Sirrah, Zaniab, le vicaire, l'esprit affamé, le repas que j'allais lui trouver. J'ai vérifié que la griffe de mon grappin était bien fixée au rebord, me suis saisie de la corde, et j'ai bondi par la fenêtre pour commencer ma descente en rappel.
Je n'ai pas bien calculé mon saut. Mon esprit trop perdu dans le chaos de ma situation actuelle, je ne me suis pas assez concentrée sur mon mouvement - exactement le fruit de mes pires angoisses lors de mes représentations de contorsionniste. J'ai senti mon pied taper dans le rebord de la fenêtre. Je me suis vue lâcher la corde de surprise. Je n'avais pas encore touché terre que déjà j'avais pleinement réalisé ma situation, alors que je tombais la tête vers le bas.
Et merde.
Je me suis crispée de terreur. J'ai fermé mes paupières de toutes mes forces comme si faire disparaître le décor pouvait annuler ma situation. Serré mes petits poings comme s'ils pouvaient se saisir d'une corde invisible. Mordu de toutes mes forces dents contre dents pour me préparer à l'impact.
Je percute le sol avec la grâce d'une enclume. C'est ma tête qui encaisse le choc.
La douleur parasite toutes mes pensées. L'impact sur mon crâne, l'onde de choc dans mes mâchoires serrées, ma nuque qui s'écrase sur elle-même alors que le reste de mon corps rejoint ma tête sur le pavé, les os de ma colonne vertébrale qui se tendent à l'extrême, incertains d'être en capacité d'absorber le coup. Je ne sais plus trop où est le haut du bas, et si une partie de moi est encore consciente que je n'ai pas une seconde à perdre au sol si je tiens à la vie, l'autre est complètement groggy suite au choc. Mes pensées se font incohérentes, comme si mon corps et mon esprit s'étaient dissociés sous la force de l'impact, le premier ne répondant plus du tout aux stimuli du second. La douleur obnubile mes pensées, pourtant ma bouche ne crie même pas, comme si elle était trop loin pour obéir.
J'arrive à rouvrir les yeux. Y a toute la rue qui tourne. Des bruits au loin. Des aboiements, des grognements, puis des hurlements et des couinements. Sur le moment j'arrive même pas à lier les bruits à une situation - je les entend, mais ça ne m'évoque rien. Je sais juste que j'ai mal et que je dois me lever.
Péniblement, je commence à retrouver mes sens. J'arrive à tourner lentement la tête pour tenter de mieux appréhender la situation. J'entend le son de ma propre voix qui grommelle de douleur. C'est un peu rassurant de m'écouter geindre, ça me rappelle que j'ai pas encore pris la rose noire. C'est déjà ça.
Il y a des bras qui m'aident à me relever. Sirrah est venue m'aider. Elle a l'air complètement déboussolée par la situation, voire terrifiée. Autant pour ses connaissances sur la lampe, que je supposais capables de m'aider à désamorcer le merdier dans lequel je nous avais toutes les deux fourré.
L'urgence de la situation commence à s'imprimer de nouveau dans mon crâne, comme si je traitais toutes les informations entassées dans ma cervelle en même temps et avec du retard.
Une boule d'angoisse vint se faire un chemin dans mon ventre et ma gorge, alors que ma tête tournait encore un peu et qu'une vilaine douleur irradiait dans mes mâchoires et mes dents.
Je prend conscience des évènements dans la rue. Le molosse qui pousse ses derniers souffles sur le sol, dans une gigantesque mare d'hémoglobine alimentée par ses multiples lacérations. La femme de la lampe dont le griffes et les avant-bras étaient recouverts de cette même substance poisseuse, perdait aussi un peu de sang rougeâtre à cause d'une morsure à sa cuisse. Et puis il y a le vicaire Talecht, à quelques mètres d'elle, planté au milieu de la rue en chemise, son marteau brandi vers les nuages commençant à s'illuminer d'une lumière divine.
Sigmar est avec lui ? Alors ça fait de moi l'ennemie d'un dieu ?
Ou peut-être pas. Il n'y a pas de foudre qui tombe du ciel pour nous abattre, pas de comète qui apparaît soudainement pour nous écraser. Il fait juste de la lumière dans la rue. Peut-être que Ranald me protège. Peut-être que Sigmar ne me déteste pas encore.
Quoiqu'il se passe ou ne se passe pas, c'est maintenant ou jamais pour se carapater à mille lieues d'ici. Avec le vacarme qu'on a fait, y a la moitié de la cage qui va pas tarder à se réveiller pour zieuter dans la rue. Je vérifie mes appuis sur mes pieds - je me remet de ma chute, mon équilibre revient peu à peu, je devrais pouvoir courir. J'ai pas le temps de composer avec l'appétit de la femme nue azimutée ou des angoisses de mon amie - comme si on avait le loisir de tailler le bout de gras en ce moment !
- Prend le sac ! On se tire ! Maintenant !
Les quartiers miséreux où vivent Zaniab et Sirrah étaient plein de cachettes, mais je crains que traverser la ville jusque là-bas ne soit trop risqué - surtout qu'en ayant dérobé la lampe de l'arabéenne, c'est chez elle qu'ira Talecht en premier lieu. Il me faut une meilleure option.
Je n'en vois qu'une : Herr Reginarr. Il affiche de manière provocante son appartenance à un dieu rejeté par les autorités, il ne sera pas du genre à coopérer avec eux si toute la ville se met à nous chercher. Encore moins si on le paie grassement avec une partie du butin.
Reste qu'il ne faut pas que Talecht puisse nous suivre jusque là-bas.
Alors dans ma course, je me saisis de l'un de mes bolas à ma ceinture, commence à les faire tournoyer, et me retourne pour le chercher du regard et l'immobiliser en lui lançant dans les jambes... à supposer qu'il soit bien derrière moi.
Susi Tristepanse Bonchardon, Voie de la voleuse, rang 2.
Profil : For 7 | End 7 | Hab 14 | Cha 12 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 7 | Tir 9 | NA 1 |
PV 50/50
États temporaires :
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Compétences :
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Roublardes : Acrobaties, Contorsionnisme, Crochetage, Déplacement silencieux, Évasion, Vol à la tire,
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Intellectuelles : Acuité visuelle, Langage secret - Jargon des voleurs
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Martiales : Esquive, Résistance accrue, Résistance à la magie(2)
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Divers : Chance, Cuisine, Vision Nocturne
Équipement :
Awards \o/
"Avec Susi, y a pas de souci !"