[Geralt] Le réprouvé

La province du Nordland est peu peuplée et ses régiments passent l'essentiel de leur temps à patrouiller le long des côtes pour les protéger des pillards du nord. Le Comte Electeur Theodric Gausser siège à Salzenmund.

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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Emilio leva ses grands yeux pâles vers Geralt, le regardant sans le voir. Mais ne répondit pas. Il se dégageait de cet enfant une aura dérangeante, qui pouvait donner la chair de poule. Le devin se mit à bouger les lèvres à nouveau, formant des mots silencieux à l'adresse du Loup Blanc. Carmen, à côté de lui, posa délicatement une main d'albâtre sur son épaule.

- "Emilio, ve con el padre Giovanni mientras conocemos a nuestro nuevo amigo." lui dit-elle dans leur langue commune.

Le chanoine, qui semblait comprendre cet idiome quand bien même il était lui-même tiléen, hocha sa tignasse hirsute et ouvrit une grosse paluche en direction d'Emilio pour l'inviter à le rejoindre. Ce dernier se leva lentement et se dirigea vers le prêtre, guidé par la longue et délicate main de Carmen. Giovanni saisit celle de l'enfant dans sa propre poigne et s'éloigna de la table en jetant un regard sévère à Geralt avant de se diriger vers la sortie, sur les pas de Massimo. La princesse estalienne, quant à elle, inclina la tête avec un air distant face aux compliments du Loup Blanc.


- "Si vous avez la confiance de Massimo, vous avez la notre, Don Eskel." dit-elle avec son accent exotique. "Buvez et reposez vous. Des jours sombres nous attendent."

Elle pointa le comptoir du doigt, où le tenancier du relais servait boissons et repas chauds aux voyageurs esseulés. De leur côté, Klemens, son écuyer et Hildegard se restauraient en silence, peu attentifs à Geralt. Ils furent rejoint par Olaf qui s'était délesté de son arsenal et qui commanda une soupe bien chaude en s'attablant avant de discuter à voix basse avec Engelbert, rapidement suivi de Fédor le halfling.

Le Loup Blanc s'approcha lui même du comptoir pour commander un bock de bière tout en s'enquérant de la présence d'un forgeron au relais.


- "Y'a bien Fredrek l'charron, c'est vrai. Il a son p'tit fourneau et son enclume." acquiesça le tenancier, le visage plein d'appréhension. Il est vrai que les Corbeaux n'étaient pas les clients les plus rassurants qui soient, et Geralt encore moins. "Par contre, d'là à savoir si il sait faire mieux qu'des fers à ch'val ou des cerceaux d'roues ... lui seul vous l'dira, sire templier."

Le Loup Blanc sortit alors du batîment et traversa la cour pour aller du côté de l'atelier du charron, à côté de l'écurie. La nuit tombait sur la Drakwald et les vigies avaient allumé quelques torches qui éclairaient l'endroit. L'homme, un grand gaillard barbu, était en train de réparer la roue d'une charrette garée à côté l'appentis à la façade ouverte dans lequel il travaillait. Derrière lui, un four de forge éteint, une enclume et des outils de forgeron. Entre l'atelier et l'écurie, un petit autel dédié aux différentes divinités impériales étaient aménagé contre le mur d'enceinte, et quelques bougies brûlaient encore au milieu de modestes offrandes.

- "... vous forger un masque ?" demanda le charron, incrédule. Lui aussi était visiblement anxieux en présence du guerrier masqué auquel il s'adressait. "Euh ... j'peux bien essayer, il doit m'rester une barre de fer ou deux dans la réserve. Mais bon j'vous garantie rien ... disons qu'c'est pas mon métier quoi." dit-il visiblement peu sûr de lui.

Derrière eux, près de l'entrée de la tour qui servait de baraquement pour une petite troupe de Patrouilleurs Ruraux, Massimo Garibaldi discutait avec le Père Giovanni qui était toujours accompagné d'Emilio. L'enfant n'écoutait pas la conversation des aînés, et était plutôt tourné en direction de l'atelier, fixant Geralt depuis l'autre côté de la cour de ses grands yeux vides.



Petit plan du relais :
1 - Écuries
2 - Atelier du charron
3 - Grande salle/réserve/chambres à l'étage
4 - Tour
Image
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par Geralt »

Le tenancier lui indiqua qu'en effet un dénommé Fredrek serait susceptible de l'aider, même si en fonction de la demande du faux templier, il ne devait pas s'attendre à un miracle, l'homme ayant quelques connaissances dans le domaine de la métallurgie n'étant pas non plus un spécialiste, son travail consistant de base à effectuer quelques réparations sur les chariots de passage ou encore à entretenir les fers à cheval des montures faisant halte dans le relais.
Les talents de cet homme devraient être amplement suffisant, Geralt ne désirant demander que la fabrication d'un masque moins ridicule que celui qu'il portait, Olaf le traqueur ne saurait qu'être heureux une fois qu'il aurait récupéré son bien fait sur mesure.

Le reste des templiers continua de se restaurer en silence, désormais la présence de Eskel était devenu une simple banalité, seul Giovanni continuait de l'observer sans un mot, se refusant à le quitter des yeux trop longtemps tandis que son regard sévère ne se détachait plus de lui... Au vue de sa relation avec Massimo, étant un ami de longue date du templier, il était fort probable qu'il ne croit pas du tout à l'identité que Geralt avait du se forger pour se joindre à eux... Eskel ? Un vieil ami dont le chanoine n'avait jamais eu vent ?... Il était fort probable que le représentant de Morr interroge le Haut-Capellan sur cette rencontre fortuite avec cette étrange et sombre personnage masqué.
La princesse estalienne, dont la beauté et la grâce aurait pu faire pâlir de jalousie bien des femmes de l'Empire, se montra un peu plus loquace à l'encontre du loup blanc, affirmant que si le chef du groupe de chasseur de vampire avait confiance en lui, alors elle en ferait de même, prouvant ainsi sa totale dévotion à celui qu'on surnommait l'immortel.
Il semblait ainsi que Carmen, était directement responsable de la sécurité du jeune Emilio, chose normal quand on connaissait le rôle qu'était celui de la jeune femme d'ordinaire, ces qualités de combattante couplé à son intelligence et à la pureté de son âme, faisait d'elle une protectrice parfaite dans l'immédiat.
Le devin de son coté arborait une expression facial bien plus inquiétante, ces pupilles blanches ne se détachant plus du chasseur de monstre, celui ci avait l'horrible sensation qu'il était capable de voir bien au delà du masque qui était supposé cacher son identité... Ce gamin donnait vraiment l'impression de voir à travers la chair ou même l'âme... Était il possible que Morr l'est prévenu de son arrivée ? Savait il qui se cachait réellement derrière le pseudonyme de Eskel ? Geralt ne pouvait en être sûre.

Tandis que déjà, certains Templiers se dirigeaient vers leur chambre dans le but d'y prendre du repos, alors que la tombée de la nuit arrivait à grand pas. Emilio fut ainsi amené à quitter la salle principal, en compagnie de Giovanni, le loup blanc leur emboitant le pas, voulant désormais s'entretenir avec le forgeron du relais.
Le loup blanc vint trouver le vaillant travailleur, celui ci affichant une moue inquiète à son arrivée, la crainte qu'inspirait le parjure étant palpable, les deux hommes s'entretenir un bon moment, tandis que Geralt tenta d'expliquer au mieux le service qu'il souhaitait s'offrir.


"N'ayez crainte, ce masque n'a aucune vocation esthétique... Qu'il soit terrifiant et dissimule l'entièreté de mon visage est là seul chose que je demande. Faîtes avec ce que vous avez, et vous serez payé en conséquence."

Déjà, le forgeron se mit à l’œuvre, nourrissant les flammes de son fourneau tandis qu'on pouvait entendre raisonner à travers la cours, les fracas du marteau contre l'acier et le fer.
Ignorant le temps qu'il faudrait pour obtenir son dû, le loup blanc s'avança alors au milieu de là cour, observant le ciel obscurs en restant songeur avant de murmurer :


"Karla... Où est ce que tu peux bien être..."

Il sentit alors peser sur lui un regard troublant, comme sentant une présence lui murmurer quelques mots incompréhensible aux oreilles, Geralt tourna la tête en direction de la tour servant de baraquement aux patrouilleurs ruraux en garnison ici... Au loin il pouvait discerner Massimo et Giovanni plongé en pleine discussion importante, Emilio étant également présent et observant Geralt d'une manière inquiétante... Le chasseur de monstre et le devin se jaugèrent un long moment, comme si une connexion venait de s'établir entre eux, si bien que Geralt sentit naître en lui un horrible sentiment de peur , il fut donc le premier à détourner le regard du gamin.

"Putain de gosse... Tôt ou tard je devrais..."Il ne continua pas sa phrase, sa langue refusant de dévoiler sa pensée, à savoir songer à la potentiel élimination du devin qui représentait le meilleur atout de Massimo dans sa traque contre Lucrétia mais aussi et surtout contre la descendante des De Soya... Même si pour l'heure, son utilité était tout aussi vitale au parjure, étant le seul moyen de continuer à suivre la maigre piste que la courtisane de la nuit avait laissé derrière elle.

*Ce gamin est une menace non négligeable mais en même temps... Peut être l'occasion de l'emmener de force avec moi pourrait à un moment se présenter. Il pourrait me mener là où se trouve Karla et ce sans l'aide du reste de l'Ordre, sans compter l'immense atout qu'il deviendrai à l'avenir...
Mais comment faire... Me voila au milieu d'un groupuscule dont chaque membre à les moyens de m'éliminer. Massimo ne sera pas assez dupe pour me laisser agir à ma guise c'est certain...*


Il resta pensif de longues minutes, regardant de temps en temps en direction de Emilio qui l'observait à la manière d'une statue sans jamais cligner des yeux.

*Gagner la confiance d'une partie du groupe et protéger le gamin tant que je ne saurais pas où se trouve avec précision la lahmiane... Pour l'heure je n'ai pas mieux. Attendons de connaître la décision de Massimo à l'encontre de Rebecca et je verrai ensuite...*

C'est alors que la douleur de la blessure causée par l'horrible Ziegler se réveilla, celle ci étant loin d'avoir totalement cicatrisé, la concoction fabriqué par le défunt Oddo semblant malgré tout agir dans le bon sens, il faudrait un peu de temps pour la voir totalement guérir.

*Je suis loin d'être en plein possession de mes moyens de toute façon.* Pensa t'il attendant que Frebrek lui montre le fruit de son labeur une fois terminé.
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Fredrek était en train d'expliquer à Geralt qu'il allait se mettre au travail dès le lendemain lorsque Emilio échappa à la vigilance du chanoine et traversa lentement la cour pour s'approcher du Loup Blanc, le fixant toujours de ses yeux morts. Il avançait comme un fantôme, translucide, ses petites bottes à talon claquant sur la poussière.

- "Emilio .. Emilio, aqui !" l'appela Giovanni en interrompant sa discussion avec Massimo pour marcher derrière l'enfant.

Et soudain, le prodige de la Confrérie des Prophètes des Derniers Jours tomba en arrière et fut pris de spasmes incontrolables. Le chanoine se précipita auprès de lui et s'agenouilla pour lui redresser la tête en criant vers le relais.

- "Hildegard ! La potion !"

La thaumaturge surgit par la porte, trottinant en soulevant ses vastes jupons, Carmen sur les talons. Massimo observait la scène les bras croisés sur sa chemise brodée, regardant aussi bien le petit attroupement que Geralt par-delà. Hildegard s'agenouilla à côté de Giovanni et sortit du flanc de son corset une fiole qu'elle déboucha délicatement pour la porter à la bouche de l'enfant tandis que le chanoine lui maintenait la tête droite, une main sur son menton et l'autre sur le haut de son crâne. Emilio continuait de gesticuler de manière incontrôlable, ses yeux grands ouvert fixant le ciel noir, jusqu'à ce que la sorcière réussisse à lui faire ingurgiter une dose du liquide rougeâtre contenu dans la fiole. Les tremblements cessèrent bientôt et le Père Giovanni essuya l'écume que l'enfant avait aux lèvres avec la manche de sa robe d'ecclésiastique. Emilio était entouré du prêtre, d'Hildegard de Mérode et de Carmen, tandis que Massimo n'avait pas bougé d'un pouce et que Klemens, son écuyer et Olaf se tenaient désormais sur le perron du relais, attentifs. Ce dernier avait encore une cuisse de poulet dans la main. A l'étage, Kaspar de Groot observait également depuis une fenêtre ouverte, masqué par l’obscurité. Si la plupart des Corbeaux se réunissaient ainsi, c'est qu'ils savaient ce genre d'instants importants.

Le temps semblait suspendu un instant, puis Emilio se mit à parler d'une voix machinale, sans timbre ni émotion. Ce n'était pas là la voix d'un petit enfant.


- "Des brumes de la nuit est née une fille impie. Les ténèbres grandissent, le mal se répand. Serviteurs du Veilleur, hâtez vos chevaux, car bientôt affliction saisira le cœur des hommes et nul ne saura se dresser contre l'apocalypse qui tombera sur ce monde. Les lunes jumelles croissent dans le ciel, et avec elles la faim dévorante des ennemis de la Vie. Trouvez l'avatar de la corruption et pourfendez le. Loin au Nord les neiges se lèvent. Des hordes affamées pour éteindre le Cœur de l'Hiver. Quatre portes vers un royaume de CATACLYSME. IL attend, tapis dans les ombres. Celui qui torture l'âme d'Anarbarziz et de ses fils. Il réunit ses armées prêt à fondre sur le monde. Cœurs vaillants, protégez nous car pour l'affronter, les filles de la nuit devront périr une fois encore. L'HÔTE DE LA TRISTESSE. ILS ARRIVENT. Sauvez l'âme des Hommes, repoussez les corrupteurs."

Et il s'affaissa dans les bras du chanoine, inconscient. Les Corbeaux s'occupèrent de lui, le soulevant pour le raccompagner à l'intérieur, tandis que Massimo s'était approché de Geralt d'un pas de loup.

- "C'est ainsi qu'il reçoit les visions dont Mórr l'honore. Après une telle crise, il doit rester alité deux jours avant que nous puissions reprendre la route." dit le Haut-Capellan en regardant ses compagnons regagner le relais un à un. "Ces élucubrations sont pour le moins impénétrables, j'en conviens volontiers. Mais chaque mot prononcé par ce pauvre petit est d'une importance cruciale. Qu'en penses-tu ... Eskel ? Qu'est-ce que cela signifie selon toi ?"
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par Geralt »

En cette soirée d'automne, où le vent du nord commençait à souffler sur l'Empire, les températures s'en retrouvant drastiquement baissés au fur et à mesure des jours s'écoulant, Geralt resta un long moment au milieu de la cour du relais, contemplant le ciel étoilé, tandis qu'il semblait être obnubilé par quelques réflexions, sa concentration n'étant dérangé que par les rapides coup d’œil qu'il continuait de porter de temps à autre en direction du jeune Emilio qui lui ne le lâchait jamais du regard.
Ce ne fut que soudain, que le jeune prodige se décida à approcher, s'éloignant de Massimo et Giovanni pour s'avancer dans l'obscurité de la cour, comme portée par quelques forces étranges, son teint très pâle lui donnant des allures de revenant d'outre tombe. Geralt l'observa venir à lui, tandis que le prêtre de Morr chargé de veiller sur lui ce soir tenta de le rappeler à l'ordre, emboitant derrière ces pas pour tenter de le rattraper.


"Qu'est ce que tu..." Commença à prononcer Geralt, avant de voir l'enfant se figer sur place et d'écarquiller les yeux, l'expression qu'il affichait désormais ne le rendant que plus inquiétant encore.
L'enfant murmura alors quelques paroles incompréhensibles, avant de s'écrouler en arrière, son corps étant désormais parcouru de spasmes violents et incontrôlables . Face à tel spectacle aussi soudain que étrange, le loup blanc voulu faire un pas en avant pour l'aider, mais l'intervention de Giovanni le fit se raviser, tandis qu'il appela la mage Hildegard en renfort, commandant qu'on lui apporte une potion...
Malgré l'évènement, peu de gens omis ceux au plus près de l'enfant, acceptèrent d'intervenir dans cette crise qui semblait assez douloureuse pour le petit garçon aux dons hors du commun, très vite, une partie du reste des templiers vint dehors, assistant au spectacle avec un air grave mais qui semblait tout a fait banale pour eux, le parjure ne parvenant à déceler aucune surprise sur les visages des différents protagonistes.
Seul le loup blanc semblait sur le moment aussi impressionné qu'intrigué, observant les évènements en retrait tandis que le prêtre originaire de Remas cherchait à maintenir l'enfant dans sa crise, la mage présente à ces cotés s'efforçant de lui faire boire une curieuse substance rougeâtre dont le chasseur de monstre ignorait totalement les effets.

L'enfant suivait il un traitement particulier ? Était il sujet à quelques étranges maladies liées aux dons que Morr avait pu lui offrir ? Il n'aurait pas été le premier à devoir subir les contrecoups d'un immense pouvoir...
Et puis soudain, Emilio s'exprima, d'une voix n'ayant plus rien à voir avec celle d'un enfant, récitant quelques paroles étranges de manière machinal, comme si il ne faisait là que réciter un texte qu'il avait appris un peu plus tôt par cœur, alors que de sa personne, émanait une aura étrange et dérangeante, comme si le temps lui même n'avait plus d'effet durant les quelques secondes qui étaient en train de s'écouler devant les yeux de tous.

A la manière d'une prophétie, le jeune Emilio semblait en phase avec quelques forces divines, Geralt ne pouvant que boire ces paroles, écoutant chaque mot avec une attention particulière, tandis qu'il chercha à en comprendre le sens, qu'il soit caché ou non.
Quand tout fut terminé et que le silence put redevenir le seul maître de ces lieux, tous les gens présents restèrent étrangement songeur, tandis qu'on fit ramener le jeune homme à l'intérieur du bâtiment principal, celui ci ayant sombré dans le coma, l'épreuve qu'il venait de vivre semblant l'avoir épuisé.

Face à ce spectacle qui avait captivé toute l'attention du traître chevalier corbeau, celui ci n'avait même pas remarqué que désormais Massimo se trouvait à ses cotés. L'immortel prit la parole, expliquant que ce dont il venait d'assister, n'était que la manière dont le grand veilleur offrait ces visions et sa sagesse à Emilio... Et cela avait un prix : a savoir deux jours de repos sans la moindre possibilité de pouvoir se mouvoir, sans prendre le risque d'attenter à la vie du jeune garçon.


"Voila qui est impressionnant... Et terrifiant en même temps pour quelqu'un de si jeune. J'en envie nullement son rôle tu peux me croire. Quel était le but de cette potion qu'on lui a fait ingérer ?" Demanda t'il tout simplement tout en ignorant si l'immortel accepterai ou non de lui répondre.

S'ensuivit alors une conversation avec le héros du culte, sur les mots prononcés par le devin et sur l’interprétation qu'on pouvait en faire. Aussi farfelu et flou que le discours qui avait été tenu pouvait l'être, chaque mot avait semble il une importance, et si le grand veilleur avait jugé bon d'intervenir auprès des templiers, s'était sans aucun doute dans un but bien précis. Massimo sembla alors curieux d'entendre ce que le loup blanc pouvait bien penser de tout ceci, tandis que déjà le reste du groupe se dirigea un à un en direction du relais.

"Le problème des prophéties, c'est que bien souvent simple mortel que nous sommes, nous ne sommes jamais en mesure de pleinement les comprendre et les interpréter. Les mots du gamin sont aussi vagues que le lieu ou l'époque auquel ils se rapportent mais..."

Il resta pensif, se remémorant chaque phrase silencieusement, et tentant d'en saisir les sens cachés.

<<Des brumes de la nuit est née une fille impie...>> on dirait qu'on parle ici d'une naissance ou d'une renaissance... Dans le monde qui est le notre, j'ai croisé bien trop d'abominations pour ne plus être en mesure de ne pas croire en quelque chose... Un nouveau mal serait donc arrivé dans le vieux monde, cela ne semblant augurer rien de bon."

Ne faisant que supposer, cette phrase était pourtant celle qui tracassait le plus le chasseur de monstre, un horrible sentiment le tiraillant, comme si là quelque part, quelque chose s'était produit... Une chose si horrible et désastreuse mais que qu'il était incapable d'expliquer... Était ce lier à Karla ? A Lucrétia ? A Rebecca ? Où même à quelqu’un d'autre ? Il était bien trop tôt pour le dire.

<<Les lunes jumelles croissent dans le ciel...>> "Bien souvent cette image des deux lunes et une représentation des puissances du chaos.

<<Trouvez l'avatar de la corruption...>> L'avatar... L'avatar..."
Il murmura ce mot à plusieurs reprise, comme semblant penser à quelque chose en particulier, mais n'osant le dévoiler car n'étant sûre de rien, avant de finalement avouer :

"Les papillons... Ils avaient invoqué quelque chose des profondeurs des bois. Un homme bête bien particulier... Je n'en avais jamais vu d'un tel genre... Ils le nommaient : Zaq'natarish, le satyre blanc et amant de Slaanesh... ça pourrait être lui ce fameux avatar de la corruption."

La vision d'horreur de la sombre créature revint alors à Geralt, celui ci revoyant à travers cette nuit de débauche et de fantasmes interdits, le triste sort qu'avait connu Astrid, offerte en sacrifice dans le but d'obtenir les faveurs de la harde blanche... Si sur le moment Geralt n'avait pas hésité une seule seconde à la sacrifier, le souvenir du viol de l'humaine par la créature suffisait à le dégouter désormais.

<<Loin au Nord les neiges se lèvent. Des hordes affamées pour éteindre le Cœur de l'Hiver.>> ..."C'est peut être ici le seul passage pouvant offrir une direction à suivre. L'hiver approche mais les premières neiges ne tomberont pas avant plusieurs jours voir plusieurs semaines... Peut être ici est il fait mention du Kislev... C'est un territoire hostile aux hivers éternels et il est connu que plus au nord dans les steppes enneigés de Norsca, le chaos est omniprésent. Le "Coeur" pourrait peut être désigné la capital où la plus grande ville du royaume de la reine Katarina. Pour tout dire... Je ne suis jamais allé dans cette partie du monde."
Il enchaina directement sur les passages qui lui semblait être les plus important.
<<Quatre portes vers un royaume de CATACLYSME...>> Peut être une référence aux quatre divinités de la ruine... Je ne sais pas. Sincèrement quand on cherche à lier le tout, on pourrait croire que le gamin vient d'entrevoir une nouvelle tempête du chaos... Une bataille entre le bien et le mal qui pourrait ou non conduire le monde à son extinction ou bien le voir continuer à survivre...

<<Les filles de la nuit devront périr une fois encore>> Une référence aux vampires ? L'image colle plutôt bien. Si nous essayons de la mettre dans le contexte de la traque qui nous rassemble, peut être que la Baronne de Bratian s'est rallier à d'autres vampires pour augmenter ces chances de survie... Le clan Lahmiane possède un mode de fonctionnement qui lui est propre, mais je ne suis pas un expert... J'ai bien plus souvent affronté les Von Carstein qui en général préféraient agir seul, leur goût du pouvoir étant assez exclusif.
Quand à <<L'hôte de la tristesse>>..."
Il réfléchit un bon moment, ne semblant savoir de qui on pouvait bien parler, poussant alors soudainement un soupir d'exaspération démontrant l'agacement qui s'emparait maintenant de lui, tandis qu'il était désormais seul dehors avec Massimo.

"Qu'est ce que tu veux exactement savoir Massimo ?! On... JE suis en train de perdre mon temps ici. Si c'est Morr qui vient de parler à travers ce gamin alors... Tout ceci est un ramassis de conneries ! On parle de quoi là ? De la fin des temps ? Une prémonition pour de terribles évènements à venir ? Il n'y a aucun rapport avec la raison qui fait que nous sommes face à face ce soir, à savoir : La baronne de Bratian."

Son regard se fit plus froid à l'encontre du sang mêlé, on voyait ici que ce n'était plus à Eskel qu'il s'adressait mais bel et bien à Geralt, le parjure.

"Je sais ce que tu veux que je te dise... Tu veux savoir si je pense que les propos de Emilio ont un lien ou non avec les cultistes derrière nous... Peut être que oui, peut être que non... Je l'ignore totalement ! Si Morr veut que tu purges la région de ce mal, alors fais donc, qu'attends tu ?! Mais je te le redis, malgré ta petite troupe... Même l’association des meilleurs templiers de l'Empire ne peut être suffisante face à un ennemi en surnombre. La harde blanche... Peut être composé de dizaines voir de centaines de créatures. Les bois de Nordland sont bien trop immenses...
Je n'ai pas de temps à perdre avec le chaos... C'est la non vie que je pourchasse."


La colère s'emparant de lui, son œil rouge sang, premier signe de sa mutation le fit alors souffrir, si bien qu'il du appuyer sa main gauche sur celui ci pour tenter d’apaiser au mieux ses maux.

"Deux jours enfermés dans ce relais... Deux jours de mon précieux temps... Et toi alors Haut-Capellan, l'homme que je suis serait bien curieux de connaître ton interprétation de cette prophétie."
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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 30 sept. 2019, 16:22, modifié 1 fois.
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par [MJ] Le Grand Duc »

- "Cette potion est l'une des concoction dont Madame de Mérode a le secret. Elle permet simplement d'apaiser le corps d'Emilio et de faire cesser les tremblements. Sans cela, il semble qu'il soit dans l'incapacité d'énoncer ses prophéties. Or il ne se rappelle de rien lorsqu'il se réveille après une crise. Il est encore jeune et il lui faudra du temps pour apprendre à contrôler pleinement ses pouvoirs." expliqua Massimo en resserrant son gilet noir aux broderies travaillées.

En cette heure tardive, le charron et les deux palefreniers regagnaient eux aussi le bâtiment principal pour y passer la nuit, tandis que des patrouilleurs équipés de torches sortaient de la tour pour monter la garde sur l'étroit chemin de ronde qui faisait le tour du relais de coche. Massimo Garibaldi, quant à lui, écoutait Geralt à demi-appuyé contre l'enclume de l'atelier, bras croisés.

- "Je suis d'accord avec toi, ces prédictions sont un cri d'alarme. Nous n'avons pas une minute à perdre, d'autant que le petit ne sera probablement pas encore remis d'ici demain." acquiesça le tiléen. "Nous laisserons aux autorités de la province le soin de s'occuper de ces Papillons, et partirons pour l'Ostland dès que l'état d'Emilio le permettra."

Disant cela, il leva son regard acéré vers les lunes jumelles qu'un trou dans les nuages dévoilait. Mannslieb, gros disque d'argent, brillait dans le ciel. Sa sœur maudite, Morrslieb, apparaissait juste derrière. L'orbe verte était plus petite, mais il suffisait de la fixer trop longtemps pour sentir un frisson mauvais courir le long de l'échine. Les mortels craignaient l'orbite erratique de cet astre, et son approche annonçait toujours de funestes événements.

- "Un satyre blanc, dis-tu ... Je doute que celui-ci soit l'avatar dont a fait illusion Emilio, puisque sa vision semble nous pousser plus loin au Nord tandis que si tes dires sont vrais, cette créature et ses sbires rôdent ici, dans la Drakwald. Si il y a lieu de lui donner la chasse, cette tâche incombe désormais aux chevaliers de Theoderic Gausser. Notre mission ne souffre plus de distraction. Quant au reste de la prophétie ... elle deviendra plus claire avec le temps, je n'en doute pas. Lucrétia von Schitzerhaüm semble liée à des événements grandioses, qui la dépassent peut-être. Mais ces mystères ne doivent pas nous détourner de notre office : si nous avons été envoyé ici, c'est pour trouver ce monstre et le détruire. C'est là notre seul objectif, et une mission sacrée. Le reste n'a aucune sorte d'importance."

Le Haut-Capellan regarda Geralt s'énerver et un sourire sans joie naquit sur son visage. Il se redressa et fit un pas vers le Loup Blanc, ses traits à moitié éclairés par la flamme vacillante d'une torche, non loin.

- "Si j'ai décidé que les Papillons n'étaient plus de notre ressort, ce n'est pas parce que tu me l'as soufflé, parjure." dit-il en s'approchant encore d'un pas, une lueur mauvaise dans son regard d'acier. "Mórr nous a envoyé le signe que je savais venir bientôt, et que j'attendais. Le Veilleur seul guide mes pas. Ni le désir de pouvoir, ni de justice, ni de vengeance, ne sauraient diriger le véritable homme de foi."

En un éclair, il parcouru le peu de distance qui le séparait de Geralt et l'attrapa derrière la nuque, collant son front contre le sien. Le réprouvé pouvait entendre grincer le cuir noir des gants de Massimo. Ce dernier ferma les yeux un instant et renifla profondément.

- "Est-ce de la peur que je sens en toi, Geralt ?" dit-il en rouvrant les yeux, les vissant dans ceux du traître. "Je crois bien, oui. La peur de celui qui ne croit plus en rien. La peur d'un homme sans foi, qui n'a plus de dieu. Qui veille sur toi, Loup Blanc ? Mórr ? Sigmar ? Les Puissances de la Ruine ? Non, tu es seul. Terriblement seul. Et la solitude de ton âme te tourmente."

Il le repoussa en arrière et frotta ses mains entre elles comme pour les épousseter. Son visage était à nouveau impassible, comme figé.

- "Tu as peur de perdre ton temps ? Profite de ces deux jours pour réfléchir. Réalise le chance que je t'ai donnée. Celle de servir celui qui un jour posa son auguste regard sur toi, et qui te choisit pour être l'un de ses soldats. Celui qui, depuis son trône d'ombre, veille à ce que tu ne rejoignes pas son royaume pour pouvoir en protéger ses sujets. Il est ton unique seigneur, Geralt. Et le sera toujours, car tout te ramènera à lui. Ton âme est noire et mauvaise, je le sais. Mais même une créature vouée à l'errance morale telle que toi peut se racheter." Il le regarda de haut en bas et plissa les yeux. "Les péchés qui tâchent ton âme ne peuvent être lavés qu'avec ton sang. Ce sang, tu le donneras à Mórr. Dès ce soir."

Il pointa le petit autel dédié aux divinités de l'empire, entre l'atelier et l'écurie. Un simple oratoire dans lequel trônait quelques statuettes, au pied desquelles étaient disposées écuelles de nourriture, bougies, prières de voyageurs et fleurs sauvages.

- "Parle à notre Père. Fais amende honorable. Offre lui ton sang vicié. Et si le Padre Giovanni te fait trembler, confesse toi à ce visage de pierre. Car si tu penses que ces yeux vides ne te voient pas, tu te trompes. Bonne nuit, Loup Blanc."



Tu as donc la nuit et la journée du lendemain, jusqu'au soir.
Si tu essayes d’interagir avec les autres, indique le moi sur le Discord et je te répondrai ce que tu dois intégrer dans ta réponse.

Et -1 poussière pour la journée du lendemain.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par Geralt »

Les deux hommes se faisaient face sous les yeux attentifs des deux lunes au milieu des ténèbres de la nuit. L'immortel sembla porter une certaine attention aux différentes théories énoncées par le parjure et il ne manqua pas d'en affirmer ou d'en contredire certaines. Pour lui, la créature surnommé le Satyre blanc ne pouvait être l'avatar de la corruption cité par le devin Emilio, et tout portait à croire que l'Ordre devait maintenant faire au plus vite route vers le nord, n'ayant nul temps à perdre avec les quelques fanatiques du Dieu des plaisirs les talonnant... En apprenant cette nouvelle, Geralt fut soulagé intérieurement à l'idée de pouvoir s'éloigner durant un temps des puissances de la ruine qui n'avaient déjà que trop souillé son corps. Désormais, il pourrait se libérer peu à peu de l'influence néfaste que Rebecca avait pu avoir à son encontre, reverrait il la noble de Talabecland un jour ? Comment le savoir... Le sort des papillons n'était désormais plus entre ses mains de toute manière.

Il était troublant de voir la sérénité dont semblait faire preuve Massimo, lui qui à travers la vision d'Emilio, avait désormais une nouvelle route à suivre, avait semble il également prévu depuis un moment déjà, l'intervention du Grand Veilleur : <<La prière porte conseil et le Veilleur saura nous montrer la voie. >> C'était ici les mots qu'il avait prononcé à partir du moment où Olaf lui avait rendu son rapport concernant les chaotiques... Mais alors... Comment aurait il pu prévoir que ce soir, au moment de son retour au relais, le jeune garçon aurait la vision qu'il semblait prévoir ? Une sorte de mysticisme englobait le personnage du Haut-Capellan, donnant la sensation qu'il était à sa façon presque totalement omniscient.
Tout ceci étant des plus troublant et Geralt commençait à se demander si, comme il le lui avait expliqué plus tôt, Massimo n'était pas belle et bien tout simplement guidé dans sa quête par le Grand Veilleur en personne, n'obéissant à aucun réel plan, et ne se laissant que porter par sa foi inébranlable... Dit ainsi, cela était tout bonnement insensé et pourtant... Plus le loup blanc observait cet homme, plus il avait la sensation de voir devant lui, l'homme qu'il avait toujours rêvé d'être : Le champion des vivants, l'arme que Dietrich lui même n'avait su créer à travers le chasseur de monstre... Le fléau de la non vie en personne...

Lucrétia semblait être lié à nombre de futurs évènements, tout portant à croire que le chaos était à l’œuvre, préparant ces plus infernales machinations dans le but de mettre en œuvre le plan qu'il fomentait dans l'ombre depuis un moment déjà. Tout ceci était il lié de près ou de loin à Karla, qui avait été une adepte du grand corrupteur ? Geralt se devait d'obtenir au plus vite des réponses, car loin au nord... Un voile de ténèbres commençait à se lever, amenant avec lui la mort et la désolation.
Face à la montée de colère du parjure, l'immortel ne broncha pas, et pire encore il s'en amusa, faisant un pas en direction de l'homme aux cheveux blanc, celui ci restant totalement immobile. Massimo expliqua alors que sa décision concernant les papillons n'était nullement lié aux conseils avisés ou non du chevalier déchu, il ne faisait ici que répondre aux attentes du gardien du royaume des défunts.
Il était troublant de les voir ainsi face à face car, à la manière d'un reflet, ils semblaient tous les deux être terriblement similaires et en même temps des opposés parfaits : L'immortel n’obéissait qu'à sa foi, sans idée de vengeance, ou de quête de pouvoir... Maitrisant à la perfection ces émotions là où Geralt, n'était qu'animer par la colère et le désespoir, avide de jalousie et désireux d'obtenir plus que ce que le monde pouvait lui offrir. Reniant les Dieux et n'étant animé que par les désirs que le souvenir de Karla pouvaient susciter en lui.
Un autre pas en avant, et à la manière d'un félin, le Haut-Capellan bondit sur lui, le mouvement étant si vif et la trajectoire si parfaite, que Geralt ne parvint à l'anticiper. Désormais saisit au niveau de la nuque, Geralt tenta de se soustraire à l'étreinte du chevalier, mais ne pouvait y parvenir, ses yeux plongeant dans celui de son interlocuteur où on pouvait lire pour la première fois, une lueur sombre et inquiétante.
La peur... Massimo pouvait la sentir. A cette distance, Geralt aurait pu sur le moment tenter de se saisir d'une de ses armes pour s'en prendre au haut représentant de l'Ordre mais il n'en fit rien, se retrouvant comme totalement soumis à son adversaire, celui ci pouvant lire à travers lui comme un livre ouvert.
Oui il avait peur... Peur d'être seul, peur du jour où il allait devoir faire face à toutes ses actions et ses choix les plus horribles... Peur de se retrouver devant ceux qui s'étaient sacrifier pour lui et ainsi devoir se confronter à leur jugement... Et il avait peur de Massimo... Faisant face à l'homme qu'il ne saurait jamais être, et qu'il pensait ne pouvoir jamais atteindre. Lui qui arpentait le chemin de la lumière était voué à toujours triompher de Geralt qui arpentait celui des ténèbres.
La haine et la noirceur ne semblait être que peu de chose face à la foi et la vertu...


"Lâc... Lâche moi !"

Massimo s'exécuta, repoussant le chasseur de monstre en arrière avant de tapoter de façon nonchalante ces mains l'une contre l'autre. Mais le loup blanc ne comptait pas en rester là pour autant... Animé par la colère et par la honte d'être rabaissé de cette façon, l'homme devant lui ne semblant nullement le craindre, il commença alors à porter sa main vers la garde de sa lame, mais son geste se stoppa quand une vision des plus brève lui traversa l'esprit.
Il sembla vivre le moment qui aurait normalement se dérouler si il s'en était prit à l'immortel,: Geralt se vit sortir sa lame, plongeant en direction du chevalier de l'Ordre, celui ci ne se décidant qu'à réagir qu'une fois que son agresseur arriverait à sa portée, et puis... Un mouvement trop rapide pour l’œil, le bruit de l'acier pourfendant l'air, la chair se déchirant dans un flot de sang... La tête du loup blanc virevoltant dans les airs avant de s'écraser dans la boue de la cour... Geralt... Venait d'être tuer...

Le présent reprit alors ces droits, Geralt s'étant totalement figé sur place... Qu'était ce que ceci ? Son instinct de survie qui avait tenté de le mettre en garde ? Était ce quelques secondes de l'avenir qu'il venait d'entrevoir ? Massimo lui de son coté n'avait absolument pas bougé, arborant toujours son air si impassible...
Les yeux écarquillés, comme ne pouvant croire que si il avait prit la décision de se jeter sur Massimo, celui ci l'aurait terrassé avec tant de facilité... il se ravisa enfin, sa main droite retombant le long de son corps, tandis qu'il continua à écouter sagement le Haut-Capellan.
Massimo lui intima de prendre conscience de la chance qui lui avait donné d'être épargné, et que Morr gardait toujours un œil sur ceux protégeant la vie, on pouvait le renier ou le haïr mais tôt ou tard... la mort nous ramenait toujours à lui. La noirceur de l'âme du loup blanc n'était pas un secret pour Massimo, mais même les pires des créatures pouvaient tôt ou tard trouver un moyen de se racheter. Le prix du sang serait la première offrande de Geralt, l'immortel lui désignant du doigt l'autel dédié aux différentes divinités de l'Empire.
La confession... Auprès du haut père mais aussi du prêtre Giovanni si le cœur lui en disait... Car comme Geralt l'avait soupçonné, ce n'était pas un simple masque de cuir qui pouvait masquer son âme face à un représentant de la parole du Haut père.

Sur ces mots, Massimo s'éloigna du parjure, le laissant maintenant seul dans la sombre cour du relais où il n'y avait plus âme qui vive. Geralt resta là debout et immobile durant de longues minutes, n'arrivant toujours pas à réaliser les aboutissants de cette confrontation avec le chef des templiers.
Il porta alors un regard en direction de l'autel, nullement convaincu que ses nombreux péchés pouvaient encore être lavés, et pourtant il fit l'effort de s'y rendre, posant deux genoux à terre avant de rester ainsi immobile pendant une longue heure au moins, confronté aux raisons de sa propre existence, cherchant que dire ou que faire... Il s'interrogea sur bien des sujets : Pourquoi perdre du temps à prier les Dieux qui ne lui avait jamais offert la moindre assistance quand il en avait eu besoin... Pourquoi les prier alors que son objectif était toujours le même à savoir retrouver Karla ? Pourquoi le prier LUI ... Alors que l'Ordre de la couvée du corbeau ainsi que les vivants dans leur généralité étaient ses ennemis...
Il soupira de lassitude, le froid et l'humidité ambiante commençant à lui mordre les chairs, il se décida alors enfin à prononcer quelques mots après ce silence interminable :


"C'était donc ça le but ?" Il n'y eut aucune réponse à son interrogation, comment aurait il pu y en avoir une de toute façon ? "Alors que j'ai décidé de te renier à tout jamais, tu as décidé de mettre ton champion sur mon chemin... Massimo... Est ce là ta punition ? Me montrer l'homme que j'aurais pu être ? Bénéficiant de ton aide, et de ta force quand celui ci fait face à ceux qui sont tes ennemis ?"

Ses mains se crispèrent au niveau de ses cuisses, une rage naissant en lui, la jalousie le consumant à l'encontre de l'homme au sang mêlé, voila le héros que de braves gens comme Nathalie ou Sannri auraient dû suivre... Voila celui que Ombre aurait dû un jour aimer... Voila l'homme que Dietrich aurait dû avoir pour fils... Si cela avait été le cas, sans aucun doute tous ces gens seraient encore en vie à l'heure d'aujourd'hui.

"Finalement... A la manière d'un gamin voulant se venger de son père, j'ai passé ces derniers mois à ruiner ma vie, tentant de me dissimuler à travers mon désespoir, tout en prétextant n'avoir jamais aucun regret et pourtant..." Il s'arrêta, observant l'autel avec attention le regard perdu dans le vague. "C'est stupide... Tout ceci est stupide... J'ai beau essayé ô Morr, gardien des défunts... je ne peux te pardonner, tout comme je ne suis pas capable de me pardonner à moi même... Quand je combattais en ton nom, tu n'es jamais venu à moi. Oh certes tu diras que ma survie contre tes ennemis est le signe que tu me refuses l'accès à ton royaume, désirant me voir continuer à vaincre ceux qui cherche à nuire à tes fidèles mais... Je n'ai jamais voulu vivre Morr... Aujourd'hui encore, je serais capable de donner ma vie pour rendre celle de tous ceux que j'ai perdu, donne moi l'occasion de passer ce marché, et je l'accepterai sans hésiter !
Et maintenant, tel le berger cherchant la brebis égarée, tu m'offres nombre de signes m'indiquant que tout n'est pas perdu pour moi... Le gamin, le corbeau de Olof... Que cherches tu as me dire ?!"


Il se releva face à l'autel et frappa ses deux poings contre son torse, son souffle accélérant, tandis qu'il avait les dent serrer de colère.

"Tu sais ce que je suis ! Tu connais mon objectif et tu sais que rien ne pourra m'en détacher alors... Fais ce qui doit être fait ! Soulage mon existence et frappe moi maintenant ! Pour une fois, puni le pécheur que je suis, montre moi ta colère ! Ou est tu alors que je te demande de m'offrir ta justice divine ?!"

Il attendit quelques secondes, regardant tout autour de lui, comme souhaitant que quelque chose arrive, que la foudre elle même le frappe et mette fin à sa misérable existence, qu'il soit rayé de la carte du monde et que son âme soit damné à tout jamais, voila ce qu'il demandait au Grand veilleur, à la manière d'un enfant attendant enfin que son père le punisse de ces actions... Mais rien n'arriva...

"Tu... Tu es lâche tu m'entends ! Que dois je faire pour obtenir ta totale attention ?! Ne suis je pas assez méritant ou détestable pour que tu ne daigne tout simplement me juger en personne ?! Espèce de..."

Il leva alors son poing voulant le faire s'écraser contre l'autel, celui ci s'arma avant de fondre sur sa cible mais se stoppa au dernier moment, tandis que le loup blanc s'écroula s'accoudant contre l'autel, posant ses mains tremblotantes sur son visage pour l'englober entièrement, vu ainsi, on aurait dit qu'il était en train de pleurer.

"Idiot... Je suis qu'un idiot, une crevure ne valant pas mieux que tous les monstres que j'ai tué durant toute ma putain de vie..."

Il resta ainsi un bon moment, avant de sortir sa dague et de se trancher la paume de la main, apposant celle ci sur l'autel, le sang corrompu de Geralt s'y écoulant... Le parjure se releva alors et dit solennellement :

"Accepte ici le sang de Geralt le parjure, le pire de tes enfants... Qu'il connaisse un jour ta colère pour n'avoir été que honte et déception à tes yeux et que les vies qu'il a pu détruire puissent se venger de lui une fois le moment fatidique arrivé. Ô Morr, seigneur de la Mort qui demeure en toute chose, seigneur des Rêves, roi du calme et du silence, je te demande humblement d'écouter mon appel..."

Il fit alors le signe du culte Morrien, plaçant sa main paume ouverte en haut de son visage avant de la faire lentement descendre vers le bas. Il tourna alors le dos à l'autel des divinités, et fit trois pas en direction du bâtiment principal du relais avant de s'arrêter une dernière fois et de faire un quart de tour sur lui même pour ajouter :

"Ma parole n'est que peu de chose... Et mes pensées n'ont été que meurtre à l'encontre de l'équipe de Massimo... En général, il arrive bien des malheurs à ceux se tenant à mes cotés mais... Le gamin, Emilio... Tu l'as gratifié de ton don alors... Malgré la menace qu'il fera toujours peser sur Karla... Je ne lui ferai aucun mal, et je chercherai à le protéger jusqu’au moment où ma route devra se séparer de l'Ordre. C'est stupide je sais bien moi qui suis un abjecte mutant mais... Si l'occasion de sauver ce gamin se présente, cela pourrai être la seule bonne action que je puisse faire avant que mes réserves de pollen de Sirène ne s'épuisent... Ces derniers mois n'auront dans un sens, pas été un total échec en réalisant ceci non ?"

Cette promesse semblait sincère, pourquoi le loup blanc l'avait il faîte alors que plus tôt, il avait envisagé la possibilité de tuer Emilio si l'occasion se présentait ? Il n'en savait trop rien, peut être les paroles de Massimo avait su trouver une faille dans la noirceur de l'âme du loup blanc ? Où peut être était ici la seul façon que Geralt avait de rembourser sa dette à l'encontre du Grand Veilleur, quand celui ci avait guidé Olof pour qu'il puisse le sauver lorsqu'il était mourant après son altercation avec Ziegler ?

Tiendrait il ici pour une fois parole ? L'avenir saurait le dire...

Le lendemain, Geralt alla trouver le forgeron Fedrek, dans le but de pouvoir lui récupérer la commande qu'il lui avait passé, hélas l'artisan lui expliqua que son manque de connaissance dans le domaine de la métallurgie, lui imposait un rythme plutôt lent, faisant qu'il devrait travailler jusque tard dans la soirée pour enfin terminer le masque du templier. Bien sûre, le prix en échange du service s'en verrait augmenté, l'homme du Nordland n'en oubliant pas son sens du commerce, le loup blanc n'eut d'autre choix que d’acquiescer, l'idée d'abandonner l'horrible et ridicule masque de cuir qu'il portait pouvant bien valoir un peu plus que prévu.
Il passa une bonne partie de la journée à vadrouiller, tout en se tenant à l'écart des autres membres de l'Ordre, se refusant surtout à croiser la route du père Giovanni, il semblait que le regard de celui ci inspirait une certaine crainte désormais chez le loup blanc... L'idée de se confesser pour ses actes les plus abjectes lui tracassant l'esprit, il semblait pour l'heure incapable de franchir le pas, le prêtre de Morr ne lui inspirant aucune réel confiance dans le fond.

Parmi les templiers, il ne prit le temps que de discuter quelque peu avec Carmen, cherchant à savoir comment elle s'était retrouvée aux cotés de Massimo alors que son rôle était d'ordinaire de veiller à la protection des artefacts ayant servi à gagner la Guerre du Sang. Il s’intéressa également à son histoire, à ces origines, ainsi qu'à la contrée où elle avait vu le jour, Geralt n'y ayant jamais mis les pieds. Pour la première fois depuis bien longtemps, il tenta de s'intégrer un minimum avec ces gens qui dans le fond, étaient toujours ses ennemis... mais le plaisir de s'offrir une discussion un peu près normal, sembla surpasser la méfiance dont il faisait normalement preuve à l'encontre de l'Ordre.
Il put également échanger avec Hildegard de Mérode, profitant de l'occasion pour demander des nouvelles de l'état de santé du jeune Emilio, Geralt demandant également à la mage ayant semble il de grandes connaissances en alchimie, puisque qu'elle était en mesure de concocter les potions destinés aux visions du devin, si elle était en mesure de fabriquer le produit destiné à la survie du parjure : à savoir le pollen de Sirène, le chasseur de monstre n’hésitant pas à lui montrer la fiole qu'il cachait normalement autour de son cou, espérant peut être pouvoir renflouer ses réserves où encore améliorer le produit dont les effets néfastes se faisaient de plus en plus pesant.

Quoiqu'il en soit, Geralt et l'Ordre étaient pour l'heure bloqués au relais de la Botte de Mattheus, se devant d'attendre docilement que Emilio soit à nouveau en mesure de voyager.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par [MJ] Le Grand Duc »

+1 pdc envers Mórr

Au cours de la matinée qui suivit, Geralt avait eu l'occasion d'échanger avec Carmen, la princesse de Bilbali. Cette dernière était en train de panser sa superbe jument dans l'un des boxes de l'écurie, étrillant énergiquement les flancs et la croupe de l'animal, lorsque le Loup Blanc vint à sa rencontre.

- "Vous vous méprenez : ma mission n'est point de protéger les artefacts de la Guerre du Sang." répondit-elle à l'homme masqué sans se retourner vers lui. Les larges mouvements qu'elle traçait sur son cheval lui coupaient le souffle par à-coups tandis qu'elle parlait, faisant ressortir plus encore son accent ensoleillé. "Je suis un paladin du cercle intérieur de l'Ordre de l'Etoile Noire, une confrérie ancienne et glorieuse dont l'origine remonte à une époque contemporaine de la chute de Kavzar, en un temps où vous autres impériaux n'étiez rien de plus que des barbares puants et hirsutes vêtus de peaux de bêtes."

Elle jeta l'étrille dans un seau et y récupéra un cure-pied en métal. La princesse se pencha alors à côté de sa monture, la poussa légèrement de l'épaule et lui saisi l'antérieur au niveau du paturon pour lui faire lever le sabot, qu'elle cala sur sa propre cuisse pour en curer l'intérieur et ôter la terre et les saleté s'y trouvant. Se faisant, elle salissait ses magnifiques chausses noires brodées motifs floraux de la même couleur, et qu'une mince fente ouvrait de la hanche au bas du mollet, fermée par des boutons en argent. Mais cette femme de caractère n'en avait cure. Elle qui venait de l'une des plus riches familles d'Estalie travaillait ici comme n'importe quel palefrenier, sans se soucier du caractère avilissant ou salissant de la tâche.

- "Notre mission sacrée est de veiller sur les sépultures de nos aïeux et de livrer une guerre éternelle aux suppôts de la Non-Vie. Alors que je n'avais que six ans, l'Oracle du Mont Andarax me désigna comme l'héritière des templiers de Mórr qui se sacrifièrent pour libérer le pays du joug des horreurs de la nuit." Elle laissa tomber le sabot propre de sa jument pour faire le tour de cette dernière et se saisir d'un autre, le récurant comme le précédent. "Je fus emmenée au monastère de San Marta de la Torre, à Almagora. C'est là que je fus éduquée et entraînée, afin de devenir une arme entre les mains du Grand Veilleur." Sa voix vibrait avec éloquence. L'acier avait lequel les moines avaient forgé la princesse était encore aussi tranchant qu'au premier jour. "Lorsque mes maîtres jugèrent mon initiation terminée, ils me remirent la Flèche du Silence, une relique sainte dont le fer fut oint des larmes de Mórr lui-même, lorsque notre Père pleura de voir ainsi ses fidèles privés du repos éternel." Elle s'attaquait désormais aux sabots postérieurs tandis que le cheval noir de jais renâclait, visiblement mécontent. "C'est ainsi que je devins le Porte-Lance de l'Ordre de l'Etoile Noire. Ce titre n'a pas été porté depuis la Guerre du Sang, et ma vie entière est vouée me montrer digne de lui."

Elle se releva, s'épousseta rapidement et jeta le cure-pied dans le seau pour attraper un lacet en cuir qu'elle portait à la ceinture. Face au cul de sa monture, elle saisit les longs crins de la queue et entreprit de nouer cette dernière en un chignon élaboré à l'allure martiale.

- "Quant à Massimo ... J'ai fait la connaissance de l'Ordre de la Couvée des Corbeaux il y a presque cinq ans maintenant. A l'époque, je n'étais qu'une jeune femme mais je dirigeai déjà un chapitre entier de templiers. Nous étions alors stationnés dans une vallée des Abasko pour l'hiver après avoir passé les mois précédents sur la trace del Monstruo, un vampire insaisissable qui terrorisait la région et profanait les antiques nécropoles des montagnes." Elle harnachait son cheval tout en parlant, lui passant tapis, selle à troussequin ouvragé et filet. "Une nuit, une grande tempête se déchaîna sur la vallée. La neige tomba sans cesse pendant trois jours, coupant les cols et isolant complètement le village dans lequel mes frères et moi séjournions. C'est cet instant que choisit el Monstruo pour nous attaquer. Il jeta ses hordes infernales contre nous une semaine durant. Après chaque vague de squelettes et de zombies qui s'écrasait sur nos fortifications de fortune, une autre arrivait, plus puissante encore. En plus des morts-vivants, nous dûmes lutter contre la faim et le froid. Certains de mes frères templiers, aveuglés par le désespoir, suggérèrent de se nourrir des paysans qui nous hébergeaient et que notre tâche était de défendre. Le Grand Veilleur les frappa devant mes yeux, tandis qu'il insuffla sa force dans nos bras, et sa sérénité dans nos esprits. Nous nous préparions à une dernière charge lorsque la marée innombrable de nos ennemis s'effondra. Et alors que nous déambulions dans la neige jonchée d'ossements, hagards, je les vis : les frères de la Couvée des Corbeaux, autour des cendres qui imprimaient la silhouette del Monstruo contre le glacier."

Une fois sa jument harnachée, Carmen se mit à enfiler ses propres pièces d'armure, nouant les lacets et serrant les courroies en cuir d'une armure intégrale en plate noircie. Pas une fois pendant cette discussion, la princesse ne daigna adresser un regard au Loup Blanc.

- "C'est Mórr qui les envoyait, j'en ai la ferme conviction. Pas pour nous sauver, moi et les quelques survivants de l'Etoile Noire. Ni pour le salut des paysans consanguins que la vallée abritait. Non, le Grand Veilleur les avait dépêché pour assurer le salut des milliers d'âmes qui reposaient dans les Abasko. Aujourd'hui, les morts de la montagne sont en paix. C'est ce jour là que je décidais de rejoindre Massimo Garibaldi et ses frères d'arme, afin de chasser les ténèbres partout où Mórr le juge bon. Et vous ? Comment avez-vous croisé la route de la Couvée du Corbeau ?"

Une fois équipée de pied en cap, elle se pencha vers un long coffret qui reposait près du mannequin sur lequel était auparavant accroché son armure. Elle l'ouvrit et souleva délicatement une longue lance dont la hampe était d'ébène. La pointe était d'une forme classique, mais Geralt avait presque l'impression de voir des reflets bleutés courir le long du métal.

- "Assez parlé désormais. Maria a besoin de se dégourdir les jambes." lâcha enfin la princesse en enfourchant son cheval.

Elle pressa ses éperons contre les flancs de la monture et se dirigea vers le portail du relais, que les patrouilleurs en faction se dépêchèrent de lui ouvrir. C'est seulement en passant à côté de Geralt que Carmen posa sur lui son regard maussade, avant de lancer son fidèle compagnon au galop, sa cape noire tournoyant derrière elle.


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Plus tard dans la journée, Geralt alla trouver Hildegard de Mérode pour lui demander conseil à propos du pollen de sirène. Il trouva la thaumaturge assise face à la cheminée, dans la salle commune du relais. Comme à leur habitude, les quelques rares personnes de passages évitaient les Corbeaux tant que faire se peut, de telle sorte qu'ils n'occupaient que les tables les plus éloignées de celle de la sorcière, et que cette dernière semblait attablée à un vaste bureau dont elle était seule propriétaire. Munie d'une paire de bésicles fixées sur son nez, elle examinait méticuleusement un petit cylindre en pierre bleue, et gravé d'étranges symboles et de figures animales. De temps à autres, elle reportait ses observations sur un calepin ouvert devant elle, aux pages noircies d'une écriture en pattes de mouche. Elle trempait sa plume de corbeau dans l'encrier toutes les deux lignes, tant sa calligraphie était serrée. Mais ce qui était à même d'intriguer plus encore le Loup Blanc, c'était l'étrange bulbe qui était posé devant elle, sur la table. L'objet en verre était fixé dans un cadre en bois d'ébène, à l'image d'un sablier. La paroi de verre était épaisse, avec un reflet sombre et pourpre. Et à l'intérieur s'agitait mollement une sorte de brouillard cendreux, tournoyant sur lui même comme si on le remuait à la cuillère. Si Geralt s'attardait à fixer l'objet, la purée de pois se mettait alors à esquisser les traits d'un visage en train de hurler, la bouche grande ouverte. Ce faciès s'affinait peu à peu, ressemblant bientôt à ... Oswald ? Quelle était-donc cette sorcellerie ?

Hildegard, si elle se retournait pour voir le Loup Blanc fixer son bien, poussait un soupir nasal de mécontentement en tirant un long monchoir en dentelle de sa manche pour en couvrir le vase en verre et son cadre en bois noir. Aux éventuelles questions de l'homme masqué, la sorcière répondait laconiquement que pour faire ce que l'on attendait de lui, le traqueur des Papillons n'avait guère besoin de son enveloppe corporelle. Dans ce sablier se trouvait seulement une portion de son âme, que Hildegard lui avait arraché avant d'en détruire le reste. Elle ne le gardait, selon elle, que par l'effet de quelque affection morbide, comme on déciderait d'empailler son animal de compagnie. Si Geralt tentait d'insister pour en savoir plus à ce sujet, ses questions restaient sans réponse.

Au sujet du pollen de sirène, la thaumaturge se saisit de la petite fiole que lui tendait le Loup Blanc et observa tout d'abord la mixture à travers le verre fin, qu'elle secoua doucement. Elle déboucha ensuite la fiole, puis versa une infime portion de la poudre au creux de sa main gantée, qu'elle porta ensuite à sa bouche pour la goûter du bout de la langue. Elle fronça les sourcils et cracha la substance à même le sol paillé du relais.


- "Spores d'amanite-ombre et sels du delta de la Ruine." dit-elle en se retournant à demi pour faire signe au tenancier de lui apporter à boire. "Difficile d'identifier le reste, surtout sans mon matériel." Elle fit face à Geralt, joignant ses mains gantées de velours noir sur lequel une bague était passée à chaque doigt. "Cette poudre vous tuera. Elle est autant un remède qu'un poison. Du reste ..." Elle plissa les yeux. "Je reste curieuse de savoir où vous avez dégoté cela, étant donné que l'amanite-ombre ne pousse que dans les mangroves fétides de Kuresh et que nul explorateur occidental n'en ai jamais revenu vivant. Dites-moi, où vous êtes vous procuré ce "pollen de sirène" ?"

Le soir tombait lorsque le portail du relais grinça à nouveau. Olaf était assit sur un banc de pierre dans la cour, occupé à graisser le cuir de son équipement tandis que Maximilien, le terrible rottweiler, somnolait à ses pieds. Wolfgang, Carmen, Klemens et Engelbert s'entraînaient en face de l'écurie tandis que Fredrek le charron continuait de marteller le futur masque de Geralt. Plus loin, au pied de l'escalier qui permettait d'accéder au chemin de ronde, Massimo discutait avec Kaspar de Groot et le Père Giovanni. Hildegard était encore à son étude, face à la cheminée dans la salle commune, tandis que Fédor le Béret Noir traînait probablement dans la réserve à la recherche de lard fumé.

Les battants en bois du portail, donc, furent ouverts de l'intérieur par les Patrouilleurs Ruraux en faction et une compagnie de chevaliers s'engouffra dans la cour avec fracas. Ils étaient une dizaine, de solides gaillards qui portaient barbes et moustaches, lourdement armés et tous engoncé dans des armures complètes surmontées de capes en fourrure noire. Plusieurs d'entre eux portaient même la tête dépecée ou les pattes d'un ours sur l'épaule, et tous leurs destriers étaient alourdis d'épaisses bardes aux décorations baroques et criardes. Ils mirent pied à terre avec force de remarques grivoises et de rires satisfaits et se dirigèrent en choeur vers la porte de la salle commune tandis que les deux palefreniers débordés s'occupaient des chevaux écumants. Malgré leur boucan, ces chevaliers ne manquèrent pas de remarquer les Corbeaux qui occupaient déjà la place et l'un d'eux beugla en entrant dans le relais :


- "Rassurez vous, bonnes gens ! Après ces sinistres mórriens, nous voilà pour vous apporter le soleil de l'Averland !"


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Plus tard, Geralt apprit que ces chevaliers aux mœurs tapageurs faisaient partie d'un escadron de l'Ordre de l'Ours Noir en mission spéciale dans le Nord de l'Empire. Cet ordre séculier était basé à Averheim et possédait plusieurs commanderies dans les provinces du Sud. Ses membres étaient connus pour leur indiscipline mais aussi pour leur bravoure et leur fougue au combat. Ils avaient en outre la réputation de faire partie des meilleurs guerriers du Vieux Monde.

La nuit était désormais tombée sur le relais, lorsque Fédor Lohwaven vint trouver Geralt. La salle commune résonnait des rires et des chants des chevaliers de l'Ours Noir, que l'on pouvait entendre même depuis la cour.


- "Oh Eskel j'ai un p'tit service à t'demander." dit-il frottant les mains sur ses favoris roux, l'air énervé. "J'vais faire bref. Tu vois, si cet endroit s'appelle la Botte de Mattheus, c'pas pour rien. Mattheus, c'est le grand-père de notre bon Empereur Karl-Franz. Et un jour, il a fait halte dans ce relais pour la nuit alors qu'il était sur la route de Salkalten. Chemin faisant, il avait troué l'talon de sa botte et avait trouvé ici un cordonier de Middenheim et qui allait quant à lui à Neues Emskrank pour y rendre visiter à sa vieille mère malade." continua le halfling, peu avare de détails. Il recentra son béret et accrocha les pouces à ses bretelles. "J'vais faire bref. Pour honorer cette histoire, le tenancier du relais d'l'époque, il a commandé une grande chope à bière chez un artisan-verrier de Carroburg. C'est une p'tite merveille, cette chose là, qui vaut l'détour par c'trou paumé rien qu'pour la voir. C'est plein d'p'tites scènes colorées sur la vie d'ce bon empereur Mattheus, on dirait des vitraux. Mais surtout, c'te chope elle a la forme d'une botte, et elle a une contenance de deux litres. Dans l'milieu des bons vivants, à l'appelle "Das Boot."" dit-il avec des étoiles dans les yeux, avant de tirer une moue renfrognée. "J'vais faire bref." C'était visiblement son expression favorite. "J'ai parié avec l'une d'ces baltringues d'Ours Noirs que j'pouvais vider Das Boot cul-sec. Y'en a un qu'a relevé l'défi, sauf qu'j'ai gagné à plate couture. Là ils ont crié à la triche, parce que j'suis un halfling, qu'ça rentre par la bouche pour m'sortir par le cul, blablabla. Bon j'vais faire bref, mais Massimo m'a d'mandé d'pas faire de vagues. Ils veulent faire une nouvelle manche, avec un nouveau champion. C'est là qu'l'affaire se corse, parce que moi j'ai pas l'droit d'entrer sur le ring quand bien même j'ai grand soif, Olaf il a juré d'plus boire une goutte depuis sa murge de la Geheimnisnacht dernière, et les autres j'te laisse deviner qu'c'est pas les plus fêtards de la bande. Sauf que là, y'a mon honneur en jeu. Et ma bourse aussi, j'y ai parié cinq couronnes. Cinq couronnes ! Allez, tu viens d'débarquer, c'est l'moment d'montrer que t'en as dans l'estomac. De la place, j'entends."

Dans la salle commune, l'heure était à la fête pour les chevaliers. Ils étaient debouts, des chopes remplies entre les mains, et deux d'entre eux faisaient les pitres sur une table. Visiblement, ils étaient bien ivres et les autres clients s'étaient d'ailleurs éclipsés. Lorsque le halfling revint, ils poussèrent une ovation en s'esclaffant.

- "Alors demi-portion, on a encore une petite soif ?" lui lança l'un d'eux.
- "Tiens ta langue, pisse-froid, où tu vas goûter la salade de phalange du Moot ! Même ta truie de mère va pas t'reconnaître !" rétorqua Fédor, irascible.

L'insulté fut retenu par ses compagnons qui l'empêchèrent de se jeter sur le halfling.

- "T'as quelqu'un pour se frotter à Das Boot ?" lui demanda un autre. "De notre côté, ce sera au tour de Julan. On l'appelle Grand-Gosier."

Les autres rirent aux éclats tandis que s'avançait un mastodonte au crâne rasé et richement vêtu, prêt à en découdre.


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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par Geralt »

Le lendemain, le loup blanc se réveilla plus troublé que jamais, lui qui était désormais à la merci de Massimo et du reste de l'Ordre de la couvée du corbeau, semblait déchiré entre les vestiges de l'homme qu'il était, et le monstre qu'il était en devenir. Près à tout abandonner jusqu'à son âme aux Dieux sombres il y a peu encore, il semblait que la soudaine bienveillance de Morr couplé à la clémence de son champion à son encontre, avait su faire naître à nouveau le doute dans le cœur de Geralt.
Si certes l'Ordre était théoriquement toujours son ennemi, cette promesse qu'il avait fais au Grand Veilleur concernant le potentiel sort du jeune Emilio, était une preuve qu'il restait encore un fragment brisé du chevalier corbeau qu'il était, il était ironique de voir ici le lien qui pouvait être faîte entre cette idée de protéger ce gamin devin, et celle qu'il s'était imposé du temps où simple initié il avait voué une partie de sa vie à protéger le jeune Edrik, descendant de son ancien et défunt frère corbeau Buchwald mais ... La finalité de sa quête et de son histoire le ramenant toujours vers Karla, il ne pouvait encore envisager quels pouvaient être les grands desseins que réservait le gardien du royaume des morts à la chaotique et cela ne faisait que l'inquiéter toujours plus, en particulier depuis qu'il avait découvert l'équipe qui était sur ces traces : Le groupuscule de Massimo n'étant voué qu'à un seul but : l'éradication de Lucrétia Lahmiane.

Comme poussé à se plier aux exigences de l'immortel, Geralt fit l'effort d'en apprendre un peu plus sur certains des chasseurs de vampires qui pour l'heure allaient devoir faire un bout de chemin en sa compagnie. La princesse de Bilbali fut la première, Geralt étant en présence d'une personnalité aussi surprenante qu'intéressante, sa beauté couplée à l'aura de bienveillance qui l'entourait était en total opposition avec son caractère froid ainsi que la total abstraction qu'elle faisait de son rang, le loup blanc engageant la conversation avec elle alors qu'elle était en train de s'occuper de sa monture, tâche qui d'ordinaire incombait au roturier tout du moins pour la majeur partie de la noblesse impérial que Geralt avait pu côtoyer.
Carmen lui compta donc son histoire ainsi que sa rencontre avec Massimo, la jeune femme ayant été formé et endoctriné par l'Ordre de l’Étoile Noire, une confrérie légendaire et dont la création remontait en des temps bien antérieurs à ceux de l'Ordre de la couvée du corbeau.
Talentueuse, le destin avait décidé de lui sourire, et elle fut digne de porter le titre de porte de lance l'Ordre de l'Etoile Noire, chose qui n'avait plus été vu depuis la terrifiante Guerre de Sang, preuve encore une fois, que le Grand veilleur avait porté son attention sur cette femme pour en faire l'un de ces plus terrifiants soldats, tout en la gratifiant de la Flèche du silence, une lance étrange dont Geralt pouvait ressentir la toute puissance, l'arme sainte n'attendant que d'apposer son jugement sur les suppôts de la non vie...

Si l’histoire de Carmen était des plus impressionnante, en faisant sans l'ombre d'un doute l'une des femmes les plus dangereuse de l'Empire, ce fut sa rencontre avec Massimo qui interpela Geralt... Absorbé par le récit de la princesse, il se laissa porter tout en imaginant les vallées enneigées où la vertueuse et ces templiers, traquèrent un maître vampire du nom Del Monstruo. Tiraillés par la faim, dévorés par le froid tandis que la non vie attendait d'abattre sa colère sur Carmen et les siens pour en finir, les morts foulant la terre par centaine dans des marées sans fin, tandis que les vivants se laissèrent porter par le désespoir d'une dernière charge... C'est là qu'ils arrivèrent : Massimo Garibaldi et l'Ordre de la couvée du corbeau, l'immortel pourfendant El Monstruo comme étant la représentation divine de Morr en personne venu sur terre pour détruire cette sale engeance... Lorsqu'elle lui décrivit la scène, Carmen semblait comme transcendé ayant le visage de quelqu'un ayant assisté à un véritable miracle... L'arrivée inespéré de Massimo dans une situation si critique pouvait ressembler au genre de fable que les braves gens aimaient à raconter à leur progéniture avant de s'endormir et pourtant... Geralt y croyait aussi, pire que ça il enrageait à l'idée d'imaginer les exploits dont pouvait être capable pareil personnage... C'était donc dans ce genre de circonstances que la princesse avait fini par suivre Massimo, à l'image d'un guide rassemblant autour de lui ceux qui voulait détruire la non vie.
Quand de son coté la jeune femme lui demanda comment il avait croisé la route du champion de Morr, le loup blanc fit mine de se remémorer quelques souvenirs, profitant de ce court laps de temps pour parfaire son mensonge en temps que Eskel, ami de longue date du Haut-Capelan.


"Votre récit est inspirant Carmen. Mais cela ne m'étonne guère de Massimo...
Pour ma part, ma rencontre avec notre ami commun est bien moins épique que la votre, c'était au Stirland, à une époque où je pensais avoir perdu tout espoir dans le combat qui était le notre... La non vie avait su me briser, et aujourd'hui je porte les stigmates de ma faiblesse, mon visage ayant été défiguré par un vampire qui aujourd'hui n'est plus.
Pensant que le Grand veilleur m'avait abandonné, mon physique me donnant des airs de monstruosité n'ayant plus sa place parmi les vivants, j'étais devenu un paria pour mes pairs ainsi que pour ceux que j'avais juré de toujours protéger. A la manière d'un soldat revenu totalement changé du champs de bataille, j'étais désormais un incompris et pourtant... Morr se décida à mettre Massimo sur ma route, celui ci fut le premier à apposer un regard non pas de dégout à mon encontre mais de bienveillance, comme si au delà de la chair, il avait su contempler l'âme du fidèle que j'étais.
Ce fut ainsi que n'acquit une amitié avec lui, cet homme m'a aidé à me reconstruire, et m'a convaincu que je n'étais pas une lame émoussé, mais que mon rôle dans cette guerre entre les vivants et les morts, était loin d'être arrivé à son terme."


Sur ce mensonge, Carmen ne fit que se murer dans un silence total, ne pouvant que croire celui qui portait le nom de Eskel, amené au sein de leur petit groupe par le chef des corbeaux en personne, elle le lui avait déjà dit lors de leur première rencontre : Si Massimo avait confiance en lui, elle en ferait de même... Cette logique était assez ironique quand on savait qui était caché derrière l'homme masqué, sans doute la templier se montrerai bien moins tendre si elle pouvait deviner la véritable identité du parjure.
Ce fut donc dans la fraicheur de cette matinée d'automne que la jeune femme lui faussa compagnie, enfourchant sa monture avant de s'élancer vers le portail du relais, dans le but de dégourdir les jambes de sa bête.



******


L'autre rencontre de cette journée fut bien plus étrange, en effet, ce fut vers la mage Hildegard qu'il se décida à accorder un peu d'attention, bien que la personne en elle même ne l’intéressait guère, le savoir qu'elle avait du accumuler du temps où elle était une résidente de l'université de Nuln,faisait d'elle une femme de science aux grandes connaissances.
Désireux de lui montrer le pollen de Sirène lui permettant de survivre au mal qui rongeait son corps, Geralt avait le maigre espoir que peut être, elle serait en mesure d'en fabriquer ou au mieux d'en améliorer la composition. Si certes les chances semblaient infimes, elles avaient le mérite d'exister, aussi se risqua t'il à la déranger lors d'une de ces séances de réflexion.

Perdu dans ces travaux d'intellects, elle semblait fascinée par un étrange cylindre en pierre bleu, orné de symboles divers et variés dont le sens échappait totalement au loup blanc. A la manière d'une ombre dont on ne pouvait détecter la présence, le traitre des chevaliers corbeaux observa le petit objet avec attention, en ignorant l'importance. Mais bien vite quelque chose d'autre attira sa curiosité : Un récipient en verre au allure de sablier était attablé sur son bureau et où, à l'intérieur, semblait avoir été capturé la brume elle même... Curieux objet de prime à bord, même si Geralt, qui avait côtoyé bon nombre de mages, n'avait que trop vue les étranges lubies qui semblaient les passionner en général.
Contemplant l'objet sans pouvoir sans détacher, il avait l'horrible impression que la brume qui y était enfermé, se mouvait d'elle même, comme ayant sa propre volonté... Cela semblait fou et pourtant, l'espace d'un instant, il cru discerner les traits d'un personnage qu'il n'avait plus vue depuis un moment déjà, mais qui selon les dires de Massimo, avait connu un bien triste sort entre les mains de l'Ordre de la couvée du corbeau : Le visage d'Oswald se décida alors, ces traits ne faisant que signaler la souffrance dont il semblait être la triste victime...


*Oswald ?!!!! Impossible.* Pensa il en écarquillant les yeux, avant de voir un mouchoir en dentelle recouvrir l'objet, la mage de l'Ordre soupirant d'exaspération en ayant enfin aperçu la présence du dénommé Eskel qui venait l'importuner.

"Pardonnez mon impolitesse Hildegard mais... Je commence à comprendre pourquoi Massimo disait que vous aviez des méthodes ... peu conventionnels..." Il préféra éviter toutes éventuels questions au sujet de ce qu'il venait de voir, n'espérant dans le fond n'avoir aucune réponse de la jeune femme. Sortant alors sa fiole de pollen, il l'a tendit vers la jeune femme tout en demandant : "Pourriez vous observer ceci et me dire si il est possible d'en reproduire ? Ou d'en améliorer le contenu ?"

Se saisissant du produit son regard froid se transformant en un regard emplit d'une certaine curiosité, elle en observa le contenu sous toutes ces coutures , avant d'en gouter une petite quantité et de la cracher avec dégout et ainsi offrir son jugement : Elle lui dévoila en partie sa composition, tout en expliquant qu'ingérer pareil produit était d'une certaine façon une bonne manière de se tuer à petit feu, mais plus encore, elle semblait intrigué par la façon dont il avait pu obtenir pareil fabrication.

"Vous ne m'éclairez en rien par rapport au destin qui m'attends... Quand à la provenance de ce "poison", j'ai entendu dans ma vie bien trop de gens parler d'endroit d'où aucun explorateur n'est jamais revenu, et pourtant si les gens ne parlent jamais de ces sombres contrées, c'est tout simplement parce qu'ils en reviennent à jamais changé, et que personne ne saurait comprendre ce qu'ils ont pu y voir." Sur ces mots sombres plus qu’énigmatiques, il remercia la jeune femme pour les quelques minutes qu'elle avait su lui accorder, tout en reprenant sa fiole qu'il savait maintenant, qu'il était impossible d'en reproduire le contenu tout du moins ici dans l'Empire.


******

Le soir venu, le calme ambiant du relais d'ordinaire seulement perturbé par le pseudo forgeron qui était à pied d’œuvre dans la confection du masque de fer commandé par le parjure, vint à être dérangé par une visite aussi surprenante que perturbante : Des chevaliers de l'Ordre de l'Ours noir, probablement en patrouille ou en mission pour quelques autorités locales, vinrent faire en ce lieu de repos.
Les chevaliers bien équipés, étaient selon les rumeurs aussi brutaux qu'indisciplinés, mais cela n'enlevait rien à leur efficacité, faisant de ces hommes l'un des fleurons des armées impériales. Désormais il semblait que l'Ordre de la couvée du corbeau, toujours bloqué par le repos qui leur était imposé par l'état d'Emilio, devrait dès lors faire avec cette nouvelle compagnie, qui ne manqua pas de les piquer à vif, prétextant avec une certaine ironie, faire disparaitre l'atmosphère maussade qu'apportait les sinistres chasseurs de vampires en ce lieu par l'ambiance festif dont ils disaient avoir seul le secret.

Désormais dans la salle principal du relais, le calme avait laissé place aux cris d'allégresse et aux injures, l'alcool coulant à flot parmi les soldats impériaux, qui ne pouvaient s'empêcher de chanter et de rire à tout va, tandis que les membres de la couvée du corbeau se tenaient en silence à l'écart de tout se boucan.
Geralt de son coté, continuait à se tenir tranquille, profitant d'un moment d'isolement dans un coin de la salle, il s'autorisa à fermer les yeux quelques instants pour méditer. C'était sans compter l'intervention du Halfling Fédor, qui de sa petit main s'agrippa à sa veste pour le secouer et ainsi attirer son attention.
Le semi homme, semblant chercher de l'aide, expliqua le problème qu'était le sien au parjure, voulant semble il entrainer le chasseur de monstre dans l'une de ces combines pour grappiller un peu d'argent. Il lui expliqua donc qu'ici il était possible de commander un "Das Boot", nom commun donné à une grande chope de bière du relais qu'on disait qu'il était impossible de la boire cul sec. Bien sûre, comme la plupart des représentants de son peuple, Fédor avait eu la bonne idée de se lancer dans quelques jeux d'argent avec les soldats de l'Ordre de l'Ours noir, pariant qu'il était en mesure de terminer d'une traite un "Das Boot"...
N'avait il pas encore fini de raconter tous les détails de son histoire, que Geralt ne put s'empêcher de pousser un soupir, sachant très bien que ce genre de chose pouvait rapidement dégénérer en une stupide bagarre. Or donc, si le Halfling avait su gagner, il ne fut guère récompensé, les soldats impériaux pensant que sa condition de semi homme lui offrait quelques avantages, qui lui avait permis de remplir les termes de son pari.
Crétin qu'il était, il avait donc fais le choix de mettre une nouvelle mise mais cette fois en étant représenté par un humain, qui était ici le dénommé Eskel... Il ne fallu pas longtemps pour que les moqueries pleuvent en direction du semi homme, celui ci faisant preuve d'une certaine répartie, malgré l'envie des soldats de lui distribuer des baffes suite à son manque de respect.


"Écoute... Si Massimo t'a ordonné de ne pas causer de problème, je ne pense pas que m'amener dans un de tes jeux d'alcool soit une sage idée, surtout lorsque l'on sait que nous pouvons à tout moment reprendre la route une fois que l'état d'Emilio se sera amélioré." Il se leva alors de sa chaise, apposant une tape amical dans le dos du Halfling. "Si tu as gagné ton premier pari plus tôt mais qu'ils refusent de te payer... Je pense que tu peux t'abstenir de vouloir jouer avec eux à nouveau désormais. Oubli cette histoire, ou alors... Trouve toi un autre champion."

Il laissa alors en plan Fédor, tandis que derrière lui émergèrent les rires des soldats totalement déchainés. Voulant échapper à tout ce bazar, le loup blanc s'autorisa alors à monter aux étages du bâtiment principal, voulant s'informer de l'état de santé du devin Emilio.
Désireux de reprendre au plus vite la route, Geralt avait longuement réfléchit à l’hypothétique confession que Massimo avait tenté de lui suggérer. Si l'idée de parler avec le père Giovanni ne l'enchantait guère, il s'était fait à l'idée de pouvoir peut être obtenir des réponses sur son avenir ou sur sa destinée, à travers le don de Emilio, lui qui était l'un des messager direct du Grand Veilleur, sans compter que avant sa dernière crise... Geralt avait eu la fâcheuse sensation que le jeune garçon avait tenté de l’approcher pour tenter de lui dire quelque chose. Simple coïncidence ? Peut être, mais au plus profond de lui même quelque chose poussait Geralt à en avoir le cœur net.

Parvenant à trouver la chambre du devin, il savait pertinemment qu'on ne le laisserai jamais seul pour l'heure avec le garçon qui n'était autre que la clé de la réussite de l'Ordre dans sa traque contre Lucrétia Lahmiane. De fait, toujours quelqu'un veillait sur le petit homme, et en cette sombre nuit, il semblait que cette tâche était mené par Klemens, le templier muet de la garde noir.
Frappant alors à la porte pour s'annoncer, Geralt l'ouvrit dans le calme avant de s'engouffrer tranquillement dans la pièce, tout en levant les mains en l'air, en particulier lorsqu'il vit le templier se lever pour porter sa main sur la garde de son épée.


"Je suis ici sans mauvaises intentions... Simplement pour m'enquérir de l'état du garçon." Il désigna du doigt le petit homme, qui semblait plongé dans un sommeil profond, tandis que cette explication ne calma nullement la tension qui s'était emparé du templier.

Ne bougeant pas du seuil de la porte, qu'il avait quand même prit soin de refermer derrière lui, il commença alors à lentement baisser ses mains, pour les diriger vers ses équipements et ainsi les détacher de sa personne avant de les poser au sol : Son Katana, ses pistolets, couteaux... Tout fut mit par terre dans le calme, et sous le regard glaçant de Klemens, avant que Geralt ne s'éloigne de son attirail, pour s'asseoir et s'adosser contre l'un des murs de la chambre, poussant alors un soupir avant de dire discrètement, pour éviter de réveiller l'enfant :

"Ici c'est le meilleur endroit pour avoir un peu de tranquillité... Là en bas, ces idiots de chevaliers font un bordel monstre. Ils disent qu'ils vont vers le nord, mais si l'un d'eux ne met pas une gifle à Fédor avant, ce sera un exploit."

Mais le templier ne bougea pas d'un cil, restant dans sa position agressive, prêt à plonger sur Geralt au moindre mouvement suspect. Le loup blanc regarda alors en l'air, semblant comme perdu dans ses pensées, tandis qu'un long silence s'installait dans la chambre maintenant.

"Tu peux... Enfin juste faire redescendre la pression ? Je ne suis pas armé et en temps que représentant du Grand Veilleur, je ne veux aucun mal à ce garçon. Sincèrement étant donné que tu es incapable de parler, je pensais que tu serais le camarade de soirée idéal mais... Merde tu es perturbant à être aussi tendu là."

Il soupira de lassitude avant de dire :

"D'ailleurs... C'est curieux de voir un garde noir aux cotés de Massimo... D'ordinaire ton Ordre est connu pour être dans une attitude défensive mais là... Tu as décidé de chasser ? Un commentaire sur ce revirement ?" Cette fin de phrase était pleine d’ironie quand on savait que Klemens avait fait vœu de silence en s'arrachant la langue.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par [MJ] Le Grand Duc »

A peine le Loup Blanc était-il entré dans la chambre du petit Emilio que Klemens, dont c'était le quart de garde, s'était à-demi levé de son tabouret en empoignant la fusée de son épée qu'il gardait jusqu'alors posée en travers des genoux. Le Garde Noir muet jeta un regard de défiance à l'intru, lui signifiant clairement qu'il n'était pas le bienvenu céans. On pouvait entendre les éclats et les rires tonitruants des chevaliers à travers le plancher. Pour autant, Geralt montra patte blanche, et Klemens se rassit lentement sans le quitter des yeux pour autant.

Emilio était étendu, petit être fragile au milieu de ce grand lit. Seule sa tête, couronnée d'une coupe au bol de cheveux blancs, dépassait des couvertures en fourrure. Il dormait, les yeux fermés, et semblait paisible. Il ressemblait enfin à un véritable enfant, et seul son teint incroyablement pâle laissait deviner le terrible don que Mórr lui avait accordé. Geralt se saisit d'un tabouret et s'assit à son tour au chevet de l'oracle, ses questions à Klemens restant bien entendu sans réponse.

Le temps passa, le silence relatif de la chambre seulement pertubé par la beuverie qui secouait la salle commune. Mais alors que Geralt observait l'enfant endormi, quelque chose d'étrange se produisit. Emilio était étendu là, immobile, et un clignement d’œil plus tard c'était un vieillard qui se retrouva à sa place. Le visage de l'ancêtre n'était que rides et plis, comme si le poids de l'éternité l'écrasait, et sa longue barbe blanche et clairsemée descendait jusqu'au pied du lit. Il ouvrit soudainement ses yeux à l'iris totalement blanc et tourna brusquement la tête vers Geralt avec un grincement du fond des âges. Klemens, de l'autre côté du lit, ne semblait pas remarquer quoi que ce soit d'anormal.


- "Geralt." dit le l'ancien d'une voix profonde qui ne tremblait point. "Chacun de tes pas porte en lui la peur, la corruption, la folie. Mais tu m'a donné ton sang, et je t'offre la rédemption. Trouve celle que tu cherches. Détruis là. Lave ton âme et mérite enfin la paix éternelle. Ton voyage arrive bientôt à son terme."

Et un clignement d’œil plus tard, c'était à nouveau Emilio qui était étendu dans le lit, les yeux clos. Sa respiration était si faible qu'il semblait mort. Klemens, quant à lui, ne lâchait pas le Loup Blanc du regard.


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Le jour n'était pas encore levé lorsque Wolfgang von Hengebach avait enjoint Geralt à le rencontrer sur le mur d'enceinte du relais. Il ne faisait nul doute que l'ancien templier de l'Ordre des Chevaliers Corbeaux voulait avoir une explication bien sentie avec son confrère d'antan, loin des oreilles indiscrètes. Il en effet l'un des seuls, avec Massimo Garibaldi et Kaspar de Groot, à connaître la véritable identité du parjure. Du moins, c'est ce que ce dernier pensait savoir.

Wolfgang attendait sur le chemin de ronde qui surplombait le portail du relais, accoudé contre le parapet. Il portait sa tenue de civil, une lourde cape de fourrure passée par dessus, mais son épée battait tout de même sa cuisse. Un soleil pâle se levait lentement à travers la voûte des nuages, et jetait une clarté étrange sur les brumes matinales qui entouraient le relais et les bois alentours. Un autre matin froid et humide d'une fin d'automne dans la Drakwald.

- "J'espère que tu as pleinement conscience du pouvoir que j'ai entre les mains." lui lança le jeune chevalier en guise de salutation. "Massimo semble vouloir te garder sous le coude pour une raison que j'ignore et le vieux Kaspar est une tombe. Mais il me suffit de revéler ta véritable identité au reste du groupe pour que c'en soit fini de toi. Je t'ai vu discuter avec Carmen. Tu comprendras aisément que ces paladins exaltés ne supporteront pas l'idée de servir le Veilleur aux côtés d'un traître tâché par la corruption vampirique." lâcha-t-il. "Dès qu'ils sauront qu'ils sont en présence du tristement célèbre Loup Blanc, ils se jetteront sur toi pour te découper en morceaux, et maudiront ton âme pour qu'elle ère éternellement dans le Val Gris."

Il se détourna de Geralt et scruta la lisière de la forêt, par-delà le brouillard. Sa mâchoire était crispée par la colère, et il était aisé de deviner que seule l'autorité du Haut-Capellan interdisait à Wolfgang de venger la trahison faite à son Ordre.

- "Non content d'avoir frayé avec les suppôts de la Non-Vie, tu as fuis Siegfriedhof en t'emparant de l'amulette du Soleil Perdu. C'était un artefact secret, une arme d'une grande puissance que l'abbaye Saint Æthelbert cachait depuis des siècles. Alors voici le marché que je te propose : indique moi où tu as caché l'amulette, et je tairais ton identité à mes frères. Refuse, et tu ne verras pas le soleil se coucher."

Mais avant que Geralt ne puisse répondre quoi que ce soit, Wolfgang lui fit soudain signe ne s'interrompre. Sourcils froncés, le templier se pencha par-dessus le créneau pour essayer de percer la brume du regard.

- "Par toutes les âmes du Jardin ..." murmura-t-il.

Si le Loup Blanc suivait son regard, il pouvait apercevoir une silhouette se détacher à la lisière du bois, à une centaine de mètres du relais. Cette forme vaguement humanoïde portait de longues robes et une capuche qui dissimulait sa tête. Et entre ses mains, un étrange instrument composé de deux longs étuis, que la silhouette souleva jusqu'à son visage en le levant bien haut. Une longue complainte retentit alors, secouant la Drakwald. Une nuée d'oiseaux s'envola des frondaisons en piaillant, puis un silence de plomb retomba. Il dura une éternité, jusqu'à ce qu'un cri lugubre et des brames lointain ne viennent le briser.


+5 pv pour la guérison de ta blessure
-6 pistoles d'argent pour le masque en fer.
Le lien vers le Val Gris mentionné par Wolfgang, que tout initié de Morr connait : https://bibliotheque-imperiale.com/index.php/Val_Gris
Et pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un brame :
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le réprouvé

Message par Geralt »

Geralt resta un long moment à observer le jeune garçon, sous le regard glacial de Klemens qui désormais ne détachait plus ces yeux de cet inopportun invité. A voir ainsi Emilio, le parjure pouvait se méprendre à être face à un garçon tout à fait normal ainsi endormi, il n'en était rien quand on connaissait le don qu'était le sien... Si jeune et pourtant portant la responsabilité d'être l'un des messagers du Grand Veilleur en personne. Le petit garçon à la chevelure blanche pouvait ainsi voir ce qui fut, et ce qui sera.
Mais un tel pouvoir n'avait il pas quelques contreparties ? Voir la véritable noirceur de ce monde ne devait nullement être sain pour un petit bonhomme ayant tout juste atteint sa huitième année, et le loup blanc se demanda alors, si avec le temps... Emilio serait un jour toujours capable de dresser cette barrière lui permettant de faire la différence entre la réalité et le rêve... En fin de compte, son existence serait voué à jamais à servir Morr et l'Ordre de la couvée du corbeau, à la manière d'une arme qu'on se devait d'user jusqu'à l’émousser totalement, pour finalement s'en débarrasser quand elle ne serait plus en mesure de servir les vivants.
Le parjure ressentait il une pointe de tristesse à son égard sur le moment ? En quelque sorte, ne pouvant s'empêcher d'identifier Emilio au jeune Edrik, fils du défunt Buchwald...
Le garde noir était d'un certain point de vue, le compagnon idéal, son vœu de silence le rendant aussi muet qu'une carpe, Geralt en profita pour s'assoupir quelque peu, puisqu'il semblait que pour l'heure, on ne l'autoriserai pas à discuter avec le gamin seul à seul, le mieux encore à faire était d'attendre son réveil, tout en montrant patte blanche aux autres chasseurs de vampires, qui pour la majeur partie, éprouvaient une forte méfiance à l'égard du mystérieux Eskel.
Le chasseur de monstre resta donc là, perché sur une chaise, tandis que peu à peu, ses pupilles se firent de plus en plus lourdes, et que le monde des songes effaça la réalité pour le transporter à l'intérieur d'un voile noir totalement opaque.




******




Combien de temps passa il à dormir ? Il l'ignora. Mais la tranquillité dont il pu bénéficier jusque là, fut rapidement perturbée par quelques phénomènes étranges. Toujours à l'intérieur de la chambre de Emilio, il frissonna tandis que la température ambiante jusque là agréable, vira en un froid mordant, dont l'origine était un mystère.
Bougeant la tête en direction de Klemens, celui ci était totalement immobile, le regard fixé sur lui à la manière d'une statue, il ne sembla pas remarquer l'aura pesante qui désormais habitait la pièce entière. Se levant alors pour se diriger vers le lit d'Emilio, son garde du corps de la soirée n'eut aucune réaction, laissant Geralt agir comme bon lui semblait... Étrange...
Penché au dessus du lit du devin, la surprise s'empara de lui lorsque ses yeux se posèrent non plus sur un enfant, mais sur un vieillard à la longue barbe et au corps squelettique, la tête de celui ci se tournant vers le chasseur de vampire, dans un immonde craquement d'os usés. Quel folie était ce là ? Encore une hallucination de son esprit dégénéré ? Non... Pas tout à fait, quelque chose était différent ici... Comme si là tout de suite, une force au dessus des hommes ou de tout ce qu'il avait pu croiser dans sa vie, se trouvait avec lui, lui faisant ressentir à la fois une certaine quiétude mais aussi une profonde terreur.
Le vieil homme d'une voix grave et puissante, transperçant Geralt jusqu'au plus profond de son être, s'exprima alors à travers quelques mots qu'il répéta sans cesse.
Le paiement du sang ? En échange de la rédemption ? Laver son âme pour enfin avoir le repos éternel tant désiré mais... Trouver celle qu'il désirait si ardemment pour ensuite la détruire et ainsi mettre fin à son dernier voyage... Ces mots raisonnèrent dans l’esprit du loup blanc, étant maintenant incapable de pouvoir penser à autre chose, il cru l'espace d'un moment que la pression qui s'exerçait en lui, allait le faire exploser.
Que... Était ce là à travers ce vieillard, une nouvelle manifestation du Grand Veilleur que Geralt était en train de revivre ? Mais alors... Non... Non, non ! Il ne pouvait pas... Un tel marché... Ce n'était pas possible... C'était...


*Non ! Non ! Non ! Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit de me demander ça tu... Ne me fait pas... Le prix du sang, c'est le mien que je t'ai offert, non pas pour obtenir ton pardon mais ta punition ! Tu... Karla n'a rien à voir dans tout ceci, ce... Elle n'est qu'une jeune femme qui s'est perdu dans les abimes de l'obscurité, tout comme je l'ai fais ! Sa servitude pour les Dieux sombres n'est pas un crime qui mérite ton châtiment ! Ce n'est pas juste alors que moi même je me suis laissé aller aux pires dépravations et que pourtant tu désires m'offrir ton pardon !*

L'étonnement pouvait se lire sur le visage du loup blanc, ne parvenant pas à comprendre pourquoi la mort de Karla semblait être devenu une nécessité pour le Grand Veilleur, là où Massimo et le reste de l'Ordre n'avaient que pour seul mission de base de trouver et traquer la Baronne Lucrétia Von Shwitzerhaüm.

*Reiner m'a dis... Que Karla malgré ce qu'elle avait pu faire avait encore une place dans ton royaume. Son âme n'est donc pas perdu ! Je ne veux pas de ton marché. Sauve là elle tandis que tu pourras me maudire ! Je... Je suis prêt à tuer cette engeance qu'est la baronne de Bratian, c'est cela le combat que je suis prêt à mener pour toi mais...* Il serra ses poings tandis que le vieillard ne faisait que lui répondre sans cesse par le même discours. *Tu ne peux pas m'imposer ça... Pas après tout ce que j'ai perdu, pas après tout ce que j'ai fais... Tu m'entends ?! Je... n'aurais pas la force de...*

C'est alors qu'un sentiment de mal être profond s'empara de lui, bien pire que tout ce qu'il avait pu connaître jusque là. La corruption vampirique ou chaotique, ses cauchemars, ou toutes émotions négatives qui le rongeaient jusqu'à aujourd'hui, n'étant que douceur face à cette soudaine idée qui venait de germer en lui, elle se dessina dans son esprit, tandis qu'il murmura cette phrase que le devin Emilio avait dis dans sa prophétie la nuit auparavant :

<<Des brumes de la nuit est née une fille impie...>> C'est alors qu'il envisagea une sombre possibilité qu'il n'avait jamais envisagé sur le moment, mais cette théorie bien trop sombre et capable de le briser définitivement si elle venait à se concrétiser, il n'osa l'énoncer comme en redoutant les conséquences, il posa donc une question à cette possible représentation de Morr là devant lui :

*La ... La Lahmiane... Elle... dit moi... Dit moi ce qu'elle veut faire de Karla ?*

Et par cette simple interrogation, le vieillard ne dit plus un mot, ces pupilles blanches plongeant dans celle du parjure, tandis que celui ci fut soudainement prit de tremblements incontrôlables, une peur dévorante plus terrifiante que sa première rencontre avec Agabius en personne germant en lui. Ce fut comme ci, à la manière d'un puzzle, certaines pièces manquantes vinrent combler ses plus mystérieuses interrogations.
Tétanisé, le teint pâle, il tomba alors deux genoux au sol tandis qu'il fut prit de vertiges et de nausées, l'amenant à vomir par terre, tandis qu'il cherchait à se convaincre que ce qu'il pensait croire n'était que absurdité et pur folie.

Il n'y avait aucune preuve, c'était un simple délire qu'il vivait encore ici rien de plus. Une fois qu'il se serait réveillé, tout serait comme avant : Il serait là en compagnie de l'Ordre de la couvée du corbeau, dans le seul but de retrouver la trace de la dénommé Lucrétia et de la chaotique Karla... Karla... Elle ne pouvait... Elle n'avait pu devenir une... une... une... Il ne pouvait se résigner à prononcer le nom de ses pires ennemis.
Mais alors qu'il ne pensait plus cas se réveiller au plus vite de la folie qui s'était emparé de lui, une nouvelle révélation lui vint à l'esprit, et tandis qu'il se releva alors que le contenu de son estomac était maintenant par terre, il posa un regard emplit de colère à l'encontre du vieil homme toujours allongé dans son lit.


*Tu savais... Tu savais et tu... C'est pour cela... C'est pour cela que tu as accepté mon marché dans le gouffre... Quelques mois de sursis... L'aide que tu as cherché à m'offrir malgré que je me sois détourné de ton chemin... C'est pour cela que tu te refuses à me punir... Tu as toujours su... Car tu veux... Tu veux que je la tue pour toi ?!*

Il recula alors de quelques pas en arrière, s'éloignant du lit avec cette fois ci un sentiment de dégout, réalisant enfin que tandis qu'il avait cherché ces derniers mois, à fuir l'influence des Dieux pour agir en sa propre personne combattant ainsi la fatalité du destin, il réalisa ici que tout ce qu'il avait pu faire jusqu’à aujourd'hui le conduisait à une unique et ultime destinée : Sauver Karla n'étant qu'un mirage... C'était pour la tuer qu'on l'autorisait à encore fouler le monde des vivants rien de plus.

*Nan... Tout ça c'est des conneries ! Des conneries tu m'entends ?! Tu ... Tu n'es pas le Grand Veilleur ! Tu ... Tu es cette saleté du chaos, le corrupteur... Oui, oui c'est ça... ça explique tout. Tu ne me monteras pas contre elle... Tu ne me m'enlèveras pas !* La respiration haletante, le loup blanc regardait dans tous les sens, il semblait alors faire une crise de panique, tandis qu'il se dirigea vers la porte de la chambre pour pouvoir en sortir en vain, celle ci étant verrouillé."

*Laisse moi sortir ! Laisse moi sortir !!!!* Hurla il à la manière d'un fou avant de comprendre qu'il n'était nullement en mesure d'ordonner quoique se soit ici. Sans réfléchir il s'empara alors de l'une de ses armes à feu, avant de pointer celle ci sur son crâne et d'actionner la détente, la détonation raisonnant dans la pièce, tandis que les murs se tachèrent du sang et de la cervelle du loup blanc...



******




Il émergea en sursaut dans le monde réel, la chambre de Emilio se matérialisant à nouveau devant ses yeux, le vieillard qu'il avait vu un peu plus tôt ayant disparu, le petit garçon prophète étant comme cela devait l'être depuis le début, dans son couchage, profitant d'un sommeil réparateur emplit de sérénité.
L'éveil soudain du parjure ayant également surpris le garde noir Klemens, celui ci était désormais debout, l'acier de son épée à peine tiré de son fourreau, un regard interrogateur à l'encontre de celui qui se faisait passer pour Eskel. Mais Geralt n'en avait cure, ses yeux étaient maintenant perdu dans le vide, tandis qu'il cherchait à comprendre et à réaliser ce qu'il venait de vivre et surtout ce qu'il pensait avoir réalisé quand au destin de Karla...
Ce qu'il avait osé supposer pouvait il être vrai ? Ou bien comme il cherchait à se convaincre, ceci n'était que la théorie d'un homme n'ayant plus toute sa tête ? Karla... Était elle prédestinée à devenir une enfant de la non vie... Était ce là... l'héritage que le loup blanc lui avait offert en se décidant à quitter sa vie ? Karla était elle... Karla deviendrai t'elle ainsi... l'ultime malédiction du loup blanc ?

Totalement perdu avec lui même, Geralt se leva alors de sa chaise sans un mot, ramassant ses affaires et ses équipements, il quitta la pièce sous le regard de Klemens, sans même lui adresser le moindre mot ou un seul coup d’œil.
Au moment de traverser le couloir reliant les différentes chambrés du relais, il percuta quelqu'un sans faire attention, ne réalisant que maintenant que sa route avait croisé le jeune Fedrek, le pseudo forgeron, celui ci étant venu à sa rencontre pour lui montrer le masque qu'il avait fais forger à sa demande, tout en lui indiquant que l'un des membres du culte Morrien, à savoir Wolfgang, demandait à le retrouver sur les remparts du relais.
Non sans plus de manière, ni même en offrant le moindre remerciement à l’artisan, Geralt paya son dû tandis qu'il s'empara du masque de métal avant de disparaître sans un mot, le travailleur du relais le regardant partir non sans afficher une certaine inquiétude.

Une fois dehors, Geralt se dirigea donc en direction des murs protecteurs du relais, où une seule silhouette se dessinait désormais, à savoir celle du disciple de Massimo, ancien frère d'arme de Geralt : Wolfgang.
Le chevalier de l'Ordre de la couvée du corbeau, voyant le parjure s’approcher, ne put que l'accueillir qu'avec dédain et dégout, tant la trahison qu'il représentait, était selon lui l'une des pires honte de l'Ordre des chevaliers corbeaux. On pouvait ici voir, que ce qui retenait sa main pour terrasser Geralt et ainsi offrir la justice au culte, n'était que les ordres du Haut-Capelan qui avait accepté d'épargner sa vie... pour le moment.

Lançant la discussion, Wolfgang se montra alors menaçant, ayant demandé cette entrevu privé dans le seul but de faire chanter Geralt : Dévoiler son identité et ainsi le conduire à la mort par la main des autres membres de l'équipe de Massimo où bien lui révéler ce qu'était devenu le légendaire artefact de l'amulette du soleil perdu, que Geralt avait dérobé à Siegfriedhof, dans le but de l'utiliser contre la maître vampire Agabius et ainsi survivre.
Mais le loup blanc se mura dans le silence, semblant totalement ignorer la conversation qui avait lieu en compagnie de Wolfgang, son esprit encore perturbé par ce qu'il avait vu dans la chambre de Emilio... C'est alors qu'il fut tiré de sa torpeur, lorsqu'un immonde son raisonna sur la zone, un son que Geralt avait déjà entendu... Pour son plus grand malheur.
Observant que le disciple de L'immortel s'était éloigné de lui, cherchant à percer la brume matinale de cette journée d'automne, son regard se dirigea là où était fixé celui du chasseur de vampire, une silhouette en robe noir et encapuchonné se détachant de la lisière de la Drakwald tandis qu'il tenait un cor qu'il portait maintenant à la bouche : Dedrik venait de faire son entrée...


"Rebecca..." Murmura le loup blanc tandis que pour réponse, un horrible brame retentit, faisant fuir les oiseaux des bois environnant.

"Wolfgang... Préviens Massimo et les autres... Il est possible qu'aucun d'entre nous ne voit le soleil se coucher aujourd'hui..." Dit il sinistrement avant de se saisir d'une potion de soin caché dans sa veste, en ingérant le contenu, la situation présente ne lui permettant plus de les économiser et de laisser la blessure que Ziegler lui avait infligé se soigner naturellement.

Profitant également du moment de calme avant la tempête, il retira la cagoule de cuir prêtés par Olaf, avant d'enfiler le masque de métal qu'il venait fraichement d'acquérir. Et alors qu'il porta sa main à son fourreau d'arme, il dégaina sa lame, tandis qu'il garda ses yeux rivés vers les bois entourant le relais.

La harde blanche allait fondre sur eux d'une minute à l'autre...

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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 22 oct. 2019, 15:09, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
Fiche : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... che_geralt
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