[Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

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Les Zones Maritimes représentent l'ensemble des mers et océans du globe. Les mers peuvent être calmes et propices à milles découvertes, ou être traîtresses...

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[MJ] Le Roi maudit
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[Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

"Par le Grand Jack. Fais un peu attention !"
Des marins la firent reculer. Ils portaient du matériel. Ces quelques mois avaient amené tout un déluge d'informations dans l'esprit de l'Amazone. Le monde comme elle le connaissait n'était qu'une fraction d'un tout plus grand. Les Qharis qui parcouraient la Flak venaient d'un endroit en tout point différent de ses jungles même si elle y retrouvait un semblant de points communs. On vivait dans des lieux clos pour se protéger des prédateurs. On devait manger et boire pour survivre, se vêtir pour se réchauffer, défendre ses biens. Et comme elle l'avait appris auprès des mères immortels dans sa Lustrie natale, tuer si il le fallait pour défendre son bien.
La plus grande motivation pour ces êtres d'au-delà de la Flak était l'or. Le métal des dieux. Ici tout s'offrait contre l'or. Des armes, des bijoux, des gens.
Sar-tosa. L'ile des Pirates. Qu'étaient les pirates ? Visiblement des hommes libres. Des Qharis et des femmes aussi. En moins grand nombre mais elle avait pu le découvrir, elle pouvait retrouver ses sœurs même dans ce nouveau monde.
Mais personne ici ne connaissait ses Dieux, Sotek, Kalith, les esprits du Jaguar, du sang-froid ou des rivières puissantes. Ici on priait Manaan, seigneur de l'océan, Jack, son fils visiblement, et d'autres encore. Un dieu voleur, Ranald.
Ces trois là semblaient agir de concert. Et à Sartosa, faites comme les Sartosiens. Elle avait prié avec ses libérateurs le maitre des flots. Après tout, seul lui pourrait un jour la ramener chez elle.

Si quelque chose ne l'avait pas dépaysé avec sa matrie c'était la prédominance de la violence. Son protecteur, Syrasse, pillait d'autres de ces monstres flottants de bois et de voile, pour s'enrichir. Peut être qu'ils vivaient tous ainsi, prenant aux autres ce qu'ils n'avaient pas. C'était une vie acceptable sommes toutes.

Ils avaient fait une belle prise d'ailleurs. Un navire mar-chan. Les tribus de ce nouveau monde lui semblaient encore assez obscures, surtout qu'elle avait rapidement compris qu'à Sartosa, les gens venaient d'un peu partout. L'équipage dépensait maintenant sans vergogne ses gains dans les lieux de plaisance et de festin. Son capitaine était aux quais à négocier des choses compliquées. Et elle, elle était livré à elle même, bonne pour découvrir un peu mieux cette ile formidable et ses secrets.

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Et tous les secrets étaient à la Taverne ! Concept inconnu dans la jungle mais prolifique sur cette ile. Des tripots où l'on faisait les trois B. Boire, bouffer et Bai... Se bécoter. Dans ce lieu enfumé par le tabac des pipes et la cuisson du salmigondis, des exilés et des briscards de tous horizons décuvaient leur alcool en serrant les rombières les plus proches.
Un terrain de chasse parfait pour une Amazone.
À une table elle pouvait entendre trois gaillards discuter en lorgnant sur elle.
"C'est elle ? Parait que le capitaine Achab l'a ramené avec le trésor.
-Non pauvre cloche. C'est Syrasse.
-Parlez moins fort, si toute la taverne vous entend on sera jamais tranquille."
Et elle avait déjà repéré ses dindons.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Des cris, de l’agitation et des gens affairés qui couraient en tous sens, le port de Sartosa était comme une fourmilière géante où chacun vaquait à ses occupations sans se préoccuper des autres. Il régnait là une sorte de bazar organisé comme je n’en avais jamais connu avant mon arrivée sur l'île quelques mois plus tôt.

Descendant de la passerelle de notre navire, je m'arrêtais un instant pour contempler ce joyeux bordel. Au-dessus de nous, quelques oiseaux marins volaient en cercles réguliers, à l’affût sûrement de quelques morceaux de poisson à chaparder sur les quais. Le temps était doux en cette fin d'après-midi et une légère brise venue du large agitait paresseusement les gréements des navires amarrés le long des débarcadères.

"Par le Grand Jack. Fais un peu attention !"

À cette injonction, je sursautais, sortant de ma rêverie et j’eus tout juste le temps de faire un pas en arrière pour laisser passer un groupe de marins déchargeant du matériel. Ces quelques mois, depuis que j’avais intégré l’équipage de l’Asslevial, avaient été très intenses, tant d’un point de vue aventures que par le flot d’informations qui s'était abattu sur moi en si peu de temps.
Si je commençais petit à petit à me familiariser avec ce nouvel environnement même si, j’étais encore loin d’en comprendre toutes les subtilités. Au début, j’avais été surpris par l’habitat dans lequel évolué ces hommes et ces femmes, Sartosa, sorte de jungle de pierres, de toile et de bois mort bruyante et malodorante ou tout le monde s'empressait néanmoins de se rendre à chaque fois que nous en avions l’occasion pour y dépenser son or.
L’Or, voilà une autre notion qu’il m’avait fallu rapidement intégrer. Dans ce nouveau monde, c’est ce métal à la jolie couleur dorée qui régissait tous. Une personne avec de l’Or pouvait obtenir à peu près n’importe quoi, tout semblait pouvoir être acheté.
Mais le point qui m’avait été le plus douloureux et qu’aujourd’hui je ne supportais encore qu’à grande peine, était la dominance quasiment permanente des hommes dans ce nouveau monde. Alors que chez moi, avec mes sœurs nous régnions d’une main ferme sur notre jungle, ici, c’était les hommes qui semblaient tout contrôler. J’avais bien sûr déjà croisé la route de quelques femmes volontaires, au regard décidé et avec du pouvoir, mais en de biens trop rares occasions à mon goût.

Une fois le groupe d’hommes et leur chargement passé, je me hâtais de traverser le port pour remonter vers la ville. Après avoir fait quelques emplettes dans les petites ruelles ou le soleil ne perçait quasiment jamais, notamment pour acheter de l’herbe à fumer, je rejoignis une des artères principales de la ville et, me laissant porter par le flot de badauds allant et venant, je pris la direction de l’Anguille Rieuse, une taverne de Sartosa où j’avais commencé à prendre mes habitudes.
Le concept de taverne était compliqué à comprendre, mais dans ce monde étrange, cela semblait être le lieu de vie principal de l’ensemble de la population, on s’y retrouvait pour manger un morceau, boire et raconter ses aventures et puis parfois pour y faire des rencontres plus.. intimes.

Nous avions accosté en fin de matinée dans le port après une très belle prise en mer quelques jours plus tôt, et l’équipage avait quartier libre, le capitaine Syrasse ayant des affaires à traiter avec des marchands, hommes dont je ne comprenais pas bien la position dans la hiérarchie et le rôle qu’ils y jouaient.

Le temps de faire mes emplettes, l’après-midi s’était achevée et lorsque je pénétrais dans la taverne, le soir commençait à tomber. Je fus saisi comme à chaque fois par une odeur de fumée et d’alcool rance. La taverne de l’anguille rieuse se tenait vers le centre de la ville et avait, par rapport aux autres établissements de Sartosa, la réputation d’être un établissement “propre et bien tenu”. Bâtie de plain pied, elle se composée d’une grande salle de vie, d’une cuisine et aussi, de quelques chambres où l’on pouvait se reposer pour une nuit, à condition bien entendu de ne pas être gêné par les beuglements des marins ivres dans la salle principale.

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Entrant discrètement, je m’installais à une table dans le fond de la taverne, dos au mur. Un jeune homme à peine sorti de l'adolescence que je n’avais pas vu la dernière fois s'approcha de moi :
- J’peux vous aider m’dame ?
- Sers moi une chope de bière et à manger. J’aimerai aussi prendre une chambre après mon repas, fais-y remplir un baquet d’eau chaude veux-tu.
Il cilla un moment en croisant mon regard et en voyant mon oeil mort puis après une seconde se reprit et répondit :
- Très bien m’dame, j’vous apporte ça.

Le repas fut vite servi. Une soupe aqueuse et brunâtre, du pain et une tranche de viande fumante et grasse accompagnés d’une chope de bière amère. Tout en mangeant, j’observais la salle et ne put m'empêcher de jeter un regard méprisant à deux femmes qui, exhibant des courbes généreuses, étaient occupées à séduire un groupe d’hommes attablé près de l’entrée. Comment pouvait-on tomber aussi bas ? Se donner à un homme contre de l’Or, cela me paraissait être le comble de l’humiliation.

Pendant que je mâchais difficilement mon morceau de viande dure comme une lamelle de cuir, une conversation à la table voisine de la mienne attira mon attention :
- C'est elle ? Parait que le capitaine Achab l'a ramené avec le trésor.
- Non pauvre cloche. C'est Syrasse.
- Parlez moins fort, si toute la taverne vous entend on sera jamais tranquille.


Du coin de l'œil, je pouvais les voir lorgner sur moi sans vraiment s’en cacher. Trois beaux dindons avec leurs écuelles vides et une chope à la main. Était-ce surprenant ? Non. Après avoir mangé et bu, l’homme pouvait passer à son troisième besoin vital, trouver une femme à culbuter.

Néanmoins, la dernière phrase piqua ma curiosité. Je ne maîtrisais pas encore toutes les subtilités de la vie en société au sein de l’île des pirates, mais il ne me semblait pas logique de vouloir chercher à être tranquille dans une taverne. Les mots du vieux Gindast, le plus vieux marin de notre équipage, tellement vieux que son seul rôle à bord était maintenant de conseiller le capitaine sur les vents et les caps à suivre, me revinrent à l’esprit.
"Ma belle, la taverne, c’est le meilleur endroit où aller si tu souhaites t’acoquiner avec un équipage ou conduire une affaire illicite de quelque nature qu’elle soit."

Feignant de commencer à somnoler après un bon repas, je m'installais plus à mon aise sur le banc et appuyais ma tête contre le mur de la taverne, le regard perdu dans le fond de ma chope. Je ne voulais pas laisser comprendre aux trois marins que je les avais entendus et que je souhaitais en savoir plus sur l’affaire qui nécessitait d’être tranquille. Ce n’était peut-être rien, mais mieux valait en avoir le cœur net.
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 10:34, modifié 2 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Il y avait quelques réticences au départ à manger la pitance offerte par ses geôliers puis ses libérateurs. Dévorer quelque chose que l'on n'avait pas chassé. Tout se perdait. Mais avec le temps. La bière était une découverte surprenante. Loin des fruits macérés de la jungle, elle avait une saveur unique. Un des marins avait bien essayé de lui expliquer comment on l'obtenait mais... Les Bizarreries des Qharis étaient encore trop abscons à son œil.

Pendant qu'elle se remplissait la panse, elle pouvait utiliser ses sens aiguiser pour remarquer tous les détails de l'Anguille joyeuse. Dans un coin, un de ces petits êtres rebondis, halfe-lin, invectivait un gaillard bien plus grand que lui pour une question de payement. Des flibustiers à la manque racontaient autour d'une table la prise d'une goélette bretonnienne.

Une serveuse repassait régulièrement près de l'Amazone, remplissant son bock. Elle avait de ces arguments convaincants qu'on ne quittait pas des yeux. La bière se descendait vite. Curieusement il faisait de plus en plus chaud dans la taverne, raison de plus pour en boire.
Alors qu'elle devenait plus bière que guerrière, et bien que son esprit tenait encore bien l'alcool, l'un des trois hommes approcha. Il avait des cheveux dorés comme ceux des Barbares les plus avides des richesses de Lustrie. Mais il était plus petit, moins corpulent, et il sentait meilleur. Ses yeux de ciel se posèrent sur Nola alors qu'un maladroit sourire auquel il manquait une ou deux dents adoucissait son visage.

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"Pardonnez moi de vous importuner mademoiselle. Je me nomme Fabrice. Certes. "Il se pourrait que vous soyez celle que nous cherchions. Avez vous par hasard déjà vu ce genre d'orfèvrerie ?"
De sa veste, il décocha un galet doré. Gros comme une prune, niché dans sa paume cagneuse de marin. C'était de l'or. Et pas n'importe quel or. C'était un de ces artéfacts gardés jalousement dans les temples de ses consœurs. Aucun doute. Cela provenait de chez elle. Cela voulait dire qu'on avait pillé ça.
Son sang alcoolisé ne fit qu'un bond. Il rangea ça et les mains en l'air, les coudes sur la table il expliqua :
"Du calme. Cela m'a été échangé par l'équipage du San Felicia. Ce que mes comparses et moi même proposons, c'est d'aller "récupérer" le reste sur le navire."
Lorsqu'elle vint l'empoigner par le col, il décolla du siège, la taverne ne remarqua pas. Pourtant il ne se débina pas le Fabrice.

"Nous jouons dans le même camp. Suivez notre plan et tout ira bien. Et on aura ces lingots je le garantis." Son sourire s'accentua. Les Qharis étaient bien trop confiants décidément. Elle le relâcha et il s'épousseta. Le gamin de tout à l'heure revint et murmura que la chambre était prête avant de déguerpir.
Les deux loustics accompagnant le Fabrice arrivèrent. Ils étaient plus quelconques. Probablement pas les intellectuels de la troupe. L'un d'eux se posa même trop près de son bock à son gout.

"Il va falloir attendre un peu avant de pouvoir mettre le plan à exécution. Autant faire plus ample connaissance non ? Voici Pablo et Sigmund. Mes vieux amis."
Jet de constitution : 2, réussite
Jet de force : 7, réussite
Jet d'intimidation : 11, raté !
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Je tendis donc l’oreille, mais au bout d’un moment, je dus me rendre à l’évidence, il n’y avait rien à écouter dans la conversation des trois gaillards. Cependant, ces derniers n’arrêtaient pas pour autant de regarder dans ma direction, ce qui commençait à m’agacer.

M'efforçant de ne plus y prêter attention, je reportais mon regard sur la salle de la taverne. C’était le début de soirée, et bien que l’établissement ait bonne réputation, il était encore loin d’être plein, les marins profitant peut-être un peu de la fraîcheur que le soir tombant apporté après une journée si ensoleillée.
Près de l’entrée, j’observais avec un petit sourire en coin un de ces demi-hommes que les gens ici appelés halfe-lin se quereller avec un grand gaillard pour un sujet qui m’échappait. Un peu plus loin, quelques marins semblaient fêter la prise d’un navire bretonnien à grand renfort de rires et d’accolades.
Je me laissais donc petit à petit bercer par l’ambiance environnante, buvant une, puis deux, puis trois chopes et une douce chaleur commença à m’envelopper.

Alors que je ne pensais même plus aux hommes de la table voisine, l’un d’eux se leva, et je l'aperçus du coin de l'œil se diriger vers moi. “Par Sotek, que peut bien me vouloir se Qhari” me dis-je tout en feignant de ne pas l’avoir remarqué.

Une fois arrivé à la hauteur de ma table, il s’arrêta et se tint debout face à moi. Avec un regard interrogateur, je levais les yeux de ma bière et les fixais sur lui. Il avait de longs cheveux clairs, comme ces sales Norsii qui aimaient tant venir dans notre jungle pour en piller les ressources, avec des yeux d'un bleu couleur de ciel estival, mais sa stature était bien plus modeste et il n’avait pas leur odeur. D’ailleurs, il sentait même plutôt étonnamment bon et avait une apparence soignée comme peu d’hommes dans ce dépotoir qu’était Sartosa.

Alors que je le toisais d’un air qui signifiait clairement qu’il ne valait mieux pas me déranger pour rien, il me fit un sourire aussi timide que maladroit auquel manquait quelques dents et s’adressa à moi :
- "Pardonnez-moi de vous importuner mademoiselle. Je me nomme Fabrice. Il se pourrait que vous soyez celle que nous cherchions. Avez-vous, par hasard, déjà vu ce genre d'orfèvrerie ?”

Et pour illustrer son propos, il tira de sa veste un petit caillou doré de la taille d’une prune. Mon sang ne fit qu’un tour ! Je savais ce qu'était cette or-fev-rie ou je ne sais quoi, c’était un artefact volé à mes sœurs il y a une année de cela par des maudits Qharis après un bain de sang au cours duquel ils avaient violé notre sanctuaire et pillé nos trésors.
Je n’étais pas présente ce jour-là, mais après que ces chiens se furent enfuis sur leur maison de bois pour retraverser la grande flak, cette histoire s'était répandue dans toutes les tribus et était rapidement devenue l’un des épisodes les plus noirs de l’histoire récente de notre peuple.
Après cela, nous n’avions guère été surprises lorsque l’expédition qui m’avait vu être capturée par des mercenaires était arrivée. Nos mères nous avaient prédit qu’une fois ces pillards rentrés chez eux, ils ne manqueraient pas d’attiser la jalousie de leurs semblables et d’aviver la soif de richesse et d’aventure que semblaient nourrir les conkistadors et les pirat à l’égard de notre jungle et de nos temples sacrés.

Lui attrapant vivement l’avant bras et me relevant à demi sur mon banc, je lui dis d’une voix sifflante de rage en le foudroyant du regard :
- "Où vous êtes vous procurés cela ?”
- “Du calme, du calme. Cela m'a été échangé par l'équipage du San Felicia."
- “Alors, pourquoi me montrer cela ? Est-ce une provocation ?"
-“Non, bien au contraire, nous avions besoin de quelqu’un.. comme vous pour nous assurer qu’il s’agissait bien de ce que nous pensions.”

Je le lâchais et en me rasseyant sur mon banc, je lui dis d’un ton plus calme :
- “Vous ne vous rendez pas compte de ce que cela représente..”
- “Justement si.”
Puis s’asseyant à son tour, les mains en l’air et les coudes sur la tables :
- “Ce que mes comparses et moi-même proposons, c'est d'aller récupérer le reste sur le navire.”

Durant ce court échange, ses compagnons qui s’étaient levés lorsque j’avais saisi celui qui semblait être leur chef par le poignet s’approchèrent et s’assirent à leur tour à ma table, l’un de se collant même bien trop près de moi à mon goût.
-“Voici Pablo et Sigmund. Mes vieux amis, ils seront aussi de la partie. Il nous reste du temps avant de pouvoir mettre le plan à exécution. Autant faire plus ample connaissance non ?”

Je me penchais alors en avant, et saisissant le dénommé Fabrice par le col, je le tirais vers moi, le décollant de son siège, et collant mon visage si près du sien que je sentais l’air expiré de ses narines et que nos nez se touchaient presque, je lui dis dans un murmure en le regardant droit dans les yeux, avec un grand sourire contrastant avec la dureté de mon regard :
- “J’espère pour toi mon joli, que tu n'espères pas, toi et tes deux Saurus te jouer de moi. Sinon, crois-moi, je te ferai regretter d’avoir un jour respiré le même air que moi. Je vous ouvrirais de là à là ” fis-je en traçant de ma main libre, une ligne allant de mon nombril jusqu’à ma gorge “et offrirais vos entrailles encore fumantes aux dieux”.

Une foule de questions se bousculait dans ma tête, qui était cet homme, pourquoi venir me trouver pour me parler d’un sujet aussi sensible, était-ce un piège et devais-je en parler au capitaine Syrasse ?
De toute façon, me dis-je, maintenant qu’il m’a donné le nom du navire ou se cache le trésor de mon peuple, il ne me laissera pas partir et prendre le risque que je révèle son secret à d’autres. Et puis, malgré toute mon affection pour Syrasse, s’il apprend qu’un tel trésor est à portée de main, il aura la même réaction que ce drôle de forban de Fabrice.
Non, c’est à moi d’aller récupérer ce trésor, c’est mon peuple et il n’y a que moi qui soit en mesure de le mettre à l'abri !

“Nous jouons dans le même camp”, me répondit-il sans se départir de son insupportable sourire. “Suivez notre plan et tout ira bien. Et on aura ces lingots, je le garantis”.

Au moment où je relâchais son col et le libérais de mon emprise, le gamin de toute à l'heure revint et murmura que la chambre était prête avant de déguerpir sans demander son reste.

- “Bien, puisque visiblement, nous n’avons rien d’autre de mieux à faire que d’attendre” déclarais-je en me levant, “Je vais aller profiter du bain chaud qui m’attend et me préparer. Fabrice, si vous souhaitez m’exposer votre plan plus en détail, suivez-moi, sinon, je vous retrouverai ici même dans une trentaine de minutes”. Et sans un regard en arrière, j’attrapais mes affaires et me dirigeais vers la chambre qui m'était réservée.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 10 juin 2022, 15:49, modifié 1 fois.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

La chambre était petite, mal éclairée, probablement que la literie n'était pas de première fraicheur mais au moins c'était une chambre, pas un hamac, pas un tas de paille sur le sol. Une chambre. Mais si la proposition de Fabrice se maintenait, elle n'aurait même pas le plaisir d'y passer l'entièreté de la nuit.
Ce dernier se ramena d'ailleurs. Il regarda à droite et à gauche qu'aucun poignard ne l'attendait avant de justifier, fermant la porte derrière lui.

"Pardonnez à mes amis. Si la nature ne les a pas rendu des plus malins, ils sont fidèles." Il se retourna lorsque l'Amazone commença à se déshabiller et de profiter de son bain. "Je vais être sincère avec vous. Je ne suis jamais allé dans le nouveau monde. Ce siècle encore presque neuf est celui des aventuriers en tous genre, et bientôt à force de détermination et au prix de bien des vies, on s'y installera. Mais je comprends que des gens dans votre situation." Le blondin se retourna avant de s'adosser au mur. "Ne l'accepte pas."

Aux réponses de la fille de la jungle, il haussa les épaules avant d'ajouter : "Quoi qu'il en soit. Le plan. Il est simple. L'équipage du San Felicia est en train de vider tout ce que la nature et la piraterie leur a offert comme bourses dans des femmes, du vin et des jeux. Ils ripaillent à plein ventre et seul quelques membres d'équipages surveillent le navire. Il faudra créer une diversion, ça c'est notre part. Du moins celle de Pablo et Sigmund. Les deux autres devront se glisser sur le navire et... Atteindre l'or. Sans se faire remarquer."
Il s'approcha du bain, regarda à droite et à gauche avant de décrocher son tricorne.
"Et si un dixième de ce qui se raconte sur les femmes du Nouveau Monde est vrai, quelques marins saoulés au rhum et à l'ennui n'opposeront pas grande résistance.
Son regard passa de la jeune femme à ses deux lames posées non loin.
"Pour le reste, vous le découvrirez en temps et en heure. Ne vous en faites pas."

Une fois séchée, rhabillée, ils décollèrent. Quatre silhouettes louches dans une ville louche aux gens chaloupés. Des briscard déchus dans des redingotes crasseuses jetaient des regards dérobés sur les trois gaillards et la femme à l’œil mort. Quelques soulards pataugeant dans la gnôle et les reflux gastriques s'alignaient dans les angles des bicoques rongées par le sel. Sartosa était unique, belle de loin mais loin d'être belle. Pour l'Amazone, la vraie question était comment accepter de vivre dans une telle humiliation. Les bêtes se montraient plus dignes de là où elle venait.

Ils arrivèrent au Flétan noir. Le cœur des quais. De là les gréements du navire de Syrasse étaient même visibles. Entre les Galions estaliens et les frégates de quelques sinistres capitaines, ils finirent par retrouver la figure de proue du navire recherché. Le San Felicia. C'était un trois-mats élancé, mais l'aller-retour pour le nouveau monde avait balafré sa coque. Il y avait les marques des combats, et les travaux qui allaient avec.
Quelques infortunés de quart attendaient sur le pont. L'ennui avait prit le pas sur la rigueur. Et Pablo et Sigmund joueraient de ça. Pendant qu'ils s'avançaient en direction du pont, Fabrice désigna à Nola le fatras de piquets, de planches, d'échafaudages pour la rénovation qui dépassaient de l'eau. Un pied agile pouvait se déplaçait par l'eau pour gagner le navire. Et avec un peu de chance, de s'emparer de l'or du nouveau monde.
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Je me dirigeais donc vers ma chambre, Fabrice sur les talons. Arrivé devant la porte, je l’ouvris et y pénétrer, le pirate prenant quant à lui tout son temps pour examiner l’entrée avant de s’y aventurer prudemment, comme un chat dans une maison qui n’est pas la sienne, craignant, je m’en doutais, une embuscade ou une fourberie de ma part.
La chambre était petite et en un seul coup d'œil, je fis le tour de la pièce. Mal éclairée et sentant l’humidité, elle était en revanche plutôt propre. La literie n’était pas des plus engageante mais, comparé au hamac d’un navire, cela suffisait à me donner l’envie de m’affaler dessus pour ne plus bouger. Dans un angle de la pièce, un grand baquet en bois rempli d’eau fumante m’attendait. Sans faire plus de cérémonie et sans me préoccuper des inquiétudes de Fabrice que je savais infondées, je jetais mon paquetage sur le lit, posais mes deux sabres contre le mur et entrepris de me dévêtir.

Le forban se tourna alors que je me dénudais et pénétrais avec un soupir de satisfaction dans l’eau chaude. Puis, alors que j’entreprenais de me laver, frottant consciencieusement avec un savon et une éponge l’ensemble de mon corps pour en faire disparaître le sel et la crasse de ces dernières semaines en mer, il prit la parole :
- "Pardonnez à mes amis. Si la nature ne les a pas rendus des plus malins, ils sont fidèles."
J'accueillais son intervention par un grognement dédaigneux, en quoi cela me concernait-il ? Tant que ses amis faisaient leur part du boulot, le reste m’importait peu. Devant ma réaction peut engageante, il continua néanmoins :
- "Je vais être sincère avec vous. Je ne suis jamais allé dans le nouveau monde. Ce siècle encore presque neuf est celui des aventuriers en tous genre, et bientôt à force de détermination et au prix de bien des vies, on s'y installera. Mais je comprends que des gens dans.. votre situation ne l'accepte pas."
Bien que je ne comprisse pas le sens de sa phrase quand il me parla de siècle neuf, la seconde partie en revanche me fit éclater d’un rire franc, ces pourceaux de pirates, bons qu’à boire et dirigés uniquement par l’or et leur queue pensaient réellement qu’un jour, ils pourraient conquérir la terre de mes soeurs ?
- “Si vous mettiez un pied dans la jungle, je prends le pari que vous ne tiendriez pas deux jours avant de succomber, et dans le cas où vous ne seriez pas totalement mort, vous supplieriez vos dieux de tomber sur mes soeurs pour qu’elles mettent une fin rapide à vos souffrances. Encore faudrait-il qu’elles soient d’humeur à cela..” Puis, me radossant contre le rebord du baquet je poursuivais “vous êtes marrant pour un pirate, mais contentez-vous de rêver à des choses accessibles, par exemple, à notre affaire.”

Au vu de mes réponses, il haussa simplement les épaules pour enfin aborder le sujet qui nous intéressait tous les deux, comment s’emparer d’un trésor sur un navire amarré en plein milieu du port de Sartosa. Il m’expliqua qu’à l’heure qu’il était, l’équipage du San Felicia devait déjà être bien éméché et que ses membres, dispersés dans les tavernes de la ville pour dilapider leur argent en alcool et en femmes, ne poseraient donc pas de problèmes. Pour ce qui était des pauvres hommes qui avaient à n’en pas douter étaient désignés pour monter la garde, il proposait que Pablo et Sigmund s’occupent de faire diversion pendant que lui et moi-même montions à bord. Il conclut en s’approchant de mon bain et en enlevant son tricorne :
- “Si un dixième de ce qui se raconte sur les femmes du Nouveau Monde est vrai, quelques marins saoulés au rhum et à l'ennui n'opposeront pas grande résistance.”
Je lui rendis son regard et avec un sourire carnassier répondit :
- “Vous ne pensez pas si bien dire.”

Puis il sortit, me laissant ainsi finir de me laver et de me préparer. Une fois sorti du bain, je me rhabillais, malgré le dégoût que m’inspirait le fait de remettre mes vêtements sales alors que je venais tout juste de me laver. J’épongeais mes cheveux au-dessus du baquet puis les coiffais en nattes pour éviter qu’ils ne viennent à me gêner pendant notre mission. Enfin, je saisis mes deux sabres que je fixais dans mon dos, et attrapais dans mon manteau une petite boîte contenant une peinture noire et liquide que je passerai sur mes yeux au dernier moment, avant de prendre le navire d’assaut. Je laissais ensuite le manteau avec le reste de mes affaires sur mon lit et je sortais.

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Je retrouvais Fabrice et ses deux amis dans la rue, patientant sous le porche en face de l’entrée de l’Anguille Joyeuse. Sans échanger un mot, nous prîmes la direction du port. Pour cela, nous dûmes traverser plusieurs rues sales et malodorantes de la ville. À cette heure, les forbans qui peuplaient les lieux commençaient à être bien imbibés d’alcool et le tableau ainsi dressé n’était pas glorieux. Çà et là, des marins gisaient par terre ou affalés contre un mur, l’odeur aigre du vomi emplissant l’air. Plus loin, deux groupes s’affrontaient à grand renfort de cris et de coup de poings devant l’entrée d’une taverne, un corps inanimé gisant dans la boue verdâtre de la rue sans que personne ne se préoccupe de lui.
Je regardais tout cela avec un sentiment de dégoût et de pitié pour ces hommes qui se targuaient d’être libres. Était-ce cela leur liberté ? Se vautrait dans la boue et la médiocrité.. Chez nous, au cœur même de la jungle, même les animaux les plus immondes avaient plus de dignité.
Cela étant, toute cette agitation permettait que nous nous déplacions sans que grand monde ne prête attention à l’étrange troupe de trois hommes et d’une femme en tenue de guerrière qui traversait la ville à grande enjambée en direction du port.

Une fois arrivés au flétan noir, nous nous séparames. Sigmund et Pablo partirent de leur côté tandis que je restais là avec Fabrice, à contempler notre cible. Amarré au cœur des quais, le San Felicia était un beau bâtiment mais il semblait avoir été éprouvé par son dernier voyage. Tout autour de lui, les échafaudages et les grues donnaient l’impression que le trois-mâts était prisonnier d’une toile d'araignée géante qui l’entourait. Si la journée, cette toile grouillait d’activité, elle était pour l’heure déserte et seuls quelques hommes semblaient garder le pont du navire. L’ennui et le mécontentement d’être coincé ici alors que leurs compagnons profitaient de bons temps en ville avaient dû les irriter et on pouvait sans craintes estimer que leur vigilance n’était pas exempte de tous reproches. Derrière le navire, on distinguait d’autres vaisseaux et parmi eux, j'apercevais le nôtre, l’Aslevial dont les mâts s’élançaient fièrement dans la nuit noire.

Tandis que nous laissions un peu de temps à nos deux acolytes pour se mettre en place, je pris mon petit pot de peinture noire, et après avoir trempé deux doigts dedans, fis une ligne horizontale partant de ma tempe droite à ma tempe gauche avec le liquide. Je recommençais ensuite l’opération dans le sens inverse et laissais couler le liquide sur mes yeux et le haut de mes joues avant de ranger le pot. Puis, comme Fabrice ne semblait toujours pas motiver à bouger, j’en profitais pour faire quelques exercices d’échauffement, roulant les épaules, faisant des cercles concentriques avec ma tête et me penchant d’un côté puis de l’autre pour toucher l’avant de mes pieds avec mes deux mains. Enfin, le pirate sembla juger que nous avions assez attendu et sur un signe de sa part, nous nous avançames vers l'enchevêtrement de morceaux de bois dépassant de l’eau qui entourait le San Felicia.
Je ne sais pas comment Pablo et Sigmund s’y prenaient, mais l’attention des gardes semblait en effet être distraite par quelque chose car nous atteignîmes le bord du ponton sans nous faire repérer. Ajustant une dernière fois les deux sangles de cuir tenant mes sabres sur mon dos afin d’équilibrer parfaitement leur poids, je me retournais vers Fabrice et avec un sourire espiègle lui chuchotais :
- “Essayez de me suivre sans tomber, il est un peu tard pour un bain de minuit et je n’irais pas vous chercher.” Puis avant qu’il n'ait le temps de rétorquer quoi que ce soit, je commençais la traversée menant jusqu’à la coque du navire, sautant avec agilité d’un bout de bois à un autre. Cela me rappelait ma jeunesse lorsque avec les sœurs de mon âge, nous imaginions des parcours dans les arbres et les rochers et faisions la course dedans pour savoir laquelle irait le plus vite.
Une fois arrivé contre la coque du navire au niveau de la poupe, je me retournais pour attendre Fabrice et lui tendis la main pour l’aider à atteindre ma position. Il me regarda et hocha la tête, avant de me désigner une corde sur notre droite qui passait devant un sabord situé quelques mètres au-dessus de nous. Je l’attrapais et commençais à monter, retenant mon souffle et priant pour qu’aucun des marins sur le pont n’ait l’idée stupide de se pencher par-dessus le bastingage pour se soulager. Une fois au niveau du sabord, je m’accrochais d’une main à la structure en bois lui permettant de rester ouverte, et tenant toujours la corde de l’autre main, je m’écartais légèrement sur le côté pour laisser de la place à Fabrice qui montait à ma suite. Il parvint à ma hauteur, le souffle court, puis, comme il ne faisait pas mine de pénétrer par l’ouverture, je chuchtais :
- “Honneur aux dames j’imagine ? C’est bien comme ça qu’on dit dans votre tribu ?”
Et j’enjambais le rebord de bois pour pénétrer à l’intérieur du bâtiment, me jetant de moi-même dans la gueule du loup et, sans un regard vers l'extérieur, je m’accroupis contre la face interne de la coque du navire, aux aguets et tous sens en alerte, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement, aussi silencieuse et invisible que possible dans la pénombre, prédateur à l'affût sur un territoire hostile..

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La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

La lune, l’œil blanc d'un dieu aveuglé il y a des lustres, disparut derrière un voile de nuages. Parfait. Les deux compagnons d'infortune se déplacèrent prudemment sur les piquets. Les chiures de mouette, les algues et l'usure les rendait particulièrement glissants. Ils longèrent la coque de ce géant des mers, au ventre alourdi roulant sous les caresses de la marée. Les géants de bois et d'acier qui avaient déferlé dans sa jungle, ravagé son monde, qui l'avait emporté ici, à l'opposé des siennes.

Entre deux craquements de bois, deux respirations de Fabrice ou le sang qui lui battait les tempes, elle entendait un remue-ménage, boucan de Qarhis aux accents variés et rauques. La distraction. L'ascension sur le San Felicia ne se fit pas sans peine. Les cordages craquèrent sous son poids, elle se retrouva à descendre inéluctablement là où elle devait monter. Heureusement elle pu se raccrocher au bois éraflé.

Une fois à l'intérieur, elle retrouva cette agression des sens qu'était l'intérieur des navires. La puanteur des hommes, du moisi, des rats et de leurs déjections. Trop de temps passé au fond d'une cale comme une vulgaire caisse d'or. Comme celle là même qu'elle irait récupérer.

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À pas de loup, Fabrice s'avança. Il fallait tacher de faire le moins possible grincer le pont. Ne surtout pas faire rouler quelque chose. Ils seraient en quelques enjambées au niveau inférieur. Mais son regard affuté vit le marin. Il était assis sur une caisse. Le dos nu. Il tenait une bouteille de Rum, cette eau de vie qui réchauffait de la gorge aux entrailles du bout de ses doigts. Ivre et ennuyé. Il ne la remarqua pas s'avancer comme un fauve. Il se grattait la barbe lorsque la main se plaqua sur sa bouche et le plaqua contre un corps. Son cœur se mit à battre la chamade, il essaya de retirer le bras mais le fil de la lame lui ouvrit la gorge. C'est ainsi qu'il trépassa, en se vidant de son sang chargé d'alcool sur le pont inférieur d'une frégate tiléenne, sa vie prise par une femme qui n'avait rien à faire ici. Ses yeux étaient encore chargés de stupéfaction lorsqu'ils devinrent vitreux.

Fabrice la félicita d'un signe avant de s'avancer. Il descendit au niveau inférieur, un gargouillis exclamatif plus tard, sa main ensanglantée dépassa de la trappe pour l'inciter à le suivre. En descendant dans la cale, elle enjamba un autre marin encore chaud.
Entre les caisses, les paquetages et les rats en fuite, ils finirent par la trouver. C'était une cassette d'assez grande taille. Un coup de botte pour l'ouvrir. De l'or. De l'or lustrien. Fabrice siffla entre ses lèvres :
"Filons et vite."
Il regardait partout comme si quelqu'un allait fondre sur eux.

Mais il y avait autre chose... Un sentiment qui s'emparait d'elle en regardant l'or. Un instinct ? Une déduction ? Il y avait un de ces grands paquets de toile qui avait une forme étrange. Un coup de cimeterre l'expliqua. Il y avait une momie là dedans. Celle d'une des mères immortelles. Les descendantes illustres de celles qui côtoyèrent les Dieux. Les plus révérées d'entre les Amazones. On l'avait arraché à un temple. Là il y avait des lances. Des arcs. De son peuple. De son clan. Les marques, les parures utilisées. Des trophées, arrachés aux siennes. Mais surtout, il y avait des fers dans cette cale. Les fers qui avaient transportés d'autres de ses sœurs de ce côté-ci de l'océan.
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Nola Al'Nysa
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

Tous les sens aux aguets, tapis dans la pénombre, j’entendis Fabrice enjamber à son tour le rebord de bois pour pénétrer dans le navire. Je ne me retournais pas et ne lui jetais pas un regard, mon attention était entièrement tournée vers l’espace sombre qui se dessinait devant moi.

Se portant à ma hauteur, le pirate dit dans un murmure “Hé beh cette fois, nous y sommes, les choses sérieuses commencent”. En effet, maintenant que nous nous étions jeté de nous-mêmes dans la gueule du loup, il n’était plus temps de faire demi-tour. “J’espère que vos informations sont bonnes” lui répondis-je simplement. Puis je commençais à avancer pour m’enfoncer lentement dans les entrailles du géant des mers. Je me déplaçais prudemment, Fabrice sur mes talons en faisant attention à chacun de mes gestes. Très vite, l’odeur caractéristique de la cale d’un navire agressa mes sens. L’odeur rance de la sueur, des hommes et des rats qui avaient croupi là pendant plusieurs mois en mer sans pouvoir se laver et nettoyer leur lieu de vie était écœurante. Depuis l’intérieur du bateau, les sons provenant de l’extérieur me parvenaient étouffés et un silence oppressant nous entourait. J’avais l’impression d’entendre mon cœur battre et à chacun de mes pas, je craignais de heurter un objet ou pire, quelqu’un. Seuls les craquements habituels d’un tel bâtiment provoqués par le léger roulis des vagues venaient rompre cette atmosphère électrique.

Nous progressions néanmoins rapidement et approchions du niveau inférieur lorsque je me figeais ! Là, à quelques enjambées de moi, se tenait un homme. Je m'arrêtais net et tendant la main derrière moi, je la posais sur la poitrine de Fabrice pour l’arrêter. Je me tournais vers lui et, portant un doigt à mes lèvres, je lui fis signe de ne pas faire de bruit avant de lui indiquer d’un geste de la tête, l’homme qui nous tournait le dos. Ce dernier, torse nu, ne semblait pas avoir remarqué notre présence. Nous tournant le dos, il buvait une bouteille de ce que les Qharis appellent “Rum”, une eau-de-vie très prisée, surtout chez les pirates. Le gaillard, sûrement rendu moins vigilant par le savant mélange de l’alcool, de l’ennui et de la chaleur de cette nuit sans vent, paraissait attendre désespérément que le temps s’écoule et que son tour de garde ne prenne fin.

Faisant signe à Fabrice de ne pas bouger, je sortis de la pénombre et m’avançais sans un bruit en direction de l’homme qui se tenait toujours dos à moi. Alors que je n’étais plus qu’à un bon mètre de lui, je portais la main à la garde d’un de mes sabres dans mon dos puis, dans un même mouvement, je me jetais sur l’homme tout en dégainant mon arme. Le garde ne sembla réagir que lorsque mon bras entoura sa gorge, mais c’était déjà trop tard. Alors que je le tenais fermement par le cou, je le tirais en arrière pour coller son corps au mien et ainsi l'empêcher de se relever. Je sentis la chaleur de son dos contre mon ventre tandis que de ses deux mains, il s'agrippait à mon bras pour tenter de desserrer ma prise sur lui. Avant qu’il n’ait la moindre chance d’y parvenir, je passais le fil de ma lame le long de sa gorge. Cette dernière s’ouvrit et un large flot de sang chaud en sortit, coulant sur mon bras puis sur le torse du garde qui, dans un gargouillis sembla essayer de dire quelque chose. Je me penchai vers son oreille et lui murmura “chuuuut, c’est fini” et je pus lire dans son regard un éclair d’incompréhension et de panique juste avant que celui-ci ne se voile et que la vie quitte son corps.
Une fois l’homme mort, je croisais le regard de Fabrice qui s’était avancé à ma suite, il me fit un hochement de tête approbateur avant de reprendre sa marche en avant vers le pont inférieur tandis que pour ma part, j’essuyais la lame de mon sabre sur le pantalon du marin et que je le trainais rapidement dans un coin discret pour qu’il n’attire pas l’attention si quelqu’un venait à passer à proximité.


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Je rejoignis ensuite Fabrice qui s'apprêtait à descendre par une trappe au niveau du pont inférieur. Il sauta et, quelques instants plus tard, j’entendis un nouveau bruit de gargouillis dont la nature laissait peu de doute sur ce qui venait de se produire à l’étage du dessous. Enfin, après quelques secondes qui me parurent très longues, la main de Fabrice réapparut de la trappe pour me faire signe de le suivre. Je descendis donc, enjambais un nouveau cadavre de garde ayant payé son manque d’attention et arrivais à la hauteur de Fabrice qui se tenait devant une large cassette en bois. D’un coup de botte, Fabrice fît sauter le verrou avant de soulever le couvercle. Il émit un petit sifflement entre ses dents à la vue du contenu du coffre. Nous avions devant nous de l’or, et pas n’importe quel or, de l’or Lustrien.

Mais alors que mon compagnon semblait se réjouir et refermait déjà le coffre en disant “Nous avons ce que nous sommes venu chercher, filons et vite” je sentis pour ma part une étrange sensation me parcourir l’échine, comme un malaise qui emplissait l’air et m’empêcher de me satisfaire de ce que nous venions de trouver. Au grand désarroi de Fabrice, je commençais à parcourir la pièce en fouillant parmi les différents paquetages et tonneaux qui se trouvaient là et finalement, je finis par sortir de derrière deux grandes malles un sac de toile. Un coup d’épée plus tard, je restais pétrifié par le contenu du sac. En moi, un cocktail d’émotions allant de la surprise, à la colère en passant par l'abattement se faisait jour. Là, dans ce sac de toile, au fond de la cale d’un navire amarré à Sartosa, se tenait une momie, et plus précisément, la momie d’une des mères immortelles. Les descendantes illustres de celles qui côtoyèrent les Dieux. Les plus révérées d'entre les Amazones, que l’on l'avait arraché à un temple de mon peuple. Mais ce n’était pas tout, là derrière le sac, je vis également des lances, des arcs et des parures appartenant à mon peuple, entassés pêle-mêle. Des trophées, arrachés aux miennes. Et enfin, pour compléter ce terrible tableau, il y avait des fers. Les fers qui avaient transporté d'autres de mes sœurs de ce côté-ci de l'océan.

Alors que je restais planté sur place, tétanisée devant ma découverte, je sursautais lorsque Fabrice posa la main sur mon épaule et me secoua légèrement en disant “Que faites-vous ? Nous devons partir avant que quelqu’un n’arrive”. Retrouvant l’usage de la parole en même temps que de mes mouvements, je me retournais vers lui :
- “Aidez-moi ! Il faut que nous sortions ce sac du navire !”
- “Vous êtes folle ? Nous ne pouvons pas emmener le sac et le coffre, or, je refuse de l’abandonner pour un vulgaire tas de bandelettes”
Portant la main à son col j’approchais mon visage du sien et dis en sifflant :
- “Ce tas de bandelettes comme vous dites, à plus de valeur pour moi que tout l’or du monde, j’ai besoin de votre aide pour le sortir de ce navire.”
- “Même si je le voulais, je ne pourrai pas vous aider, nous allons être trop chargés et nous devons faire vite !”
- “Je vous laisse ma part de l’or ! Emmener le coffre et revenez m’aider à déplacer ce sac et je vous abandonne ma part du butin, cela vous convient-il ?”

À ces mots, je vis le regard du pirate briller d’un intérêt non feint. “C’est d’accord” dit-il “J’emmène le coffre, pendant ce temps, trouvait un moyen de consolider ce sac. Je reviens le plus vite possible pour vous aider à transporter votre précieux colis.”

Puis, chargeant le coffre sur son épaule, il s’éloigna d’un pas rapide mais discret vers la trappe, avant de s’y hisser et de disparaître. J’entendis le bruit étouffé de ses pas s'éloigner lentement avant de s’éteindre. Tournant le regard vers l’homme que Fabrice avait tué, je lui dis “Hé bien, il semblerait que nous soyons seuls toi et moi maintenant” puis, sans perdre plus de temps, je me mis à l'œuvre.
Je procédais avec calme et méthode, même si au fond de moi, une colère froide bouillonnait et menaçait de me submerger à tout moment. Dans un premier temps, je trouvais une grosse corde solide avec laquelle, je rassemblais les extrémités du trou que j’avais fait dans le sac avant de faire un solide nœud à ce niveau. Ensuite, je fouillais dans les paquetages et finis par trouver un autre sac en toile grossière que je vidais le plus silencieusement possible de son contenu, des biscuits pas encore moisis qui avaient dû être chargés lors de la plus récente escale du navire. Une fois le sac vide, je pris le premier sac pour l’insérer à l’intérieur du second, de manière à le rendre plus épais et surtout à ne pas risquer de voir le nœud lâcher et le sac s’ouvrir pendant que nous le sortions du bateau.
Je récupérais ensuite une lance appartenant à mon peuple, et, en faisant attention à ne pas abîmer le contenu de mon chargement, je la fis traverser mon sac de part en part, afin que nous puissions le porter avec Fabrice en plaçant chacun une extrémité de la lance sur une de nos épaules. De cette manière, nous pourrions nous déplacer rapidement, et avoir toujours une main libre en cas de mauvaise rencontre.
Pendant que je réfléchissais à toutes ces éventualités et que je m’activais en tous sens, je ne pouvais m’empêcher de penser au fond de moi que rien ne me garantissait que le pirate allait revenir. S’il y avait bien une chose que j’avais apprise lors de ces derniers mois passés avec des forbans, c’est qu’ils n’avaient pas le moindre honneur, encore moins lorsqu’il s’agissait d’or. Mais de toute façon, je n’avais plus d’autres choix maintenant que de m’en remettre à lui et d’espérer qu’il ne m’abandonnerait pas.

Une fois que j’eus fini de préparer le sac, le temps devint plus long et le doute s’insinua avec plus d’insistance dans mon esprit. Qu’est-ce que pouvait bien fabriquer le pirate ? Avait-il fait une mauvaise rencontre ? M’avait-il abandonné à mon sort ? J’avais beau avoir tous mes sens aux aguets, je ne l’attendais pas revenir.

C’est alors qu’une idée me traversa l’esprit. Quitte à être bloqué au fond d’un navire à attendre le retour de mon compagnon, autant mettre ce temps à profit pour préparer ma vengeance. Ces chiens de Qharis pensaient pouvoir piller en toute impunité les trésors de nos temples ? Et bien ils allaient comprendre qu’on ne s’en prend pas à mon peuple sans en payer les conséquences.
Je me redressais et me dirigeais vers la poupe du bateau, je savais que c’était ici qu’en général, les marins stockaient les réserves de poudre pour leurs armes à feu et leurs canons. Après avoir cherché pendant un court moment, je finis par trouver une porte semblant correspondre à ce que je cherchais. Cette dernière était fermée à clef, mais après quelques bons coups d’épaule, je finis par réussir à la forcer et pénétrer dans la petite pièce. J’avais vu juste, devant moi se tenait plusieurs petits tonnelets de poudre explosive, aussi puissante que dangereuse ainsi que plusieurs rouleaux de mèches à feux enroulés et accrochés sur un mur. Je pris un des rouleaux dans mes bras, puis, rebroussant chemin, je me dirigeais vers l’endroit ou j’avais abandonné mon précieux chargement en déroulant au passage ma mèche le long de ma route jusqu’à la trappe par laquelle Fabrice avait disparu quelques instants plus tôt.

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Au-dessus de moi, je commençais à entendre de l'agitation, quelle qu'ait été la nature de la diversion orchestrée par Pablo et Sigmund, celle-ci semblait être terminée et notre temps était compté. Jurant pour moi-même, je retournais vers la réserve de poudre, ouvrit l’un des tonnelets, pris une grosse poignée de poudre dans une main et coincé le petit tonneau dans la porte au dessus de ma mèche pour l'empêcher de se fermer, puis je refis une nouvelle fois le chemin en sens inverse. Arrivé à la trappe, je fis un petit tas compact avec la poudre et posais le début de la mèche dessus.

Prenant le sac contenant la momie dans mes bras, je me plaçais juste en dessous de la trappe, puis, avec un regard vers un ciel que je ne pouvais voir, je dis tout bas :
“Aller Fabrice, ne me faites pas faux bond, je compte sur vous..” et tandis que le bruit et l’agitation semblaient enfler progressivement, je me recroquevillais sur moi-même, tenant la momie dans mes bras, attendant impuissante de savoir quel sort le destin allait choisir pour moi..
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 10:41, modifié 2 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jet d'attaque de Nola : 7, la parade échoue il se prend 25 de dégâts, la seconde attaque échoue (19)
Jet d'attaque du pirate : 4, la parade de Nola échoue, tu te prends 32 pv de dégâts
Jet d'attaque de Nola : 3, la parade du marin échoue il se prend 31 de dégâts, la seconde attaque échoue (14)
Jet d'attaque du pirate : 12, échec
Jet d'attaque de Nola ! : 9, le pirate est mort

Jets cachés
Jet d'attaque de Nola : 7, la parade de pirate 2 réussit, le pirate perd 19 pv la seconde attaque réussie (4), le pirate perd 21 pv
Fabrice attaque : 7, la parade du pirate échoue, pirate 2 est mort
Les pas se rapprochèrent, ainsi que celui du claquement des sabres. Du pont supérieur arrivèrent un marin poisseux à catogan, le sabre au clair, aux prises avec Fabrice. Sauf que notre blondin favori en avait un autre aux trousses.
Sans hésiter, Nola frappa avec ses armes arabéennes. L'acier déchira le cuir de la redingote, le tissu et la peau. Le marin grogna en se retournant.
"Salope !"
La réponse fut aussi sanglante. La plaie s'orna d'un rideau écarlate. Elle avait mal mais elle avait connu pire que ça. La jungle, l'esclavage. La survie.
Elle attaque à nouveau, sa cimeterre remonta jusqu'à la mâchoire. Les tendons craquèrent, un flot de sang, un gargouillis écœurant. Le corsaire moulina dans le vide en essayant de tenir sa blessure, une opportunité qu'elle saisit pour l'achever.

L'autre croisait le fer avec Fabrice. Il ne pouvait se défendre face à deux adversaires. Parfait. Et pas d'honneur chez les pirates. Nola pu bondir sur lui. Et son camarade d'infortune profita pour enfoncer son sabre dans la glotte du boucanier.

"Hé bah... Tu tiens le coup ? J'ai préparé un canot. Pablo et Sigmund nous attendent. On prend ton ancêtre et on file !"

Ses yeux regardèrent l'Amazone. Puis la poudre au sol, et la trainée. Ses globes s'injectèrent de sang.

"Mais tu es dingue ?! Y a de quoi faire sauter la moitié de la ville ! Il faut décarrer d'ici en vitesse !"
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Re: [Nola Al'Nysa] La plus sauvage des vies

Message par Nola Al'Nysa »

L’attente dura encore quelques minutes durant lesquelles je fis le vide dans mon esprit et repris le contrôle de ma respiration afin de me calmer et de m'éclaircir les idées. Les bruits de pas continuèrent quant à eux de se rapprocher, puis, ils furent rejoints par des bruits d’éclats métalliques provoqués par l'entrechoquement de sabres ou autres armes similaires.
Alors que je me redressais, dégainais mes deux sabres et me campais bien droite sur mes jambes pour faire face à la première chose qui oserait investir le pont inférieur, j’eus la surprise de voir Fabrice débouler devant moi, aux prises avec un marin poisseux portant un catogan. Les deux hommes, concentrés sur leur combat pénétrèrent dans la pièce sans sembler s’apercevoir de ma présence. Sur leur talon, un autre marin arriva au pas de course, ses yeux fixés sur Fabrice qui lui tournait le dos. Il était plus grand que son camarade, la peau foncée et la barbe et les cheveux rasés de près, son torse nu laissant voir une imposante musculature. Alors qu’il levait son arme pour l'abattre sur mon compagnon, je l'interceptais, me jetant de tout mon poids sur lui, épaule contre épaule. Nous rebondîmes contre la paroi du navire, et profitant de cet élan, je m’écartais de lui afin de lui faire face.

Avec un rictus mauvais, il s’élança vers moi et tenta de me porter un coup descendant vers le visage, je croisais mes sabres au-dessus de ma tête et nos lames se heurtèrent violemment. J’en profitais pour lui porter un coup de genou sur le côté du ventre, il souffla bruyamment tandis que l’air quittait ses poumons et j’en profitais pour me dégager à nouveau. Cette fois, ce fût moi qui me portais à l'attaque, je lançais une série de coups rapides avec mes deux armes qu’il parvint à parer, puis alors qu’il s’attendait à ce que je continue à viser ses flancs, je changeais d’un seul coup la trajectoire de mon bras droit pour le frapper au bras. Il poussa un cri de douleur lorsque l’acier déchira le cuir de son manteau et se planta profondément dans son bras.
“SALOPE !” Beugla-t-il en s’élançant vers moi de plus belle. Ce mot-là, je le connaissais bien, c’était sans doute l’un des premiers que j’avais appris en arrivant dans ce nouveau monde. L’homme redoublait d’ardeur et je commençais à peiner à parer ses attaques, la fureur de ses assauts me faisait reculer et puis soudain, il porta un coup vers mon flanc gauche que je n’eus pas le temps de parer. Heureusement, je réussis d’un bond en arrière à éviter d’être éventrée nette, mais la lame du pirate laissa néanmoins une plaie profonde sur mon ventre nu, m’arrachant un cri de douleur. Profitant de ce que l’attaque de ce dernier l’avait déséquilibré, je le repoussais d’un coup de pied dans son genou et frappais à nouveau. J’envoyais mon sabre droit vers sa cuisse et avec un léger décalage, mon sabre gauche vers sa gorge. L’homme para comme je le voulais le coup visant son membre inférieur, et eut un hoquet de surprise lorsque mon second sabre découpa sa chair entre le cou et l’épaule. Avec un ignoble gargouillis accompagné d’un geyser de sang, l’homme tenta de pousser un cri, puis de se jeter sur moi dans un assaut désespéré. Il fit un grand moulinet pour me frapper également à l’épaule, je l’évitais en passant sous son bras d’un mouvement souple, puis, me trouvant dans son dos, j’enfonçais ma lame entre ses deux omoplates. Il s’effondra en avant tandis que je retirais mon arme de son dos.

Me retournant, j’avisais du coin de l'œil Fabrice qui n’arrivait pas à se défaire de son adversaire. Me portant à son secours, j’arrivais derrière le marin au catogan et donnais un grand coup de pied derrière son genou droit. Avec un rictus de douleur, l’homme tomba à genoux, et tenta malgré le déséquilibre de me porter un coup en se retournant que j’esquivais facilement d’un pas un arrière. Avant qu’il n’ait eu le temps de faire un autre mouvement, la lame de Fabrice lui traversa la gorge et il s’écroula à son tour sur le sol du bateau.

Le souffle court, Fabrice me regarda, “Hé bah... Tu tiens le coup ?” me demanda-t-il en désignant d’un geste la vilaine plaie qui ornait mon flanc. Il est intéressant de remarquer comment l'adrénaline et la tension d’un combat peuvent vous couper totalement du monde qui vous entourent et anesthésier un temps la douleur. Rangeant mes sabres dans mon dos avec un petit gémissement de douleur, je portais le regard vers mon abdomen et, après avoir posé, non sans douleur, ma main sur la blessure, je la retirais couverte de sang. La blessure, profonde mais nette, n'était pas grave tant que j’arrivais à endiguer rapidement le flot de sang qui s’en écoulait. “C’est douloureux, mais ça devrait aller, à condition de ne pas s’attarder ici”, lui répondis-je dans un souffle. “J'ai préparé un canot. Pablo et Sigmund nous attendent. On prend ton ancêtre et on file !” me dit-il en joignant le geste à la parole. Puis, alors qu’il se penchait pour attraper le sac contenant la momie, il sembla remarquer la poudre au sol et comprendre mon idée. "Mais tu es dingue ?! Y a de quoi faire sauter la moitié de la ville ! Il faut décarrer d'ici en vitesse !" siffla-t-il visiblement complètement paniqué à l’idée de me voir mettre mon plan à exécution.

Je ne sais pas si c’est son ton paniqué, la colère qu’il manifestait, la douleur de ma blessure où le fait que j’entendais déjà de l’agitation sur le navire qui réussit à me convaincre, mais je ne cherchais pas à discuter de cela avec lui et, saisissant d’une main l’arrière de la lance dont je m’étais servis pour faire un support afin de transporter notre chargement, je la hissais sur mon épaule tandis que je tenais mon autre main plaquée sur ma blessure pour tenter d’en limiter au maximum le saignement.
Nous traversâmes le pont inférieur dans l’autre sens et je constatais pendant que nous avancions qu’en plus de l’homme que j’avais égorgé en pénétrant dans le navire, il y avait quelques autres corps de marins morts qui jonchaient le sol. “Ce Fabrice à plus de ressources qu’il ne le laisse paraître” me dis-je intérieurement.
Nous parvînmes rapidement au sabord par lequel nous étions entrés dans le San Felicia. Fabrice avec l’aide de Pablo et Sigmund se chargea de descendre le sac contenant le précieux chargement tandis que pour ma part, j’entrepris tant bien que mal de descendre sans bruit jusqu’au canot des deux compères malgré la vive douleur qui me traversait le flanc à chaque fois que je contractais mon ventre.

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Une fois tout le monde à bord, Pablo et Sigmund emmenèrent à coups de rame discrets mais efficaces l’embarcation loin du vaisseau que nous venions de piller tandis que Fabrice et moi reprenions notre souffle. Le vent chaud de cette belle nuit d’été me paraissait presque froid alors qu’il caressait ma peau couverte d’une fine pellicule de sueur. Croisant le regard de Fabrice, je lui murmurais “Merci d’être revenu..”. Ce dernier hocha la tête avec ce qui me sembla être un petit sourire, puis s’accroupissant près de moi, il écarta mes mains pour observer ma blessure de plus près et déclara “Je vais vous faire un pansement de fortune pour stopper le saignement”. Joignant le geste à la parole, il entreprit de découper une large bande de tissu rêche de l’un des sacs dans lesquels j’avais emballé la momie.

"Où allons-nous maintenant ?” finis-je par demander tandis qu’il nouait à geste délicat le tissu autour de ma taille et que Pablo et Sigmund nous entrainaient toujours plus loin.
Modifié en dernier par Nola Al'Nysa le 04 avr. 2024, 10:45, modifié 3 fois.
La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, mais on ne revient jamais en arrière.

Nola Al’Nysa, Voie du Forban
Profil: FOR 11 / END 8 / HAB 9 / CHAR 8 / INT 9 / INI 8 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 9 / FOI 0 / NA 1 / PV 65
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