Le Vieux Monde est au bord de l’anéantissement.
Archaon, Élu du Chaos, a mené la plus grande armée que les puissances de la déchéance ont jamais levé, et le monde entier trembla.
Unifiés derrière une seule bannière, les forces du mal sont descendus sur les nations libres dans une quête avide de pillages et de sacrifices pour la gloire de leurs Dieux Noirs.
La haine et la terreur furent reines. Des villages incendiés. La terre bafouée. Les temples profanés. Une nouvelle ère venait de débuter : Une ère de sang, d’intrigues, de pestilence, et de décadence.
Pour sauver le Vieux Monde, les nations des Nains, des Elfes et des Hommes durent s’unir, côtes-à-côtes, afin d’opposer eux aussi toute leur valeur, leur force et leur nombre à cette horde que rien ne semblait pouvoir arrêter.
C’est uniquement au prix de centaines d’innombrables, d’un effort humain immense, que la victoire put être achevée. Un temps de douleur et de deuil, où l’héroïsme personnel et collectif put triompher d’un Mal ayant juré d’amener la Fin des Temps.
Ceci…
...N’est pas leur histoire.
Un coq hurlait au lieu-dit de la Fourche. Le même coq, tous les matins, depuis qu’il était capable de hurler son chant habituel. Il faisait frais. Pourtant, Gabriel avait de quoi se réjouir : Il ne se réveillait pas en tremblant autant qu’avant. L’hiver avait été assez rude : L’eau de la petite rivière qui coulait près de son potager avait gelé, comme le sol de la plupart de ses céréales d’ailleurs. Pour l’aider, un brave homme d’un village voisin, Hans, lui avait offert une grosse barquette de hareng séché et un gros sac de farine de seigle ; un renvoi d’ascenseur d’un précédent hiver, où le bon père de Gabriel lui avait apporté des œufs et trois poulet bien gras lorsque ses volailles avaient été mangées par un vilain goupil. Il avait beaucoup trembloté, dans son vieux corps de ferme en terre crue. Un hiver laborieux qu’il avait passé tout seul ; À moins que vous ne comptiez sa fidèle truie, qui avait perdu du gras durant l’hiver, comme une compagne.
C’était une mauvaise passe, depuis la mort ou la disparition de la majorité de sa famille. Il était seul. Très isolé dans son petit lieu-dit à part des autres villages. Mais au moins, il ne tremblait plus. On était vers la fin du mois de Nachexen, et enfin, Ulric retournait dans ses forêts et laissait place à son frère Taal pour régner sur la saison. En faisant le tour de sa ferme afin de s’assurer de la santé de sa terre, Gabriel put être heureux de voir la petite rivière que sa mère aimait tant couler paisiblement.
Maintenant, la bonne question, c’était que faire. Gabriel était seul. Seul avec ses poules, et des sacs de grain dans l’étage de son corps de ferme. Son « domaine » ne payait pas de mine. Il avait de quoi en être fier, parce que des papiers datant de son grand-père, qu’il cachait sous son oreiller, disait qu’il était « Honorable Alleutier Impérial ». Bien sûr Gabriel avait du mal à prononcer le mot « alleutier », mais papa lui avait expliqué que concrètement, cela voulait dire qu’il était chez lui, qu’il ne devait rien à personne, et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait sur ses champs et dans sa ferme.
Depuis la perte de son père, malheureusement, cette ferme était devenue légèrement délabrée. L’ancienne porcherie avait un trou dans la toiture. Les murets se lézardaient. Le poulailler où ses volailles étaient à l’abri étaient rafistolées de partout. Pire encore : Il n’avait pas d’animaux de traits, et devait labourer son champ à la main, avec une araire.
La saison des labours allait commencer. Peut-être pouvait-il se rendre dans le village voisin de Weidhausen bei Heidek ; Hans était un ami de longue date de sa famille, et toujours prêt à lui donner un coup de main. Il savait qu’il y avait là-bas des bœufs et une grosse charrue, mais ils appartenaient au seigneur du village, un type âgé plutôt sympathique, vétéran de la 3e bataille du Col du Feu Noir. Ou bien peut-être pouvait-il commencer tout seul.