[Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Faussaire
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Message par [MJ] Le Faussaire »

- "Chavalier, vous dites ?"

Il y eut un laps de temps, une pause, puis le vieil homme planta son bâton dans le sol, et s'appuya dessus pour se redresser un peu.

- "N-n-nan, c'pas Gustave, nan, moé c'est Émile, m'sire ! Si vôz'êtes seul, ça va, 'peux vous aider. Si vous avez des compères, par cont', va falloir les laisser, m'sire. L'vieux Émile il peut pas tous vous abriter--"

Il marqua une autre pause, faisant un petit salut avec son bras libre. Il n'avait visiblement aucun problème à se mouvoir de ce côté-là, vu la vitesse à laquelle il gigotait.

- "Ah bah si vôz'êtes de m'sire Baron faut pas traîner, v'nez. Z'avez faim, soif ? J'ai tout s'qu'il faut chez moé, vô savez. J'connais pas d'Gustave, m'sire, 'fin pas d'icitte. Ici y'a qu'des pêcheurs, qu'sont tous en mer pour pêcher m'sire. Sinon y'a la cabane au fond, où y'a l'vieux pèlerin qui passe de temps en temps. Bah t'in, p'tet que vot' Gustave c'est l'vieux pèlerin, hein, c'est-y pas lui ? 'Vais voir si l'est icitte ou pas, tiens."

Aussitôt qu'il eut prononcé ces mots, le vieillard se retourna, et se dirigea lentement vers l'intérieur de la "bourgade" que Prestenent entrapercevait. Suivre du regard le vieil homme était facile désormais, et il n'y avait plus de doute possible quant à sa direction ou son origine, vu que le vent et la pluie s'étaient tous deux calmés - sans pour autant disparaître. Si jamais il venait à disparaître un instant, le jeune mousillonais pourrait tout à fait le suivre au bruit.

- "V'nez donc, vôz'allez attraper la mort si vô restez planté lô !"

Émile lui faisait signe de venir désormais, secouant sa lanterne comme un métronome. Après quelques mesures, il se retourna à nouveau, délaissant les autres lueurs comme si elles n'existaient pas.
Test d'INT : 11, raté.

De fait, les autres lueurs ne bougeaient pas, contrairement à la lanterne de ce vieux paysan. Elles semblaient juste flotter au-dessus du niveau de la mer, au-dessus du sable et de tout soupçon, comme si de rien était. Pendant ce temps, Émile avançait doucement, à son rythme, que Prestenent reste ou non à ses cotés. Au fur et à mesure qu'il déambulait entre les masures et les poteaux, on discernait des toits en chaume, des rames usées, des filets étendus, des... Bref, un village côtier. L'endroit avait un air étrangement familier aux yeux de Prestenent, comme s'il y était déjà venu, ou qu'il l'avait déjà traversé.


Exemple de visuel de l'endroit, en considérant qu'il fait nuit noire, et qu'aucun édifice n'est en pierre : Image
- "Vôz'êtes si pressé qu'ça, m'sire ? J'ai ben compris que m'sire Baron vôz'avait ordo.. qui vôz'avait d'mandé d'faire vite, mais vô diriez pô nan à un p'ti gob'let, hein ? L'poisson qu'j'ai est pas très chaud, mais l'bon vin, ça, ça r'chauffe tout s'qu'il faut comme il faut ! Qu'est-ce que vous en dites, hein ?"

Il mit un autre temps de pause, regardant Prestenent de manière curieuse.

- "S'cusez moé d'parler tout l'temps, m'sire, mais c'est qu'y a pas souvent des chavaliers qui passent icitte, m'sire, alors quand qu'y en a j'essaye d'montrer l'ispit.. listal.. L'hospit'lité, m'sire. Surtout qu'vous avez d'beaux habits m'sire, et qu'ils sont tous parti pêcher c'te nuit alors il faut qu'j'les remplace... Vous v'nez d'oû ?"

À cet instant, le vent reprit un peu d'allure, se faisant plus chaud qu'auparavant. Aussi avait-il changé de direction, vu les plis désordonnés qui se formaient à la surface de l'eau, au loin.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent fit l'effort colossal de prendre son mal en patience et de ne pas secouer l'étranger pour clore cette affaire au plus vite. Ainsi il n'était pas Gustave ? Alors où était Gustave ! Il ne connaissait pas de Gustave, mais un pèlerin ? Alors qu'il le mène à ce pèlerin ! Il essuyait comme il le pouvait les questions du vieux pêcheur (Prestenent partirait du principe que c'était un vieux pêcheur) en essayant, contraint qu'il était par sa courtoisie naturelle, de paraitre le moins brutal possible.

"je vous l'ai dit, je suis seul. Non merci, je n'ai pas soif mais je suis pressé. Le Gustave que je cherche est, de ce que l'on m'a dit, un homme de Manass... ça a à voir avec votre pèlerin ? Oui, si vous pouvez aller le chercher ou me mener à lui..."

Au moment où l'homme commença à s'éloigner vers son refuge, Prestenent resta sur place quelques instants, encore légèrement suspicieux. Il lança de rapides coups d'œil dans toutes les directions pour s'assurer qu'il n'y avait pas de guet-apens, puis décréta son sempiternel "baste" et emboita le pas au vieux pêcheur.

Cependant celui-ci ne cessait pas de parler, et devant le manque de réponses de Prestenent, il parut s'apercevoir que le chevalier n'était pas tout à fait à l'aise. Prestenent comptait les secondes, et elles étaient déjà un certain nombre pour ne pas dire un nombre certain. Or il avait deux raisons de ne pas en perdre une seule, l'une était le ton froid sur lequel le baron lui avait donné ses ordres, l'autre était la certitude que des créatures sans rien d'humain étaient déjà en train d'approcher la côte en rampant. Chaque plis apparaissant sur l'eau, Prestenent le scrutait avec méfiance tout en essayant de distraitement donner à la conversation un ton autre qu'un monologue de vieux fou en lançant les réponses légèrement en retard et bâclées.

"Non merci, pas la peine de gaspiller votre vin ou votre poisson, vous en avez bien plus besoin que moi... Vous savez je ne dois pas rester longtemps, le baron m'a conseillé de faire vite... Oui, ces habits sont neufs, hélas, mais je n'y puis rien... D'où je... et bien je viens d'arriver à Ponte-Vileau, mais je n'ai pas encore beaucoup voyagé... Dites, je suis conscient que c'est beaucoup pour un seul homme de prendre en charge d'offrir l'hospitalité, aussi je ne vous demanderai pas d'en faire autant, contentez moi de me mener à ce pèlerin et je vous en serai fort reconnaissant. Le plus vite sera le mieux..."
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[MJ] Le Faussaire
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Message par [MJ] Le Faussaire »

Test de CHA, à -1 : 6, réussi !
- " Ah. Bon. D'acco-ho-rd."

Le vieil homme s'arrêta un instant, lorgnant le chevalier en écarquillant un œil, sourcil levé. Il avait mis sa main devant sa bouche juste après son hoquet, de peur sans doute d'importuner le chevalier. Puis il se remit en marche, jusqu'à la berge. Le village était intégralement assoupi ou déserté, surtout si l'on omettait les lueurs et la lanterne qu'Émile ballottait avec lui. Il continua ainsi son petit périple sans rien dire, faisant bien attention de décaler les rames, les filets ou tout autre obstacle qui pourrait gêner sa démarche ou celle du chevalier. Du côté de l'océan, rien ne changea pendant de longs moments - les vagues arrivaient et s'échappaient dans un désordre reposant, et l'air semblait plus chaud que d'habitude, soit quelque chose de tiède en cette heure, et moins salé. De fait, l'atmosphère ressemblait presque à quelque chose de familier pour Prestenent, comme un infime rappel de sa mémoire, remontant à la surface les embruns qu'il avait abandonné. Mais cela ne dura qu'un unique instant.

- " V'la m'sire, c'par lô qu'est la cabane du vieux pèlerin. C'est qu'c'est la seule cabane sur piques du coin, m'sire, vous pouvez pas vous tromper, hé."

Il pointa un index fripé et calleux vers le lointain, dans une direction qui longeait la côte et où l'on apercevait moult jeux d'ombres et de lumières provoqués par les rares reflets de lune.

- " Si vô croisez-ra l'vieux pèlerin, dites lui l'bon-soir d'ma part. J'sais qu'il est p'tet pas là, mais cest-y pas un vilain garçon, non-non-hoc"

Il remit sa main devant sa bouche, coupant court à sa tirade. A priori, cet homme allait devoir batailler face à son hoquet, et bientôt, il devrait y faire face seul, luttant contre ses drôles de sursauts batraciens. Sans doute, tout cela était-ce dû à la fatigue, l'alcool ou l'âge, ou Dame-sait-quoi d'autre qu'il avait ingurgité. Dans tous les cas, il leva sa casquette d'une main et salua Prestenent en se baissant légèrement - chose qu'il écourta rapidement lorsqu'il commença à perdre l'équilibre. Et alors, seulement alors, Prestenent retrouva sa solitude.


***

À marcher seul le long du rivage, sans repère et sans guide, il est tout à fait possible de s'ennuyer, ou de se perdre dans ses propres pensées. Une fois que l'on s'est habitué à la température, au vent et que les yeux sont acclimatés à la pénombre, eh bien... C'est qu'elles sont mornes, ces falaises vertigineuses balayées par vents et marées. Plus que mornes, elles sont hautes et plutôt pâles, pour ne pas dire froides, hautaines, sans artifice ni étiquette. Il y a bien quelques promontoires çà et là, quelques appentis et autres mottes d'herbes récalcitrantes, mais rien de bien accueillant. En plus, il les avait déjà vues ces falaises, non ? Enfin, il les avait peut-être vues en rêve ou dans la réalité alors, qu'est-ce qu'elles pouvaient avoir de si étonnant ? Elles n'allaient pas se mettre à bouger de sitôt, non ? À moins que quelqu'un ou quelque chose n'ait ce pouvoir, ou que quelqu'un ait rêvé de ce genre de choses...
Test d'INT : résultat secret

De la même manière, le littoral ne recelait aucun havre de paix où l'on pouvait espérer se réfugier, aucun lieu où l'on pourrait se réfugier au chaud, au sec et en pleine lumière. Partout autour de lui, tout n'était qu'ombres et remous, écume et sable mou, rocaille et algues grises...

Soudain, le vent tourna, et Prestenent eu l'impression de déceler quelque mouvement dans son champ de vision. Un infime croissant de lune refit surface, ce qui permit au rivage de révéler une cabane, ou bien une grande hutte sur pilotis, au-dessus de l'eau brumeuse. Il y eut ensuite une voix mielleuse, toute proche :

- "Psst, monsieur le chavalier !"
Choix du joueur : Je l'ignore et j'avance.

À peine eut-il fait quelques pas que la voix s'estompa. Il était de nouveau seul, encore. À cette distance, la cabane avait l'air vide. Aucune lumière, aucun chant, aucune fumée à l'horizon.

Plus il s'en rapprochait, et plus elle grossissait, plus elle s'assombrissait, perchée sur sa farandole d'échasses. On aurait dit une maison de grenouiller, ou une de ces cabanes mystérieuses qui apparaissent et disparaissent dans les marais du Moussillon... Sauf que cette cabane n'était pas enserrée par la fange, mais par l'eau salée, et qu'elle avait plusieurs balcons ou palissades aux abords de chaque fenêtre.

En fait, plus il s'en rapprochait et plus cette bâtisse dévoilait les traits d'une maison de pêcheur, d'un poste de veilleur, ou d'un refuge pour individus peu recommandables. Il y eut un soubresaut dans la silhouette, et puis plus rien. Est-ce que la masure avait bougé ? S'était-elle mise à trembler à cause de la fraîcheur de l'eau ? Était-ce un habitant qui se préparait à la venue de Prestenent ? Était-ce un de ces crustacés qui se réfugiait avant son arrivée, ou encore cette femme aux yeux iridescents qu'il avait vu il y a si longtemps ?

Il eut beau cligner des yeux une nouvelle fois, aucun autre mouvement ne survint. S'il y avait un piège, il était juste là, et s'il n'y en avait pas ... Eh bien, il n'y en avait pas. Il s'avança de nouveau, et alors qu'il distinguait enfin un début d'escalier à quelques mètres de lui, quelque chose claqua soudainement, une porte s'ouvrit en trombe, et quelque chose apparut en haut du même escalier.
Test pour distinguer dans la pénombre : résultat secret.

Après une seconde supplémentaire de remue-ménage aux abords de la cabane, et sans que Prestenent ne soit confronté à quoi que ce soit d'autre, il put déceler des détails sur la silhouette en haut de l'escalier. Cette silhouette - ou plutôt cette personne - était jeune, très jeune, vu qu'elle ressemblait à une enfant. Avec ses cheveux ondoyants, ses manches trop longues et cette chemise qui lui servait ainsi de robe, elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à n'importe quelle petite fille de Bretonnie, si ce n'est qu'elle n'avait aucun soulier ni chausson à ses pieds.

Au clair de lune, elle semblait avoir moins d'une dizaine d'années derrière elle, et toute l'innocence et la candeur de cet âge.

- "Tonnerre ! Montre-toi, traînée !"

La voix déchira le silence ambiant auquel le chevalier était si habitué. La voix était râpeuse, le ton plutôt instable, alcoolisé. La petite fille mit un doigt devant sa bouche en regardant Prestenent, mimant un simple "chhhh", l'intimant au silence.

- "Si c'est ma main que tu cherches, je m'en-ra t'en coller une bonne, de quoi te rousser devant-derrière !"

Quelque chose grinça, d'autres se brisèrent ou cédèrent sous le choc. Voilà qu'elle court vers le bord, et saute à pieds-joints, en direction de l'eau.

- "Vin-rat, garce, la prochaine tu-ra pas - Hoooo - Qui va là ?"

En un éclair, la voix s'était calmée, lançant la question avec une étonnante sérénité. Il y eut quelques bruits étouffés et puis plus rien. Rien d'autre que la houle sous la cabane, et les maigres vagues contre l'escalier.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

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Message par Prestenent d'Affreloi »

Évidemment, Prestenent n'aimait pas se montrer irrespectueux envers qui que ce soit, mais les circonstances le mettaient sur les nerfs. Il se persuadait que c'était l'urgence de sa mission qui le guidait, mais en vérité une frustration grandissante montait en lui. Quand le vieux pêcheur lui indiqua la cabane à pilotis, il prit tout de même la peine de le remercier et de le mettre en garde.

"Merci mon brave. Avant que vous partiez, je vous conseille d'être prudent cette nuit. Je ne sais pas exactement ce qui va se passer, mais il est possible que vous et les vôtres soyez exposés à quelque danger venu de la mer. J'avoue n'avoir pas vraiment compris cette affaire, une histoire de lune je crois. Enfin en somme, prenez soin de vous."

Et à ces mots il se remit en marche avec fermeté. Un long moment de flottement insupportable pour son esprit qui d'ordinaire hibernait mais ce jours là ne trouvait plus son repos d'escargot doucement rangé dans sa coquille. Non, rien n'allait plus à ce stade, et la solitude ténébreuse dans laquelle Prestenent marchait faisait se focaliser son esprit encore plus sur ce qui le fâchait. Il avait eu beau se forcer à inhiber ses pensées, la frustration revenait sans cesse.

Que faisait-il ici ?

Il avait la ferme impression qu'il n'avait pas sa place dans toute cette affaire, que celle-ci ne l'avait emporté que par hasard, sans le désigner pour quoi que ce soit, et que plutôt que se noyer inutilement dedans il ferait mieux de rechercher un rivage et de laisser ceux que cela concernait se débrouiller puisqu'ils n'avaient pas besoin de lui. Il avait crû pourtant qu'il pourrait faire de toute cette histoire une affaire personnelle, mais non, effort sur effort, tentative désespérée encore et encore, son esprit ne parvenait toujours pas à se persuader que cette histoire était la sienne, qu'il était de son devoir d'aider à combattre les "miséreux". Tout et tout le monde lui donnait l'impression qu'il n'était qu'un intru dans cette affaire, que sa présence était tout à fait dispensable et qu'on accordait si peu d'importance à son implication qu'on ne voyait pas le besoin de lui expliquer quoi que ce soit d'utile. Pourquoi marcus lui avait sauvé la vie ? Prestenent aurait pu penser qu'il y avait une raison, mais non, pur hasard. Les marcus le connaissaient-ils ? Non, pas le moins du monde. Les marcus lui faisaient-ils confiance ? On aurait plutôt dit que non, tout juste ils le respectaient car c'était un chevalier et pour aucune autre raison. Si Prestenent s'était senti d'abord reconnaissant envers eux pour lui avoir sauvé la vie, il avait fini par déchanter en comprenant qu'il n'était rien pour eux. Un hasard, quelqu'un qui se trouvait là emporté pour aucune raison.

Pourquoi lui avaient-ils donné une mission alors ? Comme ça sans doute, pour rendre utile ce qui ne l'était pas on lui avait ordonné de parler au baron. Mais encore si le rôle de Prestenent en avait réellement été un, on lui aurait expliqué pourquoi et comment, mais foin, les marcus ne savaient même pas précisément ce qu'il devait dire au baron.

Et maintenant, Prestenent était à nouveau dans la même situation, missionné par le baron on ne sait pourquoi. Retrouver Gustave, certes, mais pourquoi l'envoyer lui ? Si ses soldats savaient la direction pourquoi ne pas les envoyer eux ? Quel besoin que ce soit Prestenent qui aille dans ce bourbier ? Pourquoi lui ? Qu'est-ce qui le forçait à s'impliquer à ce point dans toute cette affaire ? Si au moins on lui expliquait, mais non, on lui faisait bien comprendre que tout cela n'avait rien à voir avec lui, que ça ne le concernait pas, que sa présence n'était qu'un pur hasard. Toutes les explications qu'il avait reçues étaient lacunaires, bâclées et vides. Toutes ses questions avaient reçues des réponses plus là pour le faire taire que pour l'informer. En conséquence, Prestenent se sentait comme un intru dans cette affaire, un indésirable qu'on essaye d'utiliser pour rentabiliser sa présence mais à qui on n'accorde pas le moindre rôle concret à jouer.

Tout ce qui lui manquait c'était une explication, et il espérait vraiment, du fond de son cœur, qu'après avoir récupéré ce Gustave il aurait enfin l'occasion de comprendre cette affaire ou au moins le rôle qu'il pourrait y jouer. Sinon, si tout ce qu'il pouvait faire ici c'était jouer les coursiers à la place des véritables coursiers, alors que faisait-il ici ? Un chevalier avait bien mieux à faire ailleurs, ou n'importe où au fait. Et puis, il lui fallait retrouver Ancelin d'Essart, il le fallait or personne ici ne pouvait ou ne voulait l'y aider. C'était bien la seule chose sur laquelle ils étaient tous clairs: ils ne connaissaient ni Ancelin, ni Prestenent, et n'avaient d'intérêt ni pour l'un ni pour l'autre.

Tout en marchant au bord de cette mer nocturne, Prestenent ruminait, et la conclusion qui revenait dans son esprit et qu'il essayait chaque fois de chasser péniblement sans jamais y arriver vraiment était la suivante :" Si je ne suis pas indispensable et si on se refuse toujours à m'expliquer, je n'aurai qu'à reprendre la route, partir loin d'ici, et poursuivre mon errance. Parbleu, c'est qu'on ne devient pas chevalier du royaume en jouant les coursiers !"

Dans cet état d'esprit bouillonnant qui saturait son cerveau, il était inutile d'essayer de détourner son attention. Peut-être n'entendit-il même pas la voix qui l'appelait, mais plus sûrement il l'entendit et en un instant décida de violemment l'ignorer. Cela allait contre ses principes de courtoisie, mais par la Dame, il en avait assez de perdre du temps ! Depuis son réveil il n'avait fait que cela, perdre du temps, alors si la Dame du Lac était clémente Gustave serait dans cette cabane, lui répondrait, et accepterait de le suivre au plus vite et il n'aurait plus à passer une seconde de plus dans cet état de perdition, à baigner dans ce sentiment d'inutilité, cette impression d'être un naufragé balloté par des flots étrangers qui ne veulent pas de lui. À la fin, il faudrait bien que ses actes fassent avancer les choses, qu'il puisse nager dans ce flot trouble, qu'il puisse voir au travers, repérer dans quelle direction est le nord ; bref faire quelque chose qui, au moins à lui, puisse paraitre utile.

Ainsi, parvenu devant la cabane sur pilotis, il guetta avec envie la présence de lumières qui indiqueraient la présence de quelqu'un. S'il avait fait tout ce trajet pour rien il en serait énervé, certes, mais n'aurait qu'à partir chercher ailleurs, là où perdre encore son temps avec des inconnus achèverait de lui ôter tout ce qui lui restait de contenance.

La bâtisse lui paraissait aussi vide qu'un récif, en plus léger seulement peut-être. La cabane semblait si fragile qu'on aurait pu se demander si la mer pouvait l'arracher.
Enfin, ces considérations ne l'empêchèrent pas de s'approcher. Une part de lui se demandait si on avait pu le guider vers un guet-apens par des bandits, mais il se répondit à lui même "baste" avant même que sa pensée ait pu se formuler plus avant.

Cependant, un mouvement impromptu raviva ses réflexes de défense. La porte s'ouvrit si soudainement que le jeune chevalier s'immobilisa, une main sur le manche de son épée. Immobile dans ses ténèbres, il attendait de voir ce qui se profilait. La porte qui venait de s'ouvrir brutalement laissa sortir une chose, plus petite qu'une chose humaine. Un enfant ?
La voix qui surgit sans crier gare fut ce qui hérissa le plus Prestenent, à peu de choses près, il eut dégainé sur le champs, mais sans doute la présence d'un enfant le dissuada d'agir sans réfléchir. Pendant que la scène se déroulait sous ses yeux, il s'arrêta lui même totalement pour réfléchir douloureusement à la meilleure marche à suivre. Dans une posture qui l'eut lui même outré au vu de l'entrainement assidu aux bonnes manières qu'il avait assimilé durant toute sa vie, Prestenent se prit la tête dans les mains, se lamentant en silence sur la façon dont tout semblait vouloir lui compliquer les choses ces derniers temps.

"Millesambleu de cornebredouille quelle est la bonne marche à suivre pour moi ? Et est-ce que cette cabane peut vraiment être celle de Gustave ? Oh fichtre bigre diantre de purée de ténia, j'aurais pu arriver à n'importe quel autre moment c'eut été mieux."

Dans un amoncellement de désarroi, cette scène pourtant triviale avait un effet dévastateur sur le moral du chevalier. Il laissa passer quelques secondes dans une immobilité placide, puis en voyant la fillette bondir, il se ressaisit. Pas une seconde à perdre, soit Gustave était là et il fallait le ramener au plus vite soit il n'était pas là et il fallait s'en informer rapidement pour pouvoir faire demi tour. Ainsi Prestenent remonta l'escalier vers la cabane d'une démarche digne, et devant la porte frappa contre le bois en disant:

"Bonsoir, je suis le sieur Prestenent d'Affreloi, ici sur ordre du baron Evrard. Y a-t-il un dénommé Gustave ici ? C'est urgent, on a besoin de lui à Ponte-Vileau !"

Maintenant, il attendait une réponse, mais s'il n'y avait pas de réponse il était assez déterminé pour entrer dans la cabane sans plus attendre. Ses bonnes manières lui avaient suffisamment fait perdre jusque là, alors si on ne se montrait pas assez coopératif, il n'avait plus de bonnes raisons de supporter ce fardeau.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

- "Bonsoir, je suis le sieur Prestenent d'Affreloi, ici sur ordre du baron Evrard. Y a-t-il un dénommé Gustave ici ? C'est urgent, on a besoin de lui à Ponte-Vileau !"

Il y eut un silence, encore. Et puis l'ombre se racla la gorge calmement.

- "Evrard ? Qu'est-ce qu'il lui arrive, vinbleu ? Gustave, c'est bien moi. Attendez, qu'est-ce que..."

Il y eut ensuite un son étrange après que Prestenent eût gravi les dernières marches.
Test d'INT - "Gustave" : 12, zut.
Test d'INT - Prestenent : résultat secret.
Test de VOL : 13, raté.
Un bruit mou, comme quelque chose d'épais qui se tord ou qui claque. Juste après, le prétendu Gustave s'avança vers lui, longeant l'espèce de rambarde qui les séparait tous deux de l'eau et de la plage nocturne. En cette heure tardive, l'individu ou la chose en face du chevalier semblait capable d'un pas assez peu commun : trop long pour une marche, trop court pour une foulée, cette ombre mouvante avait une démarche qui lui était propre, marchant à un rythme jamais vu auparavant.

Non, en fait, Prestenent l'avait déjà vu auparavant, cette foulée. De si près, l'individu déambulait comme un grenouiller, ces gens toujours à pied qui pouvaient déambuler sans aide en tout lieu et en tout temps, que ce soit sur les sables mouvants, la roche ou la tourbe grasse du Moussillon. Ainsi, plus il y pensait, plus l'ombre lui apparaissait comme familière, bien que tous deux furent à des dizaines de milles du Duché des Damnés.

Dans tous les cas, il approchait, partiellement révélé par les reflets hasardeux du paysage. En cette heure tardive, il n'y avait que des nuances de bleu, de gris et de noir, c'est pourquoi "Gustave" apparut dans ces tons. Aussi stable qu'il le pouvait, chacun de ses pas semblait fouetter l'air, au fur et à mesure que ses tissus ondulaient et se déroulaient...

- "D'Affreloi vous dites ? C'est terriblement loin, ça, non ? 'fin, pardonnez, mais ça ne me semble pas du coin comme nom. En tout cas, vous m'avez trouvé, ça oui. Mais dites, vous z'auriez pas vu... Ah, non, oubliez."

L'individu attrapa quelque chose dans son dos, et en engloutit le contenu. D'un geste, il jeta l'objet au chevalier - objet qui se révéla être une gourde en cuir marqué.

- "V'l'avez bien mérité, D'Affreloi. Ce soir, ce n'est pas une nuit à coucher dehors, alors c'est le moins que j'puisse faire pour vous. D'ailleurs, à l'instant, vous n'auriez pas vu une femme, euh... A peu près votre taille, et... A peu près votre âge... Prestenent, c'est ça ? Buvez, buvez, vous l'avez bien mérité."

Quelques instants plus tard, le vent reparut, amenant moult embruns riches et salés. Et puis il y eut une voix. Une voix douce, féminine et enivrante, comme un chant issu d'un conte de fée / fay ...

Aaaaaaa....
Aide...
Aaaa...
Chevalier, à l'aide !
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

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À l'instant où il frappait à la porte, Prestenent était dans un tel état de frustration qu'il n'y avait plus pour lui qu'une seule phrase que son oreille aurait pu tolérer, et la Dame du Lac lui accorda cette rémission car ce qu'il entendit était bien cette seule phrase : c'était bien lui, Gustave.
Son cœur ralentit d'un cran le rythme de ses battements. L'attente devenait soudain un tantinet plus supportable alors que l'étranger se démenait pour sortir de sa cabane. Le moussillonnais le laissa faire sans le presser directement, simplement en adoptant une posture de sobre et brutale impatience : les bras croisés, le menton légèrement baissé, les yeux brillants d'une froide exaspération, et un pied qui tapait contre le bois du petit escalier.

Pendant ce temps, Gustave s'avançait, avec une variante étrange de ce qui s'appelle s'avancer. Quelque chose dans cette silhouette était étrange pour un rejeton de l'espèce humaine, mais pas suffisamment pour perturber outre mesure le regard d'un moussillonnais. Et puis au fond, le bref aperçu qu'il avait eu des naturels de Bordeleau avait immunisé Prestenent à toute forme de surprise. Si on mélangeait du vin à du sang de bélier pour se droguer, il n'était pas exclu qu'un homme de "manass" se saoule à la treille et à l'eau de mer.
Voilà quelles pensées traversèrent Prestenent sitôt qu'il vit Gustave, et force est de reconnaitre qu'un jugement aussi méprisant n'était pas si dignes du chevalier qu'il était.

À la remarque sur son nom qui présageait des origines lointaines, Prestenent livra comme toujours une réponse sincère quoi que rendue plus acide par l'impatience.

"Évidemment ce n'est pas du coin puisque je suis chevalier errant."

Gustave esquissa un geste, et presque aussitôt, prestenent devina quelle en était la nature. Sa déduction se trouvant confirmée quand il reçut une outre de vin sur les bras.
"bien méritée..." Il secoua légèrement la tête en retenant un soupir.

"Vous ne devriez pas vous savez... je n'en ai pas besoin..."

Mais comme Gustave insistait, Prestenent rangea la gourde comme il le put, se demandant bien ce qu'il en ferait. Il se refusait à en boire le contenu maintenant, sachant qu'il vaudrait mieux pour lui avoir les idées claires pendant le restant de la nuit ; et il se refusait à en boire plus tard aussi mais pour des raisons de goût et d'hygiène en l’occurrence.

Avec un froissement virulent de ses habits, Prestenent tourna les talons. Il avait Gustave, il fallait donc se presser de rentrer à Ponte-Vileau.

"Avez vous une monture ?" demanda-t-il.
Il espérait qu'ils pourraient faire le chemin inverse au galop une fois qu'ils auraient retrouvé son cheval, mais comment transporter ce vieil homme titubant s'il n'avait pas lui même un cheval ? Était-il possible de monter à deux sur la même monture ?

Ces réflexions furent instantanément interrompues par un frisson glacé. Prestenent venait d'entendre quelque chose, une voix qui appelait au secours, un chevalier.

S'il avait été le même que le jour où il avait quitté le domaine familial, Prestenent, sans aucun doute, eut immédiatement sentit monter en lui l'adrénaline des héros. Son sang n'aurait fait qu'un tour, son regard se serait fait lumineux comme l'éclair et sa main à son fourreau eut tiré le fer avec vaillance tandis que d'une voix que les frétillements cathartiques de ses cordes vocales eurent rendue tremblante il se serait écrié : "Un appel au secours ! Par la Dame ! Je pars à la rescousse ! Taïaut taïaut !"

Mais en cette heure sombre, dans cette obscurité, l'esprit obscurci par une bien trop grande clairvoyance, Prestenent ne pouvait décemment plus réagir de la sorte. Cette voix l'avait fait frissonner, car c'était un malsain rappel de ses plus obscurs et plus incohérents cauchemars, et la voix lui semblait à coup sûr devoir être une illusion visant son esprit, à la manière de ce spectre rencontré au début de son voyage. Trop de coïncidences dans cette voix et dans son cri dénonçaient quelque fausseté voire quelque traitrise, et il n'entendait pas agir sans réfléchir.


Aussi, en réflexe rationnel et logique, il se tourna vers Gustave et lui demanda simplement :

"Avez vous entendu quelque chose ?"

Ainsi il saurait au moins si le cri était réel ou imaginaire. Si Gustave répondait par la négative, Prestenent se contenterait alors de hausser les épaules et de poursuivre sa route. S'il y avait bien un moment où il ne fallait pas risquer de perdre du temps à cause d'illusions de sorcellerie ou de farces c'était bien maintenant.

Seulement, si la réponse de Gustave était affirmative, et qu'il avait bien entendu la même chose, alors malheureusement pour Prestenent il lui faudrait faire quelque chose, mais en agissant avec prudence. Les miséreux étaient peut-être déjà là, la première chose à faire serait donc de tirer son épée du fourreau puis de chercher l'origine du bruit sans trop s'éloigner de Gustave. la priorité en cas de danger imminent restait de protéger l'homme de Manass.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

Il y eut un toussotement lorsqu'il fit remarquer à l'individu bleu-gris le caractère "errant" des chevaliers errants.

- "Comment ça, pas besoin ? Hé, dites, c'est pas du poison hein, j'le saurais sinon, et surtout j'l'aurais extrait de cette gourde ! Et non, j'ai pas d'monture à moi, j'en ai pas besoin, ha. D'ailleurs, en parlant de gourde, ..."

Tous deux furent alors interrompus la voix mielleuse.

- "Avez vous entendu quelque chose ?

- Oé oé, j'ai entendu comme vous..."

De nouveau il y eut ce claquement mou et répétitif. Gustave grogna, descendant l'escalier huileux d'une démarche très pressée. Une fois en bas, ce dernier se mit à grommeler, ou plus exactement à parler dans sa barbe. L'alizé chaud s'apaisa soudainement, laissant la chaleur humide se coller au visage de Prestenent.

- "Vous êtes sûr d'avoir rien vu ? Même pas une ribaude ?"

Chevalier, ne l'écoutez pas, s'il vous plaît !

Gustave grogna de nouveau, montrant ses dents grasses dans une grimace odieuse.

Sauvez-moi, je vous en prie !
Choix du joueur : "Dégainer mon épée et sonder les alentours sans bouger", suivi de "demander à Gustave si il sait si des esprits ou des êtres maléfiques seraient capables d'être la source de cette voix"
Test secret : 19, échec.
Test d'INT, à -3 vu l'obscurité et la faible lune : 7, raté.
Test de ??? - "Gustave" : résultat secret.

Arme à la main, les yeux grands ouverts, le chevalier scruta quelques instants les environs tandis que les appels au secours retentissaient dans sa cervelle. Il eut beau se tourner, plisser les yeux, poser ses mains autour de son visage, rien ne suffit à atténuer l'obscurité ambiante. Il faisait nuit, la lune était fine et peu hardie, et il faudrait faire avec. Quant aux doutes de l'errant, Gustave n'eut pour réponse à ceux-ci qu'un hochement de tête suivi de sa chute à genoux, les mains tendues contre ses tempes. Il se mit à marmonner ,sans bouger :

- "Prince-Torrent, Roi-d'en-bas, accueille un homme simple, noble pêcheur, mortel damné. Seigneur des trombes, entends la requête d'un bête marcheur, pédestre et faible. Courage aux jambes, ardeurs des bras, il te demande en cette heure du calme et de l'air plat..."

Il y eut un bruit, comme un gargouillis ou une déglutition, et de nouveau le silence. La voix réapparut de nulle part, toujours aussi entêtante et mielleuse, mais aussi plus forte, enclin à la panique.

Che... lier, il est en... noyer !
... Allez vous donc ... faire ?!



Sans se relever, l'humeur du prétendu Gustave tourna au vinaigre, ou même à l'ichor, tant il se mit à hurler contre la cabane et la houle alors que la voix mélodieuse s'étouffait de plus en plus en respirations paniquées.

- "Tais-toi, garce aux pieds plats ! Mont'voir ta face, que je te juge -hoc- porte-malheur !"

Et puis il se remit à marmonner :

- "Seigneur des Eaux, permets à ton humble soiffard et maigre pêcheur l'apport de tes bienfaits. Néglige ses omissions, permets-lui don et hardiesse, et il t'en reviendra offrandes en abonde..."

Mais alors, seulement alors, pendant que "Gustave" psalmodiait les jambes dans l'eau, quelque chose apparut plus loin à la surface. Une main tendue, fébrile et fine, tentait tant bien que mal de s'agripper à quelque échelle ou cordage inexistant.
Test de ??? - "Gustave" : résultat secret.
Test secret - Prestenent : 10, raté de justesse.

Oui, quelqu'un était en train de se débattre à une dizaine de mètres d'eux, battant des mains pour ne pas tomber dans l'obscurité. Au jugé, tous les signes étaient là : les mouvements hasardeux, les remous de toute part, la panique, ... Plus elle remuait, plus cette personne semblait frêle, handicapée par une robe longue et fragile, tandis que ses bras étaient incapables de s'en sortir sans aide. Pourtant, de l'aide elle pouvait en avoir, en la personne de Prestenent ou de Gustave. L'air se rafraichit en un instant, surtout lorsqu'un cri résonna, très proche, d'une voix différente des cris paniqués. Une voix d'enfant, criarde et affolée, venant de la cabane.

- "Maman !"

Gustave, quant à lui, était encore en train de prier. A priori, il ne ressentait aucunement ce tiraillement qui gênait Prestenent en cet instant. La personne qui appelait à l'aide avait montré les traits d'une femme frêle et svelte en train de se noyer - peut-être était-ce une fée ? -, tandis que les cris paniqués correspondaient à une enfant, semblable à celle qu'il avait laissé tomber.

Qu'aurait fait un chevalier en cette heure ? Une seule chose était sûre : Ne rien faire n'était pas une option.
Voilà la dégaine de "Gustave" :
Image
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Message par Prestenent d'Affreloi »

Sitôt qu'on lui répondit par l'affirmative, Prestenent fit un geste vif, pur, martial, tirant d'un coup sec son épée et se préparant aussi bien physiquement que mentalement à une attaque par n'importe quelle direction. Que le cri à l'aide soit un vrai ou un faux, il signifiait qu'il y avait un danger non loin et la priorité aux yeux de Prestenent en cet instant était de ramener le prêtre de manass sain et sauf auprès du baron. Cet objectif s'était curieusement fixé dans son crâne avec une force redoutable, inhibant le reste. Prestenent ne se préoccupait pas de survivre, mais on lui avait donné une mission, aussi pitoyable soit elle pour un chevalier de son rang, et en tant que sa première mission de chevalier errant, il se devait à tout prix de la mener à bien.

Mais un appel à l'aide était un appel à l'aide. Fronçant les yeux avec l'espoir bien vain de voir dans l'obscurité, il chercha désespérément la possible provenance du cri, il scruta la nuit, les hauteurs, la mer, mais ne vit rien, rien que le remous dans l'eau noire et glauque. Cela pouvait aussi bien ne rien signifier que signifier l'approche de la plus grande horreur que Prestenent ait jamais connu. Encore heureux il n'avait pas encore entendu ces bruits batraciens, mais la voix de femme n'émanant de rien ni de personne ne lui inspirait absolument rien de bon. Il se forçait pourtant en tant que chevalier de chercher sincèrement sa provenance et avec en tête un objectif louable, sauver une personne en danger ; mais ses efforts ne faisaient pas courber l'échine à sa paranoïa qui s'était dressée ardemment dans son esprit. Outre son appréhension habituelle de tout ce qui était féminin, Prestenent ne pouvait se débarasser de l'impression que cette voix signifiait pour lui personnellement un grand danger, un danger affreux qui avait choisi de le cibler lui entre tous les hommes pour la Dame sait quelle raison. Était-ce que cette voix ressemblait curieusement à celle croisée dans ses pires cauchemars ? Littéralement ? Il n'aurait su dire. En tout cas, l'idée d'un maléfice était suffisamment présente dans sa pensée pour qu'il se tourne vers Gustave et pose la question qui mettait son âme et son esprit à feu depuis que la voix avait surgi.

"Est-ce que quelque esprit maléfique ou autre créature... les miséreux par exemple... sauraient être à l'origine de cette voix ?"

Hélas, Gustave ne daigna même pas articuler un mot à l'adresse du chevalier. Un hochement de tête, puis sans prévenir, sans s'expliquer, il se laissa tomber à genoux pour commencer à psalmodier ce qui devait être une prière.

"Par la Dame ! Qu'est-ce que ça signifie au juste ?" Aurait voulu s'écrier Prestenent qui pendant une seconde avait les yeux exorbités par la surprise, l'incompréhension, et la frustration.
Définitivement, Prestenent en avait plus qu'assez de ne jamais recevoir de réponses claires à ses questions. Il ne savait pas où se placer ni où il en était, et le cas présent illustrait parfaitement cet état de fait qui le suivait depuis l'affaire de Bois-Giron.

Prestenent aurait crû que si la voix pouvait annoncer l'arrivée de créature, alors il ne lui resterait plus qu'une chose à faire : empoigner Gustave tout en le couvrant avec son écu, et l'entrainer le plus vite possible vers son cheval pour qu'il puisse rentrer en ville. Il avait déjà calculé que si au final ils étaient talonnés il vaudrait sans doute mieux laisser Gustave partir seul sur le cheval, lui qui connait le chemin. Seulement, maintenant rien de tout cela n'était possible.
L'homme de Manass, à genoux donc incapable de se déplacer rapidement récitait des prières avec un empressement et une soudaineté qui trahissaient l'urgence. C'était donc la seule solution dans leur situation ? Étaient-ils menacés par quelque créature surnaturelle qui nécessitait toutes ces formules et exorcismes pour être repoussée ? Sans doute était-ce la conclusion la plus logique, mais pourquoi n'avait-il rien dit de clair à Prestenent, et surtout que devrait faire le chevalier à présent ?
Comme la voix continuait d'appeler, Gustave lui lançait des insultes et poursuivait sa litanie. Cette fois, ça ne faisait plus de doute, la chose qui parlait n'était pas humaine, ou en tout cas pas suffisamment humaine pour ne pas être maléfique. Et quand en réponse aux paroles du prêtre de la mer la voix se tut et à la place laissa émerger une main hors du flot, Prestenent sentit son esprit vaciller sous un doute infâme.

Ce qui était terrifiant était l'ampleur de la ruse, l'horreur de l'artifice. Prestenent avait suffisamment entendu parler de spectres et de banshee appelant les voyageurs à les suivre pour imaginer quelle sorte de sirène devait attendre sous l'eau, projeter sa voix par quelque sorcellerie infâme et dissimuler sous la surface son corps inhumain. Il imagina aussi de quelle manière cette chose voulait avec frénésie s'en prendre à lui, un chevalier, et le duper. mais le pire de tout était sans doute que si il imaginait, si il comprenait et assemblait bel et bien les pièces du puzzle entre cette voix ne provenant de nulle part, la main surgissant soudain des flots et surtout le prêtre conjurant la protection de son dieu marin ; une part du cerveau de Prestenent refusait de comprendre, une part marchait avec démence dans cette sordides duperie, une part de lui voulait s'élancer en avant et attraper cette main, ne serait-ce que pour avoir le cœur net.

Prestenent ferma violemment les paupières et secoua la tête. Quand il rouvrit les yeux, il était toujours dans l'indécision. Que faire ? Il aurait voulu attraper le prêtre et le ramener comme il le pouvait vers la ville, mais il ne pouvait pas. Gustave était absorbé par quelque rituel, encore un auquel Prestenent ne comprenait strictement rien, et cela semblait assez important. Prestenent ne pouvait que faire confiance en la sagesse de l'homme de la mer qui connaissait mille fois mieux que lui les créatures des flots. Si courir jusqu'à la ville ou se battre à coup d'épée et de bouclier avait été la meilleure option, alors Gustave aurait choisi celle-ci. Maintenant, que pouvait faire le chevalier sinon laisser l'homme finir son sermon et prier pour qu'il réussisse ?

Il n'osait même pas poser la question à Gustave, de peur que le déranger puisse signer leur perte à tous les deux. Peut-être s'il manquait la moindre virgule de son incantation ce serait la catastrophe. Alors que faire sinon attendre l'épée au poing que l'adversaire aie l'extrême obligeance de venir poser le pied - ou la patte - sur la plage pour en découdre ? Prestenent ne serait pour rien au monde allé s'immerger dans l'eau. Alors, épée et bouclier sortis, il se mit en position d'accueillir comme il se doit ce qui pourrait éventuellement sortir de l'eau. Il devait encore protéger Gustave.

Quand il entendit l'autre voix, Prestenent prit une seconde pour réaliser que ce n'était pas la même. Non, celle-ci provenait d'un endroit précis d'une part, de la terre ferme d'autre part. Le pire bien entendu étant que c'était la voix d'une enfant.

Prestenent qui avait presque réussi à se persuader lui même qu'il n'avait pas vu passer de fillette peu avant prit un long moment, beaucoup trop long, avant de commencer à conjecturer de ce qui pouvait se passer. Mais non, ce n'était pas logique, il avait vu quelqu'un sortir de la cabane et sauter plus bas mais personne y entrer, et pendant qu'il conversait avec Gustave il ne lui semblait pas avoir remarqué qui que ce soit d'autre à l'intérieur. Était-il possible que ce soit une autre illusion ? Une sirène de terre cette fois ? Le cerveau de Prestenent était engouffré dans un chaos inextricable. Il ne savait pas quoi faire d'intelligent, alors comme toujours en ces cas là, une force profonde enfouie en lui, SA force profonde, émergeait sous la forme d'un mot de cinq lettre :
"Baste !"
Et avec lui, la décision que s'il ne savait pas quoi faire d'intelligent il ferait quelque chose de stupide et ne s'en mordrait les doigts que s'il était encore en vie et avait encore toutes ses dents et tous ses doigts, ce qui était assez peu probable.

Et ainsi, l'écu en bandoulière, il posa une main gantée sur l'épaule de Gustave, le secoua un peu si nécessaire et lui lança brièvement une question ferme et rapide :

"Il y a quelqu'un dans la cabane ! Qui est-ce ? Qu'est-ce que je fais ?"

Prestenent en était à ce stade ultime de désemparement où il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il pouvait faire, alors agissant comme l'idiot qu'il était souvent il décida d'interrompre le prêtre dans sa litanie pour lui demander abruptement des instructions. Prestenent se doutait qu'au moindre faux pas quelqu'un pouvait mourir. Si c'était à lui de mourir, le problème était léger, mais si c'était Gustave ou pire un enfant qui mourait, il ne voulait pas en avoir la responsabilité et préférait donc s'en remettre au vieil homme de Manass. S'il ne répondait pas, et bien le chevalier se ruerait dans la cabane pour voir ce qui s'y passe.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par [MJ] Le Faussaire »

Ainsi, malgré l'ambiance, malgré la paranoïa montante, la panique, le stress, l'absence de lumière fixe, l'absence de civilisation, malgré les centaines de contes et légendes qu'on lui avait inculqué dès son plus jeune âge, et en opposition totale avec tous ses instincts ou ce qu'il savait de la chevalerie, le jeune chevalier fit le choix le plus étonnant : attendre. L'univers autour de lui tournait au cauchemar, qu'importe, il attendrait.

Ne rien faire.
Laisser l'enfant crier, laisser la femme s'enfoncer dans l'eau...
Laisser la scène se dérouler un peu plus, et encore un peu plus, et puis ...
Et puis il toucha l'épaule du soi-disant Gustave.

- "Il y a quelqu'un dans la cabane ! Qui est-ce ? Qu'est-ce que je fais ?"

Le prêtre s'arrêta net dans son psaume, figé telle une statue de sel. Les cris continuèrent. La panique s'accentua. Il se dressa en trombe, bousculant le bras et il cria. Sa voix avait l'odeur d'alcool, de sel, d'huile. Son intonation était digne de la foudre, aussi forte qu'un torrent.

- "Vous êtes chevalier, oui ou non ?! Agissez comme tel !"

Dans le même mouvement durant lequel "Gustave" s'était levé et retourné vers Prestenent, il avait levé la main vers lui. Non, plus exactement, il avait levé la main sur lui. Une gifle sèche, montante, soudaine, digne d'un parent qui rabroue son enfant ou d'un marin qui redresse un mousse. C'était la deuxième fois que quelqu'un levait la main sur Prestenent, et d'aussi loin qu'il s'en souvienne, il n'y avait jamais eu d'autres précédents.

- "Maman ! Mamaaaaaaan !"

Désormais les mains vissées sur son bâton de marche, "Gustave" s'éloigna du chevalier sans même le regarder. Lorsque les cris enfantins ressurgirent, il pointa simplement la cabane devant eux, en disant :

- "Y'a pas d'famille ici. Pas d'poisson, pas d'femme, pas d'vent qui vaille."
Test d'END : 3, réussi !
Test de perception : 2, réussi !

Et puis il s'éloigna en direction de la silhouette immergée. Il avait toujours sa démarche atypique, ses épaules ballotantes, mais cela ne semblait pas le gêner. Contrairement à toute logique, "Gustave" avançait terriblement vite malgré les vagues et l'obscurité, sautillant d'un pied lorsque qu'une crête d'écume arrivait devant lui, claquant son genou lorsque sa robe trempée le gênait. De fait, il avançait avec tellement d'aisance qu'il marchait sur l'eau.

Oui, c'était bien cela.
Il marchait sur l'eau.
Il marchait, face à l'océan, droit vers la future noyée, jouant de sa canne comme d'une cognée agricole, ou d'une matraque de muletier.

***
Test d'INI : 3, réussi !
Les cris et les mouvements de panique continuèrent en continu tandis que Prestenent montait les escaliers. Laissant le prêtre à son œuvre - plus par obligation que par choix -, il s'enfonça dans l'obscurité de la cabane, en direction de l'orpheline terrorisée.

- "Maman !"

À nouveau ce cri puéril, assourdissant tant il était proche. Désormais contre la rambarde, Prestenent devait tâtonner des pieds et des mains pour se repérer, vu que la structure en bois obstruait totalement sa seule source de lumière, soit ce maigre croissant de lune brunâtre. En plus de cela, le plancher était glissant, tremblant, ce qui n'arrangeait aucunement la situation. Le vent s'estompa à nouveau, laissant retomber l'humidité sur les vivants.

Soudain, un trait dans l'air. Un mouvement, quelque chose. Prestenent n'avait pas vu la chose, mais il l'avait vu bouger. Lame au clair, il entendit à nouveau la voix.

- "Maman ! Ils sont séparés !"
Test de FOR opposé, à +2 pour Prestenent vu la réussite précédente : 15 v 9. Raté.
Test d'HAB : 14, tu perds pied.
Test d'END : 6, même pas une égratignure. Juste des blessures à l'ego.

En un éclair, un trait se dessina à nouveau devant ses yeux. Cette fois, il aperçut la silhouette, la forme enfantine aux cheveux longs, juste avant que celle-ci ne fasse un autre pas en sa direction. Instinctivement, il tendit son bouclier, se préparant à un choc... Qu'il reçut en plein visage, par-dessus son écu. La gamine lui sauta ainsi au cou, se projetant tout entière contre son visage et son torse, usant de son poids et de son inertie pour le faire reculer d'un pas... Avant de le faire basculer en arrière.

Elle se décrocha de lui au dernier moment, le laissant s'écraser mollement contre le sable humide et l'eau salée. Cette demi-gorgée d'eau lui laissa un goût amer et pâteux dans la bouche. Désormais à genoux par terre, il aperçut enfin la source de tout ce chahut. Dans cette nuit d'encre qui régnait sous la cabane, elle apparaissait comme une lueur proche et salvatrice, une étoile en pleine croissance, rayonnant doucement de ce bleu si apaisant qu'on l'aurait cru inoffensive... Sauf qu'elle émettait bel et bien cette lumière, sans aucun phare ni artifice. Elle était à moins d'un pas de lui, et bien qu'il soit à genoux, elle était actuellement plus grande que lui.

Image
- "C'que t'es bizarre, toi alors... Les chavaliers z'aiment bien les femmes d'habitude, pff !"

Alors qu'elle prononçait cela, la chevelure ondoyante de la jeune fille s'éparpilla, et tandis qu'elle tirait la langue pour grimacer, une grande collerette virevoltante se forma autour de son visage.
Choix du joueur : Dans tous les cas, je contre-attaque sans Bravade.

Sans hésiter, l'errant se jette en avant, lame dans le prolongement du bras. Malgré son réflexe avisé, la fillette est perforée en travers des côtes, la lame bien visible à l'intérieur de sa chair moite et presque translucide. Elle lâche un cri strident, plaquant le chevalier sur le dos. L'écume s'infiltre quelques instants dans les narines du chevalier, mais une botte bien placée parvient à le libérer de ce piège aquatique. Cette fois, la botte ne s'enfonce pas, et la jeune fille glisse sur l'eau comme s'il s'agissait d'une dalle bien lisse. Alors que tous deux se relèvent et qu'un seul toussote, voilà que les cheveux se dressent, s'enroulent et s'allongent, montrant des formes plus adolescentes, presque adultes. La lueur vire un instant à l'aigue-marine, avant de revenir au bleu cobalt, électrique.

Désormais, la jeune femme est svelte, élancée, extrêmement attirante... Mais pas aux yeux de Prestenent. Apercevant quelques mèches acérées, il lève son bouclier par instinct, ancrant ses jambes autant que possible... Mais rien ne vient. Lorsqu'il relève la tête, un coup de fouet le cueille à l'arrière du ventre, lacérant la chair sans déchirer le vêtement. Subitement debout à cause du choc, il s'avance pour empaler à nouveau la traîtresse, mais les cheveux s'en mêle, coinçant la lame juste avant le visage de la demoiselle. Lorsqu'il retire sa lame, ce sont d'autres mèches et même des mains qui viennent l'agripper, le tirant jusqu'à la tentatrice avant que celle-ci ne s'enfonce dans l'eau jusqu'à mi-cuisse. Alors que tous deux descendent la pente sablonneuse, le chevalier se retrouve si proche de sa "compagne" qu'il pourrait sentir son haleine et l'intention dans son regard...

En admettant qu'elle ait un souffle.
Alors qu'elle n'en a pas.

- "Viens, je vais t'apprendre à m'aimer, chavalier..."
Tour 0 - Musique, au besoin
Test d'INI opposé : 6v12, Prestenent a l'effet de surprise.
Choix du joueur - Attaque : 5, réussi.
Esquive ? 15, raté - 27 dégats infligés.

Tour 1 -
Jeune fille tente de plaquer Prestenent au sol : 7v12, réussi de justesse.
Prestenent se débat : 6v16, réussi, tu es libéré.

Tour 2 -
Jeune fille change de forme, devient jeune femme
Test de VOL - Prestenent : 8, réussi de justesse.
Jeune fille attaque : 19, rien.
Ambidextrie - attaque : 1. Imparable.
36 dégats subis.
Prestenent se relève et attaque, à -2 vu le choc : 7, raté de peu

Tour 3 - Anticipation fait effet à partir de maintenant.
Jeune femme s'agite.
Elle tente d'attraper et entrainer Prestenent avec elle, HAB opposé : 4v3, réussi de justesse encore !

Au tour de Prestenent.

Voici à quoi ressemble la jeune femme désormais :
Image
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Re: [Prestenent d'Affreloi] La mer à boire

Message par Prestenent d'Affreloi »

Prestenent n'avait jamais douté qu'il serait un bon et preux chevalier. Durant toute son enfance, il avait senti bouillir en lui une incommensurable détermination. Quelque chose de fixé au fond de son esprit lui avait toujours donné la certitude qu'il saurait ne jamais faillir et que jamais il ne se détournerait de son devoir. Cela n'était tout simplement pas possible à ses yeux. Si son cerveau était vif comme un escargot, il en avait toutefois la carapace solide, partie dure du mollusque, la résolution qui avait été un phare dans les ténèbres du Moussillon : la certitude qu'il ferait toujours le bien.

Il avait donc fallu attendre ce jour, ou plutôt cette nuit, funeste, humide, désagréable, pour qu'il envisage enfin la faiblesse de son esprit. Une leçon d'humilité qu'il ne se serait jamais attendu à recevoir, et qu'en toute honnêteté il eut été mieux qu'il ne reçoive jamais, autant dans son intérêt que dans celui de sa mission ou de tout son entourage.

Prestenent n'avait simplement aucune idée de quelle était la "bonne" chose à faire. Vers qui ou vers quoi diriger son glaive ? Qui sauver ? Il n'y avait rien à faire. Il ne voulait pas attendre, mais il ne savait vraiment pas quoi faire d'autre. Il savait qu'il commettait une erreur et cela l'enrageait, contre lui même.
C'était la première fois de sa vie que Prestenent enrageait contre lui même.

Alors il saisit sa chance, ou plutôt une chance qui passait par là. Une voix dans la cabane. Il décida de se focaliser là dessus parce qu'il ne voyait pas quoi faire d'autre. Aussi, avec l'empressement qu'imposait la situation, mais qu'imposait surtout son désespoir d'agir, il s'appuya sur le vieux sage, l'homme de la mer qui devait savoir tout ce qui se tramait et quels ennemis ils combattaient, qui devait pouvoir lui donner au moins un indice sur comment les vaincre, comment régler la situation.
Vers quoi diriger son glaive et qui sauver en somme.

En un sens, ce fut la solution du problème d'une manière inattendue, et affreusement négative. On abattait à coup de maillet des barrages affaiblis qui empêchaient son sens de la chevalerie de s'écrouler et un flot de colère noire de corrompre son esprit si pur et bête.
Car on ne lui répondit pas. Non. Avec une condescendance que le chevalier n'eut jamais soupçonné, Gustave ne répondit absolument pas à la question et se contenta de sermonner Prestenent. pas d'aide, pas d'indications à la place on lui replongeait la tête dans l'eau. Cela enragea d'autant plus Prestenent, mais le soulagea. Car sa colère n'était plus dirigée contre lui même mais à l'encontre du vieil homme.
En serrant les dents, Prestenent s'apprêtait à répéter sa question sur un ton plus ferme. Qu'est-ce qui empêchait cet imbécile de lui expliquer rapidement la situation ? De lui dire de quels ennemis il s'agissait ? Qu'est-ce qui l'en empêchait ? Les gens de Bordeleau préféraient-ils mourir que partager la moindre once de leur savoir avec lui ?

Mais le soufflet mit un terme au cheminement de pensée de Prestenent. Il n'avait pas reconnu le mouvement tant il était inhabituel pour lui. Il ne comprit pas immédiatement ce dont il s'agissait et ce qui venait de se passer. Jamais on avait osé le gifler. Même ses propres parents n'avaient jamais osé ne serait-ce qu'esquisser un tel geste en sa présence. Prestenent en fut plus désemparé qu'irrité. Il ne parvenait pas à s'imaginer qu'un vieillard alcoolique en guenilles à la démarche de grenouillère venait de s'en prendre physiquement à un noble chevalier venu le protéger. Un sac suintant puant gavé de poiscaille défraichie et de vinasse malodorante baragouinant dans une langue de macaque des odes à une brassée d'eau de mer sacrée se donnait le droit de mépriser un chevalier bretonnien, à la fois petit fils et arrière petit neveu du marquis d'Affreloi, au point de refuser de répondre à ses questions et de lever la main sur lui ?

Pour un peu, Prestenent ne se serait pas contenté de serrer son poing ganté comme il le fit, mais aurait bien plutôt cogné ce vilain personnage. Par "pour un peu" on entend, si le temps pendant lequel son esprit était resté désemparé n'avait pas permis à Gustave de prendre le large, assez littéralement, en vaquant à une occupation sans doute bien plus importante que les états d'âme du jeune chevalier. Il partait vers l'eau, il partait sur l'eau, toujours absorbé dans quelque rituel magique ou divin ou les deux. Il marchait sur l'eau, oui. Un miracle ? peut-être bien. En tout cas cela fit réaliser à Prestenent que le moment était de toute manière mal choisi pour régler ses comptes, mais il nota fermement dans un coin de son esprit que si une meilleure occasion se présentait il ferait très chèrement payer à cet hurluberlu ce qu'il venait de subir. Pour la première fois, son esprit laissait se planter en lui une écharde acérée : un désir brulant de vengeance. Malheureusement, ce ne devait pas être tout.

Prestenent hésitait jusque là, son esprit était trop faible par rapport au flot qui l'avait emporté et il ne nageait pas, il coulait. Il s'était laissé entrainer dans cette histoire en ne le voulant pas mais en ne l'évitant pas non plus. Il avait longtemps voulu avancer pour voir s'il finirait par comprendre ce qu'on attendait de lui et pourquoi la Dame du Lac avait voulu qu'il se trouvasse mêlé à cette obscure affaire. Maintenant, c'en était fini. Dès l'instant où Gustave avait méprisé une question pourtant simple, élémentaire et vitale, Prestenent avait compris qu'il ne voulait plus que ce genre de chose se reproduise.

Qu'on le méprise, qu'on ne lui fasse pas confiance, qu'on refuse de lui expliquer quoi que ce soit, qu'on ne lui donne pas le minimum d'informations nécessaires pour prendre une décision; soit. Seulement, dans ce cas, qu'on se dispense de ses services. Ayant une mission à accomplir pour le baron Evrard, Prestenent résolut à contrecœur de terminer ce qu'il avait commencé cette nuit, mais prit la décision cette fois que dès cette nuit passée il déclarerait à Gustave à Evrard et aux marcus tous autant qu'ils sont que s'ils ne veulent véritablement pas que Prestenent d'Affreloi puisse les aider alors autant que Prestenent d'Affreloi ne les aide pas. Oui. Il était fixé cette fois. Il cesserait de se laisser emporter, il nagerait jusqu'à la rive, là où il a pied et repartirait vers SA destinée, une destinée qui le concerne lui, au moins un peu. Ici il ne suivait pas sa destinée, il n'était pas à sa place, personne ne voulait de lui, personne ne l'aiderait ni ne voudrait être aidé par lui, il n'avait rien à faire ici.

"J'eus mieux fait de faire route pour le nord vers Lyonesse. Fichtre bigre diantre de purée de ténia !" murmura-t-il entre ses dents en se détournant de Gustave pour aller vers la cabane. Au moins le vieil homme lui avait laissé un vague indice. "Pas de famille." Cela serait compréhensible s'il n'avait pas ajouté : "Pas d'poisson, pas d'femme, pas d'vent qui vaille" Pour prestenent, cela changeait toute l'indication en une formule étrange qui ne voulait plus rien dire et n'aidait en rien. C'était énervant. mais à tout hasard, Prestenent partit du principe que ce qui se passait dans cette cabane était louche et que la voix qui appelait "maman" mentait. Aussi il entra bouclier en avant et épée prête, scruta avec rigueur et prudence, ne vit strictement rien. Il faisait trop sombre par ici.
Aussi le mouvement le prit par surprise, mais le bouclier levé, ce qui fut insuffisant. Quelque chose, ou quelqu'un... non, quelque chose qui ressemblait presque à un quelqu'un... lui avait sauté dessus.

Prestenent ne comptait plus les chutes qu'il avait dû endurer au cours de cette aventure. Toujours, fidèle à son rôle, le sol mettait un point d'honneur à être humide là où le chevalier Moussillonnais se laissait choir. Pour cette fois cependant, il n'y avait pas une seconde à perdre pour se plaindre ou se lamenter. Prestenent scruta les ténèbres et y découvrit une lueur. Rien de naturel. une chose qui visiblement ressemblait vaguement à une jeune fille, mais qui n'était pas faite de chair et d'os, qui était faite d'autre chose de translucide et de brillant. Quand une collerette s'éleva autour de sa réplique de visage, Prestenent sentit une révulsion poignante lui vriller les tripes. La réponse qui s'ensuivit était mécanique, un réflexe pur face à l'abomination et l'impie. Prestenent lança son épée en avant, tout en songeant pour lui même :

"Maudit soit ce maroufle de Gustave qui ne m'a pas prévenu de la nature de cette créature !"

Il ne savait ni ce que c'était, ni si il pouvait le vaincre, mais la question pour l'instant était de savoir si son épée pourrait au moins faire souffrir cette bête répugnante. Une joie cruelle l'envahit quand il vit que son coup avait fait mouche et que la chose hurlait de douleur, mais il déchanta très vite. Prestenent se languissait d'une occasion de faire parler sa haine et sa colère, mais quelque chose dans la nature de cet adversaire empoisonnait le plaisir de son combat. Nulle trace de sang ne venait parer sa lame ou resplendir dans l'éclat de la nuit. Non. Il n'y avait que le métal de la lame et le corps translucide qui brillait et qui bougeait... qui bougeait très vite d'ailleurs.
Prestenent fut de nouveau poussé en arrière, le visage dans l'eau, entrainé par la sirène. Le chevalier se libéra de l'emprise avec virulence et s'empressa de reprendre sa respiration. Ainsi, cette créature voulait le noyer. Mais pourquoi alors Gustave avait-il choisi d'aller sur l'eau affronter ces choses ? pourquoi ne pas les attendre sur la rive ? baste. Prestenent devait se concentrer sur un seul objectif : tuer cette chose. Il sentait que, progressivement, sa colère se diluait, mélangée à sa ferveur, son enthousiasme, et toute une foule de sentiments très innocents mais très violents qui ne lui avaient plus rendu visite depuis longtemps. Combattre avait toujours eu cette faculté à rendre Prestenent meilleur. il ne ressentait plus la douleur, la rage ou la haine, uniquement sa détermination. Elle lui avait tellement manqué.

En face, la créature mutait sous ses yeux. Ni forme ni couleur n'était constante chez cette chose. Prestenent ignorait ce qu'elle essayait de faire, mais il présageait quelque chose de redoutable. Il ignora l'apparence de la jeune fille pour ne songer qu'aux armes avec lesquelles elle risquait de l'attaquer. Il leva son bouclier, mais c'était inutile face à ces flagelles. Un coup le manqua trop largement pour même toucher son bouclier, l'autre le toucha trop bien pour que le bouclier puisse servir à quelque chose.

Le coup avait été dévastateur, et incompréhensible. Prestenent réalisa en un éclair que la situation était critique. Il devait tuer cette jouvencelle aussi vite que possible, lui transpercer le crâne et le cerveau, faire cesser tout mouvement de son corps, mais impossible de la toucher, et bientôt il se vit être saisi et emporté vers les flots, ne pouvant qu'essayer vainement de se débattre en fustigeant mentalement Gustave qui l'aura laissé se faire prendre par surprise.

"Ce méprisable arsouille irrespectueux aurait sans aucun doute très bien pu me dire le point faible de la créature, bigre de sacrebleu ! Que vais-je faire moi !"

Tout en se débattant, Prestenent se força à réfléchir à toute vitesse, une chose à laquelle il n'était pas habitué. Il ne savait rien de cette créature, il ne connaissait pas la limite de ses pouvoirs, ni ses points faibles, ni quoi que ce soit d'utile que Gustave aurait pu lui indiquer au lieu de le gifler. Prestenent supposa simplement deux choses : cette créature devait avoir un minimum d'intellect accompagné d'une certaine arrogance, au vu de son besoin incompréhensible de parler tout en essayant de le tuer. Deuxièmement, c'était une créature aquatique. Peut-être que s'il arrivait à attirer la chose loin des flots, il pourrait l'affaiblir, mais c'était fort risqué. La créature avait déjà démontré son agilité, et même si Prestenent parvenait à se libérer de son emprise, il doutait de pouvoir se trainer jusqu'à la rive sans être rattrapé. Hélas, il fallait bien essayer, et pour parvenir à se libérer, il fallait tout tenter.
À mon tour, j'utilise la bravade si je peux encore avant d'avoir la tête sous l'eau, puis je me débats pour me libérer. Si j'y parviens, je cours pour m'éloigner de l'eau et je ne me retourne pas avant d'être à quelques mètres de la rive au moins.
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

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