- « Comment se peut-il que ces chiens soient armés ainsi. » gronda Ivar Golovin en jetant un regard appuyé au prince des Kossuth.
- « Peut-être ont-ils simplement pillé l’équipement des tchékistes qui faisaient office de surveillants ? » suggéra Sreten s’en s’offenser.
- « Par Ursun, ce sont des balivernes ! Tout le monde sait que garnison a fui dès les premiers signes de mutinerie. Non … les évadés d’Oulianosvk ont reçu de l’aide. Des armes, des tenues, peut-être même des provisions. » maugréa l’artisan en dardant un regard plein de rancœur à l’adresse des ungols.
Sreten Tarmachirin afficha une moue agacée et se releva en avisant Ivar.
- « Je suis très patient, Ivar, mais je ne peux assurer la même chose à propos de mes guerriers. Le mieux que nous puissions faire, c’est de monter au combat ensemble et de reprendre la mine pour faire la lumière sur cette affaire. Nous aurons ensuite tout le temps de nous affronter. » lâcha-t-il. « Maintenant, écoutons ce que nos amies de l’Empire ont à nous proposer. »
Lucrétia proposa alors de s’emparer d’abord du premier portail et d’éliminer les gardes qui s’y trouvaient, afin de se préparer à accueillir de potentiels renforts ennemis puis aviser de la situation. Sreten hoche la tête pour approuver.
- « Vous avez raison, nous devons neutraliser cette première défense. Si ce que vous avez constaté est vérifié, je recommande que seuls quelques guerriers s’y rendent afin de rester discrets. Les autres se tiendront ici, à l’abri des regards, prêts à intervenir au besoin. Je vais venir avec vous. »
Il appela ensuite trois de ses suivants et leur adressa quelques paroles dans leur langue gutturale. La lueur de la lune se refléta sur les sabres que l’on venait de dégainer et l’un d’eux encocha une flèche sur son arc courbe avec un air belliqueux. Sreten hocha ensuite la tête pour faire signe qu’ils étaient prêts.
- « Eh d’abord pourquoi c’est nous qu’on se pèle le cul ici ? Ca fait trois nuit d’affilée qu’on monte la garde. Pourquoi c’est pas Sagar et son idiot de frère qui prennent la relèvent pour une fois. » maugréa le barbu en brisant le silence ambiant.
- « Si t’avais eu la bonne idée de fermer ta gueule et de pas provoquer Boris, peut-être qu’on serait pas là mais plutôt à l’intérieur en train de s’envoyer des cornes de kvas et de salir nos jolies servantes une nouvelle fois. » lui répondit celui au nez tordu d’un ton sec. « Il faut toujours que tu ouvres ta gueule. »
Le borgne, quant à lui, restait coi. Il agitait un peu les braises du bout de sa lance. Face à l’insulte, le barbu se leva et dégaina un couteau.
- « Redis ça si t’es un homme. Tu sais très bien que le butin de la dernière sortie devais nous revenir à nous, et pas à ces fils de chien. Allez, lève-toi ! »
L’autre, nullement impressionné, se contenta de jurer et secouant la tête.
- « Tu vois, je savais bien qu’t’avais rien entre les jam… »
La fin de cette phrase se termina dans un gargouilla lorsqu’une flèche jaillit des ombres pour se ficher droit dans la gorge du barbu, ressortant dans sa nuque. Il s’écroula en se tenant le cou. Une seconde de flottement plus tard, les deux autres, stupéfiés, se levaient d’un bond sans vraiment comprendre au moment où Lucrétia et Dokhara leur tombait dessus.
Sreten et ses hommes sautaient par-dessus le petit mur de torchis l’instant d’après et se mettaient en position autour du feu de camp pour ne pas attirer les sentinelles du fort. Aucun bruit de ce côté-là. L’attaque avait été parfaite et les guerriers de Chilgir n’avaient semble-t-il pas été repérés. Le chef du clan Kossuth, sabre au clair, adressa un regard appréciateur aux lahmianes.
- « Vous êtes de redoutables combattantes. » complimenta-t-il à voix basse avant de regarder les fortifications, plus loin sur le chemin. « Maintenant, une idée de la suite ? Si seulement nous pouvions ouvrir cette porte, là-bas. Nos cavaliers pourraient entrer. »