Les monstrueux alliés des cultistes ne se montraient guère. Seules de pâles silhouettes qui passaient parfois entre les troncs, loin en parallèle de la piste, indiquaient que la Harde Blanche les suivait. Parfois, lorsque le sentier formait un embranchement, l'une des bêtes apparaissait au bout de l'ornière et empruntait l'une des voies, indiquant ainsi aux Papillons que c'est celle qu'ils devaient prendre.
Même les slaaneshis, qui pourtant étaient coutumiers des pires horreurs, n'étaient pas rassurés. Et pour cause, trois d'entre eux avaient déjà disparu en quelques jours. Ils s'étaient attardé ou traînaient de la patte et les dernières nouvelles que leurs amis reçurent d'eux furent leurs hurlements terrifiés alors qu'ils étaient traînés au fond des bois. Pactiser avec les hommes-bêtes avait un prix. Dès lors, les cultistes voyageaient groupés, et leurs nuits ne résonnaient plus des fêtes et des orgies, mais étaient seulement bercées par les rugissements et le craquement des branchages dans le noir. Le Sentier avait engloutit l'effervescente décadence des Papillon.
Un soir, tandis que les acolytes dressaient le camp en bordure du Sentier, Rebecca fit signe à Dedrik de s'approcher et se tourna vers Geralt.
- "Mon loup, tu es si fort et musclé." dit-elle en pinçant les biceps du réprouvé. "Tu seras désormais mon champion. Tu devras te battre pour moi, me défendre et me suivre pour toujours." Elle lui offrit un grand sourire avant de sursauter en même temps que tout le monde lorsqu'un brame résonna au loin. "Tu es d'accord ? Oh Geralt, dis oui, dis oui, dis oui !" dit-elle en s'agenouilla devant le Loup Blanc. "Dedrik, dis lui ! N'est-ce pas un honneur que de me servir ?"
Le Parjure plissa les yeux en observant Geralt et se contenta d'incliner la tête.
- "Si, maîtresse. C'est un honneur immense que de servir le Bienfaiteur à vos côtés." dit-il de sa voix éraillée. "Le Loup Blanc fera un champion parfait s'il promets son âme à Slaanesh."
- "Tu entends ça, mon loup ?" s'émerveilla la jeune femme en se relevant. "Si tu souhaites me servir, si tu veux être mien pour l'éternité, alors prosterne toi et jure allégeance à notre seigneur ! Dis oui, dis oui ! Répète après moi, mon loup : Ô Prince des Plaisirs ! Ô Serpent Suprême ! ..."
Et tandis que Rebecca prononçait la litanie pour que Geralt la répète, les cultistes se regroupèrent autour d'eux et la répétèrent en coeur. Dedrik hochait la tête silencieusement tandis, derrière, Adolf Ziegler fixait le chevalier déchu, le regard plein de haine.
- "Maîtresse, Slaanesh soit loué. Nous n'avons pas simplement rattrapé les Corbeaux, nous les avons dépassés ! Ils continuent sur leur itinéraire en direction de la côte mais il semble que de fortes pluies les aient ralentis aux alentours de Seuchenshof."
- "Parfait, Oswald, parfait ... Retournes-y et reviens vers nous lorsqu'ils seront dans les parages ... Alors nous nous remettrons à les suivre ... Aaaaaaah ..." gémit-elle en même temps, "... Pars promptement !" Elle le congédia d'un geste vague avant de retourner à ses affaires, plus pressantes.
Oswald était parti pendant deux jours, durant lesquels les Papillons n'avaient pas levé le camp. L'impatience commençait à se faire sentir parmi les cultistes. Rebecca la première commençait à trouver cette attente irritante.
- "Raaah ... mon loup, qu'est-ce que tes anciens amis sont lents ! Je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennuie !" pesta-t-elle avant de regarder dans le vide quelques secondes puis de sourire lentement en lançant un regard à Geralt qui ne disait rien qui vaille. "Oswald m'a dit qu'il y avait un petit village, non loin. Et si nous allions leur rendre une visite, pour nous divertir un peu ? Je suis sûr que ces bûcherons crasseux seront content de se faire de nouveaux amis. Qu'en penses-tu, mon loup ? Dis oui, dis oui, dis oui !"